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Septembre noir

(1970-1971)

Septembre noir (arabe : ‫ )أيلول األسود‬est un conflit qui débuta le 12 septembre 1970, lorsque le
royaume hachémite du roi Hussein de Jordanie déclencha des opérations militaires contre
les fedayins de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), dirigée par Yasser Arafat,
pour restaurer l'autorité de la monarchie dans le pays à la suite de plusieurs tentatives
palestiniennes de renverser Hussein, avec l'aide dans une certaine mesure de l'armée
syrienne [précision nécessaire].

Septembre noir

Informations générales
Date 1970-1971

Lieu Jordanie

Issue Victoire militaire jordanienne, Accords du Caire, OLP repoussée au Liban

Belligérants

Organisation de libération de la Palestine


Jordanie
Syrie

Commandants

Yasser Arafat
Hussein de Jordanie

Khalil al-Wazir
Habes al-Majali

Abu Ali Iyad ( ) Zaid ibn Shaker ( )


Abu Ali Iyad (en)
Zaid ibn Shaker (en)

Moustapha Tlass Muhammad Zia-ul-Haq

Forces en présence

OLP : 30 000 à 40 000 fedayins[1]


74 000 soldats
Syrie : 10 000 soldats[2]

Pertes

3 400 à 10 000 tués[3]


537 tués
600 tués ou blessés

La violence des combats fit plusieurs milliers de morts de part et d'autre, en majorité des
civils palestiniens.

Le conflit entre l'armée jordanienne et l'OLP s'envenime et se poursuit jusqu'en juillet 1971,
date à laquelle Arafat et ses combattants sont expulsés de Jordanie manu militari et trouvent
refuge au Liban, sous la protection syrienne.

Le Premier ministre tunisien Bahi Ladgham est nommé médiateur et conciliateur entre les
Jordaniens et les Palestiniens au cours de cette crise.

Contexte historique

À la fin des années 1960, le Fatah, faction de l'OLP, installe en Jordanie un véritable « État
dans l'État » : nombre sans cesse croissant de postes de contrôle tenus par les fedayins, des
impôts perçus, le refus des Palestiniens de voyager avec des plaques jordaniennes sur leurs
véhicules, etc. Les régions de Jordanie où les Palestiniens rejettent en masse l'autorité du roi
Hussein se multiplient. De ces zones palestiniennes, l'OLP effectue des raids et des attaques
contre Israël.

C'est l'époque où Yasser Arafat appelle ouvertement au renversement de la monarchie


hachémite en s’appuyant sur le fait que la majorité des habitants de la Jordanie sont
Palestiniens. Le roi Hussein cherche désespérément un compromis avec l'OLP pour calmer le
jeu. Allié des États-Unis et émargeant même à la CIA, le roi entretient des canaux de
communication avec les dirigeants israéliens, accentuant les tensions avec l'OLP[4].

Absorbé par sa lutte de palais avec Arafat, le roi Hussein cherche également un compromis
et la paix avec Israël. C'est le « plan Rogers (en) » qui prévoit la fin des opérations militaires
jordaniennes contre l'État hébreu, et la paix également entre l'Égypte et Israël. Le Fatah et le
Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) de Georges Habache considèrent ce plan
comme une trahison de la cause palestinienne. Au début de l'année 1970, le roi Hussein
décide de réduire l'influence d'Arafat et des fedayins en Jordanie. Les choses vont alors
s'envenimer et les événements s'accélérer.

Le congrès de l’Union générale des étudiants palestiniens (GUPS) accueille en


septembre 1970 des centaines de militants d’extrême gauche étrangers, dont certains sont
juifs, entrés parfois clandestinement en Jordanie. Pour certains observateurs, le pays se
trouve dans une situation de « double pouvoir » conduisant à effacement progressif de la
monarchie devant la résistance palestinienne[4]. Georges Habache déclare : « Tout ce que
nous voulons, c'est combattre Israël et rien d'autre. Mais le régime jordanien considère que
notre seule présence dans le pays représente pour lui un danger (...) Pour nous, le roi Hussein
est un dirigeant réactionnaire, chef d'un État réactionnaire et donc un obstacle. Et pour
réussir notre révolution, nous devons supprimer cet obstacle. »

Chronologie des événements

Le 1er septembre 1970, le roi Hussein échappe une nouvelle fois à un attentat palestinien[5].
Le 6 septembre, le FPLP détourne en même temps quatre avions de ligne : une tentative
échoue (le détournement du vol d'El Al Amsterdam-New York par un groupe mené par Leïla
Khaled), mais les trois autres avions se posent sur l'ancienne base aérienne Dawson à Zarka.
Cette opération est connue sous le nom de détournements de Dawson's Field. Le
12 septembre 1970, sur Dawson Field, où sont retenus des otages juifs et israéliens, les
pirates de l'air du FPLP font exploser les trois avions vides devant la presse internationale.
Bien que ces détournements n'ont fait aucune victimes et se soient conclus par la libération
des otages, ils procurent au roi Hussein le prétexte d'une offensive destinée à rétablir l'ordre.
Le 16 septembre, assuré du soutien des États-Unis et d’Israël, il décrète la loi martiale et
ordonne le début de l'offensive[4].

Le 17 septembre 1970, l'armée jordanienne intervient massivement contre les fedayins, et


l'artillerie commence à bombarder les camps de réfugiés et les bâtiments qui abritent les
organisations palestiniennes. Au bout de dix jours de pilonnages, les camps sont rasés et les
organisations palestiniennes doivent trouver refuge au Liban et même en Israël, certains des
fedayins de Yasser Arafat préférant traverser la frontière israélienne pour ne pas se faire
massacrer par les soldats jordaniens.

La Syrie envoie alors des blindés à la frontière afin de venir en aide aux Palestiniens, mais
Hussein sollicite l'aide des États-Unis et de quiconque prêt à empêcher la Syrie d'intervenir.
Le ministre de la Défense, Hafez el-Assad, alors en train de manœuvrer pour s'emparer du
pouvoir du président syrien, Noureddine al-Atassi, interdit à l'aviation syrienne de décoller[6].
Israël répond à la demande d'aide des Jordaniens en envoyant des avions simuler des
attaques contre les chars syriens. L'armée syrienne fait demi-tour, abandonnant les troupes
d'Arafat à leur sort.

L'armée jordanienne, composée en partie de soldats palestiniens, ne connait que peu de


défections, contrairement aux espoirs des fedayins. L'envoyé spécial du Monde, le journaliste
Éric Rouleau, raconte : « Le roi avait confié la plupart des postes à des Transjordaniens de
souche. Il avait organisé une campagne d'information destinée à discréditer les commandos,
accusés d’être des athées, des ennemis de Dieu, des alliés des Juifs d’extrême gauche. [..] De
jeunes Israéliens, des Juifs européens et américains n'avaient t'ils pas participé au congrès
de l'Union des étudiants palestiniens ? »[4]

Le 27 septembre 1970, le président égyptien Nasser parvient à faire cesser les hostilités
entre la Jordanie et l'OLP. Par la suite, le roi Hussein reprendra le « nettoyage » de la Jordanie
durant l'été 1971[4].

Bilan et conséquences

Le nombre de victimes palestiniennes de ce mois de « Septembre noir » n'est pas connu avec
exactitude. Les estimations oscillent entre 3 500 (sources jordaniennes) et 10 000 morts et
plus de 110 000 blessés (sources palestiniennes). Hamit Bozarslan indique : « (...) la
répression massive fait, selon les estimations basses, 3 500 morts, dont beaucoup de civils,
et 10 000 blessés[7]. »

L'implantation en masse de combattants palestiniens au Liban, pays politiquement fragile, a


été l'un des facteurs déclenchant de la guerre du Liban [réf. nécessaire].

L'organisation Septembre noir a assassiné le Premier ministre jordanien Wasfi Tall en


novembre 1971 et effectué la prise d'otages des Jeux olympiques de Munich en 1972[8].

Articles connexes

Organisation de libération de la Palestine (OLP)

Guerre du Liban

Notes et références

1. (en) Samuel M. Katz, Arab Armies of the Middle East Wars 2. New York: Osprey Publishing,
1995. p. 10. (ISBN 0-85045-800-5).
2. (en) Simon Dunstan, The Yom Kippur War 1973: Golan Heights Pt.1 Elsm Court, Chapel
Way, Botley, Oxford OX2 9LP, United Kingdom: Osprey Publishing Ltd, 2003. p. 18
(ISBN 1-84176-220-2).

3. (en) Joseph Andoni Massad, Colonial Effects: The Making of National Identity in Jordan.
New York: Columbia University Press, 2001. p. 342. (ISBN 0-231-12323-X).

4. « Mémoire d’un septembre noir » (https://www.monde-diplomatique.fr/2020/09/GRESH/6


2186)  [archive], sur Le Monde diplomatique, 1er septembre 2020

5. Lisa Romeo, « Septembre noir » (https://www.lesclesdumoyenorient.com/Septembre-noi


r.html)  [archive], sur lesclesdumoyenorient.com, 2 mars 2018 (consulté le 22 mars 2022)

6. Jean-Pierre Filiu, Généraux, gangsters et jihadistes. histoire de la contre-révolution arabe,


La découverte, 2018, 311 p. (ISBN 978-2-7071-9707-8), p. 79

7. Hamit Bozarslan, Une histoire de la violence au Moyen-Orient : de la fin de l'empire


ottoman à al-Qaida, Paris, la Découverte, 2008, 318 p. (ISBN 978-2-7071-4958-9), p 81

8. « Black September », International Encyclopedia of the Social Sciences, 2008,


Encyclopedia.com, 2 juin 2011, http://www.encyclopedia.com  [archive].

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Dernière modification il y a 3 mois par Didier-CTP

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