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Israël-Palestine : les conséquences

dévastatrices de l’assaut du Hamas


Published: October 8, 2023 1.20pm EDT

Des militants du Hamas posent sur un char israélien le 7 octobre. Yousef Masoud/AP
Il y a presque 50 ans jour pour jour, Israël n’avait pas su anticiper le déclenchement
de la guerre du Kippour de 1973, qui avait démarré par une attaque inattendue
contre ses frontières par une coalition d’États arabes.

Aujourd’hui, il semble que les services de renseignement du pays aient à nouveau


été victimes d’un faux sentiment de sécurité.

La conviction, largement partagée dans la société israélienne, que le Hamas ne


chercherait pas à se lancer dans une confrontation militaire à grande échelle avec
Tsahal pour se protéger et pour épargner de nouvelles souffrances aux habitants de
Gaza a été anéantie par l’assaut surprise déclenché samedi matin, par voie aérienne,
terrestre et maritime.

L’attaque a commencé par un tir de barrage de plusieurs milliers de roquettes


tirées sur Israël. Sous le couvert de ces roquettes, une opération terrestre de grande

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envergure, soigneusement coordonnée, est partie de Gaza et a pris pour cibles plus
de 20 villes israéliennes et bases militaires adjacentes à la bande de Gaza.

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Les pertes israéliennes, estimées actuellement à plus de 600 morts et 2 000 blessés,
vont certainement augmenter dans les heures et les jours à venir.

Une mobilisation massive des réservistes de l’armée israélienne a été entamée, et


des bombardements aériens ont frappé les installations et les postes de
commandement du Hamas à Gaza. Plus de 370 victimes palestiniennes ont été
signalées jusqu’à présent à Gaza, et 1 700 personnes ont été blessées.

Les calculs du Hamas


Comme dans le cas de la guerre du Kippour, de nombreuses analyses et enquêtes
seront menées dans les semaines, les mois et les années à venir sur les échecs en
matière de renseignement, d’opérations sécuritaires et de politique qui ont permis
au Hamas de prendre ainsi Israël à défaut. L’assaut n’a apparemment pas été
détecté par les services israéliens dans un premier temps, puis a pu se dérouler avec
succès pendant des heures, les combattants du Hamas se retrouvant face à des
forces israéliennes insuffisantes ou non préparées.

Comme en 1973, l’assaut a été lancé durant le sabbat et lors de la fête juive de
Souccot. Les objectifs stratégiques du Hamas sont incertains à ce stade. Toutefois, la
sévérité certaine des représailles israéliennes contre le mouvement – et, par
conséquent, contre la population civile de Gaza – rend probable l’existence de
considérations allant au-delà d’une simple vengeance contre les actions
israéliennes.

L’enlèvement d’Israéliens en vue de les échanger par la suite contre des militants
du Hamas emprisonnés en Israël est depuis longtemps un objectif majeur des
opérations militaires du mouvement islamiste.

En 2011, un soldat israélien, Gilad Shalit, qui était détenu à Gaza depuis 2006, avait
été échangé contre plus de 1 000 prisonniers palestiniens. Parmi ces prisonniers se
trouvait Yahya Sinwar, l’actuel chef du Hamas à Gaza, qui avait passé 22 ans dans
une prison israélienne.

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Les rapports faisant état de dizaines d’Israéliens – dont de nombreux civils –
capturés par le Hamas lors de l’assaut de ce week-end suggèrent qu’il pourrait s’agir
là d’un motif central de l’attaque. Un nombre indéterminé d’otages détenus
pendant des heures par des militants du Hamas dans deux villes du sud d’Israël ont
été libérés par la suite par les forces spéciales israéliennes.

Des policiers israéliens évacuent une femme et un enfant d’un site touché par une roquette à Ashkelon, dans le sud
d’Israël. Tsafrir Abayov/AP

Un autre objectif du Hamas, plus large, pourrait être de saper les négociations en
cours entre les États-Unis et l’Arabie saoudite sur un accord visant à normaliser les
relations entre le royaume et Israël.

Un échec de ces pourparlers serait une aubaine pour l’Iran, l’un des principaux
soutiens du Hamas, et pour ses alliés. Téhéran a déclaré qu’il soutenait les attaques
du Hamas contre Israël, mais on ne sait pas encore si l’Iran ou le Hezbollah (le
groupe libanais chiite qui entretient un partenariat croissant avec le Hamas)
ouvriront d’autres fronts dans les jours à venir, même si ce dernier a déjà tiré des
obus contre le territoire israélien le 8 octobre.

Toute escalade du conflit en provenance de l’Iran ou du Liban serait très


problématique pour Israël. Il en irait de même si la guerre contre le Hamas venait à

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exacerber les tensions déjà très sensibles et les affrontements violents entre Israël et
les groupes militants palestiniens en Cisjordanie.

Des Iraniens agitent des drapeaux palestiniens lors d’une célébration de l’attaque du Hamas contre Israël à Téhéran.
Abedin Taherkenareh/EPA

Et maintenant ?

Baptisée « Glaives de fer », l’offensive de représailles d’Israël contre le Hamas à


Gaza risque de durer longtemps.

Outre la nécessité de restaurer la confiance de la société israélienne dans son armée


et de ressusciter la dissuasion militaire d’Israël face au Hamas et à d’autres ennemis,
le gouvernement du premier ministre Benyamin Nétanyahou devra probablement
faire face à d’autres défis qu’il lui sera compliqué de relever : le sort des dizaines
d’otages israéliens ; les risques que courront les forces israéliennes en cas
d’incursion terrestre, à Gaza ; et les menaces d’escalade sur d’autres fronts,
notamment au Liban, en Cisjordanie et dans les villes mixtes juives et
palestiniennes à l’intérieur d’Israël.

En outre, le soutien international pourrait rapidement s’éroder en cas d’opération


majeure à Gaza, à mesure que le nombre de victimes palestiniennes, déjà élevé,
s’accroîtra.

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Les violences actuelles viennent à peine de commencer, mais elles pourraient
devenir les plus sanglantes depuis des décennies, peut-être même depuis la guerre
entre Israël et les Palestiniens au Liban dans les années 1980.

Israeli warplanes target a tower in Gaza City after the Hamas attack. Mohammed Saber/EPA

Comme nous l’avons indiqué, les Israéliens considéreront sans aucun doute qu’il
est essentiel de restaurer leur pleine capacité de dissuasion militaire face au Hamas
– ce qui, aux yeux de beaucoup, pourrait nécessiter une prise de contrôle militaire
de la bande de Gaza. Cela aurait des conséquences encore plus dévastatrices pour la
population civile de Gaza.

Aux yeux de nombreux Palestiniens, les événements de ce week-end ont offert aux
Israéliens un petit aperçu de ce qu’a été leur propre vie pendant des décennies
d’occupation. Toutefois, les premières célébrations se transformeront
probablement bientôt en colère et en frustration, car le nombre de victimes civiles
palestiniennes continuera d’augmenter. La violence engendre la violence.

À court et à moyen terme, le traumatisme causé par l’attaque-surprise du Hamas


ne manquera pas d’avoir des conséquences considérables sur la politique intérieure
d’Israël.

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Dans ses mémoires de 2022, Bibi. Mon Histoire, Benyamin Nétanyahou a évoqué sa
décision, lors de l’opération israélienne « Pilier de défense » menée contre le
Hamas en 2012, de ne pas lancer un assaut terrestre israélien à Gaza.

Une telle attaque, explique-t-il dans le livre, aurait pu causer plusieurs centaines de
victimes parmi les forces de défense israéliennes et plusieurs milliers de victimes
parmi les Palestiniens, ce à quoi il s’opposait catégoriquement. Il a autorisé des
incursions terrestres à deux autres occasions (opérations « Plomb durci » en 2008 et
« Bordure protectrice » en 2014. Mais la prudence l’a emporté dans d’autres cas,
parfois du fait des fortes pressions dont il a pu faire l’objet.

Au vu de la combinaison du traumatisme national de ce week-end et de la


composition du gouvernement de Nétanyahou, considéré comme le plus à droite
de l’histoire du pays, il semble très peu probable qu’il fasse preuve de la même
retenue dans les jours à venir.

This article was originally published in English

 Israël Palestine Proche-Orient terrorisme autoritarisme Gaza Benyamin Nétanyahou Hamas

état providence conflits armés

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Beth Daley
Editor and General Manager

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