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MOYEN-ORIENT - ÉCLAIRAGE

Frappe contre l’Iran à


Damas : ce que les
Iraniens prévoient pour la
riposte ABONNÉS

Après une réunion du Conseil suprême de


sécurité nationale, Ali Khamenei a tranché...

OLJ / Par Mounir RABIH, le 02 avril 2024 à 21h26

Une bannière a!chant des photos d'o!ciels de l'armée


israélienne, leurs visages encerclés par une icône de réticule
rouge, accompagnées du message « Nous nous vengerons », a été
accrochée à Téhéran, le 2 avril 2024, au lendemain d'une frappe
israélienne contre le consulat d'Iran à Damas. ATTA KENARE / AFP

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Dans le dossier
Guerre de Gaza : notre dossier
spécial

Le prestige du régime iranien frappé au cœur.


L’attaque israélienne contre le consulat d’Iran
à Damas, lundi est aussi grave que symbolique
parce qu’elle a ciblé une parcelle considérée
comme relevant de la souveraineté iranienne
et non syrienne. De quoi forcer la République
islamique à riposter de manière appropriée.
Toutefois, les Iraniens souhaitent éviter que la
riposte ne serve de casus belli aux Israéliens.
La réponse à ce dilemme se trouve-t-elle au
Liban ? Dans le passé, la République islamique
s’est déjà « cachée » derrière ses obligés
régionaux afin de faire la guerre à moindre
coût. Si on suit cette logique, le Hezbollah,
l’aîné des mouvements pro-iraniens, qui a
perdu un membre dans l’attaque, est le
candidat idéal pour venger pareil affront.
D’ailleurs, Mohammad Reza Zahedi – l’un des
deux hauts gradés de la Force al-Qods tués aux
côtés de cinq autres pasdaran – a une longue
histoire avec le Hezbollah, qui a commencé en
1998. À l’époque, le jeune général s’était
investi dans le chantier du renforcement des
capacités militaires du parti chiite et avait
établi un pont entre Damas et Haret Hreik,
permettant d’assurer l’approvisionnement du
Hezb à travers la Syrie. Il participait également
au Conseil consultatif (Choura) du Hezbollah
en tant que membre non libanais et
contribuait donc à la prise des décisions les
plus importantes du parti. Dans la pratique, il
s’agissait de l’une des figures les plus
influentes au sein du Hezbollah sur le terrain
après l’assassinat en 2008 de Imad Moghniyé,
ancien chef militaire du parti. Dans la foulée
de la guerre en Syrie en 2011, il a été nommé
par Téhéran responsable militaire des dossiers
libanais et syrien.

Khamenei tranche
Selon nos informations obtenues de sources
concordantes, la réunion du Conseil suprême
de sécurité nationale d’Iran, qui a suivi la
frappe, a été marquée par une divergence
d’opinions quant à la manière de réagir. Du
côté du ministère des Affaires étrangères, on a
jugé que ce qui se passe est une tentative
israélienne de pousser l’Iran vers la guerre et
qu’il ne fallait pas se laisser entraîner dans ce
piège. En revanche, les gardiens de la
révolution ont estimé qu’à défaut d’une
réponse forte, l’image de l’Iran dans la région
serait extrêmement affaiblie. Ils ont également
évoqué une certaine frustration – qu’ils ont dit
partager – ressentie par les branches militaires
de « l’axe de la résistance », notamment le
Hezbollah libanais et les factions irakiennes,
sur le fait de ne pas riposter fortement aux
frappes israéliennes continues. Au final, le
guide suprême Ali Khamenei a tranché : il y
aura une riposte explicite et forte menée par
les Iraniens eux-mêmes, mais qui ne serait pas
synonyme d’une déclaration de guerre. Il
aurait également, selon les mêmes sources,
demandé des évaluations politiques et
sécuritaires sur la possibilité de riposter en
ciblant des ambassades ou des consulats
israéliens, ainsi que les répercussions que cela
pourrait avoir sur Téhéran et les dommages
potentiels que cela pourrait causer. Il a
également demandé une étude sur la
possibilité de mener des opérations
d’assassinat à l’intérieur d’Israël pour ébranler
l’autorité israélienne et venger les
responsables tués.

Lire aussi

S'engager dans la guerre ou la


subir ? Le dilemme de Téhéran

Dans les discussions qui ont suivi la frappe,


certains ont fait valoir que le calife Ali ben Abi
Taleb, considéré par les chiites comme étant le
véritable successeur de son cousin, le prophète
Mohammad, est resté malgré cela en dehors
du pouvoir pendant plus de vingt ans et n’a pas
eu recours à l’escalade ou à la guerre pour
préserver la vie des musulmans. De même, son
fils, l’imam Hassan, a opté pour la
réconciliation après la mort de son père pour
épargner à sa population un bain de sang,
tandis que son frère, l’imam Hussein, n’a
choisi la révolte que lorsqu’il a senti que l’islam
était en danger. Selon cette lecture, il revient
aujourd’hui au guide suprême, représentant
des imams sur terre selon la doctrine du
velayet-e faqih, de prendre les décisions
appropriées. Ce dernier ne souhaite pas aller
en guerre, considérant que l’heure de la «
grande révolution » n’a pas encore sonné.

« 100 % iraniennes »
En attendant, la riposte de la République
islamique se concocte. Pour les Iraniens, mais
aussi pour le Hezbollah, il est question de
trouver le juste équilibre entre des représailles
assez violentes sans pour autant déclencher un
conflit régional. Ce qui est sûr, selon les
sources précitées, c’est que des mains « 100 %
iraniennes » seront sur la gâchette.
L’opération ne sera donc pas menée par le
Hezbollah. Toutefois, le parti chiite fera partie
de la riposte dans le cadre de la stratégie «
d’unité des fronts ». Aucune information n’a
filtré sur la démarche qui sera adoptée, mais la
réponse pourrait à nouveau être dirigée vers
Erbil, la capitale du Kurdistan irakien, déjà
visée en janvier et que les Iraniens considèrent
depuis longtemps comme un bastion du
Mossad israélien.

Lire aussi

Israël fait le pari de l'escalade : la


guerre est-elle devenue
inévitable ?

L’attaque contre le consulat d’Iran est une


preuve supplémentaire qu’Israël vise tous les
commandants militaires liés à Kassem
Soleimani, ancien chef des opérations
extérieures des gardiens de la révolution,
abattu en 2020 à Bagdad, qu’ils soient
iraniens, irakiens ou libanais. Il répond ainsi à
sa manière au principe de l’« unité des fronts »
dans le but d’affaiblir le pouvoir de l’Iran et de
ses alliés régionaux. Dans ce contexte, les
frappes qui ont déjà visé des responsables de la
Force al-Radwane, unité d’élite du Hezbollah,
sont considérées comme des coups durs,
surtout qu’il ne sera pas facile de remplacer
rapidement ces cadres forts de nombreuses
années d’expérience. Selon des proches de
l’Iran, les informations en provenance de Tel-
Aviv indiquent que les Israéliens sont prêts
pour une guerre majeure. Téhéran et ses alliés
s’y préparent donc, mais ne seront pas ceux
qui franchiront le Rubicon. « Les Iraniens et le
Hezbollah ont toutefois fixé une ligne rouge :
une opération terrestre (au Liban) », précise
une source proche du parti chiite.

COMMENTAIRES (12)

Ce que les Iraniens prévoient pour la riposte.


Nous ne pouvons que les encourager à riposter
vite et fort, la comédie a assez duré et on attend
la happy ending meme si nous connaissons
d’avance qu’elle ne sera ni happy ni the end.

Sissi zayyat
12 h 09, le 03 avril 2024

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