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Jalousie au travail : Apprenez à la manager

La jalousie est un véritable fléau social, y compris dans le monde professionnel. Ce sentiment humain né de la
frustration, de l’injustice et de l’humiliation peut alors y faire beaucoup de dégâts. Elle est notamment à
l’origine de nombreux dysfonctionnements et comportements agressifs au sein de l’entreprise tels que des
retards ou encore des contre-performances. Certaines solutions existent alors pour la dépasser et favoriser la
sérénité au travail. Explications.

1. Qu’est ce que la jalousie au travail ?


Réponse :
Bien que la plupart des gens utilisent les mots "jalousie" et "envie" pour exprimer le même sentiment, ce sont
en fait deux émotions distinctes. Il est donc important de faire la différence entre envie et jalousie.
L’envie désigne le sentiment de désir mêlé d’irritation et de haine qu’on peut éprouver envers la personne
pour quelque chose que l’on n’a pas. La jalousie est un sentiment similaire mais inclut aussi l’inquiétude
qu’inspire la crainte de partager un avantage que l’on a déjà, voire de le perdre au profit d’un autre. Dans les
deux cas, ces émotions teintent le moral des employés qui en sont soit les victimes, ou les instigateurs.
La jalousie est sollicitée à chaque fois que quelque chose qui a de l’importance pour un individu est menacé
(en d’autres termes, c’est cet horrible sentiment que vous avez lorsque vous craignez que l’on va vous enlever
quelque chose). L’envie, quant à elle, est l’émotion qui est sollicitée lorsque quelqu’un possède quelque chose
que vous voulez pour vous-même.
L’une des raisons qui explique pourquoi l’on confond souvent les deux, c’est que les réactions de jalousie et
d’envie se ressemblent souvent. Quand il s’agit de l’envie, "le fossé se situe entre ce que vous possédez et ce
que l’autre personne possède – l’autre a quelque chose que vous voudriez avoir mais que vous n’avez pas".
Votre but devient celui d’éliminer ce fossé en rabaissant l’autre (en lui faisant du mal) ou en vous tirant vers le
haut. Mais lorsqu’il s’agit de jalousie, l’idée c’est de vous protéger afin d’éviter que l’on vous enlève quelque
chose.
"Très souvent, les deux émotions se transforment en agressivité, c’est pourquoi il est d’autant plus difficile de
les différentier". "Quand vous êtes envieux, vous voulez faire du mal à la personne parce que vous ne voulez
pas qu’elle soit supérieure à vous. Quand vous êtes jaloux, vous lui faites du mal parce que vous ne voulez pas
qu’elle vous enlève quelque chose qui vous appartient."

2. Quelles sont les causes de ce phénomène ?


Réponse :
Nous avons tendance à envier les personnes qui nous ressemblent. A quel point enviez-vous vraiment des
milliardaires tels que Bill Gates ou autres, par rapport à votre collègue qui gagne plus que vous alors que vous
avez la même expérience professionnelle?
Sur le plan psychologique, au cœur de la jalousie et l’envie, se trouve la comparaison à l’autre, la comparaison
sociale. Dans toutes les définitions que l’on peut trouver de ce phénomène, c’est la vue de l’autre et la

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comparaison à celui-ci qui l’engendrent. Cette comparaison, active chez la personne, jalouse ou envieuse, un
sentiment d’infériorité.
Il faut ici souligner l’importance et la permanence de la comparaison sociale dans nos vies. Une grande partie
de l’estime que nous nous portons s’appuie sur la comparaison aux autres. Pour savoir ce que nous valons,
nous nous comparons aux autres. Ce processus commence dès l’enfance. Et il continue toute la vie, par
rapport aux voisins, aux amis et aussi aux collègues de travail. Lorsque la comparaison à autrui fait apparaître
comme moindres nos compétences, nos réalisations ou nos biens, il se peut que notre estime de nous en soit
affectée et qu’il y ait alors un potentiel pour la jalousie et l’envie..
La jalousie et envie ne sont cependant pas la conséquence automatique d’une différence entre deux
personnes, mais de la manière dont cette différence est perçue et interprétée par la personne « désavantagée
». Ce n’est donc pas la comparaison en soi qui est essentielle, mais les conclusions que la personne en tire
quant à sa propre représentation et à sa propre valeur.
Les études en psychologie de travail ont toujours montré que le fait d’avoir tendance à se sentir inférieur aux
autres et à construire le succès d’un autre comme une perte ou un échec personnel, plutôt que comme un
gain dont on peut aussi bénéficier, du fait de l’appartenance au même groupe, prédispose à être jaloux et
notamment envieux

3. Comment un manager victime de comportements envieux au bureau peut dépasser ce type de


problème ?
Réponse :
A titre d’exemple, si les promotions accordées par votre entreprise se fondent sur le mérite, la jalousie de vos
collègues sera éphémère : s’ils avaient affiché une performance semblable à la vôtre, eux aussi auraient eu
droit à une promotion. Tant que vous ne faites pas évoluer votre carrière aux dépens des autres, vous pouvez
gravir les échelons en toute confiance. Il est important que vous montriez l’exemple et que vous vous rendiez
accessible. Toutefois, vous devez garder à l’esprit que vous n’êtes pas payé pour être l’ami de vos collègues,
mais que vous devez les encadrer pour atteindre les objectifs de votre organisation. Il s’agit là d’un équilibre
délicat à trouver.
Généralement, les agissements d’un manager peuvent susciter, bien malgré leur intention initiale, des
réactions de jalousie ou d’envie. En d’autres mots, la vigilance est de mise pour un gestionnaire qui veut éviter
de nourrir le terreau de la jalousie. Il est essentiel pour un manager de surveiller de près certains
comportements, tels que :
- Donner plus de valeur au point de vue d’un employé : ex : lui accorder plus de temps de rencontre; lui
donner plus de temps d’antenne lors des réunions d’équipe;
- Donner plus d’attention aux employés qu’on a embauchés soi-même : (ex : donner son aval plus
spontanément à leurs suggestions, les recommander à la haute direction, leur donner plus de visibilité,
etc.) versus aux employés qui faisaient déjà partie de l’équipe dont on hérite;
- Exprimer plus de compliments ou de reconnaissance envers certains employés

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- Accorder des ‘’privilèges’’ à certains employés sur la base de leur rendement
Maintenant, Comment un manager peut-il gérer efficacement les situations de jalousie? Il n ya pas de recettes
miracles, mais il est nécessaire pour lui de prendre conscience de ces situations, de les prévenir et de les
désamorcer :
Prendre conscience : Il ne faut pas se leurrer, la jalousie fait partie de la vie compétitive dans nos
organisations. On le sait : les ressources sont limitées, les patrons doivent faire des choix difficiles (promotions,
bonifications, formations, etc.) et leurs décisions, aussi sages et fondées soient-elles, peuvent engendrer des
perceptions de jalousie chez leurs subordonnés.
Puis, prévenir : on peut identifier 5 lignes de conduite préventives :
- Évaluer le potentiel de maturité émotive des candidats lors de leur embauche. Entre autres, des mises en
situations portant sur le sujet de la jalousie peuvent être inclues dans les questions posées; les réponses
fournies peuvent fournir des indices intéressants.
- Établir des valeurs propres à une culture organisationnelle favorisant l’équité, le « fair-play », la
collaboration, etc. au sein de l’équipe;
- Implanter des mesures de reconnaissance pour les comportements de collaboration, de camaraderie
franche, etc.
- Encourager la communication ouverte;
- Donner l’occasion aux employés à haut rendement de partager leur savoir en leur confiant des rôles de
mentors.
Enfin, désamorcer rapidement :
Lorsqu’un gestionnaire s’aperçoit que deux employés se « crêpent le chignon » parce qu’ils sont jaloux, il se
doit d’intervenir pour mâter la situation avant que la somme des frustrations et du ressentiment ne viennent
contaminer de façon toxique l’esprit de l’équipe. Il aura tôt fait d’entendre les parties, individuellement et
ensemble, et de leur faire part de ses attentes pour une résolution rapide de la situation. L’aide des Ressources
humaines pourra être considérée. Le retour à un climat de travail sécurisant, dépouillé du stress associé à la
jalousie, et productif doit être une priorité.
Si vos équipes vivent des situations de jalousie, c’est souvent qu’il y a une incompréhension suite à une
décision du management. Donc clarifiez au maximum vos décisions sans aller jusqu’à vous justifier. Eviter de
juger ni d’accuser. Essayez d’ouvrir le dialogue avec des phrases comme «J’ai l’impression que quelque chose
ne va pas…». Essayez de parlez de faits objectifs et non des impressions ni des ressentis des uns et des autres.
Peut-être avez-vous crée sans le savoir une situation de travail injuste ou une incompréhension suite aux
répartitions d’augmentation de salaire, ou au choix d’une personne pour un poste particulier. Prenez soin de
faire exprimer sa frustration à votre équipe si besoin est et clarifier tous les non-dits. Cela permettra à tout le
monde de se repositionner et sans doute de mieux comprendre ce qui est attendu de lui au sein de l’équipe.

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4. Comment un salarié victime du comportement envieux d’un collègue doit agir pour résorber ce
problème et y mettre fin ?
Il existe des mesures pour se protéger de tels collègues en adoptant une approche proactive. Si vous êtes
victime du comportement envieux d’un collègue, voici les règles à suivre :
Demandez-vous si vous faites partie du problème : : Avant de confronter votre collègue sur ses raisons de ne
pas vous aimer, essayez de comprendre si vous portez une part de responsabilité. Contribuez-vous aux
problèmes? Éprouvez-vous une aversion pour cette personne parce que vous la considérez comme plus
compétente que vous ou parce que vous avez l’impression qu’elle parle dans votre dos? En vérité, si votre
collègue a le sentiment que vous ne l’aimez pas, il ou elle ne vous aimera pas non plus. Essayez de comprendre
si vous avez fait quelque chose avant d’essayer de remédier à la situation.
Demandez-vous ce que vous pouvez faire : Une fois que vous avez réussi à comprendre la nature du
problème, réfléchissez à la façon de le traiter pour vous assurer d’éliminer le conflit. Tolérer et ignorer la
situation n’est sans doute pas la meilleure solution puisque ce genre de dynamique peut se créer une vie
propre. Il est aussi important de vous souvenir de conserver un comportement professionnel en tout temps.
Toute communication écrite, y compris les courriels, peut se retourner contre vous, alors n’écrivez rien que
vous ne voudriez pas entendre se diffuser dans les couloirs.
Tâchez de riposter : Lorsque vous avez la confirmation qu’un collègue ou une collègue a commis un acte
intolérable – par exemple, s’attribuer le mérite d’une de vos idées –, il peut être tentant de répondre par les
mêmes tactiques sournoises – par exemple, médire sur son compte auprès d’autres collègues. Cependant, ce
genre de comportement peut transformer une petite dispute en véritable bataille. Se livrer à de tels
comportements au travail non seulement vous fait paraître mesquin ou mesquine et peu fiable, mais gaspille
du temps et de l’énergie qu’il vaudrait mieux consacrer au travail.
Confrontez votre collègue : Aussi difficile que cela puisse être, si votre rival a sali votre réputation, confrontez
cet individu. Faites-lui savoir, avec autant de tact que possible, que vous êtes au courant de ses agissements et
que vous ne les appréciez pas. Souvent, si vous mettez une personne toxique en face de sa mauvaise conduite,
son comportement s’améliorera.
Laissez une trace écrite : Lorsque vous tentez de vous protéger d’une telle personne, vous devriez toujours
pécher par excès de communication. Après une conversation avec elle au sujet d’une tâche importante qu’ elle
doit accomplir, faites un suivi par courriel. Comme ça, si quelque chose tourne mal et qu’il ou elle nie sa
responsabilité, vous avez de la documentation pour vous appuyer. Si la relation devient de plus en plus contre-
productive, vous pouvez faire référence à un échange par courriel plutôt qu’à une conversation à moitié
oubliée qui a eu lieu au téléphone ou dans le couloir. De plus, savoir qu’un tel dossier existe pourrait dissuader
votre adversaire éventuel de déformer les faits en premier lieu.
Allez de l’avant : Vous réussirez peut-être à régler vos problèmes avec votre collègue, mais si vous ne l’aimez
vraiment pas, il ne sera pas facile de travailler avec lui à long terme. Même si c’est très difficile, il est important
de traiter avec lui de manière directe, de façon à apaiser les tensions et à créer un environnement de travail
productif. Vous pouvez vous concentrer sur autre chose quand cette personne est dans les environs, faire des

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appels téléphoniques, par exemple, pour ne pas avoir à lui parler ou à entendre ce qu’il dit puisque vous savez
que de toute façon, tout ce qui sort de sa bouche n’est probablement pas productif.
Prenez les mesures appropriées : En prenant les mesures appropriées dans vos interactions avec les
personnes difficiles dans votre milieu de travail, vous pouvez vous épargner beaucoup de stress et d’anxiété.
Toutefois, si vous n’arrivez pas à faire face à la situation vous-même, envisagez la possibilité de demander à
votre patron ou votre patronne de s’en mêler. En conservant une attitude professionnelle et en discutant de la
situation objectivement, sans émotion, vous réussirez peut-être à régler vos problèmes d’une manière
positive et productive.

5. Quelles sont les retombées de comportements envieux au sein de l’entreprise ? (retards, contre-
performances, dysfonctionnements, blocages, etc.)
6. Quelles sont les incidents et les peaux de bananes pouvant découler de comportements envieux ?
(crises, etc.)
Réponse :
Quelles que soient la période et la conjoncture, à tous les niveaux de l’entreprise, la jalousie mine les relations,
déstabilise les équipes, et compromet la performance générale.
La personne enviée peut prendre de la distance par rapport à l’objet de sa jalousie… ce qui engendrera des
perturbations dans le travail, ne plus parler directement avec un collègue génère des dysfonctionnements, des
retards et des contre-performances.
En règle générale on éprouve une jalousie plus intense à l’égard d’un proche collaborateur que d’un étranger,
on coopte plus aisément une idée qui vient d’un concurrent extérieur que celle d’un collègue du bureau voisin.
Quand vous copiez une idée de l’extérieur, vous faites du benchmarking avec intelligence, alors que lorsque
vous empruntez l’idée d’un collègue, vous le parez d’un habit de leader.
Cette propension à poursuivre plutôt une idée externe coûte très cher en temps et en argent.

7. Au Maroc, la jalousie est-elle présente voire récurrente en entreprise ? Avez-vous des chiffres ?
Les études dans le domaine sont très rares et limitées. Le constat est que la communauté des salariés n’est
qu’un prisme réduit de la société marocaine. Or, celle-ci souffre de plusieurs maux liés à l’envie et jalousie. Il
est donc normal que les rivalités au travail soient vécues habituellement au sein de nos entreprises.
Les guerres et rivalités liées à la jalousie font légion au sein de nos organisations.
Dans nos entreprises, l’intimidation et harcèlement moral ont depuis toujours constitué des points dans le
registre du bien-être au travail. La culture du mérité et de la reconnaissance peine à s’y installer.
Chez nous, « succès attire les jaloux » trouve très bien son sens.

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