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LE GRAIN DE RIZ ALAIN GAUSSEL, 2006

Il était une fois un petit bonhomme pauvre. Vraiment très, très pauvre. On était un 31
décembre et tous les gens s’apprêtaient à fêter la nouvelle année autour d’un grand festin. Il se dit
que même pauvre, ce jour-là, lui aussi allait s’offrir un bon repas. Mais voilà, il eut beau fouiller
dans ses placards, il ne trouva rien à cuisiner, même pas de quoi se faire une soupe. Il s’apprêtait
à abandonner la partie, découragé, quand, ô miracle, il trouva un grain de riz. Pas deux, non, un
seul et unique grain de riz. Pas vraiment de quoi faire un festin mais c’était mieux que rien. Mais
voilà, pour faire cuire du riz, même un seul grain, il faut une casserole et le petit bonhomme n’en
avait pas. Il décida donc d’aller voir un de ses voisins. « Bonjour, lui dit-il (car il était peut-être
pauvre mais ça ne l’empêchait pas d’être bien élevé), peux-tu me prêter une casserole pour faire
cuire mon riz, s’il te plaît ? » Le voisin lui répondit : « Bien sûr, choisis celle que tu veux, tu peux
prendre une grande ou une petite casserole ». Le petit bonhomme avait toujours entendu dire qu’il
fallait beaucoup d’eau pour éviter que le riz colle, il opta donc pour une grande casserole. Le
voisin en déduisit qu’il devait avoir beaucoup de riz et demanda qu’en échange de son prêt, le petit
bonhomme l’invite à partager son repas. « Quand y’en a pour un, y’en a pour deux », pensa celui-
ci, in petto1, et l’invita à dîner.

Mais voilà, pour faire cuire du riz, même un seul grain, il faut non seulement une casserole
mais aussi de l’eau et le petit bonhomme n’en avait pas non plus. Ne voulant pas tout demander à
la même personne, il sollicita cette fois une de ses voisines. « Bonjour, peux-tu me donner de l’eau
pour faire cuire mon riz, s’il te plaît ? » La voisine lui répondit : « D’accord, je vais aller t’en
chercher au puits mais c’est fatigant. En échange, invite-moi à le manger avec toi ». Le petit
bonhomme se dit, toujours in petto, « quand y’en a pour deux, y’en a pour trois » et l’invita à
dîner.

Mais voilà, pour faire cuire du riz, même un seul grain, il faut non seulement une casserole et
de l’eau, mais aussi du feu pour faire bouillir l’eau, et pour allumer un feu, il faut du papier, des
allumettes et du bois et le petit bonhomme n’avait rien de tout cela. Il demanda donc à trois autres
voisins de le dépanner : Pierre pour le papier, Paul pour les allumettes et Jacques pour le bois.
Tous les trois lui fournirent matériel et matériaux indispensables mais en échange, ils lui
demandèrent de partager son repas. Fidèle à lui- même, il acquiesça car « quand y’en a pour trois,
y’en a pour quatre, quand y’en a pour quatre y’en a pour cinq et quand y’en a pour cinq, y’en a
pour six ». Ils allaient bientôt être six à table et il n’y avait toujours qu’un seul grain de riz. Le
petit bonhomme se demanda comment il allait s’en sortir. Couper le grain de riz en six parts égales
? Le sucer chacun notre tour ? Pas terribles comme solutions ! Il eut alors l’idée géniale de convier
un autre voisin qui élevait des poulets en vue du réveillon. « Ce soir, avec des voisins, on va fêter
la nouvelle année, alors si vous souhaitez vous joindre à notre petit groupe, ce sera avec plaisir »,
lui annonça-t-il. Le fermier s’empressa d’accepter, lui qui ne recevait jamais la moindre invitation.
1 « In petto » : locution adverbiale littéraire qui signifie « Intérieurement, à part soi. »

Mais inconcevable de venir les mains vides. « J’apporterai un poulet », indiqua-t-il au petit
bonhomme qui continua ainsi de faire du porte-à-porte, invitant une éleveuse de dindes, un
maraîcher, un boulanger, un berger, un vigneron. Ils se retrouvèrent douze à table, dégustant de
succulentes volailles accompagnées de légumes variés et goûteux, poursuivant leur repas par des
fromages de chèvre parfaitement affinés avant de l’achever, repus, par de succulentes pâtisseries,
le tout arrosé de vins divins. « Au fait, au départ, je n’avais qu’un seul grain de riz », leur avoua le
petit bonhomme avant de leur raconter toute l’histoire. Tout le monde s’est regardé et a bien ri,
heureux de ce moment de partage. »
LE GRAIN DE RIZ ALAIN GAUSSEL, 2006
Questions :
1. Paragraphe 1 : Relevez tous les adjectifs et donnez leur fonction grammaticale.
2. Paragraphe 2 : Relevez tous les COD.
3. Paragraphe 3 : Relevez tous les compléments circonstanciels.

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