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N TA T I O N
l’ALIME
Gilles Fumey
Préface de Juliette Helson
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www.editions.scienceshumaines.com
Diffusion : Volumen
Distribution : Interforum
Gilles Fumey
Certes, il n’était pas écrit que les 2,5 milliards d’êtres humains
de l’après-guerre, qui sont en 2018 un peu plus de 7 et qui
seront 9 milliards en 2050, auraient pu éviter la catastrophe que
Malthus craignait. Oui, le modèle industriel a pu suivre la crois-
sance démographique de la fin du xxe siècle. Mais la planète n’a
plus les mêmes réserves au xxie siècle qu’après la Seconde Guerre
mondiale ! Nos ressources sont plus que jamais limitées et les
scientifiques ne parient plus sur les « révolutions vertes » telles
qu’on les a imaginées et appliquées il y a quarante ans. Pourtant,
des entreprises multinationales d’origine américaines et issues de
la chimie et de la biologie parient sur le vivant qu’elles tentent de
préempter par le contrôle de la biodiversité, des semences et des
intrants. Un nouveau rapport de force est né et la géopolitique
est plus que jamais au cœur de notre future alimentation.
Plus prosaïquement, après la crise de 2008, la prise de
conscience que les terres étaient des ressources de première
importance a poussé des compagnies et des États du Nord
à acheter ou louer des millions d’hectares à des États du Sud
pourtant en proie à des crises alimentaires, avec la complicité de
leurs dirigeants. Cette mauvaise gouvernance crée un nouveau
front géopolitique qui exige qu’on lutte contre ce colonialisme
agricole d’autant plus scandaleux qu’il est pratiqué par des pays
riches au détriment des populations pauvres.
Les Nations unies ont pris la mesure de la gravité de la situa-
tion et publié de très solides propositions sur un droit de l’ali-
mentation, en souhaitant que s’organise une transition vers des
systèmes agroalimentaires durables. Durables pour les popula-
tions qui verraient s’éloigner le spectre des famines. Durables
pour l’environnement qui serait épargné par les pollutions et
dégradations liées à des mauvaises pratiques.
Gilles Fumey tente ici une approche nouvelle sur ces rap-
ports de force en mettant face à face les paysans et les industriels,
non pas pour les dresser les uns contre les autres, mais pour
montrer notamment que la FAO a souhaité renforcer l’agricul-
ture paysanne dans les pays en développement qui est la mieux à
même de sécuriser l’approvisionnement des populations les plus
démunies.
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Préface
Juliette Helson
Présidente de Slow Food Paris Terroirs du monde
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Introduction
POURQUOI UNE GÉOPOLITIQUE
DE L’ALIMENTATION ?
tout s’est emballé. Des émeutes de la faim ont éclaté dans les pays
du Sud, qui rappelaient étrangement les jacqueries et les doulou-
reux épisodes de soulèvements d’autrefois. Et l’on se demande pour-
quoi la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation
et l’agriculture) et l’OMC (Organisation mondiale du commerce)
n’ont pas pu empêcher ce dérèglement du système alimentaire
mondial.
La question West d’autant plus pressante que la situation ne
s’améliore pas. Chaque millésime apporte son lot de mauvaises nou-
velles. 2012 voit les pays du Sahel particulièrement exposés. Dans
l’été, le président du Niger, Mahamadou Issoufou, s’alarme pour les
deux tiers des familles de son pays vivant en dessous du seuil de pau-
vreté devant faire face à des augmentations de prix étant supérieurs
à 40 % de la moyenne des années 2007-2012. Que faire lorsque
six millions de Nigériens manquent de nourriture3 ? Chaque année
amène son lot de paniques. D’autant qu’après une longue période
de recul, la faim a à nouveau progressé dans le monde depuis 2017.
Pour la FAO, le nombre de personnes sous-alimentées a dépassé les
800 millions et la situation politique catastrophique en Afrique de
l’Est n’est pas de bon augure.
6- Selon l’agence France Presse, la FAO avait réclamé au printemps 2008 un million
d’euros pour « une initiative d’urgence de distribution des semences et d’engrais » tandis
que le Fida (Fonds international de développement agricole, dépendant de l’ONU) pro-
mettait « 129 millions d’euros pour des cultivateurs pauvres ». Le président du Sénégal
où la colère était descendue dans la rue pointait la marginalisation de la FAO qui, pour-
tant, avait plaidé pour des infrastructures de développement des savoirs techniques et des
aides à la commercialisation en Afrique.
7- V. Shiva, Le Terrorisme alimentaire. Comment les multinationales affament le tiers-
monde, Fayard, 2001.
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TABLE DES ENCADRÉS
- Les insectes sont-ils mondialement compatibles
dans l’alimentation ? 27
- Un autre cas géopolitique : le riz dans la crise de 2008 40
- Le paysage alimentaire 48
- Le goût des enfants est-il géopolitique ? 52
- Le « naturel » dans l’alimentation 55
- Le cas d’une céréale qui flambe : le riz 60
- Les circuits courts pour court-circuiter les grands marchés ? 68
- La nouvelle Pac européenne 2014-2020 :
quelle vision de l’agriculture ? 77
- Les acteurs institutionnels et grands organismes de l’agriculture
mondiale 80
- Le verdissement de la Pac, un casse-tête en France 84
- La terre fertile, nouvel objet de razzia pour les pays riches 88
- Retour sur la crise de 2008 :
l’exemplarité du Sénégal et la fuite en avant du Bénin 91
- Les Nations désunies sur l’agriculture non alimentaire 92
- Géopolitique du savoir sur l’alimentation :
ces OGM qui ont empoisonné le débat 94
- L’élevage industriel : des méthodes de plus en plus contestées 101
- Les leaders de l’agroalimentaire 103
- L’industrie soluble dans les boissons 108
- 2017 : les réalités de l’élevage industriel avicole
et la crise des œufs au fipronil 110
- Open Food Facts : quand les mangeurs se rebiffent 112
- Les graines géopolitiques de semences agricoles 117
- À quoi sert le bio ? 118
- Les Français, champions d’une espérance de vie
« en mauvaise santé » 126