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408-409 Pratiques et concepts actuels

© IS MEDIA en médecine bucco-dentaire


2021 DÉCEMBRE 2021-JANVIER 2022

c
l
i
n
i
c
.
f
r
PROTHÉTIQUES
TRAITEMENTS
IMPLANTO-
N°408-409
JANVIER 2022
DÉCEMBRE 2021
TRAITEMENTS
IMPLANTO-PROTHÉTIQUES
DÉCEMBRE 2021-JANVIER 2022 • N°408-409

989 ÉDITORIAL
« ULTRACRÉPIDARIANISME » 1041 CHIRURGIE IMPLANTAIRE
UTILISATION DES FLUX NUMÉRIQUES
OU RETOUR SUR UNE PÉRIODE OÙ LE BRUIT POUR GUIDER LA GESTION CHIRURGICALE
MÉDIATIQUE DEVAIT RÉPONDRE À LA PEUR ET PROTHÉTIQUE D’UN CAS ESTHÉTIQUE
Olivier FROMENTIN Ahmed RABIEY, Frédéric CHAMIEH,
Olivier FROMENTIN

992 ÉVALUATION
LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE,
1049 CHIRURGIE IMPLANTAIRE
GESTION TISSULAIRE RAISONNÉE D’UN
ALTERNATIVE AU TABAC.
ÉDENTEMENT POSTÉRIEUR MAXILLAIRE.
FACTEUR DE RISQUE DANS LES
À PROPOS D’UN CAS CLINIQUE
THÉRAPEUTIQUES IMPLANTAIRES ?
© IS MEDIA 2021

Maryline TROUILLON, Thibault DROUHET


Matthias VAUCHAUSSADE DE CHAUMONT,

1059
Delphine LALLOUET
SYNERGIE IMPLANT PROTHÈSE

1002 IMAGERIE MÉDICALE FLUX NUMÉRIQUE COMPLET AU SERVICE


INFLUENCE DU SEUILLAGE DE LA MISE EN CHARGE IMMÉDIATE.
SUR LA RECONSTRUCTION CBCT 3D UN ATOUT DANS LE CADRE
EN IMPLANTOLOGIE DES RÉHABILITATIONS GLOBALES
Thibault DROUHET, Norman CHICHE, IMPLANTO-PORTÉES
Rufino FELIZARDO, Olivier FROMENTIN Frédéric CHAMIEH, Ahmed RABIEY,
Olivier FROMENTIN

1011 CHIRURGIE PÉRI-IMPLANTAIRE


FAVORISER LA RÉUSSITE THÉRAPEUTIQUE
1066 BIOMATÉRIAUX
BIOCOMPATIBILITÉ ET MATÉRIAUX
DE LA ROG. ÉVOLUTION DE LA TECHNIQUE
ET CHOIX RAISONNÉ DE LA MEMBRANE D’ASSEMBLAGE EN PROTHÈSE
Alexis BLANC, Maxime BOUVART SUPRA-IMPLANTAIRE
Geoffroy BOISSIÈRE, Jean-François N’GUYEN,

1019
Olivier FROMENTIN
CHIRURGIE PÉRI-IMPLANTAIRE

1078
FAVORISER LA RÉUSSITE THÉRAPEUTIQUE
RECHERCHE
DE LA ROG. SÉLECTION DU BIOMATÉRIAU ÉTUDE QUANTITATIVE DU JOINT
DE COMBLEMENT ET GESTION D’ASSEMBLAGE DES INFRASTRUCTURES
DES TISSUS MOUS SUPRA-IMPLANTAIRES COLLÉES
Maxime BOUVART, Alexis BLANC SUR EMBASE TITANE

1024
Thomas NGUYEN, Alexis BARREAU,
BIOMATÉRIAUX Marie-Joséphine CRENN, Olivier FROMENTIN
IMPLANTS DENTAIRES ET ALLERGIE AU
TITANE ? ACTUALISATION DES DONNÉES
SCIENTIFIQUES ET ATTITUDE CLINIQUE 1084 PROTHÈSE IMPLANTAIRE
LES COMPLICATIONS PROTHÉTIQUES
EN IMPLANTOLOGIE. RÉFLEXIONS
Daphné ACHOULINE
AUTOUR D’UN CAS DE FRACTURE

1033 BIOMATÉRIAUX
LES IMPLANTS EN ZIRCONE :
DE VERROU « INLINK »
Adrien SÉNIORIS, Stéphane LE GOFF,
Olivier FROMENTIN
L’ALTERNATIVE FIABLE AU TITANE ?
Jonathan GUCCIARDI, Yann SAIZOU, Pascaline DORMAGEN,
Simon TORDJMAN, Olivier FROMENTIN

CLINIC 2021;42(408-409):987 987


ÉDITORIAL

« ULTRACRÉPIDARIANISME »
OU RETOUR SUR UNE PÉRIODE
OÙ LE BRUIT MÉDIATIQUE DEVAIT
RÉPONDRE À LA PEUR

À l’heure où j’écris ces lignes, nous arrivons laborieusement


au crépuscule de cette apnée collective qui n’en finit pas.
Beaucoup tireront un bilan sociologique ou économique de cette aventure
SarsCov2/Covid19 avec beaucoup de sagacité. Qu’il me soit permis ici d’évoquer
très brièvement quelques images fugaces de cette période qui dure depuis
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bientôt 2 années. Ce ne sont que quelques bribes d’une histoire commune déjà
ancienne mais qui méritent d’être évoquées comme le témoignage d’un soignant
traversant une époque où la peur le dispute avec une inquiétante déraison.
Quelles images ?
La peur d’abord. Cette paralysie mentale insidieuse qui accompagne cette
infection jusqu’alors inconnue sous cette forme et qui expose chacun à des Olivier FROMENTIN
choix, à titre individuel, en tant que citoyen et en tant que soignant. Il faut se Responsable du Diplôme Universitaire
souvenir de l’état des connaissances scientifiques sur le sujet au début de Clinique d’Implantologie Chirurgicale
l’année 2020. Clairement, dans les modélisations de propagation de ce virus qui et Prothétique (DUCICP) de
a décimé la population confinée de quelques villes chinoises et s’est répandu à l’Université de Paris.
grande vitesse à travers le monde, les dentistes ont été placés au sommet des
courbes du risque de contamination. Rapidement, ce coronavirus hautement
pathogène a été décrit comme présent dans des micro-gouttelettes aéroportées,
actif durablement sur les surfaces exposées et transmissible facilement par
simple contact. Par ailleurs, à cette époque et malgré quelques faux espoirs
fortement médiatisés, aucun traitement antiviral n’a fait la preuve d’une efficacité
sur les stades avancés de l’infection. L’évolution de la détresse respiratoire
aiguë sévère, conséquence de la contamination virale, entraînait une issue
fatale fréquente ou une lente guérison accompagnée de suites invalidantes.
Le silence ensuite. Celui des cabinets dentaires à l’arrêt, des rues désertées,
des écoles, des universités et des commerces fermés, toute une vie active
qui s’est arrêtée à un instant donné comme lorsque l’on éteint la lumière.
De même, la sidération et le silence désabusé des soignants devant la quantité
et la qualité du matériel de protection à leur disposition quand le discours
officiel était chroniquement optimiste sur les livraisons du lendemain.
Le bruit surtout. Celui des spécialistes, des experts, professionnels de la santé
ou de la politique, quels que soient leurs spécialités, leurs titres ou leurs diplômes,
le lieu de leur exercice ou leur obédience politique, qui parlent à n’en plus finir
pour se contredire ou être démentis le lendemain. Le bruit de tous ceux qui se
sont exprimés en tant que « sachants », attirés par les micros et les caméras,

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ÉDITORIAL

sans se rendre compte que, en pensant rassurer, ils ont détruit le peu de confiance de leur
auditoire et ont renforcé la crédulité dans les faciles diatribes des tribuns opportunistes.
Pour le philosophe et physicien Étienne Klein*, le néologisme « ultracrépidarianisme » désigne
la tendance à « parler avec assurance au-delà de ses compétences et de ses connaissances ».
Pour lui, cette période a été propice à la relégation de la science derrière l’opinion, les
journalistes posant fréquemment des questions où la seule réponse scientifique possible
aurait dû être « Je ne sais pas… ». Malheureusement, la logorrhée quotidienne dispensée
dans les médias comme catharsis à la peur collective a conduit nombre de personnes
à prendre position avec conviction sur des sujets dont ils n’avaient pas la maîtrise.
Mais également le souvenir de quelques moments de respiration, à écouter
un médecin expliquer que la connaissance scientifique se construit
progressivement dans la confrontation des idées et des études scientifiques
mais pas sur une place publique ou sur un plateau de télévision.
Et d’autres instants d’admiration sincère, dans quelques services hospitaliers
publiques, pour des jeunes internes en odontologie et des praticiens plus
âgés qui ont pris en charge les patients, de jour comme de nuit, avec courage,
dans des conditions compliquées où, notamment, la durée recommandée du
port du masque (FFP2 ?) s’allongeait au gré de la pénurie de matériel.
Et, enfin, une année universitaire où l’activité clinique et les cours ont été également
arrêtés. Différentes initiatives ont été mises en place pour se retrouver sur des plateformes
numériques afin de reprendre enfin un programme d’enseignement malgré les périodes de
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confinement ou les jauges drastiques souvent asynchrones avec l’évolution de l’épidémie.


Plus récemment encore, la saga des vaccins, les livraisons erratiques, le nombre de
doses, les délais fluctuants entre les injections, la vaccination obligatoire des soignants,
le pass sanitaire… Beaucoup de questions, d’opinions tranchées, de débats passionnés…
et plus l’accès au précieux vaccin s’améliorait, unique protection contre l’infection à
défaut de traitement, plus les échanges s’intensifiaient autour de l’opportunité collective,
le potentiel risque individuel ou même la dimension liberticide de cette vaccination.
Alors, comment conclure après ce patchwork évidemment subjectif
de ces quelques images concernant cette période troublée ?
Tout d’abord, l’impression confuse d’une amnésie progressive de ces événements, liée à
la perte des repères chronologiques qui rythmaient la vie « normale » d’avant la pandémie.
Ensuite, au-delà des opinions et des débats stériles, la volonté de beaucoup de
surmonter les difficultés ainsi que les risques liés aux nombreuses inconnues de
cette épidémie, afin d’agir, d’aider, de soigner et d’avancer, parfois modestement,
mais toujours avec une volonté forte de « faire ce qu’il fallait faire ».
Dans une période où la nécessaire résilience s’apparente parfois à l’oubli de circonstance,
il n’est pas inutile de faire œuvre de mémoire, même récente, pour rappeler et
comprendre ce qu’il s’est passé afin envisager demain avec plus de sérénité.
Durant ces deux années, l’équipe du DUCICP a poursuivi ses activités avec
beaucoup d’enthousiasme et de volonté, par zoom derrière les écrans d’ordinateurs
ainsi qu’en clinique au gré des évolutions de cette pandémie. Elle vous propose ce
numéro de CLINIC, riche de 12 articles concernant les connaissances actuelles
de différents domaines de l’implantologie chirurgicale et prothétique.
Félicitations à toute l’équipe du DUCICP Université de Paris
Hôpital Rothschild (AP-HP) pour cette belle réalisation collective et
je me joins à eux pour vous en souhaiter une bonne lecture !

* « Sutor, ne supra crepidam ». Pline l’Ancien cité par É. Klein dans Le goût du vrai.
Édition Gallimard, 2020.

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ÉVALUATION
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LA CIGARET TE ÉLECTRONIQUE,
ALTERNATIVE AU TABAC
FACTEUR DE RISQUE DANS LES THÉRAPEUTIQUES IMPLANTAIRES ?

RÉSUMÉ
La cigarette électronique est proposée pour remplacer la consommation de tabac à
fumer dont les conséquences néfastes sur la santé générale et la cavité buccale sont
bien documentées. Le but de cet article est d’établir une synthèse des connaissances
scientifiques actuelles concernant le risque du vapotage sur les tissus péri-implantaires.

M
AUTEURS Lien d’intérêts algré les connaissances concer-
Les auteurs déclarent
nant l’effet carcinogène de la ci-
Matthias n’avoir aucun lien
VAUCHAUSSADE DE d’intérêts. garette [1] et les politiques de santé
CHAUMONT publique anti-tabac menées ces
DUCICP, Université Paris,
Référencement dernières années, 8,2 millions de personnes
Hôpital Rothschild (AP-HP).
Exercice libéral à bibliographique
Vauchaussade de meurent de sa consommation chaque année
Saint-Priest.
Chaumont M, Lallouet D. dans le monde [2]. En France, 73 000 décès sont
Delphine LALLOUET La cigarette électronique,
DUCICP, Université Paris, alternative au tabac. attribués annuellement au tabac et, même si la
Hôpital Rothschild (AP-HP). Facteur de risque dans prévalence de la consommation quotidienne
Exercice libéral à les thérapeutiques
Vincennes. implantaires ? CLINIC 2021; est en baisse, estimée chez les 18-75 ans à
42(408-409):992-1000. 26,9 % en 2017 et 25,4 % en 2018, cette addiction
reste encore très forte [3].

992 CLINIC 2021;42(408-409):992-1000


ÉVALUATION

Sur le plan bucco-dentaire, le risque de can-


cers oraux serait 5 fois plus élevé chez le
fumeur par rapport au non-fumeur [4]. De
même, le risque de développer une mala-
die parodontale évoluant vers la perte des
dents serait environ 3 fois plus élevé chez le
fumeur [5]. Le tabac est également respon-
sable d’une vasoconstriction qui induit un re-
tard de cicatrisation dans les thérapeutiques
chirurgicales [6].
Dans le but de favoriser le sevrage tabagique,
il a été proposé d’utiliser une vapoteuse ou
cigarette électronique (e-cigarette). Ce dispo-
sitif imaginé par Hon Link en 2003 [7] fait son
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apparition sur le marché en 2005. Du dispositif


jetable à celui rechargeable en passant par la
e-cigarette personnalisable, il existe de nom-
breux types de cigarettes électroniques. Elles
fonctionnent toutes à l’aide d’un liquide (ou
e-liquide) contenu dans un réservoir chauffé
à environ 60 °C par une résistance électrique
alimentée par une batterie. L’ensemble est re-
Figure 1
lié à un bec pour inhaler la vapeur produite.
Vapoteuse et cigarette
Contrairement à la cigarette classique où 1 traditionnelle, risques
le tabac est carbonisé pour produire les fu- différents ?
mées inhalées, le liquide de la vapoteuse est
transformé en aérosol par chauffage, sans
combustion directe. Ce liquide présente une lés et de diminuer les risques de cancer. Enfin,
concentration en nicotine qui varie de 0 à l’utilisation de la e-cigarette serait plus effi-
20 mg/ml environ, associée à des solvants et cace dans la réduction de la consommation
à différents ingrédients dont des arômes na- de tabac que les patchs [11].
turels ou artificiels. En termes de nombre de Toutefois, les risques à long terme sont mal
bouffées inhalées, 10 ml de e-liquide équi- connus et doivent être évalués. Ainsi, d’après
vaudrait à la consommation de 200 cigarettes Watkins et al. [12], les non-fumeurs et particu-
traditionnelles [8]. lièrement les jeunes qui vapotent de manière
L’usage de ce dispositif semble une alternative récréative seraient 3 fois plus susceptibles de
intéressante à la cigarette dans les tentatives commencer à fumer que les non-utilisateurs
de sevrage tabagique en raison de l’absence de la e-cigarette.
de produits de combustion [9] (figure 1). Mal- Selon le dernier avis du Haut Conseil de la
gré une efficacité discutée, ce dispositif pa- Santé Publique datant de 2016, la prévalence
raît aider les utilisateurs motivés à limiter leur d’utilisateurs de la cigarette électronique a
consommation de tabac [10]. L’usage exclusif progressé de 7 à 18 % entre 2012 et 2013, dont
de la cigarette électronique permettrait de environ 3 % pour un usage quotidien chez les
limiter la quantité de produits toxiques inha- vapoteurs de 15 à 75 ans [13].

CLINIC 2021;42(408-409):992-1000 993


ÉVALUATION

Dans la combustion du tabac, en complé- par la règlementation européenne mais sont


ment de la nicotine inhalée, des substances néanmoins présents dans environ 4 % des ci-
telles que le monoxyde de carbone, l’oxyde garettes vendues sur le marché.
d’azote, le cyanure d’hydrogène, l’arsenic, le Concernant l’impact sur les thérapeutiques
cadmium, le formaldéhyde et des goudrons implanto-prothétiques, de nombreux travaux
ont été identifiées, soit environ 7 000 subs- rapportent les effets néfastes du tabac sur
tances chimiques dont 70 considérées comme l’ostéo-intégration et, d’une manière plus géné-
cancérogènes [14] (figure 2). rale, sur l’apparition de l’essentiel des compli-
La toxicité de ces produits inhalés est pour cations biologiques implantaires [16-18]. Ainsi,
partie imputée à une trentaine de produits son usage régulier est décrit comme un fac-
ou additifs servant à fabriquer les cigarettes teur impactant négativement le taux de survie
(colle, colorants, modificateurs de combus- implantaire, la perte osseuse péri-implantaire,
tion, humectant, conservateur, exhausteurs les paramètres cliniques de l’inflammation
de goût), dont environ un tiers (acétaldéhyde, gingivale ou le résultat des chirurgies gingi-
furfural, acide 2-éthylhexanoïque), est classé vales [19, 20]. Les produits contenus dans les
Figure 2 comme cancérogène, mutagène ou repro- fumées de combustion du tabac sont impli-
Composition et toxique (CMR). Selon le rapport de 2016-2020 qués dans les difficultés de cicatrisation gin-
émission de la fumée de l’ANSES [15], ces produits CMR sont interdits givale ainsi que dans la perte osseuse péri-­
de combustion d’une
cigarette traditionnelle. implantaire [21, 22].
Concernant la cigarette électronique, les
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ingrédients composant les liquides vaporisés


LA CIGARETTE
diffèrent selon les marques proposées et la
législation des États où ils sont distribués.
D’après l’Anses (Agence nationale de sécurité
sanitaire de l’alimentation, de l’environnement
Inhalation
et du travail) [23], dans l’ensemble des produits
Microperforations du filtre qui
diminuent les émissions mesurées proposés en Europe par environ 700 fabricants
et importateurs, il est possible de retrouver :
– un diluant tel que le propylène-glycol (PG)
et/ou le glycérol (glycérine végétale, VG)
ou éventuellement du 1,3 propylène-glycol,
parfois de l’eau et de l’éthanol. La plupart de
ces liquides pour cigarette électronique ont
un ratio PG/VG de 50/50 ;
– de la nicotine ou des sels de nicotine formés
avec différents acides organiques (acide ben-
zoïque, citrique, lactique, lévulinique, malique,
pyruvique, salicylique ou tartrique), dans une
concentration maximale de 20 mg/ml, confor-
Émissions Additifs mément à la réglementation ;
Suite à la combustion, le fumeur Une trentaine de produits en moyenne
– entre 1 et 15 ingrédients supplémentaires à
inhale de nombreuses substances (de 6 à 100) avec différentes fonctions :
toxiques : ●Colle fonction aromatisante, les plus fréquents étant
Monoxyde de carbone ●Colorant les dérivés de la vanilline, du maltol, du men-
Nicotine
●Modificateur de combustion thol ou des esters aux odeurs fruitées. On re-
Humectant
trouve également des sucres et édulcorants

Goudrons* ●Conservateur
●Exhausteur d’arôme et de goût (glucose/fructose, sucralose), des acides utili-
* La fumée de tabac contient plus sés dans les sels de nicotine et des extraits de
de 7 000 substances chimiques,
plantes.
dont au moins 70 sont cancérigènes.
2
Parmi les produits testés par l’Anses, une pro-
portion limitée à moins de 4 % contenait des

994 CLINIC 2021;42(408-409):992-1000


ÉVALUATION

LA CIGARETTE ÉLECTRONIQUE
ingrédients interdits par la réglementation
européenne en tant que produits CMR (acé- Contenu des e-liquides
taldéhyde, furfural, l’alcool furfurylique) ou
d’autres composés tels que la caféine, la tau-
Arômes
rine et certaines vitamines (D et E).
Les plus fréquents :
Par ailleurs, des composés carbonylés formés fruits, menthe, tabac
lors de la génération de l’aérosol par chauf-
Base
fage du liquide ont été retrouvés (formaldé- Constituée de propylène glycol
hyde, acétaldéhyde, acroléine) ainsi que des et de glycérol, elle sert de solvant
métaux lourds provenant de sa contamina- et de support d’arômes
tion et plus probablement de migration de- Nicotine
puis le dispositif de vapotage (nickel, chrome,
plomb, cadmium, cuivre, arsenic). Ainsi,
d’après Rubinstein et al. [24], la vapeur inha- Les émissions
lée contiendrait certains composés chimiques Nicotine
similaires à la fumée des cigarettes mais
Contaminants
également d’autres produits spécifiques éga-
lement toxiques ou cancérogènes probables Arôme
(acrylonitrile, acrylamide, oxyde de propy-
Base
lène, crotonaldéhyde) (figure 3).
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En matière de santé bucco-dentaire, chez les Substances néoformées


vapoteurs, on remarque une susceptibilité ac- (formaldéhyde, acétaldéhyde,
et métaux lourds) suite au
crue à l’apparition de douleurs linguales ou
chauffage du e-liquide et
jugales [25] ou de lésions muqueuses à type de à la réaction chimique
stomatite nicotinique, de langue villeuse et de avec le dispositif lui-même
chéilite angulaire [26]. Cependant, la littérature 3
récente ne rapporte pas de conclusion fiable
Figure 3
sur l’incidence de la e-cigarette dans le risque
Composition et
de cancer de la cavité buccale [27]. Alors que le Term) or e-cig*) and (dental implant* (MESH émission des vapeurs
vapotage semble une alternative sans danger Term) or gingiva (MESH Term) or bone loss)]. d’une cigarette
au tabac, quelques travaux rapportent tout de électronique.
même l’apparition d’effets indésirables, notam- Critères d’inclusion des publications
ment au niveau parodontal [28-30]. • Les études in vitro concernant les effets bio-
Cet article synthétise les données scientifiques logiques des produits utilisés ou générés lors
récentes concernant les effets de la cigarette du vapotage.
électronique sur la santé péri-implantaire. • Les études cliniques randomisées ou non ainsi
que les revues et les revues systématiques de
MATÉRIEL ET MÉTHODE la littérature évaluant ou rapportant les effets
Cette revue systématique de la littérature est de la cigarette électronique en étudiant des
conduite pour répondre à la question sui- paramètres parodontaux ou péri-implantaires
vante : « Quel est l’impact de l’utilisation de mesurables : PI (indice de plaque), BOP (saigne-
la cigarette électronique ou vapotage sur les ment au sondage), PD (profondeur de poche),
tissus gingivaux et osseux péri-implantaires ? » CBL (perte osseuse cervicale).
La recherche bibliographique a été réalisée
sur les 10 dernières années et limitée aux Critères d’exclusion des publications
publications en langue anglaise accessibles • Les publications rapportant les travaux ex-
sur la base de données Pubmed/Medline. clusivement en rapport avec la cigarette tradi-
L’équation de recherche a été [(vaping (MESH tionnelle ou avec d’autres moyens de consom-
Term) or electronic nicotine delivery systems mation du tabac que la cigarette électronique
(MESH Terms) or electronic cigarette (MESH (pipe à eau, chicha…).

CLINIC 2021;42(408-409):992-1000 995


ÉVALUATION

• Les résumés de communication ou de poster RÉSULTATS


ainsi que les rapports de cas cliniques. De l’ensemble des publications retenues, il est
La recherche dans la base de données possible de dégager quelques éléments de
Medline a permis d’identifier 70 publica- réponse concernant les effets du vapotage
tions. La lecture des titres puis des résumés sur la santé péri-implantaire.
ainsi que l’application des critères d’in-
clusion/exclusion ont entraîné le retrait de Vapeurs de e-cigarette et effets
40 articles non pertinents. En complément biologiques sur les tissus oraux
des 30 publications retenues, 2 articles ont Les 8 études in vitro retenues dans cette
été ajoutés après une recherche manuelle étude [31-38] rapportent la toxicité des gaz
(figure 4). vapotés sur l’écosystème buccal. Ces effets
Au total, 32 publications ont été retenues s’apparentent beaucoup à ceux décrits pour
dans cette revue de la littérature consa- le tabac.
crée aux effets de la cigarette électro- Au niveau moléculaire, les interactions avec
nique sur les tissus parodontaux et péri-­ les tissus environnants se traduisent notam-
implantaires. Elle se compose de la façon ment par :
suivante : 8 études in vitro concernant des – des dommages de l’ADN des cellules expo-
cultures cellulaires, 19 études cliniques sées (fibroblastes et cellules de l’épithélium
dont 2 études contrôlées randomisées, gingival) aux vapeurs d’e-cigarette [31] ;
5 revues de la littérature sur des thèmes – une accumulation intracellulaire de produits
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étudiés similaires dont 2 revues systéma- dérivés réactifs de l’oxygène (Reactive Oxygen
Figure 4 tiques publiées en 2019 et 2020. Species) qui augmenteraient la carbonylation
Diagramme de des protéines et la libération de cytokines
flux des données pro-inflammatoires (IL-8 et PGE2) à l’origine
bibliographiques. d’une réponse inflammatoire ainsi que d’un
stress oxydatif cellulaire [31] ;
– une altération du métabolisme intracellu-
Résumés sélectionnés
laire induisant des anomalies fonctionnelles.
après utilisation
de l’équation de recherche Ainsi Shaito et al. constatent une diminution
dans la base de données de l’expression de la protéine de jonction
Pubmed/Medline connexine 43 se traduisant par une altéra-
N = 70
tion de la communication intercellulaire des
cellules souches [35]. De plus, Rouabhia et al.
Articles/résumés rejetés
rapportent une diminution de la protéine
car ne respectant pas
les critères de sélection actine-F impliquée dans l’adhésion des os-
N = 40 téoblastes [38] ;
- une diminution de la concentration en phos-
Après lecture des articles phatase alcaline, marqueur de la formation
respectant les critères
osseuse, en rapport avec l’accélération de la
de sélection
N = 30 dégradation des tissus osseux minéralisés [38] ;
– une augmentation significative de l’activité des
enzymes cytoplasmiques lactates déshydrogé-
Articles ajoutés
après recherche manuelle nases, marqueur de cytotoxicité, rapidement
N=2 libérées lors de dommages de la membrane
plasmatique cellulaire. Cette activité augmentée
signe l’accentuation de l’apoptose cellulaire de
Articles sélectionnés
dont 8 études in vitro l’épithélium gingival [34].
N = 32 Au niveau cellulaire, de nombreuses réper-
4
cussions délétères sont rapportées tant au ni-
veau de la morphologie des cellules étudiées

996 CLINIC 2021;42(408-409):992-1000


ÉVALUATION

(fibroblastes, cellules épithéliales, cellules que la fumée de tabac, elles pourraient ra-
souches) que de leurs fonctions, avec notam- lentir la cicatrisation tissulaire en potentialisant
ment une inhibition de la communication, une l’inflammation des tissus endommagés.
diminution de leur différenciation et de leur
prolifération ainsi qu’une sénescence accélé- Vapeurs de e-cigarette
rée. L’ensemble de ces altérations se traduit et conséquences cliniques
par une apoptose augmentée. sur les tissus péri-implantaires
Selon Sundar et al. [31], l’exposition de Concernant les thérapeutiques implanto-­
fibroblastes ou de cellules épithéliales aux prothétiques, il est reconnu qu’un environ-
vapeurs aromatisées de e-cigarette aug- nement inflammatoire chronique est source
menterait de manière significative le stress d’échec implantaire à plus ou moins long terme.
oxydatif et provoquerait des dommages Or, l’exposition aux vapeurs de e-cigarette
persistant au niveau de l’ADN. Cela indui- semble favoriser l’inflammation de manière
rait des réponses pro-inflammatoires et similaire à la fumée du tabac. Les résultats de
pro-sénescentes au sein des cellules des différentes études cliniques qui mesurent le ni-
tissus parodontaux. veau de médiateurs de l’inflammation comme
D’après Alanazi et al. [36], en cas d’exposition les cytokines pro-inflammatoires (TNF-alpha,
à des vapeurs avec ou sans nicotine ou en- IL-1-bêta, IL-6, IL-8, MMP) ou anti-inflam-
core à des fumées de combustion du tabac, matoires (IL-4, IL-9, IL-10 et IL-13) convergent
l’activité fibroblastique diminue et l’apoptose dans ce sens [28, 29, 39-44]. Néanmoins,
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augmente. Ces observations sont maximales cette inflammation s’avère moins importante
avec la fumée de combustion du tabac, elles chez le vapoteur que chez le fumeur.
s’amoindrissent avec des vapeurs nicotinées et Pour Ibraheem et al. [44], les vapeurs inhalées
sont minimales avec des vapeurs sans nicotine. de e-cigarette entraînent une augmentation
Ces résultats sont à rapprocher de ceux des significative de la concentration en protéines
travaux de Sancilio et al. [33] qui rapportent RANKL et ostéoprotégérine (OPG) produites
une augmentation de la cytotoxicité cellu- par les ostéoblastes. Ce mécanisme de dé-
laire corrélée avec le temps d’exposition aux fense physiologique intervient en réponse à
vapeurs nicotinisées. De plus, d’après Shaito l’augmentation du niveau des cytokines pro
et al. [35], le risque de perte du potentiel de inflammatoires. RANKL et OPG étant indis-
différenciation et de prolifération des cellules pensables pour réguler le remodelage os-
souches en cellules ostéogéniques serait si- seux, l’OPG circulante serait produite en ex-
milaire entre une exposition à la fumée de ci- cès pour se lier à RANKL et l’inactiver, limitant
garettes ou aux vapeurs nicotinées des vapo- l’ostéo-­clastogenèse et, ainsi, la résorption
teuses. Enfin, Rhouabia et al. [38] signalent une osseuse [44].
diminution significative de l’adhésion et de la Sur le plan clinique, la consommation de
croissance ostéoblastiques sur des disques en tabac à fumer ou l’usage d’une e-cigarette
titane exposés à la fumée de tabac ou à la va- n’aurait pas d’incidence sur la composition
peur d’e-cigarette avec nicotine. Cependant, de la flore bactérienne parodontopathogène
si ce phénomène est plus élevé lors d’exposi- (A. actinomycetemcomitans, P. gingivalis,
tion aux fumées de tabac, il diminue avec des T. denticola) prélevée dans le biofilm subgin-
vapeurs nicotinées de vapoteuse et s’affaiblit gival. Ainsi, d’après Aldahkheel et al., la quan-
encore pour des vapeurs sans nicotine. tité de ces différents types de bactéries serait
Malgré les limites propres aux études in vitro similaire chez le fumeur et le vapoteur [45].
dans la généralisation des résultats, ces don- Néanmoins, d’après les résultats d’une étude
nées montrent les effets biologiques poten- longitudinale récente [30], le risque de déve-
tiellement néfastes des aérosols de cigarettes lopper une gingivite ou une parodontite serait
électroniques exacerbés par la nicotine ou les significativement plus élevé chez les vapoteurs
arômes artificiels. Ainsi, même si les vapeurs de e-liquide nicotiné par rapport aux non-­
de e-cigarette apparaissent moins toxiques vapoteurs. Les auteurs précisent que cette

CLINIC 2021;42(408-409):992-1000 997


ÉVALUATION

tendance s’accroît par la consommation de parodontale. Le BOP se révèle plus ici un mar-
cannabis ou autres drogues illicites. queur de la vasoconstriction supra-périostée
En comparant les résultats des études cliniques que celui de la sévérité d’une inflammation
rapportant l’évaluation des paramètres paro- en réaction à un processus infectieux ou trau-
dontaux chez le fumeur, le vapoteur de e-liquide matique.
nicotiné et le non-fumeur/non vapoteur, la syn- Par ailleurs, il est important de souligner le
thèse s’avère contrastée [28, 39, 40, 43-46]. manque de données cliniques comparatives
L’aggravation de ces paramètres cliniques concernant l’inhalation des vapeurs avec/sans
corrélée à l’augmentation significative des nicotine et avec/sans arôme afin d’évaluer le
cytokines pro-inflammatoires (TNF-alpha, degré de toxicité de ces produits sur les tissus
IL-1-bêta) s’avère toujours plus importante gingivaux et péri-implantaires.
chez les fumeurs que chez les vapoteurs de Enfin, sur les 18 études cliniques retenues,
e-liquide nicotiné par rapport aux vapoteurs seulement 4 études évaluent les paramètres
sans nicotine ou aux non-fumeurs [39, 40, 43]. tissulaires péri-implantaires et les niveaux de
Ainsi, l’aggravation de l’indice de plaque (IP) cytokines pro-inflammatoires [39-41, 43].
et l’augmentation des profondeurs de poche Deux publications comparent vapoteurs avec
(PD), mais également la diminution de l’indice nicotine versus non-fumeurs [39, 43] et 2 autres
de saignement (BOP) apparaissent significati- évaluent les différences entre vapoteurs avec
vement plus importantes chez les fumeurs et les nicotine, fumeurs et non-fumeurs [40, 41]. Dans
vapoteurs de e-liquide nicotiné par rapport aux ces 4 études, les patients suivis présentent des
© IS MEDIA 2021

non-fumeurs ou non-vapoteurs. De même, les implants en fonction depuis au moins 3 ans.


symptômes oraux (douleurs dentaires et gingi- Concernant les différents paramètres péri-­
vales, saignements) auto-évalués et rapportés implantaires, des valeurs similaires sont rap-
par les patients sont plus importants chez les portées, avec des profondeurs de poches
fumeurs que chez les vapoteurs [28, 46]. Ce significativement plus élevées ainsi que des
constat, rapporté dans deux revues de la lit- pertes osseuses plus sévères chez les va-
térature récente [47, 48], souligne l’importance poteurs que chez les non-fumeurs. La perte
de la motivation à l’hygiène chez le fumeur osseuse apparaît toutefois significativement
comme chez le vapoteur pour limiter le risque moins importante chez les vapoteurs que chez
lié aux produits inhalés, potentialisé par une les fumeurs. Néanmoins, les résultats concer-
mauvaise hygiène bucco-­dentaire. nant l’évaluation de la perte osseuse sont à
Selon Sinha et al. [43], les vapeurs de e-liquide pondérer en raison de l’absence de standar-
nicotiné entraîneraient une vasoconstriction disation des procédures radiographiques.
des vaisseaux sanguins supra-périostés plus Concernant l’indice de plaque, il n’y a pas de
limitée par rapport à celle induite par la fu- différence significative entre les vapoteurs et
mée de tabac, ce qui expliquerait la diminu- les non-fumeurs dans ces études.
tion du BOP moins importante chez les vapo- En corrélation avec la perte osseuse, les
teurs avec nicotine par rapport aux fumeurs. niveaux de cytokines pro-inflammatoires
Cette hypothèse semble corroborée par les retrouvés dans le fluide sulculaire péri-­
résultats des travaux de Alqahtani et al. [49] implantaire s’avèrent significativement
et Mokeem et al. [50] qui montrent que les plus élevés chez les vapoteurs par rapport
niveaux de cotinine intrasulculaire, métabo- aux non-fumeurs. Ainsi, l’étude pilote de
lite prédominant de la nicotine, seraient simi- Ar Rejaie et al. [41] évalue dans le fluide
laires ou moins élevés chez les vapoteurs que péri-­implantaire la quantité de cytokine
chez les fumeurs de tabac. IL-1β et d’enzyme MMP9 de patients va-
Néanmoins, tout comme chez le fumeur, le poteurs, fumeurs et non-fumeurs. Ces
faible saignement au sondage constaté chez molécules impliquées dans la destruction
le vapoteur avec nicotine masque la réalité de la matrice extracellulaire sont retrou-
clinique de l’inflammation ainsi que celle de vées à des taux significativement plus éle-
la dégradation tissulaire péri-implantaire et vés chez les vapoteurs et les fumeurs en

998 CLINIC 2021;42(408-409):992-1000


ÉVALUATION

comparaison avec les non-fumeurs. leurs résultats hétérogènes ne permettent


Comme le suggèrent les conclusions des pas encore de déterminer précisément l’in-
publications sélectionnées dans le cadre de térêt ou les dangers de l’e-cigarette comme
cette revue de la littérature [29, 30, 39-43], les substitut au tabac à fumer dans le sevrage
vapeurs d’e-cigarette apparaissent moins des utilisateurs quotidiens.
nocives pour les tissus péri-implantaires que Cette revue systématique de littérature montre
les fumées du tabac. Néanmoins, le risque que la cigarette électronique est associée à
inflammatoire s’avère plus élevé chez les une inflammation tissulaire et une résorp-
vapoteurs que chez les non-fumeurs [51]. tion osseuse péri-implantaire potentielle-
Les auteurs de ces publications soulignent le ment moins sévères que chez le fumeur mais
nombre insuffisant d’études cliniques ainsi significativement supérieures que chez le
que les durées d’observation trop faibles pour non-fumeur. La différence entre vapoteurs et
déterminer précisément les conséquences de non-fumeurs est d’autant plus marquée que le
cette addiction sur la survie implantaire et la e-liquide est nicotiné ou concentré en arômes
santé péri-implantaire. artificiels.
En l’état actuel des connaissances, le vapotage
CONCLUSION d’un liquide contenant une proportion plus ou
La littérature scientifique récente rapporte moins importante de nicotine (0-20 mg/ml)
un effet toxique des e-liquides et des va- et d’autres substances chimiques doit être
peurs de cigarettes électroniques reposant considéré comme un facteur de risque po-
© IS MEDIA 2021

essentiellement sur des études in vitro. Les tentiel de complications dans les thérapeu-
études cliniques sont peu nombreuses et tiques implantaires.

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CLINIC 2021;42(408-409):992-1000 999


ÉVALUATION

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1000 CLINIC 2021;42(408-409):992-1000


IMAGERIE
MÉDICALE

INFLUENCE DU SEUILLAGE SUR


LA RECONSTRUCTION CBCT 3D
EN IMPLANTOLOGIE

AUTEURS RÉSUMÉ
Dans le cadre de la chirurgie implantaire guidée, plusieurs étapes numériques sont obligatoires
Thibault DROUHET pour réaliser une planification et créer un guide chirurgical. Chaque étape génère des écarts par rapport
AHU, Pitié Salpêtrière – aux données recueillies. L’une des origines de ces écarts est le réglage du seuillage du fichier DICOM.
Charles Foix, L’objectif de cette étude est d’évaluer l’impact du seuillage d’un fichier DICOM sur les variations
DUCICP,
Université de Paris,
dimensionnelles de la reconstruction 3D d’un échantillon scanné par tomographie à faisceau
Hôpital Rothschild (AP-HP), conique (CBCT, Cone Beam Computerized Tomography).
Exercice libéral à Paris.
Norman CHICHE Rejoignez notre groupe Facebook: Livres et Revues Dentaires
DUCICP,

L
Université de Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP).
Exercice libéral à Clichy.
a planification implantaire et prothétique guide à appui osseux. De nombreux auteurs ont
est déterminée par une analyse pré-­ évalué la précision des protocoles de chirurgie
© IS MEDIA 2021

Rufino FELIZARDO
MCU-PH, prothétique [1]. Selon Vercruyssen et al. [2] guidée en étudiant la déviation linéaire et an-
Université de Paris, et Poeschl et al. [3], l’utilisation d’un CBCT gulaire ainsi que la position de l’apex par rap-
Hôpital Rothschild (AP-HP).
associée à un logiciel d’imagerie améliore la pré- port à la planification initiale [5, 7-14].
Olivier FROMENTIN
PU-PH, cision et la sécurité lors de la procédure chirur- Al-Rawi et al. [15] ont mentionné diverses sources
Responsable du DUCICP, gicale implantaire. Plusieurs techniques ont été d’erreur lors de la planification de l’implant.
Labo URB2i,
Université de Paris, proposées depuis la description du concept [2]. Pour ces auteurs, les écarts proviennent de l’ac-
Hôpital Rothschild (AP-HP). Parmi celles-ci, la technique du double scan, quisition des données, de l’algorithme logiciel
telle que décrite par Verstreken et al. [4], permet qui traite les données collectées, de la fabri-
Lien d’intérêts
Les auteurs déclarent
d’apparier deux fichiers numériques obtenus cation du guide chirurgical et, enfin, du pro-
n’avoir aucun lien avec utilisation d’un CBCT : d’une part, le projet tocole chirurgical. Concernant l’acquisition des
d’intérêts.
prothétique et, d’autre part, l’acquisition radio- données, la fonction de recalage du logiciel
Référencement logique du patient édenté. Les données combi- d’imagerie permet de faire correspondre les
bibliographique nées des fichiers permettent une planification données radiographiques collectées à par-
Drouhet T, Chiche N, tridimensionnelle de la situation implantaire. tir du CBCT avec celles du projet prothétique
Fromentin O, Felizardo R.
Influence du seuillage sur Le guide chirurgical issu de la planification qui, dans le cas de la technique dual-scan,
la reconstruction CBCT permet d’optimiser le forage et le position- sont également numérisées à l’aide d’un CBCT
3D en implantologie.
CLINIC 2021; nement de l’implant. Pour Gallardo et al. [5], au format DICOM. Pour ce faire, le logiciel
42(408-409):1002-1007. le principal enjeu des protocoles de chirurgie d’imagerie fait correspondre plusieurs paires
guidée est la cohérence entre le projet virtuel de points identiques sur le CBCT du patient et
et la situation clinique après la chirurgie. sur le projet prothétique numérisé. Pour Wou-
Les guides stéréolithographie sont utilisés soit ters et al. [16], une zone floue entoure systé-
pour la chirurgie implantaire concernant les matiquement un objet scanné par CBCT et la
édentements partiels où le guide à appuis définition d’une valeur optimisée de seuillage
dentaire sera privilégié car il offre une préci- s’avère essentielle pour garantir la précision
sion la plus importante, soit pour les interven- de la reconstruction 3D de l’objet étudié. Ain-
tions concernant le traitement chirurgical de si, concernant le traitement numérique des
l’édentement complet où les guides à appuis fichiers DICOM, la première étape consiste
muqueux ou osseux seront préférés. à fixer un intervalle de seuillage pour obtenir
Pour Ozan et al. [6], un guide supporté par une une reconstruction 3D de l’objet scanné. Pour
muqueuse doit être plus précis et fiable qu’un Tapie et al. [17], le seuillage est une méthode

1002 CLINIC 2021;42(408-409):1002-1007


IMAGERIE
MÉDICALE

de segmentation d’image permettant de pas- une comparaison métrologique a été effec-


ser d’une image en niveaux de gris en une tuée.
image en noir et blanc (figure 1). Le nuage de Afin de minimiser les écarts liés à l’acquisition Figure 1
Deux seuillages
points utilisé pour mailler le STL est généré à de l’échantillon de référence, il est essentiel différents : méthode de
la frontière entre le noir et le blanc. La recons- que l’échantillon choisi soit fabriqué avec segmentation à deux
truction 3D obtenue à partir du seuillage cor- un matériau générant peu d’artefacts sur images permettant la
respond à ce fichier STL sur lequel sera effec- le CBCT. L’idéal serait de réaliser l’étude sur transformation d’une
image en échelle de
tué la planification implantaire (figure 2). un CBCT issu d’un patient. Cependant, cela gris en une image
L’objectif de cette étude est d’évaluer l’incidence engendrerait des sources de dispersion sup- en noir et blanc.
du paramétrage du seuillage sur les variations plémentaire (artefacts radiologiques) liées Figure 2
dimensionnelles de la reconstruction 3D de à la géométrie complexe des pièces anato- Un nuage de points est
l’objet scanné. L’hypothèse nulle est qu’il n’existe miques ainsi qu’aux différentes densités des généré à la frontière
entre le noir et le
pas de différences quant aux dimensions de la tissus et des matériaux tels que les restau- blanc en fonction du
reconstruction 3D de l’objet scanné avec des rations dentaires (céramique et métallique), seuillage paramétré.
paramétrages de seuillage différents. la dent (émail et dentine) et l’os (cortical et Dans l’exemple
spongieux). proposé, le nuage
de points du fichier
MATÉRIEL ET MÉTHODES Ainsi, un échantillon ayant une forme simple et STL correspondant à
Le protocole de l’étude a été composé de deux une densité homogène en matériau plastique l’enveloppe externe
étapes. Tout d’abord, l’échantillon a été scanné à industriel a été sélectionné pour éviter ces de l’image de gauche
l’aide d’un CBCT (fichier DICOM) puis numérisé inconvénients. Pour cela, une forme géomé- (tracé en pointillés
© IS MEDIA 2021

rouges) serait plus


avec un scanner optique (fichier STL). Ensuite, trique parallélépipédique standardisée d’une volumineux que celui
représenté en vert.

1 2

CLINIC 2021;42(408-409):1002-1007 1003


IMAGERIE
MÉDICALE

Les données DICOM de l’échantillon ont été


importées dans le logiciel de planification
(BSP) Blue Sky Plan® (Blue Sky Bio).
Parallèlement, l’échantillon a également été
numérisé à l’aide d’un scanner optique de
laboratoire Dental Wings 7Series® (Dental
Wings) pour obtenir un fichier STL considéré
comme la référence numérique de l’échantil-
lon étudié (ou Référence STL).
Un radiologue a sélectionné des valeurs de seuil-
lage extrêmes pour lesquelles la représenta-
tion 3D de l’objet scanné semblait la plus réaliste.
3
La sélection a été répétée 5 fois et des valeurs
extrêmes moyennes (– 799 et 188) ont été choisies
comme valeurs de seuillage successivement
paramétrées dans le logiciel BSP (figure 3).
Six fichiers STL du seuillage – 799 (STLmin) et
6 fichiers STL du seuillage 188 (STLmax) ont été
CBCT Scan exportés depuis le logiciel de planification BSP
puis importés dans un logiciel de métrologie et
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DICOM STL d’inspection GOM Inspect®.


La précision de l’outil d’exportation BSP du fi-
chier a été évaluée à l’aide du logiciel GOM
BSP : Seuillage en reconstruction 3D GOM Inspect® en mesurant l’écart entre les valeurs
des 6 fichiers STLmin. La même procédure a
été effectuée entre les 6 fichiers STLmax.
L’exactitude de la procédure d’importation
1 STLmin 2 STLmax 3 STLréférence dans le logiciel GOM a été évaluée en impor-
tant deux fois chaque fichier STL puis en le
comparant avec lui-même.
Un calcul d’écart entre les différents STL a été
Gap Gap Gap réalisé. L’écart entre les fichiers STLmin par
mesures : mesures : mesures :
rapport aux fichiers STLmax a été évalué.
1 STLmin 2 STLmax 1 STLmin Une cartographie d’écart entre les deux STL
vs vs vs a ainsi été calculée. Les variations dimension-
nelles entre les seuillages min et max ont été
STL STL
3 3 2 STLmax évaluées en comparant chacun des 6 fichiers
référence référence
STLmin avec les 6 STLmax. Ainsi, 36 tests de
mesure d’écarts ont été réalisés.
Enfin la comparaison des fichiers STLmin ou
STLmax avec le fichier Référence STL a été
4 effectuée à l’aide du même logiciel.
Les différents écarts mesurés entre les fichiers
Figure 3 STL ont été comparés et présentés sous forme
Reconstruction 3D brique Lego a été retenue (Lego Brick 2 × 4 ID : descriptive. Un test de Student a permis de
en fonction du réglage 4211386/3002). comparer les valeurs moyennes des fichiers
du seuillage.
L’échantillon a été radiographié par un CBCT STLmin avec les fichiers STLmax. Le niveau de
Figure 4
Flux numérique Planmeca ProMax 3D Max® (Planmeca) avec signification a été fixé à p < 0,05.
de travail. les paramètres 90 kV et 7,1 mA. La résolution Le flux numérique de travail de ces deux der-
CBCT était de 75 μm. niers tests est présenté dans la figure 4.

1004 CLINIC 2021;42(408-409):1002-1007


IMAGERIE
MÉDICALE

Tableau 1 Résultats concernant la précision de l’outil d’exportation du logiciel BSP.


Moyenne Erreur
n Minimum Maximum
(mm) standard
RÉSULTATS
La précision de l’outil d’exportation BSP STLmax 66 519 0,011 0,000 – 3,912 3,974
concernant le fichier STL, évaluée en fonction STLmin 68 790 0,005 0,000 – 3,960 3,904
des écarts mesurés entre les 6 fichiers STLmax,
a montré une variabilité extrêmement réduite Tableau 2 Écarts-types des écarts mesurés évalués entre STLmin et STLmax.
(0,0110 ± 0,0001 mm) parmi les 66 519 mesures
STL STL STL STL STL STL
d’écart comparées. La même évaluation a été vs max 1 max 2 max 3 max 4 max 5 max 6
réalisée avec les 6 fichiers STLmin et a montré Moyenne* 0,442 0,442 0,443 0,443 0,441 0,443
STL
des résultats similaires entre les données col- min 1
Écart-type (0,0039) (0,0039) (0,0039) (0,0041) (0,0039) (0,004)
lectées (tableau 1).
La précision de la procédure d’importation Moyenne* STL 0,439 0,441 0,435 0,438 0,438 0,440
min 2
dans le logiciel GOM correspond à l’écart entre Écart-type (0,004) (0,004) (0,0041) (0,0039) (0,004) (0,0041)
deux STL identiques importés dans le logiciel. Moyenne* STL 0,437 0,437 0,437 0,444 0,434 0,439
Les résultats ont montré une variabilité nulle Écart-type min 3 (0,0041) (0,0041) (0,0041) (0,0041) (0,0042) (0,0042)
pour les 6 fichiers STLmin et STLmax.
Moyenne* STL 0,436 0,438 0,437 0,442 0,435 0,436
Les variations dimensionnelles entre les 6 fichiers min 4
Écart-type (0,0042) (0,0042) (0,0042) (0,004) (0,0042) (0,0042)
STLmin et STLmax sont présentées dans le
tableau 2. Moyenne* STL 0,433 0,436 0,436 0,437 0,434 0,435
La valeur moyenne des 36 tests réalisés Écart-type min 5 (0,0041) (0,0041) (0,0039) (0,0041) (0,0041) (0,0041)
(11 085 valeurs par test) montre un écart Moyenne* 0,439 0,436 0,438 0,437 0,436 0,439
© IS MEDIA 2021

STL
constant entre les différents fichiers STL Écart-type min 6 (0,004) (0,0043) (0,004) (0,0042) (0,0042) (0,0042)
étudiés. La moyenne de toutes les valeurs
* Test de Student avec p < 0,001.
d’écart entre STLmin et STLmax est de
0,44 mm ± 0,004.
La comparaison des moyennes d’écarts obtenues (%)
est statistiquement significative (p < 0,001). 95 % 30
des valeurs de ces écarts étaient comprises 25,57 24,97
entre 0,3 et 0,7 mm, à l’exception de 2 valeurs 25
extrêmes (– 3,98 et 3,99 mm) liées à des ar-
tefacts de reconstruction tridimensionnelle 20
(tableau 2, figure 5).
Les résultats des mesures d’écarts entre STLmin 14,96
15
ou STLmax avec le fichier Référence STL sont 11,63
présentés dans le tableau 3. La comparaison
de l’écart moyen entre STLmin ou STLmax 10
7,19
avec Référence STL est statistiquement signi- 6,22

ficative (p < 0,001). 5


2,69
L’hypothèse nulle est donc rejetée car il existe 1,34 1,16 0,67 0,26
0,02 0,16
une différence significative quant aux dimen- 0
0,2 0,25 0,3 0,35 0,4 0,45 0,5 0,55 0,6 0,65 0,7 0,75 0,8
sions des reconstruction 3D de l’objet avec des 5 (mm)
paramétrages de seuillage différents.
Figure 5
Répartition (%) de tous
les écarts (mm) entre
STLmin et STLmax.
Tableau 3 Comparaison des moyennes des valeurs STLmin ou STLmax par rapport à la moyenne STLréférence.
n Moyenne Écart-type Minimum Maximum
STLmin versus STLréférence 97 980 0,106 0,001 – 1,691 2,480
STLmax versus STLréférence 97 980 0,159 0,003 – 7,023 7,974
Comparaison des moyennes : test de Student avec p < 0,001.

CLINIC 2021;42(408-409):1002-1007 1005


IMAGERIE
MÉDICALE

DISCUSSION 1,11 ± 0,7 mm ainsi qu’une déviation de l’apex


Les données acquises lors du CBCT contri- de 1,41 ± 0,9 mm. Les résultats de la présente
buent à la fabrication d’un guide permettant étude représentent de 7 à 36 % de l’écart ob-
une amélioration du positionnement des im- servé par les auteurs par rapport à l’écart du
plants après une planification en fonction du col de l’implant et du positionnement de l’apex
projet prothétique. de l’implant.
Dans la présente étude, les mesures des écarts De plus, la procédure de seuillage du fichier
entre deux fichiers STL utilisant le même seuil- DICOM doit être effectuée 2 fois dans un pro-
lage et les mesures des écarts entre deux STL tocole dual scan, tel que décrit par Verstreken
identiques après importation dans le logiciel et al. [4], amplifiant ainsi l’imprécision moyenne
GOM Inspect se sont avérées nulles. L’algo- totale générée lors de la reconstruction numé-
rithme qui a généré les fichiers STL à partir du rique finale. Ceci permet de remettre en ques-
logiciel BSP et permis l’importation des fichiers tion l’utilisation de cette méthode.
STL dans le logiciel GOM Inspect n’a conduit à Comme décrit par Bencharit et al. [18] chez un
aucune variation dimensionnelle. patient édenté partiel, l’utilisation d’un fichier
Concernant la variabilité des données par STL contenant le projet prothétique, technique
rapport au réglage du seuillage, les résultats utilisée pour décrire le concept de chirurgie
de cette étude montrent que le seuillage guidée [19, 20], pourrait limiter l’influence du
influence les dimensions de la reconstruction réglage du seuillage lors de l’utilisation d’un
tridimensionnelle de l’échantillon scanné. Les fichier DICOM.
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écarts dimensionnels moyens entre les deux Cependant, le seuillage n’est pas la seule source
valeurs de seuillage étudiées ont présenté une d’imprécision ayant un impact sur la planifi-
variabilité d’environ 0,44 mm. Les valeurs de cation d’une procédure guidée. Vercruyssen
seuillage fixées ont conduit à une reconstruc- et al. [2] ont également souligné que d’autres
tion tridimensionnelle avec des dimensions facteurs tels que l’insertion du guide, l’impact
significativement différentes de la référence. de l’anesthésie locale et la distribution des an-
Ainsi, une variabilité moyenne d’environ 0,11 à crages du guide pendant la chirurgie pour-
0,16 mm a été trouvée par rapport à la réfé- raient également augmenter ces inexactitudes.
rence. Les résultats de cette étude suggèrent Les résultats de la présente étude doivent
que la variation de seuillage influence la re- être interprétés en tenant compte des limites
construction tridimensionnelle nécessaire à la inhérentes à la géométrie et au matériau de
construction d’un guide chirurgical selon le l’échantillon de référence. En effet, l’échantillon
protocole décrit par Verstreken et al. [4]. de référence présente une forme standardisée
Wouters et al. [16] ont tenté de définir le seuil- ou canonique, loin de la complexité des pièces
lage optimal qui conduirait à la reconstruc- anatomiques. De plus, il est fabriqué avec un
tion tridimensionnelle la plus précise possible. matériau qui ne génère que de petits artefacts
Dans leur étude, un guide radiologique a été sur le CBCT. Avec une technique de double
numérisé par CBCT et à l’aide d’un scanner scan, les éléments numérisés présentent une
optique. Les variations entre les différents géométrie complexe ainsi que des densités
seuils du CBCT et du fichier STL de référence diverses qui pourraient augmenter les écarts.
du scanner optique ont été évaluées. Une va- En situation clinique, les erreurs sont considé-
riation moyenne de 0,15 mm a été signalée. rablement accentuées par le fait que le niveau
Ces valeurs sont en accord avec les résultats de gris des différentes structures anatomiques
de l’étude réalisée. sont très variables, contrairement au cube de
Les écarts de données obtenus selon les Lego. Il faut non pas utiliser une valeur seuil
paramètres de seuillage expliquent en par- mais un ensemble de valeurs seuils. Ceci d’au-
tie certaines des imprécisions relevées par tant plus que le CBCT à une très faible réso-
de nombreux auteurs lors de l’utilisation des lution en densité. C’est la raison pour laquelle
guides chirurgicaux [5-14]. Ozan et al. [6] ont certains auteurs ont proposé l’utilisation de
rapporté une déviation du col de l’implant de marqueurs fiduciaires [21].

1006 CLINIC 2021;42(408-409):1002-1007


IMAGERIE
MÉDICALE

En conclusion, le fichier DICOM d’un patient pré- du patient et sur le CBCT du projet prothé-
sente des variations dimensionnelles en fonction tique) afin de les faire correspondre. L’erreur
du paramétrage de seuillage. Par conséquent, moyenne obtenue sera donc doublée. Ceci
le guide chirurgical peut être légèrement sur ou laisse à penser qu’il faut privilégier les tech-
sous-dimensionné, ce qui influencera la position niques fondées sur la fusion STL-DICOM.
future des implants. Ainsi, les logiciels d’imagerie utilisés dans la
Compte tenu des résultats de l’étude et des planification d’implants devraient générer des
éventuelles différences de géométrie entre les algorithmes pour que lors du matching, le
reconstructions 3D à partir de différents seuil- seuillage soit automatiquement défini. Ainsi, le
lages, il serait préférable de privilégier un guide volume reconstruit à l’aide du fichier DICOM du
muqueux qui tolérerait plus d’erreurs grâce à la patient sera dimensionnellement plus proche
compressibilité des tissus mous. En fait, un guide du fichier STL du projet prothétique.
supporté osseux sous-dimensionné conduirait à
un positionnement incorrect du guide chirurgical CONCLUSION
sur la surface osseuse. Les résultats de cette étude permettent de
Les données issues de cette étude montrent que rejeter l’hypothèse nulle.
l’étape de seuillage ne peut être négligée. En ef- Le réglage du seuillage a une influence signi-
fet, c’est une étape importante car elle impacte ficative sur la géométrie de la reconstruc- Remerciements
Les auteurs tiennent
les dimensions de l’objet reconstruit et aura une tion tridimensionnelle de l’échantillon scanné. à remercier
incidence sur la superposition des fichiers DICOM D’autres études métrologiques sont nécessaires les Dr J. Assouline et
© IS MEDIA 2021

S. Bordeaux pour leur


et STL et, donc, sur la position finale des implants. pour évaluer des sources supplémentaires de contribution à la
En extrapolant, durant un protocole de pla- divergences dans un protocole de traitement préparation du manuscrit
et le Dr A. Bergeaud
nification en double scan, la procédure de de données numériques mis en œuvre dans un pour les suggestions
seuillage sera réalisée deux fois (sur le CBCT protocole de double scan. statistiques.

1. Kern JS, Kern T, Wolfart S, Heussen N. A syste- 8. Ersoy AE, Turkyilmaz I, Ozan O, McGlumphy EA. 15. Al-Rawi B, Hassan B, Vandenberge B, Jacobs R.
matic review and meta-analysis of removable Reliability of implant placement with stereolitho- Accuracy assessment of three-dimensional surface
and fixed implant-supported prostheses in graphic surgical guides generated from com- reconstructions of teeth from cone beam computed
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Oral Implants Res 2016;27:174-195. plants. J Periodontol 2008;79:1339-1345. 16. Wouters V, Mollemans W, Schutyser F. Ca-
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Computer-supported implant planning and two stereolithographic guide systems for com- for digitization of dental prostheses. Int J Comput
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18. Bencharit S, Staffen A, Yeung M, Whitley D,
4. Verstreken K, Van Cleynenbreugel J, Marchal G, 11. D’haese J, Van De Velde T, Elaut L, De Bruyn H. Laskin DM, Deeb GR. In vivo tooth-supported
Naert I, Suetens P, van Steenberghe D. Computer-­ A prospective study on the accuracy of muco-
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assisted planning of oral implant surgery: A sally supported stereolithographic surgical guides
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2003;18:571-577. plants Res 2009;20:73-86. 13:651-656.

CLINIC 2021;42(408-409):1002-1007 1007


Publi-rédactionnel
BIO-INTÉGRATION L’OSTÉO-INTÉGRA
MATÉRIAUX ET MÉTHODE tissus mous : les différents composants
Dent naturelle Depuis les débuts de la dentisterie, le prothétiques permettent d’obtenir des
remplacement des dents manquantes résultats esthétiques à long terme, avec
pour restaurer la fonction de mastica- une gencive saine et des niveaux tissu-
tion a été l’un des traitements les plus laires stables. Cependant, la complexi-
Épi.

biologique
Largeur

recherchés par les patients. Avant 1965, té accrue des solutions et la fréquence
les options pour les personnes ayant des croissante des péri-implantites ont mis en
CT

dents manquantes étaient malheureu- évidence de nombreux défis avec les sys-
sement rudimentaires et entraînaient tèmes actuels, compromettant le succès
souvent une détérioration supplémen- à long terme. Ainsi, aujourd’hui, atteindre
taire et une diminution de la capacité l’ostéo-intégration n’est pas suffisant pour
de mastication. C’est la découverte his- un résultat thérapeutique réussi.
Implant en titane torique de l’ostéo-intégration avec des
implants en titane du célèbre professeur NIVEAUX TISSULAIRES STABLES
d’anatomie Per-Ingvar Brånemark qui a Des niveaux stables de tissus mous et durs
inauguré une nouvelle ère de rééduca- sont essentiels pour obtenir des résultats
tion bucco-dentaire. Des millions de per- probants à long terme. La composition
© IS MEDIA 2021

sonnes dans le monde ont pu améliorer de l’espace biologique, en termes de


biologique

Épi.
Largeur

leur qualité de vie en récupérant la fonc- tissu conjonctif et d’épithélium, aura un


tion de mastication et l’esthétique grâce impact essentiel. Lee et al. [1] rapportent
CT

à l’ostéo-intégration avec les implants que la proportion du tissu conjonctif par


dentaires en titane. rapport à l’espace biologique total est si-
Selon le professeur Brånemark, l’ostéo-­ milaire pour les dents naturelles (65,8 %)
intégration est la « connexion directe et la zircone (65,4 %) tandis que le titane
Implant PatentTM entre l’os vivant et un implant endo-­ montre une proportion significativement
osseux au niveau microscopique ». plus faible de tissu conjonctif (38,1 %). Il est
D’autres études ont soutenu cette dé- évident qu’une proportion plus élevée de
finition et, aujourd’hui, le mécanisme tissu conjonctif donnera une meilleure
Épi.

biologique
Largeur

de cicatrisation autour des implants en protection à l’interface os/implant. Ces


titane est bien documenté. observations sont étayées par de nom-
CT

Au début de l’implantologie, l’accent était breux rapports sur la réponse des tissus
mis sur l’ostéo-intégration pour s’assurer mous à la zircone [2, 3].
que les implants restent longtemps dans
l’os. Ces dernières années, un nouveau PAS DE MICRO-GAP
focus est apparu avec l’intégration des SOUS-GINGIVAL
Un autre facteur essentiel pour l’intégra-
Dans les études de tion des tissus mous et durs est la concep-
Épithélium

Épithélium

Épithélium

Brüll et al. [2]et de


34,2 %

61,9 %

tion de l’implant. Les systèmes au niveau


34,6 %

Becker et al. [3], les


auteurs décrivent qu’il y a osseux avec des micro-gaps et des joints
profonds au niveau des tissus auront
Largeur biologique

une augmentation de la
gencive kératinisée autour potentiellement un effet néfaste. Cela a
des implants Patent™ au
été rapporté non seulement pour les sys-
fil du temps. Ils signalent
également qu’il y a tèmes en titane mais aussi pour les sys-
Tissu conjonctif

tèmes en zircone bone level [4]. Tout au


Tissu conjonctif

Tissu conjonctif

nettement moins de PPD


et de BOP autour des
65,4 %
65,8 %

long des étapes du traitement, les com-


38,1 %

65,8 % 38,1 % implants Patent™ qu’autour


des dents naturelles chez posants doivent être retirés et remplacés
les mêmes patients. plusieurs fois. Avec un design d’implant
TION N’A JAMAIS ÉTÉ SUFFISANTE !

x 2 500. x 10 000. x 20 000.


© IS MEDIA 2021

Hydrophilie – L’état de surface Sang humain sur la surface Patent™ – en 10 minutes le réseau de fibrines s’attache
attire le sang. à la surface. Cet attachement est un prérequis pour l’ostéogenèse de contact.

tissue level, toutes les jonctions sont dé- priétés permettant une bio-intégration ostéo-intégration prévisible [7]. Si vous
placées vers une position équi-gingivale. optimale. essayez d’obtenir une surface très ru-
Avec la zircone, le défi esthétique est plus gueuse dans la phase post-frittée, vous
simple à relever qu’avec le titane, grâce PROCÉDÉ DE PRODUCTION compromettez la résistance du matériau
à la couleur de l’implant et à l’adaptation BREVETÉ avec l’introduction de microfissures sur
des tissus mous. La bonne intégration Contrairement à la plupart des procédés toute la surface de l’implant.
des tissus mous protège contre la coloni- de fabrication d’implants en zircone où La surface de l’implant Patent™ est très
sation bactérienne et évite les processus la rugosité de surface est produite au rugueuse. Le procédé de fabrication
inflammatoires. De plus, l’adhésion de la stade post-fritté, la surface des implants permet d’obtenir une surface hydro-
plaque sur la zircone est très faible [5, 6]. Patent™ est créée au stade pré-fritté. Ce phile et ostéo-conductrice. Cela signi-
Avec la rugosité de surface élevée sur la procédé présente un énorme avantage fie que, dans la phase de cicatrisation,
partie endo-osseuse, la surface usinée puisque toutes les microfissures induites l’os commence à se former à la surface
sur la partie transmuqueuse et le design lors du sablage seront fermées dans le de l’implant presque immédiatement.
tissue level, le système d’implant Patent™ processus de frittage suivant. Ce comportement est le même que sur
est le seul système en implantologie à Il a été rapporté que la zircone néces- les surfaces rugueuses des implants en
avoir des caractéristiques et des pro- site une rugosité très élevée pour une titane.

Bibliographie
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maxilla: A prospective cohort study over 2 years. Clin Oral Impl Res 2017; 298-307. [10.1902/jop.2016.160245]
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Publi-rédactionnel
CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

FAVORISER LA RÉUSSITE
THÉRAPEUTIQUE DE LA ROG
ÉVOLUTION DE LA TECHNIQUE ET CHOIX RAISONNÉ DE LA MEMBRANE

principes biologiques de la ROG qui reposent


AUTEURS RÉSUMÉ sur :
La régénération osseuse guidée est une – une cicatrisation de première intention. La
Alexis BLANC
© IS MEDIA 2021

technique d’augmentation du volume osseux.


DUCICP-DUCA, Depuis plus de 50 années, la technique a fermeture primaire est essentiel pour créer
Université Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP).
évolué du fait d’une meilleure compréhension un environnement biologique protégé des
Exercice libéral à Nanterre.
des principes biologiques amenant le agressions mécaniques et bactériennes ex-
développement de différents types de
Maxime BOUVART membranes. Ces évolutions ont pour but térieures. Par ailleurs, une fermeture passive,
DUCICP, de favoriser la prédictibilité du résultat sans tension au niveau des berges du lam-
Université Paris, thérapeutique en termes de gain osseux.
Hôpital Rothschild (AP-HP). beau, permet une cicatrisation avec moins de
Exercice libéral à Reims. ré-épithélialisation, de formation collagénique

L
et de contraction cicatricielle, entraînant ainsi
Lien d’intérêts a technique de régénération osseuse moins de remodelage des tissus gingivaux ;
Les auteurs déclarent
n’avoir aucun lien guidée (ROG) a pour but d’augmenter – une angiogenèse favorisée. La mise en
d’intérêts.
le volume osseux insuffisant. Ses prin- place d’un biomatériau permet de main-
cipes découlent des principes de la tenir et de soutenir le caillot sanguin et de
Référencement
bibliographique régénération tissulaire guidée. Cette dernière créer un espace nécessaire à l’angiogenèse
Blanc A, Bouvart M. consiste à stimuler le repeuplement sélectif de préalable à l’ostéogenèse. Ce volume sert
Favoriser la réussite
thérapeutique de la ROG.
la surface radiculaire par les cellules prove- d’échafaudage pour faciliter la migration et
Évolution de la technique nant du ligament parodontal, permettant ainsi la prolifération des cellules provenant de l’os
et choix raisonné de la
membrane. CLINIC 2021;
une nouvelle attache avec une néoformation adjacent et de la moelle osseuse ;
42(408-409):1011-1018. osseuse et cémentaire. – la protection du caillot. La mise en place d’une
En 1957, Murray et al. [1] isolent un défaut osseux membrane et sa stabilisation sur le site pré-
créé dans un os iliaque de chien à l’aide d’une servent le caillot de tout mouvement du lambeau
cage en plastique. Après cicatrisation, l’intérieur sus-jacent pendant la période de cicatrisation.
de la cage est rempli par un os néoformé. Le Cette membrane peut être fixée par des sutures,
concept de régénération osseuse guidée est né. des mini-vis ou des punaises chirurgicales (pins) ;
En 1989, Dahlin et al. [2] poursuivent le même – le maintien d’un espace sous la membrane
but et réussissent à régénérer de l’os autour protégé de la contamination par les cellules
d’implants recouverts par une membrane gingivales. L’utilisation d’une membrane
e-PTFE (polytétrafluoroéthylène expansé) barrière permet de lutter contre l’invasion du
placés dans des tibias de lapins. site opératoire par les cellules conjonctives
Plus récemment, Buser et al. [3] puis Fugazzotto [4] et épithéliales des tissus gingivaux voisins,
et enfin Wang et Boyapati [5] définissent les réalisant ainsi une l’exclusion cellulaire.

CLINIC 2021;42(408-409):1011-1018 1011


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

phase proliférative aboutit à la formation d’un


os « tissé » immature ou woven bone. Ce tissu
néoformé va se minéraliser secondairement
avant d’être transformé en un os lamellaire
mature par un second remodelage durant la
phase de maturation.
Environ 6 à 9 mois sont nécessaires pour
combler totalement les espaces « cicatriciels »
initialement remplis par le caillot sanguin. La
moelle osseuse fournit une source importante
de cellules mésenchymateuses pluripotentes
indifférenciées qui peuvent être transformées
1 en cellules ostéogéniques.
Lorsque l’on soulève un lambeau, les vais-
Figure 1 seaux sanguins sont altérés, entraînant un
Vis d’ostéosynthèses Selon Urban et al. [6], ces thérapeutiques apport sanguin qui va permettre l’angioge-
OBL® en « piquets de
par ROG sont efficaces avec un gain vertical nèse et initier la cascade biologique de la
tente » pour stabiliser
le biomatériau. moyen de 4,2 mm. Cependant, dans la même régénération tissulaire.
étude clinique, les auteurs précisent que des La réalisation des perforations corticales au
complications sont apparues avec une fré- niveau du site à régénérer permet de créer
© IS MEDIA 2021

quence d’environ 12 %. un passage depuis l’espace médullaire de


D’après une méta-analyse de Lim et al. [7], les l’os spongieux richement vascularisé jusqu’à
complications au niveau des tissus mous re- la zone opérée. Ceci permettrait un apport
présentent environ 17 % des interventions. De ce supplémentaire de cellules progénitrices.
fait, une gestion adéquate des tissus mous est Ainsi, Danesh-Sani et al. [8] montrent que les
indispensable pour optimiser les résultats de la perforations corticales influencent favorable-
ROG et réduire d’éventuelles complications. ment la quantité d’os nouveau et augmentent
Cet article est consacré aux rappels biolo- significativement le nombre de néovaisseaux
giques des principes de la technique de ré- après 7 mois de cicatrisation.
génération osseuse guidée complétés par
les critères de choix des membranes utili- STABILITÉ DU CAILLOT
sées. Un ensemble de cas cliniques illustre ET CHOIX DE LA MEMBRANE
les différentes options et modalités opéra- D’après Cucchi et al. [9], une stabilité adé-
toires possibles. quate de la membrane est requise afin d’évi-
ter les micromouvements du caillot sous-
ASPECTS BIOLOGIQUES DE LA ROG jacent, permettant la formation d’un nouveau
Chronologiquement, la cicatrisation se déroule réseau vasculaire très sensible aux contraintes
en 3 phases successives. Durant les 24 pre- mécaniques.
mières heures, un caillot sanguin fibrino-­ Ainsi, Dimitriou et al. [10] ont montré in vivo que
plaquettaire se forme au sein du matériau de la néoformation osseuse est plus rapide et plus
comblement. Pendant les jours et semaines organisée dans les défauts où le comblement
suivantes, ce caillot est éliminé par les poly- est protégé par une membrane stable. Celle-
nucléaires neutrophiles ainsi que les macro- ci doit être suffisamment rigide pour résister
phages pour former le tissu de granulation. à la pression des tissus gingivaux qu’elle sup-
Ceci représente la phase inflammatoire. porte durant la période de cicatrisation [11].
Ce tissu est riche en vaisseaux sanguins qui Les membranes non résorbables bénéficient
permettent l’apport du matériel biologique de propriétés mécaniques adéquates, sur-
– macrophages, facteurs de croissance, tout celles renforcées par des armatures [9]
cytokines, protéine osseuse morphogénétique qui permettent un maintien durable des
(BMP) –, nécessaire à l’ostéogenèse. Cette propriétés mécaniques au cours du temps

1012 CLINIC 2021;42(408-409):1011-1018


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

2 3

Figure 2
Perte osseuse suite au
retrait de 3 implants
en raison d’une péri-
implantite importante.
Figure 3
Mise en évidence clinique
4 5 du défaut osseux.
Figures 4 et 5
© IS MEDIA 2021

Une grille préfabriquée


en titane (IPP Pharma®)
est découpée et ajustée
au défaut. Cette grille
est disponible en
2 épaisseurs (0,1 mm et
0,2 mm) en fonction de
la rigidité souhaitée.
Figure 6
La grille est fixée à
l’aide de vis (Graftek®,
6 7 Global D) protégeant
un comblement avec un
mélange de xénogreffe
(Bio-Oss®, Geistlich), d’os
contrairement aux membranes résorbables autogène « scrapé » et
en collagène. Ces dernières présentent des d’os allogénique (Puros®,
propriétés mécaniques insuffisantes et se Zimmer Biomet).
détériorent très nettement en milieu humide Figures 7 et 8
8 Résultat clinique et
ainsi qu’au cours de leur résorption [12],
radiographique à 8 mois.
amenant un effondrement progressif du
support sous la pression gingivale.
D’un point de vue clinique, il est parfois com- tente » (figure 1), placées principalement
plexe de stabiliser les membranes collagé- dans la corticale vestibulaire, dont le but
niques car elles perdent leur rigidité avec est non seulement d’espacer la membrane
l’imprégnation sanguine [12]. mais surtout de stabiliser le biomatériau.
Au-delà du maintien de la rigidité de la Des grilles en titane peuvent également servir
membrane, il est nécessaire de l’ancrer sur d’armature dans le but de stabiliser le bioma-
le support osseux. Pour cela, la membrane tériau, surtout si le volume osseux à régéné-
peut être stabilisée par des sutures [13] rer est important et présente une composante
ou par la vis de couverture de l’implant. verticale. Ces grilles peuvent être ajustées,
D’autres techniques privilégient l’utilisa- découpées et stérilisées par le praticien (Grille
tion de vis d’ostéosynthèse en « piquets de titanium mesh, IPP Pharma®) (figures 2 à 8), ou

CLINIC 2021;42(408-409):1011-1018 1013


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

conçues par des techniques de CFAO à partie et conçues en polytétrafluoroéthylène ex-


de l’examen cone beam pré-­opératoire du pansé (e-PTFE). Celles-ci avaient la capacité
patient (Grille Yxoss CBR®, ReOss®, Geistlich®) d’empêcher la migration des cellules gingi-
(figures 9 à 17). vales non ostéogéniques lors de la cicatrisa-
tion tout en étant perméables aux fluides et
Membranes non résorbables gaz.
Les premières membranes utilisées dans les L’inconvénient de la membrane e-PTFE réside
techniques de ROG étaient non résorbables dans sa fréquence d’exposition élevée condui-

9 10 11
© IS MEDIA 2021

12 13 14

15 16 17

Figure 9 Péri-implantite indiquant la dépose des 4 implants (patiente adressée par le Dr Giuliano Beltran Pacheco).
Figures 10 et 11 Aspect clinique du site opératoire avant et après élévation du lambeau.
Figure 12 Planification 3D pour la fabrication d’une grille en titane réalisée par CFAO
(Yxoss CBR® - ReOss®, Geistlich).
Figure 13 Des points de rupture sont prévus lors de la conception afin de pouvoir déposer
la grille plus facilement.
Figure 14 La grille est chargée avec un mélange de xénogreffe (Bio-Oss®, Geistlich),
d’os autogène « scrapé » et d’os allogénique (Puros®, Zimmer Biomet).
Figure 15 La rigidité de la grille permet sa stabilisation avec seulement 3 vis (Pro-fix® 3 et 5 mm).
Figure 16 Pose d’une membrane de collagène porcin non réticulée (Geistlich Bio-Gide® 30 × 40).
Figure 17 Sutures passives sur 2 plans.

1014 CLINIC 2021;42(408-409):1011-1018


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

sant souvent à la perte de tout ou partie du


greffon. Ceci représente la complication la
plus fréquemment rapportée lors des inter-
ventions de ROG. Ainsi, selon Ling et al. [14], la
fréquence d’exposition de la membrane at-
teindrait environ 47 % des cas traités. Lorsque Figure 18
18 Examen cone beam
cette membrane e-PTFE est exposée, le dia-
de contrôle.
mètre de ses pores, qui est compris entre 0,5
et 30 microns, permettrait la migration bacté-
rienne depuis le milieu buccal jusqu’au sein du
site [11].
Le développement de membranes en PTFE
denses (d-PTFE), ayant des diamètres de
pores plus réduits (0,2-0,3 micron) a permis
de diminuer fortement leur taux d’exposi-
tion. D’après les données de la littérature,
19
les fréquences d’exposition sont limitées à
environ 12 à 15 % [15-17]. De ce fait, leur to-
lérance à l’exposition est supérieure à celle
des e-PTFE. Figures 19 et 20
© IS MEDIA 2021

Un autre inconvénient de ces membranes Défaut important


traité à l’aide d’une
d-PTFE ou e-PTFE est le fait qu’elles sont non
membrane armée
résorbables. Elles nécessitent donc d’être d-PTFE (RPM®) avec un
déposées, ce qui augmente la morbidité et mélange de xénogreffe
ajoute une étape chirurgicale au traitement 20 (Bio-Oss®, Geistlich)
et d’os autogène.
(figures 18 à 21).

Membranes résorbables
Ainsi, dans les années 1990, les membranes en
collagène résorbables ont été proposées afin,
entre autres, de s’affranchir de cette chirurgie Figure 21
de dépose [18]. La membrane est
De plus, l’objectif de l’utilisation de ces stabilisée par des pins
membranes résorbables est d’empêcher (Master-pin®, Meisinger).
La membrane a été
les cellules gingivales non ostéogéniques découpée et ajustée,
(fibroblastes, cellules épithéliales) de les tra- malgré cela à la fixation
verser pour éviter une fibrose, tout en per- elle s’est distalée et se
mettant aux fluides vasculaires de participer retrouve en contact
avec une dent, ce qui
à la nutrition de la greffe (figure 22). est un facteur de
21
D’après Meyer et al. [11] et Cucchi et al. [17], leur risque pour la greffe.
fréquence d’exposition dépend également de
nombreux facteurs mais reste du même ordre
que celle des membranes d-PTFE.
Pour Jimenez-Garcia et al. [19], les membranes
en d-PTFE ou celles résorbables en collagène
bénéficient d’une relative tolérance à l’expo-
sition, évitant de déposer systématiquement Figure 22
Régénération osseuse
le greffon. Néanmoins, la perte du volume
obtenue à la dépose de
greffé en rapport avec cette exposition peut 22 la membrane à 6 mois
atteindre 74 %. post-opératoire.

CLINIC 2021;42(408-409):1011-1018
Rejoignez notre groupe Facebook: Livres et Revues Dentaires 1015
CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

23 24
© IS MEDIA 2021

27 28

31 32

L’inconvénient principal de ces membranes rigide et donc d’utiliser une membrane non
résorbables en collagène est lié à l’absence résorbable armée titane afin de l’étayer.
de possibilité d’incorporer un renfort rigide Un autre inconvénient réside dans la durée
contrairement aux membranes PTFE à arma- de l’effet barrière difficile à évaluer en rai-
ture titane. Seules, elles ne pourront pas as- son de la résorbabilité de ces membranes
surer la stabilité de la greffe si ces dernières en collagène. En effet, contrairement aux
sont soumises à des contraintes mécaniques membranes PTFE, cet effet barrière essentiel
importantes. va diminuer en même temps que s’effectue
Selon Urban et al. [13], la membrane résor- la dégradation collagénique. Il est d’ailleurs
bable en collagène serait indiquée pour des difficile d’estimer la durée réelle de l’effet
augmentations osseuses horizontales alors barrière d’une membrane résorbable, les fa-
que, pour les augmentations verticales, il bricants communiquant principalement sur
sera préférable d’ajouter une structure le temps de résorption complète du produit.

1016 CLINIC 2021;42(408-409):1011-1018


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

Figure 23 Rôle d’une membrane


collagène résorbable.
Figure 24 Noter le défaut osseux
vestibulaire sur l’implant 14 (Implants
Anthogyr® BL REG, Straumann).
Figure 25 Membrane de collagène
porcin résorbable non réticulée
(Geistlich Bio-Gide® 30 × 40) et
comblement avec de l’os autogène
mélangé à une xénogreffe
(Bio-Oss® Geistlich).
25 26
Figure 26 La membrane est
stabilisée avec des pins en
vestibulaire et en palatin.
Figure 27 Réouverture à 7 mois
post-opératoire.
Figures 28 et 29 Défaut vestibulaire
important.
Figure 30 Membrane collagène
résorbable de péricarde bovin
(Symbios® pre-hydrated, Dentsply
Sirona), en association avec un
© IS MEDIA 2021

mélange d’os autogène


29 30 et de xénogreffe.
Figure 31 Pose des implants à 6 mois
post-opératoire (Anthogyr® TL REG,
Straumann).
Figures 32 et 33 Défaut vestibulaire
traité par la pose d’une membrane
collagène résorbable, péricarde
bovin (CopiOs®, Zimmer) avec
un mélange d’os autogène et
de xénogreffe. Noter l’émergence
du nerf alvéolaire inférieur.
Figure 34 Pose des implants
33 34 à 11 mois post-opératoire
(Anthogyr® TL REG, Straumann).

Les membranes collagéniques naturelles lui des membranes en collagène non réticu-
présentent une dégradation rapide, éva- lé, respectivement 30 % et 13 %, ainsi qu’une
luée à quelques semaines seulement selon inflammation et un œdème post-opératoire
certaines firmes. Pour tenter d’augmenter plus importants.
le délai avant résorption, une modification Au-delà du matériau de ces membranes,
par réticulation du collagène a été propo- PTFE, collagène naturel ou réticulé, souvent
sée. Cependant, Jimenez-Garcia et al. [19] spécifique d’une technique de ROG ou d’une
ne montrent pas de différence significa- modalité opératoire, le choix repose égale-
tive en termes de volume osseux obtenu ment sur d’autres paramètres souvent sub-
entre membranes en collagène réticulé ou jectifs comme la facilité de manipulation,
non. De plus, selon Becker et al. [15], ces l’élasticité après imprégnation sanguine ou la
membranes de collagène réticulées présen- capacité à ne pas se déchirer lorsqu’elle est
teraient un taux d’exposition supérieur à ce- fixée avec des pins (figures 23 à 34).

CLINIC 2021;42(408-409):1011-1018 1017


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

D’après Urban et al. [6], les gains osseux CONCLUSION


verticaux moyens rapportés dans les in- À l’issue de cette première partie, il apparaît
terventions de ROG seraient d’environ que la compréhension des principes biolo-
4,4 mm avec les membranes non résor- giques permet d’étayer scientifiquement le
bables (4,3 mm pour les e-PTFE et 5 mm choix réfléchi d’un type de membrane dans
pour les d-PTFE) contre 3,5 mm pour les une technique de régénération osseuse guidée.
membranes résorbables (4,2 mm pour les Toujours dans le but d’optimiser la prédictibilité
réticulés et 2,7 mm pour les membranes de cette thérapeutique, la deuxième partie de
collagènes natives). D’après Elnayef et al. cet article vise à préciser quelques notions es-
[20], les gains moyens des ROG hori- sentielles concernant les différents biomatériaux
zontales seraient quant à eux d’environ de comblement disponibles pour une ROG ainsi
3,6 mm. que les modalités de la technique opératoire.
© IS MEDIA 2021

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1018 CLINIC 2021;42(408-409):1011-1018


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

FAVORISER LA RÉUSSITE
THÉRAPEUTIQUE DE LA ROG
SÉLECTION DU BIOMATÉRIAU DE COMBLEMENT ET GESTION DES TISSUS MOUS

AUTEURS RÉSUMÉ et ostéo-inductrices. Dans le premier cas, le bio-


Cette deuxième partie est consacrée à matériau, biologiquement inerte, sert de de sup-
Maxime BOUVART deux facteurs essentiels influant sur la
DUCICP, prédictibilité du résultat des techniques port « passif » à la néoformation osseuse. Ainsi,
Université Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP).
de ROG. Il est ainsi abordé le choix du d’après Saito et al. [2], une porosité supérieure à
Exercice libéral à Reims.
biomatériau de comblement ainsi que les 300 microns permettrait de favoriser l’angioge-
modalités de fermeture du site opératoire.
Alexis BLANC nèse au sein du biomatériau. L’ostéo-induction
DUCICP–DUCA, quant à elle correspond à la capacité du bioma-

D
Université Paris, Rejoignez notre groupe Facebook: Livres et Revues Dentaires
Hôpital Rothschild (AP-HP). tériau à induire un recrutement local de cellules
Exercice libéral à Nanterre. ans le but de favoriser la réussite mésenchymateuses et à permettre le déclen-
d’une thérapeutique par ROG, chement d’une cascade biologique provoquant
Lien d’intérêts au-delà du choix raisonné d’une la néoformation osseuse.
© IS MEDIA 2021

Les auteurs déclarent


n’avoir aucun lien membrane décrit dans la première De manière très succincte, il est possible de
d’intérêts. partie, il est nécessaire de sélectionner avec distinguer les trois catégories de biomatériaux
pertinence un biomatériau de comblement et précités selon des caractéristiques majeures
Référencement
bibliographique
d’utiliser une technique opératoire adaptée. en termes d’origine, et donc de risque po-
Bouvart M, Blanc A. tentiel de transmission depuis le donneur, de
Favoriser la réussite
thérapeutique de la ROG.
QUEL BIOMATÉRIAU DE capacité ostéo-inductrice et de résorbabilité.
Sélection du biomatériau COMBLEMENT UTILISER ?
de comblement et
gestion des tissus mous.
Dans le cadre des régénérations osseuses, il est Os autogène
CLINIC 2021; possible d’utiliser différents biomatériaux : de Longtemps considéré comme le matériau de
42(408-409):1019-1023.
l’os autogène, allogénique, des xénogreffes et référence [3], il présente cependant quelques
différents substituts osseux synthétiques, utilisés inconvénients : augmentation de la morbidité
seuls ou associés. liée à la nécessité d’un deuxième site chirurgi-
Malgré de nombreuses publications en re- cal pour le prélèvement, ce qui aboutit aussi à
cherche clinique et les développements issus un temps opératoire augmenté et volume d’os
de l’ingénierie tissulaire, aucun substitut osseux autogène intra-buccal disponible limité.
ne semble s’imposer comme une référence. Ainsi, d’après Sbordone et al. [4] et Jo et al. [5],
Longtemps considéré comme tel, l’os autogène en raison d’un rapport coût/bénéfice/risque
seul ou en association avec un autre matériau plus favorable, l’os autogène est désormais
permet-il de favoriser les conditions du succès supplanté aux États-Unis par l’os allogénique
d’une ROG ? et en Europe par les xénogreffes.
D’après Sanz et al. [1], parmi les qualités requises Utilisé en blocs, ces biomatériaux présentent
dans le cahier des charges d’un biomatériau une tendance à subir une résorption impor-
osseux idéal, on peut citer la biocompatibilité, tante, nettement plus marquée pour les blocs
la biodégradabilité, l’ostéo-conductivité, l’ostéo-­ d’origine extra-orale. Pour les greffons iliaques
inductivité, la porosité, les propriétés de surface, utilisés en onlay, cette résorption peut atteindre
les propriétés mécaniques, les capacités angio- jusqu’à 87 % à la mandibule et 100 % au maxil-
géniques, mais également la facilité d’utilisation laire à 6 ans [4]. De même, pour Misch [6] ou
et le coût réduit (figure 1). Cordaro et al. [7], les blocs ramiques et sym-
Concernant la néoformation osseuse, il faut physaires se résorbent de 20 à 25 % dès 6 mois
différencier les capacités ostéo-conductrices post-opératoire.

CLINIC 2021;42(408-409):1019-1023 1019


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

large disponibilité, ce qui évite le recours à un


second site opératoire pour le prélèvement.
Selon Tulasne et Andréani [9], l’os allogénique
seul n’a pas de pouvoir ostéogénique mais
peut bénéficier de capacités ostéo-inductives.
Son principal inconvénient réside dans le risque
éventuel de transmission d’une pathologie ou
d’une réaction immunitaire en rapport avec le
donneur, bien qu’il n’existe aujourd’hui aucun
cas de contamination rapporté.
En fonction des différents traitements effectués
sur l’os humain prélevé, il existe 3 catégories
d’os allogénique :
– l’os lyophilisé non déminéralisé (FDBA) ;
– l’os lyophilisé déminéralisé (DFDBA), qui per-
met grâce à la déminéralisation de libérer les
cellules matricielles et d’être ostéo-inducteur ;
1
– l’os délipidé-déprotéinisé (Biobank®, Puros®) :
Figure 1 les protéines matricielles non collagéniques
Les qualités requises Cependant, malgré cette tendance à la ré- sont éliminées, ce qui supprime tout pouvoir
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pour un biomatériau sorption lorsqu’il est utilisé seul et en bloc, l’os ostéo-inducteur.
de comblement idéal. autogène possède des caractéristiques inté- Par ailleurs, il existe une large hétérogénéité
ressantes. En effet, il est de nos jours le seul dans les sources de cet os allogénique qui peut
matériau ostéogénique, bien que la plupart provenir de prélèvements effectués soit sur
des cellules ostéogéniques meurent lors du des têtes fémorales de donneurs vivants lors
prélèvement. Il est ostéo-inducteur, c’est-à- d’interventions d’arthroplastie de la hanche,
dire capable d’induire une différenciation cel- soit sur des os longs de sujets décédés. Ceci
lulaire pour synthétiser une matrice osseuse complique d’autant la reproductibilité des ré-
minéralisable. Il est également biocompatible sultats attendus en termes de résorption.
car il contient les cellules ainsi que les facteurs
de croissance spécifiques du patient. Xénogreffes
Cliniquement, différentes techniques permettent Ce sont des biomatériaux osseux issus d’une
de prélever de l’os autogène, soit en « rognant » espèce différente. L’os minéral bovin déproté-
l’os à l’aide d’instruments réutilisables (Bone iné (DBBM, à titre d’exemple le Bio-Oss®) est un
Scrapers, Dexter) ou jetables (SafeScraper®, des matériaux le plus documentés en chirurgie
Micross-Meta®, Delynov) (figures 2 à 4), soit buccale. Il possède une structure très similaire
en prélevant un bloc osseux et en le broyant à à celle de l’os humain. Bien qu’impossible à
l’aide d’un dispositif spécifique, broyeur méca- écarter totalement, le risque de réaction im-
nique ou moulin à os (Master-mill®, Meisinger) munitaire ou de transmission d’une pathologie
(figures 5 et 6). s’avère très faible et n’a jamais été rapporté.
Selon Cabalé-Serano et al. [8], l’os cortical Par le traitement physico-chimique qu’il subit
« scrapé » a montré qu’il contenait de nom- lors de sa fabrication, il est exempt de compo-
breuses protéines pouvant relarguer des sants biologiques et n’a donc aucune capa-
facteurs de croissance (TGF-β1,2, IGF) dans cité ostéo-inductrice. Utilisé seul, il est ostéo-­
la matrice extra-cellulaire, favorisant ainsi conducteur et présente une vitesse de résorption
l’angiogenèse et l’ostéogenèse. très lente.
Ainsi, dans une étude animale, Janner et al. [10]
Os allogénique comparent le niveau de néoformation osseuse
Il est similaire à l’os autogène en termes de au sein d’un défaut standardisé obtenu après
composition avec, en plus, l’avantage d’une utilisation d’une xénogreffe bovine seule ou

1020 CLINIC 2021;42(408-409):1019-1023


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

2 3 4

5 6 7

Figure 2
Instrument
associée à une membrane, ou avec de l’os Ainsi, il semble intéressant d’utiliser un mé- SafeScraper® Twist
autogène particulé seul ou avec membrane. lange de différents biomatériaux afin de pro- (Geistlich) permettant
© IS MEDIA 2021

Les résultats montrent que l’adjonction d’os fiter de leurs potentiels respectifs et ainsi favo- de recueillir jusqu’à
2,5 cm3 d’os autogène
autogène particulé associé à une membrane riser une néoformation osseuse stable dans le
dans sa chambre
améliore le résultat obtenu en termes d’os temps (figure 7). par grattage de la
néoformé par rapport à une xénogreffe bo- D’après de nombreux auteurs [10-12], les mé- surface osseuse.
vine. Les résultats les plus favorables sont ob- langes d’os autogène/xénogreffe avec un Figures 3 et 4
tenus avec un ratio xénogreffe/os autogène ratio égal ou légèrement supérieur en os au- Instrument
Micross-Meta®
d’environ 1/1 [11]. togène semblent apporter les meilleurs résul-
(Delynov),
tats. Dans une série de cas, Urban et al [12] d’une capacité de
Matériaux alloplastiques rapportent des gains osseux d’environ 7 mm prélèvement de
Appelés aussi biomatériaux synthétiques (phos- horizontalement et 5 mm verticalement. 0,25 cm3 d’os autogène.
Il présente l’avantage
phates tricalciques, céramiques, hydroxyapa-
de pouvoir être utilisé
tites de synthèse, carbonates de calcium, GESTION DES LAMBEAUX par tunnelisation.
bio-verres), ils ont le principal avantage de ne La dernière étape chirurgicale d’une aug- Figures 5, 6 et 7
présenter aucun risque de transmission d’agents mentation osseuse, quelle que soit la tech- Utilisation d’un moulin
pathogènes comme pour les matériaux précé- nique, consiste en la fermeture des sites. à os Master-mill®
dents. En revanche, ils n’ont aucune capacité Particulièrement dans les interventions de (Meisinger). Le bloc
prélevé est broyé dans
ostéo-inductrice. Leur vitesse de résorption est ROG, la difficulté réside dans la relaxation le moulin à os puis les
variable et dépend du type de substitut, de sa des lambeaux, indispensable pour obte- copeaux sont récupérés
composition et de sa porosité. Très lente pour nir une fermeture muqueuse passive. Pour dans le cylindre de
de l’hydroxyapatite synthétique, la résorption Retzepi et Donos [13] et Urban et al. [14], broyage avant d’être
éventuellement
sera plus rapide, environ quelque mois, pour des cette gestion des lambeaux et aussi des mélangés à une
phosphates tricalciques. sutures représente une étape clé dans la xénogreffe.
Des quelques caractéristiques biologiques réussite de la thérapeutique.
évoquées précédemment, il apparaît que le Selon Ronda et Stacchi [15] et Moses et al. [16],
biomatériau idéal n’existe pas. En effet aucun si la greffe n’est pas recouverte intégralement
matériau utilisé seul ne peut prétendre béné- par les lambeaux, une réponse inflammatoire
ficier d’un potentiel ostéo-conducteur, ostéo-­ et infectieuse peut se produire, conduisant à
inducteur et d’un degré de résorbabilité opti- une dégradation précoce de la membrane, ce
male sur le plan biologique pour induire une qui peut entraîner une perte partielle ou totale
néoformation osseuse maximale. du greffon [17].

CLINIC 2021;42(408-409):1019-1023 1021


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

8 9 10

11 12 13

Figures 8, 9 et 10 Abord tissulaire dans le secteur vestibulaire à la mandibule (8) : une incision
superficielle dans le périoste (9) permet de relaxer le lambeau avec un décolleur (10). L’absence
de saignement est un signe d’une incision uniquement dans l’épaisseur du périoste.
Figures 11 et 12 Abord lingual mandibulaire : en zone molaire, un décollement jusqu’aux fibres
© IS MEDIA 2021

du muscle mylohyoïdien est réalisé, puis l’utilisation d’un décolleur permet de séparer ses fibres.
Figure 13 En zone prémolaire, les fibres collagéniques du périoste sont progressivement étirées
à l’aide d’un décolleur sécant.

En plus de recouvrir le site de la ROG, la Urban et al. [22] proposent une classification des
passivation des lambeaux permet de sutu- techniques de sutures des lambeaux en fonction
rer sans tensions. En effet, selon une étude de de deux critères : la profondeur du vestibule et
Burkhardt et Lang [18], une tension supérieure l’état du périoste. Cette technique varie en fonc-
à 0,1 N au niveau des lambeaux augmenterait tion du site et du volume greffé. Un vestibule peu
significativement le risque d’exposition du site. profond complique l’intervention car il faut étirer
Pour ces auteurs, si un point de suture avec un davantage les fibres élastiques dans le but de
fil 7/0 lâche, la tension induite était trop élevée. coapter les berges sans tensions. De plus, une
Selon Rosenquist [19] ou Ronda et Stacchi [15], faible profondeur vestibulaire est fréquemment
pour obtenir une fermeture pérenne, il est associée à un volume greffé important.
nécessaire d’inciser le périoste, puis d’étirer Lorsque la ROG est localisée au maxillaire anté-
les fibres élastiques du lambeau à l’aide de rieur, une dissection du muscle sub-orbiculaire
décolleurs ou de ciseaux de Metzenbaum. pourra être effectuée. Une plastie gingivale est
L’incision du périoste devra être superficielle souvent nécessaire par la suite pour augmenter le
pour ne pas léser les structures sous-jacentes. vestibule et ramener du tissu kératinisé en situation
Dans le cas contraire, outre le risque de lésions vestibulaire. Ce dernier fait fréquemment défaut
nerveuses, une incision trop profonde peut car la ligne de jonction mucco-gingivale se trouve
provoquer un saignement qui compliquera le décalée en raison de la traction des lambeaux
geste chirurgical et augmentera les suites post-­ lors de la fermeture du site greffé. Par ailleurs,
opératoires en provoquant un hématome. lorsqu’un patient a subi une ou des précédentes
Pour cela, des techniques peu invasives per- greffes, le périoste peut devenir cicatriciel, ce qui
mettant l’élongation des fibres de collagène complique la relaxation. Il s’épaissit et il est plus dif-
sont décrites dans la littérature. Ces procédures ficile d’obtenir une élasticité du lambeau. D’après
consistent en l’utilisation de décolleurs [20] ou Triaca et al. [23], une périosto-plastie peut s’avérer
d’instruments sécants spécifiques [21]. indiquée, le risque étant de perforer le lambeau.

1022 CLINIC 2021;42(408-409):1019-1023


CHIRURGIE
PÉRI-IMPLANTAIRE

Ainsi, en dehors de la région palatine où la re- beau ou d’étirer les fibres collagéniques du
laxation s’avère quasi impossible, selon le site périoste avec un décolleur (figure 13).
de l’augmentation osseuse, la relaxation du
lambeau sera abordée de différentes façons. CONCLUSION
Au maxillaire, en vestibulaire, la relaxation ne À l’issue de cette présentation des facteurs
comporte pas de difficultés particulières. Par essentiels favorisant la réussite thérapeutique
contre, dans les secteurs postérieurs mandi- d’une intervention de régénération osseuse
bulaires, en vestibulaire, l’incision périostée guidée, il apparaît qu’il a été proposé diffé-
devra être délicate dans la région du foramen rentes procédures utilisant des matériaux va-
mentonnier pour ne pas en léser ses branches riés et des techniques différentes afin d’obtenir
(figures 8 à 10). une augmentation du volume osseux.
À la mandibule, en lingual, les zones rétro-­ Les conditions de la réussite thérapeutique
molaires et molaires ne nécessitent aucune passent, en complément du choix d’une
incision pour la relaxation. Un décollement membrane, par la sélection pertinente d’un
jusqu’au muscle mylo-hyoïdien permet de biomatériau ainsi que par la maîtrise de la
séparer le lambeau de ses fibres en utilisant fermeture du site opératoire. Enfin, si les
un instrument mousse comme un décolleur protocoles opératoires peuvent varier, les
(figures 11 et 12). principes de base demeurent. Une bonne
Dans cette région, au niveau prémolaire, l’in- compréhension de ces derniers permet de
sertion du mylo-hyoïdien est très basse. Il peut favoriser le succès de cette thérapeutique en
être alors nécessaire d’inciser le périoste avec assurant la fiabilité et la reproductibilité de la
© IS MEDIA 2021

précaution pour relaxer cette partie du lam- procédure chirurgicale réalisée.

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CLINIC 2021;42(408-409):1019-1023 1023


BIOMATÉRIAUX

IMPLANTS DENTAIRES
ET ALLERGIE AU TITANE ?
ACTUALISATION DES DONNÉES SCIENTIFIQUES ET ATTITUDE CLINIQUE

leurs mécanismes [3]. Les types I, II et III corres-


AUTEUR RÉSUMÉ pondent à des réponses immédiates.
Depuis plusieurs décennies le titane est Pour le type I, la réaction immunologique est
Daphné ACHOULINE considéré comme le matériau de choix
DUCICP, en implantologie orale. Cependant, médiée par des anticorps, les immunoglo-
Université de Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP),
quelques études ont rapporté l’apparition bulines de type E (IgE), avec une réponse de
Paris.
de symptômes suite à la pose d’implants 10 à 20 minutes.
Exercice lbéral à Paris. dentaires en titane chez certains patients.
Le but de cette revue de portée récente est Le type II décrit une réaction cytotoxique ou
Lien d’intérêts
de synthétiser les connaissances actuelles allo-immunisation, caractérisée par une inte-
L’auteur déclare n’avoir
concernant l’allergie au titane des implants raction des anticorps, immunoglobulines de
aucun lien d’intérêts. dentaires et de proposer une conduite
clinique à tenir dans cette situation. type G (IgG).
Référencement Le type III décrit une réaction liée aux com-
© IS MEDIA 2021

bibliographique plexes immuns : les anticorps IgG sont dans ce

O
Achouline D. Implants cas dirigés contre des antigènes solubles.
dentaires et allergie au
titane ? Actualisation des n appelle réaction d’« hypersensibi- Enfin, le type IV décrit une réaction retardée,
données scientifiques lité » une réponse immunitaire spé- induite par un contact répété d’un allergène
et attitude clinique.
CLINIC 2021; cifique exagérée ou inappropriée. avec la muqueuse ou la peau. Elle est pro-
42(408-409):1024-1032. L’hypersensibilité est à la base de duite non par des anticorps mais par des cel-
réactions allergiques et non allergiques. lules immunocompétentes, les lymphocytes T
Le terme d’« allergie », introduit en 1907 par le spécifiques pour un antigène : c’est pourquoi
pédiatre von Pirquet [1], désignait à l’origine on utilise les termes de « réaction à médiation
la manière spécifique dont l’organisme infec- cellulaire ».
té réagit à une nouvelle inoculation du même La réaction de type IV est la plus fréquente
virus. Ce terme ne préjugeait alors pas du type concernant l’hypersensibilité aux métaux.
de réaction immunologique et ce n’est que Dans la cavité buccale, les réactions de
récemment que le mot « allergie » est devenu type I et IV seraient les plus fréquentes avec,
synonyme d’hypersensibilité de type I. comme le signalent Chaturvedi et al. [4], une
En 2004, la classification des allergies et des possibilité d’apparition de symptômes qui
hypersensibilités a été établie par la European peut varier de quelques jours à quelques
Academy of Allergy and Clinical Immunology années (encadré 1, figure 1).
et la World Allergy Organization [2]. L’allergie Alinaghi et al. [5] ont rapporté que l’allergie de
est décrite comme une réaction d’hypersen- contact concernerait au moins 20 % de la popu-
sibilité initiée par un dérèglement du système lation générale, avec une différence significati-
immunitaire qui correspond à une perte de vement plus élevée chez la femme. L’allergie la
la tolérance vis-à-vis d’un antigène. Pour que plus fréquente serait liée aux métaux et notam-
l’allergie se déclenche, deux conditions sont ment au nickel qui toucherait 15,7 % de femmes
nécessaires : une prédisposition génétique et et seulement 4,3 % d’hommes.
une exposition à la substance allergène. En 1984, Peters et al. [6] ont rapporté un cas
La classification de Gell et Coombs de 1963, bien d’échec de pacemaker associé à une aller-
que remaniée et adaptée aux connaissances gie au titane. Mais ce n’est qu’après plusieurs
actuelles, est toujours utilisée afin de catégoriser échecs inexpliqués en orthopédie que l’aller-
l’hypersensibilité en quatre types en fonction de gie au titane a été décrite par Thomas et al.

1024 CLINIC 2021;42(408-409):1024-1032


BIOMATÉRIAUX

Encadré 1 Chronologie des interventions et suites opératoires rapportées par la patiente.

Octobre 2020, Mme X, 59 ans, est implantée au niveau du secteur 3. Implants en 34 : 3.25 x 11.5, en 35 : 4 x 10 et en 36 : 4 x 10.
Les jours suivants l’intervention, douleur vive au niveau de la 36 avec fatigue importante.
10 jours plus tard, dépose des points de suture : douleurs persistantes, fatigue intense, début de douleurs articulaires aux épaules,
chute importante des cheveux.
Novembre 2020, contrôle 1 mois post-opératoire : douleurs importantes et traces bleues sur la gencive ➜ prescription pommades
Pansoral et Dynexan 2 % (inefficace).
Janvier 2021, 3 mois post-opératoire : pose des vis de cicatrisation (alliage titane, vanadium, aluminium).
1 semaine plus tard, de multiples symptômes débutent ou s’amplifient :
✓ douleurs amplifiées au niveau de la gencive et des ganglions sous-mandibulaires ;
✓ douleurs articulaires à l’épaule gauche, au bras gauche, particulièrement invalidantes ;
✓ douleurs au bout des doigts avec liseré foncé sur tous les ongles et progressivement coloration rouge des ongles ;
✓ fatigue accrue, tachycardie, insomnies (tachycardie et brûlures bouche et pieds, sensation de pieds qui brûlent
avec coloration rouge) ;
✓ douleur sein droit (de type électrique) : échographie RAS ;
✓ bilan sanguin prescrit par médecin généraliste : RAS.
Fin janvier 2021, demande de retrait des implants ➜ le praticien prescrit Solupred + Dalacine.
Février 2021, dépose de l’implant 36 et prescription consultation en allergologie.
© IS MEDIA 2021

Entretemps, d’autres symptômes apparaissent :


✓ crise de colique néphrétique ;
✓ douleurs amplifiées épaule gauche avec point transfixiant ;
✓ acouphènes et quelques vertiges ;
✓ douleurs bras gauche amplifiée et douleur au niveau de la veine avec léger gonflement irradiant jusque dans la main et les doigts ;
✓ brûlures en bouche, gencive, langue, palais, goût métallique prononcé.
Consultation en urgence à l’hôpital, on constate une bonne intégration des implants en 34 et 35, une gencive encore inflammatoire
suite à l’extraction du 1er implant et on assure la patiente qu’il n’existe pas d’allergie aux implants en titane.
Mars 2021, consultation en allergologie ➜ patch-tests demandés pour titane, vanadium, aluminium, nickel, palladium, mercure (figure 2) :
✓ lecture à 48 h : réaction Palladium, Nickel ;
✓ lecture à 72 h : Palladium +++ / Nickel ++ / Mercure ++.
Mars 2021, dépose des deux implants en 34 et 35 :
✓ tachycardie mais de façon moins intense et particulièrement en position allongée ;
✓ veines gonflées et bleues, brûlures aux pieds et sensations d’engourdissement dans les jambes ;
✓ extrémités (doigts) sensibles et rouges ;
✓ douleurs épaule et bras gauches et particulièrement des veines de l’avant-bras avec gonflement et irradiations jusque dans la main ;
✓ acouphènes permanents, gout métallique et langue sensible.
Fin mars 2021, tension importante au niveau du cou avec sensation d’engourdissement, malaise vagal. Consultation aux urgences :
✓ bilan cardio : RAS ;
✓ bilan Sanguin : RAS ;
✓ écho doppler bras gauche, clavicule, cou : RAS sans signes de thrombose.
Retrait des points de suture et décision de dépose des prothèses métalliques (nickel chrome) posées en 2012.
Avril 2021, symptomatologie persistante après dépose d’un des deux bridges :
✓ mal de gorge, douleur gencive persistante,
brûlure en bouche et goût métallique ;
✓ pieds qui brûlent ;
✓ acouphènes persistants et vertiges ;
✓ douleur bras gauche et vaso-dilatation générale des veines en particulier
sur l’avant-bras gauche avec œdème et irradiations dans la main ;
✓ arythmie cardiaque et insomnies.
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Consultation en ORL prévue. Figure 1 Bilan allergologique de la patiente.

CLINIC 2021;42(408-409):1024-1032 1025


BIOMATÉRIAUX

en 2006 [7]. Plus récemment, les principes de à-vis d’un allergène porté par un mastocyte
la réponse allergique immunologique ont été cutané. Le test épicutané ou patch-test, qui
décrits par Fage et al. [8]. permet une lecture en 3 à 7 jours, est plus sen-
Concernant l’implantologie intra-orale, quelques sible mais moins spécifique que le prick-test. Il
publications rapportent des phénomènes met en évidence une réaction de type IV dite
similaires en termes de réactions allergiques retardée.
dans lesquelles le titane et ses alliages seraient Le test de transformation lymphocytaire ou LTT
impliqués. est un test sanguin qui permet de rechercher
En odontologie, le titane le plus utilisé est dit une réaction d’hypersensibilité de type IV. Il est
« commercialement pur » (Cp) ; il contient des possible d’utiliser également une version mo-
concentrations différentes d’oxygène, de fer, difiée du test LTT par l’apport de la technolo-
d’aluminium, d’azote, de carbone et d’hydro- gie Memory Lymphocyte Immuno-Stimulation
gène. Il en existe 4 grades de 1 à 4, le grade 4 Assay (MELISA®). Le test MELISA® permet une
étant le matériau de choix en implantologie. détection immunologique des récepteurs anti-
Les grades 5 à 38 sont des alliages ; le titane géniques présents sur la membrane extérieure
de grade 5 ou TA6V4 est également utilisé en des cellules.
implantologie. L’objectif de cet article est, à la lueur des
L’ASTM (American Society for Testing and données issues de la littérature scientifique
Materials) a classé les alliages de titane selon récente, de préciser la symptomatologie cli-
leurs compositions chimiques, comme décrit nique et la prévalence des allergies au titane
© IS MEDIA 2021

dans le tableau 1. ou à ses alliages en implantologie intra-orale


Pour Siddiqi et al. [9], certaines lésions orales et de proposer quelques repères dans le cadre
pourraient être liées à des réactions aller- de la prise en charge d’un patient rapportant
giques au titane en raison de leur proximité ou présentant un terrain allergique.
avec les implants métalliques. La liaison tem-
porelle entre exposition et apparition des lé- MATÉRIEL ET MÉTHODES
sions serait également un argument en faveur Une revue de portée concernant les travaux
de cette allergie. En accord avec les auteurs scientifiques portant sur l’allergie ou l’hypersen-
précédents, Javed et al. [10] et Bilhan et al. [11] sibilité en relation avec le titane et ses alliages
signalent que, bien que le titane soit le maté- a été entreprise.
riau de choix pour les implants dentaires en La question posée a été construite selon un mo-
termes de biocompatibilité et de résistance dèle PICO (Patient, Intervention, Comparison,
mécanique, il pourrait entraîner des réactions Outcome). « Pour des patients présentant un ter-
de toxicité ou d’hypersensibilité de type I ou IV. rain allergique aux métaux, quel est le risque
Différents tests sont utilisés pour mettre en évi- d’échec ou de morbidité entraîné par la mise
dence les réactions d’hypersensibilité. Le test en place d’un implant dentaire en titane ou en
cutané ou prick-test permet d’obtenir des ré- alliage de titane par rapport à un patient non
sultats en 10 à 20 minutes et met donc en évi- allergique ? ».
dence une réaction de type I dite immédiate. La base de données bibliographique Medline®
Il démontre la présence d’IgE spécifiques vis- accessible grâce au moteur de recherche

Tableau 1 Les différents alliages de titane selon leurs compositions chimiques.


Grades de titane Titane Fer Oxygène Azote Carbone Hydrogène Aluminium Vanadium
Grade 1 99 0,15 0,12 0,05 0,06 0,01 0 0
Grade 2 99 0,20 0,18 0,05 0,06 0,01 0 0
Grade 3 99 0,25 0,25 0,05 0,06 0,01 0 0
Grade 4 99 0,30 0,35 0,05 0,06 0,01 0 0
Grade 5 90 0,40 0,20 0,05 0,10 0,01 5,50-6,75 3,50-4,50

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Tableau 2 Études incluses dans la synthèse de la littérature.


Revues de littérature (6) Études prospectives (7) Études rétrospectives ou expérimentales (4) Cas cliniques (5)
Siddiqi et al., 2011 [9] Vijayaraghavan et al., 2012 [25] Müller et al., 2006 [15] Mitchell et al., 1990 [14]
Javed et al., 2013 [10] Bilhan et al., 2013 [11] Sicilia et al., 2008 [12] Du Preez et al., 2007 [17]
Goutam et al., 2014 [28] Chaturvedi et al., 2013 [4] De graaf et al., 2018 [13] Egusa et al., 2008 [18]
Fage et al., 2016 [8] Wood et al., 2015 [27] Hosoki et al., 2018 [21] Lim et al., 2012 [19]
Mombelli et al., 2018 [23] Fage et al., 2016 [8] Hosoki et al., 2016 [20]
Kim et al., 2019 [22] Albrektsson et al., 2018 [26]
Plikrylová et al., 2019 [24]

Pubmed® a été consultée avec comme mots- publiés entre 1990 et 2019 ont finalement été
clés MeSH (Medical Subject Headings) prin- sélectionnés et les caractéristiques de ces
cipaux dental implant, titanium, titanium alloy, publications sont précisées dans le tableau 2.
allergy, hypersentivity combinés à l’aide des
opérateurs booléens AND et OR. RÉSULTATS
La recherche a été effectuée sans limitation de Des résultats issus de ces 22 articles, publiés
dates parmi les travaux publiés en anglais. durant les 30 dernières années, il est possible
© IS MEDIA 2021

Plusieurs équations de recherche ont permis de dégager les éléments de réponse suivants
de retrouver différentes publications : concernant l’allergie au titane en implantolo-
– (allergy AND dental implant*) AND titanium* : gie orale.
69 résultats ;
– ((hypersensitivity AND dental implant*) AND Prévalence de l’allergie au titane
titanium) : 49 résultats ; des implants dentaires
– (allergy OR hypersensitivity) AND dental On retrouve dans la littérature une prévalence
implant* AND (titanium alloys OR titanium*) : de l’allergie au titane d’environ 0,6 % fondée sur
69 résultats. l’étude rétrospective de Sicilia et al. [12]. Sur les
Après lecture des résumés et exclusion des dou- 1 500 patients inclus, les auteurs ont sélectionné
blons, il apparaît que, tous les résultats de la re- 35 patients parmi lesquels 16 patients ont pré-
cherche avec le terme hypersensitivity étant in- senté une symptomatologie qui s’apparente à
clus dans ceux avec allergy, les 69 résultats de la une réponse allergique après la mise en place
recherche initiale ont été conservés. De même, d’un implant dentaire en titane ; 19 autres pa-
tous les résultats obtenus avec titanium alloy tients avaient des prédispositions au dévelop-
ont été retrouvés avec l’équation de recherche pement d’une allergie au titane par le biais d’un
contenant titanium*. terrain génétique favorable ou d’une exposition
Différents critères d’inclusion ont été utilisés préalable. Sur l’ensemble de ces 35 patients,
pour retenir les publications pertinentes : 9 patients ont présenté une réponse positive aux
– articles traitant de l’hypersensibilité ou de l’al- différents tests allergologiques cutanés et épicu-
lergie au titane avec des implants dentaires ; tanés pratiqués. Concernant la symptomatolo-
– études cliniques rétrospectives et rapports gie accompagnant ces manifestations, il a été
de cas, quel que soit le recul clinique. rapporté des rashs, de l’urticaire, des prurits, des
Ont été exclus de la sélection les travaux rougeurs, des dermatites et de l’eczéma.
in vitro, les études effectuées chez l’animal Pour de Graaf et al. [13], dans une étude rétros-
et les publications traitant de l’allergie au pective incluant 458 patients testés par patch-
titane sans rapport avec les implants den- test, la prévalence de l’allergie au titane serait
taires. de 5,7 %.
Après une lecture complète, sur les 69 publica- Dans une revue de la littérature concernant
tions initialement retrouvées, seuls 22 articles l’allergie au titane, Fage et al. [8] rapportent

CLINIC 2021;42(408-409):1024-1032 1027


BIOMATÉRIAUX

une prévalence de cette allergie mise en Ainsi Mitchell et al. [14] ont décrit 2 cas cliniques
évidence par patch-test ou par test MELISA® dans lesquels les patients ont développé des
variant de 0 à 37,5 % selon les études sélec- hyperplasies gingivales 2 semaines après la
tionnées. Cependant, les critères de sélection mise en place de piliers prothétiques en titane
des patients étudiés ainsi que la méthodologie commercialement pur (TiCp) sur 4 implants
des études, qui n’est pas standardisée donc mandibulaires destinés au port d’une prothèse
non reproductible d’une étude à l’autre, com- complète. Les piliers ont été déposés 5 mois
promettent la validité des résultats proposés. plus tard et les signes cliniques ont disparu.
Puis les piliers prothétiques ont été remplacés
Signes cliniques associés à l’allergie par des piliers en or de type III spécialement
au titane des implants dentaires conçus sans l’observation de nouveaux symp-
Plusieurs publications ont décrit des réactions tômes.
aux implants dentaires en titane qualifiées d’al- En 2006, Müller et al. [15] ont étudié les dossiers
lergiques. Ces rapports de cas soulignent des cliniques de 56 patients qui ont développé une
similarités dans les signes cliniques rapportés. symptomatologie après la pose d’implants
Les principaux signes extra-oraux, situés au dentaires ou de prothèses supra-implantaires.
niveau facial, sont représentés par des der- Différents signes cliniques évocateurs d’une
matites atopiques, des érythèmes, des rashs, allergie ont été décrits. Sur les 56 patients,
de l’urticaire, de l’eczéma, un œdème ou des 21 ont été testés positifs au test sanguin aller-
douleurs associées. gologique MELISA® pour le titane, test validé
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Le tableau 3 synthétise les principaux signes scientifiquement par Valentine-Thon et al. [16].
cliniques rapportés dans ces différentes pu- Les 54 patients ayant accepté une dépose
blications en rapport avec l’allergie au titane des implants ont vu leurs symptômes dis-
utilisé en implantologie. Le délai d’apparition paraître. Parmi ces derniers patients, après
des symptômes et le type de matériel implan- un délai de 6 à 9 mois post-explantation,
taire sont précisés de même que le nombre de 15 patients ont été testés négativement par
patients affectés. MELISA ®.

Tableau 3 Symptomatologie clinique rapportée concernant l’allergie au titane et délais d’apparition d’après les publications retenues
dans cette synthèse de la littérature.
Délai Nombre de patients
Auteurs Signes cliniques décrits d’apparition Exposition
concernés
Mitchell et al., Hyperplasie gingivale 2 semaines Implants dentaires TiCp 1
1990 [14] 3,5 mois Grade NR 1
Müller et al., Dermatite et forme d’acné de la face 6 mois Implants dentaires et piliers TiCp 21/56
2006 [15] Grade NR
Du Preez, et al., Douleur, congestion des tissus mous, œdème 1 semaine Implants dentaires TiCp 1
2007 [17] au niveau des sillons sous-mentonnier et labial Grade IV
Sicilia et al., Rash, urticaire, prurit, rougeurs, dermatites et Non renseigné Implants dentaires TiCp 9/1500
2008 [12] eczéma Grade NR
Egusa et al., Eczéma de la face 2 ans Implants dentaires TiCp 1
2008 [18] Grade I
Lim et al., Rougeur des tissus mous, inconfort, prurit, 48 heures Piliers implantaires dentaires TiCp 1
2012 [19] eczéma Grade IV recouvert de TiN
Hosoki et al., Forme d’eczéma 6 ans Implants dentaires TiCp 1
2016 [20] Grade IV
Hosoki et al., Douleur, rash, démangeaison, urticaire, Non renseigné Implants dentaires TiCp Grade IV 4/16
2018 [21] inconfort, stomatite, lichen plan

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Du Preez et al. [17] ont rapporté le cas d’une par disparaître avec la dépose de la prothèse
patiente opérée avec succès et sans sympto- supra-implantaire et des implants dentaires.
matologie d’une fracture du métatarse réduite Plus récemment, Hosoki et al. [21] ont réalisé
et maintenue par des plaques de titane sans une étude transversale sur 270 patients sus-
précision de date avant la mise en place de pectés de présenter une allergie aux métaux
6 implants en titane de grade IV à la mandi- utilisés dans les traitements dentaires parmi
bule. À 1 semaine post-opératoire, un œdème lesquels 16 avaient des implants dentaires. Un
des tissus mous péri-implantaires est apparu diagnostic allergique pré-opératoire a été fait
localement puis s’est propagé secondaire- à l’aide d’un patch-test sur différents types de
ment à la région sous-mentonnière. Des dou- métaux. Parmi les 16 patients implantés, 5 ont
leurs associées ainsi qu’une hyperhémie des été testés négatifs et 11 positifs dont seulement
tissus mous environnants sans nécrose ont été 4 positifs au titane. Concernant ces 4 derniers
décrites. Les implants ont été déposés avec patients, 3 ont présenté des signes allergiques
curetage des sites opératoires, ce qui a im- sévères après implantation. Toutes les restau-
médiatement entraîné une amélioration des rations métalliques intra-orales et les implants
symptômes. Des prélèvements histologiques dentaires en titane ont été déposés secondaire-
ont mis en évidence une probable hypersensi- ment chez 1 patient, ce qui a entraîné la dispa-
bilité de type IV avec une sensibilisation initiale rition totale des symptômes. Pour 2 autres pa-
liée au traitement de la fracture du métatarse. tients, les restaurations métalliques en dehors
Egusa et al. [18] ont signalé le cas d’une des implants ont été déposées et les signes ont
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patiente qui a développé un eczéma facial décru considérablement. Le dernier patient de


1 semaine après la pose d’un implant en TiCp ce groupe de 4 testés positifs au titane et ayant
de grade I. Le diagnostic d’allergie au titane a présenté des signes cliniques secondaires à
été posé près de 2 ans après implantation en l’implantation n’a pas souhaité déposer ses res-
effectuant un test de transformation lympho- taurations métalliques ni ses implants. Il a reçu
cytaire. La dépose de l’implant a entraîné la un traitement symptomatique, ce qui a entraîné
disparition complète des symptômes en 6 mois. une légère amélioration de la situation.
Lim et al. [19] ont décrit le cas d’une patiente, Par ailleurs, il a été rapporté des phénomènes
sans antécédent d’allergie aux métaux, qui a d’usure et de corrosion des implants dentaires
signalé un inconfort suite à la pose de piliers associés au titane qui entraîneraient la libération
et de prothèses fixées supra-implantaires en de particules et d’ions TiO2. Ceux-ci se dépo-
titane de grade IV recouvert d’une couche de seraient au sein des tissus environnants, en-
nitrure de titane. La patiente avait déjà été traînant des réactions inflammatoires. Selon
implantée sans effets secondaires. À la dépose Kim et al., ces phénomènes pourraient ainsi
de ces nouveaux éléments, il a été observé induire des réactions d’hypersensibilité [22].
des érythèmes de la muqueuse. La réalisation Mombelli et al. soulignent que les signes dé-
de nouvelles prothèses et de piliers supra-­ crits par les auteurs cités précédemment ne
implantaires sans couche nitrurée a entraîné sont pas limités à un contact direct avec le
une disparition des symptômes. titane [23]. Selon ces auteurs, il y aurait un
En 2016, Hosoki et al. [20] ont rapporté le lien entre la corrosion entraînant la présence
cas d’un patient sans antécédent allergique d’ions titane et les complications biologiques.
chez lequel 2 implants dentaires en TiCp de En ce sens, plusieurs publications évoquent un
grade IV ont été posés. Deux années plus tard, lien potentiel entre le titane, les particules métal-
une fracture de la jambe a été traitée par des liques en rapport avec l’usure et la corrosion et
plaques d’ostéosynthèse utilisant des vis en l’apparition de péri-implantites [9, 24, 25]. Pour
titane. À 6 mois post-opératoire, un eczéma Albrektsson et al. [26], il apparaît cependant que
nummulaire à la surface de la peau en regard l’étiologie de la perte osseuse marginale serait
de la zone traitée est apparu. Le retrait du ma- strictement d’origine immunologique même si
tériel d’ostéosynthèse 1 an plus tard a entraîné d’autres complications infectieuses pourraient
une diminution drastique de l’eczéma qui a fini être impliquées.

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BIOMATÉRIAUX

Figure 2
Tests cutanés
par patch-test (a)
positifs au
chrome-cobalt (b)
(photos 2a 2b
Dr Edouard Sève).
© IS MEDIA 2021

DISCUSSION à la forme chimique du titane utilisée dans la


Les résultats de cette revue de littérature réalisation du patch-test. Wood et al. [27] ont
montrent que, globalement, peu de publi- notamment montré qu’il existe un assortiment
cations rapportent une allergie au titane en de poudres, solutions ou crèmes utilisées à des
rapport avec l’implantologie dentaire, et ceci concentrations différentes de titane dans les
chez un faible nombre de patients avec ou patch-tests et que ceux-ci se révèlent très rare-
sans terrain allergique aux métaux. De plus, ment positifs au titane. Comme l’ont signalé Forte
les données concernant la prévalence de cette et al. [29], ceci en limite l’indication systématique
allergie apparaissent trop disparates pour dans le diagnostic des allergies aux métaux. En
permettre une évaluation valide. dépit du fait de ne pas être le plus pertinent, il
Par ailleurs, le nombre élevé de signes cliniques représente, par sa simplicité d’exécution et la
associés à cette allergie rend difficile le dia- rapidité d’obtention des résultats, le test le plus
gnostic certain sans test systématique de sen- fréquemment pratiqué comme le confirment
sibilité. À ce titre, il est intéressant de remarquer les méthodologies appliquées dans les travaux
que la plupart des publications décrites pré- retenus dans cette revue de la littérature [19-21].
cédemment mentionnent explicitement l’utili- En complément du patch-test, certains au-
sation d’un test allergologique afin de poser le teurs comme Sicilia et al. [12] utilisent le prick-
diagnostic d’allergie au titane. test, test cutané qui permet le diagnostic des
Dans différentes revues de la littérature, Wood hypersensibilités de type IV avec une lecture
et al. [27] et Goutam et al. [28] discutent de la en 10 à 20 minutes.
pertinence des différents tests utilisés pour le Egusa et al. [18], quant à eux, ont utilisé le test
diagnostic de l’allergie au titane. de transformation lymphocytaire ou LTT,
Le test épicutané ou patch-test (figure 2a) utilise test sanguin qui permet de confirmer l’identi-
le principe de la réexposition de la peau aux al- té d’allergènes détectés lors des tests cutanés.
lergènes suspectés comme étant en cause dans Ce dosage est également utile lorsque les tests
l’apparition de signes cliniques. Les résultats sont cutanés sont impossibles. Il est possible d’utili-
recueillis à 48 heures, permettant ainsi le dia- ser également une version modifiée du test LTT
gnostic d’hypersensibilité de type I (figure 2b). par l’apport de la technologie MELISA®. Ce test
Les limites de ce test sont sa faible sensibilité sanguin, scientifiquement validé [16] détecte les
ainsi que l’absence de standardisation quant hypersensibilités de type I et de type IV aux mé-

1030 CLINIC 2021;42(408-409):1024-1032


BIOMATÉRIAUX

taux tels que le mercure, l’or, le palladium et le Il est à noter néanmoins que, dans ces situa-
titane. Ainsi, Müller et al. [15] ont montré que, sur tions, les interventions de dépose implantaire
les 56 patients exposés au titane de par leurs s’avèrent parfois délabrantes sur le plan os-
implants dentaires, 21 (37,5 %) ont été testés po- seux et souvent responsables de la libération
sitifs au test sanguin allergologique MELISA® de débris métalliques dans l’environnement
pour le titane alors que ces mêmes patients du site opératoire, situation peu propice à la
avaient été testés négatifs au patch-test. sédation rapide de la symptomatologie par
Le test MELISA® ayant une meilleure sensibi- élimination de l’allergène responsable. Et ceci,
lité, on peut donc affirmer qu’il serait le plus d’autant plus que le diagnostic et la décision
à même de poser le diagnostic quant à une d’explantation interviennent tardivement par
potentielle allergie au titane. rapport à l’implantation.
Compte tenu de la difficulté du diagnostic, la Par ailleurs, il subsiste des situations où la dé-
littérature scientifique donne peu d’indications pose des implants dentaires (ou autres dis-
sur la conduite à tenir face à des patients pré- positifs implantables en titane) entraîne une
sentant des réactions d’hypersensibilité de altération du mode de vie du patient et pour
type I ou IV au titane contenu dans les implants lesquelles la dépose n’est donc pas souhaitée.
dentaires. Bien que probablement d’une faible Dans les cas où les implants ne peuvent être
prévalence, il a été rapporté que certaines déposés, les symptômes associés persistants
complications biologiques comme la perte os- peuvent être traités par voie médicamen-
seuse marginale pourrait être en lien avec la teuse [21].
© IS MEDIA 2021

réponse immunologique induite par l’exposition Ainsi, dans les situations de suspicion de ter-
au titane. En outre, il semble que l’apparition de rain allergique, si une intervention chirurgi-
signes cliniques décrits comme en rapport avec cale de mise en place d’implants dentaires
des réactions d’hypersensibilité de type I ou IV est envisagée, un examen médical avec un
pourrait intervenir de plusieurs jours à plusieurs interrogatoire orienté sur les allergies poten-
années suite à la pose d’implants dentaires tielles puis complété si nécessaire par un bilan
en titane. Leur disparition suite à la dépose de allergologique peut s’avérer pertinent afin de
l’implant reste le moyen principal pour établir détecter une hypersensibilité spécifique au ti-
un diagnostic probable d’allergie au titane as- tane ou aux métaux constitutifs des alliages de
sociée aux implants dentaires. titane utilisés en implantologie orale.
Selon Wood et al. [27] et Přikrylová et al. [24], en L’interrogatoire vise à rechercher des antécé-
cas de réaction suspectée d’hypersensibilité de dents allergiques, suspectés ou diagnostiqués,
type IV à un métal, les recommandations sont notamment à différents métaux ou dans les si-
aujourd’hui l’abstention de l’utilisation du métal tuations d’échecs d’implantations antérieures.
concerné ou la dépose. Parmi les études trou- Si un patient est dans l’une de ces situations,
vées sur le sujet, aucune ne concernait des im- il est considéré à risque de développer une
plants dentaires de grade V en alliage de titane. réaction d’hypersensibilité au titane et il est
Il n’a pas non plus été trouvé de relation entre indiqué de prescrire un test allergologique
hypersensibilité au titane et réponse positive à un MELISA® qui orientera la décision thérapeu-
test allergologique pour l’aluminium ou le vana- tique vers l’abstention ou la réalisation de
dium. Pour Hosoki et al. [21], un patient présen- l’intervention.
tant un terrain allergique à différents métaux doit Concernant un patient ayant été implanté ré-
être considéré à risque sur le plan implantaire. cemment et présentant des signes cliniques
Dans les études précédemment citées où une évoquant une hypersensibilité au titane, il
réaction secondaire est apparue après implan- faut établir les circonstances d’apparition
tation évoquant une situation d’allergie pro- (signes cliniques, lésion initiale et localisation,
bable à un composant métallique, la disparition date d’apparition), les évolutions spontanées
totale ou quasi totale de cette symptomatologie ainsi que les lésions secondaires éventuelles
clinique est intervenue avec un délai variant de et, enfin, les traitements déjà utilisés, avec
2 à 12 mois une fois les implants déposés. leurs effets associés.

CLINIC 2021;42(408-409):1024-1032 1031


BIOMATÉRIAUX

Dans cette situation, un test allergologique aux des publications présentant un faible niveau
métaux suspectés d’entrer dans la composition de preuve scientifique.
des implants ou des infra/supra-structures Par ailleurs, la littérature scientifique est encore
prothétiques et plus particulièrement au titane insuffisante pour dégager un tableau clinique
est indiqué. Si le diagnostic d’hypersensibilité exhaustif et univoque de cette symptomato-
au titane est avéré, la dépose de l’implant en logie. De même, il n’existe pas de consensus
titane doit être proposée en association avec sur une standardisation du protocole concer-
un traitement prothétique de remplacement. nant le ou les tests allergologiques à effectuer
Si cette dépose n’est pas souhaitée par le pa- pour poser un diagnostic valide d’allergie au
tient, un traitement symptomatique est mis en titane ou à d’autres constituants métalliques
place dans le cadre d’un suivi régulier. des alliages de titane utilisés en implantolo-
gie dentaire.
CONCLUSION Néanmoins, du fait de la symptomatologie
À l’issue de cette revue de portée, il apparaît assez diverse de ces phénomènes aller-
que l’allergie au titane concernant les implants giques, de la morbidité associée et des dif-
dentaires, bien que très peu fréquente, a été ficultés rencontrées parfois lors de la dépose
rapportée dans quelques publications cli- nécessaire, il apparaît judicieux de proposer
niques. La prévalence exacte de ces allergies un bilan allergologique préopératoire en cas
ou hypersensibilités, probablement très limi- d’antécédents rapportés ou de suspicion d’al-
tée, apparaît difficile à établir avec précision, lergies à différents métaux avant d’envisager
© IS MEDIA 2021

les quelques données existantes reposant sur une intervention de chirurgie implantaire.

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1032 CLINIC 2021;42(408-409):1024-1032


BIOMATÉRIAUX

LES IMPLANTS EN ZIRCONE :


L’ALTERNATIVE FIABLE AU TITANE ?
implantaires fins [2]. Par ailleurs, quelques
AUTEURS RÉSUMÉ auteurs [3] ont signalé l’existence de manifes-
L’utilisation d’oxyde de zirconium sous tations allergiques provoquées par le titane de
Jonathan GUCCIARDI différentes formes (Y-TZP ou ATZ) permet
DUCICP, la fabrication d’implants intra-oraux en zircone différents matériels chirurgicaux (vis, plaques
Université de Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP),
qui sont proposés sur le marché depuis d’ostéosynthèse) ou de dispositifs médicaux
Exercice libéral, Paris.
quelques années pour répondre à une demande utilisés notamment en implantologie orale.
de restriction de l’apport métallique au sein des
Yann SAIZOU dispositifs implantables ou prothétiques. À la D’une prévalence d’environ 0,6 %, ces allergies
DUCICP, lumière de la littérature récente, la pérennité secondaires à une implantation orale sont ac-
Université de Paris, de ces implants est-elle suffisante pour
Hôpital Rothschild (AP-HP), compagnées d’une morbidité non négligeable
représenter une alternative fiable à l’utilisation
Exercice libéral, Paris. qui ne cède généralement qu’après dépose
des implants en titane dans le cadre du
Pascaline DORMAGEN traitement de l’édentement unitaire ou partiel ? du matériel implanté [4].
© IS MEDIA 2021

DUCICP,
Université de Paris, Dans ces situations, une alternative au titane
Hôpital Rothschild (AP-HP), ou à ses différents alliages métalliques im-

C
Exercice libéral, Paris.
plantables peut s’avérer nécessaire. Après
Simon TORDJMAN oncernant l’implantologie endo-­ quelques tentatives infructueuses concernant
Exercice libéral en
Stomatologie, Paris. osseuse, le titane et ses alliages sont l’utilisation d’implants en céramique en rai-
Olivier FROMENTIN aujourd’hui considérés comme la son de leur faible résistance mécanique [5],
PU-PH, référence en matière de matériau le dioxyde de zirconium (ZrO2) a été proposé,
Responsable du DUCICP,
Labo URB2i, ostéo-intégrable. Ainsi, la récente revue systé- depuis plus de 20 ans, pour de nombreuses
Université de Paris, matique de la littérature de Howe et al. [1] rap- applications prothétiques ou implantaires [6]
Hôpital Rothschild (AP-HP).
porte des taux de survie des implants en titane (figure 1).
Lien d’intérêts à 10 ans compris entre 86 et 98 %. Ce matériau, modifié par l’apport d’yttrium
Les auteurs déclarent Cependant, dans le secteur antérieur, ce mé- (Y-TZP ou Yttria-Stabilized Tetragonal Zirconia
n’avoir aucun lien
d’intérêts. tal ou ses alliages, tant au niveau implantaire Polycrystalline) [7] ou par l’apport d’alumine
qu’au niveau des composants prothétiques, (ATZ ou Alumina Toughened Zirconia) [8], s’est
Référencement peuvent entraîner un aspect gingival gri- avéré le matériau biocompatible [9] le plus
bibliographique
Gucciardi J, Saizou Y, sâtre inesthétique au travers des tissus péri-­ apte à permettre une intégration osseuse [10]
Dormagen P, Tordjman S, et à bénéficier d’une résistance mécanique
Fromentin O. Les implants
en zircone : l’alternative suffisante [8] pour envisager la production de
fiable au titane ? matériel implantaire comme alternative aux
CLINIC 2021;
42(408-409):1033-1039. implants métalliques.
Néanmoins, quelques auteurs ont évoqué
leurs interrogations concernant ces implants
Figure 1 zircone, particulièrement à propos du manque
Mise en place
de données cliniques à long terme en rapport
d’un implant cylindro-
conique en zircone au avec les propriétés mécaniques du matériau
maxillaire (NobelPearl et à son comportement dans la durée [11-13].
Tapered RP). L’implant Ainsi, quelques travaux in vitro rapportent les
sur son porte-implant (a)
limites de ce matériau en termes de fatigue
prêt à être utilisé au
niveau du secteur 1a 1b mécanique, de propagation des fissures ou
maxillaire antérieur (b). d’hydratation impactant la résistance méca-

CLINIC 2021;42(408-409):1033-1039 1033


BIOMATÉRIAUX
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Recherche Pubmed :
(Zirconia* AND dental implant*)
AND – études cliniques humaines concernant l’utili-
(implant failure sation d’implants en zircone dans le traitement
OR treatment outcome)
de l’édentement unitaire ou partiel ;
– études cliniques prospectives ou rétrospec-
tives rapportant explicitement, et quelle que
soit la durée de suivi, des taux de survie ou des
320 articles taux de succès implantaire concernant les im-
plants en zircone ;
Premières lecture – revues systématiques et méta-analyses rap-
des titres Retrait de 269 articles portant la pérennité des implants en zircone.
et des résumés Les critères d’exclusion des publications ont
été les suivants :
51 articles – études cliniques concernant l’utilisation d’im-
plants en zircone dans le traitement de l’éden-
Lecture
Retrait de 26 articles tement total ;
du texte complet
– articles en rapport avec l’accastillage pro-
25 articles thétique en zircone ;
2 – revues narratives ou rapports de cas des-
criptifs sans suivi concernant l’utilisation d’im-
Figure 2 plants en zircone ;
© IS MEDIA 2021

Diagramme de
flux des données
nique de la zircone [14]. Actuellement, il n’existe – publications rapportant les résultats d’étude
bibliographiques. pas de consensus sur cette problématique de in vitro ou chez l’animal.
résistance mécanique à long terme du maté- Cette recherche protocolée menée dans la
riau qui pourrait affecter la pérennité clinique base de données Pubmed a permis de re-
des implants en zircone utilisés dans les traite- trouver 320 publications.
ments implanto-prothétiques. La première lecture des titres puis des résu-
L’objectif de cet article est de synthétiser les més et l’application des critères d’inclusion/
connaissances scientifiques actuelles concer- exclusion ont entraîné le retrait de 269 publi-
nant la pérennité des implants en zircone en cations non pertinentes avec le sujet de cette
termes de taux de survie et de perte osseuse synthèse de la littérature. Concernant les
marginale péri-implantaire. 51 sélections, la lecture des textes complets
s’est traduite par l’exclusion de 26 articles
MATÉRIEL ET MÉTHODE supplémentaires.
Cette revue protocolée de la littérature a été Les 25 publications retenues [15-39] (figure 2),
conduite pour répondre à la question suivante publiées entre 2012 et 2020, qui constituent
construite sur un modèle PICO (Popula- cette synthèse de la littérature consacrée aux
tion, Intervention, Comparaison, Outcomes) : taux de survie et taux de succès des implants
« Chez l’édenté partiel, l’utilisation d’implants zircone, sont composées de :
en zircone permet-elle un taux de survie et un – 7 revues systématiques ou méta-analyses
taux de succès implantaire similaires à ceux publiées ;
des implants en titane ? » – 2 essais cliniques contrôlés randomisés ;
La recherche bibliographique a été effectuée en – 11 études prospectives ;
mars 2021 sur les 10 dernières années et limitée – 5 études d’une série de cas avec un suivi
aux publications en langue anglaise accessibles variant de 12 mois à 7 années.
sur la base de données Pubmed/Medline. Les revues de la littérature et les méta-analyse
L’équation de recherche utilisée a été : (Zirconia* ont été sélectionnées afin de ne retenir exclu-
AND dental implant*) AND (implant failure OR sivement que les publications correspondant
treatment outcome). aux critères d’inclusion/exclusion précités et
Les critères d’inclusion des publications ont été non retrouvées dans la recherche électronique
les suivants : effectuée dans Pubmed/Medline.

1034 CLINIC 2021;42(408-409):1033-1039


BIOMATÉRIAUX

RÉSULTATS Ainsi :
Les caractéristiques et les résultats des dif- – 5 études présentent un suivi limité à 1 an ;
férentes études sélectionnées sont présentés – 12 études ont un suivi de 1 à 4 ans ;
dans le tableau 1. – 8 études ont un suivi supérieur à 4 ans.
Dans ces études, le taux de survie implantaire Les échantillons de patients étudiés dans ces
des implants en zircone varie de 67,6 à 100 % travaux varient de 8 à plus de 1 000 ; 40 %
sur des durées de suivi comprises entre 12 mois de ces publications rapportent des résultats
et 7,8 années. concernant moins de 50 patients. Parmi les
La médiane des valeurs de taux de survie est 25 articles sélectionnés, 7 reposent sur l’étude
d’environ 96 % tandis que la moyenne s’avère d’une population supérieure à 300 patients et
être de 92,2 ± 9,5 %. une seule a étudié plus de 1 000 patients.
Dans les publications sélectionnées, près de 20 % Concernant la perte osseuse marginale autours
des études présentent une durée d’observation des implants en zircone, les résultats varient
limitée à 1 an et seulement 28 % rapportent des de 0 à 1,95 mm. En moyenne, celle-ci est de
durées de suivi supérieures à 5 ans. 0,93 ± 0,56 mm et la médiane est de 0,89 mm.

Tableau 1 Caractéristiques principales et résultats en termes de taux de survie implantaire et de perte osseuse
marginale des études incluses dans la présente revue de la littérature.
Nombre de Taux de Suivi Perte osseuse 1 ou 2
Auteurs
patients Survie (%) (an) marginale (mm) pièces
© IS MEDIA 2021

Borgonovo, et al. [15] 8 100 1à4 1,21 1


Kohal, et al. [16] 65 95,4 1 1,31 1
Kohal, et al. [17] 28 98,2 1 1,95 1
Brull, et al. [18] 74 96,5 1,5 0,10 1 et 2
Cionca, et al. [19] 32 87 1 0 2
Payer, et al. [20] 22 93,3 2 1,48 2
Spies, et al. [21] 36 94,2 3 0,79 1
Vohra, et al. [22] 362 67,6 à 100 1à4 0,10 à 1,48 1 ou 2
Hashim, et al. [23] 846 92 1 0,10 à 1,95 1 ou 2
Jank, et al. [24] 347 96,7 à 99,4 4 NC 2
Roehling, et al. [25] 71 77,3 7 NC 1
Spies, et al. [26] 27 88,9 1 0,77 1
Becker, et al. [27] 52 95,8 2 NC 2
Pieralli, et al. [28] 326 95,6 1à5 0,79 1 ou 2
Haro Adanez, et al. [29] 1002 95 1à7 0,89 1 ou 2
Balmer, et al. [30] 60 98,5 3 0,70 1
Bormann, et al. [31] 44 97,5 3 0,97 1
Kohal, et al. [32] 65 90,8 3 1,45 1
Rodriguez, et al. [33] 12 92 2,1 0,30 1 ou 2
Roehling, et al. [34] 741 97,2 1à5 0,70 1 ou 2
ArRejaie, et al. [35] 19 à 74 67,6 à 100 1à3 NC 1
Lorenz, et al. [36] 28 100 7,8 1,20 1
Balmer, et al. [37] 60 98,4 5 0,70 1
Borges, et al. [38] 881 71,2 à 100 1 à 7,8 1,01 1 ou 2
Koller, et al. [39] 22 87,5 6,6 1,38 2

CLINIC 2021;42(408-409):1033-1039 1035


BIOMATÉRIAUX

3
© IS MEDIA 2021

Ces évaluations quantitatives concernent Par comparaison, au niveau des implants en


21 études sur les 25 publications retenues avec titane, le taux de survie est de 95,6 % à 5 ans
une durée moyenne de suivi comprise entre et de 93,1 % à 10 ans selon la méta-analyse de
1 et 8 ans environ. Pjetursson et al. [40]. De même, l’évaluation
Seules 4 études retenues ne précisent pas la des résultats thérapeutiques à 10 ans obte-
perte osseuse marginale, limitant l’évaluation nus avec des implants en titane rapportée par
du résultat thérapeutique au seul taux de Howe et al. [1] en 2019 indique un taux de sur-
survie implantaire. vie proche de 96,4 % pour ces implants.
Concernant la perte osseuse marginale des
DISCUSSION implants en zircone, les résultats des études
Le but de cette revue de la littérature était sélectionnées dans cette revue de la littérature
d’évaluer le taux de survie implantaire ainsi montre une résorption variant de 0 à moins de
que la perte osseuse marginale des implants 2 mm sur des durées variant de 1 à 8 ans.
en zircone utilisés dans le cadre des traite- Par comparaison, d’après la méta-analyse de
ments implanto-prothétiques d’un édente- Taheri et al. [41] reposant sur 762 implants, la
ment unitaire et partiel. perte osseuse marginale moyenne autour des
En termes de taux de survie implantaire et de implants en titane peut varier de 0,2 mm de
perte osseuse marginale, il apparaît que ces gain jusqu’à environ 2,63 mm de perte après
résultats sont similaires à ceux des implants 1 an de mise en charge.
métalliques. Ainsi, concernant les implants en De même, selon la revue systématique de De
zircone unitaires ou multiples utilisés dans les Medeiros et al. [42], cette résorption, évaluée
traitements d’édentements partiels, le taux de sur 2 708 implants en titane suivis entre 6 mois
survie varie de 68 à 100 % pour des durées de et 5 ans, varierait de 0,07 à 1,63 mm.
suivi inférieures à 8 ans. Ainsi, il semble que les étendues de perte

1036 CLINIC 2021;42(408-409):1033-1039


BIOMATÉRIAUX

4a 4b

Figure 3 Situation pré-opératoire.


Figure 4 Remplacement de 36
par un implant en zircone
monolithique (one piece implant
Z-Systems Z5) ; vue clinique (a)
et orthopantomogramme (b)
montrant la mise en place des
implants en sites de 36 et 46, 47.
Figure 5 Essayage de
la suprastructure prothétique
© IS MEDIA 2021

en zircone en site de 36.


Figure 6 La couronne céramo-
6 céramique terminée.

osseuse rapportées autours des implants en Concernant les quelques échecs implantaires
titane et en zircone s’avèrent similaires, même rapportés avec des implants en zircone,
s’il est difficile d’établir avec précision une Borges et al. [38] signalent un nombre plus
comparaison fiable tant les durées de suivi élevé de pertes d’implant au maxillaire (en-
et les effectifs s’avèrent disparates dans les viron 14 %) par rapport à la mandibule (6 %).
études retenues au sein des revues de la litté- Selon les auteurs, ceci pourrait s’expliquer
rature et des méta-analyses disponibles. par la différence de densité osseuse entre les
Néanmoins, si l’on examine spécifiquement 2 arcades.
les résultats d’une étude qui compare, sur une Pour Cionca et al. [19], avec un taux de survie
même durée, les deux types d’implants en cumulé de 87 % après 2 années de fonction,
analysant les taux de survie et de succès im- les échecs implantaires constatés pourraient
plantaire, ce constat s’avère plus nuancé. Ainsi être en rapport avec une rupture brutale de
Koller et al. [39] rapportent un taux de survie la liaison à l’interface os-zircone. Les auteurs
de 93 % à 6,5 ans pour les implants en titane décrivent alors un processus non infectieux
et de 87,5 % pour ceux en zircone. De plus, la conduisant à une résorption osseuse périphé-
perte osseuse marginale mesurée autour des rique, pour lequel le terme de « descellement
implants en titane à 30 et 80 mois est respec- aseptique » est utilisé.
tivement de 0,92 mm et de 1,17 mm ; sur ces La plupart des implants en zircone proposés
mêmes périodes de suivi, elle est respective- sur le marché présentent une architecture
ment de 1,51 mm et 1,38 mm pour les implants monolithique (implant et pilier fabriqués en
en zircone. Cependant, l’effectif étudié s’avère 1 pièce ou one piece implant) (figures 3 à 6),
très limité puisque l’étude ne comporte que même si les évolutions actuelles s’orientent
15 implants en titane et 16 implants en zircone vers une conception en deux parties, ce qui
placés sur des patients différents. pose le problème de l’assemblage entre

CLINIC 2021;42(408-409):1033-1039 1037


BIOMATÉRIAUX

l’implant en zircone et l’infrastructure prothé- incidence potentiellement négative sur la


tique. Ainsi, en 2018, Morton et al. [43] ont re- résistance mécanique. Néanmoins, une autre
commandé d’utiliser des implants monoblocs étude in vitro rapporte que, même après pré-
en zircone plutôt que des implants en 2 pièces paration des piliers de ces implants en 1 pièce
par manque de données scientifiques et de et malgré l’influence négative sur la résistance
recul clinique. à la fracture de ce fraisage, ces implants
Comme précisé plus haut, les implants mo- monoblocs préparés pourraient supporter les
nolithiques en zircone présenteraient un taux contraintes fonctionnelles sans risque de
de survie élevé ; néanmoins, différents auteurs fracture [45].
rapportent la difficulté clinique représentée Par ailleurs, peu d’informations scientifiques
par la différence entre l’axe implantaire et sont accessibles concernant les difficultés po-
l’axe de l’infrastructure prothétique difficile à tentielles rencontrées lors de la dépose des
corriger. implants en zircone fracturés, en relation avec
Ainsi, dans la sélection réalisée pour cette la haute conductivité thermique de ce maté-
revue : riau au sein du tissu osseux [46].
– 12 articles rapportent des résultats, en termes
de taux de survie des implants monolithiques, CONCLUSION
correspondant à une moyenne de 92,8 % ; À l’issue de cette revue protocolée de la litté-
– 5 publications indiquent un taux de sur- rature récente, les résultats suggèrent que le
vie moyen de 93,3 % pour des implants en taux de survie et la perte osseuse marginale
© IS MEDIA 2021

2 parties ; s’avèrent similaires à ceux d’implants en titane


– 8 travaux décrivent des taux similaires pour ou en alliage de titane dans des restaurations
les 2 types d’implants. implanto-prothétiques unitaires ou partielles.
De manière synthétique et selon les quelques Ainsi, pour les différents auteurs des publica-
travaux retenus [15-39], il apparaît que les im- tions retenues, ces implants en zircone repré-
plants en zircone présenteraient une biocom- senteraient une alternative fiable aux stra-
patibilité similaire à celle du titane concernant tégies thérapeutiques utilisant des implants
le tissu osseux et auraient un comportement métalliques, particulièrement dans des indica-
au moins aussi favorable concernant les tis- tions d’allergie au titane ou lors d’une situation
sus muqueux. Par ailleurs, le risque de fragilité à risque sur le plan esthétique.
mécanique concernerait plus l’interface avec Néanmoins, malgré l’utilisation clinique de
l’infrastructure ou la suprastructure prothé- ces implants depuis de nombreuses années,
tique que l’implant en zircone lui-même [11]. il n’existe qu’un nombre limité de publications
Ainsi, la littérature ne signale que de rares scientifiques reposant sur le suivi à long terme
cas de fracture implantaire qui ne concerne- d’un effectif important de patients ayant été
raient que des implants en zircone de faible traités avec ces implants en zircone mono-
diamètre (3,25 mm) [18, 23, 25, 34, 38]. lithique ou en 2 parties. C’est pourquoi il appa-
Dans ce cadre, l’étude in vitro de Bethke raît prudent d’interpréter ces résultats avec les
et al. [44] montre que les implants en 1 pièce limites qui s’imposent, notamment concernant
peuvent être considérés comme plus résistants le comportement mécanique à long terme du
à la fracture que les implants en 2 pièces mais matériau de ces implants ainsi que la péren-
que le fraisage en bouche de ces implants nité des reconstructions prothétiques qui y sont
monolithiques doit être évité en raison de son agrégées.

1038 CLINIC 2021;42(408-409):1033-1039


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CLINIC 2021;42(408-409):1033-1039 1039


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

UTILISATION DES FLUX NUMÉRIQUES


POUR GUIDER LA GESTION CHIRURGICALE
ET PROTHÉTIQUE D’UN CAS ESTHÉTIQUE
AUTEURS

Ahmed RABIEY
DUCICP, Université Paris.
Exercice libéral exclusif,
Chartres.
Frédéric CHAMIEH
DUCCIA, DUAPIC, EFP,
Université Paris.
Exercice libéral exclusif,
Chartres.
Olivier FROMENTIN
PU-PH,
Responsable du DUCICP,
Labo URB2i,
Université de Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP).

Lien d’intérêts
Les auteurs déclarent
© IS MEDIA 2021

n’avoir aucun lien


d’intérêts.
Rejoignez notre groupe Facebook: Livres et Revues Dentaires

Référencement RÉSUMÉ
bibliographique L’utilisation des flux numériques constitués de l’ensemble des données numériques acquises lors
Chamieh F, Rabiey A, de l’examen clinique initial (photographies, empreinte optique des arcades) et des examens
Fromentin O. Utilisation complémentaires (radiographique et cinématique) permet de faciliter l’établissement du projet prothétique
des flux numériques dans ses composantes esthétiques et fonctionnelles.
pour guider la gestion Au-delà de leur intérêt dans la communication avec le patient et le laboratoire de prothèse, la synthèse
chirurgicale et prothétique et le traitement pertinent de ces données numériques permettent d’optimiser la réalisation des étapes
d’un cas esthétique.
thérapeutiques. Le cas clinique présenté illustre l’intérêt des flux numériques de travail dans le cadre
CLINIC 2021;
42(408-409):1041-1048. d’une réhabilitation implanto-prothétique dans le secteur antérieur au maxillaire.

L
es traitements dentaires à visée es- Les techniques conventionnelles permettent
thétique impliquent des modifications de planifier et de montrer au patient les résul-
de l’architecture des dents présentes. tats attendus. Néanmoins, plusieurs séances
Ces thérapeutiques prothétiques et de prévisualisation sont requises ainsi qu’une
parfois chirurgicales se révèlent parfois diffi- coopération attentive avec le prothésiste. Les
cilement prédictibles quant à l’acceptation et technologies numériques sont des alliées de
la satisfaction finale du patient. Bien qu’elles choix pour faciliter les étapes de planification
soient soumises seulement à l’obligation de et de réalisation de ces traitements à visée es-
moyen comme en prothèse conventionnelle thétique. Plus particulièrement dans le cas de
(Loi Kouchner 2002), ces traitements à voca- sourire gingival, pour lequel la visibilité du ré-
tion esthétique s’accompagnent parfois de sultat thérapeutique est maximale, différents
grandes attentes de la part des patients. C’est flux de travail ont été décrits pour optimiser
pourquoi il est nécessaire d’établir, préala- l’intégration des prothèses réalisées [1].
blement à tout acte invasif et irréversible, un Ce rapport de cas présente les différents
projet prothétique répondant à des objectifs flux numériques utilisés dans les étapes
esthétiques et fonctionnels qui doivent être nécessaires à la planification chirurgicale
validés par le patient. Les modalités théra- et prothétique d’un traitement implanto-­
peutiques nécessaires pour obtenir le résultat prothétique réalisé au niveau du maxillaire
planifié doivent être évoquées avec lui. antérieur.

CLINIC 2021;42(408-409):1041-1048 1041


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

1 2 3

4
© IS MEDIA 2021

Figure 1 Situation clinique initiale. Aspect du sourire dans le cadre du visage de la patiente.
Figure 2 Secteur antérieur maxillaire. Persistance sur l’arcade des deux canines lactéales et sondage sur un parodonte épais.
Figure 3 Tomographie initiale objectivant la rétention des canines définitives.
Figure 4 Proposition esthétique virtuelle à l’aide du logiciel Smilecloud®.

DONNÉES NUMÉRIQUES, La combinaison de ces examens permet d’éta-


PROJET PROTHÉTIQUE blir le diagnostic d’éruption passive altérée [4]
ET PLAN DE TRAITEMENT (figure 3). Afin d’obtenir les modèles d’étude
Mme J. se présente à la consultation avec virtuels nécessaires à la réalisation du projet
une doléance esthétique en rapport avec un prothétique, des empreintes optiques sont ef-
sourire gingival non harmonieux associé à la fectuées. Les rapports intermaxillaires sont en-
persistance de canines lactéales (figure 1). registrés numériquement pour permettre une
L’examen clinique révèle un sourire de analyse esthétique. Des photos cliniques du
classe I de Liébart [2] laissant apparaître un sourire et des vues intra-orales de face avec
bandeau de gencive de plus de 3 mm, une une balance des blancs calibrée sont réalisées.
profondeur de sondage de 4 mm en vesti- Différents logiciels ou applications permettent,
bulaire des incisives maxillaires ainsi que la après importation des fichiers cliniques photo-
présence de canines lactéales délabrées. graphiques ou obtenus par numérisation, de
Ces dents temporaires sont atteintes d’une proposer des projets prothétiques esthétiques
rhizalyse quasi terminale entraînant une virtuels. L’évolution de ces aides a été considé-
mobilité inconfortable de celles-ci (figure 2). rable depuis le développement du DSD (Digital
L’évaluation du biotype parodontal révèle Smile Design) en 2 dimensions proposé par
une gencive épaisse [3]. Coachman et al. [5]. Aujourd’hui, pour déter-
Les examens radiologiques 2D et 3D montrent miner une morphologie dentaire esthétique
une rétention palatine des canines définitives, adaptée à un environnement buccal et facial,
sans résorption radiculaire des dents environ- il est possible d’avoir accès à des banques de
nantes, et révèlent que l’os alvéolaire atteint la données dentaires ou de copier le sourire d’un
jonction amélo-cémentaire des incisives. proche ou d’une personne connue [6].

1042 CLINIC 2021;42(408-409):1041-1048


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

Pour ce cas clinique, il a été décidé d’utiliser le thétique initiale (figures 5a et 5b). Le projet est
logiciel Smilecloud® afin de réaliser numérique- ensuite fonctionnalisé dans les mouvements
ment des propositions esthétiques à la patiente. de protrusion et latéralité, numériquement, à
Grâce à l’algorithme d’intelligence artificielle et l’aide d’un articulateur virtuel (figure 5c) per-
à sa banque de données, ce logiciel propose mettant d’obtenir un modèle numérique de
différentes tailles et formes de dents en harmo- travail reflétant le projet prothétique esthé-
nie avec le sourire du cas traité. La morphologie tique et fonctionnel final (figure 5d).
complétement modifiable des dents virtuelles a Après concertation avec la patiente, le plan de
permis de les ajuster selon les souhaits exprimés traitement qui en découle comprend l’extrac-
par la patiente. Par ailleurs, il a été possible de tion des dents lactéales 53 et 63 avec mise en
transposer ces ajustements sur les photogra- place d’implants en position de 13 et 23. Ces
phies cliniques pour faciliter la communication implants serviront d’ancrages à des couronnes
tant au cabinet qu’avec le prothésiste (figure 4). céramiques transvissées sur embase titane.
Ce projet esthétique en 2D initial est transposé Des facettes en céramique feldspathique ren-
en un projet en 3D (figure 5) par superposition forcée à la leucite seront réalisées par pressée
des formes de dents issues de l’étude initiale sur 12, 11, 21 et 22. Des élongations coronaires
sur des modèles numériques obtenus par em- seront effectuées afin de prendre en compte
preinte optique. Le tout est corrélé au scan tri- le sourire gingival tout en obtenant des pro-
dimensionnel du visage de la patiente afin de portions dentaires plus harmonieuses mises
prévisualiser l’intégration de la proposition es- en valeur par des collets alignés [7].
© IS MEDIA 2021

5a 5b 5c

Figure 5 Validation de l’intégration du projet


prothétique tridimensionnel virtuel dans le visage
de la patiente (a,b)
et fonctionnalisation du projet esthétique par
articulateur virtuel (c)
permettant d’obtenir un modèle de travail
numérique avec un projet prothétique
esthétique et fonctionnel (d).

5d

CLINIC 2021;42(408-409):1041-1048 1043


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

FLUX NUMÉRIQUES ET
PLANIFICATION PRÉ-CHIRURGICALE
Un positionnement optimal des collets cli-
niques est nécessaire pour contribuer à la per-
Figure 6 ception d’un sourire équilibré et harmonieux.
Superposition des fichiers
6a Pour cela, il est nécessaire de réaliser une
STL du projet prothétique
(blanc) et de la situation élongation coronaire la plus exacte et précise
initiale (vert), possible afin d’aligner les collets en accord
en vue frontale (a) avec le projet prothétique précédemment
et en vue horizontale (b).
validé par la patiente [7].
Grace à l’utilisation des flux numériques, la
superposition des données acquises concer-
nant les modèles de la situation clinique ini-
tiale et le projet esthétique fonctionnalisé
6b permet une visualisation précise du niveau
des tissus à repositionner lors de l’élongation
coronaire pré-prothétique [8] (figure 6a et 6B).
Contrairement aux logiciels de planification
implantaire et bien que des données soient
disponibles, il n’existe pas à ce jour, à notre
© IS MEDIA 2021

connaissance, de logiciel de CAO permettant


la conception de guides d’élongation coro-
naire issus d’un projet prothétique.
Dans le cadre de ce plan de traitement, il a
été décidé de réaliser un guide chirurgical
d’élongation coronaire en exploitant les don-
nées numériques issues de la planification
7 esthétique.
Le cahier des charges du guide d’élongation
Figure 7
Coupe reflétant la
coronaire se décline en 3 caractéristiques :
superposition des fichiers – une insertion passive du guide permettant
STL (blanc et vert) et du de respecter la situation planifiée du guide
fichier DICOM (données lors de la chirurgie ;
radiologiques).
– la matérialisation du positionnement gingi-
val des futurs collets cliniques ;
– la situation des limites du volume osseux en
respectant les règles liées au respect d’un es-
pace biologique adapté à la future prothèse.
La chirurgie gingivale et osseuse ainsi guidée
permet une résection limitée autorisant un
repositionnement précis des tissus parodon-
taux. Ce guide autorise également un posi-
tionnement implantaire tridimensionnel com-
patible avec le projet prothétique.
Avant tout manipulation numérique, il est né-
cessaire de superposer les fichiers radiogra-
Figure 8 phiques DICOM et les fichiers cliniques enre-
Situation et délimitation
gistrés sous un format STL afin de quantifier
des futurs collets du
projet prothétique 8
la résection osseuse nécessaire pour obtenir
planifié. un volume prothétique cohérent avec l’es-

1044 CLINIC 2021;42(408-409):1041-1048


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

pace biologique en relation avec la nouvelle


situation des collets gingivaux (figure 7).
Une fois ces fichiers superposés, la première
étape consiste à utiliser le fichier numérique
comportant le projet prothétique afin de lo-
9
caliser le positionnement optimal des collets
des futures prothèses unitaires. La position
Figure 9
est enregistrée et isolée numériquement Réalisation d’une
pour être utilisée dans la confection du guide gouttière guide dont
d’élongation coronaire. Pour cela, les col- la limite se situe à
3 mm du futur collet
lets virtuels délimités numériquement sont
prothétique planifié.
« épaissis et extrudés » du fichier numérique
à l’aide du logiciel Meshmixer® de manière à
pouvoir réaliser une soustraction booléenne
lors de la confection du guide. Le fichier STL
ainsi modifié est sauvegardé (figure 8).
La deuxième étape permet de concevoir une
gouttière simple, de 3 mm d’épaisseur, ne pre-
nant pas en compte l’occlusion du patient. Cette
gouttière est conçue afin que son rebord vesti-
© IS MEDIA 2021

bulaire soit situé à 3 mm apicalement au posi-


tionnement des futurs collets. Ce rebord établira
la position osseuse à atteindre afin de respecter
l’espace biologique des futures prothèses ; cette
première conception servira de guide pour la Figure 10
Soustraction booléenne
résection osseuse lors de la chirurgie (figure 9).
effectuée entre la
Afin d’associer à ce premier guide les infor- gouttière guide et
mations quant à la future limite gingivale, les futurs collets.
il est réalisé une soustraction numérique Enregistrement
sous la forme d’un
entre les données numériques de ce guide
fichier STL permettant
et celles du premier fichier STL comprenant 10 la réalisation du guide
la position des futurs collets gingivaux. La d’élongation coronaire.
conception du guide d’élongation coronaire
est alors finalisée et comporte ainsi les infor-
mations quant aux futures limites osseuses
et gingivales (figures 10 et 11).
Par ailleurs, le projet prothétique étant main-
tenant clairement défini, le plan de traite- Figure 11
ment doit permettre d’atteindre le résultat 11 Guide d’élongation
coronaire imprimé.
escompté [1]. L’utilisation des flux numériques
autorise une superposition tridimensionnelle
entre le volume osseux et le projet prothé-
tique et, à ce stade, facilite une planification
implantaire cohérente et raisonnée afin de
déterminer la situation et l’orientation des Figure 12
deux implants selon l’axe prothétique idéal. Réalisation du guide
Une fois celle-ci réalisée, il est choisi d’utiliser chirurgical implantaire
et usinage des prothèses
un guide chirurgical issu de cette planifica-
provisoires transvissées
tion afin d’optimiser le placement de chacun 12 unitaires pour la mise en
des implants situés en 13 et 23 (figure 12). esthétique immédiate.

CLINIC 2021;42(408-409):1041-1048 1045


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

13 14a 14b

Figure 13 Comblement
par particules broyées
après extraction des
canines incluses.
Figure 14 Coupes axiale
et vestibulo-palatine
post-opératoires 5 mois
après comblement (a)
et planification 16a
implantaire selon le
projet prothétique
(bleu) (b).
Figure 15 Étapes de
© IS MEDIA 2021

l’élongation coronaire
au niveau gingival et
osseux réalisée à l’aide
du guide planifié.
Figure 16 Mise en place
du guide chirurgical
implantaire (a) 16b
et situation implantaire
après mise en place
guidée en 13 et 23 (b,c).

15 16c

ÉTAPES CLINIQUES
Afin de permettre la pose d’implants pour sites d’extraction [9] selon le protocole dé-
remplacer les dents 13 et 23, l’extraction des crit par Mazor et Cardaropoli en 2019 [10, 11].
canines enclavées a été réalisée dans un Pour cela, des corticotomies en cadre ont été
premier temps. Après nettoyage mécanique, réalisées de manière à préserver le volet
broyage puis désinfection dans deux bains osseux et pouvoir le repositionner sur le
successifs (hydroxyde de sodium à pH éle- matériau de comblement (figure 13).
vé en milieu alcoolique, puis solution saline Cinq mois après l’intervention, l’examen 3D
tamponnée) (Smart Dentin Grinder, Kome- montre un volume osseux compatible avec
taBio), les canines extraites ont été utilisées la mise en place d’implants endo-osseux au
sous forme de particules, afin de combler les niveau des deux sites opérés (figure 14).

1046 CLINIC 2021;42(408-409):1041-1048


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

L’intervention débute par la mise en place


du guide d’élongation appliqué sur les faces
occlusales et maintenu manuellement, le cla-
vetage du guide n’ayant pas d’intérêt dans
cette situation. Une gingivectomie à biseau
interne est réalisée en suivant la partie du
Figure 17
guide matérialisant les futurs collets. Situation clinique
Le guide est retiré puis un lambeau de pleine post-chirurgicale
épaisseur permet d’accéder à l’os alvéolaire avant transvissage
et confirme le diagnostic d’éruption passive 17 des provisoires
en 13 et 23.
altérée avec une situation de l’os au contact
de la jonction amélo-cémentaire des dents
définitives de 12 à 22.
Le guide d’élongation est alors repositionné
et les contours osseux redéfinis. Une fraise à
extrémité travaillante (H207, Komet) permet
une résection osseuse sans altération de la
structure dentaire (figure 15).
Après retrait du guide d’élongation, les ca-
nines lactéales sont extraites et la mise en
© IS MEDIA 2021

place d’un guide chirurgical à appui dentaire


permet le forage et la mise en place de 2 im-
plants de diamètre 3,3 mm et de longueur 18a
10 mm (Straumann BLT NC Roxolid SLActive).
Ce guide, issu de la planification une fois les
dents lactéales virtuellement extraites, a été
réalisé par impression 3D (figure 16).
La stabilité primaire, mesurée par analyse
de fréquence de résonnance sous la forme
d’une valeur ISQ, est de 82. Ce haut niveau
de stabilité implantaire dans le tissu osseux
autorise une mise en esthétique immédiate Figure 18
par des couronnes provisoires transvissées Résultat à 2 semaines
post-opératoires
non fonctionnelles. Celles-ci ont été préala- avant retrait
blement réalisées par usinage selon le pro- des fils de suture,
jet prothétique défini. Ces prothèses sont 18b en vue frontale (a)
transvissées et torquées à 35 N.cm et les puits et sagittale (b).
de vissage sont alors obturés par foulage de
téflon et mise en place de résine composite. effectuée puis la maturation tissulaire est atten-
Enfin, le lambeau est repositionné par des due. Dans la situation traitée, le biotype paro-
points matelassiers internes non compres- dontal épais nécessite un délai de cicatrisation
sifs pour éviter une ischémie des papilles de 3 mois minimum, afin de compenser un effet
(figure 17). rebond éventuel décrit par Pontoriero et Car-
Les embrasures de la prothèse provisoire sont nevale se caractérisant par un déplacement
aménagées afin de permettre le passage des coronaire des tissus [12] (figure 18).
brossettes interdentaires et il est conseillé à Puis les étapes d’élaboration des prothèses
la patiente d’adopter une alimentation molle supra-implantaires d’usage sont entreprises
pour les prochains mois. au niveau des deux canines complétées par la
À 10 jours, les sutures sont retirées, une dé- réalisation des facettes sur les dents naturelles
monstration du passage de ces brossettes est du secteur antérieur.

CLINIC 2021;42(408-409):1041-1048 1047


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

CONCLUSION L’utilisation des flux numériques de travail per-


L’esthétique du sourire fait l’objet de des- met de simplifier et de diminuer le temps né-
criptions ou d’évaluations standardisées, de cessaire à ces étapes tout en facilitant la com-
règles de reconstruction très académiques munication entre le patient et les différents
reposant sur le respect de proportions den- intervenants du protocole de traitement.
to-gingivales qualifiées d’équilibrées ou Dans les situations cliniques pour lesquelles le ré-
d’harmonieuses. La perception d’un sourire, sultat esthétique est essentiel, l’intérêt des flux nu-
ou plus encore de son propre sourire, de- mériques réside dans la simplification de l’étape
meure néanmoins très subjective, souvent initiale de planification grâce aux banques de
assez éloignée de la standardisation des données numériques des logiciels et permet
règles proposées pour évaluer l’esthétique. ainsi une prévisualisation rapide d’un projet pro-
Le résultat de thérapeutiques à visée esthé- thétique virtuel. L’essayage clinique de ce pro-
tique ou utilisant des dispositifs cosmétiques jet esthétique et fonctionnel matérialisé sous la
est par nature dépendant de l’appréciation forme d’une maquette imprimée confirme l’adé-
du patient demandeur. Ainsi, la prévisuali- quation avec les souhaits exprimés par le patient.
sation du résultat attendu s’avère utile pour Les différents guides nécessaires pour faciliter les
obtenir son consentement libre et éclairé. étapes thérapeutiques, aux niveaux gingival, os-
Les flux conventionnels de travail sur le plan seux ou dentaire, sont conçus virtuellement puis
prothétique permettent cette prévisualisation réalisés selon le projet planifié.
physique, grâce à des céraplasties (wax-up), Néanmoins, malgré l’assistance significative
© IS MEDIA 2021

des montages ou présentations esthétiques apportée, cette démarche numérique doit


(mock-up) essayés cliniquement avant d’en être envisagée avec prudence chez certains
tirer secondairement les guides chirurgicaux patients dont les attentes sont trop irréalistes,
nécessaires aux préparations dentaires et à sans rapport rationnel ni raisonné avec leur
l’aménagement parodontal. sourire actuel ou imaginé.

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1048 CLINIC 2021;42(408-409):1041-1048


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

GESTION TISSULAIRE RAISONNÉE D’UN


ÉDENTEMENT POSTÉRIEUR MAXILLAIRE
À PROPOS D’UN CAS CLINIQUE

Cet article propose une synthèse de différents


AUTEURS RÉSUMÉ critères décisionnels en rapport avec les mo-
À partir d’un cas clinique d’édentement dalités du traitement implanto-­ prothétique
Maryline TROUILLON,
© IS MEDIA 2021

postérieur maxillaire de classe II de Kennedy,


DUCICP, cet article propose une synthèse des critères d’un édentement postérieur maxillaire. Un
Université de Paris.
Exercice libéral, Suresnes.
de choix concernant les techniques de cas clinique illustre chronologiquement les
reconstruction osseuse et d’aménagement différents choix effectués.
Thibault DROUHET muqueux péri-implantaire assurant le succès
AHU Pitié Salpêtrière ainsi que la pérennité du traitement
Charles-Foix, implanto-prothétique. CAS CLINIQUE
DUCICP,
Université de Paris, Monsieur G., âgé de 66 ans, avec antécédent
Hôpital Rothschild (AP-HP).Rejoignez notre groupe Facebook: Livres et Revues Dentaires d’infarctus en 2009, s’est présenté à la consul-

L
Exercice libéral, Paris.
tation pour le remplacement de ses molaires
Lien d’intérêts a réhabilitation implanto-prothétique maxillaires gauches. Il est suivi par un cardio-
Les auteurs déclarent des secteurs maxillaires postérieurs né- logue et traité par un antiagrégant plaquettaire
n’avoir aucun lien
d’intérêts. cessite une gestion tissulaire propre à (Résitune, 75 mg, 2 fois/jour depuis 12 ans).
cette région. En effet, la pneumatisation L’examen clinique montre un édentement de
Référencement par le sinus maxillaire et la résorption post-­ classe II de Kennedy dans le secteur 2 avec
bibliographique
Trouillon M, Drouhet T. extractionnelle entraînent une réduction du absence de 26, 27 et 28. Des prothèses fixées
Gestion tissulaire volume de la crête osseuse sous-sinusienne. Il unitaires sont présentes sur 17 et 47. Une
raisonnée d’un
édentement postérieur existe aujourd’hui de nombreuses techniques prothèse scellée plurale remplace la 36. Le
maxillaire. À propos d’un d’augmentation osseuse (élévation du plan- parodonte est épais et quelques récessions
cas clinique. CLINIC 2021;
42(408-409):1049-1058. cher sinusien par voie crestale ou latérale, gingivales sont notées. Le sondage paro-
régénération osseuse guidée, greffe d’appo- dontal révèle uniquement l’existence d’une
sition…) afin d’obtenir un volume osseux com- poche de plus de 6 mm sur la 25. Cette dent
patible avec l’insertion d’implants permettant présente par ailleurs une mobilité III.
de mettre en œuvre le projet prothétique sou- Les examens radiographiques montrent une
haité. lésion inflammatoire péri-radiculaire d’origine
Comme dans toutes les régions concernées endodontique sur la 25 ne permettant pas de
par une implantation, la gestion des tissus la conserver. Cette dent est extraite et le patient
mous s’avère essentielle car la présence de est examiné de nouveau 4 mois plus tard.
tissu kératinisé conditionnera l’efficacité de À ce stade, le patient présente une bonne san-
la prophylaxie quotidienne, nécessaire au té parodontale en rapport avec un contrôle
contrôle bactérien une fois les prothèses de plaque satisfaisant. Il ne présente pas de
réalisées. lésion carieuse ni de foyer infectieux.

CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058 1049


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

1 2

3a 3b
© IS MEDIA 2021

Figure 1 Vue intra-orale de l’édentement dans le secteur 2 après l’extraction de la 25.


Figure 2 Orthopantomogramme de la situation clinique initiale.
Figure 3 Vue occlusale (a) et sagittale (b) du projet prothétique.

L’espace prothétique présent au niveau du faible hauteur osseuse sous-sinusienne, néces-


secteur édenté est important, en rapport sitant un aménagement à ce niveau préalable
avec une forte résorption verticale (figure 1). à l’implantation, et un défaut osseux horizontal
L’examen de l’orthopantomogramme laisse au niveau du site d’extraction de la 25.
deviner une faible hauteur osseuse sous-­ Compte tenu de la nécessité d’une recons-
sinusienne (figure 2). Une faible quantité de truction osseuse sous-sinusienne, un bilan
tissu kératinisé est présente sur le versant pré-­opératoire spécifique est réalisé.
vestibulaire de la crête édentée. L’interrogatoire spécifique et l’analyse radio-
Par ailleurs, l’étude de l’occlusion montre un gui- graphique ont pour objectif d’éliminer une
dage canin lors des diductions gauche et droite. contre-indication à l’élévation sinusienne et
Dans un premier temps, un projet prothétique d’évaluer le risque de complications per ainsi
est élaboré à l’aide d’un montage directeur que post-opératoires. En effet, les complica-
par cire ajoutée de diagnostic obtenu après tions infectieuses post-opératoires sont prin-
montage en articulateur des modèles d’étude cipalement dues à une infection du biomaté-
(figure 3). Les axes des dents prothétiques riau de comblement suite à une perforation
guideront le positionnement des implants. per-opératoire de la muqueuse sinusienne ou
Ces modèles sont numérisés afin d’obtenir un à une exacerbation d’une pathologie inflam-
fichier STL. matoire sinusienne sous-jacente [1].
Un guide radiologique est également issu de De fait, l’analyse spécifique de l’état de santé
ce montage et permet de réaliser un examen des sinus maxillaires est incontournable avant
tomodensitométrique dans le but d’évaluer la d’envisager une intervention pré-implantaire
compatibilité du volume osseux avec le projet pour évaluer le risque de complications post-­
prothétique. Son analyse met en évidence une opératoires [2, 3].

1050 CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

La SFORL recommande de rechercher systé- Le patient est informé du plan de traitement


matiquement par l’interrogatoire une patho- implanto-prothétique, des risques, avantages
logie sinusienne [4]. L’évaluation de conditions et contraintes qu’il comporte et un consente-
pathologiques du sinus maxillaire passe par ment éclairé est signé.
un interrogatoire orienté ORL [5] qui permet
de préciser la présence d’un ou de plusieurs AMÉNAGEMENT OSSEUX DU SITE
symptômes associés à une possible pathologie D’IMPLANTATION POSTÉRIEURE
naso-sinusienne. De nombreuses classifications ont été pro-
Puis, l’analyse de la radio-anatomie des sinus posées afin de distinguer les anatomies sinu-
permet de mettre en exergue des facteurs de siennes en fonction des niveaux de résorption
risque locaux de complications per et post-­ osseuse et de pneumatisation. Ces classifica-
opératoires. tions, de l’historique de Misch en 1987 [6] aux
Il est recommandé par la SFORL de réaliser plus récentes comme celle de Antoun et al. [7],
une imagerie tridimensionnelle (CBCT ou TDM) suivent l’évolution des techniques chirurgicales.
pour le dépistage d’une pathologie du sinus Celle de Misch [6], fréquemment citée, est fon-
maxillaire lors du bilan pré-implantaire [4]. dée sur le degré de résorption du maxillaire
L’analyse radiographique doit rechercher postérieur. En 1999, le même auteur y associe
de nombreux éléments dont la perméa- la largeur osseuse sous-sinusienne, précisant
bilité de la région infundibulo-méatique, ainsi les délais de cicatrisation, et propose dif-
l’hypertrophie de la muqueuse sinusienne, férentes options thérapeutiques en fonction de
© IS MEDIA 2021

les variantes anatomiques de confinement l’anatomie sinusienne [8].


(déviation du septum nasal, concha bullosa, D’autres classifications morphologiques ont
cellules de Haller, pneumatisation de pro- été proposées et sont souvent associées à des
cessus unciforme), l’épaisseur de la paroi solutions thérapeutiques en fonction du niveau
antéro-latérale, la largeur du sinus, le trajet évalué de résorption osseuse [9-12].
de l’artère alvéolo-antrale et, enfin, la pré- En 2008, Wang et Katranji proposent une clas-
sence de septa. sification ABC [13] (tableau 1). Elle considère le
Celle-ci ne révèle pas pour notre patient de degré de résorption par rapport à la jonction
facteurs de risque locaux de complication et émail/cément des dents adjacentes à l’éden-
le patient ne présente pas de pathologie
naso-sinusienne. Tableau 1. Classification ABC et indications thérapeutiques
En résumé, la demande du patient concerne (d’après Wang et Katranji [13]).
le traitement d’un édentement unilatéral pos- Procédure chirurgicale
Classe Immédiate/Différée
térieur maxillaire (classe II de Kennedy). Ses recommandée
attentes sont essentiellement fonctionnelles et A Mise en place de l’implant Immédiate
il souhaite bénéficier d’une prothèse fixée. B Ostéotomie Immédiate
Après l’analyse clinique et radiologique, un
B-h Ostéotomie et expansion osseuse Immédiate
comblement sinusien, un aménagement mu-
ROG/Greffe d’apposition Différée
queux et une prothèse transvissée implanto-­
B-v ROG puis ostéotomie Différée
portée sont proposés au patient.
Le plan de traitement accepté par le patient B-c ROG et/ou greffe d’apposition Différée
puis ostéotomie
se compose :
– d’un comblement osseux sinusien par voie C Élévation sinusienne par voie Immédiate si stabilité primaire
latérale (EVL) Différée si absence de stabilité
latérale ;
primaire
– de la pose différée de 3 implants enfouis
6 mois après comblement ; C-h EVL et ROG/greffe d’apposition Différée
– d’un aménagement muqueux lors de la mise C-v EVL et ROG suivies d’une greffe Différée
d’apposition si indiquée
en fonction des implants ;
– de la réalisation de 3 couronnes transvissées C-c EVL et ROG suivies d’une greffe Différée
d’apposition si indiquée
solidarisées.

CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058 1051


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

4 5

tement ainsi que la hauteur et la largeur os- osseuse guidée ou à une greffe d’apposition,
seuses sous-sinusiennes : en fonction toujours de la présence ou non de
– la classe A se caractérise par un os en défaut osseux horizontal.
quantité abondante, soit au moins 10 mm de D’autres modalités thérapeutiques en termes
hauteur osseuse sous-sinusienne et au moins d’amélioration du volume osseux sont possibles.
5 mm de largeur osseuse, permettant une La distraction alvéolaire, introduite en chirurgie
implantation simple ; orale et maxillo-faciale par Mc Carthy et al.
– la classe B correspond à un os en quantité à en 1992 [17], permet un accroissement vertical
peine suffisante, soit 6 à 9 mm de hauteur os- des tissus durs et mous [18, 19]. De même, les
seuse sous-sinusienne. Trois sous-catégories sont greffes d’apposition (os autogène ou allogé-
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distinguées dans cette classe en fonction de la nique) permettent un gain osseux horizontal
présence de défauts verticaux et/ou horizontaux ; d’environ 4 à 6 mm [20].
– la classe C correspond à une faible quantité Pour Khouly et Veitz-Keenan [21] comme pour
d’os, soit une hauteur osseuse inférieure ou Esposito et al. [22], il n’y a pas de preuve scien-
égale à 5 mm. Comme la classe B, elle peut tifique quant à la supériorité de l’élévation
être divisée en 3 sous-catégories. sinusienne sur l’utilisation des implants courts
Pour chaque classe, les auteurs proposent des lorsque la hauteur d’os résiduelle est comprise
indications de thérapeutiques chirurgicales. entre 4 et 9 mm. Ils soulignent que le risque de
Les édentements de classe B sont traités par complications est plus élevé dans le cas des
des comblements sinusiens par abord crestal, élévations du plancher sinusien.
associés ou non à des régénérations osseuses Dans la situation clinique présente, l’analyse
guidées ou à des greffes d’apposition suivant des coupes CBCT montre une hauteur osseuse
la présence ou non de défauts osseux horizon- sous-sinusienne de 2 mm au niveau des sites
taux. Ceci est à rapprocher de la description de implantaires de 26 et 27. Les ostiums sont
la technique d’élévation du bas fond sinusien perméables.
par voie crestale proposée par Summers en Le volume osseux correspond à une option 4
1994 [14, 15]. Pour ce dernier, quand la hauteur selon Misch et à une classe C suivant la classi-
osseuse initiale sous-sinusienne est supérieure fication de Wang et Katranji. Il est donc indiqué
ou égale à 5 mm, le protocole décrit permet de réaliser une reconstruction osseuse préala-
de condenser l’os, de l’impacter, de soulever blement à la pose des implants en réalisant la
la membrane sinusienne et d’insérer immé- technique de comblement sinusien par abord
diatement des implants. Cette technique rend latéral.
le contrôle et la gestion d’une perforation très Suivant les recommandations de bonnes pra-
difficiles. Dans les conclusions de leur revue de tiques de la SFCO [23], le patient, bien que trai-
la littérature, Starch-Jensen et al. situent à plus té par antiagrégant plaquettaire, ne présente
de 5 mm la limite de l’indication de l’élévation pas de contre-indications absolues aux chirur-
par voie trans-crestale [16]. gies implantaires et pré-implantaires (risque A
Les sites anatomiques de classe C sont trai- d’endocardite infectieuse, irradiation, radio-
tés par des élévations sinusiennes par voie thérapie oro-faciale en fonction des champs
latérale, associés ou non à une régénération d’irradiation et de la dose reçue, traitements

1052 CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

Figure 4 Réalisation d’une fenêtre latérale


d’accès au sinus.
Figure 5 Membrane sinusienne décollée.
Figure 6 Comblement à l’aide d’hydroxyapatite
d’origine bovine (Bio-Oss, Geistlich).
6 7 Figure 7 Mise en place d’une membrane résorbable
avant fermeture du site (Bio-Guide, Geistlich).

anti-résorptifs osseux dans le cadre de pa- matoire post-opérationnelle. Ainsi Delilbasi et


thologies malignes, hémopathies, immuno- Gurler rapportent une réduction significative de
dépression sévère, troubles comportementaux l’œdème et de la douleur post-opératoire chez
sévères) [4]. En accord avec son cardiologue les patients opérés par piézochirurgie [26].
et selon les recommandations, son traitement Après mobilisation, la fenêtre osseuse est dé-
devra être maintenu au cours des différentes tachée et supprimée suivant les recomman-
étapes chirurgicales, le risque thrombotique dations de Jordi et al. La membrane sinusienne
étant supérieur au risque hémorragique [24]. est soulevée délicatement, afin d’éviter une
Une anesthésie locale par injection rétro-tubé- perforation, à l’aide d’une série de curettes,
rositaire, para-apicale et palatine (Septanest, d’abord fines à bout tranchant puis larges
© IS MEDIA 2021

articaïne adrénaline 1/100 000) a été effectuée. et enfin larges légèrement courbées pour
Un lambeau de pleine épaisseur est réalisé éloigner complètement la membrane en
grâce à une incision crestale et intra-sulculaire douceur. Elles doivent rester en permanence
suivie de deux incisions de décharge mésiale avec le contact osseux, la partie convexe de
et distale à l’aide d’une lame 15. L’incision de la curette étant dirigée vers la muqueuse
décharge mésiale est effectuée à distance du sinusienne (figure 5).
foramen infra-orbitaire et offre un accès au site Une fois la membrane décollée, son intégrité
nécessitant une régénération osseuse guidée. est contrôlée visuellement.
Ensuite, un décollement muco-périosté à Le comblement est effectué en associant l’os
l’aide d’un décolleur de Molt permet d’offrir un autogène du volet osseux broyé à des parti-
accès à la paroi latérale du sinus. Ce lambeau cules d’hydroxyapatite d’origine bovine (Bio-Oss
d’accès de forme trapézoïdale permet une 1 g, Geistlich) préalablement réhydratées avec
bonne visibilité du site et une laxité suffisante du sang local. À noter que, en cas de perfo-
pour le repositionner en fin d’intervention. ration moyenne de la membrane sinusienne
Une fenêtre osseuse est réalisée à l’aide d’un (< 10 mm), une membrane de PRF peut être
piézotome (Satelec), la taille de cette fenêtre utilisée pour la combler [27].
étant dictée par le nombre de dents à rempla- La méta analyse de Starch-Jensen et al. [16],
cer (figure 4). L’ostéotomie s’effectue délica- publiée en 2018, rapporte des taux de survie
tement jusqu’à l’apparition par transparence implantaire équivalents après des comblements
du sinus, grâce à un insert à bout émoussé et sinusiens par de l’hydroxyapatite bovine ou de
surface diamantée (Insert SL1, Actéon). l’os autogène. Par ailleurs, Caneva et al. [28]
L’utilisation de la piézochirurgie présente plu- ont montré le potentiel ostéo-conducteur des
sieurs avantages par rapport à l’instrumen- particules d’hydroxyapatite et leur capacité à
tation rotative conventionnelle. Jordi et al. ont maintenir l’espace sous-sinusien.
montré que le risque de perforation de la La cavité est comblée sans surpression dans les
membrane de Schneider était significativement différentes directions (figure 6). Une membrane
réduit par cette approche [25]. Par ailleurs, la de collagène résorbable (Bio-Gide, Geistlich)
précision de coupe permet la réalisation de est ensuite positionnée sur le site de la fenêtre
tranchées fines, offrant ainsi une économie tis- pour éviter la migration du biomatériau et per-
sulaire et une atténuation de la phase inflam- mettre la néoformation osseuse [29] (figure 7).

CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058 1053


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

pendant 6/8 semaines, mouchage sans pin-


cer les narines ; éternuement bouche ouverte ;
pas de manœuvre de Valsalva (notamment en
avion) ; pas de plongée sous-marine.
Un contrôle de la cicatrisation est effectué
8 2 semaines après l’intervention. Les tissus ont
cicatrisé sans complication et les fils sont dé-
posés. Le patient signale un hématome cutané
diffus du côté gauche, suite potentielle dont il
avait été averti (figure 8).

PLANIFICATION IMPLANTAIRE
ET MISE EN PLACE DES IMPLANTS
Un examen tomographique par cone beam
réalisé à 6 mois post-opératoires montre
un comblement dense et bien délimité ain-
9a si qu’une cicatrisation complète du site. Pour
optimiser la chirurgie implantaire, une planifi-
cation et un guide chirurgical sont réalisés. Les
fichiers issus de la numérisation du modèle
© IS MEDIA 2021

d’étude maxillaire associé aux cires ajoutées


de diagnostic ayant déterminé le projet pro-
thétique (fichiers au format STL) sont superpo-
sés aux données du CBCT (fichier au format
DICOM) via le logiciel Simplant (Dentsply).
9b 9c 9d Les implants sont virtuellement placés suivant
leur positionnement tridimensionnel optimal
Figure 8 Orthopantomogramme de contrôle post-opératoire. en fonction de ce projet prothétique (figure 9).
Figure 9 Projet implantaire (a) en site de 25 (b), 26 (c) et 27 (d) Un guide d’insertion implantaire de premier
(Simplant, Dentsply). forage est alors conçu en fonction de la situa-
tion implantaire projetée. La simplicité du cas
permet d’utiliser ce type de guidage.
D’autres auteurs, comme Barone et al. [30] Des implants Astra EV (Dentsply) (dimensions
en 2013 et Suarez-Lopez et al. [31] en 2015, 4,2/12 et 4,8/10) ont été retenus.
ont montré que l’utilisation de la membrane Après une anesthésie locale para-apicale et
n’augmentait pas substantiellement la quan- un rappel palatin (Septanest, articaïne adré-
tité d’os vital sur une période de 6 mois. En naline 1/100 000), un lambeau est levé après
revanche, l’utilisation de membrane semble une incision crestale légèrement déportée en
réduire la prolifération du tissu conjonctif et le palatin et une incision intra-sulculaire éten-
taux de résorption du greffon. due jusqu’en mésial de la 24 pour permettre la
Le lambeau est repositionné afin d’obtenir une laxité tissulaire (figure 10).
fermeture des berges sans tension, puis des su- Le guide chirurgical permet de positionner les
tures discontinues avec du fil 5.0 sont effectuées implants conformément à la planification, en
dans le but d’obtenir une cicatrisation de pre- adéquation avec le projet prothétique validé
mière intention. L’hémostase est contrôlée et le initialement. Une séquence classique de fo-
patient reçoit une prescription post-opératoire rage est suivie, le parallélisme des 3 implants
accompagnée des recommandations classiques étant contrôlé à chaque forage grâce aux in-
en termes de contrôle du saignement, d’hygiène dicateurs de direction (figures 11 et 12).
post-opératoire et d’alimentation : amoxicilline/ Les implants sont mis en place (figure 13)
acide clavulanique 2 g/jour pendant 7 jours ; et enfouis avec leurs vis de couverture [32]

1054 CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

(figure 14). Le site est suturé et une prescription


post-­opératoire comportant des antalgiques et
un bain de bouche antiseptique est remise au
patient.

10
PROCÉDURE CHIRURGICALE
D’AMÉNAGEMENT MUQUEUX
Dans le but de favoriser les conditions de la
pérennité implantaire à long terme [33], il s’avère
également primordial d’évaluer la nécessité
d’un aménagement muqueux péri-implantaire.
En effet les maladies péri-implantaires sont de
plus en plus fréquentes. Longtemps objet de
controverses et de discussions dans la littérature,
de nombreuses études montrent aujourd’hui 11a
que la présence de tissu kératinisé contribue
à la protection de l’os sous-jacent et donc à la
pérennité implantaire [33, 34]. La conférence de
consensus de Chicago en 2017 [35] a établi une
nouvelle classification des maladies parodon-
© IS MEDIA 2021

tales à laquelle est associée une classification


des pathologies péri-implantaires : la muco-
11b
site [36] et la péri-implantite [37].
La muqueuse péri-implantaire se différencie
anatomiquement du tissu parodontal, ne lui
permettant pas une défense équivalente face
à l’agression bactérienne. En effet, l’absence de
cément entraîne une orientation des fibres de
collagène parallèle à implant et non perpendi-
culaire comme c’est le cas autour d’une dent. Le
tissu conjonctif autour de l’implant est très peu
12
vascularisé [38] et semblable histologiquement
à un tissu cicatriciel riche en fibre de collagène
et pauvre en fibroblastes [39]. Ces éléments
Figure 10
permettent de comprendre que l’environne- Lambeau d’accès
ment péri-implantaire sera moins résistant aux en secteur 2.
agressions mécaniques et bactériennes, les tis- Figure 11
sus étant davantage perméables au passage Guide chirurgical
des bactéries et à la diffusion de l’inflammation. en place (a)
et contrôle du
Les publications de Brito et al. [40], Souza parallélisme des
et al. [41] et Roccuzzo et al. [42] ont évalué l’in- 13 forages réalisés (b).
térêt de la présence de tissu kératinisé sur la Figure 12
santé péri-implantaire. En termes de hauteur Vue occlusale des
du tissu kératinisé, Berdlungh et al. [39] rap- forages réalisés.
portent qu’un minimum de 2 mm permet une Figure 13
Mise en place
diminution significative des indices cliniques
des implants.
de l’inflammation tissulaire. Ceci favorise le
Figure 14
confort au brossage permettant un contrôle Vis de couverture en
de plaque efficace, indispensable à la santé 14 place avant fermeture
des tissus péri-implantaires [41-43]. du site opératoire.

CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058 1055


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

15 16 17

Figure 15 Lambeau récliné et mise en place


des piliers de cicatrisation. Notez le site
du prélèvement palatin du greffon.
Figure 16 Le greffon conjonctif est prélevé
en fonction de la taille du patron ou
gabarit préalablement réalisé.
Figure 17 Mise en place du greffon
en vestibulaire de l’implant 25.
Figure 18 Fermeture du site opératoire.
18
© IS MEDIA 2021

Concernant l’épaisseur des tissus gingivaux, épithélio-conjonctif desépithélialisé secon-


le consensus de Chicago considère la limite dairement. Cette dernière solution ne permet
entre un biotype fin et épais à 2 mm. Il souligne pas une cicatrisation de première intention
qu’un biotype fin est plus à risque d’entraîner au niveau du site donneur et occasionne une
une perte osseuse marginale [35]. L’évaluation morbidité plus importante [45].
de l’épaisseur fine ou épaisse peut être égale- Selon Bassetti et al. [46], dans une situation où
ment effectuée en objectivant ou non la visi- le tissu kératinisé est présent sur une hauteur
bilité de l’extrémité de la sonde au travers des supérieure à 2 mm au niveau de la crête mais
tissus péri-implantaires sondés. s’avère en quantité insuffisante en vestibulaire
Dans une situation où le tissu kératinisé est en des implants, une intervention par lambeau en
faible quantité ou absent, il est possible d’in- épaisseur partielle déplacé apicalement serait
tervenir soit dans une phase pré-implantaire indiquée [46, 47].
du traitement, soit au deuxième temps de la Dans le cas clinique présenté ici, le sondage et
thérapeutique chirurgicale implantaire. Dans l’évaluation de la quantité de tissu kératinisé ont
cette dernière situation, différentes options conduit à privilégier une greffe par conjonctif
sont possibles : enfoui.
– dans une situation caractérisée par un À 4 mois post-opératoire, le deuxième temps
manque de hauteur et d’épaisseur de tissu chirurgical est réalisé avec pour objectifs d’aug-
kératinisé, un prélèvement épithélio-conjonctif menter la quantité de tissu kératinisé autour
est indiqué [32] ; de 24, 26 et 27, présentant une épaisseur et une
– si la hauteur de tissu kératinisé est supé- hauteur de tissu kératinisé supérieures à 2 mm,
rieure à 2 mm mais si son épaisseur est trop et de mettre en place simultanément les piliers
faible, il est classique de réaliser une greffe de cicatrisation.
de conjonctif enfoui. Du tissu conjonctif est Après anesthésie para-apicale et rappel pala-
prélevé sur un site donneur, ajusté puis sutu- tin (Septonest, articaïne adrénaline 1/100 000),
ré sur un site receveur. Différentes méthodes une première incision est effectuée en lingual
ont été décrites [44] en fonction des modalités du secteur 2 à l’aide d’une lame de micro-­
de prélèvement du greffon, soit conjonctif, soit chirurgie (BB363R, Aesculap) perpendicu-

1056 CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

lairement au grand axe des dents et jusqu’au


contact osseux.
La deuxième incision est pratiquée parallèle-
ment à la couche épithéliale afin de la séparer
de la couche conjonctive et la troisième paral-
lèlement à la précédente pour isoler le greffon
du plan profond.
Le greffon est ainsi prélevé et placé sur une 19a 19b
compresse imbibée de sérum physiologique.
Le site de prélèvement est suturé, permettant Figure 19 Réalisation
des prothèses 25,
ainsi une cicatrisation de première intention et
26, 27 solidarisées
des suites opératoires minorées en comparai- et transvissées à
son d’un prélèvement épithélio-conjonctif. l’état de biscuit sur le
Sur le site implantaire, une incision crestale modèle de travail (a)
et glacées (b).
déportée en palatin est réalisée pour déplacer
Figure 20 Vue occlusale
un maximum de tissu kératinisé en vestibu- 20
des prothèses
laire. Les vis de couverture sont ainsi exposées transvissées, puits
et remplacées par les piliers de cicatrisa- occlusaux obturés.
tion adaptés (figure 15). Le greffon de tissu Figure 21 Vue latérale de
conjonctif, redimensionné grâce à un patron la prothèse en occlusion.
© IS MEDIA 2021

en papier préalablement réalisé (figure 16), Figure 22 Contrôle


est positionné en vestibulaire de l’implant de l’accessibilité des
brossettes interdentaires
de 24, plaqué puis suturé à l’aide de fil 6.0 et de l’efficacité de
(Ethicon, monocryl) (figure 17) en complément la prophylaxie.
de la fermeture du lambeau (figure 18). 21
Des antalgiques et des bains de bouches
antiseptiques sont prescrits au patient et les
fils sont déposés 2 semaines plus tard après
un contrôle de cicatrisation satisfaisant.

MISE EN PLACE DES


PROTHÈSES TRANSVISSÉES
À 4 mois post-insertion des implants, soit
6 semaines après la phase d’aménagement 22
muqueux, l’empreinte de situation implan-
taire est effectuée et les différentes étapes
prothétiques sont classiquement réalisées. CONCLUSION
Les couronnes solidarisées et transvissées, réali- Le succès des reconstructions osseuses et tis-
sées par CFAO (figure 19), sont mises en place et sulaires maxillaires nécessite de connaître les
serrées au torque recommandé (25 N.cm) [48]. caractéristiques biologiques de la cicatrisa-
Un ruban de PTFE (Téflon) est compacté au tion osseuse et du comportement des tissus
fond du puits de vissage et une résine com- péri-implantaires ainsi que les indications des
posite photopolymérisable permet d’obturer différentes techniques chirurgicales d’amé-
la partie supérieure de celui-ci (figure 20). nagement des tissus de soutien. Un examen
Les contacts occlusaux et interproximaux clinique attentif et une étude pré-implantaire
au niveau de 15 sont vérifiés (figure 21). Les précise du cas traité permettent de proposer
conseils d’usage des instruments d’hygiène des modalités chirurgicales adaptées, assu-
(brossettes interdentaires) sont dispensés et rant l’intégration des implants dans un envi-
l’efficacité de la prophylaxie effectuée par le ronnement tissulaire favorable à la pérennité
patient vérifiée (figure 22). du traitement implanto-prothétique.

CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058 1057


CHIRURGIE
IMPLANTAIRE

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© IS MEDIA 2021

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1058 CLINIC 2021;42(408-409):1049-1058


SYNERGIE
IMPLANT PROTHÈSE

FLUX NUMÉRIQUE COMPLET AU SERVICE


DE LA MISE EN CHARGE IMMÉDIATE
UN ATOUT DANS LE CADRE DES RÉHABILITATIONS GLOBALES IMPLANTO-PORTÉES

AUTEURS RÉSUMÉ
L’intégration des données cliniques, cinématiques et radiologiques sous la forme d’un flux numérique
Frédéric CHAMIEH de travail permet, en utilisant les logiciels pertinents, de concevoir un projet prothétique,
DUCCIA, DUAPIC, EFP, de le valider avec le patient puis de planifier les étapes thérapeutiques.
Université de Paris. La conception virtuelle des guides de préparation osseuse, d’insertion implantaire et des prothèses
Exercice libéral exclusif,
Chartres.
transitoires associées puis leur réalisation par impression ou usinage permet de mettre en œuvre
le traitement pour atteindre l’objectif thérapeutique planifié de manière prédictible.
Ahmed RABIEY Cet article illustre l’intérêt esthétique et fonctionnel de l’utilisation d’un flux numérique de travail cohérent
DUCICP, dans une thérapeutique implanto-prothétique par extraction et mise en charge immédiate
Université de Paris. d’une prothèse complète transvissée au maxillaire.
Exercice libéral, Chartres.
© IS MEDIA 2021

Olivier FROMENTIN
PU-PH,

L
Responsable du DUCICP,
Labo URB2i,
Université de Paris, ’édentement total fait partie des 25 han- planification prothétique adaptée puis validée
Hôpital Rothschild (AP-HP). dicaps avec lesquels les individus vivent le cliniquement par le patient permet ainsi de
plus longtemps tout en altérant la qualité guider la chirurgie et d’optimiser les résultats
Lien d’intérêts
Les auteurs déclarent de vie d’un point de vue fonctionnel mais de la thérapeutique, notamment en prothèse
n’avoir aucun lien également psychologique [1]. complète [9]. Les outils numériques peuvent
d’intérêts.
Comme le souligne une abondante littérature faciliter la communication entre les différents
Référencement en rapport avec l’évaluation subjective du acteurs du traitement [10].
bibliographique résultat thérapeutique (ou Patient Reported Cet article décrit le flux de travail numérique
Chamieh F, Rabiey A,
Fromentin O. Flux Outcome Measures), les reconstructions pro- d’une reconstruction maxillaire atrophiée au
numérique complet au thétiques complètes implanto-portées amé- travers d’un cas clinique fortement résorbé
service de la mise en
charge immédiate. Un liorent considérablement la qualité de vie ainsi correspondant à un stade V de la classifica-
atout dans le cadre des que la satisfaction des patients traités [2-4]. tion de Cawood et Howell [11].
réhabilitations globales
implanto-portées. Néanmoins, les protocoles conventionnels
CLINIC 2021; de traitement imposent des périodes post-­ OBJECTIF THÉRAPEUTIQUE
42(408-409):1059-1065.
opératoires inconfortables de longue durée. Mme B. se présente à la consultation avec une
Le parcours de soins des édentés a été gran- demande esthétique et fonctionnelle suite à
dement amélioré par les techniques de mise des pertes dentaires multiples non compen-
en charge immédiate [5, 6]. Le taux de survie sées. La patiente de 71 ans se révèle être en
implantaire est par ailleurs équivalent à ce- bonne santé générale (ASA1), non fumeuse,
lui des implants utilisés selon des protocoles sans traitement chronique ni antécédents
plus conventionnels [7] avec, de plus, des ni- médico-­chirurgicaux.
veaux des résorption péri-implantaire moins L’examen exo-buccal montre une perte de
importants [8]. La réussite des thérapeutiques dimension verticale d’occlusion (DVO) associée
ayant recours à la mise en charge immédiate à un profil convexe et une biprochélie avec
repose en grande partie sur une communica- éversion de la lèvre inférieure (figure 1).
tion précise entre le patient, le praticien pro- À l’examen endobuccal, le sondage parodon-
thésiste, le prothésiste et le chirurgien. Une tal révèle une parodontite généralisée (stade 4

CLINIC 2021;42(408-409):1059-1065 1059


SYNERGIE
IMPLANT PROTHÈSE

grade A) [12] caractérisée par des pertes d’at-


taches supérieures ou égales à 5 mm, une al-
véolyse au niveau radiographique supérieure
à 50 % de la hauteur radiculaire, des pertes
dentaires en raison de la maladie parodontale
et des migrations dentaires secondaires.
L’analyse orthognatique cranio-faciale issue de
la téléradiographie de profil confirme l’absence
de décalage des bases osseuses (classe II
squelettique) mais révèle une biproalvéolie
aggravée par une forte vestibulo-version des
dents antérieures conséquente aux pertes den-
taires non compensées ainsi qu’à une dégluti-
Figure 1 1
tion dysfonctionnelle et une hypotonie labiale.
Situation initiale.
© IS MEDIA 2021

Figure 2
Orthopantomogramme
et analyse
céphalométrique de la
situation clinique initiale.

1060 CLINIC 2021;42(408-409):1059-1065


SYNERGIE
IMPLANT PROTHÈSE

Le pronostic dentaire général est mauvais [13] et


la conservation des dents résiduelles n’est donc
pas retenue (figure 2).
Différentes options thérapeutiques ont été
évoquées avec la patiente. La solution de pro-
thèse amovible complète n’a pas été retenue
suite à des échecs précédents de traitement
3a 3b
par prothèse amovible partielle. Des solutions
par prothèse stabilisée ou prothèse fixée ont Figure 3
été discutées. Acquisition numérique
Le recours à la mise en place de 4 implants ainsi de la situation
que le coût général du traitement ont orienté la clinique initiale :
empreinte optique (a),
patiente vers le choix d’une solution implanto-­ scanner facial (b),
prothétique fixée. En effet, la prothèse complète enregistrements
maxillaire stabilisée sur implants non solidari- fonctionnels dynamiques
sés ne fait pas encore partie des données ac- Modjaw® (c), CBCT (d).
quises de la science. Par ailleurs, la littérature
révèle des taux de survie et de succès améliorés 3c
lorsque 4 implants solidarisés sont positionnés
au niveau du prémaxillaire [14], et ceci notam-
© IS MEDIA 2021

ment quand ces implants supportent une pro-


thèse fixée transvissée [15].

SÉQUENCE CLINIQUE
Après thérapeutique parodontale initiale et
validation de la maîtrise du contrôle de plaque,
toutes les données cliniques nécessaires à la
planification du cas ont été recueillies directe-
ment de manière numérique.
Pour cela, des empreintes optiques des ar-
cades dentaires, un scanner facial à l’aide de
Bellus3D Pro®, un enregistrement numérique
de la cinématique mandibulaire par le dis-
positif Modjaw®, une tomographie à faisceau
3d
conique (CBCT) (figures 3a à 3d) et, enfin, un
bilan photographique complet ont été effec-
tués. Après enregistrement des différents fi-
chiers, ce protocole permet une virtualisation
des caractéristiques essentielles, statiques et
dynamiques, de la situation clinique et facilite
la manipulation simultanée des données dans
un flux numérique de travail cohérent.
Afin de proposer un projet prothétique esthé-
tique pour la patiente, une simulation du sourire
est réalisée à l’aide du logiciel Smilecloud® en se
fondant sur le bilan photographique. Ce logiciel
permet d’établir une préfiguration en 2D d’un Figure 4
Simulation 2D du
sourire construit autour de règles de normalité
projet esthétique
esthétique sans tenir compte des contraintes 4 à l’aide du logiciel
chirurgicales ou anatomiques (figure 4). Smilecloud®.

CLINIC 2021;42(408-409):1059-1065 1061


SYNERGIE
IMPLANT PROTHÈSE

Ce projet servira de base pour modéliser un menter la DVO de 5 mm en prenant comme


projet prothétique maxillaire en 3D qui per- référence l’enregistrement de la relation cen-
mettra de positionner virtuellement puis de trée, correspondant à une rotation pure des
valider cliniquement le futur plan d’occlusion. condyles selon l’axe charnière (figure 5). La
À partir de cette position planifiée, les futurs maquette esthétique et fonctionnelle imprimée
rapports intermaxillaires sont réglés clini- a permis de valider cliniquement l’augmenta-
quement avec une maquette imprimée issue tion envisagée.
des enregistrements fonctionnels obtenus à Une fois l’esthétique et les nouveaux rapports
l’aide du Modjaw®. intermaxillaires validés grâce aux maquettes
Afin d’obtenir un équilibre des étages de la face imprimées, le laboratoire conçoit par CAO le
après validation clinique, il a été décidé d’aug- projet prothétique adapté à la situation clinique
à partir de la superposition des différents fichiers
obtenus dans le logiciel Exocad®. Les données
du scanner facial et de l’arcade maxillaire sont
superposées par une technique d’indexation de
points communs dans le logiciel Bellus 3D Pro®.
Le rapport intermaxillaire, fixé à la DVO aug-
mentée de 5 mm, est importé depuis le logiciel
Modjaw® (figure 6) vers Exocad.
Après extraction virtuelle des dents, le projet
© IS MEDIA 2021

Figure 5
prothétique correspondra, au maxillaire, à la
Augmentation numérique
de la dimension verticale planification virtuelle du sourire et sera fonc-
d’occlusion de 5 mm sur 5 tionnalisé à l’aide des enregistrements Mo-
le trajet de la relation djaw®. Néanmoins, la cinématique mandibu-
centrée enregistré à l’aide
laire de la patiente n’est pas réutilisable en
du dispositif Modjaw®.
l’état car elle n’est que la représentation d’une
Figure 6
Superposition des fichiers cinématique limitée à quelques mouvements
obtenus et wax up virtuel d’une amplitude contrôlée. Il s’avère donc né-
dans la nouvelle DVO. cessaire d’effectuer une mise en articulateur
Figure 7 virtuel personnalisé en reprenant les données
Montage en articulateur anatomiques axiographiques enregistrées à
virtuel respectant les
données axiographiques l’aide du dispositif Modjaw® (angle de Bennett,
issues de l’enregistrement pente condylienne et distance du modèle par
dynamique effectué rapport à l’axe charnière) afin d’obtenir une
à l’aide du dispositif simulation de la future cinématique mandi-
6
Modjaw®.
bulaire la plus précise possible permettant de
réaliser un projet prothétique dont le schéma
occlusal retenu doit permettre une occlusion
dite bilatéralement équilibrée (figure 7).
La confrontation du projet prothétique plani-
fié sur plan esthétique ainsi que fonctionnel
et des volumes osseux révèle qu’une résec-
tion osseuse sera nécessaire au maxillaire et
à la mandibule dans le but de masquer les
lignes de transition prothétiques par rapport à
la ligne du sourire (figure 8). À ce stade, il est
décidé de réaliser en premier lieu l’extraction
des dents maxillaires résiduelles puis la pose
7
de 4 implants maxillaire combinés à une mise
en charge immédiate et à une temporisation

1062 CLINIC 2021;42(408-409):1059-1065


SYNERGIE
IMPLANT PROTHÈSE

par prothèse amovible résine à la mandibule


avec coronoplastie de 45 et 35. Figure 8
Confrontation entre
La planification implantaire est réalisée de façon projet prothétique
à placer les implants selon le projet prothé- et volume osseux
tique conçu conformément au protocole de mettant en évidence
all-on-four décrit par Malo et al. [16-18]. Des 8 l’indication d’une
résection osseuse.
piliers coniques angulés de 17° et 30° ont été
prévus sur la planification implantaire respec-
tivement pour les implants 12, 22 et 15, 25.
Afin de s’assurer un maximum de concordance
entre la planification et la mise en place des
implants, des guides chirurgicaux de résection
osseuse, de forage et de positionnement des
implants sont réalisés ainsi qu’une prothèse
provisoire totalement usinée dans un disque 9a
de PMMA (Zirkonzahn® résine premium), choi-
si pour sa rigidité. Cette prothèse est évidée en
regard des futurs implants.
Le choix de la conception du guide chirurgical
est imposé par la nécessité d’une résection os-
© IS MEDIA 2021

seuse. Pour optimiser la précision chirurgico-­


prothétique et faciliter les étapes de traite-
ment, un guide à appuis osseux avec plusieurs
9b
étages est conçu.
Le premier étage constitue la base, à an-
crage osseux, sur lequel les différents élé-
ments du guide ainsi que la prothèse pourront
être agrégés successivement avec précision
(figures 9a à 9c). Cette base permet égale-
ment une résection osseuse parfaitement dé-
limitée. L’utilisation d’aimants inclus dans cette
base permet d’assurer un bon positionnement
et un maintien efficace des différents éléments
du guide successivement insérés. Une fois les
dents maxillaires extraites puis la résection os-
seuse effectuée, un deuxième élément vient
Figure 9
s’apposer sur la base à ancrage osseux afin Conception et
de guider le protocole de forage et la mise réalisation des
en place des implants. Des marquages spé- différents éléments
cifiques au niveau du guide permettent d’in- 9c du guide chirurgical
à étages.
dexer la position des implants au niveau des
sites de 15 et de 25 pour assurer une mise en
place précise des piliers coniques angulés cor- données du constructeur et des piliers provi-
respondant à la planification. soires non indexés sont ensuite transvissés. La
La stabilité primaire des implants est évaluée prothèse, évidée en regard des piliers provi-
à l’aide d’un dispositif permettant l’analyse de soires en amont de la chirurgie, est alors posi-
fréquence de résonance (Osseo 100, NSK®). Le tionnée sur le premier guide toujours en place,
quotient de stabilité implantaire (ISQ) mesuré puis solidarisée aux piliers provisoires à l’aide
est d’environ 70 unités. Les piliers coniques sont d’une résine chémopolymérisable (Bredent
alors vissés à un torque de 25 N.cm selon les Qu-Resin Dentin®) (figures 10a à 10e).

CLINIC 2021;42(408-409):1059-1065 1063


SYNERGIE
IMPLANT PROTHÈSE

Une fois la prothèse solidarisée aux piliers


provisoires, celle-ci est confiée au prothésiste
pour affiner les profils d’émergence et polir l’in-
trados afin de limiter l’adhésion bactérienne.
Des sutures en U horizontaux permettent
d’immobiliser les tissus au niveau des piliers
coniques. Puis des sutures en croix à l’aide de
10a
fils 6.0 monofilament résorbables autorise une
fermeture des berges en première intention.
Concernant la mandibule, dans la même
séance, les extractions des dents restantes
sont effectuées sans lambeau de manière à
optimiser la stabilité de la prothèse immédiate.
Les prothèses provisoires sont alors insé-
rées et une brève équilibration occlusale
est réalisée, confirmant la cohérence entre
la planification, les étapes de chirurgie gui-
10b dée et l’insertion de la prothèse réalisée
en amont de l’intervention. Les consignes
post-­opératoires sont données à la patiente
© IS MEDIA 2021

en insistant sur la nécessité d’adapter la


consistance des aliments afin de limiter les
contraintes mécaniques sur la reconstruction
implanto-prothétique.
La cicatrisation à 2 semaines montre des tissus
sains et une intégration optimale au niveau du
sourire et du visage de la patiente. Une cicatri-
10c sation de 4 mois est prévue avant d’envisager
une nouvelle intervention d’implantation avec
mise en charge immédiate à la mandibule en
complément de la réalisation de la prothèse
d’usage maxillaire (figure 11).
Dans les cas d’atrophies importantes, comme
dans la situation présente, la situation et l’émer-
gence implantaire s’avèrent fréquemment
palatines. La littérature scientifique rapporte
souvent une morbidité plus ou moins durable
liée à cette situation implantaire palatine des
10d
implants en termes de phonation et parfois de
mastication [14, 15]. Ainsi, une période d’adap-
tation et de compensation est souvent néces-
saire dont la durée dépend de la situation cli-
nique et des capacités d’adaptation du patient
traité [19, 20].
La patiente rapporte, après plusieurs semaines
de port de la prothèse, que la gêne initiale à
la phonation s’est estompée. Les douleurs
post-opératoires ont été supportables et limi-
Figure 10
Étapes cliniques 10e
tées grâce aux antalgiques de palier 2. Aucune
chirurgicales. complication n’a été reportée.

1064 CLINIC 2021;42(408-409):1059-1065


SYNERGIE
IMPLANT PROTHÈSE

Figure 11
Situation clinique
11a 11b 11c après mise en
charge prothétique.

CONCLUSION l’inconvénient du port d’une prothèse provi-


Lors de reconstructions prothétiques com- soire amovible dont la biomécanique se tra-
plètes, le praticien prothésiste a un rôle pré- duit souvent par des contraintes mal maîtri-
pondérant dans la compréhension des at- sées sur la surface d’appui pouvant entraîner
tentes du patient et la planification du projet des résorption osseuses péri-implantaires.
prothétique. Néanmoins, il est important de souligner que,
La mise en charge immédiate, lorsqu’elle est bien que la littérature scientifique ne révèle
indiquée, est un atout majeur facilitant l’ac- pas de différence en termes de taux de survie
ceptation par le patient d’une thérapeutique implantaire [6] par rapport aux techniques
compensant rapidement son édentement to- conventionnelles, un protocole de mise en
tal. La planification implantaire et prothétique charge immédiate nécessite une coopération
facilitée par un flux numérique complet des active du patient dans la préparation du trai-
© IS MEDIA 2021

données cliniques permet l’insertion de pro- tement, les différentes étapes thérapeutiques
thèses supra-implantaires fixées immédiates ainsi que dans la prophylaxie accompagnant
esthétiques et fonctionnelles. Elle pallie ainsi la mise en place prothétique.

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CLINIC 2021;42(408-409):1059-1065 Rejoignez notre groupe Facebook: Livres et Revues Dentaires 1065
BIOMATÉRIAUX

BIOCOMPATIBILITÉ ET MATÉRIAUX
D’ASSEMBLAGE EN PROTHÈSE
SUPRA-IMPLANTAIRE
© IS MEDIA 2021

Pour certains auteurs [5], la péri-implantite


AUTEURS RÉSUMÉ serait essentiellement la conséquence d’une
En prothèse supra-implantaire, le ciment a été réponse immunitaire de l’hôte à une agression
Geoffroy BOISSIÈRE souvent désigné comme un facteur de risque de
DUCICP, la péri-implantite en raison de la possibilité de bactérienne assez similaire à celle des pa-
Université de Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP),
persistance d’excès de matériau dans la région rodontopathies. Néanmoins, l’étiologie serait
Exercice libéral à
transgingivale lors de l’assemblage. multifactorielle [6, 7] et les facteurs de risque
Saint-Didier-au-Mont-d’Or. Après avoir précisé la nature chimique
de différents agents d’assemblage, le but associés multiples. Ainsi, il est possible de ci-
Jean-François N’GUYEN de cet article est de synthétiser les données ter le diabète, le tabagisme, des prédisposi-
MCU-PH, scientifiques et cliniques concernant la
Université de Paris, tions génétiques et l’hygiène bucco-dentaire
biocompatibilité de ces matériaux.
Hôpital Pitié-Salpêtrière insuffisante [8]. D’autres facteurs seraient im-
(AP-HP),
Laboratoire IRCP CNRS pliqués à des degrés divers et, pour ceux-ci,

L
Chimie Paris Tech-PSL. la littérature suggère le terme plus modéré
Olivier FROMENTIN e terme de péri-implantite est apparu d’indicateur de risque. À ce titre, les matériaux
PU-PH,
Responsable du DUCICP, en 1987 dans une publication de d’assemblage utilisés en prothèse supra-im-
Labo URB2i, Mombelli et al. [1]. Depuis, de nom- plantaire contribueraient au déclenchement
Université de Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP). breux travaux se sont attachés à définir de ces phénomènes inflammatoires [9, 10]. Les
et caractériser cette pathologie inflammatoire excès d’agent d’assemblage laissés au sein
Lien d’intérêts qui représente la complication la plus fré- des tissus péri-prothétiques seraient le facteur
Les auteurs déclarent
n’avoir aucun lien d’intérêts. quente concernant l’environnement tissulaire essentiel des péri-implantites (figure 1), leurs
péri-implantaire [2, 3]. retraits entraînant une disparition des signes
Référencement
bibliographique
La récente classification des maladies paro- cliniques de l’inflammation [11].
Boissière G, N’Guyen JF, dontales définit la santé péri-implantaire par Pour Korsch et al. [12], l’utilisation de ciments
Fromentin O.
Biocompatibilité et
l’absence de signes d’inflammation, de sai- résineux ou de matériaux d’assemblage riches
matériaux d’assemblage en gnement, de suppuration, d’évolution de la en polymères méthacryliques serait à l’origine
prothèse supra-implantaire.
CLINIC 2021;
profondeur de sondage et de perte osseuse d’inflammations sévères et de destruction du
42(408-409):1066-1076. après le remodelage physiologique initial [4]. tissu osseux péri-implantaire.

1066 CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076


BIOMATÉRIAUX

Figure 1
Résorption osseuse pathogène (en blanc)
et excès de matériau d’assemblage
visible radiologiquement (en rouge).
Figure 2
Échec implantaire. Présence d’excès de
Ce constat est partagé par Marvin et al. [13] matériau d’assemblage sur une prothèse
et Nehmatoli et al. [14] qui soulignent que la supra-implantaire scellée plurale. Noter
l’architecture prothétique (embrasures et
nature chimique de l’agent d’assemblage
intrados) et la proximité implantaire peu
serait un facteur important dans la problé- favorables à l’élimination des excès d’agent
1
matique du maintien d’excès de matériau de d’assemblage ainsi qu’à une hygiène efficace.
scellement ou de collage dans les tissus gin-
givaux péri-implantaires après assemblage
de la restauration prothétique (figure 2).
D’après Gallegos et al. [15] ou Diemer et al. [16],
la faible biocompatibilité des matériaux utili-
© IS MEDIA 2021

sés serait un inconvénient majeur qui pourrait


contribuer au développement de pathologies
des tissus péri-implantaires.
Dans une enquête réalisée au sein de facultés
dentaires américaines publiée en 2010 [17],
les agents d’assemblage les plus fréquem-
ment utilisés en prothèse supra-implantaire
étaient les ciments verres ionomères modifiés
par adjonction de résine (CVI-MAR). D’autres 2
matériaux comme les ciments oxyde de
zinc-eugénol, les verres ionomères, les résines
de collage ou les ciments phosphate de zinc répondre à un cahier des charges plus com-
ou polycarboxylate de zinc étaient également plet qui doit prendre en compte la biocom-
rapportés dans une moindre mesure. patibilité vis-à-vis des tissus biologiques
Plus récemment, une étude similaire [18] ef- avoisinants.
fectuée dans des écoles dentaires ou des Le but de cet article est de présenter les
hôpitaux publics montre une prépondérance données scientifiques récentes qui peuvent
d’utilisation de CVI-MAR ou de résines de contribuer à éclairer le choix raisonné d’un
collage et moins fréquemment de verres matériau d’assemblage biocompatible en
ionomères et de phosphate de zinc. prothèse supra-implantaire.
Pour Tarica et al. [17], il apparaît que l’effi-
cacité dans la résistance au désassemblage BIOCOMPATIBILITÉ DES MATÉRIAUX
et/ou, plus rarement, la possibilité de dé- D’après la conférence de consensus de
montage représentent les facteurs essen- Chester en 1986 [19], la définition du terme
tiels qui orientent le choix d’un matériau de « biomatériaux » retenue par la Société eu-
scellement ou de collage. ropéenne des Biomatériaux correspond à
Outre les propriétés mécaniques intrin- « des matériaux non vivants, utilisés dans un
sèques ou le comportement adhésif, la ré- dispositif médical, à des fins thérapeutiques
sistance à la dissolution et à la dégradation ou non, destinés à interagir avec les systèmes
chimique, ces matériaux doivent néanmoins biologiques ».

CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076 1067


BIOMATÉRIAUX

Ainsi, les biomatériaux dentaires, classés IIa,


doivent être évalués quant à leur génotoxicité,
leur cytotoxicité, leur sensibilisation et leurs
effets après implantation.
Ces différents tests doivent être effectués en
respectant l’ordre suivant :
– les essais primaires réalisés in vitro pour
étudier la génotoxicité et la cytotoxicité ;
– les essais secondaires effectués in vivo pour
tester la sensibilisation lors de l’implantation
sous-cutanée ;
– les essais d’utilisation sur modèle animal.
En matière d’essais primaires, les tests de
génotoxicité évaluent les effets des dispositifs
médicaux et de leurs produits de dégradation
sur les mutations géniques, les changements
de structure chromosomique ou toute autre
modification des gènes et de l’ADN. Lors des
tests de cytotoxicité, les matériaux testés sont
mis en contact avec des cellules cibles dont on
© IS MEDIA 2021

évalue la viabilité au cours du temps ainsi que


le niveau de mortalité cellulaire (apoptose). Ces
tests peuvent être réalisés sur des cellules cibles
issues de lignées cellulaires établies, faciles à
cultiver, par exemple des fibroblastes cancé-
reux de poumon de souris, mais qui sont diffé-
rentes des cellules potentiellement rencontrées
lors de l’usage clinique du biomatériau testé.
Ces matériaux peuvent également être mis en
contact avec des cellules de cultures primaires,
plus proches des cellules cibles (fibroblastes
pulpaires, gingivaux ou desmodontaux), mais
ces cellules présentent l’inconvénient d’avoir
3 une durée de vie limitée du fait de leur différen-
ciation rapide après quelques multiplications.
Figure 3 La viabilité cellulaire s’évalue soit globalement
Fiche de Données de
La biocompatibilité serait la capacité d’un en termes de toxicité de base (la cellule est-
Sécurité (CE 1907 2006)
concernant une biomatériau à remplir une fonction spéci- elle vivante ou non et ses fonctions cellulaires
résine composite de fique avec une réponse appropriée de l’hôte. sont-elles altérées ?), soit plus spécifiquement
collage pour prothèse Cette propriété ne peut donc être limitée à sur les capacités fonctionnelles des cultures
supra-implantaire.
une simple inertie biologique, c’est-à-dire primaires (la cellule remplit-elle encore la
Noter la présence de
HEMA et de Bis-GMA entraînant une absence de réponse de l’hôte, fonction pour laquelle elle existe ?). D’après la
dans la composition limitant notamment la dégradation de ce norme ISO10993-12, un matériau provoquant
du matériau. biomatériau. une réduction de plus de 30 % de viabilité cel-
Les biomatériaux sont classés en classes I, IIa, lulaire est considéré comme cytotoxique [20].
IIb et III, en fonction de la durée et de la na- Concernant l’essai de sensibilisation, le test
ture du contact ainsi que de l’origine chimique de référence est le Guinea Pig Maximization
du biomatériau. Les tests de biocompatibilité Test (GPMT) réalisé sur des cochons d’inde. Le
nécessaires à autoriser leur utilisation clinique biomatériau est placé en sous-cutané lors
varient en fonction de cette catégorisation. d’un premier contact renouvelé à 15 jours

1068 CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076


BIOMATÉRIAUX

d’intervalle. Le site étudié est observé à 24, silicate sont retrouvés dans leur composition
48 et 72 heures et la réaction cutanée éva- chimique, associés respectivement à l’eugénol,
luée selon une classification en 5 grades de l’acide ortho-éthoxybenzoïque, l’acide phos-
sévérité. L’animal n’est pas sacrifié et aucune phorique, l’acide polyacrylique et carboxylique
évaluation histologique n’est réalisée. sous différentes formes.
Enfin, il est réalisé un essai d’implantation • Dans les ciments organo-minéraux comme
intra-osseuse du matériau dans la mandi- les CVI-MAR, la poudre fluoro-alumino-silicique
bule ou le fémur de lapin. Les animaux sont est complémentée avec des monomères mé-
sacrifiés entre 1 mois et 3 mois afin d’exami- thacryliques HEMA, UDMA et Bis-GMA.
ner et de catégoriser, selon les critères de la Les colles ou résines composites de collage
norme ISO 10-993, les modifications histolo- sont constituées d’une matrice d’esters mé-
giques éventuelles au contact du biomaté- thacryliques à laquelle sont incorporées ou
riau implanté. non des charges minérales. La réaction de
Ce n’est qu’après validation de ces différents prise des colles se fait par polymérisation dont
tests de biocompatibilité que les biomatériaux l’amorçage peut être chimique, photonique ou
testés sont mis sur le marché accompagnés photochimique.
d’une fiche de données de sécurité standar- Les résines composites de collage comportent
disée construite autour de règles européennes une matrice organique résineuse et un renfort
(CE 1907/2006, Authorisation and Restriction of constitué de charges en quantité limitée. La
Chemicals) (figure 3). Ce règlement entré en cohésion de ces deux éléments se fait par un
© IS MEDIA 2021

vigueur en 2007 a pour objectif de sécuriser agent de couplage, le silane.


la fabrication et l’utilisation des substances La phase organique représente jusqu’à envi-
chimiques dans l’industrie européenne. ron 60 % du volume de ces résines. Elles sont
Au 31 mai 2018, déjà plus de 20 substances principalement composées de résines di-mé-
chimiques étaient connues et leurs risques thacryliques issues de la réticulation de mono-
potentiels établis, y compris en termes de mères majeurs – bisphénol A glycidyl métha-
biocompatibilité. crylate (Bis-GMA) et uréthane diméthacrylate
(UDMA) – présentant une masse moléculaire
BIOMATÉRIAUX D’ASSEMBLAGE EN importante et de monomères mineurs. Cette
PROTHÈSE SUPRA-IMPLANTAIRE réaction en chaîne d’addition amène à la for-
Succinctement il est possible de diviser les mation d’une macro-molécule ou polymère.
matériaux d’assemblages utilisés dans les La masse moléculaire élevée des monomères
traitements prothétiques supra-implantaires majeurs permet un faible retrait lors de la
en deux grandes catégories (figure 4) : polymérisation mais se traduit également par
– les ciments minéraux (figures 5 à 7) ou une viscosité importante. C’est pour cela que
organo-­minéraux ; d’autres dérivés du Bis-GMA ont été mis au
– les résines de collage ou « ciment résineux » point de type Bis-EMA, Bis-PMA ou Bis-MA.
et autres composés organiques dérivés des Contrairement au Bis-GMA, la viscosité de
résines méthacryliques (figures 8 et 9). l’UDMA est un peu plus faible mais sa contrac-
Les matériaux minéraux et organo-minéraux tion de prise est très légèrement supérieure.
correspondent aux ciments les plus ancien- Un monomère mineur, le di-méthacrylate de
nement utilisés en dentisterie. Ils reposent sur tri-éthylène glycol (TEGDMA) est également
une réaction de prise acido-basique. Parmi fréquemment utilisé dans les résines de col-
eux, les ciments oxyde de zinc-eugénol, les lage, afin de diminuer la viscosité du matériau
ciments oxyde de zinc amélioré type EBA, les et faciliter ainsi son utilisation clinique.
phosphates de zinc, les polycarboxylates et les De même, le 2-hydroxyéthyl méthacrylate
verres ionomères classiques (CVI) ou modifiés (HEMA) est un monomère mineur retrouvé dans
par adjonction de résines (CVI-MAR). les résines de collage ou dans les adhésifs afin,
• Concernant les ciments minéraux, l’oxyde de d’une part, de fluidifier le matériau et, d’autre
zinc, le phosphate de zinc ou un fluoro-­alumino- part, du fait de ces propriétés hydrophiles, de

CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076 1069


BIOMATÉRIAUX

4 5 6

Figure 4 Quel matériau


d’assemblage utiliser ?
Alternative aux ciments 8
minéraux conditionnés en
liquide-poudre ou pâte-
pâte, différents matériaux
d’assemblage organiques,
temporaires ou définitifs, 7
sont présentés en seringue
auto-mélangeante.
© IS MEDIA 2021

Figure 5 Exemple de ciment minéral eugénol oxyde de zinc 9


(Temp-bond®, Kerr) dans un conditionnement unidose.
Figure 6 Poudres de ciments minéraux phosphate
et carboxylate de zinc. La préparation du matériau d’assemblage s’effectue par spatulation
de la poudre avec un liquide à base d’acide phosphorique ou d’acide polyacrylique.
Figure 7 Matériau minéral CVI de scellement (Ketac Cem, 3M) présenté sous forme de capsule
auto-mélangeante à vibrer puis à utiliser avec un dispositif d’application spécifique.
Figure 8 Exemple de résine composite de collage à base d’uréthane di-méthacrylate.
Figure 9 Matériau d’assemblage provisoire organique à base d’uréthane acrylique.

faciliter les liaisons chimiques sur des substrats Enfin, il faut souligner que le bisphénol A
humides. De faible poids moléculaire, il présente (BPA), très largement utilisé dans l’industrie
également une plus forte susceptibilité au relar- plastique [22] et particulièrement dans la
gage après polymérisation. synthèse du Bis-GMA et de ses dérivés, ne
Le degré de conversion est le pourcentage rentre pas de manière directe dans la com-
de doubles liaisons [C=C] qui se convertit en position des résines composites utilisées en
simple liaison [C-C] lors de la réaction de odontologie. Il n’est retrouvé que sous forme
polymérisation. Il n’est jamais de 100 % et ce de dérivés comme le Bis-GMA, le Bis-EDMA
degré de conversion est fonction du mode de et le Bis-DMA [23].
polymérisation [21, 22]. Un degré de conver- Cependant, le BPA peut également prove-
sion élevé se traduit par une présence plus nir de résidus de la fabrication du Bis-GMA.
limitée de monomères résiduels susceptibles Kingman et al. [24] signalent que la plupart
d’être relargués après polymérisation. du BPA résiduel après polymérisation n’est
Au niveau de la matrice organique, l’associa- pas dispersé dans le milieu mais qu’il se
tion de Bis-GMA, UDMA et TEGDMA dans une trouve bloqué entre les chaînes du polymère.
proportion respective de 30 %-35 %-35 % donne Seule une faible partie du BPA superficiel
un taux de conversion et des propriétés méca- est relarguée initialement. La concentration
niques optimales par rapport aux autres mé- la plus élevée se situe lors des 24 premières
langes de monomères. heures après la polymérisation.

1070 CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076


BIOMATÉRIAUX

Dans la cavité buccale, l’activité des estérases pré-­ostéoblastiques humaines et différents


salivaires favoriserait l’hydrolyse de résidus monomères, la cytotoxicité constatée est
de certains monomères, ce qui faciliterait la majeure pour le Bis-GMA et s’avère respec-
libération de BPA plus ou moins associé avec tivement moins importante pour le UDMA, le
d’autres groupements [21, 25]. TEGDMA et le HEMA. Pour ces auteurs, cette
toxicité pourrait entraîner la perte osseuse
TOXICITÉ DES MATÉRIAUX retrouvée dans la péri-implantite.
D’ASSEMBLAGE ET EFFETS Dans une récente revue de la littérature consa-
BIOLOGIQUES IN VITRO crée aux effets biologiques indésirables des
Les matériaux d’assemblage en prothèse su- monomères, Pagano et al. [38], soulignent que
pra-implantaire ne doivent pas causer d’effets les publications retenues entre 2009 et 2018
pathogènes sur les tissus péri-implantaires. rapportent que le HEMA, le TEGDMA et le Bis-
Ces dommages peuvent apparaître en rai- GMA présentent un effet cytotoxique entraînant
son de la présence macroscopique d’excès des modifications du fonctionnement cellulaire
de matériau d’assemblage colonisés par la amenant à l’apoptose des différentes lignées
plaque bactérienne mais également par le étudiées. Ces monomères sont également rap-
relargage de produits toxiques durant ou portés comme génotoxiques.
après la prise du matériau. En complément de ces travaux concernant le
D’après Linkevicius et al. [26], les excès de ci- potentiel cytotoxique des monomères étudiés
ment autour des prothèses supra-implantaires sous une forme chimique isolée sur diverses
© IS MEDIA 2021

interagissent avec le parodonte comme un lignées cellulaires, d’autres publications rap-


agent irritant de manière similaire à la pré- portent les résultats de tests de cytotoxicité
sence de tartre autour des dents. Néanmoins, réalisés avec différents agents d’assemblage,
concernant les ciments minéraux, une litté- ciments ou résines de collage, disponibles sur
rature ancienne et abondante souligne que le marché.
les ciments à base d’oxyde de zinc [27], tout Ainsi, sur des fibroblastes gingivaux, Marvin
comme les produits à base d’eugénol [28], et al. [13] montrent que le ciment minéral
auraient une activité antimicrobienne. phosphate de zinc testé présente une cyto-
Inversement, Costa et al. [29] et Rodriguez toxicité limitée avec une viabilité cellulaire
et al. [30] rapportent les effets cytotoxiques supérieure à 70 % après 24 heures, compara-
des CVI ainsi que des CVI-MAR sur les odon- tivement à une résine de collage, un CVI-MAR
toblastes et les fibroblastes gingivaux hu- ou un ciment EBA.
mains. Ils soulignent que les CVI convention- De même, d’après l’étude de Rodriguez
nels sont significativement moins cytotoxiques et al. [39], la comparaison en termes de cyto-
que les CVI-MAR. Le HEMA relargué après la toxicité in vitro de différents matériaux d’as-
prise du matériau serait responsable de la semblage montre que le ciment oxyde de zinc
mauvaise biocompatibilité de ces ciments sans eugénol aurait l’effet le plus limité sur
organo-­minéraux [31, 32]. des fibroblastes gingivaux humains et les os-
De même, les agents d’assemblage à base téoblastes étudiés. Le matériau résineux testé,
de résine méthacrylique auraient un compor- riche en HEMA, présente la cytotoxicité la plus
tement plus cytotoxique en raison des mono- élevée comparativement aux autres produits
mères résiduels libérés [21, 33, 34] à la suite évalués. Par ailleurs, les auteurs montrent une
d’un processus de polymérisation incomplet. plus grande sensibilité en termes de cytotoxici-
De nombreux travaux [35, 36] ont montré que té des cellules fibroblastiques par rapport aux
les monomères comme le TEGDMA, les mo- cellules osseuses.
nomères dérivés du BPA ou le HEMA ont des Inversement, pour Diemer et al. [40], les cellules
effets toxiques autant d’un point de vue systé- ostéoblastiques seraient plus sensibles vis-à-
mique que local. vis du comportement cytotoxique des maté-
Ainsi pour Kraus et al. [37], après 24 et riaux d’assemblage testés. Ainsi, sur 12 agents
72 heures de contact entre des cellules d’assemblage dont 11 à base de dérivés acry-

CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076 1071


BIOMATÉRIAUX

liques et 1 ciment phosphate de zinc, seul ce (Aggregatibacter actinomycetemcomitans,


dernier a présenté un comportement biocom- Fusobacterium nucleatum et Porphyromonas
patible sur les différentes cellules épithéliales, gingivalis) sur 2 ciments oxyde de zinc avec
endothéliales et osseuses utilisées. ou sans eugénol, un phosphate de zinc et
Les auteurs concluent sur le fait que tous les 2 matériaux d’assemblage à base métha-
matériaux résineux amènent une réduction de crylique. Les résultats obtenus montrent que
la viabilité cellulaire en raison du relargage de les ciments minéraux, en particulier l’oxyde
monomères toxiques. Pour eux, ceci entraîne de zinc-eugénol, réduisent significativement
une perturbation de l’homéostasie ostéoblas- la concentration en bactéries planctoniques
tique qui risque de favoriser une destruction et limitent la formation du biofilm. Un des
osseuse péri-implantaire. deux matériaux résineux ne montre aucune
Toujours dans le but d’explorer la biocompa- réduction significative de la croissance des
tibilité des agents d’assemblage, différentes différentes souches de bactéries utilisées.
publications ont rapporté les relations entre Ces résultats sont à rapprocher des travaux
leur propriété antibactérienne vis-à-vis de la récents de Gallegos et al. [44] qui comparent
flore buccale et leur comportement vis-à-vis 4 types d’agents d’assemblage différents
des cellules gingivales et osseuses. (aluminate de calcium, phosphate de zinc,
Ainsi, Winkler et al. [41] montrent que, concer- CVI-MAR et résine de collage) en termes de
nant l’adhésion de Streptococcus sanguinis et potentiel antibactérien vis-à-vis de bacté-
epidermidis, les ciments minéraux oxyde de ries planctoniques (Streptococcus mutans,
© IS MEDIA 2021

zinc, avec ou sans eugénol présentent une salivarius, sanguinis et Aggregatibacter


adhésion du biofilm et une prolifération bac- actinomycetemcomitans) et de toxicité sur
térienne limitées. Néanmoins, ces matériaux des cellules de mammifères (fibroblastes
se sont révélés comme étant plus toxiques que gingivaux et macrophages humains, pré-­
les autres matériaux testés en présence de ostéoblastes de rongeurs). Les auteurs rap-
cellules folliculaires dentaires humaines. Pour portent que tous les matériaux testés sont
ces auteurs, ces ciments relarguent des ions dégradés en surface par l’activité bactérienne
zinc qui ont un effet antibactérien limitant la après adhésion et formation d’un biofilm, sans
croissance du biofilm. Inversement, l’effet an- effet antibactérien significatif. Par ailleurs, le
tibactérien du zinc ou de l’eugénol se traduit matériau présentant le niveau de cytotoxicité
par une cytotoxicité élevée pour les cellules le plus élevé vis-à-vis des différentes cellules
hôtes utilisées. Ces auteurs concluent que les hôtes utilisées s’avère être le matériau à base
effets cytotoxiques et les propriétés antibac- de monomères méthacryliques.
tériennes sont souvent corrélés et donc que, La brève synthèse des données scientifiques
dans le cadre de cette étude in vitro, aucun récentes concernant la toxicité des agents
agent d’assemblage testé ne bénéficie d’une d’assemblage étudiés in vitro montre qu’il
cytotoxicité faible associée à un potentiel d’ad- n’existe pas aujourd’hui d’agent d’assem-
hésion limité du biofilm, limitant d’autant leur blage permettant une réponse biologique
indication comme matériau d’assemblage optimale, même si les ciments minéraux
biocompatible en prothèse supra-implantaire. semblent avoir moins d’effets toxiques sur les
Dans une étude in vitro comparant le compor- cellules gingivales et osseuses que les maté-
tement de 3 agents d’assemblage vis-à-vis de riaux résineux comportant des monomères
la flore microbienne contenue dans la salive susceptibles d’être relargués. Cependant, la
humaine, Korsch et al. [42] ont montré que le transposition à la clinique de ces conclusions
matériau résineux testé favorisait une coloni- issues de travaux in vitro s’avère toujours
sation bactérienne rapide et durable compa- délicate du fait des nombreuses limites
rativement aux ciments minéraux. imposées par la modélisation expérimentale
En 2015, Raval et al. [43] étudient la crois- en termes de concentration et de temps d’ex-
sance de bactéries planctoniques patho- position des matériaux testés ou de lignées
gènes retrouvées dans la péri-implantite cellulaires utilisées.

1072 CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076


BIOMATÉRIAUX

DISCUSSION : UTILISATION de zinc de préférence à ceux contenant des


DES MATÉRIAUX D’ASSEMBLAGE dérivés méthacryliques afin de réduire le
ET CONSÉQUENCES CLINIQUES risque de mucosite.
Dans le cadre des traitements par prothèses Les revues systématiques de Pesce et al. [52]
fixées supra-implantaires, il est fréquent de en 2015 et Staubli et al. [53] en 2016 consa-
souligner l’avantage représenté par une crées aux facteurs de risque en rapport avec
moindre incidence de problèmes biologiques la péri-implantite ne retiennent qu’un faible
rencontrés avec les prothèses transvissées nombre de publications (respectivement 2
par rapport aux restaurations prothétiques et 6) autres que des rapports de cas anec-
scellées. dotiques ou des études présentant des du-
Il a été abondamment décrit l’importance rées de suivi inférieures à 1 année.
de la situation de la limite cervicale par rap- Les conclusions de ces revues de la littéra-
port à la morphologie gingivale, de la forme ture confirment, d’après les auteurs, le rôle
des embrasures prothétiques ainsi que de des excès de ciment dans l’inflammation
l’architecture prothétique qui doivent facili- gingivale péri-implantaire, particulièrement
ter le retrait des éventuels excès de maté- dans les situations d’antécédents de patho-
riaux d’assemblage et permettre l’hygiène logies parodontales ou lorsque le scellement
quotidienne. intervient dans un délai ne permettant pas
Au-delà de ces critères de conception qui ne une cicatrisation complète des tissus péri-­
sont pas spécifiques d’un type de réhabilita- implantaires.
© IS MEDIA 2021

tion prothétique, l’objectif de cette publication Les principales conclusions de cette revue
est non pas de discuter la supériorité relative ainsi que les travaux ultérieurs de Korsch
d’un mode d’assemblage, par vissage ou par et al. [54-56] permettent de préciser quelques
scellement, mais de souligner l’incidence de données essentielles issues de ces publications
la biocompatibilité des différents matériaux cliniques.
d’assemblage utilisés sur ces complications • La présence d’excès d’agent d’assemblage
biologiques. est détectée très fréquemment dans des si-
À la lecture des revues systématiques et des tuations où l’inflammation et la suppuration
méta-analyses récentes [45-47], il apparaît sont retrouvées autour des prothèses scellées.
que, malgré le risque entraîné par les poten- Néanmoins, il existe des situations cliniques où
tiels excès d’agent d’assemblage, les prothèses des excès de matériau n’entraînent pas d’in-
supra-implantaires scellées ne présentent flammation [56] et d’autres où, sans excès de
pas un niveau moyen de perte osseuse péri-­ matériau d’assemblage, une suppuration est
implantaire supérieur à celui des prothèses présente [50].
agrégées par transvissage. • Le déclenchement d’une phase inflamma-
Néanmoins, la liaison entre la présence d’ex- toire aiguë avec suppuration peut intervenir
cès d’agent d’assemblage et les pathologies dans un délai variable après scellement ia-
des tissus péri-implantaire est fréquemment trogène de la prothèse supra-implantaire.
rapportée dans les publications cliniques. Ce délai peut varier de quelques mois à plu-
Ainsi, la revue systématique de la littérature sieurs années, le risque de péri-implantite
publiée en 2017 par Quaranta et al. [48] augmentant avec la durée de persistance de
et qui a pour thème les complications bio- ces excès de matériau dans les tissus gingi-
logiques liées au maintien de résidus de vaux péri-implantaires [11, 12].
ciment retient 6 publications cliniques dont • En cas de persistance d’excès d’agent
4 rétrospectives, 1 prospective et 1 étude de d’assemblage dans l’espace transgingival,
cohorte [11, 12, 26, 49, 50, 51]. Les conclusions les antécédents de pathologies parodon-
des auteurs soulignent l’implication des ex- tales et une maturation tissulaire incomplète
cès de ciment dans l’inflammation gingivale semblent favoriser les conditions du dévelop-
péri-implantaire. Ils recommandent égale- pement d’une péri-implantite sur les implants
ment l’utilisation de ciments eugénol-oxyde concernés [26, 48, 52, 53].

CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076 1073


BIOMATÉRIAUX

10 11

Figure 10 Rejoignez notre groupe Facebook: Livres et Revues Dentaires


Scellement d’une
prothèse supra-
implantaire à l’aide • Une flore microbienne pathogène est mise en sence ou, dans une moindre mesure, en l’ab-
d’un ciment eugénol/ évidence dans ces situations de péri-implan- sence d’excès de ces matériaux contenant des
oxyde de zinc. tites se développant sur des matériaux d’as- monomères méthacryliques [56].
Figure 11 semblage résineux [56], ce qui n’est pas le cas En conséquence, à chaque fois qu’une pro-
Si une colle
méthacrylique est
sur des prothèses scellées avec des ciments thèse supra-implantaire scellée sera indi-
utilisée, privilégier minéraux de type oxyde de zinc-eugénol [54]. quée, particulièrement dans les situations
© IS MEDIA 2021

un matériau • La plupart des prothèses scellées avec un d’antécédents de pathologies parodontales


d’assemblage dont ciment oxyde de zinc-eugénol ne présentent ou lorsque les tissus péri-implantaires et
la composition évite
les monomères les
pas d’excès de matériau d’assemblage. Cer- prothétiques sont en phase de maturation,
plus toxiques. tains auteurs rapportent la solubilité de ce il apparaît prudent de ne pas utiliser un ma-
type d’agent d’assemblage comme hypothèse tériau comportant dans sa composition un
de cette absence [12]. ou plusieurs monomères méthacryliques,
• L’élimination des excès d’agents d’assem- HEMA, TEGDMA ou Bis-GMA.
blage, sans démontage de la prothèse, amène En cela, les agents d’assemblage minéraux,
une rémission de la symptomatologie clinique et particulièrement les ciments oxyde de zinc-­
à type de saignement au sondage, de profon- eugénol, apparaissent plus indiqués (figure 10).
deur de sondage ou de suppuration [11]. Dans les situations où la rétention des pièces as-
• Le désassemblage des prothèses permet semblées doit être majorée ou si l’assemblage
une élimination complète des excès d’agent des pièces prothétiques est réalisé au labora-
d’assemblage. Ainsi, le nettoyage minutieux de toire, une résine composite de collage peut être
l’espace transgingival, l’irrigation à l’aide de utilisée mais en privilégiant un matériau sans
chlorhexidine à 0,12 % et le rescellement avec HEMA, TEGDMA ou Bis-GMA (figure 11).
un ciment oxyde de zinc-eugénol montrent une Pour cela, il est possible de choisir un maté-
réduction drastique des signes d’inflammation riau d’assemblage exempt de ces monomères
dans environ 80 % des sites atteints avec une toxiques potentiellement relargables dans
disparition de la suppuration [49, 55, 56]. l’environnement tissulaire péri-implantaire
• La flore microbienne prélevée après démon- (Innocem, Seal Temp, Laboratoire Elsodent ;
tage et rescellement avec un agent d’assem- ciment ELS-CEM, Saremco Dental).
blage type oxyde de zinc-eugénol s’avère Enfin, un protocole minutieux d’assemblage
quantitativement réduite en termes de bac- clinique sera effectué en contrôlant l’apport
téries pathogènes par rapport à la situation de matériau d’assemblage dans l’intrados
antérieure [56]. prothétique et en éliminant les excès au ni-
• La nature de l’agent d’assemblage serait veau de la limite cervicale. Cette étape sera
un facteur essentiel du comportement peu d’autant plus efficace que cette limite sera
biocompatible de certains matériaux constaté juxta ou très légèrement sous-gingivale,
vis-à-vis des tissus péri-implantaires en pré- facilitant l’accès visuel.

1074 CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076


BIOMATÉRIAUX

CONCLUSION toxique abondamment rapporté, tant in vitro


Choisir une restauration implanto-prothétique que in vivo.
scellée ou transvissée répond à une indication Dans cette optique et en l’absence actuelle de
de traitement en fonction de différents critères matériau idéalement biocompatible, l’utilisa-
liées à la situation et à l’orientation implan- tion de ciments minéraux, dont la toxicité vis-à-
taire, au choix d’un démontage aisé ou d’une vis des cellules de l’environnement implantaire
architecture prothétique spécifique. et le potentiel d’adhésion bactérienne sont plus
Réaliser une prothèse scellée, au-delà d’une faibles que ceux des polymères méthacry-
conception prothétique répondant à des objec- liques, représente un choix pertinent.
tifs de prophylaxie implique de choisir un ma- Si l’assemblage à l’aide d’une résine de col-
tériau d’assemblage biocompatible, sans effet lage s’avère indispensable, il est possible de
pathogène sur les tissus péri-implantaires. privilégier un matériau dont la composition
À l’issue de cette synthèse des données biblio- évite les monomères toxiques les plus suscep-
graphiques scientifiques et cliniques, il appa- tibles de relargage après polymérisation.
raît que, même si aucun biomatériau d’as- Enfin, après un contrôle minutieux de l’élimina-
semblage ne permet une réponse biologique tion des excès éventuels de matériau d’assem-
favorable sur l’environnement bactérien et tis- blage, des séances de maintenance régulière
sulaire péri-implantaire, il s’avère prudent de doivent être prévues pour suivre l’évolution au
limiter l’usage de matériaux dont les compo- cours du temps de la santé des tissus péri-­
sés organiques présentent un comportement implantaires et péri-prothétiques.
© IS MEDIA 2021

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1076 CLINIC 2021;42(408-409):1066-1076


RECHERCHE

ÉTUDE QUANTITATIVE DU JOINT


D’ASSEMBLAGE DES INFRASTRUCTURES
SUPRA-IMPLANTAIRES COLLÉES
SUR EMBASE TITANE

AUTEURS RÉSUMÉ Ces embases en titane supportant différents


Cette étude a pour objectif d’évaluer
Thomas NGUYEN matériaux cosmétiques ont été évaluées dans
quantitativement l’épaisseur du joint du matériau
DUCICP, d’assemblage des piliers hybrides constitués quelques études cliniques qui montrent, gé-
Université de Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP).
d’une embase titane sur laquelle est collée une néralement à court terme, que l’assemblage
contrepartie en zircone. Après un assemblage
Ancien Interne MBD, s’avère fiable en termes de taux de survie
Hôpital Rothschild (AP-HP). standardisé, le joint de collage de 10 piliers a
été observé à l’aide d’une loupe binoculaire prothétique [7].
Alexis BARREAU de grossissement x 50 couplée à une caméra Néanmoins, quelques auteurs ont rapporté
Ancien Interne MBD, digitale équipée d’un logiciel de mesure ;
Hôpital Rothschild (AP-HP). l’absence de données scientifiques en rapport
© IS MEDIA 2021

Exercice libéral
50 mesures régulièrement espacées sur la
circonférence du joint de chaque pilier ont été avec le potentiel iatrogène de ces colles au sein
à Neuilly-sur-Marne.
effectuées. L’épaisseur moyenne du joint observé des tissus péri-implantaires, les monomères
Marie-Joséphine de ces échantillons a été de 67,7 ± 55,2 µm.
CRENN de ces agents d’assemblage organique ayant
Ce résultat apparaît dans la moyenne des
AHU, Laboratoire URB2I, valeurs de joint d’assemblage cliniquement montré des effets cytotoxiques au sein des tissus
Université de Paris, Hôpital
Rothschild (AP-HP).
acceptables mais révèle une grande parodontaux [8-10]. Les tissus péri-­implantaires
dispersion des mesures recueillies au
Olivier FROMENTIN
présentant un potentiel régénératif réduit [11],
niveau intra et inter-échantillons.
PU-PH, l’impact cytotoxique de ces colles pourrait être
Responsable du DUCICP,
Labo URB2i,
majoré.

A
Université de Paris, Dans ce contexte, la précision d’adaptation
Hôpital Rothschild (AP-HP).
fin de répondre aux exigences es- des pièces assemblées et un joint d’assem-
Lien d’intérêts thétiques des patients et pallier le blage d’épaisseur réduite s’avèrent essentiels
Les auteurs déclarent risque potentiel représenté par la pour limiter les potentiels effets toxiques de
n’avoir aucun lien
d’intérêts.
fragilité des piliers implantaires mo- ces matériaux.
nolithiques en zircone [1, 2], des piliers hybrides L’objectif de cette étude est d’évaluer quan-
Référencement ont été proposés comme alternative. Ces in- titativement l’épaisseur du joint d’assem-
bibliographique frastructures sont composées d’une embase blage de piliers hybrides constitués d’em-
Nguyen T, Barreau A,
Crenn MJ, Fromentin O. en titane comportant une connexion implan- base en titane supportant des contreparties
Étude quantitative du taire, sur laquelle une contrepartie en céra- en zircone usinées puis collées au labora-
joint d’assemblage des
infrastructures supra- mique fabriquée par CFAO est assemblée par toire de prothèse.
implantaires collées sur collage [3] (figure 1). Plusieurs matériaux cos-
embase titane.
CLINIC 2021; métiques sont utilisables en association avec MATÉRIELS ET MÉTHODE
42(408-409):1078-1083. ces embases en titane mais la zircone semble Dix piliers hybrides ont été étudiés. Ces 10 échan-
représenter le matériau de choix [4]. Diffé- tillons ont été fabriqués avec :
rentes colles permettent l’assemblage entre – 10 embases en titane identiques (Zimmer
le titane et la zircone. Ce sont généralement Biomet GenTek®) ;
des résines à base de monomères phosphates – 10 contreparties en zircone conçues par CAO
10-méthacryloyloxydécyle (10-MDP) contenus puis usinées par FAO par un seul laboratoire de
dans une matrice de type Bis-GMA que l’on prothèses utilisant quotidiennement les proto-
retrouve parmi les colles Panavia F 2.0 ® et coles de CFAO.
RelyX Unicem® [5, 6]. Les deux parties ont ensuite été assem-

1078 CLINIC 2021;42(408-409):1078-1083


RECHERCHE

blées à l’aide d’une colle à potentiel adhésif


(Panavia F 2.0 ®) par la même personne,
en utilisant un même protocole de réfé-
rence [12]. Après sablage de l’embase titane
à l’oxyde d’aluminium Al2O3 de diamètre
50 µm, les deux composants de la colle ont
été mélangés à parts égales puis le mélange
a été appliqué sur les zones à coller. Les
© IS MEDIA 2021

pièces ont été assemblées manuellement et


les excès de colle rapidement éliminés, puis
l’ensemble a été maintenu sous pression à
l’aide d’un clamp pendant 60 secondes. Une
photopolymérisation de 20 secondes a été
ensuite effectuée en périphérie de chaque 1
échantillon.
Enfin, un polissage de la zone du joint d’as- Figure 1 Pilier hybride en deux parties, l’embase titane et sa
semblage a été réalisé à l’aide d’un disque contrepartie en zircone agrégée ainsi que la vis de transfixation.
en caoutchouc siliconé. Les 10 échantillons
ont été conservés au sec, à température
ambiante avant évaluation.
La mesure de l’épaisseur du joint d’assem-
blage a été effectuée après acquisition de
50 images numérisées recueillies sur la pé-
riphérie de chaque échantillon.
Chaque échantillon a été placé successivement
dans un porte-échantillon solidarisé de ma-
nière colinéaire à l’axe d’un moteur pas à pas
(NEMA 17) asservi informatiquement (logiciel
Arduino). Le logiciel dédié a permis une mise
en rotation contrôlée par incréments angulaires
de 7,2° représentant 50 incréments par rotation
complète de 360°. Ce dispositif a été placé
perpendiculairement à l’axe d’observation
d’une loupe binoculaire (grossissement × 50,
2
Leica Geosystems AG®) afin de centrer l’exa-
men sur le joint d’assemblage (figure 2).
Figure 2 Image acquise lors de l’observation en microscopie optique
La loupe binoculaire est couplée à une camé- (× 50) du joint d’assemblage d’un pilier hybride (1 : analogue de laboratoire,
ra digitale (Leica DFC 320®) d’une résolution 2 : embase titane, 3 : joint de colle, 4 : contrepartie en zircone).

CLINIC 2021;42(408-409):1078-1083 1079


RECHERCHE

permettant une présentation descriptive


Zircone des résultats ainsi qu’une comparaison sta-
tistique entre échantillons à l’aide d’un test
ANOVA complété par des tests post-hoc de
Student-Newman-Keuls. La variabilité intra-­
examinateur a été calculée à l’aide du test
non paramétrique Tau-b de Kendall. Le seuil
Embase titane
3 de significativité a été fixé à p < 0,05.

Figure 3 RÉSULTATS
La mesure est effectuée perpendiculairement au grand axe de l’assemblage Les résultats sont présentés de manière des-
et évalue le hiatus marginal ou vertical.
criptive dans les tableaux 1 et 2.
La liaison entre les deux séries de mesures
effectuées par le même examinateur est très
de 5 mégapixels permettant l’acquisition de forte, attestée par un coefficient de corrélation
clichés via le logiciel IMG500 (Leica®). Après de 0,947.
mise au point manuelle et contrôle de la per- La moyenne globale de l’ensemble des
pendicularité de l’observation par rapport à la 500 mesures effectuées sur les 10 échantil-
région du joint d’assemblage, un cliché photo- lons mesurés est de 67,7 µm avec un écart-
graphique numérisé a été effectué à chaque type de 55,2 µm (tableau 1). Si cette moyenne
© IS MEDIA 2021

incrément de rotation de l’échantillon jusqu’à est établie en utilisant seulement les valeurs
recueillir une totalité de 50 images du joint moyennes de chaque échantillon, l’écart type
d’assemblage pour chacun des 10 échantil- est alors réduit à 37,8 µm.
lons évalués. La médiane des résultats concernant l’en-
Chaque cliché obtenu a été analysé à l’aide semble des mesures est de 56,4 µm. Ces valeurs
d’un logiciel d’imagerie (Gimp v2.10) permet- correspondant à la mesure du joint d’assem-
tant une mesure calibrée. La calibration initiale blage s’étendent de 0,7 µm (valeur minimale) à
a été effectuée pour déterminer la relation de 287,8 µm (valeur maximale).
linéarité entre pixel et distance mesurée qui a L’analyse comparative entre les 10 échantillons
été établie à 149 pixels pour 100 µm. à l’aide du test ANOVA suivi par les tests post-
La distance mesurée au niveau du joint d’as- hoc montre des différences significatives entre
semblage correspond au hiatus vertical ou les échantillons (ANOVA p < 0,001) qui se répar-
marginal [13], délimité par une mesure entre tissent en 5 sous-ensembles distincts, chacun
les points les plus superficiels de l’angle ex- rassemblant un ou plusieurs échantillons pré-
terne de la marge entre l’embase titane et sentant des moyennes de mesures non statis-
la contrepartie en zircone (figure 3). tiquement différentes (tableau 2).
Du fait de la faible profondeur de champ,
l’évaluation porte ici non pas sur la divergence DISCUSSION
marginale horizontale (sur ou sous-contours
de la partie en zircone) mais uniquement sur Valeur moyenne de l’épaisseur du joint
la mesure absolue du joint, mesurée perpen- acceptable mais variabilité importante
diculairement. La moyenne de la mesure du joint d’assem-
Chaque mesure de cette distance est effectuée blage sur l’ensemble des échantillons est d’en-
2 fois afin de tester la variabilité intra-opéra- viron 68 μm, ce qui peut être considéré comme
teur. La valeur retenue pour l’évaluation de cliniquement acceptable en fonction des don-
l’épaisseur du joint en un point correspond à nées de la littérature concernant la précision
la moyenne des deux mesures effectuées sur d’adaptation des prothèses mises en forme
ce point. par CFAO. Ces valeurs restent inférieures à
L’ensemble des valeurs recueillies ont été celles obtenues à l’aide des techniques de
analysées à l’aide du logiciel SPSS v25.0 ® laboratoire conventionnelles [14, 15].

1080 CLINIC 2021;42(408-409):1078-1083


RECHERCHE

Tableau 1 Résultats concernant l’évaluation de l’épaisseur du joint (en µm) des 10 échantillons mesurés.
Numéro des
N Moyenne Écart-type Minimum Maximum Médiane
échantillons
1 50 63,52 34,63 13,00 124,60 54,80
2 50 32,46 21,43 5,70 70,50 28,53
3 50 72,01 51,90 5,70 151,70 67,45
4 50 27,94 22,33 3,70 77,90 18,80
5 50 49,92 27,74 9,70 98,65 44,30
6 50 98,55 11,76 76,20 117,75 99,68
7 50 76,55 42,93 13,75 143,95 75,18
8 50 151,23 88,84 29,50 287,80 156,05
9 50 27,62 23,49 0,70 92,60 23,30
10 50 76,82 43,21 3,05 151,35 74,83
Total 500 67,66 55,22 0,70 287,80 56,40

Tableau 2 Comparaison des moyennes des 10 échantillons regroupés en 5 sous-ensembles statistiquement


différents (ANOVA p < 0,05 et tests post-hoc de Student-Newman-Keuls).
Numéro des
© IS MEDIA 2021

N 1 2 3 4 5
échantillons
9 50 27,6230
4 50 27,9400
2 50 32,4610
5 50 49,9210
1 50 63,5213 63,5213
3 50 72,0070
7 50 76,5540
10 50 76,8151
6 50 98,5450
8 50 151,2330
Sig. 0,835 0,109 0,397 1,000 1,000
Les moyennes des groupes des sous-ensembles homogènes sont affichées.

Néanmoins, il apparaît clairement que cette où le joint est minimal et d’autres zones où il
dimension du joint n’est homogène ni au sein s’avère beaucoup plus large. De même, cer-
de chaque échantillon ni entre les 10 échan- tains échantillons présentent, en moyenne, un
tillons évalués. Ainsi, pour chaque échantillon, ajustage cervical de meilleure qualité en rai-
le coefficient de variation ou écart-type re- son de valeurs mesurées plus limitées du joint
latif correspondant au rapport entre l’écart- d’assemblage, exposant donc une surface
type et la moyenne varie de 12 à 85 %. Cette moindre de polymères de collage au contact
même comparaison entre les moyennes des des tissus péri-implantaires.
10 échantillons montre également une forte
dispersion des mesures attestée par un coef- Imprécision liée à l’assemblage
ficient de variation d’environ 80 %. manuel
Cliniquement, cela signifie que, sur la périphé- L’observation des données brutes montre que,
rie d’un même échantillon, il existe des zones sur un même échantillon, la valeur du joint

CLINIC 2021;42(408-409):1078-1083 1081


RECHERCHE

d’assemblage augmente depuis une valeur caractéristiques histologiques, a été fréquem-


minimale jusqu’à son maximum diamétra- ment soulignée dans la littérature [16-19].
lement opposé sur la circonférence du pilier Néanmoins, à ce jour, très peu de publications
mesuré. ont rapporté les conséquences sur l’inflamma-
Ce constat pourrait s’expliquer par la procé- tion tissulaire ou la perte osseuse à long terme
dure manuelle de collage qui débute par un de l’utilisation clinique de ces piliers hybrides
assemblage par pression digitale avant de constitués par assemblage collé [20, 21].
maintenir les pièces assemblées à l’aide d’un Dans un contexte où la péri-implantite
clamp. La contrainte en compression digitale, s’avère multifactorielle, la maîtrise du proto-
qui n’est pas strictement parallèle au grand cole d’assemblage et, notamment, la limita-
axe de l’assemblage, conduit à exercer une tion de l’épaisseur de ce joint collé s’avèrent
pression inégale en deux points opposés de donc essentielles.
la circonférence du dispositif assemblé. Ceci
se traduit par un joint très réduit en un point Limites du protocole utilisé et
et un hiatus marginal largement ouvert du nouvelle méthode d’acquisition
côté opposé. Un examen complémentaire à Le grossissement limité de la loupe binocu-
l’aide d’une imagerie par micro-tomographie laire, la faible profondeur de champ imposant
illustre cette hypothèse reposant sur l’observa- une acquisition sur une zone de petite surface,
tion de tous les échantillons évalués (figure 4). la faible définition de la cellule d’acquisition
ainsi que le contraste limité entre la colle et la
© IS MEDIA 2021

Incidences cliniques de l’épaisseur zircone ont compliqué la mesure, impactant


du joint d’assemblage d’autant l’exactitude du recueil de données.
En fonction du diamètre de ces embases en Une procédure de calibrage de cette mesure
titane, la circonférence est d’environ 10,4 mm. et la moyenne de plusieurs mesures effectuées
Une dimension moyenne du joint d’assem- en un même point ont permis néanmoins de
blage en termes de hauteur ou d’épaisseur limiter l’influence de ces biais potentiels.
verticale de 0,068 mm représente donc une Afin d’améliorer la qualité du protocole de me-
surface d’un peu moins de 1 mm2 (0,7 mm2) sure et de confirmer la responsabilité de l’as-
d’un matériau d’assemblage organique po- semblage manuel de ces pilier hybrides dans
tentiellement cytotoxique, profondément en- l’ouverture du joint d’assemblage, d’autres
foui au sein des tissus péri-implantaires lors de études sont nécessaires. Ainsi, l’évaluation
la mise en place du dispositif prothétique collé. qualitative et quantitative des joints d’assem-
Ceci représente un facteur potentiel d’inflam- blage à l’aide de micro-tomographies X per-
mation en rapport avec des matériaux d’as- mettrait une meilleure résolution d’acquisition
semblage peu biocompatibles et toxiques au tout en conservant les avantages d’une mé-
sein de tissus dont la fragilité, du fait de leurs thode de mesure non destructrice [22, 23].

Figure 4
Micro-
tomographie X de
la région du joint
d’assemblage
d’un pilier hybride.
Noter la différence
de dimension du
joint entre les deux 4
côtés opposés.

1082 CLINIC 2021;42(408-409):1078-1083


RECHERCHE

CONCLUSION une exposition significative d’un matériau


Dans le cadre de cette étude in vitro concer- peu biocompatible au sein des tissus péri-­
nant l’évaluation du joint d’assemblage entre implantaires.
des embases en titane et des contreparties Dans l’attente d’études cliniques précisant
en zircone constituant des piliers hybrides, les l’innocuité à long terme de ces assemblages
résultats ont montré des valeurs moyennes cli- collés au sein des tissus péri-implantaire, il
niquement acceptables malgré une forte dis- apparaît prudent d’être attentif aux protocoles
persion des mesures recueillies. de collage de ces dispositifs ou, à défaut, de
L’assemblage manuel est probablement privilégier l’utilisation d’autres composants
impliqué dans cette variabilité qui favorise prothétiques.
© IS MEDIA 2021

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CLINIC 2021;42(408-409):1078-1083 1083


PROTHÈSE
IMPLANTAIRE

LES COMPLICATIONS PROTHÉTIQUES


EN IMPLANTOLOGIE
© IS MEDIA 2021

RÉFLEXIONS AUTOUR D’UN CAS DE FRACTURE DE VERROU « INLINK »


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AUTEURS RÉSUMÉ
En prothèse supra-implantaire, la rationalisation des protocoles de vissage ainsi que
Adrien SÉNIORIS, les progrès en termes de conception des vis ont permis de réduire leur taux de dévissage
DUCICP, et de fracture. Néanmoins, quand elles surviennent, ces complications peuvent entraîner
Université de Paris,
des conséquences cliniques souvent délicates à traiter pour le praticien. Au travers d’un
Hôpital Rothschild (AP-HP).
cas clinique décrivant la prise en charge d’une fracture d’une vis de prothèse plurale et
Stéphane LE GOFF, son remplacement, il est discuté différentes hypothèses ayant pu conduire à cet événement.
Laboratoire URB2I,
Université de Paris.

D
Olivier FROMENTIN,
PU-PH,
Responsable du DUCICP, ’après Jemt et al. en 1991 [1], 26 % 34 %. En dehors de problèmes d’ordre biolo-
Labo URB2i, des vis de prothèse fixée unitaire gique (mucosite ou péri-implantite) qui repré-
Université de Paris,
Hôpital Rothschild (AP-HP). ont nécessité un resserrage durant sentent de 6 à 13 % de ces complications, des
l’année qui a suivi la mise en place problèmes mécaniques peuvent survenir à
Lien d’intérêts prothétique. type de fracture du matériau cosmétique, de
Les auteurs déclarent
n’avoir aucun lien En 2004, Cho et al. [2] rapportent un taux de descellement, de dévissage ou de fracture de
d’intérêts. dévissage de 14,5 % concernant des vis serrées vis et la fréquence de ces deux dernières com-
avec un tournevis manuel durant une période plications serait de 5,3 % pour les dévissages et
Référencement
bibliographique d’observation comprise entre 3 et 7 années. de 1,3 % pour les fractures [4].
Sénioris A, Le Goff S, D’après Jung et al. en 2008 [3], à 5 ans, environ Enfin, la revue de la littérature de Katsa-
Fromentin O. Les
complications prothétiques
13 % des vis de prothèse fixée se sont avérées vochristov et Koumoulis, publiée en 2019,
en implantologie. dévissées et 0,35 % de celles-ci ont présenté montre des taux de dévissage compris entre
Réflexions autour d’un
cas de fracture de verrou
une fracture. Dans une revue de la littérature 7 et 11 % sur des prothèses suivies sur une du-
inLink. CLINIC 2021; de 2012 concernant les prothèses fixées su- rée maximale de 7 années. Le taux de frac-
42(408-409):1084-1093.
pra-implantaires, Pjetursson et al. rapportent ture de vis est évalué à environ 1 % sur cette
un taux de complications à 5 ans d’environ même période de suivi [5].

1084 CLINIC 2021;42(408-409):1084-1093


PROTHÈSE
IMPLANTAIRE

Par ailleurs, ces auteurs, en accord avec un dévissage des vis solidaires des piliers pro-
Pjetursson et al., soulignent l’absence de thétiques spécifiques de la marque implan-
consensus concernant les modalités tech- taire utilisée.
niques ou cliniques visant à limiter ces com- Le patient ne rapporte aucun événement
plications mécaniques [4, 5]. particulier antérieur en rapport avec ces dé-
La diminution de la fréquence des dévissages vissages. Les étapes thérapeutiques se sont
constatée dans ces publications au cours du déroulées classiquement sans écueils. Par
temps reflète les évolutions réalisées en termes ailleurs, le patient est suivi régulièrement dans
de conception des vis et de compréhension un programme semestriel de maintenance
des mécanismes mis en jeu lors du vissage tels parodontale et implantaire.
que la précontrainte de serrage ou l’ajustage L’accès aux vis de transfixation est réalisé
progressif (settling effect). par fraisage du matériau obturant les puits de
Malgré ce constat et bien que les fréquences vissage suivi de la dépose du bouchon en té-
de fracture de vis rapportées dans la littéra- flon compacté qui protégeait la tête des vis.
ture soient relativement faibles, le dévissage Un tournevis à extrémité hémisphérique spé-
demeure une complication potentielle. L’évo- cifique du système permet le dévissage sans
© IS MEDIA 2021

lution du dévissage vers la fracture de la vis effort de la vis distale. La prothèse est alors
contraint à une gestion délicate et chrono- déposée, exposant une vis fracturée en mésial
phage de la situation, l’issue favorable du de la restauration. La tête de cette vis est res-
retrait du segment fracturé intra-implantaire tée dans l’armature prothétique tandis que la
étant toujours incertain [6]. partie filetée est retenue dans le pilier prothé-
Le but de cet article est de présenter une si- tique antérieur (figure 1).
tuation clinique de fracture d’une vis prothé-
tique et d’envisager les différentes étiologies
potentielles ayant entraîné cet événement
indésirable.

CAS CLINIQUE
Monsieur X. se présente à la consultation en
février 2021 pour un problème de mobilité
d’une prothèse fixée supra-implantaire maxil-
laire. Le patient rapporte un craquement sur-
venu à la mastication lors d’un repas le jour
de la consultation. Depuis cet événement, une
mobilité de sa prothèse est apparue.
L’examen clinique confirme l’instabilité d’un
bridge supra-implantaire transvissé 24-25-
26 mis en place en octobre 2019, soit 17 mois
auparavant, sur 2 implants Anthogyr (dia-
Figure 1
mètre 3,4 mm, longueur 12 mm). L’ancrage
Situation clinique après
mésial du bridge n’est plus efficace et la dépose de la prothèse
prothèse présente une mobilité par rotation supra-implantaire et
sur le pilier distal qui présente un jeu discer- mise en place d’une
vis de protection sur
nable cliniquement.
le pilier distal. Noter le
L’examen radiologique montre une absence 1 morceau de vis fracturé
de perte osseuse péri-implantaire et confirme dans le pilier mésial.

CLINIC 2021;42(408-409):1084-1093 1085


PROTHÈSE
IMPLANTAIRE

Figure 2 Vis de guidage neuve pour verrou de


2 fixation (MEB × 15). Noter la gorge de rupture visible
sous la tête de vis ainsi que l’extrémité mousse.
Figure 3 Vis standard pour verrou de fixation
(MEB × 15). Comme pour la vis de guidage, 4
3 spires seulement assurent la rétention
par vissage dans le pilier spécifique.
Figure 4 Situation clinique après retrait
du morceau fracturé et mise en place d’une
vis de protection sur le pilier mésial.
© IS MEDIA 2021

Dans ce système prothétique, les prothèses (Système SIMEDA) de l’armature permet de


plurales sont transvissées par l’intermédiaire situer correctement le puits de transvissage
de dispositifs désignés sous le terme de ver- tout en limitant son diamètre à l’extrémité du
rous qui sont solidaires de l’intrados prothé- tournevis hémisphérique nécessaire à un vis-
tique. Deux types de vis d’architectures dif- sage excentré des vis captives dans le verrou.
férentes, appelées vis standard de verrou et Lors de l’assemblage, un verrou comportant
vis de guidage, sont prisonnières de ces dis- une vis de guidage (figure 2) est positionné
positifs. Si la prothèse est réalisée sur plus de dans un des piliers permettant l’insertion et le
2 implants, 2 verrous avec vis de guidage sont positionnement correct de la prothèse avant
nécessaires en complément des verrous équi- serrage. Un autre verrou comportant une vis
pés de vis standard. Dans les deux cas, ces standard présentant une partie travaillante
vis sont utilisées dans des piliers prothétiques limitée à 3 filets assure également la rétention
(piliers InLink) supportés par des implants à dans un autre pilier prothétique (figure 3).
plateforme juxta-osseuse (Axiom BL Bone Le verrou avec vis de guidage a été placé ici
Level) ou directement dans les implants à en mésial de la prothèse et c’est la vis de ce
plateforme juxta-muqueuse (Axiom TL Tissue composant qui s’avère fracturée.
Level). Ces deux plateformes, implantaire ou La dépose du fragment de vis resté solidaire
au niveau du pilier, sont identiques en termes du pilier est réalisée à l’aide d’une fraise dia-
d’architecture et présentent une surface plane mantée montée sur un instrument rotatif utilisé
sur laquelle est réalisée l’assemblage avec la à l’arrêt, en exerçant une action de dévissage
suprastructure. manuel afin de pouvoir simuler l’action d’un
L’avantage de cette assemblage implanto-­ tourne-à-gauche [6].
prothétique original permet de compenser Des vis de couverture sont placées sur les 2 pi-
les divergences implantaires en transvissant liers le temps de la réparation de la prothèse
l’armature prothétique sur des plateformes (figure 4).
plates, sans engagement. La prothèse démontée et le modèle de travail
Par ailleurs, malgré un axe de transvissage (conservé depuis la fin des étapes prothé-
parfois défavorable, la conception par CFAO tiques du traitement initial) sont envoyés au

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PROTHÈSE
IMPLANTAIRE

Figure 7
(a) La prothèse réparée
sur le modèle de travail.
Noter l’angulation ainsi
que le faible diamètre
du puits d’accès sur la
face occlusale de 26.
(b) Vue de l’arcade
5 maxillaire après
insertion de la prothèse
réparée et obturation
Figure 5 Modèle de travail conservé 7a des puits de vissage.
après le traitement initial permettant le
repositionnement de la prothèse à réparer.
Figure 6 Instrument à deux extrémités
travaillantes permettant la dépose du verrou 6
à remplacer et la mise en place du nouveau.
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laboratoire afin qu’il soit procédé au rempla-


cement des 2 dispositifs de verrous (figure 5).
Cette étape est réalisée grâce à un outil spé- 7b
cifique qui permet la dépose des verrous de
l’intrados prothétique et leur remplacement
sans autre modification de l’architecture pro-
thétique (figure 6).
Une semaine plus tard, la prothèse répa- Figure 8
Image radiographique
rée (figure 7a) est assemblée en bouche permettant de
(figure 7b) et les vis de verrous sont revissées s’assurer du bon
dans les piliers et serrées à 25 N.cm à l’aide positionnement de la
d’une clé dynamométrique. Un contrôle ra- prothèse transvissée.
diographique est effectué afin de vérifier
l’adaptation de la prothèse réparée (figure 8). 8
L’occlusion et la désocclusion sont ensuite mi-
nutieusement vérifiées à l’aide de papiers
marqueurs de points de contact de 40 µm
d’épaisseur (figure 9).

ANALYSE DES CAUSES POTENTIELLES


DE LA COMPLICATION

Étiologie du dévissage précédant


une fracture éventuelle Figure 9
Les causes du dévissage évoquées dans la Vérification de
l’occlusion et
littérature sont nombreuses. Elles sont étayées
de la désocclusion
par quelques études par modélisations ma- 9a 9b à l’aide de papier
thématiques ou d’expérimentations in vitro ou à articuler.

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simplement par l’analyse rétrospective de nombre de dents remplacées par rapport au


situations cliniques conduisant à des recom- nombre de piliers implantaires [9-11].
mandations empiriques. • L’architecture et le matériau de la vis du
Globalement, elles peuvent être réparties en pilier [10-12].
4 catégories. • L’architecture du pilier implantaire. Les piliers
angulés auraient une meilleure résistance au
Caractéristiques architecturales dévissage que les piliers droits [10, 11, 14].
de la connexion implanto-prothétique • La largeur vestibulo-linguale de la table
• La présence d’1 degré de liberté en rotation et occlusale [10, 15].
l’existence d’un système anti-rotationnel [7, 8].
Kourtis et al. rapportent qu’1 degré de liberté en Caractéristiques du protocole de vissage
rotation supérieur à 5° du pilier après assem- • L’absence de prise en compte de la perte de
blage réduit grandement le couple de dévis- précontrainte liée à l’adaptation progressive,
sage. Ils précisent que l’hexagone externe pré- au niveau microscopique, des pièces assem-
sente une plus grande liberté en rotation que blées ou settling effect. Cet effet se traduit
l’hexagone interne. Ils évoquent aussi l’impré- par la perte de 2 à 10 % de la précontrainte
cision ou l’inexactitude de l’ajustage implant/ initiale lorsque la vis d’assemblage est serrée
pilier entraînée par l’utilisation de marque au couple de serrage préconisé [16].
« générique » [9]. Alsubaiy [10] et Kofron et al. [8] • Le manque d’ajustage de la prothèse ainsi
signalent que l’ajout de fonctionnalités anti-­ que le type de matériau prothétique [10].
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rotationnelles, telles que des encoches ou des • La réutilisation de la vis lors des étapes cli-
micro-butées, empêche la rotation du pilier et niques et de laboratoire [10].
réduit le desserrage des vis. • L’invagination gingivale dans la prothèse ou
• Le système de connexion implant/pilier ainsi « piégeage du tissu péri-implantaire » [10, 17].
que la qualité de l’engagement des deux contre- • La valeur du couple de serrage [10]. Lee et al.
parties de l’assemblage. Ainsi, les connexions rapportent que la valeur du couple de serrage
coniques résisteraient mieux au dévissage que a un effet significatif sur la fréquence des dé-
les systèmes à hexagones internes qui eux- vissages et recommandent que la valeur de ce
mêmes sont plus efficaces que les connexions couple soit supérieure à 10 N.cm pour les vis en
à hexagones externes [9-12]. Neumann et al. or [18]. Siamos et al. préconisent d’augmenter
complètent ce constat en soulignant que, dans la valeur du couple au-dessus de 30 N.cm
les connexions coniques, 100 % des fractures de pour réduire le desserrage des vis intra-­
vis se produisent au niveau du col de la vis de implantaires [19].
transfixation, ce qui constitue la partie la plus
fragile du dispositif [13]. Contraintes excessives s’exerçant
sur la prothèse
Conception prothétique • Un contexte clinique peu favorable sur le plan
• Une conception prothétique à risque sur le biomécanique entraînant des surcharges ou
plan biomécanique en termes de différences des interférences en occlusion statique et
importantes entre le grand axe implantaire dynamique [9, 10].
et les contraintes fonctionnelles, qu’il s’agisse • La présence de para-fonctions à type de
d’un implant excentré par rapport à la surface bruxisme ou de serrage excessif, non contrô-
occlusale ou de cantilevers exagérés en pro- lées par le port d’une orthèse [9, 11].
thèse plurale [9-11]. D’autres facteurs ont également été étudiés
• L’utilisation de piliers génériques compatibles mais différents auteurs ont émis des réserves
qui ne présentent pas les qualités de fabrication quant à leur rôle dans le dévissage. Ainsi, il a été
propres au système implantaire de référence, évoqué la longueur et le traitement de surface
entraînant un défaut d’ajustage préjudiciable de ces vis [10, 11], le diamètre de l’implant [10,
à la pérennité de l’assemblage [9, 10]. 20] ou la technique utilisée pour serrer la vis à
• Le type de restauration et le rapport entre le la valeur de torque recommandée.

1088 CLINIC 2021;42(408-409):1084-1093


PROTHÈSE
IMPLANTAIRE

Pour Bacchi et al., le matériau de la vis jouerait contrôler la diminution de la précontrainte liée
un plus grand rôle dans la résistance au dévis- à l’ajustage progressif ou settling effect [16].
sage que la technique de contrôle du couple Ce phénomène traduirait l’usure et l’aplatisse-
de serrage utilisée [21]. ment des microreliefs de la surface des vis lors
Même si, au cours du temps, une meilleure du serrage aboutissant à diminuer la précon-
connaissance des mécanismes en rapport trainte de serrage de 2 à 10 % [23].
avec le vissage ainsi que l’amélioration des Cette perte de l’efficacité du serrage initial
états de surface des vis utilisées ont contribué peut être potentialisée par les micromou-
à réduire considérablement les taux de dévis- vements liées aux contraintes fonctionnelles
sage, la littérature récente rapporte encore s’exerçant sur la prothèse et transmises aux
une fréquence non négligeable de cette interfaces implant/vis/pilier. Ces micromouve-
complication. ments sollicitent les zones de contact en fric-
De même, une problématique récurrente évo- tion amenant un micro-jeu qui, s’il n’est pas
quée par de nombreux auteurs réside dans l’ab- contrôlé par une précontrainte suffisante, va
sence de consensus quant au protocole de pré- augmenter avec le temps d’usage clinique.
vention et de gestion de ces dévissages [9, 10, 22]. L’action délétère de ces micromouvements
Ainsi, l’utilisation de vis prothétiques neuves au est d’autant plus importante et rapide que la
moment de la mise en place finale de la pro- précontrainte délivrée lors du serrage initial
thèse a été proposée afin de garantir un com- est insuffisante [23, 25, 27]. C’est pourquoi le
portement mécanique optimal de celles-ci [23]. respect scrupuleux des données recomman-
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Pour Butkevica et al. [24] et Weiss et al. [25], les dées en termes de couple de serrage s’avère
cycles de vissage/dévissage favoriseraient une essentiel [10, 12, 16].
augmentation de la précontrainte après ser- Enfin, pour prévenir ces événements de dé-
rage contrôlé. Xiao et al. soulignent que réuti- vissage intempestifs, il apparaît que la me-
liser les vis après la réalisation des étapes de sure la plus efficace réside dans le contrôle
laboratoire serait une manœuvre cliniquement régulier de la stabilité des prothèses supra-­
acceptable sans risque d’un comportement implantaires, qu’elles soient assemblées par
mécanique dégradé [26]. transvissage ou par scellement sur un pilier,
Inversement, lors des étapes de maintenance lui-même transvissé. Ainsi, Pjetursson et al.
nécessitant un désassemblage, Kourtis et al. re- recommandent de systématiser les rendez-­
commandent de remplacer systématiquement vous planifiés de contrôle pour prévenir ces
les vis de prothèse en raison des contraintes complications [4].
déjà subies [9]. Ceci semble en accord avec Selon Pardal-Peláez et Montero, lorsqu’ils ne sont
Silvestri et al. qui soulignent que le serrage op- pas repérés à temps, les dévissages peuvent évo-
timal ne peut être obtenu qu’en utilisant des vis luer vers la fracture de vis [12]. Pour ces auteurs,
neuves [23]. la prévalence des fractures de vis serait d’environ
Cependant, certaines modalités en rapport avec 0,35 % à 5 ans. Cette hypothèse du dévissage pré-
le protocole clinique de vissage semblent re- curseur de la fracture a été étudiée par Scarano
cueillir l’adhésion d’une majorité d’auteurs. Ain- et al. en observant des vis fracturées en micros-
si, la réalisation d’une radiographie de contrôle copie électronique à balayage. Ils ont montré des
lors de l’assemblage prothétique avant pro- altérations de la surface de ces vis provenant de
cédure de serrage contrôlé semble pertinente piliers ayant connu un épisode de dévissage. Des
pour certains auteurs [9, 10, 12]. De même, l’utili- déformations plastiques et des fissures situées
sation d’une clé dynamométrique spécifique du au niveau du filetage de la vis, liées à la fatigue
système implantaire utilisé et réglée au couple mécanique, étaient visibles. En comparaison, les
de serrage recommandé apparaît comme une vis contrôles provenant de piliers n’ayant pas subi
notion classiquement rapportée [2]. d’épisode de dévissage ne présentaient pas ces
Plusieurs auteurs préconisent également de altérations. Pour ces auteurs, le revissage d’une
renouveler le serrage au torque recommandé vis de pilier dévissée augmenterait le risque de
10 minutes après l’assemblage initial afin de fracture de cette vis [28].

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PROTHÈSE
IMPLANTAIRE

Réflexions autour de la complication


mécanique traitée
Si l’on reprend la classification des étiologies
potentielles de dévissage proposée supra, il
est possible de dégager les éléments de ré-
flexion suivants.

Caractéristiques du protocole de vissage


L’analyse rétrospective des conditions du trai-
Figure 10
Tournevis tement a montré que des vis de verrou neuves
hémisphérique ont été serrées à l’aide du tournevis hexagonal
spécifique du 10 à bout hémisphérique spécifique (figure 10)
système inLink.
puis serrées à 25 N.cm comme recommandé
par la société implantaire qui commercialise
Pour Silvestri et al., l’incidence des fractures de ce matériel, en utilisant une clé dynamomé-
vis entraînées par la fatigue mécanique serait trique dédiée. Un serrage complémentaire a
rare [23]. Selon Papaspyridakos et al., dans été effectué quelques minutes plus tard afin
une étude rétrospective menée sur des pro- de contrôler la perte de précontrainte. Sauf à
thèses fixées complètes supra-implantaires envisager une mauvaise manipulation de la clé
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suivies sur une période maximale de 12 an- dynamométrique ou un défaut de calibrage de


nées, le taux de fracture par fatigue est estimé celle-ci, les conditions d’un vissage efficace ont
à 0,3 % [29]. Al Jabbari et al. évoquent une di- été respectées.
vergence entre l’orientation des forces occlu-
sales et des axes implantaires ou la réalisation Contraintes excessives s’exerçant
d’extensions trop longues comme étiologie sur la prothèse
principale de ces fractures par fatigue des Il apparaît que les implants sont situés dans
vis prothétiques [30]. Silvestri et al. précisent le volume prothétique permettant une réali-
également qu’un phénomène de corrosion du sation de l’infrastructure en tenant compte de
titane et l’existence de para-fonctions pour- l’angulation mésio-distale qui indiquait l’utili-
raient constituer des facteurs contributifs à sation du système de piliers spécifiques inLink.
l’apparition de ces fractures [23]. Le patient ne présente aucun signe évident de
De plus, Scarano et al. [28] ainsi que Bo Kyun para-fonction et le niveau de contrainte fonc-
et al. [31] soulignent également le risque de frac- tionnelle en rapport avec la musculature mas-
ture entraîné par un serrage excessif des vis, su- ticatrice n’apparaît pas excessive.
périeur à la valeur préconisée du torque. Par ail- L’occlusion et la désocclusion ont été vérifiées
leurs, ces auteurs rapportent que peu d’études lors des différentes étapes prothétiques pour
cliniques signalent l’extraction de vis fracturées favoriser la limitation des contraintes excen-
dans ces situations de complications, bien que trées et partager l’intensité de la charge oc-
de nombreuses techniques aient été proposées clusale.
dans la littérature [31]. Ainsi par exemple, Nergiz Enfin, l’usage clinique étant limité à environ
et al. décrivent l’utilisation d’un système de dé- 1,5 année, il apparaît difficile d’évoquer, dans
montage dédié, associé à un guide de forage cette fracture, l’impact de la fatigue méca-
de la vis pour minimiser les risques d’altération nique en relation avec la fonction.
du filetage interne de l’implant [6].
Bo Kyun et al. concluent sur l’absence de consen- Conception prothétique
sus face à une complication souvent difficile à Le système de piliers utilisé ici est proposé
gérer et sur l’intérêt d’utiliser des vis creuses afin pour permettre un rattrapage des divergences
de faciliter le retrait des segments fracturés sans implantaires dans les situations de prothèse
risque pour le filetage interne de l’implant [31]. plurale réalisée sur implants à plateformes

1090 CLINIC 2021;42(408-409):1084-1093


PROTHÈSE
IMPLANTAIRE

juxta-osseuses. La connexion et la plateforme domaine élastique en traction. En fonction du


plate du pilier sont identiques à celles de matériau constituant la vis, de ses dimensions,
l’implant à plateforme juxta-muqueuse de la de son architecture en termes de nombre de
marque implantaire utilisée [32]. filets et de son état de surface, le fabricant se
Par rapport à un pilier angulé pour prothèse charge de déterminer le couple de serrage
transvissée, ce système original permet une optimal pour se rapprocher des conditions
conception prothétique par CFAO autorisant favorisant une résistance optimale au dévis-
un recentrage du puits d’accès à la vis avec sage [34, 35].
une ouverture occlusale très limitée malgré un Ici, les vis spécifiques de ces verrous sont fabri-
axe de vissage angulé par rapport à l’axe du quées en titane grade 5 TA6V, avec un diamètre
pilier implantaire. de 2,8 mm, et présentent seulement 3 filets [33].
La CAO et l’usinage associé permettraient Ces vis comportent une zone de faiblesse ou
de rattraper des divergences d’axes allant gorge de rupture, située à proximité de leur tête,
jusqu’à 25° tout en gardant un puits d’accès conçue pour entraîner une fracture en cas de
de diamètre réduit [33]. contraintes excessives. Cette conception est ins-
En effet, ce système de verrou utilise une vis pirée du principe du fusible dont Rangert et al.
captive insérée au laboratoire dans l’intrados ont montré l’intérêt dans les situations où le sys-
de l’armature prothétique usinée, permettant tème implanto-prothétique pourrait subir des
ainsi l’utilisation d’un tournevis spécifique dans contraintes fonctionnelles ou para-­fonctionnelles
un puits de vissage dont le diamètre est limité excessives, potentiellement néfastes pour l’ostéo-­
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au seul débattement de l’extrémité de cet intégration ou pour l’intégrité de la prothèse [37].


outil [32, 33]. Binon et al. qualifient cette conception de « mé-
Lors de la conception de l’armature, un lo- canisme de protection contre l’échec » (Fail-Safe
gement est prévu pour recevoir secondaire- Mechanism) [32, 36, 38].
ment ces verrous constitués d’une bague de Ces vis spécifiques de verrou doivent être ser-
maintien et d’une vis captive qui existe en rées avec un torque de 25 N.cm, permettant
deux architectures : soit une vis de guidage à une précontrainte élevée par rapport à une vis
extrémité mousse, soit une vis standard plus prothétique conventionnelle de pilier conique
courte [33, 35]. dont le couple de serrage est généralement
limité à 15 N.cm. Ceci serait rendu possible en
Caractéristiques architecturales partie par le diamètre de ces vis de verrous.
de la connexion implanto-prothétique Ce système original d’assemblage vissé a fait
Dans ce système, la connexion implanto-­ l’objet de tests mécaniques réalisés par la so-
prothétique est réalisée par l’intermédiaire ciété qui les commercialise. D’après les données
de piliers à plateformes planes dans lesquels accessibles, la résistance mécanique en fatigue
les vis assurent un rôle de guidage durant du système répondrait à la norme ISO14801:2016
l’insertion prothétique et de maintien de l’as- en termes de résistance mécanique. Les tests
semblage après serrage. pratiqués évaluent la résistance maximale en
Du fait de l’absence d’engagement et donc de traction statique avant rupture et la résistance à
stabilisation des pièces de l’assemblage, ces la fatigue mécanique sous une charge cyclique
vis ont donc un rôle essentiel dans la pérennité à une fréquence de 15 Hz en milieu sec. D’après
de l’assemblage des pièces du dispositif pro- les données du fabricant, ces tests montreraient
thétique en résistant à la déformation entraî- un comportement mécanique équivalent entre
née par les contraintes fonctionnelles. un système de piliers avec verrous et un système
Selon les principes physiques élémentaires qui multi-unit transvissé sans qu’il soit communiqué
régissent l’assemblage par vissage, il est rap- de données précises concernant les résultats de
pelé que, par convention, une précontrainte ces tests [32, 35].
efficace obtenue à l’aide d’un torque adéquat En tenant compte de ces caractéristiques
doit permettre d’amener une déformation de mécaniques censées être performantes,
la vis correspondant à environ 75 % de son quelles hypothèses peut-on avancer en

CLINIC 2021;42(408-409):1084-1093 1091


PROTHÈSE
IMPLANTAIRE

11 12a 12b

Figure 11 Image en microscopie électronique (× 25) de la vis fracturée,


partie solidaire du verrou de positionnement.
Figure 12 Images de la zone fracturée précédente : (a) × 70 et (b) × 250.
Des déformation plastiques sont visibles au niveau de la zone de fracture,
illustrant les contraintes mécaniques importantes subies par la vis de verrou.
Figure 13 Image (× 65) montrant l’aspect du morceau opposé resté dans
le pilier implantaire. La zone de fracture est située au niveau
de la gorge de rupture.

13

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rapport avec cette conception originale en ment, il serait surprenant que la conception
termes de causes potentielles du dévissage n’ait pas rapidement évolué ou, au pire, que
puis de fracture de cette vis de guidage ? ces dispositifs n’aient pas été retirés des cata-
• La première hypothèse est que la conception logues d’accastillage prothétique de la société
du dispositif lui-même, bien que validée au implantaire concernée.
laboratoire, ne permette pas une résistance • La deuxième hypothèse est que, en termes de
mécanique suffisante dans toutes les situa- conception, la zone de faiblesse ou gorge de
tions cliniques. Comme il est stipulé dans la rupture conçue pour se rompre afin d’éviter une
norme ISO 14801:2016, « Même si la présente surcharge transmise aux implants sous-jacents
Norme internationale simule la mise en charge soit trop efficace. Encore une fois, il peut être
fonctionnelle, dans les conditions “les plus avancé le fait que l’intensité d’une contrainte
défavorables”, d’un implant dentaire endo-­ élevée exercée sur une prothèse agrégée à
osseux, elle n’est pas applicable pour prévoir un nombre élevé d’implants sera répartie et
le comportement in vivo d’un implant den- supportée par chacun des piliers ou verrous
taire endo-osseux ou d’une prothèse dentaire, implantaires. La même intensité de contrainte
notamment si plusieurs implants dentaires s’exerçant sur un faible nombre de piliers,
endo-osseux sont utilisés pour une prothèse comme c’est le cas dans la situation clinique
dentaire » [39]. Clairement, les conditions de présente, augmente d’autant le risque d’at-
modélisation ne sont jamais totalement simi- teindre la limite de résistance mécanique des vis
laires aux conditions cliniques et il apparaît utilisées comme rupteurs de force ou fusibles.
compréhensible que le comportement mé- • Enfin, il est possible qu’une contrainte
canique d’une prothèse complète sur 8 im- fonctionnelle excessive, localisée sur le pilier
plants soit différent de celui d’une prothèse antérieur, comme évoqué par le patient, ait
plurale sur 2 piliers implantaires. Les données dépassé la limite de résistance mécanique
scientifiques et les études publiées étant pour prévue avant rupture de cette vis à concep-
le moins limitées sur le comportement mé- tion ruptrice.
canique in vitro ou plus encore in vivo de ces Même s’il est difficile d’aller plus loin dans
dispositifs de verrou, il est difficile d’apporter l’analyse rétrospective de cette situation de
des arguments à cette hypothèse. Néanmoins, complication mécanique ou technique, l’exa-
si cette complication était fréquente clinique- men des images réalisées en microscopie

1092 CLINIC 2021;42(408-409):1084-1093


PROTHÈSE
IMPLANTAIRE

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électronique montre bien une déformation Dans le cas clinique présenté ici, certains dis-
plastique du matériau suivie d’une rupture par positifs prothétiques sont conçus pour éviter les
déchirure au niveau de la gorge de rupture de conséquences néfastes d’une contrainte exces-
cette vis de guidage (figures 11 à 13). sive s’exerçant sur la reconstitution implanto-­
prothétique en favorisant la fracture de la vis
CONCLUSION d’assemblage. Un outillage spécifique permet la
Ce cas clinique illustre la nécessité de prendre dépose de la partie fracturée et le remplacement
en compte la maintenance dans un traitement par une vis neuve. Néanmoins, la recherche de
implanto-prothétique. Le dévissage est une l’étiologie de cette fracture ainsi qu’une surveil-
complication rare mais qui peut s’avérer diffi- lance accrue doivent accompagner cette inter-
cile à gérer s’il évolue vers la fracture de la vis. vention de maintenance prothétique.

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J Esthet Restor Dent 2017;29:233-246. complication rates in older and newer publi- Cah prothèse 2020;48:472-480.
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polyetheretherketone, and carbon fiber-reinforced seven abutment-implant systems. J Prosthet 39. Norme internationale: ISO 14801:2016(F).

CLINIC 2021;42(408-409):1084-1093 1093


LES AUTEURS DE
NOUVELLE FORMULE Émile BOYER, Bénédicte MARTIN, Marc BARANES, Jérôme LIPOWICZ,
Yvan BEDOUIN, Martine BONNAURE-MALLET, François DURET, Philippe BOITELLE,
Vincent MEURIC, Hanna KRUK, William PACQUET, Laurent TAPIE,
JANVIER 2021
N°397

Grégoire CHEVALIER, Selma CHERKAOUI, Thibaud CASAS, Christian MOUSSALLY,


Xavier BENSAID, Marc DANAN, Mounia AMARA, Mathieu ROUSSET, Jérôme LECLAIR,
Alexandra FAUQUE, Brigitte GROSGOGEAT, Francesco Guido MANGANO,
Franck DECUP, Guillaume JOUANNY, Oleg ADMAKIN, Matteo BONACINA,
Antonin HENNEQUIN, Rémi ESCLASSAN, Henriette LERNER, Vygandas RUTKUNAS,
Florent DESTRUHAUT, Renaud NOHARET, Carlo MANGANO, Nicolas PITON,
Éric Van DOOREN, Philippe BUISSON, Romain de PAPÉ, Serge DAHAN
Jérémie PERRIN, Laure COSPAIN,
Nicolas LAFERTÉ, Éric PORIN,
LE BEST OF Damien BRÉZULIER, Hervé PLARD,
DES 4 REVUES Éléonore VALLERON, Simon GALAIS,
JPIO, Clinic, Cahiers de prothèse et Implant
c l i n i c . f r
Stéphane MILLIEZ

NOUVELLE FORMULE Franck DECUP, Lola MARCHAND, Perrine BALLAND, Nathan MOREAU, Maxence SERVANT,
Fleur BERES, Christine SILVA, Benjamin SALMON, Frédéric COURSON, Marion MORCEL,
MAI 2021
AVRIL 2021

Catherine BESNAULT, Crina MOIS, Ambroise JAGDEV, Camille LEROY, Maxime GUILLEMIN,
AVRIL 2021 MAI 2021
N °4 0 0 N °4 0 1

Clarence ROSEDEL, Tchilalo Émilie HASCOET, Pierre KERIBIN, Mathieu PROVOST,


© IS MEDIA 2021

BOUKPESSI, Éléonore DOUSSET, Avulsion de la 3e molaire


Alexandra CLOITRE, Élisabeth CASSAGNAU, Philippe LESCLOUS,
Pratiques et concepts actuels en médecine bucco-dentaire

Matthieu MARRET, Rémy SARAUX, Renaud NOHARET, Philippe BUISSON, Harald FAHRENHOLZ,
Pratiques et concepts actuels en médecine bucco-dentaire

mandibulaire en 10 points

L’ancrage implantaire

Paul LACCOURREYE, Romain


en orthodontie

MICI et maladies
parodontales :
Louis HUAULT, Yvan FRONTY, Philippe RICHEUX, Pascal AUROY
ORLU, Giulia ARCIDIACONO, Julien PACCHIONI, Jean-Luc VEYRUNE, Alexandre BAUDET,
les liaisons
dangereuses

L’hygiène

Paul LACCOURREYE, Philippe Florian LAURENT, Arnaud FLORENTIN, Céline CLÉMENT,


de l’équipe
soignante

Efficacité

FRANÇOIS, Adrien BRUN, des dentifrices


blancheurs sur
la teinte dentaire
Tristan VALMY, Thibault CANCEILL, Johan SERGHERAERT,
Charline CERVERELLA, Martin Adeline MATEU, Salomé OUAZANA, Guillaume CADIOT,
GAUDINAT, Mathieu IZART, Cédric MAUPRIVEZ, Julien BRAUX, Marie-Laure JOURDAIN,
Marianne LAGARDE, Matthieu Emmanuel MASSON REGNAULT, Philippe FRANÇOIS,
dossier

L’ENDODONTIE CONNEXIONS
AU-DELÀ DES LIMITES MOULINIER, Alexandre PIERGA IMPLANT-PROTHÈSE Charline CERVERELLA, Marie-Joséphine CRENN, Martin GAUDINAT,
c l i n i c . f r
Mathieu IZART, Marianne LAGARDE, Bichoy MATTA, Alexandre PIERGA
401
400

c l i n i c . f r

Hugues de BELENET, Jean- Philippe DOUCET, Alexandre MATHIEU,


JUILLET-AOÛT 2021

SEPTEMBRE 2021

François LASSERRE, Stefen KOUBI Frédéric DUFFAU, Laura LOSTAL,


Léonie MAUJEAN, Alice GUYON, Romain CHALEIL, Pauline D’HULSTER, Sébastien JUNGO,
JUILLET-AOÛT 2021 SEPTEMBRE 2021
N °4 0 3-4 0 4 N °4 0 5

Aurélien THOLLOT, Nicolas DAVIDO, Franck AFOTA, Matthias RZEZNIK, Bernard SCHWEITZ,
Charles SAVOLDELLI, Romain CASTRO, Émilie BORDET, Philippe BIDAULT,
Justine ROHART, Emmanuel MASSON REGNAULT, Sophie-Myriam DRIDI, Antoine POPELUT,
Pratiques et concepts actuels en médecine bucco-dentaire

Pratiques et concepts actuels en médecine bucco-dentaire

Georges KHOURY, Chérine FAHRAT, Guillaume ANDUZE-ACHER,


Mickaël SAMAMA, Hadi ANTOUN, Michel METZ, Benjamin CAZAUX, Julien MOURLAAS,
Roger JOERGER, Mickael COTELLE, Gauthier Benoit BERNAUD, Marc GAUDIN,
CAZALS, Bernard FLEITER, Xavier VAN BELLINGHEN, Benjamin CORTASSE, Philippe FRANÇOIS,
Alexis JENNY, Sylvia HORVILLER-MEUDIC, Charline CERVELLERA, Vincent FOUQUET,
ODONTOLOGIE Caroline ALVARADO, Audrey CHANLON, Nicolas Mathieu IZART, Marianne LAGARDE,
SPATIALE 8 STEP BY STEP
FOUGERONT, Hélène GIL, Roland DRAUT, Arek POUR AFFINER Matthieu MOULINIER
DOSSIERS
SA PRATIQUE
PRENDRE EN CHARGE LES DTM
AUGMENTATIONS OSSEUSES
SULUKDJIAN, Philippe FRANÇOIS, Vincent FOUQUET, EN PARODONTIE
Thimothée GELLÉE, Matthieu MOULINIER
403-404

c l i n i c . f r
405

c l i n i c . f r

Serge ARMAND, Philippe BIDAULT, Olivier FROMENTIN,


DÉCEMBRE 2021-JANVIER 2022

NOVEMBRE 2021
Marco Erwan MAZEVET, Mathias VAUCHAUSSADE DE CHAUMONT,
Valentin GARYGA, Marin POMPERSKI, Delphine LALLOUET, Thibault DROUHET,
N°407
DÉCEMBRE 2021
JANVIER 2022
N°408-409

Romain CHERON, Philippe DOUCET, Norman CHICHE, Rufino FELIZARDO,


Guillaume JOUANNY, Olivier FROMENTIN, Alexis BLANC,
TRAITEMENTS
Matthieu GROSBORNE, IMPLANTO- Maxime BOUVART, Daphné ACHOULINE,
Pratiques et concepts actuels en médecine bucco-dentaire

Mathieu LAGORSSE, Bertrand KHAYAT, PROTHÉTIQUES Jonathan GUCCIARDI, Yann SAIZOU,


Maxime DROSSART, Jean BARRET, Pascaline DORMAGEN, Simon TORDJMAN,
Aurélia SCHNEIDER, Cécile HVOSTOFF, Ahmed RABIEY, Frédéric CHAMIEH,
Philippe FRANÇOIS, Adrien BRUN, Maryline TROUILLON, Thibault DROUHET,
Marie-Joséphine CRENN, Geoffrey BOISSIÈRE, Jean-François N’GUYEN,
Vincent FOUQUET, Martin GAUDINAT, Thomas N’GUYEN, Alexis BARREAU,
Marianne LAGARDE, Marie-Joséphine CRENN, Adrien SÉNIORIS,
CONSERVER ? Matthieu MOULINIER Stéphane LE GOFF
408-409

c l i n i c . f r
c l i n i c . f r
CLIS0407_Couverture.indd 1 25/10/2021 15:14

1094 CLINIC 2021;42(408-409):1094-1095


EN
NOUVELLE FORMULE Marie CLÉMENT, Frédéric COURSON, Ambroise JAGDEV,
Camille LEROY, Marion MORCEL, Pierre KERIBIN, Maxime GUILLEMIN,
Emilie HASCOET, Alexandra CLOITRE, Philippe LESCLOUS,
MARS 2021
N°399

Anne-Sophie VAILLANT, Pascale CORNE, Renaud NOHARET, Marie-Laure


COLOMBIER, Clément MESSECA, Orianne GONDEL, Pamela de SILANS,
Dominique GUEZ, Martin BIOSSE DUPLAN, Laure DEMEL TRAMON,
Quatre facettes pour
réhabiliter un sourire Hélène THOMASSET, Aurélien DELAUNAY, Mathilde JALLADAUD,
Ichai LANATI, Maxime GHIGHI, Marjolaine GOSSET, Elise AUBER, Marc
Mise en condition
tissulaire en PAC

Choisir sa lampe

SANTUCCI, Emmanuel BELHASSEN, Léa BONTEMPS, Charles ANGIONI,


à photopolymériser

La constance du projet
en prothèse implantaire

Anomalie transversale
et succion du pouce
Farid GHOUL, Fadel BELLAKHDAR, Adrian BRUN, Sébastien JUNGO,
Comprendre l’empreinte
physico-chimique
en implantologie
Bichoy MATTA, Dominique GUEZ, Pascal AUROY, Jean-Luc VEYRUNE,
Chloé MENSE, Bérengère SALIBA-SERRE, Anne-Marie FERRANDEZ,
PARODONTIE Loïc LALYS, Michel RUQUET, Olivier HUE, Tatiana ROMAN, Mickael
IMPLICATIONS CLINIQUES DE
LA NOUVELLE CLASSIFICATION COTELLE, Bruno PELISSIER, Romain CEINOS, Rafael BEOLCHI, Paul
c l i n i c . f r
TRAMANI, Aiping HUANG, Pierre-Hubert DUPAS, Mathilde SAVIGNAT

Hadia DECHARRIERE, Torsten JEMT,


Henri TENENBAUM, Steven ECKERT,
JUIN 2021

Guillaume HELLER, Xavier BONDIL,


JUIN 2021
N °4 0 2

Henri CHANEAC, Hélène MARTIN THOMÉ,


© IS MEDIA 2021

Barbara LEFORT, Franck RENOUARD,


David BOURDIN, Mathieu FILLION,
Pratiques et concepts actuels en médecine bucco-dentaire

POSER SES IMPLANTS


COMME SI C’ÉTAIT Jérôme LIPOWICZ, Mathieu ROUSSET,
LES PREMIERS
Tristan PICARD, Sébastien PISCITELLO,
Truong NGUYEN, Hélène ARNAL,
Méryl MACCOTTA Philippe LLOBELL,
Muriel DUMAY, Léonard BRAZZOLA,

MERCI
Irena SAILER, Brenda MERTENS,
Robin JAQUET, Philippe BIDAULT,
Bertrand KHAYAT, Philippe KHAYAT
402

c l i n i c . f r

MERCI
Anne-Sophie VAILLANT, Pascale CORNE,
Fréderic SILVESTRI, Laura PASCHEL, Chloé MENSE,
OCTOBRE 2021

Gérald MAILLE, Florian NADAL, Élisabeth DURSUN,


OCTOBRE 2021
N°406

Thomas MARQUILLIER, Caroline LEVERD,

MERCI
Caroline DELFOSSE, Thomas TRENTESAUX,
Céline CATTEAU, Thibaut MASSINET, Alexia FANGET,
LE CHAMP
Pratiques et concepts actuels en médecine bucco-dentaire

OPÉRATOIRE
EN PROTHÈSE

Magali HERNANDEZ, Elsa GAROT, Léa MASSÉ,


PAP EN PEEK EN FLUX
NUMÉRIQUE

APPROCHE
PLURIDISCIPLINAIRE
D’UN CAS CLINIQUE
COMPLEXE

MYCOFILM
Camille LACAULE, Julia ESTIVALS, Jean-Pierre ATTAL,
ET STOMATITE
PROTHÉTIQUE
Gil TIRLET, Sophia HOUARI, Yohann FLOTTES,

MERCI
ORTHÈSES

Lucie SMADJA, Garance BOUDIN, Martin GLORIFET,


MANDIBULAIRES
ET DTM

RESTAURATIONS

Philippe FRANÇOIS, Pierre LE BARS, Alain KOUADIO


DIRECTES DES
SECTEURS
POSTÉRIEURS

DOSSIER AYEPA, Justin KOFFI N’GORAN, Anne LONGUET,


LES MIH François GRAUX, Mathilde SAVIGNAT, Nicolas BOUTIN,
FLÉAU DENTAIRE
DES JEUNES PATIENTS Emmanuel d’INCAU, Julien BROUSSEAUD,
Pascal DE MARCH, Franck DECUP
406

c l i n i c . f r

MERCI
CLINIC 2021;42(408-409):1094-1095
MERCI 1095
DIRECTRICE DE LA RÉDACTION CLINIC est édité par IS MEDIA
SAS au capital de 1 000 €
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Siège social : 11-15 quai de
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Marie CLÉMENT Nicolas PITON Rédacteurs en chef :
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COMITÉ DE LECTURE Rédacteur graphiste : Walter Barros
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Hadi ANTOUN Guillaume HELLER
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Alexandre BAUDET Emmanuel D’INCAU
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Hughes DE BELENET Roger JOERGER* Chef de fabrication : Amélie Rivrin
Radhia BENBELAÏD Guillaume JOUANNY
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Benjamin CORTASSE Benoit PHILIPPE Étranger : Nous contacter
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Florent DESTRUHAUT Georges RACHLIN
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Sophie DOMÉJEAN Yves REINGEWIRTZ Imprimé en France. Imprimerie BIALEC.
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Philippe DOUCET Brice RIERA recyclées : 0 %. Eutrophisation : 0.01 kg/t.
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Thomas FORTIN Anne-Sophie VAILLANT-CORROY 92800 Puteaux
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Olivier FROMENTIN Stéphane VIENNOT


Nicolas FRYDMAN Kazutoyo YASUKAWA
Marjolaine GOSSET Marjorie ZANINI
* Coordinateur du dossier sur les DTM en juillet 2021, Roger Joerger a ensuite enchaîné avec un défi sportif
accompagné d’amis : une marche de 620 kms en 28 jours ! Avant de partir définitivement il y a quelques jours…
Roger était membre historique du comité scientifique des cahiers de prothèse et membre actif du comité de
lecture de CLINIC. Il manquera à la profession et à l’occlusodontologie fonctionnelle tout particulièrement.

CLINIC 2021;42(408-409):1097 1097


PROCHAINEMENT DANS

F É V R I E R 2 0 2 2 • N °4 1 0

LE DOSSIER
• De quoi la pulpe a-t-elle vraiment besoin ?
• Plaie dentinaire sensible
• Plaie dentinaire insensible
• Lésion carieuse profonde
• Lésion carieuse extrêmement profonde
• Lésion carieuse profonde avec
symptôme pulpaire irréversible

ET DE NOMBREUX

THÉRAPIE PULPAIRE AUTRES ARTICLES

Coordonné par Marjorie ZANINI, Cyril VILLAT et Franck DECUP


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