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Ministère des Armées

Direction des Ressources Humaines de l'Armée de Terre


Commandement de la Formation

TTA 150
édition 2018

TITRE XIII
_
HYGIÈNE ET PREMIERS SECOURS

Expert de domaine :
Commandement des Forces Terrestres / Adjoint interarmées du service de santé des armées
État-Major (CFT/AIA-SSA)

Tous droits réservés DRHAT © 2018


Tous droits réservés DRHAT © 2018
Titre XIII

TABLE DES MATIÈRES

Section I - SUIVI MÉDICAL DU PERSONNEL MILITAIRE ......................... 5


Chapitre 1 LA VISITE MÉDICALE ..................................................................................... 6
1 - LA VISITE MÉDICALE PERIODIQUE ................................................................................ 6
2 - LA VISITE MEDICALE AVANT UN DEPART OUTRE-MER ET OPEX ............................... 8

Section II - HYGIÈNE ET PRÉVENTION..................................................... 9


Chapitre 1 HYGIÈNE INDIVIDUELLE ............................................................................. 12
1 - GÉNÉRALITÉS ................................................................................................................ 12
2 - LES PATHOLOGIES SPÉCIFIQUES ............................................................................... 23
Chapitre 2 HYGIÈNE COLLECTIVE AU CASERNEMENT ............................................. 33
1 - HYGIÈNE ALIMENTAIRE COLLECTIVE .......................................................................... 33
2 - LES ORDURES ................................................................................................................ 34
3 - LES RONGEURS ET LES INSECTES ............................................................................. 35
Chapitre 3 HYGIÈNE COLLECTIVE EN CAMPAGNE ET EN INTERVENTION ............. 37
1 - LE LOGEMENT ................................................................................................................ 37
2 - L'ALIMENTATION ............................................................................................................ 37
3 - L'APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE ................................................................ 38
4 - LES MATIERES USEES .................................................................................................. 49
Chapitre 4 LE RISQUE VECTORIEL ............................................................................... 59
1 - GÉNÉRALITÉS ................................................................................................................ 59
2 - LES PRINCIPAUX VECTEURS ........................................................................................ 60
3 - LES AUTRES VECTEURS ............................................................................................... 75
4 - LA STRATÉGIE DE LUTTE ANTIVECTORIELLE ............................................................ 76
5 - CONCLUSION.................................................................................................................. 83

Section III - PRÉVENTION ET SECOURS CIVIQUES ............................. 85


Chapitre 1 GENERALITES .............................................................................................. 86
Chapitre 2 PREVENTION ET SECOURS CIVIQUES DE NIVEAU 1 .............................. 87

Section IV - SECOURISME MILITAIRE .................................................... 89


Chapitre 1 LE SAUVETAGE AU COMBAT DE NIVEAU 1 .............................................. 90
Chapitre 2 LES PATHOLOGIES CIRCONSTANCIELLES .............................................. 91
1 - LE SYNDROME D'ÉCRASEMENT OU CRUSH SYNDROME ......................................... 91
2 - LE TRAUMATISME PAR EFFET DE SOUFFLE OU BLAST ........................................... 92
3 - LES BRÛLURES THERMIQUES ET/OU CHIMIQUES..................................................... 94
4 - LES PIQURES D'INSECTE ET D'ARACHNIDE OU MORSURE DE SERPENT ............. 102
5 - L'HYPOTHERMIE - LES GELURES ............................................................................... 108
6 - LE COUP DE CHALEUR ................................................................................................ 113
7 - LE STRESS ET LE TRAUMATISME PSYCHIQUE ........................................................ 116

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Titre XIII

Section V - COMPLÉMENT AU SECOURISME MILITAIRE ................... 121


Chapitre 1 LES PLAIES ET LES HÉMORRAGIES ....................................................... 123
1 - GÉNÉRALITÉS .............................................................................................................. 123
2 - RECONNAÎTRE LA GRAVITE D'UNE PLAIE ................................................................. 123
3 - CONDUITE A TENIR DEVANT UNE PLAIE ................................................................... 128
4 - LES PLAIES PARTICULIÈRES ...................................................................................... 128
5 - LES HÉMORRAGIES ..................................................................................................... 134
Chapitre 2 LES ATTEINTES TRAUMATIQUES DES MEMBRES................................. 136
1 - GÉNÉRALITÉS .............................................................................................................. 136
2 - LES DIFFÉRENTES ATTEINTES TRAUMATIQUES .................................................... 136
3 - RECONNAÎTRE UNE ATTEINTE TRAUMATIQUE DES MEMBRES ............................. 138
4 - LES CONSÉQUENCES D'UNE ATTEINTE TRAUMATIQUE DES MEMBRES .............. 139
5 - LES COMPLICATIONS DES ATTEINTES TRAUMATIQUES DES MEMBRES .............. 139
6 - CONDUITE A TENIR DEVANT UNE ATTEINTE TRAUMATIQUE DES MEMBRES ...... 139
8 - IMMOBILISATION DES MEMBRES INFÉRIEURS ........................................................ 145
Chapitre 3 LA RELÈVE ET LE TRANSPORT D'UN BLESSE ...................................... 148
1 - GÉNÉRALITÉS .............................................................................................................. 148
2 - MISE À L'ABRI ET TRANSPORT D'UN BLESSÉ PAR UN SAUVETEUR ISOLÉ ........... 148
3 - RELÈVE ET TRANSPORT D'UN BLESSÉ AVEC 2, 3 OU 4 SAUVETEURS ................. 151
5 - CONDUITE A TENIR EN CAS D'ÉVACUATION IMMÉDIATE IMPOSSIBLE .................. 167
Chapitre 4 LA MENACE NUCLÉAIRE, RADIOLOGIQUE, BIOLOGIQUE
OU CHIMIQUE ................................................................................................................ 168
2 - CONSÉQUENCES D'UN ÉVÉNEMENT NUCLEAIRE OU RADIOLOGIQUE ................. 170
3 - DANGERS LIES A L'EXPOSITION A DES AGENTS BIOLOGIQUES ............................ 172
4 - DANGERS LIES A L'EXPOSITION A DES TOXIQUES CHIMIQUES ............................. 173
5 - DANGERS LIES A L'EXPOSITION A DES AGENTS LACRYMOGÈNES ....................... 178
6 - LA DÉCONTAMINATION MEDICALE ............................................................................ 179

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Titre XIII

Section I - SUIVI MÉDICAL DU PERSONNEL MILITAIRE

BUT RECHERCHÉ ET DONNÉES ESSENTIELLES


La visite médicale périodique (VMP) constitue un des outils de la surveillance de l'état de santé
du personnel militaire, contribuant au maintien de la capacité opérationnelle des forces.

RÉFÉRENCE
Instruction ministérielle n° 1700/DEF/DCSSA/PC/MA du 31 juillet 2014 relative à la
détermination et au contrôle de l'aptitude médicale à servir du personnel militaire.

CONSEILS POUR ABORDER L'ÉTUDE


La visite médicale (et dentaire) périodique est une mesure de prévention des risques médicaux et
sanitaires et participe à cet égard à l'hygiène du soldat.

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Titre XIII

Chapitre 1
LA VISITE MÉDICALE

La visite médicale périodique est obligatoire pour tout militaire en situation d'activité ou
appartenant à la réserve opérationnelle de niveau 1 quel que soit son grade. La validité de cette
visite est de deux ans sauf mention contraire apportée par le médecin ou exception
réglementaire (personnel navigant par exemple).
L'autorité d'emploi est responsable du suivi de la validité des aptitudes, des convocations aux
visites médicales périodiques et du contrôle de leur exécution.
Le militaire, convoqué pour la visite médicale périodique, remet au médecin des armées :
la Fiche Emploi-Nuisance (FEN) établie par le chef d'organisme pour chaque poste à partir
de l'analyse des risques. Elle permet au médecin de réaliser une surveillance médicale
adaptée ;
la fiche de présentation à la visite médicale périodique complétée par le commandant
d'unité. Ce document précise l'emploi tenu ou à pourvoir, les risques professionnels
identifiés et l'ensemble des aptitudes médicales susceptibles de se révéler nécessaires
avant l'échéance de validité de la visite médicale périodique.

1 - LA VISITE MÉDICALE PERIODIQUE

La Visite Médicale Périodique (VMP) comprend :


un questionnaire préalable, signé par le militaire ;
un examen biométrique comprenant un contrôle du poids, de la taille, de la tension
artérielle et de l'acuité visuelle. Une étude de l'audition par audiométrie est réalisée
tous les 2 ans avant 35 ans puis tous les 4 ans (sauf si la spécialité ou l'emploi
impose de la contrôler plus fréquemment) ;
un examen clinique ;
un contrôle clinique de l'état dentaire, associé si nécessaire à la prescription d'un
cliché panoramique dentaire. Pour le personnel susceptible de partir en poste hors
métropole ou en OPEX, ce panoramique est réalisé avec une périodicité
quinquennale. En cas de doute sur l'état dentaire ou de nécessité de soins dentaires,
une prise en charge par un chirurgien dentiste est prescrite (avec un éventuel
retentissement sur l'aptitude médicale) ;
un électrocardiogramme (ECG) tous les 2 ans pour les personnels de moins de 20
ans, tous les 4 ans entre 20 et 40 ans et tous les deux ans après 40 ans ;
la vérification de l'existence dans le dossier médical des deux déterminations du
groupage sanguin ABO Rhésus Kell.
Un examen odontologique par un dentiste préalablement à la VMP est recommandé.

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Titre XIII

Aucun autre examen complémentaire n'est systématique. En fonction de la situation


clinique, le médecin peut prescrire, s'il le juge nécessaire, des examens complémentaires
ou des consultations spécialisées :
soit dans le cadre d'une pathologie (à charge de la sécurité sociale) ;
soit dans le cadre d'une détermination de l'aptitude médicale au service, à l'emploi ou
à la spécialité (à charge du service de santé des armées).
A l'issue de cette visite, le médecin met à jour, si possible, les vaccinations réglementaires
et il établit un certificat médico-administratif d'aptitude où sont mentionnées :
l'aptitude médicale au service, à la spécialité, à la conduite de véhicules, à la
désignation pour une OPEX, pour une mission ou une affectation à l'étranger et toute
autre aptitude médicale demandée par le commandement ;
les éventuelles contre-indications à l'entraînement physique militaire et sportif ou à
des activités spécifiques ;
les éventuelles restrictions d'emploi ;
les références d'une dérogation aux normes médicales (si une dérogation a été
accordée par le commandement).
L'aptitude médicale ainsi définie est renouvelée avec une périodicité de 2 ans, sauf
mention contraire. En cas d'événement « santé » survenant pendant cette période et
susceptible d'influer sur l'aptitude médicale, une nouvelle visite médicale doit être
déclenchée par le militaire ou son commandement.

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Titre XIII

2 - LA VISITE MEDICALE AVANT UN DEPART OUTRE-MER ET OPEX

Cette visite concerne le personnel à jour de VMP, apte outre-mer et désigné pour un départ
en mission ou pour une affectation outre-mer.
Même si elle comporte une vérification de l'aptitude médicale à la projection, la consultation
préalable à un départ n'est pas une visite d'aptitude. Elle a pour but de réaliser les actions
nécessaires permettant au militaire de partir en mission.
La visite médicale avant le départ outre-mer et OPEX est décrite dans le titre XXI du TTA
150.

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Titre XIII

Section II - HYGIÈNE ET PRÉVENTION

BUT RECHERCHÉ ET DONNÉES ESSENTIELLES


Une prophylaxie désigne le processus actif ou passif ayant pour but de prévenir l'apparition, la
propagation ou l'aggravation d'une maladie. Le terme fait aussi bien référence à des procédés
médicamenteux qu'à des campagnes de prévention ou à des « bonnes pratiques » adaptées. Il
s'agit avant tout d'un processus liant la prise de conscience d'un risque constaté ou pressenti, à
une réponse médicale ou sanitaire. Cette section a pour ambition de rappeler les notions
essentielles dans les domaines de l'hygiène et de la prévention, individuelle et collective. Ces
notions doivent être connues et mises en application par tous les personnels.

RÉFÉRENCES
Code de la Santé Publique. Partie réglementaire Livre III - Titre II "sécurité sanitaire des eaux
et des aliments" chapitre 1 - section 1 "Eaux destinées à la consommation humaine" ;
Manuel d'hygiène en campagne n° 3478-2/DCSSA ;
Guide d'éducation sanitaire pour les missions extérieures et les séjours outre mer (mise à jour
périodique) ;
Directive n°533/DEF/DCSSA/2 du 14 février 1979 (BOC, 1980 page 2576) sur l'éducation
sanitaire et l'hygiène en campagne ;
Circulaire n°525/DEF/DCSSA/AST/TEC du 21 février 1989 relative à la surveillance médicale
des personnels employés dans les services d'alimentation du ministère de la défense ;
Instruction ministérielle n°1180/DEF/DCSSA/AST/TEC/1 du 16 mai 1994, modifiée, relative à
la prophylaxie dans les armées des maladies transmissibles ;
STANAG 2982 (OTAN) du 26 août 1994, modifié. Besoin essentiel en matière d'hygiène en
campagne ;
Instruction ministérielle n°710/DEF/DCSSA/AST/TEC du 12 mars 1997, modifiée, relative à la
désinsectisation et à la dératisation dans les armées ;
Document guide à l'usage des comités de lutte anti-moustiques (CLAM) n°469/DEF/DCSSA
/AST/TEC du 16 février 1999 ;
Décret n°2001-1220 du 20 décembre 2001, modifié relatif aux eaux destinées à la
consommation humaine, à l'exclusion des eaux minérales naturelles ;
Instruction ministérielle n°3100/DEF/DCSSA/AST/TEC/EPID du 25 mai 2005, modifiée,
relative à la prophylaxie dans les armées de l'infection à VIH et du SIDA ;

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Circulaire n°1300/DEF/DCSSA/AST/TEC/EPID du 31 mai 2005 relative à la conduite à tenir


en cas d'exposition au sang (AES) ;
Circulaire n°2670/DEF/DCSSA/AST/TEC/EPID du 20 septembre 2005 relative à la conduite à
tenir en cas d'exposition sexuelle à risque ;
Arrêté du 11 janvier 2007, modifié, relatif aux limites et références de qualité des eaux brutes
et des eaux destinées à la consommation humaine mentionnées aux articles R. 1321-2, R.
1321- 3, R. 1321-7 et R. 1321-28 du code de la santé publique ;
Instruction ministérielle n°5549/DEF/CAB du 19 avril 2007 relative aux dépistages de la
toxicomanie et de la consommation excessive d'alcool applicable aux militaires ;
Circulaire n° 680/DEF/DCSSA/AST/TEC du 3 avril 2009 relative à la lutte contre le paludisme
dans les armées (avec mises à jour par note n°2007/DEF/DCSSA/AST/BERS
/EPID du 15 novembre 2011 et par note n°504288/DEF/DCSSA/PC/ERS/EPID du 27 juin
2013) ;
Arrêté du 21 décembre 2009 relatif aux règles sanitaires applicables aux activités de
commerce de détail, d'entreposage et de transport de produits d'origine animale et denrées
alimentaires en contenant ;
Publication interarmées PIA-4.0.9.1 "Gestion de l'eau en opération extérieure" n°172/DEF
/CICDE/NP du 23 juin 2010 amendée le 8 mars 2012 ;
Instruction ministérielle n°300 009/DEF/EMAT/CAB/CEMAT du 5 octobre 2011 relative aux
dépistage à l’initiative de l'autorité militaire de la consommation excessive d'alcool et de
l'usage de produits stupéfiants applicables au personnel de l'armée de Terre ;
Instruction ministérielle n°3252/DEF/DCSSA/PC/VET du 9 juillet 2014 relative à la mise en
œuvre de la surveillance et de la qualité et du contrôle sanitaire des eaux destinées à la
consommation humaine, pour les forces en opérations et à l’entraînement ;
Paludisme et prévention en République Centrafricaine, guide pratique à l'usage des cadres de
contact, novembre 2014.

CONSEILS POUR ABORDER L'ÉTUDE


Étudier le texte en cadre RESPONSABLE.
Assister aux activités programmées dans le cadre de l'éducation sanitaire : conférences,
projections de films ou de montages audiovisuels.
En campagne, avoir le souci de s'informer des dispositions pratiques prises par le corps pour
acquérir une expérience en la matière.
Connaître les conditions particulières de la zone de stationnement de
l'unité. Mettre en pratique les conseils et veiller à leur respect.
Selon le préambule de la constitution de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la
DÉFINITION de la SANTÉ est la suivante :

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Titre XIII

« La santé est un état de complet bien-être PHYSIQUE, MENTAL et SOCIAL et ne consiste PAS
SEULEMENT en une ABSENCE DE MALADIE ou d'INFIRMITÉ. La possession du meilleur état
de santé qu'il est capable d'atteindre constitue l'un des droits fondamentaux de tout être humain,
quelles que soient sa race, sa religion, ses opinions politiques, sa condition économique ou
sociale. »
Pour la préservation de la santé :
l'importance de l'éducation pour la santé, dont les enseignements doivent créer de
véritables réflexes d'hygiène, est essentielle tant du point de vue individuel que collectif ;
il faut considérer que l'HYGIÈNE et l'ÉDUCATION POUR LA SANTE ne sont pas
seulement l'affaire du service de santé des armées mais l'AFFAIRE de TOUS et,
notamment, des cadres de contact qui doivent respecter pour eux-mêmes des règles
strictes d'hygiène, de façon à pouvoir les enseigner aux personnels qui leur sont confiés.
Au combat, la MALADIE peut faire fondre les effectifs encore PLUS VITE que les ACTIONS
DIRECTES de l'ENNEMI.

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Titre XIII

Chapitre 1
HYGIÈNE INDIVIDUELLE

BUT RECHERCHE ET CONSEILS POUR ABORDER L’ÉTUDE :


inculquer les notions essentielles dans les domaines de l'hygiène individuelle qui doivent être
connues et mises en application par tous les personnels ;
étudier le texte en RESPONSABLE ;
mettre en pratique les conseils et veiller à leur respect.
Ce chapitre est volontairement détaillé et permet de savoir ce qu'il faut faire et ne pas faire.

1 - GÉNÉRALITÉS

1.1 HYGIÈNE CORPORELLE


L'hygiène individuelle commence par l'hygiène corporelle et peut, par les maladies qu'elle
permet d'éviter, contribuer à la préservation des effectifs.
Pourquoi se laver ?
La peau sécrète la sueur. Celle-ci s'évapore en laissant un dépôt acide qui se mélange au
sébum (sécrétion grasse produite par les glandes sébacées) et aux cellules cornées
rejetées tous les jours par la peau. Ce mélange, rapidement MALODORANT, constitue la
crasse qui favorise la pullulation des MICROBES.
Comment se laver ?
On doit faire une toilette journalière du corps entier (douche ou bain) à l'eau et au savon.
Cette toilette quotidienne doit être IMPÉRATIVEMENT faite dans les PAYS CHAUDS mais
ce rythme doit également, sauf circonstances exceptionnelles, être respecté dans les pays
de climat tempéré ou froid.
Que laver ?
Certaines parties du corps doivent faire l'objet de soins attentifs de toilette :
les organes génitaux, l'anus, le périnée car la peau y présente de nombreux plis et
sécrète beaucoup de sueur : la macération qui s'ensuit favorise les affections
dermatologiques dues aux microbes et aux champignons (mycoses) ;
les cheveux, avec un shampooing, deux fois par semaine ;
les ongles, nettoyés quotidiennement (utilisation de la brosse à ongle) et coupés
régulièrement, tant aux doigts qu'aux orteils ;
les mains, plusieurs fois par jour et au minimum :
au cours de la toilette générale quotidienne
; avant chaque repas ;
après chaque passage aux toilettes.

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En effet, la saleté des mains et des ongles est un facteur de dissémination TRÈS
IMPORTANT de certaines maladies contagieuses, par exemple celles dites « à
transmission fécale » : HÉPATITES VIRALES,
FIÈVRES TYPHOIDES, DYSENTERIES BACILLAIRES et
AMIBIENNES, etc.
1.2 HYGIÈNE BUCCO-DENTAIRE
L'hygiène bucco-dentaire n'est qu'un aspect particulier et fondamental de l'hygiène
corporelle.
Pourquoi se brosser les dents ?
Une DENTURE EN MAUVAIS ÉTAT :
EMPÊCHE une bonne mastication, donc une BONNE ALIMENTATION ET UNE
BONNE DIGESTION des aliments ;
entraîne des MAUX de dents, des douleurs dans la mâchoire.
À partir d'un certain degré, une mauvaise denture constitue une VÉRITABLE INFIRMITÉ,
retentissant sur la capacité opérationnelle du combattant et le BIEN-ÊTRE de l'individu.
Elle entraîne par ailleurs une inaptitude, au moins temporaire, à servir dans certaines
conditions (OPEX).
La cause principale des MAUVAISES DENTURES est la CARIE DENTAIRE qui entraîne,
peu à peu, la mort de la dent.
La cause des CARIES est une mauvaise hygiène de vie, en particulier alimentaire
(TABAGISME, ALCOOLISME, ABUS DE SUCRERIES), associée au NON BROSSAGE
régulier des dents.
Comment se brosser les dents ?
Il faut se brosser les dents au minimum deux fois par jour avec un dentifrice fluoré :
avec une brosse à dents, individuelle ;
à changer une fois par mois
; ni trop dure, ni trop souple.
Le brossage doit être vertical, de la gencive vers les dents.
Autres conseils pour la surveillance individuelle de la denture :
Il faut voir un dentiste régulièrement, c'est-à-dire au moins une fois par an, qui réalisera les
soins nécessaires pour maintenir les dents en bon état et un certificat d'aptitude nécessaire
pour la Visite Médicale Périodique (VMP).
1.3 HYGIÈNE DES PIEDS
C'est également un aspect particulier de l'hygiène corporelle qui doit retenir toute l'attention
du soldat et de ses chefs : au cours de la vie militaire, les pieds sont souvent mis à l'épreuve
par le sport, la marche, etc. Enfin, malgré une sophistication croissante des matériels, il ne
faut jamais perdre de vue le fait que les pieds sont et resteront le moyen de transport ultime
des « 100 derniers mètres ». En conséquence, les pieds seront l'objet de soins
constants
, et les mesures élémentaires de bon sens qui suivent seront intégralement appliquées.

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Les chaussures :
Que ce soit pour le sport, la marche ou les activités quotidiennes, on choisira les
chaussures avec soins et après essayage avec des chaussettes adaptées afin de ne pas
trop serrer le pied. Elles seront souvent cirées (en principe chaque jour) de façon à :
conserver leur souplesse ;
rester perméables à l'air ;
rester imperméables à
l'eau.
Les chaussettes :
Comme les chaussures, elles doivent être choisies avec soin ; d'une taille adaptée, elles ne
doivent pas serrer et elles doivent être dans une matière qui permette l'évaporation de la
transpiration et en particulier on évitera les chaussettes en fibre synthétique imperméable.
Elles doivent être propres et sèches, changées si possible quotidiennement et en particulier
par temps très froid ou très humide. En cas de grand froid, la superposition de deux paires
de chaussettes dont une en laine permet d'éviter les gelures.
L'hygiène des pieds proprement dite :
Les pieds doivent être :
lavés fréquemment
;
séchés soigneusement y compris entre les
orteils ; talqués après les marches.
Les sujets qui présentent une sudation exagérée (hyperhidrose) utiliseront les pommades et
poudres protectrices fournies ou prescrites par le service de santé des armées.
1.4 HYGIÈNE VESTIMENTAIRE
Les sous-vêtements :
Les sous-officiers et les gradés doivent obtenir de leurs hommes le respect des règles
élémentaires suivantes :
sous-vêtements en coton changés quotidiennement
; sous-vêtements lavés, rincés et séchés
soigneusement.
Adaptation des vêtements aux conditions climatiques :
Les vêtements qui protègent le corps humain contre le froid, parfois contre la chaleur et
souvent contre la pluie, ne doivent pas entraver l'évaporation de la sueur. Ils seront donc
perméables à l'air et mauvais conducteurs de la chaleur.
La toile.
Tous les tissus ne possèdent pas également ces qualités. Les toiles de coton et de lin sont
très perméables à l'air mais bonnes conductrices de la chaleur, c'est-à-dire que ce sont des
tissus de choix pour les vêtements d'été, car ils favorisent l'évaporation de la sueur. Ce ne
sont pas des tissus à retenir pour l'hiver car ils ne conservent pas la chaleur du corps.

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Titre XIII
La laine.

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Titre XIII

La laine emprisonne de l'air qui se réchauffe au contact du corps. La superposition de


plusieurs vêtements de laine préserve donc très bien l'organisme contre la déperdition de
chaleur : l'isolement est assuré par les épaisseurs de tissu et les couches d'air qui existent
entre chaque épaisseur. La laine est donc le tissu de choix pour la confection des
vêtements d'hiver.
Remarque : une étoffe mouillée perd ses qualités d'écran thermique. L'eau est en effet vingt-
sept fois meilleure conductrice de la chaleur que l'air. Une étoffe mouillée perd donc ainsi
toute qualité isolante et donc tout pouvoir thermo-conservateur. La laine mouillée, par contre,
conserve toujours un peu d'air entre ses mailles et donc un certain pouvoir thermo-
conservateur.
Par ailleurs tout tissu qui sèche consomme de la chaleur.
Le port de sous-vêtements (tee-shirts, chaussettes) mouillés par la transpiration expose au
risque de refroidissement avec infection virale et, dans un climat froid, au risque
d'hypothermie et de gelures au niveau des orteils. Le linge de corps mouillé doit être changé
pour du linge sec dès la fin de l'effort, d'où l'importance de prévoir du linge de rechange.
Les tissus imperméables.
L'imperméabilisation des tissus par le caoutchouc ou la paraffine a l'inconvénient de
s'opposer à la circulation de l'air, donc d'empêcher l'évaporation de la sueur. Ces vêtements
ne peuvent donc pas être portés très longtemps.
Important : des tissus modernes dits microporeux (Goretex®, etc.) ont l'avantage de
permettre la circulation normale de l'air donc de la sueur évaporée et d'empêcher le
passage des liquides. Ces matières permettent la confection de tenues imperméables qui
peuvent être portées par tous les temps. Ces vêtements "techniques" doivent faire l'objet
d'un lavage approprié pour éviter tous risques d'altération de l'imperméabilité des tissus
microporeux.
Dans tous les cas, les vêtements moulants sont à proscrire. Une circulation optimale de l'air
est obtenue par le port de vêtements amples et qui favorisent ainsi les échanges thermiques
entre l'individu et le milieu extérieur et ainsi l'évaporation de la sueur.
La couleur des vêtements.
La couleur du tissu joue un rôle sur les échanges de chaleur. Les tissus clairs, qui
réfléchissent la lumière solaire, absorbent moins la chaleur que les tissus foncés. Il est donc
préférable de porter, en été, des vêtements de couleur claire et, en hiver, des vêtements
sombres.
Taille des vêtements.
Les vêtements de sport sont conçus pour donner toute liberté de mouvement et permettre
l'évaporation rapide et intense de la sueur au cours d'efforts musculaires prolongés. Ils
doivent être ouverts en cours de séance de sport afin de permettre l'évaporation de la
sueur.
Conclusion :

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Titre XIII

À partir des quelques principes, non exhaustifs et simples, exposés ci-dessus, le rôle du
cadre de contact est le plus souvent de simple bon sens. Il s'emploiera notamment à
corriger chez ses hommes les erreurs vestimentaires qui peuvent avoir des conséquences
graves, par exemple :
en climat chaud : l'insolation due à une exposition prolongée sans coiffure au soleil ;
le coup de chaleur d'exercice (nécessitant donc, en prévention, le port de
vêtements amples, aérés, évacuant bien la chaleur) ;
en climat froid : engelures, voire vraies gelures, dues à l'absence de gants ou à des
chaussettes ou chaussures inadaptées, usées, perméables à l'eau, mouillées ou trop
serrées.
1.5 HYGIÈNE ALIMENTAIRE
La ration alimentaire doit être suffisante, soit 3 200 calories par jour, pour un adulte
fournissant une activité moyenne. Elle doit être augmentée en cas d'activité physique ou
sportive importante ou en cas d'exposition au froid. Elle doit également être équilibrée, c'est-
à-dire contenir, à chaque repas, chacun des trois types d'aliments :
PROTIDES : les protides sont surtout apportés par les aliments d'origine animale
(viande, œufs, poisson, lait, fromages, ...) ;
GLUCIDES : les glucides sont contenus dans les sucres, les pommes de terre, les
céréales, les légumes et les fruits ;
LIPIDES : les lipides sont les graisses, soit d'origine animale (beurre) soit d'origine
végétale (huiles, margarine, fruits secs, ...) ;
de plus, la ration alimentaire doit apporter des vitamines en quantité suffisante mais
sans excès.
Enfin la ration alimentaire doit être aussi variée et agréable que possible.
1.6 HYGIÈNE PSYCHIQUE : ADDICTIONS ET TOXICOMANIE
On parle d'addiction au sujet des différents comportements lié à la consommation répétée et
durable de substances psychoactives ou au fait de s'adonner à une activité (jeux d’argent,
jeux vidéo, consommation de produits sucrés) de manière compulsive. Le concept de
toxicomanie fait référence spécifiquement à la consommation de produits licites (alcool,
tabac), illicites (cannabis, cocaïne, héroïne, drogues de synthèse) ou médicaments
détournés de leur usage.
Diverses dans leurs modalités, les conduites addictives se caractérisent par des points
communs :
la recherche d'une expérience de plaisir ;
l'atténuation d'une sensation de malaise interne ;
la perte de la maîtrise de la consommation malgré des conséquences nocives pour la
santé, les finances personnelles et l'insertion socio-professionnelle.

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Titre XIII

Elles posent un problème de santé publique par leur fréquence notamment chez le sujet
jeune, par leurs complications médicales dans le cas de la prise de substances toxiques et
par leur coût social. En milieu militaire, elles posent à côté des situations d'urgence
médicale ou des aspects médico-légaux des problèmes plus spécifiques, liés en particulier
au contexte opérationnel et à la disponibilité des armes.
1.6.1 Les toxicomanies, un phénomène social
De manière générale, les consommations de substances psychoactives se caractérisent par :
leur fréquence, en touchant une part plus ou moins large de la population en fonction
du produit concerné ;
la précocité des conduites d'abus ou de dépendance ;
le développement de polyconsommations avec l'usage de plusieurs produits à la fois
(cannabis-alcool, tabac-médicaments psychotropes,...).
L'alcool est à l'origine d'une consultation sur cinq en médecine générale et de 20% des
hospitalisations. Il est la troisième cause de mortalité en France après les cancers et les
maladies cardiovasculaires avec près de 40 000 décès par an. Il favorise de nombreux
passages à l'acte (violence, geste suicidaire, accident).
La consommation de stupéfiants : on estime à 150 000 le nombre de sujets dépendants,
avec un âge de plus en plus précoce, entre 17 et 23 ans, et une nette prédominance
masculine. Tous les milieux sociaux sont concernés. La substance la plus utilisée est le
cannabis, avec plus de trois millions de consommateurs occasionnels et un million de
consommateurs réguliers. La principale cause de décès est le surdosage en héroïne, la
complication physique la plus fréquente est la séropositivité VIH. La facilité
d'approvisionnement en médicaments a
favorisé le développement d'une toxicomanie médicamenteuse, les produits les plus
utilisés étant aujourd'hui les psychotropes (anxiolytiques), mais aussi les dérivés de la
codéine, les diurétiques ou les laxatifs.
Le tabac : un tiers de la population adulte fume régulièrement, et 50% des jeunes adultes
entre 18 et 24 ans, avec une augmentation de la proportion féminine depuis quelques
années. Le tabac est en cause dans la survenue d'un tiers des cancers et est à l'origine de
60 000 décès prématurés par an.
1.6.2 Les effets nocifs

Différents types de consommation de substances psychoactives existent :


le non-usage (absence de consommation) ;
l'usage simple (consommation occasionnelle sans complication ou risque notable) ;
l'usage à risque (existence d'un risque objectif - fragilité du sujet, contexte légal,
situation de vulnérabilité) ;
l'usage nocif (existence de dommages médicaux, psychiatriques ou
sociaux) ; l'usage avec dépendance (perte de contrôle de la
consommation).
Le phénomène d'accoutumance

TTA 150 18 Edition 2018


Titre XIII

Deux complications médicales de la consommation de substances psychoactives sont à


préciser :
celles liées à une intoxication aiguë ou un surdosage au produit (ivresse
cannabique avec troubles du comportement) ;
celles liées à un sevrage, c'est-à-dire à un arrêt brutal, volontaire ou non, du produit
consommé (syndrome de sevrage à l'alcool ou à l'héroïne par exemple).
En dehors de ces situations d'urgence, certains signes non spécifiques pourront attirer
l'attention sur une consommation régulière de substances :
variations brutales de l'humeur avec des périodes inexpliquées d'abattement,
d'indifférence voire de torpeur ou au contraire des états d'euphorie ou d'excitation ;
modification du caractère dans le sens d'une plus grande irritabilité, impulsivité voire
des comportements agressifs ;
troubles du comportement à type d'agitation, de fugue, ou de tentative de suicide ;
troubles plus discrets avec diminution des capacités intellectuelles et détérioration
progressive des relations sociales.
1.6.3 L'alcoolisme
Il n'existe qu'une boisson indispensable pour l'homme : l'eau.
L'alcool n'est, en particulier, pas un composant normal du sang et « L'ALCOOLÉMIE
NORMALE » (taux d'alcool dans le sang, exprimé en milligrammes et parfois en grammes
par litre) est de zéro. Il convient ici de ne pas confondre alcoolémie tolérée par le législateur
(en particulier pour la conduite automobile) et un taux permanent qui ne doit pas exister.
LE MILITAIRE, PARCE QU'IL OCCUPE DES EMPLOIS DE SÉCURITÉ (PORT D'ARME,
CONDUITE DE VÉHICULE), SE DOIT DE RESTER TOUJOURS MAÎTRE DE SON
COMPORTEMENT.
1.6.3.1 Consommation de boissons alcoolisées :
LA CONSOMMATION D'ALCOOL NE DOIT PAS S'INSCRIRE DANS LE QUOTIDIEN DU
FAIT DU PHÉNOMÈNE D'ACCOUTUMANCE ET DU RISQUE DE FORTES
DÉPENDANCES PHYSIQUE ET PSYCHIQUE QU'ELLE ENTRAÎNE.
Le vin.
Un adulte bien portant ne doit pas consommer plus de 2 verres de vin par jour sous peine
de voir apparaître des dommages pour sa santé physique et psychique.
Rappelons simplement que l'alcoolémie de 0,50 g par litre est atteinte avec 0,50 L de vin à
10°.
La bière.
La bière est une boisson alcoolisée contenant en moyenne 6° d'alcool par litre. Sa
consommation excessive (plus de 2 chopes par jour) conduit aux mêmes conséquences
qu'une consommation excessive de vin.

TTA 150 19 Edition 2018


Titre XIII

Par ailleurs il faut savoir que la consommation d'alcool entraîne une déshydratation en
augmentant le volume des urines et en climat chaud favorise la survenue d'accidents
thermiques (coup de chaleur en particulier).
1.6.3.2 Les CONSÉQUENCES de l'alcoolisme sont toujours GRAVES : pour
l' INDIVIDU lui-même :
troubles du comportement (60 % des agressions sont liées à l'alcool) et du
caractère, avec conséquences légales éventuelles, ruptures professionnelles
et/ou affectives ou désinsertion sociale ;
maladies digestives (gastrite, cirrhose, cancer, ...) ;
atteintes neurologiques affectant les membres (paralysies) et la vision (maladie
du nerf optique qui entraîne des troubles de la vision) ;
delirium tremens (trouble psychiatrique majeur lié à un état de manque
alcoolique).
pour sa DESCENDANCE :
risque de syndrome malformatif pour l'enfant et de retard mental « syndrome
d'alcoolisation fœtale » ;
atmosphère familiale détériorée avec ses conséquences sur les enfants.
pour la SOCIÉTÉ :
coûts des soins ;
augmentation du nombre d'accidents du travail ;
augmentation du nombre d'accidents de la circulation.
pour l' INSTITUTION MILITAIRE :
altération de l'image de l'institution ;
comportement inadapté en situation difficile ou critique qui doit entraîner une
inaptitude en cas d'alcoolisme avéré (toute OPEX présente un risque
d'augmentation de la consommation d'alcool). LE MILITAIRE DOIT EN
PERMANENCE ÊTRE MAÎTRE DE SES DÉCISIONS ET DE SES ACTES.
Toute constatation de difficultés liées à l'alcool doit conduire à une consultation médicale
précoce pour mise en place d'actions de prévention ou de prise en charge adaptées.
1.6.3.3 Les seuils de consommation :
L'organisation mondiale de la santé (OMS) a établi des recommandations. Respecter ces
recommandations ne garantit pas l'absence de tout risque, mais les experts considèrent
toutefois que ce risque est faible. A contrario, plus on dépasse les seuils définis, plus le
risque est important.

TTA 150 20 Edition 2018


Titre XIII

Une unité d'alcool désigne la quantité d'alcool présente dans un verre ou une bouteille,
quelle que soit la boisson. Cette mesure permet à chacun de s'assurer que sa propre
consommation respecte les seuils maximums recommandés.
Les unités ne peuvent pas se reporter d'un jour à l'autre : si l'on a pas consommé d'alcool
une journée, cela ne signifie pas que l'on puisse consommer le double le jour suivant !

1.6.3.4 Les situations à risques :


pendant la grossesse et l'allaitement ;
quand on conduit un véhicule ou une machine ;
lors de situations qui requièrent de la vigilance ;

TTA 150 21 Edition 2018


Titre XIII

en association avec certains


médicaments ; dans le cas de certaines
maladies ;
lorsque l'on est ancien alcoolodépendant
; avant l'âge légal.
1.6.4 Le tabagisme
De nombreuses substances produites lors de la consommation d'une cigarette (goudrons,
métaux lourds, .....) sont toxiques pour l'organisme ou cancérogènes ; au delà d'une
certaine dose, la nicotine elle-même devient toxique (détresse cardiovasculaire et
neurologique).
Il n'y a pas de consommation anodine de tabac car aussi faible soit-elle, elle peut toujours
avoir des conséquences nocives pour le fumeur et son entourage.
Les conséquences du tabagisme sont multiples ; le tabac :
provoque de nombreux cancers (larynx et pharynx) et surtout celui du poumon dont
l'augmentation se poursuit malgré les campagnes anti-tabac ;
favorise les maladies cardiaques et vasculaires (infarctus, artériosclérose, hypertension
artérielle, ...), qui sont la première cause de mortalité en France.
Enfin les textes de loi en vigueur interdisent le tabagisme dans les lieux publics et en
particulier dans les organismes d'alimentation.
L'utilisation de la cigarette électronique a connu un essor important ces dernières années.
Elle est souvent présentée comme "inoffensive" et d'utilisation pratique.
S'il est vrai qu'elle ne contient pas de goudrons dangereux, ses effets ne sont pas encore
tous connus et l'idée de son innocuité totale est fausse.
En particulier, les arômes alimentaires utilisés pour donner les parfums sont à usage
alimentaire pur et les effets potentiellement nocifs de leur combustion ne sont pas encore
bien connus ou appréhendés.
Suivant le principe de précaution, l'usage de la « e cigarette » a été interdit par la loi dans
les lieux publics.
Son utilisation doit être réservée et encadrée dans un but de réduction de
consommation ou mieux d'aide au sevrage tabagique.
Rappelons que la e cigarette contient de la nicotine (c'est le client qui choisit la quantité
contenue dans le liquide). La nicotine est la principale substance responsable de la
dépendance au tabac.
"Vapoter c'est donc rester dépendant de la nicotine et du geste".
1.6.5 Conduite à tenir concernant les toxicomanies
Si les consommations de substances psychoactives exposent parfois à des complications
médicales ou psychiatriques nécessitant une prise en charge adaptée, elles pourront
également revêtir un aspect disciplinaire voire judiciaire.

TTA 150 22 Edition 2018


Titre XIII

La constatation sur le lieu de travail de l'ivresse due à l'alcool ou un produit illicite relève de
l'appréciation du commandement. Elle peut être sanctionnée pour violation des règles de
discipline générale militaire, sans qu'il soit nécessaire d'en obtenir une confirmation
médicale. D'autre part, les sujétions particulières de la fonction militaire interdisent aux
forces armées de recruter ou de conserver dans leur rang un personnel dont le
comportement irait à l'encontre des règles de discipline générale militaire et de l'aptitude à
exercer le métier des armes.
Le commandement militaire est autorisé à soumettre son personnel à des tests de
dépistages de l'imprégnation par l'alcool ou par des produits stupéfiants, et à appliquer les
sanctions disciplinaires appropriées.

2 - LES PATHOLOGIES SPÉCIFIQUES

2.1 LA GALE
La gale est une affection contagieuse qui se transmet par un contact humain direct ou par le
linge infesté, comme dans le cas typique de la literie de la chambre de permanence. Cette
pathologie, dont l'incubation est de 3 semaines, est liée à un parasite, le sarcopte, qui se
manifeste par un prurit ou démangeaison à recrudescence nocturne, entraînant un
"grattage".
Les lésions, sous forme de vésicules, ont des localisations évocatrices : paumes des mains,
entre les doigts.
Pour être radical, le traitement doit prendre en charge :
le patient ;
l'entourage proche ;
le linge.
Le patient et son entourage proche, c'est à dire la chambrée, le personnel ayant séjourné
dans la chambre de garde, l'entourage familial doivent tous bénéficier soit du traitement
local, soit du traitement par comprimé. Il est important de traiter les personnels concernés
en même temps.
Le traitement local consiste en deux badigeonnages avec un produit type benzoate de
bensyle (ASCABIOL), à 10-15 minutes d'intervalle, pour un temps de contact de 24 heures.
Penser à remettre du badigeon sur les mains après chaque lavage de celles-ci. A l'issue
des 24 heures, une douche avec rinçage abondant est nécessaire pour éliminer le produit.
Un traitement par comprimé peut être aussi proposé.
Il est impératif de traiter tout le linge utilisé dans la semaine qui précède :
draps et serviettes par un lavage en machine avec une température supérieure ou
égale à 60° ;

TTA 150 23 Edition 2018


Titre XIII

les vêtements et objets non lavables doivent être vaporisés par un produit insecticide
type APAR ou BAYGON, puis enfermés de façon hermétique dans un sac poubelle
pendant 5 jours ;
vaporiser également un insecticide sur la literie, matelas, coussins, sièges.

Lésions typiques de la gale au niveau de la main

2.2 LES STAPHYLOCOCCIES


Les staphylococcies constituent actuellement un problème de santé publique dans les
Armées car elles sont fréquentes, potentiellement graves pour le militaire mais aussi pour
ses proches.
En effet certaines souches bactériennes contiennent une toxine qui favorise la pénétration
de la bactérie et l'atteinte de viscères (poumon, os, cœur, ...).
L'infection cutanée peut se traduire par des manifestations variées : furoncle (pustule très
douloureuse), folliculite (micro-pustules centrées par les poils), abcès, panaris (abcès au
niveau de l'extrémité du doigt), érysipèle ("grosse jambe rouge douloureuse et fébrile"),
impétigo (croûtes jaunâtres, surtout sur le visage).
Elle se transmet essentiellement par le contact cutané et surtout par les mains. Certains
sujets sont porteurs chroniques asymptomatiques.
Les antibiotiques pris de façon inadaptée peuvent favoriser la sélection de souches résistantes.
La prévention repose sur une bonne hygiène et surtout l'utilisation fréquente de gel
alcoolique pour les mains (après être allé aux toilettes, avant chaque repas, après un
contact avec un malade, ...).
Le traitement précoce des malades le plus souvent par antiseptique et antibiotique durant
une période suffisante, parfois grâce à un geste chirurgical (cure de panaris, évacuation
d'abcès) et la désinfection des sujets ayant un portage chronique de staphylocoque
(notamment dans les orifices tels que narines, oreille, anus et les plis inguinaux, axillaires,
inter-fessier) évitent la dissémination des germes.

TTA 150 24 Edition 2018


Titre XIII

Abcès

Panaris

2.3 PRÉVENTION DES INFECTIONS SEXUELLEMENT TRANSMISSIBLES


Si la plupart des jeunes ont maintenant entendu parler des Infections Sexuellement
Transmissibles (IST), les notions restent cependant souvent imprécises. Par ailleurs la
gravité relative de ces infections a très sérieusement augmenté depuis le début des années
1980 avec l'apparition du Virus de l'Immunodéficience Humaine (VIH), responsable du
Syndrome d'Immuno-Déficience Acquise (SIDA).
2.3.1 Les IST :
Une IST est évoquée devant une urétrite ou une ulcération génitale le plus souvent. Mais il
ne faut pas ignorer les topographies plus rares (anus, cavité buccale) ou les
symptomatologies plus trompeuses (éruption cutanée notamment lors de syphilis
secondaire ou de primo-infection au VIH). Une ulcération génitale constitue un facteur de
risque de contracter le VIH.
a) La blennorragie ou urétrite gonococcique se manifeste, habituellement de deux à
cinq jours après le rapport, par deux signes principaux :
un écoulement de pus au méat urinaire ;
une douleur importante à chaque émission d'urine : le malade a l'habitude de dire qu'
« il pisse des lames de rasoir ».

TTA 150 25 Edition 2018


Titre XIII

La blennorragie ou urétrite gonococcique

b) Les chlamydioses sont des urétrites plus fréquentes et plus trompeuses car il existe
moins de symptômes que pour les blennorragies mais le risque d'infections des trompes
puis de stérilité chez la femme est bien réel.
c) La syphilis, qui était, avant l'apparition du SIDA, la plus grave des IST, reste une des
plus trompeuses. Elle se manifeste au début par le chancre qui apparaît deux à quatre
semaines après le rapport infectant. Le chancre est une ulcération (plaie) superficielle, non
douloureuse, du gland, du prépuce ou des organes génitaux féminins accompagnée d'une
augmentation du volume des ganglions de l'aine. Toute ulcération de ce type quel qu'en soit
le siège (anus, amygdale, vulve, ...) doit être montrée sans délai à un médecin.
En l'absence de traitement antibiotique approprié, des atteintes de nombreux organes
peuvent la compliquer à long terme, en particulier au niveau cardiologique et neurologique
(syphilis tertiaire).

Syphilis (chancre)

TTA 150 26 Edition 2018


Titre XIII

Syphilis pharyngée

d) L'herpès génital se manifeste par l'apparition de petites vésicules (bulles) sur les
organes génitaux se creusant ensuite et engendrant des brûlures et des démangeaisons très
gênantes.
Il est du à un virus (HSV2 ou HSV1) difficile à éradiquer ; les récidives sont fréquentes
(chaque épisode étant contagieux) et nécessitent un traitement prolongé par antiviral.
Les risques pendant l'accouchement sont très importants (transmission à l'enfant).

Herpès génital avec paraphimosis


(étranglement de la base du gland de la verge
par le prépuce)

Herpès chronique chez un sujet ayant le SIDA

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Titre XIII

e) Les végétations vénériennes (condylomes) ou « crêtes de coq » sont dues à un


papillomavirus et se présentent comme des verrues des organes génitaux. Elles sont
contagieuses. L'incubation peut aller jusqu'à trois mois. Certains virus ont un pouvoir
cancérigène et favorisent ainsi le cancer du col chez la femme, justifiant désormais
l'utilisation d'un vaccin chez les adolescentes.

Condylome de la verge

Condylome chez VIH +

Condylomes anaux

TTA 150 28 Edition 2018


Titre XIII

f) Le chancre mou (ulcération profonde inflammatoire, douloureuse, parfois multiple) la


maladie de Nicolas Favre et la donovanose ou granulome vénérien tropical sont des
maladies qui sont essentiellement rencontrées outre-mer. Elles se manifestent par un
chancre ou des ganglions plus importants que dans la syphilis.

Chancre mou

g) Les morpions ou poux du pubis (phtyriase) et la gale humaine (scabiose) ne sont pas à
proprement parler des IST, mais ils se contractent lors d'un contact rapproché et de ce fait
peuvent constituer un marqueur de risque sexuel. Ils provoquent des démangeaisons
importantes. Leur élimination est simple, sous réserve que le traitement prescrit soit bien
appliqué.
2.3.2 L'infection par le VIH et le SIDA :
C'est une maladie due à la destruction du système de défense de l'organisme d'un individu
par le Virus de l'Immuno-déficience Humaine (VIH).
2.3.2.1 La transmission du virus.
Elle se fait exclusivement par le sang et les sécrétions génitales et donc principalement à
l'occasion de rapports sexuels homo ou hétérosexuels.
Les muqueuses génitales, du fait de leur fragilité naturelle, sont le siège, lors des rapports,
de petites lésions qui favorisent le passage du virus. Celui-ci, présent dans le sang, le
sperme ou les sécrétions vaginales, peut donc passer indifféremment de l'un vers l'autre
des partenaires.
La contamination peut se faire également par voie sanguine. La transfusion sanguine est
actuellement sans danger dans les pays développés où le dépistage est systématique chez
les donneurs. Par contre l'usage de seringues ou d'aiguilles souillées par du sang est un
mode important de transmission qui explique le grand nombre de séropositifs parmi les
toxicomanes.
2.3.2.2 La séropositivité.
Dans les premiers mois qui suivent la contamination par le virus, le sujet ne ressent
généralement rien. Il fabrique des anticorps qui signent la présence du virus dans son
organisme. Ces anticorps pourront être détectés en moyenne au troisième mois par un
examen du sang. Le sujet est devenu séropositif ; il peut le rester plusieurs années sans
présenter de symptômes de la maladie. Il peut cependant transmettre le virus à son ou ses
partenaires lors de rapports sexuels.
Parmi les sujets séropositifs, certains pourront voir apparaître quelques symptômes :

TTA 150 29 Edition 2018


Titre XIII

augmentation du volume des ganglions


; perte de poids ;
fièvre ;
diarrhées persistantes.
Dans tous les cas, les sujets séropositifs doivent se soumettre à un contrôle médical
régulier afin de suivre l'évolution de leurs défenses immunitaires et débuter un traitement
médical dès l'apparition des premiers symptômes.
2.3.2.3 La maladie : le syndrome d'immunodéficience acquis (SIDA).
Elle apparaît après un délai variable (de quelques mois à plusieurs années) et se manifeste
par des infections graves, des atteintes des nerfs et du cerveau, un amaigrissement
important et certains cancers.

Le sarcome de Kaposi est un cancer caractérisé


par le développement de tâches au niveau de la
peau,

2.3.2.4 Le traitement médical.


Actuellement, un certain nombre de médicaments, administrés dans des conditions très
précises, permettent de retarder l'aggravation de la maladie. Leur prise doit, dans tous les
cas, s'accompagner d'une amélioration de l'hygiène de vie.
En tout état de cause, aucun traitement n'est actuellement capable de guérir un patient
atteint du SIDA. Mais la trithérapie (prise de 3 molécules médicamenteuses) a permis une
diminution majeure de la mortalité et du risque d'infections opportunistes.
Par ailleurs, le traitement précoce lors d'exposition sexuelle à risque peut éviter la
contamination. Idéalement ce traitement doit être débuté dans les 4 heures qui suivent
l'exposition (rapport potentiellement contaminant). Il faut donc consulter le plus vite
possible, dans les premières heures qui suivent, dans ce genre de situations, ce quelque
soit l'heure.
2.3.2.5 La prévention.
Le vaccin.
De nombreux travaux sont en cours pour tenter de mettre au point un vaccin efficace contre
le VIH. Des difficultés très importantes, liées en particulier à la grande variabilité de ce virus,
rendent la mise au point de ce vaccin très hypothétique à court terme.
La protection contre la transmission sanguine.

TTA 150 30 Edition 2018


Titre XIII

Elle passe par l'usage de produits sanguins « propres » ce qui est maintenant le cas dans
les pays développés, mais reste malheureusement très incertain dans la plupart des pays à
faible niveau socio-économique. Le service de santé des armées a donc été amené à
mettre en place des stocks de sang sur certains sites où des troupes sont pré-positionnées.
Par ailleurs, un interrogatoire et des examens biologiques doivent être réalisés avant tout
départ en OPEX pour les donneurs de sang volontaires.
L'utilisation de matériels d'injection à usage unique, autre moyen important de lutte contre
cette transmission, qui est la règle pour tous les actes médicaux en France, reste aussi
l'exception dans certaines régions ce qui est la cause de la forte contamination des
toxicomanes.
La protection contre la transmission sexuelle.
En dehors de l'abstinence, la protection contre la transmission sexuelle repose sur deux
conditions principales :
une bonne hygiène de vie, avec en particulier un abandon ou au moins une limitation
du « vagabondage sexuel ». La multiplication des partenaires et la survenue d'IST à
répétition sont évidemment des facteurs de risque importants, surtout dans certaines
régions du monde où la maladie est très présente ;
l'usage systématique du préservatif.
Le préservatif, correctement utilisé, est en effet le seul moyen de protection
efficace. Il est fourni gratuitement par le service de santé des armées dans les régions où le
risque est important, outre-mer en particulier.

Le préservatif est le seul rempart contre le sida

2.3.3 L'HÉPATITE VIRALE B :


C'est une maladie très grave du foie qui peut se compliquer de cirrhose ou de cancer. Elle
est due à un virus véhiculé par le sang, le sperme, les sécrétions vaginales ou la salive. Sa
transmission sera donc la même que celle du VIH, en particulier par voie sexuelle.
Cependant, à la différence du VIH, il existe un vaccin efficace contre cette maladie. Cette
vaccination est obligatoire pour tout militaire, en particulier devant séjourner outre-mer, ainsi
que pour tout personnel médical ou paramédical.
300 000 personnes sont porteuses de ce virus en France.
2.3.4 LA PRÉVENTION DES INFECTIONS SEXUELLEMENT
TRANSMISSIBLES (IST) :

TTA 150 31 Edition 2018


Titre XIII

La prévention des IST repose sur l'abstinence, l'arrêt du « vagabondage sexuel », et


l'usage correct du préservatif lors de tout rapport sexuel et son usage correct.
L'usage correct du préservatif comprend l'utilisation du préservatif à chaque rapport, le
retrait immédiat à la fin du rapport, l'utilisation éventuelle d'un lubrifiant adapté en dehors de
tout autre produit. La vaseline n'est pas appropriée et le beurre modifie la structure du
préservatif ainsi que ses qualités de protection.
Définition d'une Exposition Sexuelle A Risque (ESAR) : on parle d'ESAR dans les cas
suivants :
rapport non protégé (absence de préservatif)
; rupture ou glissement du préservatif ;
préservatif coincé dans le vagin.
Il est important de connaître la conduite à tenir en cas d'ESAR.
Il est urgent de consulter le plus rapidement possible, dans les 4 heures suivant
l'ESAR, et de venir à la consultation si possible accompagné du partenaire appelé
"patient source".
L’interrogatoire médical minutieux réalisé lors de la consultation post ESAR va permettre,
en fonction du type de rapport sexuel, du profil du partenaire, du type d'accident de
déterminer le risque potentiel de transmission de maladie, telle que l'hépatite B ou le SIDA.
Les sérologies virales sont réalisées chez le patient ainsi que chez le "patient source".
L’examen sanguin ainsi réalisé permet d'avoir rapidement une première notion de
séropositivité ou séronégativité.
Le médecin, en fonction de l'analyse conjointe des données de l’interrogatoire et des
résultats sérologiques du patient et du "patient source", va déterminer la stratégie de prise
en charge de l'ESAR.
En fonction des cas, seule une surveillance sérologique peut être recommandée pendant
trois mois, ou alors un traitement par trithérapie peut être instauré.
Dans tous les cas, il est impératif d'utiliser un préservatif à chaque rapport pendant les
trois mois de surveillance sérologique, une séro-conversion tardive étant possible.
ATTENTION : L'hépatite virale B ou le SIDA peuvent entraîner une inaptitude outre-
mer, une inaptitude OPEX, voire une inaptitude définitive au service.

TTA 150 32 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 2
HYGIÈNE COLLECTIVE AU CASERNEMENT

BUT RECHERCHE ET CONSEILS POUR ABORDER L’ÉTUDE :


inculquer les notions essentielles dans les domaines de l'hygiène collective qui doivent être
connues et mises en application par tous les personnels ;
savoir prévenir les toxi-infections alimentaires ;
étudier le texte en RESPONSABLE ;
connaître les conditions particulières de la zone de stationnement de l'unité
; mettre en pratique les conseils et veiller à leur respect.

1 - HYGIÈNE ALIMENTAIRE COLLECTIVE

Le risque majeur en matière d'hygiène alimentaire collective est la TOXI-INFECTION


ALIMENTAIRE COLLECTIVE (TIAC). Cette affection est redoutable parce qu'elle atteint
simultanément un grand nombre voire la totalité des personnels d'une même unité qu'elle
peut mettre instantanément hors de combat. La gravité individuelle est très variable suivant
le germe en cause et l'état de santé de la victime.
Elle est toujours due à un ou des aliments contaminés où certains microbes ont proliféré.
Quelques règles simples, bien appliquées, permettent d'éviter ces TIAC.
1.1 Le personnel chargé de l'alimentation :
Ce personnel est soumis à des visites médicales réglementées, mais le manque d'hygiène
individuelle de ce personnel peut être la cause de contamination des aliments. L'individu
souille les aliments à partir de vêtements sales, de mains mal ou non lavées, d'une plaie,
d'une maladie de peau ou par exemple d'un panaris (infection purulente du doigt).
Les conséquences sont évidentes ; le personnel de cuisine doit :
porter des vêtements propres, de préférence de couleur claire, exclusivement
réservés à son travail en cuisine ;
avoir les mains propres, avec les ongles courts, sans bijou et pour cela les laver aussi
souvent que possible, en particulier après chaque passage aux toilettes ;
consulter l'antenne médicale de rattachement dès que se pose un problème (fièvre,
diarrhée, rhume, angine) et ne prendre ou reprendre ses fonctions qu'avec
l'autorisation du médecin.
1.2 Les ustensiles de cuisine :
Les débris alimentaires, en particulier les déchets de viande, constituent un milieu très
favorable au développement des germes ; il est donc nécessaire de veiller à l'entretien
soigneux :

TTA 150 33 Edition 2018


Titre XIII

des hachoirs et autres machines qui doivent être démontés, nettoyés et désinfectés
régulièrement ;
des planches à découper qui doivent être ébouillantées quotidiennement ; à noter
que les matériels en bois doivent maintenant avoir disparu de l'ensemble des
cuisines ;
des couteaux et de l'ensemble des ustensiles de cuisine en général.
1.3 La conservation et le transport des plats préparés à l'avance :
La plupart des germes responsables des TIAC prolifèrent entre + 3°C et + 63°C ; il est donc
impératif de maintenir les denrées alimentaires sensibles en dehors de cet intervalle.
La conservation au réfrigérateur, à une température inférieure à + 3 °C est obligatoire pour
de nombreuses denrées et préparations, en particulier pâtisserie, charcuterie, sauces et
salades.
Les plats chauds doivent être maintenus à une température supérieure ou égale à + 63°C, y
compris pendant leur transport, et être consommés dès que possible.
Les conteneurs de transport de type « norvégienne » doivent par ailleurs être maintenus
dans le plus grand état de propreté. Dans ces conteneurs, les produits chauds et froids ne
doivent pas être mélangés.
L'usage des restes et excédents de repas est à proscrire.
1.4 L'utilisation des produits surgelés :
Le stockage de ces produits, leur décongélation et leur utilisation doivent répondre à un
certain nombre de conditions précises :
conservation à une température inférieure ou égale à -18°C
; décongélation en chambre froide à +4°C maximum ;
utilisation rapide après décongélation.
La recongélation d'un produit décongelé est à proscrire. La congélation de produits frais ne
peut être réalisée que sous réserve du respect des températures précédentes et d'assurer
la parfaite traçabilité des opérations.
AU TOTAL, L'ALIMENTATION COLLECTIVE N'A QUE PEU DE
RAPPORTS AVEC L'ALIMENTATION DOMESTIQUE ET UN CERTAIN NOMBRE DE
GESTES PRATIQUÉS À LA MAISON DOIVENT ABSOLUMENT
ÊTRE PROHIBÉS AU SEIN DES ORGANISMES DE RESTAURATION CAR ILS SONT
DANGEREUX A GRANDE ÉCHELLE.

2 - LES ORDURES

Le traitement des ordures ménagères ne pose actuellement aucun problème dans


l'ensemble des unités de l'armée de Terre ; un certain nombre de données générales
doivent cependant être connues.

2.1. LA COLLECTE DES ORDURES

TTA 150 34 Edition 2018


Titre XIII

La collecte doit être, autant que possible, quotidienne dans les casernements. Les
conteneurs, fournis par les services de ramassage, doivent être tenus fermés et être aussi
étanches que possible.
Certaines communes réalisent un ramassage sélectif des ordures ménagères qui permet le
recyclage d'une partie des déchets.

2.2. LE STOCKAGE DES POUBELLES

Le stockage des poubelles est très souvent un élément de nuisance ; il doit donc faire l'objet
d'une vigilance particulière.
Le local à poubelles doit être clos pour éviter la prolifération des rongeurs et le
regroupement intempestif des chiens et des chats errants ; il doit être orienté au Nord plutôt
qu'au Sud pour limiter les effets nocifs de la chaleur ; il doit être facilement nettoyable (sol et
murs carrelés, sol en pente pour faciliter le drainage des liquides). Enfin, les ouvertures
d'aération doivent être équipées de grillage moustiquaire afin d'éviter la prolifération des
insectes, mouches en particulier.
Le local doit être vidé et nettoyé de préférence chaque jour, désinfecté, désinsectisé et
dératisé aussi souvent que nécessaire.

3 - LES RONGEURS ET LES INSECTES

Les rongeurs et les insectes sont des vecteurs de nuisances, de maladies et d'épidémies ;
ils doivent donc être détruits.

3.1. LES RATS ET LES SOURIS

Les rats et les souris, vecteurs de maladies, sont aussi la cause de préjudices matériels
pour les stocks, alimentaires en particulier, qui sont consommés, détruits ou souillés.
Les magasins d'alimentation doivent donc être mis à l'abri des rongeurs.

3.2. LES INSECTES

Les insectes jouent un rôle prépondérant, voire exclusif dans certains cas, dans la
transmission de nombreuses maladies, outre-mer, mais aussi sur le territoire national. Ils
sont par ailleurs la cause d'une gêne et d'un inconfort parfois importants. La lutte contre leur
prolifération fait l'objet de directives particulières adaptées aux circonstances et aux risques.
Cependant, des locaux propres, un traitement correct des ordures ménagères, un
environnement aménagé, permettent déjà d'éliminer une partie de ces désagréments.
La plupart des unités de l'armée de Terre ont conclu, avec des entreprises spécialisées,
des contrats d'entretien qui incluent la désinsectisation et la dératisation.

TTA 150 35 Edition 2018


Titre XIII

3.3. UN CAS PARTICULIER DE MALADIE TRANSMISE PAR LES INSECTES :


LA LEISHMANIOSE

La leishmaniose est une infection due à un parasite protozoaire (unicellulaire) qui sévit dans
de nombreux pays y compris en Europe ; mais les zones d'endémie principales sont en
Amérique du Sud notamment en Guyane et en Asie notamment en Afghanistan.
Il existe des formes viscérales et des formes cutanées, variables selon l'agent pathogène et
selon le terrain immunitaire du malade.
L'atteinte cutanée se traduit le plus souvent par une papule qui s'ulcère de façon chronique
puis laisse, malgré un traitement bien conduit, une cicatrice définitive (figure ci-dessous).
Les formes cutanées d'Amérique du Sud sont plus graves, a fortiori lors d'atteinte par
Leishmania braziliensis qui peut toucher la muqueuse nasale plusieurs années après la
lésion initiale, entraînant d'importantes séquelles.
La prévention est fondamentale et repose surtout sur la protection contre les piqûres du
vecteur, un phlébotome (petit moucheron) : répulsifs, habits longs imprégnés de
pyréthrinoïde, moustiquaire imprégnée dans laquelle le militaire doit se glisser avant la
tombée de la nuit.
Ce paragraphe est développé dans le chapitre IV, "le risque vectoriel".

Cas de leishmaniose cutanée

TTA 150 36 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 3
HYGIÈNE COLLECTIVE EN CAMPAGNE ET EN INTERVENTION

L'hygiène collective en campagne et en intervention fait appel aux mêmes règles générales que
l'hygiène au casernement. Les camps de manœuvre sont maintenant tous dotés des mêmes
conditions de confort et d'hygiène que les installations permanentes. Les règles énoncées dans
ce chapitre s'appliquent donc plus particulièrement aux exercices en « terrain libre » et aux
séjours en zone d'intervention où les conditions d'hygiène sont plus précaires.
Il faut donc :
inculquer les notions essentielles dans les domaines de l'hygiène individuelle et de l'hygiène
collective qui doivent être connues et mises en application par tous les personnels ;
étudier le texte en cadre RESPONSABLE ;
assister aux activités programmées dans le cadre de l'éducation sanitaire : conférences,
projections de films ou de montages audiovisuels ;
en campagne, avoir le souci de s'informer des dispositions pratiques prises par le régiment
pour acquérir une expérience en la matière ;
connaître les conditions particulières de la zone de stationnement de l'unité
; mettre en pratique les conseils et veiller à leur respect.

1 - LE LOGEMENT

Il doit être aussi confortable que possible même sous la tente.


Par temps froid il faut éviter de laisser des personnels dormir dans des cabines de véhicule,
moteur tournant, pour se réchauffer : l'intoxication au monoxyde de carbone et/ou aux gaz
d'échappement peut avoir des conséquences mortelles.

2 - L'ALIMENTATION

2.1. LA RATION DE COMBAT INDIVIDUELLE RECHAUFFABLE

La ration de combat individuelle réchauffable (RCIR) constitue un apport nutritionnel


suffisant pour une activité de 24 heures, sous réserve que tous les éléments constitutifs
soient réellement consommés.
Au plan qualitatif, la variété des menus disponibles permet d'éviter la routine ; il convient
seulement de veiller à assurer les approvisionnements nécessaires.
Lorsque l'utilisation des RCIR se prolonge, un apport complémentaire de fruits et légumes
frais contrôlés doit être organisé pour un apport en fibres et vitamine C.

TTA 150 37 Edition 2018


Titre XIII

2.2. LES VIVRES FRAIS

Ils sont souvent préférés mais ils présentent, outre-mer en particulier, des inconvénients et
des risques importants.
Ces aliments doivent être sains et contrôlés avant leur livraison, pendant leur préparation et
jusqu'à leur consommation.
La viande locale ne doit être consommée que si un contrôle vétérinaire est réalisé et sous
réserve de pouvoir assurer la chaîne du froid jusqu'à la préparation de cette viande. Dans
ce cas, une cuisson à cœur est impérative.
La ration alimentaire peut être améliorée en fournissant des fruits et légumes frais, mais
ceux- ci doivent être soumis à un lavage et à une désinfection selon le protocole suivant :
épluchage (éventuel) ;
lavage soigneux à grande eau ;
désinfection par trempage de 5 à 10 minutes dans une solution javellisée (30 ml
d'eau de Javel à 2,6% dans 50 litres d'eau) ;
rinçage.
L'eau utilisée pour ces opérations doit être de qualité « potable ».

3 - L'APPROVISIONNEMENT EN EAU POTABLE

Il s'agit de l'un des principaux problèmes rencontrés pour assurer le soutien d'une troupe en
opération : en effet l'eau est un élément indispensable à la vie. La fourniture d'eau en
quantité suffisante et d'une qualité sanitaire irréprochable représente un objectif majeur pour
garantir la santé des personnels et favoriser une bonne hygiène collective.

3.1. LES CATEGORIES D'EAUX

Deux catégories d'eaux doivent être considérées : d'une part les Eaux Destinées à la
Consommation Humaine (EDCH) et, d'autre part, les eaux réservées à des usages
qualifiés de « techniques ».
Les eaux destinées à la consommation humaine sont les eaux qui, soit en l'état, soit après
traitement, sont utilisées pour la boisson, pour la cuisson et la préparation des aliments ainsi
que pour tous les autres usages individuels et collectifs qui participent à garantir aux
personnels de bonnes conditions d'hygiène : ablutions, douche, lavage des effets
vestimentaires, entretien des locaux.
La notion d'EDCH s'impose sans aucune ambiguïté :
a. pour les usages alimentaires : boisson, préparation des aliments, lavage de la vaisselle,
entretien des matériels utilisés pour la préparation des denrées ;
b. pour les usages liés à l'hygiène corporelle : lavabo, douche, bain, lavage du linge ;

TTA 150 38 Edition 2018


Titre XIII

c. pour l'entretien des locaux à vocation d'hébergement, de bureau, de soins ou de


restauration ;
d. pour la décontamination NRBC du personnel.
Les eaux brutes disponibles dans la nature (eaux de rivières, lacs, puits, ...) ne sont pas
utilisables en l'état. Elles ne constituent que des ressources en eau qui nécessitent un
traitement avant usage.
Les usages, qualifiés de techniques et pouvant représenter en opération des quantités
très importantes, sont liés à tout ce qui ne concerne pas l'alimentation et l'hygiène corporelle
ou de certains locaux. Il s'agit :
a. de la construction, de l'entretien et de la maintenance de l'infrastructure (évacuation des
excréta, entretien des bâtiments et des zones à vocation technique, ...) ;
b. de domaines spécifiques tels que le lavage du matériel militaire ;
c. de la protection incendie.
Les eaux techniques peuvent nécessiter un traitement simple (simple décantation par
exemple) mais aussi parfois un traitement plus élaboré (filtration, adoucissement, etc.)
répondant à un usage spécifique.

3.2. LES BESOINS EN EAU

Il ne sera traité ici que des eaux destinées à la consommation humaine.

3.2.a. ASPECT QUANTITATIF

Les besoins en eau pour les forces armées, qu'ils soient individuels ou collectifs, varient
selon le contexte de l'opération et les usages envisagés. Les besoins individuels varient
notamment selon le climat et l'activité. Il est d'usage de distinguer, selon les circonstances,
des besoins minimaux, normaux et spécifiques.
Les besoins minimaux sont les besoins quotidiens en EDCH pour un combattant engagé
dans une opération ponctuelle de courte durée, se trouvant isolé ou en détachement ; ces
besoins minimaux lui permettent d'assurer uniquement :
a. la boisson ;
b. la préparation des aliments ;
c. le lavage des mains et les ablutions
sommaires. Les besoins minimaux sont les
suivants :
a. par climat tempéré : 10 litres d'eau par homme et par jour ;
b. par climat chaud : 30 litres d'eau par homme et par jour ;
c. de manière exceptionnelle et pendant une durée n'excédant pas trois jours, ces quantités
peuvent être ramenées respectivement à 5 et 10 litres par homme et par jour.

TTA 150 39 Edition 2018


Titre XIII

Les besoins normaux , constitués d'EDCH et d'eaux « techniques » permettent de


garantir des conditions de vie « normales » aux personnels d'une force déployée. Ils sont
calculés pour satisfaire l'alimentation, le lavage corporel, le lavage des vêtements, des
locaux et du matériel : 150 litres/homme/jour.

3.2.b. ASPECT QUALITATIF

Les critères qualitatifs applicables sont définis par instruction ministérielle. La conformité à
ces critères correspond à la notion d'eau « potable » couramment utilisée.
IMPORTANT : Pour tous les usages « domestiques », une seule qualité d'eau est
acceptable : il s'agit de l'eau « potable ».

3.3. LES EAUX UTILISABLES POUR PRODUIRE DE L'EDCH

En situation précaire, et c'est le plus souvent le cas des troupes en campagne, toute eau
doit être considérée comme suspecte et traitée avant d'être consommée.
Les eaux à utiliser prioritairement pour le traitement et la production d'eau potable sont dans
l'ordre : les eaux du réseau, les eaux souterraines, les eaux de surface (fleuves, rivières,
lacs, etc.)

3.4. LE TRAITEMENT DE L'EAU

3.4.a. ETAPES DU TRAITEMENT DE L'EAU

Un traitement complet de l'eau nécessite plusieurs étapes :


Le prétraitement :
Il permet l'élimination par des procédés simples (dégrillage, tamisage, dégraissage,...) du
maximum d'éléments grossiers contenus dans l'eau brute (flottants, graisses, graviers,...),
indésirables et nuisibles pour les traitements ultérieurs.
La coagulation floculation :
Elle permet de faciliter l'élimination des matières en suspension et des colloïdes en les
rassemblant sous forme de floc dont la séparation est ensuite effectuée par des systèmes
de décantation et filtration.
Coagulation : neutralisation des charges électriques.
Floculation : agglomération des particules en
flocons. La décantation :
Elle permet d'éliminer les particules floculées ou coagulées de manière à limiter le colmatage
des filtres lors de la filtration. Sous l'effet de leur poids, les particules floculées ou coagulées
chutent vers le fond du récipient.

TTA 150 40 Edition 2018


Titre XIII

La filtration :
Le passage à travers les pores d'un filtre permet d'éliminer les particules restantes. Dans
certains cas, comme les filtres à charbon actif ou les membranes échangeuses d'ions, en
plus de la filtration, il y a adsorption des éléments indésirables. Cette adsorption permet de
retenir un certain nombre de substances (gaz, ions métalliques, molécules organiques,...)
qui n'ont pu être éliminées lors des traitements précédents.
L'oxydation :
Elle permet d'oxyder certains éléments contenus dans l'eau pour faciliter les traitements
ultérieurs (préoxydation), d'éliminer certaines substances dissoutes par précipitations (fer,
manganèse, sulfures), de transformer un corps complexe en plusieurs corps simples de
manière à supprimer leur toxicité (phénols) ou à permettre leur dégradation lors de
traitements ultérieurs (micropolluants organiques). Cette oxydation peut être effectuée à
différents niveaux dans une filière de traitement des eaux de consommation (préoxydation,
oxydation intermédiaire, oxydation finale). Elle peut se faire par chloration, ozonation ou
aération.
Traitements d'affinage :
Ils permettent d'amener l'eau à des caractéristiques physicochimiques satisfaisantes pour la
distribution et la consommation d'eau. Il peut s'agir de mise à l'équilibre calco-carbonique,
de neutralisation, d'acidification, de filtration sur produits alcalino-terreux, d'adoucissement,
de reminéralisation.
La désinfection :
C'est l'étape ultime du traitement de l'eau de consommation avant sa distribution. Elle a
pour but la destruction de tous les micro-organismes pathogènes (pouvant provoquer une
maladie) présents dans l'eau. Elle doit aussi empêcher par la suite toute prolifération de
micro-organismes dans la bâche de stockage ou dans le réseau de distribution.
La désinfection permet ainsi l'élimination du risque biologique (risque à court terme). Il peut
subsister quelques germes, car la désinfection n'est pas une stérilisation (destruction de
tous les germes présents dans le milieu).
La désinfection a deux effets recherchés :
l'effet microbicide : capacité de détruire les germes pathogènes déjà présents dans
l'eau ;
l'effet rémanent : effet du désinfectant qui se maintient dans le réseau de distribution
ou dans la bâche de stockage et qui permet de garantir la qualité bactériologique de
l'eau.
Une bonne désinfection repose sur la combinaison des facteurs « concentration du
désinfectant » et « temps de contact ». Ces facteurs diffèrent selon les désinfectants utilisés
et les agents microbiens à éliminer.
Différents procédés de désinfections sont possibles :

TTA 150 41 Edition 2018


Titre XIII

moyens physiques : ébullition prolongée (au moins 15 minutes) est le moyen le


plus connu ; les ultraviolets ou la microfiltration peuvent être utilisés ;
moyens chimiques : le chlore est le plus souvent utilisé. Les autres produits
utilisables sont : l'eau de Javel, l'hypochlorite de calcium. Seuls les dérivés chlorés
permettent l'obtention d'un effet persistant.
Un taux de chlore libre résiduel de 0,5 mg/l après 30 minutes de contact est
nécessaire pour assurer une bonne désinfection. Par la suite, le stockage et la
distribution de l'eau potable dans de bonnes conditions impliquent d'assurer un
maintien de la concentration en chlore libre dans l'eau de :
0,3 mg/L au moins dans les citernes de stockage ;
0,1 mg/L au niveau des robinets de mise en consommation de l'eau.
Pour être efficace, la désinfection doit être effectuée sur une eau préalablement clarifiée
(décantation, filtration) car le chlore est inactivé par la matière organique. En outre, s'il est
efficace contre les bactéries et les virus, le chlore l'est moins contre les parasites (amibes,
cryptosporidies, ...) ; seule la filtration permet d'éliminer ceux-ci.
Pour mémoire, l'ozonation est un procédé de désinfection utilisable dans le traitement des
EDCH mais techniquement impossible à mettre en œuvre de façon maîtrisée en OPEX. Le
permanganate de potassium, longtemps distribué par le SSA pour la désinfection de l'eau,
n'est plus utilisable pour cette activité.
IMPORTANT : il importe de TOUJOURS respecter la succession logique :
Clarification, filtration puis désinfection.

3.4.b. UTILISATION DES DESINFECTANTS CHLORES COURANTS

Les solutions désinfectantes chlorées sont caractérisées par leur teneur en chlore « actif »
(acide hypochloreux en équilibre avec son ion hypochlorite) exprimée en % (g pour 100 mL
de solution).
D'une manière générale, les solutions désinfectantes doivent être préparées à partir d'eau
potable, froide. Lors de l'utilisation de dérivés chlorés solides (poudre d'hypochlorite de
calcium, comprimés de dichloro-isocyanurate de sodium), il importe de veiller à la complète
dissolution du produit avant utilisation et d'assurer une homogénéisation aussi parfaite que
possible de la solution. Le plus simple est de dissoudre le comprimé ou la poudre dans un
faible volume d'eau (seau, bidon) avant mélange de la solution concentrée ainsi produite à
de plus grands volumes d'eau.
Les principaux agents utilisables pour assurer la chloration de l'eau ou la préparation de
solutions désinfectantes, en contexte opérationnel, sont le dichloro-isocyanurate de sodium
(DCCNa) et l'eau de Javel.
Le dichloro-isocyanurate de sodium (DCCNa).
Ce produit peut être présenté sous forme de :

TTA 150 42 Edition 2018


Titre XIII

comprimés de 3,5 mg (soit environ 2 mg de chlore actif disponible) pour le traitement


de l'eau de boisson à titre individuel ; un comprimé pour un litre d'eau claire à laisser
en contact une demi-heure avant consommation ;
comprimés de 33 mg de DCCNa (soit environ 19 mg de chlore actif disponible)
utilisables pour le traitement de l'eau en réservoirs.
L'eau de Javel.
L'eau de Javel se présente en général sous deux formes :
en berlingot de 250 ml, contenant une solution à diluer (« eau de Javel concentrée »)
à 9,6 % de chlore actif ;
en solution prête à l'emploi (« eau de Javel diluée ») à 2,6 % de chlore actif.
En Europe, les étiquettes indiquent des pourcentages de chlore actif (sortie usine) ou, pour
certaines formes industrielles, des degrés chlorométriques. Dans certains pays, les
formulations commercialisées peuvent répondre à d'autres standards. Lors d'achat local de
solutions chlorées, il convient donc de bien vérifier, ou le cas échéant de calculer, la
concentration (en pourcentage de chlore actif) de l'eau de Javel avant utilisation et d'ajuster
les protocoles d'emploi en conséquence. De même il convient de vérifier que l'eau de Javel
peut être utilisée pour l'eau potable (norme EN NF 901 ou équivalent) car il existe de
nombreuses formulations commerciales non adaptées (pour les WC, le linge, etc.) pouvant
contenir notamment des détergents, des adoucissants, des parfums et des impuretés.

Degré Concentration en chlore Pourcentage de chlore


chlorométrique (1) actif (2) actif (3)

1° 3,17 g/l 0,31 %

9° 28 g/l 2,6 %

12° 38 g/l 3,61 %

36° 114 g/l 9,6 %

48° 152 g/l 12,51 %

(1) – Degré chlorométrique : (2) – Concentration en (3) – Pourcentage


nombre de litres de chlore chlore actif : masse de de chlore actif :
gazeux susceptible d'être dégagé chlore actif formée par masse de chlore
par litre de solution dans les litre de solution. actif à partir de 100 g
conditions normales de de produit.
température et de pression.

Table de correspondance

TTA 150 43 Edition 2018


Titre XIII

En pratique, la concentration en chlore actif (en g/l) d'une solution d'eau de Javel,
correspond à environ dix fois le pourcentage de chlore actif annoncé sur les emballages.
Ainsi, une eau de Javel annoncée à 2,6 % de chlore actif contient environ 26 grammes de
chlore actif par litre.
La quantité d'eau de Javel à utiliser pour traiter un volume donné d'eau s'obtient par la
formule suivante :
Q (ml) = V x Cl / C % x 10
où :
V est le volume, en litres, d'eau à traiter ;
Cl est la teneur en mg/l de chlore actif désirée ;
C % est le pourcentage de chlore actif de l'eau de Javel utilisée
; Q (ml) est la quantité, en millilitres, d'eau de Javel à utiliser.
Exemple de calcul :
Dans le cas d'un traitement de 1500 litres d'eau à l'aide d'une eau de Javel à 2,6 % de
chlore actif, et pour une teneur en chlore actif fixée à 0,5 mg par litre d'eau, la quantité d'eau
de Javel (à 2,6 %) sera de :
Q (ml) = 1500 x 0,5 / 2,6 x 10 = 28,8 ml donc environ 30 ml, soit, en pratique, 2 cuillerées à
soupe d'eau de Javel.

3.5. L'APPROVISIONNEMENT D'UNE COLLECTIVITE

Un certain nombre d'appareils existent qui permettent d'assurer cet approvisionnement :


UMTE (Unité Mobile de Traitement de l'Eau ) ENTROPIE MLE F 1 :
unité intégrée et autonome capable de produire une eau potable à partir de n'importe
quelle source d'eau (eaux saumâtres, eaux de mer, polluées ou contaminées)
disponible sur le terrain. L'UMTE peut être employée au sein de groupements
interarmes (GTIA).
La mise en œuvre d'une UMTE se fait en 45 minutes minimum par un sous-officier qualifié
et deux auxiliaires de traitement de l'eau, dont un conducteur SPL.
Les groupes UMTE sont armés par un effectif de 0/1/5 et comportent 2 machines.

L'UMTE produit 1,5 m3 d'eau potable par heure.

TTA 150 44 Edition 2018


Titre XIII

MATEM (MAtériel de Traitement de l'Eau Modulaire) : le MATEM a pour but de


traiter les eaux douces de surface non contaminées chimiquement.
La mise en œuvre du MATEM nécessite la présence d'un sous-officier qualifié et de deux
auxiliaires traitement de l'eau dont un conducteur PL.
Le MATEM est intégré dans un conteneur ISO 20 pieds aérotransportable.
Un groupe comporte deux MATEM qui sont mis en œuvre par un sous-officier et cinq
militaires du rang.

Il produit 7,5 m3/heure d'eau.

TTA 150 45 Edition 2018


Titre XIII

STEM (Station de Traitement de l'Eau Mobile) : unité de traitement


conteneurisée capable de produire une EDCH à partir d'eaux de mer, saumâtre ou
d'eaux douces.

La STEM produit 10 m3/heure d'EDCH à partir d'une ressource d'eau douce non polluée
chimiquement (module d'ultra-filtration), 6 m3/heure à partir d'une ressource d'eau douce
polluée chimiquement (module d'osmose inverse) et 3 m3/heure à partir d'une ressource
d'eau de mer.

3.6. MATERIELS DE STOCKAGE ET DE DISTRIBUTION

Stockage en eau :
citerne souple 1 500 litres « HELISUP » ;
citerne souple 3 500 litres « PRONAL » ;
citerne souple 3 500 litres « AERAZUR » ;
citerne souple 3 500 litres « SUPERFLEXIT » ;
citerne souple 7 000 litres « PRONAL » ;
citernes rigides 9 500 litres « AFR » type conteneur ISO ;
bac souple 21 000 litres.
Les motopompes :
groupe motopompe type « VICKY » ;
groupe motopompe type «TMC 50/15» ;
rampe de distribution d'eau.
Tous ces matériels doivent être nettoyés et désinfectés au moins tous les 6 mois.
Les protocoles de nettoyage et de désinfection sont définis dans le mémento de la
manœuvre de l'eau du soutien du combattant (SDC 54-001) approuvé le 27 novembre 2013
sous le numéro 8481/DEF/EMB/ETRN/DEP-SDC/NP.

3.7. ROLES RESPECTIFS DES DIFFRENTES ARMES ET SERVICES

Le sapeur et le vétérinaire reconnaissent le site et effectuent les expertises et les analyses


nécessaires dans leurs domaines de compétences respectifs :

TTA 150 46 Edition 2018


Titre XIII

le sapeur produit l'eau ;


le service du commissariat des armées stocke et transporte avec l'aide des moyens
du Train qui fournit les vecteurs ;
le service de santé des armées contrôle et valide.

3.8. MOYENS DE FORTUNE POUR LE TRAITEMENT D'UNE RATION


D'EAU A L'ECHELLE INDIVIDUELLE

Pour le combattant isolé, sans autre possibilité de ravitaillement à partir de la logistique


militaire, il est possible de produire de l'eau potabilisée en appliquant du mieux possible
les règles suivantes :
Sur le terrain, il faut donner la préférence à la ressource apparemment la moins polluée :
préférer les eaux limpides (attention : cela n'est en aucun cas un gage absolu de
sécurité) ;
choisir un site de prélèvement de l'eau le plus éloigné possible de toute activité
humaine ;
préférer les eaux vives aux eaux stagnantes ;
éviter les sites suspects, reconnaissables par la présence de cadavres d'animaux à
proximité du point d'eau, de poissons morts dans l'eau, de reflets irisés à la surface,
d'odeur anormale. Repérer la présence de canalisations de rejet d'eaux usées, d'une
décharge, de fûts de produits chimiques ou d'hydrocarbures et autres sources de
pollutions dans l'environnement immédiat du point d'eau.
Dans le cas d'une rivière, recueillir l'eau le plus en amont possible de toute implantation
humaine (villages, usines, points d'eau pour le bétail,...) et, si possible, à distance de la
rive.
Le traitement fait ensuite appel autant que possible à trois étapes : décanter, filtrer,
désinfecter.
Les premières étapes consistent en une décantation et/ou une filtration.
si l'eau est trouble, laisser décanter 2 heures dans un récipient puis filtrer sans
remettre en suspension : fabriquer un filtre grossier avec un linge (chèche, béret, ...)
replié sur lui-même ; obturer du mieux possible le goulot de la gourde individuelle
avec ce filtre ; remplir la gourde en faisant en sorte que l'eau traverse le filtre (au
besoin, immerger la gourde dans la ressource) ; enlever le filtre.
Pour une eau claire, seule une filtration reste obligatoire.
en cas de mise à disposition d'un Appareil Individuel Portatif de Traitement de l'Eau
(AIPTE), en dotation dans le module Guépard (existe aussi en Guyane), l'utilisation
de ce matériel assure une filtration microbiologique dans des conditions optimales.
L'utilisation d'une eau brute peu chargée en particules ou ayant subi une décantation
préalable permet d'améliorer les performances de cet appareil.

TTA 150 47 Edition 2018


Titre XIII

Appareil Individuel Portatif de Traitement de


l'Eau (AIPTE)

DANS TOUS LES CAS, L'EAU FILTRÉE DOIT ÊTRE DÉSINFECTÉE.


désinfection par le chlore : des comprimés de purification de l'eau de boisson
fournis dans les rations de combat individuelles réchauffables.
ajouter 2 comprimés de purification de l'eau dans la gourde contenant l'eau
filtrée ;
agiter doucement et laisser agir durant au moins trente minutes. L'eau est
désormais consommable.
ébullition : Si l'on dispose d'un réchaud à gaz de terrain, il est conseillé de faire
bouillir l'eau durant 5 minutes, de préférence dans un récipient muni d'un couvercle.
Laisser refroidir l'eau avant de la consommer.
Si l'eau n'est pas consommée immédiatement, éviter de la conserver de façon
prolongée : l'eau bouillie s'altère très vite (quelques heures) ; l'eau chlorée peut être
consommée durant 24 heures.
Pour augmenter la durée de conservation, réaliser une nouvelle chloration à raison d'un
comprimé de purification par litre d'eau toutes les 24 heures.
Dans tous les cas, veiller à garder l'eau dans un récipient propre et parfaitement fermé : la
gourde individuelle est le moyen idéal. Éviter de souiller le goulot de la gourde avec les
mains.

TTA 150 48 Edition 2018


Titre XIII

4 - LES MATIERES USEES

Elles représentent, avec l'approvisionnement en eau potable, le problème sanitaire essentiel


pour une collectivité en situation précaire et ceci peut être le cas d'une troupe en campagne.

4.1. LA QUANTITE

1 000 personnes, soit l'effectif approximatif d'un régiment, produisent chaque jour :
1,5 tonne d'urine (ou 1 500 litres) ;
250 kg de matières fécales
; 1 tonne d'ordures
diverses.
Laisser ces éléments se répartir de façon anarchique autour d'un cantonnement de
campagne expose à des risques multiples et graves. Cette accumulation, outre les
nuisances et les odeurs qu'elle va provoquer, va entraîner très vite une pullulation d'agents
pathogènes (bactéries et parasites) et une prolifération d'insectes et de rongeurs nuisibles.
Les risques sanitaires sont représentés par :
les maladies dites du « péril fécal » ;
les maladies dites « à vecteurs » c'est-à-dire transmises par les insectes (le
paludisme outre-mer, etc.) ;
la pollution chimique dans certains cas.

4.2. L'ORIGINE DES MATIERES USEES

On peut distinguer deux grands types de matières usées :

4.2.a. LES MATIERES USEES LIQUIDES (EAUX USEES)

les eaux de pluie sont peu dangereuses ;


les eaux ménagères (de vaisselle, de douche, etc.) sont riches en matières grasses ;
les matières excrémentielles (matières fécales et urines) sont très dangereuses car
elles contiennent des bactéries et parfois des virus ou des parasites et sont
susceptibles de provoquer des problèmes de santé.

4.2.b. LES MATIERES USEES SOLIDES (ORDURES)

les eaux grasses sont les résidus alimentaires des


cuisines ; les restes des repas ;
les débris incinérables (papiers, cartons, emballages, etc.) ;
les débris non incinérables (verre, ferrailles, boîtes de conserve, etc.).
Il apparaît très nettement que le traitement de chacun de ces produits sera différent.

TTA 150 49 Edition 2018


Titre XIII

4.3. LE TRAITEMENT DES MATIERES EXCREMENTIELLES

Le but est de les rendre inoffensives au plan sanitaire. Cinq techniques principales existent,
le choix dépendant :
de la durée du séjour
; de l'effectif concerné
; de la dureté du sol ;
de la profondeur de la nappe phréatique.

4.3.a. LES LATRINES A TRANCHEES OU FEUILLEES

indications : séjour de courte durée ou dans les premiers jours d'une implantation
prolongée ;
nombre d'installations nécessaires : 5 tranchées pour 100 hommes pendant trois jours
+ 3 fosses pour 100 hommes supplémentaires ;
tranchées rectangulaires de 3 m x 0,30 m et de 0,50 à 0,60 m de profondeur ; 60 cm
entre chaque fosse ; le fond des fosses doit être situé à plus de 90 cm d'une nappe
phréatique éventuelle ;
la terre de déblai doit être rejetée à l'arrière, à une petite distance du bord, de façon
que l'usager puisse, de part et d'autre de la tranchée, poser le pied sur un sol ferme
et non sur de la terre meuble ; il est généralement avantageux de disposer une série
de feuillées les unes à côté des autres, par éléments de 3 mètres de longueur. Les
feuillées peuvent être entourées d'écrans improvisés soit en branchages, soit en toile
de tente ; après chaque usage, un peu de terre de déblai est rejetée dans la tranchée
pour recouvrir les excréments (utilisation d'une pelle ou d'une boite de conserve par
exemple). Ce système a l'avantage d'être extrêmement simple et facile à établir ;
l'emplacement des feuillées doit être choisi avec soin à environ une cinquantaine de
mètres de l'endroit occupé par la zone "vie" de l'unité. Il faut également tenir compte
de l'emplacement des cuisines dont les feuillées doivent toujours être éloignées de
plus de 100 mètres.
UNE STRICTE DISCIPLINE DOIT ÊTRE IMPOSÉE AUX PERSONNELS QUI NE
DOIVENT, EN AUCUN CAS, DÉFÉQUER EN DEHORS DES FEUILLÉES QUI DOIVENT
ÊTRE FLÉCHÉES.
une surveillance biquotidienne assure la propreté des bords des tranchées et leur
désinfection soit par du chlorure de chaux en solution à 10 % (et non pas par du
chlorure de chaux en poudre, comme on le fait trop souvent, ce qui entraîne une
répartition inégale du désinfectant), soit par du crésylol sodique en solution à 5 %. Le
chlorure de chaux a l'avantage d'être un excellent désodorisant. Lorsque les feuillées
sont comblées à la moitié environ de leur profondeur, elles doivent être mises
hors de service ; elles sont alors comblées après désinfection et signalées par une
pancarte explicite.

TTA 150 50 Edition 2018


Titre XIII

4.3.b. LES LATRINES A FOSSE

l'adjonction d'un bâti sur la fosse permet d'éviter la pullulation des mouches à
condition de le nettoyer régulièrement ;
une fosse pour 50 hommes pour un séjour excédant une semaine.
Ce ne sont, en somme, que des feuillées de grandes dimensions. La fosse a une largeur de
60 cm environ, une longueur de 2,40 m et une profondeur dépendant de la nature du sol et
de la durée d'utilisation prévue, variant de 1,50 m à 3 m ; on peut calculer environ 30 cm de
profondeur en plus, par semaine d'utilisation.
Une fosse de cette dimension suffit pour 50 hommes et peut servir simultanément à 4
hommes. Pour faciliter son emploi, on dispose, le long d'un bord, à 50 cm environ du sol,
une perche horizontale supportée par des piquets, et qui tient lieu de siège improvisé. Une
seconde perche, plus élevée et en retrait, sert de dossier et s'oppose à tout renversement
en arrière. Un dispositif beaucoup plus perfectionné est constitué par un siège bâti, sorte de
caisse sans fond posée par-dessus la fosse dont elle excède légèrement les dimensions. La
partie supérieure en est percée d'ouvertures circulaires ou carrées munies de couvercles.
Sur une fosse ayant les dimensions données plus haut, on peut disposer quatre ouvertures.
La terre est damée soigneusement tout autour de la base du bâti. Ce dispositif a le très gros
avantage de limiter la pullulation des mouches.
l'emplacement des fosses est choisi selon les mêmes règles que celui des feuillées.
Il peut être entouré, comme celles-ci, d'un écran protecteur.
une discipline extrêmement rigoureuse doit s'opposer à toute malpropreté. En
effet, si le sol du camp est souillé de matières fécales, celles-ci seront ramenées sous
la tente sous les semelles ;

TTA 150 51 Edition 2018


Titre XIII

la désinfection de la fosse se fait soit par le chlorure de chaux, soit par le crésylol
sodique ou, mieux encore, par de l'huile lourde de houille (gazole) qui est très efficace
contre les mouches. La terre qui entoure le rebord intérieur du bâti est également
imbibée d'huile lourde.
Le bâti lui-même est nettoyé chaque jour par brossage avec une solution chaude de savon
noir, suivi d'un rinçage soigneux à l'eau de Javel diluée à 20 degrés chlorométriques et d'un
séchage.
Il faut creuser une tranchée périphérique pour détourner les eaux de ruissellement et mettre
en place des caillebotis autour du dispositif.

4.3.c. LES WC CHIMIQUES

Une cabine permet l'isolement de l'utilisateur. Sous la cuvette est installé un réservoir de
200 litres d'eau à laquelle est ajouté un produit désinfectant. Un lavabo alimenté par un
réservoir de 50 litres d'eau est également installé dans la cabine pour le lavage des mains.
En cas d'installation prolongée, ces WC chimiques sont installés sur une fosse
préalablement creusée qui reçoit également les eaux et matières usées.
Le réservoir du réceptacle doit être périodiquement vidangé. La filière d'élimination des
excrétas doit être contrôlée.

TTA 150 52 Edition 2018


Titre XIII

4.3.d. LES LATRINES A PUITS FORE

Elles sont équipées d'un bâti extérieur permettant l'isolement des utilisateurs. Le
creusement de ce type d'installation nécessite un matériel spécifique (tarière à moteur).
Le puits est d'un diamètre de 30 à 40 centimètres et d'une profondeur de 4 à 8 mètres.
Cette installation n'est utilisable que si la nappe phréatique est à au moins 6 mètres en
dessous du sol (minimum 90 cm entre le fond du puits et la nappe phréatique) et que le
terrain est suffisamment meuble.
Il faut prévoir 8 trous pour 100 hommes avec une distance de 1,80 m entre chaque trou.
Utilisation : désinfection par le chlorure de chaux ou le crésylol sodique, ou mieux encore
par de l'huile lourde (gazole) très efficace contre les mouches. La terre qui entoure le rebord
intérieur du bâti est également imbibée d'huile lourde.

TTA 150 53 Edition 2018


Titre XIII

4.3.e. LES PUISARDS A URINE

Le puisard est une fosse creusée dans le sol, d'environ 1 m dans toutes ses dimensions, et
remplie de cailloux ou de boîtes de conserves écrasées jusqu'à 10 cm du sol environ.
L'espace restant est comblé avec de la terre soigneusement damée. Une épaisseur de toile
à sac huilée est placée sous la dernière couche de terre afin de prévenir les nuisances
(odeurs, insectes).
En cas de mise à disposition du matériel nécessaire, aux quatre coins du puisard, on peut
enfoncer, dans le cailloutis, de longs entonnoirs formés d'une tôle enroulée en cornet et qui
servent à recueillir les urines. Une fois enfoncés, il n'est pas nécessaire de déplacer les
entonnoirs vers les différentes parties du puisard. L'orifice supérieur des entonnoirs doit se
situer entre 60 et 75 cm du sol.
L'entretien est assuré en badigeonnant les entonnoirs à l'huile lourde et en arrosant la terre
de recouvrement du puisard avec le même produit.
Un puisard de cette dimension suffit pour 200 hommes. Bien établi, il peut servir
indéfiniment. Sa mise hors service se fait très simplement en supprimant les entonnoirs.

Puisard à urines pour homme

TTA 150 54 Edition 2018


Titre XIII

De la même façon, pour les personnels féminins : des cônes ouverts à leur sommet peuvent
être enfoncés dans le sol.

4.4. ELIMINATION DES AUTRES EAUX USEES

4.4.a. LES EAUX DE RUISSELLEMENT

Il est important, en particulier outre-mer, de creuser et d'entretenir des fossés pour assurer
une bonne évacuation des eaux de ruissellement afin d'éviter la pullulation des insectes et
en particulier des moustiques responsables de la transmission, entre autres, du paludisme.

4.4.b. LES EAUX MENAGERES

TTA 150 55 Edition 2018


Titre XIII

Les eaux de cuisine sont riches en graisses et entraînent donc une pullulation des mouches
et un colmatage des puisards. Idem pour les eaux de douche, riches en savon.
Il faut donc prévoir un dispositif de séparation des graisses aisément réalisable avec un
tonneau garni de cendres.
Les graisses récupérées seront incinérées, la toile de jute et les cendres changées aussi
souvent que nécessaire.

4.5. ELIMINATION DES ORDURES

Les ordures, en particulier les « eaux grasses » qui sont les déchets alimentaires, favorisent
la multiplication des insectes et des rongeurs. Leur élimination repose sur la collecte et la
destruction.

4.5.a. LA COLLECTE

Elle doit se rapprocher autant que possible des conditions appliquées au casernement et
donc être quotidienne. Le local de stockage, quand il existe, doit permettre d'éviter les
intrusions animales. Les poubelles doivent comporter des couvercles.

4.5.b. LA DESTRUCTION

Elle fait appel à deux techniques :


l'enfouissement profond dans des fosses creusées, si possible, par des engins de
terrassement ;

TTA 150 56 Edition 2018


Titre XIII

l'incinération dans des fours improvisés à tranchée en croix et en tonneau.

a ) INCINERATEUR TRANCHEE EN CROIX ET FUT METALLIQUE


On le construit en creusant deux petites tranchées de 2,50 m de long sur 0,30 m de large et
de 0,30 m de profondeur, se croisant à angle droit en leur milieu.
Au point de croisement, on dispose une grille improvisée avec des tiges de fer et on la
recouvre d'un fût métallique dont les fonds ont été enlevés.
Le fonctionnement de l'appareil est amorcé en allumant un feu de bois dans le tonneau ; on
ajoute ensuite peu à peu les ordures.
On obtient assez facilement des combustions prolongées ou même continues, ce qui
épargne le combustible d'appoint.
Lorsque le vent est assez fort, il y a intérêt à laisser seule ouverte la tranchée dont la
direction se rapproche le plus de celle de l'arrivée du vent. On obture les trois autres avec
des tôles enfoncées verticalement au ras du fût.
Le rendement est amélioré en entourant le fût d'une maçonnerie de pierre ou de brique qui
conserve la chaleur.
On obtient le même résultat en employant de l'argile qui cuit peu à peu. Dans ce cas, on
peut aussi employer un tonneau de bois qui brûle lentement en laissant persister
l'enveloppe d'argile cuite.

b ) INCINERATEUR EN FUT METALLIQUE


La figure ci-après décrit un incinérateur dont la conception s'inspire des principes exposés ci-
dessus.

TTA 150 57 Edition 2018


Titre XIII

Cet incinérateur est improvisé à partir d'un vieux fût de 180 litres. Les deux extrémités sont
découpées et on perfore l'une d'elles pour former le foyer. On la place alors sur quatre
encoches en forme de V découpées sur les côtés du fût. Le foyer doit se trouver au 1/3 de
la hauteur du fût, en partant du sol. Quatre arrivées d'air sont découpées sur les côtés du fût
en dessous du foyer.
Besoins : un incinérateur par compagnie.
ATTENTION : quelque soit le type d'incinérateur, il ne faut pas brûler d'aérosols ou de
produits explosifs (risque d'explosion avec risque de blessures et de traumatisme sonore).
DANS LE PROBLÈME DE L'ÉLIMINATION DES MATIÈRES USÉES, LA PARTIE LA
PLUS DIFFICILE EST LA COLLECTE. ELLE DOIT DONC ÊTRE
PRÉPARÉE PAR DES CONSIGNES PRÉCISES DONT
L'EXÉCUTION NE PEUT ÊTRE ASSURÉE QU'AVEC UNE DISCIPLINE RIGOUREUSE.
AU TOTAL L'APPLICATION DE CES MESURES N'A QU'UN SEUL BUT : LA
PRÉSERVATION DES EFFECTIFS.

4.6. RÈGLES GÉNÉRALES

Que ce soit l’élimination des matières excrémentielles, l'élimination des eaux usées ou des
ordures, celles-ci doivent se faire en AVAL du camp et SOUS le vent dominant.

TTA 150 58 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 4
LE RISQUE VECTORIEL

BUT RECHERCHE :
Comprendre que :
les forces sont stationnées ou appelées à être projetées dans des zones à haut risque de
maladie à transmission vectorielle (paludisme, dengue, chikungunya, zika, leishmaniose, ...)
; le paludisme peut tuer, la dengue et le chikungunya peuvent entraîner des séquelles, le
zika peut causer des troubles neurologiques chez l'adulte et des malformations du
nourrisson ;
les maladies concernées sont transmises lors de la piqûre d'insectes ou de tiques (=
vecteurs) ;
le risque vectoriel doit être pris en compte dès le déploiement pour ne pas nuire à la
capacité opérationnelle de l'unité ;
la lutte anti vectorielle est une mesure fondamentale car s'il n'y a pas de piqûre, il n'y a pas
de maladie à transmission vectorielle ;
le traitement de prévention du paludisme doit être pris régulièrement pendant la mission ou
le séjour et doit être poursuivi selon la prescription médicale (généralement 4 semaines)
après le retour en métropole ;
toute survenue de fièvre, frissons ou d'autres signes anormaux (maux de tête, douleurs
musculaires, troubles digestifs, éruption cutanée, ...) survenant sur le territoire et au retour
d'une zone à risque doit faire l'objet d'une consultation en urgence pour éliminer un
paludisme.
CONSEILS POUR ABORDER L’ÉTUDE :
étudier le texte en RESPONSABLE ;
assister aux activités programmées dans le cadre des actions de préventions : formations,
conférences, projections de films ;
connaître les conditions environnementales de la zone de stationnement de l'unité ;
avoir compris l'intérêt de la lutte anti vectorielle (LAV) ;
insister sur le fait que l'efficacité de la prévention repose sur la synergie des moyens
employés et pas sur le choix de l'un ou l'autre ;
être en capacité de mettre en œuvre le comité de lutte anti-moustique (CLAM) ;
mettre en pratique les conseils et veiller à leur application sont de la responsabilité du
commandement.

1 - GÉNÉRALITÉS

Les régions intertropicales demeurent la terre d'élection des affections transmises par des
insectes, en particulier les moustiques. En effet, les conditions d'environnement
(températures élevées, humidité, multiplication des collections d'eau, difficultés
d'assainissement, ....) favorisent la pullulation de ces insectes.

TTA 150 59 Edition 2018


Titre XIII

En Europe, le militaire peut être aussi confronté au risque vectoriel, notamment aux tiques
mais aussi au moustique Aèdes pouvant transmettre des maladies comme le chikungunya,
la dengue et le zika.
Que représente le risque vectoriel dans les armées ?
Sur les dix dernières années, plus de 4 000 cas de paludisme ont été déclarés dans les
armées, dont cinq décès et 80 formes graves avec hospitalisation. Par ailleurs, 30% à 50%
des cas surviennent dans le mois qui suit le retour en Métropole. Sur l'ensemble des cas de
paludisme déclarés, seuls 56% déclaraient avoir pris leur chimio-prophylaxie. Pour autant,
la prévention du paludisme est globale et ne porte pas uniquement sur la chimio-
prophylaxie. Il convient d'utiliser également à bon escient le répulsif, la moustiquaire etc, ...
Par ailleurs, il faut prendre en compte le risque de saturation des moyens santé et
d'évacuation par hélicoptère, en particulier lors des phases d'engagement
opérationnel.
Ce chapitre présente les vecteurs (insectes ou tiques) les plus fréquemment rencontrés
ainsi que les maladies les plus courantes qu'ils transmettent.
Les signes cliniques sont décrits (de façon succincte), les moyens de prévention, vaccin ou
médicaments quand ils existent ainsi que les moyens de lutte anti-vectorielle à mettre en
œuvre. Cette dernière partie sera détaillée par type de vecteurs en abordant à la fois les
mesures physiques et chimiques.

2 - LES PRINCIPAUX VECTEURS

2.1. L'ANOPHÈLE : MOUSTIQUE VECTEUR DU PALUDISME

2.1.a. GÉNÉRALITÉS

Seule la femelle pique, elle se nourrit de sang pour assurer la maturation de ses œufs. En
Afrique elle pique essentiellement de la tombée de la nuit au lever du jour. En
Guyane, elle peut piquer la journée. Sa piqûre est indolore.
Son vol est silencieux et a une portée relativement réduite : environ 400 m de son lieu
de naissance (gîte larvaire). Le moustique adulte se repose dans les taillis, les
buissons, les hautes herbes, mais on peut aussi le retrouver dans les maisons
(rideaux, sous le lit, ...).
Les gîtes larvaires sont des collections d'eau propre. Les flaques, les boîtes de
conserve, les ornières, les pneus usagés, les plantes engainantes, notamment à la saison
des pluies, mais aussi les eaux permanentes tels que les marigots, les rizières, les lagunes,
les réservoirs d'eau à ciel ouvert représentent des gîtes potentiels. La durée du cycle
larvaire (passage de l’œuf à l'éclosion) est de 1 à 3 semaines, ce qui signifie qu'une
collection d'eau stagnante susceptible de disparaître rapidement (inférieur à 7 jours) ne
représente pas un gîte "producteur".

TTA 150 60 Edition 2018


Titre XIII

Anophèle femelle (repas sanguin)

Cycle de développement du moustique (7j à 21j)

Exemple de gîtes larvaires

Exemples de gîtes larvaires

Exemples de gîtes larvaires

2.1.b. RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

TTA 150 61 Edition 2018


Titre XIII

Ce moustique est très largement répandu, dans toutes les régions inter et subtropicales, dans
lesquelles stationnent des troupes françaises :

Distribution géographique du paludisme, source OMS, 2013

2.1.c. SIGNES CLINIQUES

Le paludisme ou malaria est une maladie due à un parasite (plasmodium) du sang


transmis à l'homme, exclusivement par la piqûre de l'anophèle femelle. Il existe cinq
espèces de plasmodium : P. Knowlesi, P. ovale, P. malariae, P. vivax et P. falciparum. C'est
une maladie particulièrement redoutable responsable de 400 à 500 000 morts par an dans
le monde. Plus de 15 000 militaires sont exposés en permanence. Le risque de formes
graves et de décès existe aussi dans les armées et survient le plus souvent par négligence
de la prise de prophylaxie ou par retard de la consultation avant la prise en charge.
Classiquement, le paludisme se manifeste par une "crise de palu" avec une fièvre élevée à
plus de 39°C, des frissons intenses, puis une sensation de froid accompagnée de sueurs
abondantes avec un retour à la normale de la température.
Ces signes sont parfois associés à des troubles digestifs, des maux de tête violents, des
douleurs musculaires ou un malaise général.
Néanmoins, des formes atypiques sont fréquentes, avec nausées, vomissements,
diarrhées, fatigue inhabituelle et fièvre modérée.
C'EST SURTOUT LE PLASMODIUM FALCIPARUM QUI TUE.
En cas de retard de prise en charge médicale, on peut observer des formes graves pouvant
conduire au décès. Par ailleurs avec P. vivax et P. ovale des crises répétées peuvent être
observées pendant plusieurs mois. Dans ce cas, un traitement spécifique doit être instauré.

TTA 150 62 Edition 2018


Titre XIII

Tout accès de fièvre ou survenue de symptômes anormaux pendant le séjour et au


retour en métropole doit faire évoquer un paludisme et doit faire l'objet d'une
consultation médicale en urgence.
L'indisponibilité qui en résulte est en moyenne de 7 jours. En cas d'épidémie, la capacité
opérationnelle peut être remise en cause. Cette dernière est généralement la conséquence
du non-respect des mesures de prévention (association de la chimioprophylaxie et des
mesures de lutte antivectorielle, voir ci-dessous).

2.1.d. MOYENS DE PRÉVENTION

Actuellement il n'existe pas de vaccin efficace contre le paludisme, seule la mise en œuvre
systématique et conjointe de ces moyens de prévention permet de diminuer le risque de
paludisme et des formes graves qui peuvent être associées :
la prévention des piqûres de moustiques ; la
prise d'une chimioprophylaxie adaptée ;
la consultation urgente en cas de symptômes.
La chimio-prophylaxie est indispensable et obligatoire dans le cadre militaire. Adaptée à la
zone impaludée, son efficacité est indéniable mais non absolue ; elle doit toujours être
associée au respect des mesures individuelles de protection anti-vectorielle. Plusieurs
médicaments sont disponibles, le choix dépend du statut des personnels (permanent,
tournants), de la tolérance des individus vis-à-vis du médicament, des recommandations
des autorités sanitaires, de la zone à risque et de la saison dans certains cas. Seul le
médecin référent de l'unité ou en charge de la mission peut prescrire le médicament le
mieux adapté au contexte et à la mission.
La molécule la plus souvent utilisée est la DOXYCYCLINE (ex : Doxypalu®) : Elle doit être
prise tous les jours et au milieu d'un repas (ou d'une collation) avec un grand verre
d'eau. Le traitement sera débuté le jour du départ. Il sera poursuivi pendant toute la
durée du séjour et pendant 4 semaines suivant le retour de la mission. En effet, le
parasite met plusieurs jours à plusieurs semaines pour se développer et se multiplier dans
le sang.
Tout défaut, retard ou prise irrégulière de ce traitement expose au risque de maladie.
Il est possible de programmer une alarme (téléphone, montre), de mettre le traitement à
disposition lors des repas et dans les sacs d'alerte pour ne pas oublier de le prendre. En
cas d'oubli ou de doute, il faut rattraper le plus tôt possible la prise du traitement. En cas
d'allergie ou d'intolérance, ne pas attendre sans prendre de traitement : consulter un
médecin pour changer de traitement.
Les effets secondaires sont rares : ce sont surtout des troubles digestifs qui peuvent être
évités en prenant le traitement au milieu du repas et avec un grand verre d'eau. Parfois, la
doxycycline peut favoriser la survenue de "coup de soleil", une protection solaire est donc
conseillée en complément, en particulier pour les personnels ayant une peau "sensible".

TTA 150 63 Edition 2018


Titre XIII

Il existe beaucoup de « légendes » à propos d'autres effets (troubles la mémoire, fatigue, ...)
: la doxycycline est prescrite depuis longtemps pour le traitement de l'acné, sans que ces
effets soient décrits par les personnes ayant pris ce traitement.
Important ! : Une prise régulière de chimioprophylaxie ne dispense pas de consulter
un médecin en urgence, en cas de fièvre ou de signes cliniques anormaux pendant
ou après le séjour. Dans ce cas il faut informer le médecin de la notion de séjour en
zone impaludée afin qu'il puisse évoquer le paludisme et faire le diagnostic dans les
meilleurs délais.

2.2. L'AEDES : MOUSTIQUE VECTEUR DES VIRUS DE LA DENGUE, DU


CHIKUNGUNYA, DU ZIKA, DE LA FIÈVRE JAUNE, ....

2.2.a. GÉNÉRALITÉS

L'Aedes est un moustique affectionnant principalement les zones urbaines ; Aedes aegypti
et Aedes albopictus (moustique tigre) peuvent transmettre les virus responsables de la
dengue, du chikungunya ou du zika ; l'Aedes pique principalement le jour surtout en début
et fin de journée, à l'extérieur mais aussi à l'intérieur des maisons, son vol est bruyant et
sa portée peut atteindre 1 à 2 km. Les gîtes larvaires sont domestiques (soucoupe de
vase, plantes engainantes, pneus, ...) avec de l'eau propre, dans des zones le plus souvent
ombragées.

Aedes albopictus (moustique "tigre")

Exemple de gîte larvaire

TTA 150 64 Edition 2018


Titre XIII

Exemple de gîte larvaire

2.2.b. RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Distribution géographique du zika dans le monde, source CDC, 2015

TTA 150 65 Edition 2018


Titre XIII

Distribution géographique de la dengue, source OMS, 2014

Distribution géographique du chikungunya, source InVS, 2015

TTA 150 66 Edition 2018


Titre XIII

NB : La fièvre jaune ne sera pas abordée ici étant donnés l'absence de cas recensé dans
les armées et l'existence d'un vaccin efficace présent dans le calendrier vaccinal appliqué
aux Armées.

2.2.c. SIGNES CLINIQUES

Ces trois maladies se traduisent volontiers par un syndrome pseudo-grippal avec fièvre
élevée d'apparition brutale, douleurs musculaires, articulaires (chikungunya en particulier),
une éruption cutanée, une conjonctivite (zika) et des maux de tête.
Il existe des formes hémorragiques pour la dengue qui peuvent être sévères et nécessitent
une consultation en urgence.
Dans le cas du chikungunya, des douleurs chroniques articulaires invalidantes sont possibles.
Pour le zika, des complications neurologiques peuvent se voir chez l'adulte et lors de la
grossesse, des malformations neurologiques congénitales peuvent être observées en cas
d'infection.

2.2.d. MOYENS DE PRÉVENTION

Actuellement, il n'existe pas de vaccins disponibles pour les voyageurs (hormis le


vaccin contre la fièvre jaune) ni de médicament efficace contre ces maladies (pas de
chimioprophylaxie, ni de traitement spécifique).
Seule la mise en œuvre de moyens de lutte antivectorielle individuels et collectifs permet de
limiter le risque d'être piqué et donc de contracter ces maladies.
En cas de suspicion, il est impératif que chaque malade soit protégé par une
moustiquaire dès le début des signes et pendant la durée de la maladie. Ceci afin de
casser la chaîne de transmission en évitant qu'un autre moustique ne s'infecte et
transmette le virus.

2.3. LE CULEX : VECTEUR DE L'ENCÉPHALITE JAPONAISE, DU VIRUS


WEST NILE.....

2.3.a. GÉNÉRALITÉS

C'est un moustique qui pique surtout au crépuscule et à l'aube, le plus souvent à


l'extérieur des maisons. Il affectionne aussi bien la ville que la campagne, le vol est de
quelques centaines de mètres. Les gîtes larvaires sont principalement représentés
par des collections d'eau sale plus ou moins ombragées, mais on peut le trouver dans
des zones de rizières. Son vol est bruyant.

TTA 150 67 Edition 2018


Titre XIII

Culex adulte (pendant un repas sanguin)

Exemple de gîte larvaire

Exemple de gîte larvaire

TTA 150 68 Edition 2018


Titre XIII

2.3.b. RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Distribution géographique de l'encéphalite japonaise, source OMS, 2012

Distribution géographique du virus west-nile, source Natureofthings, 2012

2.3.c. SIGNES CLINIQUES

Encéphalite japonaise
C'est une maladie infectieuse grave à expression neurologique (encéphalite). Elle se
manifeste brutalement et se caractérise généralement par une fièvre, des maux de tête et
une conscience altérée. Il n'existe pas de traitement spécifique efficace. Le risque de
séquelles et de mortalité est important.

TTA 150 69 Edition 2018


Titre XIII

West Nile
Virus responsable d'un tableau pseudo-grippal (fièvre, maux de tête, douleurs musculaires)
avec toux, éruption cutanée et parfois des complications neurologiques.

2.3.d. MOYENS DE PRÉVENTION

Encéphalite japonaise
Il existe un vaccin efficace contre cette maladie. Le déploiement de militaires dans les
zones à risque restant exceptionnel, la vaccination est réalisée au cas par cas lors de la
mise en condition du personnel.
Avant tout départ dans des zones de projection nouvelles, il est important de se référer aux
documents officiels du service de santé des armées qui précisent les moyens de prévention
à mettre en œuvre en tenant compte de la localisation et de la période de projection.
West Nile
Il n'existe pas actuellement de vaccin ni de traitement spécifique de cette maladie.
Le virus responsable atteint l'homme, les chevaux et certains oiseaux. Il est recommandé
de signaler la présence de cadavres d'oiseaux et de surtout pas les manipuler.
Les mesures de lutte antivectorielle contre les moustiques doivent être mises en place dans
les zones et pendant les périodes identifiées à risque (transmission saisonnière) précisées
par les notes de service du service de santé des armées.

2.4. LE PHLÉBOTOME : VECTEUR DE LA LEISHMANIOSE

2.4.a. GÉNÉRALITÉS

C'est un insecte de type « moucheron » très petit. Il vit en forêt, dans la canopée et descend
se nourrir à la tombée du jour ou lors de l'abattage des arbres (réalisation de DZ). Sa
piqûre est douloureuse.
Il transmet lors de son repas sanguin, le parasite responsable de la leishmaniose.
Les militaires se contaminent essentiellement en forêt lors de missions ou de stages de
formation à la vie en forêt comportant des séquences de "survie".

2.4.b. LES SYMPTÔMES

La leishmaniose peut se présenter sous différentes formes cliniques classées


principalement en trois catégories :

TTA 150 70 Edition 2018


Titre XIII

la leishmaniose cutanée, caractérisée par des lésions ulcérées (creusantes) indolores


localisées sur les parties découvertes du corps. Ces lésions peuvent apparaître de 1
à 4 mois après la piqûre infectante. Le traitement à mettre en œuvre nécessite des
injections d'antiparasitaires ;
la leishmaniose cutanéomuqueuse. Elle se caractérise par une lésion cutanée initiale,
comme la leishmaniose cutanée, mais peut se compliquer d'atteintes des muqueuses
et du cartilage. Son traitement repose sur des injections d'antiparasitaires pendant 20
jours sous surveillance hospitalière ;
la leishmaniose viscérale, forme la plus grave, se manifeste par de la fièvre, une
anémie, un amaigrissement, un gonflement du foie et de la rate et des ganglions
lymphatiques. Elle est mortelle en l'absence de traitement.
Il est conseillé de consulter un médecin le plus rapidement possible, devant toute lésion
cutanée suspecte, afin que le traitement soit mis en route précocement.

Phlébotome (repas sanguin)

Lésion de leishmaniose cutanée

Cas de leishmaniose
cutanée déclaré en 2015 à
Kairouan

TTA 150 71 Edition 2018


Titre XIII

Ulcère cutané de l'avant-bras


gauche causé par une
Leishmaniose

2.4.c. RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Distribution géographique de la leishmaniose cutanée, source OMS, 2009

TTA 150 72 Edition 2018


Titre XIII

Distribution géographique de la leishmaniose viscérale, source OMS, 2009

2.4.d. MOYENS DE PRÉVENTION

A ce jour, il n'existe pas de vaccin ou de médicament efficace


(chimioprophylaxie) pour éviter la maladie.
Seule la mise en œuvre des mesures individuelles de protection antivectorielle et le respect
des consignes lors des déplacements en forêt permettent de limiter le risque d'être piqué et
donc de contracter la maladie.

2.5. LES TIQUES : VECTEURS DES AGENTS RESPONSABLES DE LA MALADIE


DE LYME, DE L'ENCÉPHALITE A TIQUES ......

2.5.a. GÉNÉRALITÉS

Les tiques sont des acariens (type ixode). Elles vivent dans la végétation et visent
essentiellement les parties découvertes du corps se trouvant à leur portée, généralement le
bas des membres inférieurs mais elles sont capables ensuite de se déplacer sur d'autres
parties du corps.
La tique (mâle ou femelle) va s'accrocher à la peau et mordre, en enfonçant son rostre qui
va lui permettre de se gorger du sang indispensable à son développement. C'est lors de ce
repas sanguin, qu’elle peut transmettre, dans les 24 à 72 heures, les agents (virus,
bactéries, ...) responsable de maladie.

TTA 150 73 Edition 2018


Titre XIII

Tique (ixode)

2.5.b. RÉPARTITION GÉOGRAPHIQUE

Maladie de Lyme :
On l'observe en France, en Europe de l'est. On rencontre la tique du printemps à
l'automne ; souvent en milieu humide et boisé mais aussi dans les prairies et même parfois
dans les parcs en zones urbanisées.
Encéphalite à tique :
On l'observe en Europe centrale, du nord et orientale, au nord de l'Asie centrale, de la
Chine et du Japon principalement en zone rurale du printemps à l'automne.
La population militaire est particulièrement exposée du fait :
de la grande concentration d'unités et de camps d'entraînement dans la région nord-
est de la France ;
de la nature des activités militaires qui amènent fréquemment les hommes au contact
du vecteur (manœuvres, bivouacs, marche en forêts, ...).

2.5.c. SIGNES CLINIQUES

Maladie de Lyme
Apparition d'une rougeur centrée sur le point de morsure de la tique avec parfois douleurs
musculaires ou articulaires. En l'absence de traitement, la maladie peut évoluer vers des
formes graves, avec notamment des atteintes neurologiques sévères.
Encéphalite à tiques
Maladie virale à début brutal avec fièvre, maux de tête et frissons puis apparition de signes
neurologiques (obnubilation, agitation, ...). Risque de séquelles neurologiques ou de décès.

2.5.d. MOYENS DE PRÉVENTION ET TRAITEMENT

A ce jour, il n'existe pas de vaccin efficace contre la maladie de Lyme. En


revanche, la maladie peut être traitée par antibiotiques. La prise en charge précoce permet
généralement d'éviter l'évolution vers des formes graves.

TTA 150 74 Edition 2018


Titre XIII

Encéphalite à tiques : Il existe un vaccin efficace. Sa prescription lors d'exercice en zone


à risque et période à risque est sous la responsabilité du service de santé des armées. En
revanche, une fois la maladie déclarée, il n'y a pas de traitement curatif.
Pour l'ensemble de ces maladies, les moyens de prévention reposent
principalement sur la mise en place des mesures individuelles anti-vectorielles.
Ces mesures doivent être rappelées au début de chaque saison d'activité des tiques.
Les cadres de contact doivent être sensibilisés afin de vérifier la bonne application des
mesures de prévention avant, pendant et après toute activité à risque.

3 - LES AUTRES VECTEURS

D'autres insectes peuvent transmettre des maladies, mais le risque est plus faible pour les
militaires. Les mouches, les taons, les punaises (triatomes) peuvent transmettre des
maladies telles que les filarioses, arboviroses ou trypanosomiases.

Simulie

mouche Tsé-tsé

Taon

Les poux, les puces peuvent également transmettre des maladies.

Poux de corps

TTA 150 75 Edition 2018


Titre XIII

Punaise

4 - LA STRATÉGIE DE LUTTE ANTIVECTORIELLE

La prévention des maladies à transmission vectorielle repose sur la mise en œuvre


impérative d'un ensemble de moyens :
l'information, la sensibilisation ;
la lutte contre la transmission : protection individuelle, lutte collective ;
la chimio-prophylaxie si nécessaire, adaptée à la zone et à la mission ;
la consultation médicale précoce en cas de fièvre, de doute sur certains signes
cliniques ou pour l'extraction de tiques.
La mise en œuvre de toutes les composantes de cette stratégie implique tous les niveaux
de la chaîne de commandement.
Elle est organisée et contrôlée par le Comité de Lutte Anti-Moustiques (CLAM).
Il est déployé dans les forces stationnées outre-mer ainsi qu'en OPEX quand le risque
vectoriel existe ou a été identifié.
Le CLAM coordonne la Lutte Anti-Vectorielle (LAV) et le chef de corps en est le
président, le médecin d'unité en étant membre à titre de conseiller technique.
Les objectifs du CLAM :
définir une stratégie de lutte anti-vectorielle ;
planifier et mettre en œuvre cette stratégie ;
superviser les actions de lutte (indicateurs) ;
faire un bilan des actions.
Les textes de référence :
circulaire ministérielle relative à la lutte contre le paludisme dans les armées n° 680
/DEF/DCSSA/AST/TEC du 3 avril 2009 et ses mises à jour (2011 et 2013) ;
document-guide à l'usage des CLAM n° 469/DEF/DCSSA/AST/TEC du 16 février
1999 ;
instruction ministérielle n°710/DEF/DECSSA/AST/TEC du 12 mars 1997 relative à la
désinsectisation et la dératisation dans les armées.

TTA 150 76 Edition 2018


Titre XIII

Il n'existe pas de conduite à tenir type. Le rôle du CLAM est de déterminer la stratégie
à mettre en œuvre en tenant compte des contraintes locales et d'adapter cette
stratégie selon les situations.

4.1. L'INFORMATION

Elle doit être systématique pour tous les personnels susceptibles d'être affectés en
zone à risque (paludisme, dengue, chikungunya, zika, ...) et ce, quelle que soit la
durée du séjour.
Elle évoquera les risques, les mesures de prévention qui doivent être présentées comme
obligatoires. L'information insistera aussi sur la notion de consultation en urgence en
cas de survenue de fièvre que ce soit pendant le séjour ou après le retour en
métropole (en précisant alors au médecin, lors de la consultation, la notion de séjour dans
une zone où sévissait le paludisme).
Il est à noter que 43 % des cas de paludisme observés sont dus à une mauvaise
observance de la chimio-prophylaxie. Des séances d'information sont organisées par le
personnel du service de santé des armées. Le soutien du commandement est
indispensable pour la réalisation des séances de sensibilisation.
Afin d'améliorer la prévention des maladies transmises par les moustiques, des films sont
mis à disposition sur le site de la DRHAT (note n°504713/CFT/DIV.FPE/BFORM/NP). Ces
derniers peuvent être visualisés indépendamment les uns des autres.
Lien hypertexte à ouvrir via Mozilla Firefox :
Lutte anti-vectorielle dans les armées
Chemin d'accès :
http://drhat-formation.intradef.gouv.fr/eLearning/data/ead-terre/lm_data/lm_42326/index. html

4.2. LA LUTTE CONTRE LA TRANSMISSION : LA LUTTE ANTI-


VECTORIELLE

C'est la lutte et la protection contre les arthropodes hématophages, (insectes ou acariens se


nourrissant de sang), vecteurs d'agents pathogènes (parasites, virus, bactéries, ...) ou
responsables de nuisance. Elle consiste en la mise en œuvre de mesures physiques et/ou
chimiques individuelles et collectives.

4.2.a. MESURES INDIVIDUELLES


a ) CONTRE LES MOUSTIQUES
MOYENS PHYSIQUES
Protection contre le vecteur du paludisme :

TTA 150 77 Edition 2018


Titre XIII

Dès le coucher du soleil et jusqu'à une heure après le lever du soleil, l'ordre doit être donné
de restreindre les activités nocturnes et de porter des vêtements imprégnés d'insecticide
couvrant les membres : treillis ou vêtements manches baissées, pantalons longs,
chaussures fermées, y compris au retour de garde et de patrouille.
Protection contre les vecteurs des arboviroses :
Porter des vêtements longs imprégnés d'insecticide en toutes
circonstances. CAS PARTICULIER DU SPORT ET DE LA TOILETTE
Pour le sport en tenue courte, il est recommandé de recouvrir les parties découvertes de
répulsifs et d'éviter les positions statiques.
Pour la toilette, il est recommandé de porter des vêtements amples, longs et imprégnés
d'insecticides et de maintenir les portes d'accès aux blocs sanitaires fermées.
En cas de garde statique en zone de haute nuisance vectorielle, il est préconisé d'utiliser la
moustiquaire de tête.
MOYENS CHIMIQUES
le port de treillis pré-imprégnés d'insecticide à base de permethrine doit être
généralisé : efficace jusqu'à 20 lavages pour un treillis neuf ; ensuite, il est
nécessaire de ré-imprégner le treillis. L'efficacité de la ré-imprégnation disparaît après
4 lavages. Chaque personnel doit percevoir lors d'une affectation ou projection en
zone à haut risque de maladies à transmission vectorielle une dotation suffisante en
treillis neufs pré-imprégnés (souvent stockés sous plastique). Idéalement une dotation
de 3 treillis neufs est nécessaire pour un séjour de 4 mois. Ces treillis doivent servir
pour la mission et ne pas être remplacé par d'anciens treillis même en bon état.
L'insecticide des anciens treillis ayant disparu, ils sont moins efficaces que les neufs ;
l'utilisation de produits répulsifs est nécessaire afin de protéger les zones de
peau découvertes. Il faut penser à renouveler les applications. La durée
d'action est courte, de 2 à 3 heures lors d'activités physiques soutenues, de
sudation importante et de baignade. Attention certains produits à base de DEET
(produit chimique connu depuis les années 1950 comme répulsif contre les insectes)
peuvent altérer les plastiques comme les verres de montre par exemple. Il est
recommandé d'appliquer ces répulsifs au moins 20 à 30 minutes après
l'application d'une crème solaire ;
les lits seront systématiquement équipés de moustiquaires au quartier comme
sur le terrain. Les moustiquaires fournies sur les théâtres doivent être pré-
imprégnées d'insecticides avec une durée d'efficacité de 5 ans. Celle-ci doivent-être
correctement disposées (absence d'espace de passage pour les moustiques),
entretenues (attention aux déchirures et fermetures) ;
imprégnation tissulaire. Les treillis, les vêtements de sport, etc. peuvent être
imprégnés manuellement.

TTA 150 78 Edition 2018


Titre XIII

Pour une meilleure efficacité les recommandations du fabricant doivent être rigoureusement
observées (nombre de pulvérisations, temps de séchage, nombre de lavages autorisés, ...).

b ) CONTRE LES PHLEBOTOMES


MOYENS PHYSIQUES
Avant tout déploiement ou lors de la préparation d'une activité dans une zone à risque, il est
impératif de consulter les recommandations émises par le service de santé des armées qui
précisent les périodes à risque et rappellent les moyens à mettre en œuvre pour se
prémunir.
arrêter toute progression en forêt et sur les cours d'eau au moins 1h avant le coucher
du soleil (soit vers 16h30 en Guyane), les phlébotomes descendant de la canopée
(cime des arbres) pour leur repas sanguin ;
éviter dans la mesure du possible de réaliser des zones d’abatis (les phlébotomes se
reposent dans les arbres). Si nécessité d'abattre des arbres (création de DZ), penser
à se protéger en portant des pantalons longs, des chaussures fermées, en baissant
les manches.
MOYENS CHIMIQUES
IDENTIQUES A CEUX MIS EN PLACE CONTRE LE MOUSTIQUE
utilisation systématique de moustiquaire imprégnée d'insecticide en bon état (car le
moucheron plus petit que le moustique peut passer à travers les mailles de la
moustiquaire mais l'efficacité de l'imprégnation l'en empêche) ;
port d'une moustiquaire de tête lors des gardes
; port de treillis imprégnés d'insecticide ;
application de répulsif cutané sur les zones découvertes.

c ) CONTRE LES TIQUES

TTA 150 79 Edition 2018


Titre XIII

Avant toute manœuvre ou déplacement sur des zones à risques, il est impératif de consulter
les recommandations émises par le service de santé des armées qui précisent les périodes
d'activité des tiques et rappellent les modalités de prévention.
Seuls la mise en œuvre des moyens individuels de lutte anti-vectorielle et le respect des
consignes lors des déplacements de personnels permettent de limiter l'exposition.
MOYENS PHYSIQUES
limitation des contacts avec la végétation (éviter de s'allonger dans l'herbe, par
exemple) ;
pour les activités extérieures, port de vêtements couvrant (manches baissées,
chaussettes et chaussures hautes, pantalon couvrant) ;
inspection corporelle minutieuse en binôme à la recherche de tiques fixées à la peau,
dès retour de zone à risque (mission de moins d'un jour) ou chaque soir (mission de
plusieurs jours) ;
retrait le plus rapidement possible de toute tique accrochée à la peau avec matériel
adapté (type tire-tics®). Ce retrait doit s'effectuer de préférence au service médical
par des personnes expérimentées ;
l'utilisation d'alcool pour aider à enlever la tique est inefficace.

Utilisation d'un tire-tics®

Mode opératoire pour ôter une tique

TTA 150 80 Edition 2018


Titre XIII

Utilisation d'une pince

MOYENS CHIMIQUES
utilisation de répulsifs cutanés ;
port de treillis pré-imprégnés disponibles.

4.2.b. MESURES COLLECTIVES

A) CONTRE LES MOUSTIQUES


a) Domiciliaires
MOYENS PHYSIQUES
L'utilisation de grillages moustiquaires doit être systématique, au niveau des fenêtres,
dans les zones vie (chambre, bureau, foyer, hôtellerie, restaurant, ...) en prévoyant une
vérification régulière de leur état.
La ventilation et la climatisation ne représentent un moyen de lutte anti- vectorielle.
MOYENS CHIMIQUES
L'imprégnation en insecticides rémanents (durée d'action prolongée) des matériaux visent à
détruire et à éloigner les insectes adultes (la durée d'efficacité est de l'ordre de plusieurs
mois). Elle s'applique aux murs d'habitation, elle est réalisée avec des pulvérisateurs à
pression préalable ou motorisés.
Le renouvellement des applications peut s’avérer nécessaire pour couvrir les périodes à risque.
La mise en œuvre (préparation, épandage et nettoyage du matériel), le stockage et
l'élimination des produits insecticides nécessitent le strict respect des recommandations du
fournisseur.
Une protection complète de l'opérateur est obligatoire (combinaison, gants, masque avec
cartouche filtrante et chaussures imperméables).
Les combinaisons utilisées pour ces traitements sont en général à usage unique ainsi que
les cartouches filtrantes du masque.

TTA 150 81 Edition 2018


Titre XIII

Les personnels chargés de la mise en œuvre doivent être formés à l'utilisation des
matériels et produits et identifiés pour permettre un meilleur suivi en cas de problème
d'exposition.
Lors de la mise en œuvre, évacuer les personnels, les animaux et protéger les
aliments. Ne pas fumer, ne pas manger, ne pas boire.
Des insecticides en aérosol et des diffuseurs électriques peuvent être utilisés à l'intérieur
des maisons et compléter les dispositifs mis en place (grillage moustiquaire, moustiquaire,
...). Les serpentins insecticides ne peuvent être utilisés qu'en extérieur.
b) Péri domiciliaires
S'il est possible de choisir un site d'implantation, il faut privilégier un lieu élevé, peu arboré,
bien ventilé, loin des collections d'eau (plus d'un km) et à distance d'au moins un km des
populations locales.
MOYENS PHYSIQUES
Dans tous les cas, il s'agit d'aménager l'environnement. Il faut tendre à détruire tous les
gîtes larvaires et limiter les gîtes de repos des insectes adultes. Cela nécessite :
d'identifier les gîtes larvaires potentiels et de les traiter si possible en réalisant
:
le comblement méthodique de toutes les collections d'eau, l'élimination sur site
des plantes à tiges engainantes pouvant contenir de l'eau et le drainage des
terrains ;
l'enlèvement de tous les objets usagés susceptibles de constituer un gîte (fûts,
bouteilles, pneus, boîtes de conserves, ...) ;
l'entretien scrupuleux des canalisations (favoriser la circulation d'eau en
éliminant les obstacles), la protection des citernes et autres récipients destinés à
conserver l'eau (mise en place de couvercles, pose de toile tendue sur les
orifices).
de repérer les zones susceptibles de servir de repos aux moustiques adultes en
privilégiant :
La destruction des taillis, des buissons, des herbes hautes, dans un rayon d'au moins 400
mètres autour des habitations ou du bivouac.

Pneus couverts pour éviter l'apparition de gîtes


larvaires et l'accès aux moustiques.

MOYENS CHIMIQUES
Les pulvérisations spatiales d'insecticides :

TTA 150 82 Edition 2018


Titre XIII

Elles ont pour but de détruire les insectes autour des habitations. La méthode est coûteuse
et d'efficacité modérée. Elle est généralement mise en œuvre lors d'épidémie ou de
nuisances importantes.
Le matériel utilisé est généralement un pulvérisateur thermique. Les produits utilisés ont une
durée d'action (rémanence) variable nécessitant de renouveler les applications en fonction
des recommandations du fournisseur et de l'évolution du risque.
La mise en œuvre (préparation, épandage, et nettoyage du matériel), le stockage et
l'élimination de ces produits nécessitent le strict respect des recommandations du
fournisseur.
Une protection complète de l'opérateur est obligatoire (combinaison, gants, masque avec
cartouche filtrante et chaussures imperméables).
Les combinaisons utilisées pour ces traitements sont en général à usage unique ainsi que
les cartouches filtrantes du masque.
Les personnels chargés de la mise en œuvre doivent être formés à l'utilisation des matériels
et produits et identifiés pour permettre un meilleur suivi en cas de problème d'exposition.
Privilégier sa mise en œuvre aux heures les plus fraîches sans vent et aux heures de
moindre fréquentation humaine (ex: très tôt le matin). Attention au coup de chaleur.
Dans certains cas, cette pulvérisation peut être réalisée en collaboration avec les
acteurs civils locaux de la lutte anti-vectorielle (LAV).
L'épandage d'insecticides dans les collections d'eau :
Il permet de détruire les larves d'insectes par épandage de granulés de larvicides.
L’épandage se fait à l'aide de pulvérisateurs. Se référer pour sa mise en œuvre aux
recommandations du fournisseur.
L'efficacité de ce traitement dépend du renouvellement des pulvérisations (généralement
tous les 10 jours).
B) CONTRE LES PHLÉBOTOMES ET LES TIQUES
La lutte anti-vectorielle ne repose pas sur la mise en place de mesures collectives
spécifiques en dehors de la prise en compte des recommandations du service de santé
des armées lors de toute préparation de mission (manœuvre, OPEX).
Elle repose principalement sur le respect de l'application des mesures individuelles
de lutte anti-vectorielle.

5 - CONCLUSION

Au sein des armées, l'exposition au risque vectoriel est majeure du fait de la


situation géographique des zones d'implantation et de projection des forces.

TTA 150 83 Edition 2018


Titre XIII

Dans ces zones à haut risque, les contraintes d'exercice, les conditions d'hygiène précaire,
l'intensité des engagements peuvent modifier les comportements (stress, ...) et augmenter
le risque de survenue de pathologies émergentes (contexte humanitaire). Elle nécessite une
vigilance de tous les instants.
La prophylaxie anti-palustre associée au respect de l'application des mesures
individuelles de lutte anti-vectorielle doit impliquer fortement le commandement
. Leur efficacité repose sur l'observance parfaite de toutes les mesures préconisées. La
mise en œuvre du CLAM est impérative, dès l'implantation des forces dans les zones
à haut risque vectoriel. La qualité de son animation et du suivi de ses actions sont un
gage de préservation des effectifs et de fait de la capacité opérationnelle des forces.
Néanmoins, les contraintes générées quotidiennement dans la vie de l'unité avec les
difficultés propres aux activités outremer entraînent rapidement une démobilisation.
Aussi, tous les cadres doivent montrer l'exemple et devront avoir à cœur d'informer,
de sensibiliser sans relâche tous les personnels, afin de les convaincre de l'intérêt et
de la faisabilité de cette prévention nécessaire à leur protection et au maintien en
condition opérationnelle des forces outre-mer et en opération. Le commandement
devra bien sûr vérifier la bonne application des mesures de prévention, individuelles
et collectives.

TTA 150 84 Edition 2018


Titre XIII

Section III - PRÉVENTION ET SECOURS CIVIQUES

BUT RECHERCHÉ ET DONNÉES ESSENTIELLES


Donner aux personnels les connaissances de secourisme nécessaires pour permettre de sauvegarder
l'intégrité physique de la victime en attendant l'arrivée des secours.

RÉFÉRENCES
Arrêté du 24 juillet 2007 fixant le référentiel national de compétences de sécurité civile relatif à
l'unité d'enseignement “ prévention et secours civiques de niveau 1 - version consolidée au 25
avril 2017 ;
Recommandations de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises,
relatives à l'unité d'enseignement prévention et secours civiques de niveau 1 - version 2017 ;
Instruction ministérielle n°1043/DEF/EMA/ORH/OR - n°151315/DEF/DGGN/SRH relative à
l'enseignement du secourisme dans les forces armées du 22 août 2007 ;
Circulaire n°340057/DEF/RH-AT/EP/PMF/DS/39 relative au secourisme et au sauvetage au
combat dans l'armée de Terre du 12 juin 2016 ;
Directive n°506008/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à l'enseignement du
secourisme dans l'armée de Terre du 21 avril 2016 ;
Directive n°506015/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à la formation des sauveteurs
au combat de premier niveau et des opérateurs de premiers secours au combat pour l'armée
de Terre du 22 avril 2016 ;
Lettre n°504808 du 23 mai 2017 sur la politique du secourisme dans l'armée de Terre de
l'EMAT ;
Référentiel interne de formation et de certification de pédagogie initiale et commune appliquée
à l'emploi de formateur en prévention et secours civiques - version 2017 ;
Fiches techniques PSC1 2017 (version 1).

CONSEILS POUR ABORDER L'ÉTUDE


L'enseignement du secourisme est régi par les textes civils, auxquels l'armée de Terre ne peut
déroger. Le PSC1 constitue le pré-requis pour les formations opérationnelles ultérieures de
secourisme militaire.
Cette unité d'enseignement Prévention et Secours Civiques de niveau 1 (PSC1) ne peut être
dispensée que par les formateurs titulaires du certificat de compétence de formateur PSC1.

TTA 150 85 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 1
GENERALITES

Les gestes de secourisme restent la base de la prise en charge d'un blessé et doivent être
adaptés au contexte dans lequel se trouve le militaire.
En dehors du service, dans le cercle familial ou sur la voie publique, ce sont les textes civils qui
sont applicables : il s'agit du PSC1 (Prévention et Secours Civiques de niveau 1).
En service, le PSC1 est toujours valable mais dès qu'il s'agit de porter secours en ambiance
opérationnelle, il est complété par le secourisme militaire qui comprend le sauvetage au combat
de niveau 1 (SC1) et l'enseignement des pathologies circonstancielles.
Ce PSC1 est un pré-requis à toute formation ultérieure de secourisme militaire.
L'enseignement de base est dispensé par un formateur PSC1. D'une durée de 8 heures,
comprenant 7h10 de face à face pédagogique, il est sanctionné par l'attribution d'un certificat de
compétences de citoyen de sécurité civile – prévention et secours civiques de niveau 1. Cette
formation concerne tous les militaires et doit être délivrée en école de formation initiale pour les
officiers et sous-officiers et pendant la formation générale initiale pour les engagés volontaires de
l'armée de Terre.
Des formations complémentaires peuvent éventuellement être suivies, compte tenu de leur intérêt
dans l'organisation et la prise en charge des secours sur le terrain.
Elles intéressent surtout les cadres, les moniteurs de sport, les moniteurs commando et le
personnel du domaine de spécialité santé comme l'auxiliaire sanitaire par exemple.
L'unité d'enseignement du PSC1 a pour objectif de faire acquérir à toute personne les
compétences nécessaires à l'exécution d'une action citoyenne d'assistance à personne en
réalisant les gestes élémentaires de secours, conformément aux dispositions en vigueur.

TTA 150 86 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 2
PREVENTION ET SECOURS CIVIQUES DE NIVEAU 1

Les recommandations de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises


relatives à l'unité d'enseignement Prévention et Secours Civiques de niveau 1 (PSC1) résument
les techniques et les conduites à tenir face à une victime que tout militaire doit savoir mettre en
œuvre. Leur apprentissage se fait au cours du PSC1.
Les recommandations de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises
relatives à l'unité d'enseignement Prévention et Secours Civiques de niveau I sont consultables
sur le lien suivant :
http://portail-cefos.intradef.gouv.fr/TELECHARGEMENT/PSC1_version_1.1.1.pdf

TTA 150 87 Edition 2018


Titre XIII

TTA 150 88 Edition 2018


Titre XIII

Section IV - SECOURISME MILITAIRE

BUT RECHERCHÉ ET DONNÉES ESSENTIELLES


A la fin de cette section, le cadre de contact sera au fait des connaissances indispensables de
secourisme militaire que doit posséder tout combattant.

RÉFÉRENCES
Arrêté du 24 juillet 2007 fixant le référentiel national de compétences de sécurité civile relatif à
l'unité d'enseignement prévention et secours civiques de niveau 1 - version consolidée au 25
avril 2017 ;
Recommandations de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises,
relatives à l'unité d'enseignement Prévention et Secours Civiques de niveau 1 - version 2017
;
Instruction ministérielle n°1043/DEF/EMA/ORH/OR - n°151315/DEF/DGGN/SRH relative à
l'enseignement du secourisme dans les forces armées du 22 août 2007 ;
Circulaire n°340057/DEF/RH-AT/EP/PMF/DS/39 relative au secourisme et au sauvetage au
combat dans l'armée de Terre du 12 juin 2016 ;
Directive n°506008/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à l'enseignement du
secourisme dans l'armée de Terre du 21 avril 2016 ;
Directive n°506015/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à la formation des sauveteurs
au combat de premier niveau et des opérateurs de premiers secours au combat pour l'armée
de Terre du 22 avril 2016 ;
Lettre n°504808 du 23 mai 2017 sur la politique du secourisme dans l'armée de Terre de
l'EMAT ;
Référentiel interne de formation et de certification de pédagogie initiale et commune appliquée
à l'emploi de formateur en prévention et secours civiques - version 2017 ;
Fiches techniques PSC1 2017 (version 1).

CONSEILS POUR ABORDER L'ÉTUDE


Cette section est un complément de la section III (PSC1), elle ne peut pas être abordée si les
gestes de premiers secours ne sont pas connus.
Une formation continue annuelle est indispensable pour le SC1.
Les pathologies circonstancielles sont abordées lors de la mise en condition avant projection.

TTA 150 89 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 1
LE SAUVETAGE AU COMBAT DE NIVEAU 1

PRÉAMBULE
L'enseignement du secourisme dans l'armée de Terre est une composante à part entière de la
préparation de chaque combattant à sa mission opérationnelle.
La prise en charge du blessé de guerre nécessite que chaque combattant sache pratiquer les
premiers gestes de secours adaptés à l'état du blessé en attente d'une prise en charge
paramédicale ou médicale. Dans le cas d'un blessé grave, les gestes de secourisme tels
qu'enseignés dans le PSC1 sont insuffisants pour maintenir la victime en vie jusqu'à l'arrivée des
secours médicalisés. Il apparaît donc indispensable d'adapter ce PSC1 à l'institution militaire ;
c'est ce qu'on appelle le Sauvetage au Combat de niveau 1 (SC1).
Cet enseignement, d'une durée minimum de 7 heures, est conçu et mis en œuvre
conjointement par l'armée de Terre et le service de santé des armées.
Une formation continue au SC1, de 4 heures tous les ans doit également être effectuée.
Cette formation, élaborée exclusivement pour répondre aux spécificités des situations de combat,
permet aux militaires d'acquérir les savoir-faire indispensables à la réalisation des premiers
secours dans un milieu hostile. Elle est destinée aux personnels déjà titulaires de la formation «
Prévention et secours civiques de niveau 1 » (ou diplôme équivalent) qu'elle vient compléter et ne
doit pas s'apparenter à une remise à niveau d'une quelconque qualification de secourisme
antérieure.
Cette formation, essentiellement pratique, sera effectuée par un formateur titulaire de l'attestation
au SC1 et à jour de formations continues, dans un contexte réaliste adapté aux missions et
matériels du régiment.
DOCUMENT A CONSULTER : Manuel de secourisme militaire du combattant est
consultable sur le lien suivant :
http://portail-cefos.intradef.gouv.fr/TELECHARGEMENT/SC1.pdf

TTA 150 90 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 2
LES PATHOLOGIES CIRCONSTANCIELLES

BUT RECHERCHE ET CONSEILS POUR ABORDER L’ÉTUDE :


A la fin de ce chapitre, tout militaire connaîtra la conduite à tenir face à une victime présentant
une pathologie circonstancielle.
L'enseignement des pathologies circonstancielles, d'une durée minimum de 4 heures, sera
dispensé lors de la formation initiale et renouvelé lors de la mise en condition avant projection.
Ce chapitre est la version réactualisée de la partie relative aux pathologies circonstancielles du
manuel de secourisme militaire.

1 - LE SYNDROME D'ÉCRASEMENT OU CRUSH SYNDROME

1.1. GENERALITES

Les risques naturels mais aussi les explosions sont à l'origine d'éboulis et d'effondrements
qui peuvent piéger les victimes. L'intervention des forces armées dans les zones urbaines
étant devenue fréquente, les mêmes circonstances peuvent piéger les combattants.
Le « crush syndrom » ou syndrome des ensevelis est un ensemble de manifestation
clinique résultant de la souffrance musculaire consécutive à l'écrasement prolongé d'une
partie du corps.
Il fut initialement décrit (par BYWATERS) en 1941, lors des bombardements de Londres.
En temps de guerre, il s'agit de victimes ensevelies lors de bombardements d'immeubles ou
d'abris, ou de victimes de réaction de panique dans les espaces clos avec compression
inter humaine.
La compression d'une partie du corps, généralement un ou plusieurs membres, empêche le
sang de circuler correctement. Cette situation entraîne, dans un premier temps, la mort des
muscles comprimés. Il s'en suit alors une fabrication de toxines, issues de la mort des tissus
musculaires. Tant que la compression est maintenue, ces toxines ne se répandent pas dans
le reste de l'organisme car la circulation sanguine, au niveau du membre comprimé, est
interrompue.
Lorsque la victime est dégagée, la compression est levée et les toxines sont alors
brutalement libérées. Elles peuvent atteindre le cœur et entraîner une détresse circulatoire
(arrêt cardio- ventilatoire). Elles peuvent aussi atteindre le rein et entraîner une insuffisance
rénale, c'est-à- dire que le rein, dont le rôle est normalement de filtrer le sang, ne pourra plus
assurer cette fonction.
En somme, le « crush syndrom » associe : une mort (nécrose) des tissus
musculaires, un risque de défaillance circulatoire (choc) et d'insuffisance rénale.

TTA 150 91 Edition 2018


Titre XIII

1.2. SIGNES DU "CRUSH"

Le crush apparaît après 2 heures de compression. Il se traduit par une peau froide,
livide et insensible au niveau de la zone comprimée. Ces caractères évoquent la mort de
la zone comprimée. On note également une impossibilité de bouger (le muscle mort ne
peut plus remplir son rôle). Attention, il ne s'agit pas d'une impossibilité de bouger liée à la
douleur mais bien d'une impossibilité de type paralysie.
Lors du dégagement de la victime, la circulation du sang se rétablit dans la zone
comprimée, engendrant :
un go nflement (œdème) susceptible d’entraîner un état de choc (défaillance
circulatoire) ;
la libération de toxines dans le sang contribuant à l'état de choc et pouvant entraîner
un arrêt cardio-respiratoire ;
une insuffisance rénale (urines rares et foncées). Il n'est souvent pas facile de s'en
rendre compte ; les urines foncées peuvent avoir tâchés les vêtements d'une couleur
foncée tirant sur le brun rouge ;
une déshydratation et une hypothermie.

1.3. CONDUITE A TENIR

Si la compression dure depuis au moins 2 heures, il est préférable d'attendre la


présence d'un médecin pour dégager une victime ensevelie.
Si le dégagement doit être réalisé sans délais, il faudra poser poser un garrot, de
préférence avant le dégagement ou aussitôt après, sur le ou les membres écrasés, afin
d'empêcher les toxines de se répandre dans l'organisme. Il convient de réaliser les gestes
de secours éventuellement nécessaires (d'autres lésions peuvent être associées, la victime
peut être inconsciente) et de couvrir la victime.

2 - LE TRAUMATISME PAR EFFET DE SOUFFLE OU BLAST

2.1. GENERALITES

Le traumatisme par effet de souffle est une pathologie fréquente en temps de guerre
(explosions, bombardements, déflagrations).
Il est aussi devenu un accident du temps de paix. Les explosions (liquides inflammables et
gaz) sont plus fréquentes avec les attentats et la progression des risques technologiques.

TTA 150 92 Edition 2018


Titre XIII

2.1.a. DEFINITION

Le traumatisme par effet de souffle ou "Blast" est l'ensemble des lésions causées sur
l'organisme par une ou plusieurs ondes de choc (augmentation brutale de la pression
atmosphérique suivie d'une dépression immédiate) causées par une déflagration ou une
détonation. L'intensité des liaisons diminue à mesure que l'on s'éloigne du lieu même de
l'explosion ; elle est démultipliée en espace clos.

2.1.b. MÉCANISME LESIONNEL

On observe deux types de lésions :

a ) LES LÉSIONS DIRECTES


Les effets directs de l'onde de choc sur l'organisme (distension de l'air dans les poumons, le
tube digestif, l'oreille interne) engendrent des déchirures dans les tissus. Les lésions
pulmonaires mettent en jeu le pronostique vital.

b ) LES LÉSIONS INDIRECTES OU ASSOCIÉES


Les lésions traumatiques sont liées à la projection au sol de la victime par le souffle de
l'explosion ou à l'impact de projectiles. L'exposition à la flamme de l'explosion engendre des
brûlures externes (peau) voire internes en cas d'inhalation de gaz incandescents (voies
aériennes).

2.2. SYMPTOMES

2.2.a. DESCRIPTION DES LESIONS DIRECTES DE BLAST

L'évolution se fait classiquement en trois phases :

a ) PHASE INITIALE
Immédiatement après l'explosion, la victime est hébétée, stupéfaite. Elle présente une
surdité dans presque tous les cas. Attention, ce signe peut-être masqué ou amoindri par le
port de protections auditives.

b ) PHASE DE LATENCE
Caractérisée par une absence complète de signes évidents (en absence de lésions
associées). Le sujet peut être euphorique, agité. La surdité persiste.

c ) PHASE D'ETAT
On observe une décompensation brutale plus ou moins rapide de l'état général.

TTA 150 93 Edition 2018


Titre XIII

Elle peut être dominée par l'apparition :


d'une détresse ventilatoire : augmentation de la fréquence ventilatoire, toux sèche avec
écume blanche ou sanglante au niveau de la bouche, œdème pulmonaire, cyanose ;
de signes auditifs : surdité, bourdonnements, rupture de tympans ;
de signes abdominaux : ventre dur (hémorragie intestinale, déchirure des parois
intestinales ou viscérales), nausées, vomissements, hématurie (présence de sang
dans les urines) ;
de troubles de la conscience : agitation, troubles de la vigilance, crises convulsives.

2.2.b. DESCRIPTION DES LESIONS INDIRECTES

plaies et hémorragies (avec ou sans corps


étranger) ; fractures multiples (crâne, membres) ;
lésions parties molles
; brûlures.

2.3. CONDUITE A TENIR

protéger du sur-accident, rechercher les circonstances de


survenue ; mettre le blessé au repos en position semi assise ;
traiter les hémorragies et « emballer » les plaies éventuelles (pansements, trousse
collective) ;
effectuer l'examen des fonctions vitales comme appris en
PSC1 ; rechercher les lésions associées ;
immobiliser les fractures par des moyens de fortune ou avec du matériel
; alerter les secours de l'unité ;
surveiller les fonctions vitales : conscience et ventilation ++ ;
rassurer, couvrir et évacuer rapidement le blessé.

3 - LES BRÛLURES THERMIQUES ET/OU CHIMIQUES

3.1. GENERALITES

Les brûlures sont des lésions de destruction plus ou moins complètes de la peau et des
tissus sous-jacents. Ces brûlures résultent du contact du corps avec une source de chaleur
provoquée par :
la présence de flammes de matériaux en combustion : matériaux solides (bois, papier,
matières plastiques, etc.) ou de liquides inflammables ;
la projection ou le contact avec des liquides très chauds (eau le plus souvent, huile
ou tout autre liquide en milieu industriel) ;
des solides portés à haute température
; des gaz chauds ;

TTA 150 94 Edition 2018


Titre XIII

certains rayonnements thermiques (soleil).


Ces brûlures sont provoquées lors de différentes circonstances :
incendies d'habitation, de locaux, de moyens de transport individuels ou collectifs
(voiture, avion, bateau, ...) ;
accidents domestiques (renversement de liquide chaud, ...) ;
actions de combat avec incendie et explosion de gaz et de vapeurs, projection de
liquide chaud, bombe incendiaire, IED.
Par ailleurs, des lésions très proches des brûlures cutanées peuvent être occasionnées par :
certains produits chimiques (acides, bases)
; le passage de courant électrique.

3.1.a. CARACTERISTIQUES D'UNE BRULURE

Une brûlure se caractérise par


: son aspect ;
son étendue ;
sa localisation
;
la présence de douleur ou non.
Le secouriste doit transmettre aux secours médicalisés une description précise des
caractéristiques de la brûlure. Ces dernières permettent au médecin d'évaluer la gravité et
l'urgence de la prise en charge.

a ) ASPECTS D'UNE BRULURE


la rougeur (1er degré) ;
Douloureuse, la rougeur traduit une atteinte superficielle de la peau (atteinte de la couche
externe).

TTA 150 95 Edition 2018


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les cloques ou phlyctènes (2ème degré léger ou profond) ;


Unique ou multiples et plus ou moins étendues, les cloques sont des vésicules
accompagnées d'une douleur forte ou modérée. Les cloques traduisent une atteinte plus
profonde de la peau. Les cloques peuvent se rompre et libérer un liquide clair. Cette perte
liquidienne peut entraîner un état de choc en cas de surface étendue.

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la destruction complète de l'épiderme et du derme (3ème degré) ;


La peau, ressemblant à de la cire, est pâle, noirâtre ou brunâtre. Toutes les couches de la
peau sont atteintes. Ces brûlures sont souvent peu douloureuses ou indolores car les
terminaisons nerveuses ont été détruites.

b ) ETENDUE DE LA BRULURE
Le secouriste doit évaluer l'étendue d'une brûlure car elle conditionne sa conduite à tenir :
gestes de secours, qualité de l'alerte.
Pour évaluer cette étendue, le secouriste peut s'aider de la surface de la paume de la main
de la victime qui est égale à 1% de la surface totale de sa peau, quel que soit l'âge, ou par
la règle des « 9 » de WALLACE.

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Évaluation de la surface d'une brûlure


(paume de la main = 1 %)

Calcul de la surface brûlée


par la règle des 9 de WALLACE

c ) LOCALISATION DE LA BRULURE
Elle doit être décrite avec précision notamment s'il s'agit de localisations particulières à
risques comme :
les brûlures de la face, souvent associées à des brûlures des voies aériennes
(présence de traces noires autour des narines et de la bouche, présence de toux ou
de crachats noirs qui seront systématiquement recherchés en cas de victimes
d'incendie) ;
les brûlures du cou ;
les brûlures des mains, des plis de flexion, des pieds ;
les brûlures à proximité immédiate des orifices
naturels.

d ) DOULEUR DE LA BRÛLURE
La présence de douleur associée à la brûlure renseigne le médecin sur l'atteinte ou non des
structures nerveuses. La brûlure qui est douloureuse pourra guérir plus facilement que
lorsque les nerfs sont atteints et que la brûlure n'est pas douloureuse.

TTA 150 98 Edition 2018


Titre XIII

3.1.b. LES BLESSURES ASSOCIEES

Compte tenu des circonstances de survenue, les brûlures cutanées peuvent être associées
à d'autres atteintes qui aggravent l'état de la victime :
lésions par effet de souffle au cours d'explosions (avec atteinte respiratoire) ;
blessures également par explosion (fractures par exemple) ;
intoxication par fumée ou gaz ;
hémorragies.
LE REFROIDISSEMENT DE LA BRÛLURE DOIT SE FAIRE LE PLUS TÔT POSSIBLE,
PENDANT 15 MINUTES.
Si on est en présence d'un brûlé à plus de 20% de la surface corporelle, on ne
refroidit que les localisations à risque.

3.2. CONDUITE A TENIR EN PRÉSENCE D'UN BRÛLÉ

3.2.a. LES BRULURES PAR LE FEU

Le sauveteur doit, par ordre de priorité :


veiller à ne pas être intoxiqué lui-même par les fumées (retenir son souffle ou
appliquer un linge mouillé sur la bouche et le nez) ;
veiller à ne pas être brûlé par l'inflammation des vêtements ;
assurer le dégagement éventuel de la victime du local incendié ou du véhicule en feu
; éteindre les vêtements en flammes soit en enroulant la victime dans une couverture,
soit en utilisant une veste, une vareuse, un manteau ;
refroidir à l'eau froide (15 degrés) toutes les régions brûlées, dès que possible et
pendant 15 minutes, le robinet d'eau étant à 15 cm de la peau brûlée. Si on est en
présence d'un brûlé à plus de 20% de la surface corporelle, on ne refroidit que les
localisations à risque ;
protéger les brûlures par l'utilisation de pansements sur les brûlures relativement
localisées ;
retirer les vêtements de la victime le plus tôt possible, sans ôter ceux qui collent à la
peau, ce qui peut être fait pendant l'arrosage ou sous la douche ;
faire appeler les secours médicalisés ;
sauf gêne respiratoire, allonger le brûlé sur une partie saine, si possible sur un drap
propre ;
prévenir le refroidissement en recouvrant la victime, si possible d'une couverture
isotherme ;
surveiller les fonctions vitales et agir en conséquence.

TTA 150 99 Edition 2018


Titre XIII

3.2.b. LES BRULURES ELECTRIQUES

Ce sont, le plus souvent, des brûlures profondes qui se produisent dans le trajet d'un
passage du courant (muscles, tendons).
Dans la plupart des cas, le courant domestique à basse tension provoque des brûlures qui
ne sont pas visibles. Seul apparaît, sous forme de petites zones brûlées, le point d'entrée et
le point de sortie du courant.
Lors d'accidents avec des courants de haute tension, on peut par contre constater des
véritables carbonisations des tissus.
Le sauveteur doit, après avoir coupé l'alimentation électrique :
assurer le dégagement de l'électrisé en veillant à ne pas être atteint à son tour (seul le
dégagement du courant de basse tension est possible) ;
réaliser un examen succinct de la victime pour constater l'absence de troubles
ventilatoires ou cardiaques ;
faire allonger l'électrisé et le laisser au repos même s'il est conscient
; protéger la brûlure par un pansement sec ;
surveiller la victime en attendant la prise en charge par les secours.

3.2.c. LES BRULURES PAR PRODUITS CHIMIQUES

Le sauveteur doit immédiatement :


ôter les vêtements imbibés de produits (avec des gants pour ne pas se brûler) ;
arroser à grande eau le plus tôt possible et abondamment là où les régions atteintes
(pour diluer le produit) ;
éviter l'écoulement sur les parties non atteintes ;
continuer l'arrosage jusqu'à la prise en charge de la victime par les secours médicalisés.

3.2.d. LES BRULURES PAR LE PHOSPHORE (BOMBES ET GRENADES AU


PHOSPHORE)

Le sauveteur doit appliquer les pansements humides qui mettent les régions atteintes à
l'abri de l'air (le phosphore brûle spontanément à l'air ambiant).

3.2.e. LES BRULURES PAR LE NAPALM (PRODUIT INCENDIAIRE A BASE


D'ESSENCE EMPLOYE DANS LES BOMBARDEMENTS OU AVEC DES
LANCE-FLAMMES)

Le sauveteur doit :
éteindre ce qui brûle par des enveloppements, des chiffons humides ou de la boue
humide ;
après l'extinction, pratiquer les mêmes soins que pour un brûlé.

TTA 150 100 Edition 2018


Titre XIII

NE JAMAIS ESSAYER D'ÉTEINDRE LE NAPALM EN FRAPPANT OU TAPOTANT SUR


LA PARTIE TOUCHÉE : CE PROCÉDÉ AUGMENTERAIT LA SURFACE EN FEU
PAR PROJECTION DU LIQUIDE ENFLAMME.

3.2.f. LES BRULURES PAR INHALATION, INGESTION


a ) BRULURES INTERNES RESPIRATOIRES PAR INHALATION
Elles sont suspectées chez une personne victime d'un incendie, d'une explosion ou dont les
vêtements se sont enflammés et qui présente :
des brûlures de la bouche (lèvres, langue, face interne des joues, ...) avec de la suie
tout autour ;
une raucité de la voix (voix anormalement grave) ;
une détresse respiratoire.
Il peut y avoir un œdème (gonflement) du visage, qui doit faire suspecter des brûlures par
inhalation. Il faudra bien surveiller cette personne.
Si la victime est consciente et présente des difficultés respiratoires, appliquer la conduite à
tenir devant une victime qui présente une détresse respiratoire.

b ) BRULURES INTERNES PAR INGESTION


Elles sont suspectées chez une personne qui, après avoir absorbé un liquide brûlant ou
caustique, présente de violentes douleurs dans la poitrine ou à l'abdomen, parfois associées
à des lésions de brûlure (chaleur) ou des traces blanchâtres (caustique) au niveau des
lèvres ou de la bouche.
ne pas faire vomir ;
ne pas donner à boire ;
allonger la victime sur le côté ;
surveiller la victime et garder l'emballage du produit chimique en cause et le produit
restant.

TTA 150 101 Edition 2018


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4 - LES PIQURES D'INSECTE ET D'ARACHNIDE OU MORSURE DE


SERPENT

4.1. GENERALITES

Ce sont des accidents fréquents dans nos pays tempérés. La morsure de serpent est
considérée comme une plaie grave car profonde et septique. Les piqûres d'insectes ou
morsures d'arachnides sont généralement peu graves ; toutefois la localisation et le nombre
de piqûres peuvent être des facteurs aggravants, plus particulièrement sur une victime
isolée ou allergique.
Le risque est plus important dans les zones intertropicales ou subtropicales (fréquence des
missions extérieures en Guyane, en Afrique, ...) par la variété d'animaux venimeux.

Tarentule

Bitis Nasicornis

TTA 150 102 Edition 2018


Titre XIII

4.2. LES MORSURES DE SERPENT

4.2.a. MORSURE DE VIPERE

Un sujet peut être mordu par un serpent au cours d'exercices, de randonnées, de bivouacs.
Il s'agit le plus souvent d'une morsure unique située sur les parties exposées et découvertes
du corps.
Sous nos climats européens, nous ne trouvons le plus souvent que deux types de serpents :
la couleuvre, inoffensive
; la vipère, venimeuse.
La morsure de vipère est souvent moins grave qu'on ne le pense généralement ;
cependant, lorsqu'elle est renouvelée (marche sur un nid) ou localisée à la tête, au cou, elle
peut être dangereuse. Mais toute morsure n'est pas suivie d'envenimation.
La plaie qui en résulte est caractérisée par :
la plaie elle-même (deux points rouges par où coule une sérosité sanglante) ;
l'intoxication partielle ou générale due au poison (venin) injecté au moment de la
morsure : les effets sur le système nerveux sont les plus importants et apparaissent
progressivement (30 minutes au plus tard). Ceci se voit plus volontiers avec les
vipères des Balkans.

a ) SYMPTOMES
enflure et rougeur hémorragique autour de la morsure
; douleur à l'endroit de la morsure ;
angoisse du sujet ;
faiblesse musculaire
généralisée ; signes de
paralysie ;
insensibilité dans la partie atteinte du corps ;
après quelques temps, la ventilation et le pouls s'accélèrent ;
des maux de tête, des sueurs, des vomissements et coliques peuvent apparaître.

b ) CONDUITE A TENIR
Ne pas poser de garrot, ne pas pratiquer d'aspiration.
1. Victime accompagnée :
calmer et rassurer le blessé qui ne doit pas partir en courant pour chercher du secours
: cela ne ferait qu'augmenter la vitesse de propagation du venin ;
mettre le blessé au repos absolu, le porter s'il est nécessaire de le
déplacer ; retirer bague et bracelet en cas de morsure à la main;
désinfecter la plaie si possible ;
réaliser un pansement légèrement compressif sur la blessure ;
immobiliser le membre atteint avec une attelle ;

TTA 150 103 Edition 2018


Titre XIII

alerter rapidement les secours médicalisés ;


surveiller les fonctions vitales et agir en conséquence jusqu'à l'arrivée des secours.
Toute évacuation de la victime se fera en position allongée.
2. Victime isolée :
La victime doit rejoindre le poste de secours le plus proche, en évitant toute marche
accélérée ou effort physique.

c ) MESURES DE PRECAUTION - PREVENTION


En marchant sur des terrains infestés de serpents (zones rocailleuses et ensoleillées) :

s'équiper de chaussures montantes ;


se déplacer en réalisant des vibrations dans le sol (taper le sol) ;
ne pas soulever des pierres ni toucher des murs, des tas de bois ou des buissons sans
précaution.
Lors des bivouacs :
fermer les tentes individuelles ;
maintenir une lumière à l'intérieur pour effrayer tout serpent.

4.2.b. CAS PARTICULIER DES SERPENTS TROPICAUX

En cas de morsure par serpents tropicaux, les signes sont beaucoup plus importants et les
conséquences plus graves.
Les venins sont hémotoxiques (toxiques pour le sang), neurotoxiques (nerf, cerveau),
cardiotoxiques (cœur), myotoxiques (muscles). Il peut exister une combinaison de ces
différentes actions.
Les mesures immédiates vues plus haut restent valables. L'évacuation vers le poste de
secours ou l'hôpital le plus proche est impérative, et ce de manière urgente en vue d'une
éventuelle sérothérapie extrêmement efficace (mortalité divisée par trois). Seul un médecin
peut effectuer cette sérothérapie.
Compte tenu de la gravité de ces morsures, il convient ici d'insister sur la prévention déjà
mentionnée plus haut :
ne jamais être seul ;
inspecter son duvet avant de se coucher ;
renverser ses chaussures avant de les
mettre ; porter des chaussures montantes ;
se déplacer en réalisant des vibrations dans le sol (taper le sol).
D'une manière générale ces animaux sont très craintifs et s'enfuient dès qu'ils entendent du
bruit.
Le venin reste toxique longtemps après la mort du serpent (se méfier des animaux morts :
persistance du réflexe de morsure un certain temps après la mort).

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Titre XIII

Un cas particulier :
le cobra cracheur :
il vise ce qui brille (donc les yeux) ; il est précis à 3 mètres.
Son venin engendre de graves lésions de la cornée.
En cas de projection de venin dans les yeux :
rincer rapidement, abondamment et longtemps les yeux
avec du sérum physiologique ou de l'eau.

4.3. LES PIQURES D'INSECTES OU D'ARACHNIDES

Les piqûres d'insectes (abeilles, guêpes, bourdons, moustiques, mouches) sont le plus souvent
bénignes. Quelques cas cependant présentent un réel danger :
une piqûre dans la cavité buccale, la gorge ou au cou peut exceptionnellement
provoquer une obstruction des voies respiratoires due à un gonflement local (guêpes,
abeilles) ;
une hypersensibilité aux piqûres d'insectes ou morsure d'arachnides peut provoquer
des réactions allergiques potentiellement dangereuses ;
transmission de maladies mortelles : paludisme, fièvre jaune, maladie du sommeil,
fièvres hémorragiques en zone d'endémie (pays tropicaux et équatoriaux).

4.3.a. SYMPTOMES
a ) AU NIVEAU DE LA PIQÛRE
démangeaisons, douleurs locales lancinantes, cuisantes ;
un gonflement et une rougeur de 5 à 10 cm de diamètre peuvent apparaître en
quelques minutes et jusqu'à quelques heures.

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Titre XIII

b ) SIGNES DE REACTION GENERALE EN CAS D'ALLERGIE


trouble de la conscience
; difficultés respiratoires ;
trouble du rythme cardiaque pouvant apparaître en l'espace de quelques secondes
jusqu'à une heure environ après la piqûre ;
urticaire (démangeaisons intenses généralisées) et rougeurs ;
œdème de différentes parties du corps, en particulier le visage
; diarrhée et vomissements.

4.3.b. CONDUITE A TENIR


a ) RÉACTION GÉNÉRALE POUR UNE VICTIME CONSCIENTE
allonger le sujet jambes surélevées ;
en cas de difficultés respiratoires, laisser la victime assise et la surveiller.

b ) ACTIONS PARTICULIERES
éviter de gratter et de frotter ;
enlever avec précaution l'aiguillon ;
refroidir la zone atteinte à l'aide d'un linge frais ;
tamponner la blessure avec un antiseptique autorisé
; surélever le membre piqué.
En cas de piqûre dans la cavité buccale ou la gorge ou en cas de réaction allergique
généralisée :
alerter immédiatement le poste de secours ;
faire sucer de la glace au patient (si possible)
; maintenir la victime au repos, la rassurer ;
surveiller les fonctions vitales et agir en conséquence jusqu'à l'arrivée des secours.

TTA 150 106 Edition 2018


Titre XIII

Les morsures ou les piqûres des araignées et scorpions de nos régions sont assimilables à
des piqûres d'insectes. Dans les régions tropicales, ces morsures sont potentiellement
dangereuses et le recours médical s'impose.

Morsure par araignée loxosceles laeta en Amérique du Sud

Nécrose après morsure de serpent

Scorpion

4.3.c. PREVENTION

couvrir les parties du corps, éviter short et chemisette ;


utiliser des insectifuges à appliquer sur la peau pour éloigner les insectes ;
dans les bivouacs, notamment dans les territoires d'outre-mer, l'utilisation d'une
moustiquaire est obligatoire ;
ne pas soulever les pierres à mains nues ; ne pas mettre les mains dans les trous ;
ne pas marcher pieds nus.

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Titre XIII

5 - L'HYPOTHERMIE - LES GELURES

5.1. GENERALITES

En hiver, le risque d'apparition d'accidents dus au froid augmente lors des activités militaires
se déroulant à l'extérieur, surtout si le froid et l'humidité se conjuguent. Par ailleurs,
certaines activités augmentent plus spécifiquement le risque : opération en haute montagne,
saut en parachute à ouverture retardée, mission subaquatique, ... Ces accidents peuvent
être bénins (engelures, gelures) ou graves, avec ralentissement des fonctions vitales puis à
l'extrême arrêt cardio-respiratoire.
Le bon fonctionnement de l'organisme humain nécessite le maintien de sa température
centrale à 37 degrés. Lors de l'exposition au froid, il est nécessaire de corriger la tendance
à la baisse de cette température centrale par deux moyens :
augmentation de la production de chaleur dans le corps
; diminution de la déperdition de chaleur vers l'extérieur.

5.1.a. AUGMENTATION DE LA PRODUCTION DE CHALEUR

par le travail musculaire (l'exercice physique) ;


par le "frisson thermique", réaction naturelle (physiologique) de l'organisme soumis au
froid.

5.1.b. DIMINUTION DES PERTES DE CHALEUR

Par temps froid, la protection cutanée est insuffisante ; des moyens complémentaires sont
alors nécessaires : vêtements adaptés, abris, chauffage.

5.2. FACTEURS FAVORISANT LES ACCIDENTS DUS AU FROID

5.2.a. FACTEURS LIES A L'INDIVIDU

l'origine géographique ou raciale : les personnels originaires de pays chauds sont plus
prédisposés aux lésions dues au froid ;
l'âge : chez l'adulte, la sensibilité augmente avec l'âge
; les antécédents de lésions dues au froid ;
la fatigue : réduction de l'activité physique et manque de sommeil réduisent la
résistance au froid ;
l'activité : le travail musculaire est une importante source de chaleur ; cependant un
excès d'activité physique peut entraîner une transpiration qui, en s'accumulant dans
les vêtements, peut réduire leur pouvoir isolant ;
l'immobilité entraîne une diminution de la production de chaleur, avec refroidissement
corporel, particulièrement au niveau des extrémités ;

TTA 150 108 Edition 2018


Titre XIII

l'alimentation : la privation de nourriture favorise les accidents dus au froid. Une ration
de 3600 à 4000 calories est suffisante pour des personnels correctement protégés.
Elle peut être augmentée lors d'efforts physiques intenses ;
l'alcool, le café, le tabac, les drogues :
l'alcool provoque une fausse sensation de chaleur en accélérant la circulation
sanguine cutanée, avec pour conséquence une augmentation des pertes
caloriques, une perte du "frisson" et donc l'accélération du refroidissement du
corps ;
le tabac et le café entraînent une vasoconstriction, facteur favorisant l'apparition
de gelures.

5.2.b. FACTEURS LIES A L'ENVIRONNEMENT

milieu ambiant : outre la température, l'humidité et le vent contribuent à la déperdition


de chaleur ;
circonstances opérationnelles : les périodes de combat aggravent les
risques ; durée d'exposition.

5.3. DESCRIPTION DES TROUBLES

Selon la durée d'exposition au froid et l'intensité du froid, les accidents constatés sont plus
ou moins étendus.
s'ils ne concernent qu'une partie du corps, ils se manifestent par des gelures ;
s'ils intéressent la totalité de l'organisme, à côté de possibles atteintes locales,
s'installe une diminution progressive de la température centrale : c'est l'hypothermie.

5.3.a. LES GELURES

Les gelures sont engendrées ou favorisées par :


une action du froid sur la peau, au niveau de la face et des extrémités des membres
(mains et pieds) essentiellement. Elles peuvent survenir en quelques minutes, si la
peau nue est exposée au froid intense et au vent ;
le contact de la peau nue avec des corps métalliques très froids. Elles peuvent
survenir en quelques secondes ;
la déshydratation chronique en climat froid quand l'air est très sec.

a ) GELURE SUPERFICIELLE
La peau est pâle, parfois violacée, la sensibilité est diminuée. Il peut parfois apparaître des
"bulles" de même aspect que celles provoquées par les brûlures. Lors du réchauffement à
ce stade, la peau devient rouge et douloureuse.

TTA 150 109 Edition 2018


Titre XIII

b ) GELURE PROFONDE
La peau est violacée et totalement insensible. Des bulles plus volumineuses au contenu
sanglant apparaissent.

Gelure profonde

c ) LE PIED DE TRANCHÉE
Aspect pathologique particulier qui s'apparente aux gelures, lié à l'action du froid positif
humide, pas forcément très intense, sur les tissus.
Cela n'arrive pas que dans des tranchées ; cela peut arriver à un pilote de char qui bouge
peu, dans un froid humide.

Pied de tranchée

TTA 150 110 Edition 2018


Titre XIII

5.3.b. L'HYPOTHERMIE

- Définition : la baisse de la température centrale du corps entraîne des troubles dès que
celle-ci atteint 35 degrés. En cas d'immersion dans l'eau, la survenue de l'hypothermie est
accélérée, la conductivité thermique de l'eau étant vingt-cinq fois supérieure à celle de l'air.
- Signes d'alarme :
ralentissement de l'activité physique et psychique avec conscience
conservée ; frisson intense généralisé (le frisson disparaît en dessous de 32
degrés) ; apparition de douleurs musculaires (surtout dans la nuque).
- Signes de gravité :
troubles de la conscience, le sujet est
hébété ; disparition du frisson et rigidité
musculaire ; peau livide.
L'évolution se fait vers l'inconscience puis l'arrêt cardio-respiratoire.

5.4. CONDUITE A TENIR

Dans tous les cas, soustraire la victime du froid, l'isoler dans un endroit chaud
(habitation, véhicule, ambulance, ...), lui ôter les vêtements surtout s'ils sont mouillés
ou humides.

5.4.a. LES GELURES


a ) LA GELURE SUPERFICIELLE
mettre la victime au repos ;
enlever doucement gants, anneaux,
chaussures ; réchauffer la zone gelée en la
couvrant ;
ne pas frotter ;
protéger la gelure par un pansement aseptique ou à défaut un linge propre
; alerter les secours de l'unité et évacuer dès que possible ;
couvrir l'intéressé et surveiller ses fonctions vitales.

b ) LA GELURE PROFONDE
mettre la victime au repos strict ;
réchauffer la zone gelée, en la couvrant ;
protéger la peau par un pansement aseptique ;
alerter les secours de l'unité et évacuer en urgence ;
couvrir et surveiller les fonctions vitales, en particulier la conscience : risque de
survenue d'un coma, si hypothermie généralisée associée.

TTA 150 111 Edition 2018


Titre XIII

5.4.b. L'HYPOTHERMIE

La priorité est le réchauffement du sujet, mais il ne sera efficace qu'en le soustrayant de


l'ambiance froide.
Sur le terrain, le camarade de combat effectuera un réchauffement doux :
contact avec la peau du sauveteur ;
rassurer, couvrir le blessé (couverture de survie, bouillotte si possible) ;
donner des boissons chaudes, si la victime est consciente (jamais
d'alcool) ; alerter les secours de l'unité et évacuer le plus rapidement
possible.

5.5. PREVENTION DES ACCIDENTS DUS AU FROID

5.5.a. PRISE EN COMPTE DU RISQUE PAR LE COMMANDEMENT

En période hivernale ou dans un environnement froid, les risques de gelure et


d'hypothermie doivent être pris en compte dans la préparation de toute mission. La
prévention de ces risques contribue à la préservation des effectifs.

5.5.b. ENTRAINEMENT

Un entraînement physique régulier limite les risques d’accident lié au froid, de même qu'un
acclimatement progressif.

5.5.c. HABILLEMENT - ALIMENTATION

L'habillement doit être en permanence adapté au climat et à la saison :


vêtements amples superposés et portés sous un vêtement résistant au vent et à l'eau
; pieds protégés par des chaussettes superposées, non serrées, dans des
chaussures imperméables à l'eau ;
port de gants fourrés et tête protégée en toutes circonstances.
La question de l'hygiène vestimentaire est développée dans la section II - chapitre 1 - point
1.4
Une bonne hydratation et une alimentation riche en calorie (graisse) favorise la production
de chaleur.
La consommation d'alcool augmente les pertes de chaleur et constitue un facteur de risque
de l'hypothermie.

TTA 150 112 Edition 2018


Titre XIII

5.5.d. PRISE EN CHARGE D'UN BLESSE

Quelque soit la température extérieure, l'hypothermie doit être prévenue chez tout
blessé en l'isolant du sol et en le couvrant. En effet, un blessé a toujours tendance à se
refroidir et cela va aggraver son état.

5.5.e. INFORMATION DU PERSONNEL

Au début de la période hivernale, les risques et mesures de prévention évoqués


précédemment doivent faire l'objet d'un rappel à l'ensemble du personnel.

5.6. CAS PARTICULIER DE LA VICTIME ENSEVELIE DANS UNE


AVALANCHE

La victime présentera à la fois un effet de souffle, un syndrome d'écrasement et des


accidents dus au froid.

6 - LE COUP DE CHALEUR

6.1. GENERALITES

Fréquent en milieu militaire, le coup de chaleur est un accident très grave, survenant lors
d'efforts physiques et/ou dans des conditions climatiques particulières. Il peut entraîner la
mort.
Le coup de chaleur est la conséquence de l'impossibilité pour l'organisme d'évacuer les
calories. Il y a donc élévation de la température centrale.

TTA 150 113 Edition 2018


Titre XIII

6.2. CAUSES

Le coup de chaleur survient le plus souvent lors d'une activité physique intense chez un
jeune peu entraîné, en ambiance thermique chaude.
Cette augmentation de température peut être due à de nombreux facteurs :
température ambiante chaude (à partir de 23 degrés) ;
degré d'humidité dans l'air important (difficilement mesurable) ;
absence de vent ;
exercices physiques ;
acclimatement et entraînements insuffisants ;
équipements et vêtements inadaptés ;
alimentation, en particulier en eau, insuffisante ;
sujets prédisposés ou fragiles ;
sujets en surcharge pondérale
; médicaments, alcool ;
fatigue.

6.3. SIGNES

Les signes sont importants à connaître :


douleurs du type crampes musculaires
;
troubles du comportement (agitation, propos incohérents, désorientation) ;
démarche ébrieuse ;
apparition d'une fatigue importante ;
maux de tête violents, avec parfois vertiges et nausées, voire
vomissements ; peau très chaude, sujet rouge, couvert ou non de sueur ;
hyperthermie (température > 40 degrés) ;
soif plus ou moins intense ;
respiration rapide et superficielle ;
possibilité d'évolution vers perte de conscience, état de choc, atteinte rénale et
du foie.

6.4. CONDUITE A TENIR

Il faut agir rapidement avant l'aggravation des signes et l'apparition d'un coma.
soustraire à la chaleur et mettre immédiatement au repos absolu dans un endroit frais
et ventilé ;
faire alerter les secours de l'unité par un tiers ;
refroidir en déshabillant le sujet, puis l'asperger avec de l'eau ou l'essuyer avec un
linge humide, ventiler avec ventilateur ou serviettes ;
faire boire, si conscient, de l'eau fraîche par petite quantité et fréquemment ;

TTA 150 114 Edition 2018


Titre XIII

surveiller les fonctions vitales jusqu'à l'arrivée des secours.

6.5. PREVENTION

connaître les contre-indications et les effets adverses de certains médicaments


comme les médicaments pour les nerfs (neuroleptiques) et chez les sportifs, les
produits dopants ;
éviter dans la mesure du possible les activités physiques intenses aux heures
chaudes ; surveiller l'alimentation et l'hydratation, en particulier éviter la restriction
hydrique et ne pas consommer de boissons alcoolisées ;
s'entraîner de façon progressive et adaptée ;
porter des vêtements adaptés aux conditions climatiques, attention aux vêtements trop
serrés, imperméables qui ne permettent pas une évaporation de la sueur ;
ne jamais faire du sport seul surtout en cas de pratique dans un lieu isolé ;
adapter ses vêtements aux conditions climatiques [Cf. section II chapitre 1 partie 1.4
(hygiène vestimentaire)] ;
boire de façon répétée et en petites quantités à chaque fois
; surveiller les sujets fragiles ;
respecter une période d'acclimatation à l'arrivée sur un théâtre d'OPEX ou MCD d'au
moins deux semaines sans pratique sportive afin que l'organisme s'acclimate aux
fortes chaleurs ;
prendre connaissance de l'index WBGT (wet-bulb globe temperature) et des
consignes qui doivent être affichées à l'entrée du camp ou du parcours de
sport.
Cet indice prend en compte la température et le degré hygrométrique afin de faire une
estimation des conditions de pratique sportive :
- vert : sport autorisé sans restriction (mais avec précautions d'usage) ;
- orange : sport autorisé avec restrictions ;
- rouge : sport non autorisé.
ne jamais faire de sport seul surtout en cas de pratique dans un lieu isolé.
REMARQUE :
Le coup de chaleur n'est pas une fièvre mais une accumulation de chaleur dans l'organisme
qui n'est plus capable de l'évacuer, c'est pourquoi il ne faut pas donner du paracétamol ou
de l'aspirine !
DONC TOUT COMPORTEMENT ANORMAL LORS D'UN EFFORT DOIT FAIRE
ARRÊTER L'EFFORT ET FAIRE SUSPECTER UN COUP DE CHALEUR D'EXERCICE.

TTA 150 115 Edition 2018


Titre XIII

7 - LE STRESS ET LE TRAUMATISME PSYCHIQUE

7.1. DEFINITIONS

Les contraintes imposées aux combattants, notamment dans le cadre des opérations
extérieures avec la possible rencontre avec la violence et la mort, peuvent être à l'origine de
diverses manifestations pathologiques.
Le stress renvoie à un ensemble de perturbations biologiques et physiologiques liées à
une modification de l'environnement du sujet. Réponse adaptative, le stress permet la
mobilisation des ressources du combattant pour faire face et résoudre une situation
menaçante. S'il se prolonge, le stress peut devenir néfaste pour le combattant en
dépassant ses capacités de résistance.
Le traumatisme psychique est quant à lui l'expression de la rencontre entre un
combattant et un événement qui prendra une dimension traumatique par la confrontation à
la mort.

7.2. SITUATIONS A RISQUE

7.2.a. LES SITUATIONS GENERATRICES DE STRESS

Elles sont extrêmement diverses, en renvoyant à différents registres.


liées aux conditions de vie :
inconfort, promiscuité ;
atmosphère d'insécurité
;
éloignement des proches
(impuissance/événements) ; inoccupation ou
surmenage ;
temps de repos insuffisants.
liées à la mission :
répétition de situation à risques et dangereuses
; responsabilité inhabituelle ;
communication insuffisante ;
durée prolongée de la
mission.
liées au sujet :
caractère et ressources propres au sujet (émotivité, rigidité, ...)
; motivation ;
formation, préparation, ou entraînement insuffisants ou inadaptés.

TTA 150 116 Edition 2018


Titre XIII

7.2.b. LES SITUATIONS A RISQUE TRAUMATIQUE

Sans pouvoir être généralisables, les situations potentiellement traumatiques renvoient à la


confrontation d'un sujet donné à un événement le plus souvent subi, inattendu et violent, en
impliquant la question de la mort ou d'une menace vitale. Ce sera par exemple la mort d'un
camarade, la découverte de cadavres ou d'un charnier, etc.
L'existence d'une blessure physique est un facteur de risque de développement d'un
traumatisme psychique.

7.3. LES MANIFESTATIONS PATHOLOGIQUES

7.3.a. LIEES AU STRESS

Les troubles sont variés, fluctuants dans le temps, en associant des manifestations
psychiques, physiques et comportementales concomitantes à l'évènement stressant. Leur
expression est en lien direct avec l'intensité, la durée ou la répétition de ce dernier.
manifestations psychiques :
vécu de malaise intense ;
sensation de mort ou de catastrophe imminente
; peur de perdre la raison, de devenir fou ;
inquiétude pour l'avenir, pour soi ou pour les autres ;
changement de caractère (irritabilité, agressivité).
manifestations physiques :
plaintes somatiques (douleurs diverses) ;
difficultés à respirer, sensation d'étranglement ou d'étouffement, oppression
thoracique ;
nausée, diarrhée, spasme digestif ;
sueurs, bouffées de chaleur, mains moites, bouche
sèche ; tremblements, secousses musculaires ;
fatigue, épuisement sans raison particulière.
manifestations comportementales :
maladresse dans certains gestes habituels ;
changement des habitudes (consommation excessive de tabac et
d'alcool) ; comportement désordonné de fuite ou d'agitation ;
état de prostration et de repli ;
désordre émotionnel (pleurs,
cris,...).

TTA 150 117 Edition 2018


Titre XIII

7.3.b. LIEES AU TRAUMATISME PSYCHIQUE

Les manifestations liées à un traumatisme psychique apparaissent en général à distance de


l’ événement traumatique, en moyenne six mois. Elles consistent en un syndrome
spécifique, dit de répétition traumatique, associant :
des cauchemars nocturnes répétitifs où la scène ou une partie de celle-ci est revécue
avec la même intensité émotionnelle, avec des difficultés de sommeil importantes ;
des flash-back la journée ;
des réactions de sursaut avec un état d'alerte et de qui-vive permanent ;
un repli du sujet qui se désintéresse de son environnement, et présente des
difficultés de concentration et de mémoire.

7.4. CONDUITE A TENIR

7.4.a. FACE A L'EXPRESSION PATHOLOGIQUE DU STRESS CHEZ LE


COMBATTANT

La prise en charge du combattant en état de stress aigu obéira à des principes de simplicité
et d'immédiateté, quelles qu'en soient ses manifestations.
mettre en sécurité le combattant en le soustrayant de la zone de combat
; désarmer pour éviter tout usage inapproprié de son arme ;
rassurer et réconforter ;
proposer des boissons, de la nourriture, des couvertures ;
aider le combattant à verbaliser et mettre des mots sur ce qu'il ressent ;
pouvoir dès que possible orienter vers un soutien plus spécifique (médecin d'unité,
psychologue, psychiatre).
Généralement, ces manifestations ont une évolution favorable, en disparaissant dans les
jours qui suivent, une fois que le sujet se trouve à distance de la situation stressante.
Parfois l'intensité ou la persistance des symptômes nécessiteront une prise en charge
spécialisée et un rapatriement sanitaire.

7.4.b. FACE A L'EXPRESSION D'UN ETAT DE STRESS POST-


TRAUMATIQUE

L'état de stress post-traumatique est une pathologie qui s'exprime en général à distance,
plusieurs mois après la rencontre avec un événement traumatique. Il nécessite une prise en
charge spécialisée psychiatrique réalisée en métropole, en conjuguant le plus souvent
traitement médicamenteux et approche psychothérapique.

TTA 150 118 Edition 2018


Titre XIII

7.5. PREVENTION DES REACTIONS PATHOLOGIQUES LIEES AU STRESS

La prévention des réactions pathologiques liées au stress s'appuie sur différents piliers.
Avant la mission : la préparation
mise en œuvre d'un entraînement suffisant développant la résistance physique et
mentale ;
une instruction soutenue permettant d'améliorer l'efficience dans l'action par la
répétition des exercices ;
le renforcement de la cohésion du groupe (unité, groupe, binôme) en favorisant une
ambiance de confiance et de respect ;
la sensibilisation du personnel sur la mission en tant que telle et sur ce qu'elle peut
impliquer concrètement ; sur le fait qu'un certain degré de peur et d'anxiété soit une
réaction naturelle et non un signe de lâcheté ; sur le fait qu'il est important de
verbaliser ses émotions (raconter une situation mal vécue, un sentiment
d'impuissance)
; rappeler les consignes de sécurité.
Pendant la mission : la gestion
favoriser les temps de repos des hommes (la fatigue est un facteur de stress) ;
favoriser l'écoute et le dialogue au sein de son groupe en autorisant une circulation
de l'information, comme par exemple au sujet des camarades blessés voire décédés
; déceler les éventuelles tensions et malentendus par une proximité suffisante avec le
groupe ;
savoir reconnaître tout changement d'attitude chez une personne (prostration,
mutisme, irritabilité, agitation, ...) ;
encourager l'occupation des personnels quand l'inaction domine le temps
opérationnel, en suscitant des loisirs collectifs ;
lutter contre l'isolement en préservant le lien avec les familles.
Après la mission : la vigilance
être à l'écoute de ses hommes, en facilitant le recours aux soins quand des difficultés
sont repérées au sein de son personnel ;
repérer des signes d'alarme (consultations répétées au centre médical, recours
excessif à l'alcool, repli, ...).

TTA 150 119 Edition 2018


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Titre XIII

Section V - COMPLÉMENT AU SECOURISME MILITAIRE

BUT RECHERCHÉ ET DONNÉES ESSENTIELLES


A la fin de cette section, le cadre de contact aura un complément de formation lui permettant de
prendre en charge un blessé.

RÉFÉRENCES
Arrêté du 24 juillet 2007 fixant le référentiel national de compétences de sécurité civile relatif à
l'unité d'enseignement prévention et secours civiques de niveau 1 - version consolidée au 25
avril 2017 ;
Recommandations de la Direction Générale de la Sécurité Civile et de la Gestion des Crises,
relatives à l'unité d'enseignement Prévention et Secours Civiques de niveau 1 (PSC1) -
version 2017 ;
Instruction ministérielle n°1043/DEF/EMA/ORH/OR - n°151315/DEF/DGGN/SRH relative à
l'enseignement du secourisme dans les forces armées du 22 août 2007 ;
Circulaire n°340057/DEF/RH-AT/EP/PMF/DS/39 relative au secourisme et au sauvetage au
combat dans l'armée de Terre du 12 juin 2016 ;
Directive n°506008/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à l'enseignement du
secourisme dans l'armée de Terre du 21 avril 2016 ;
Directive n°506015/CFT/DIV.LOG/BSAN/PILDOM/DS relative à la formation des sauveteurs
au combat de premier niveau et des opérateurs de premiers secours au combat pour l'armée
de Terre du 22 avril 2016 ;
Lettre n°504808 du 23 mai 2017 sur la politique du secourisme dans l'armée de Terre de
l'EMAT ;
Référentiel interne de formation et de certification de pédagogie initiale et commune de
formateur - version 2017 ;
Référentiel interne de formation et de certification de pédagogie appliquée à l'emploi de
formateur en prévention et secours civiques - version 2017 ;
Fiches techniques PSC1 2017 (version 1).

CONSEILS POUR ABORDER L'ÉTUDE


Cette section est un complément de la section III (PSC1) et IV (SC1) ; elle ne peut pas être
abordée si les gestes de premiers secours, le sauvetage au combat de premier niveau et les
pathologies circonstancielles ne sont pas connus.

TTA 150 121 Edition 2018


Titre XIII

TTA 150 122 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 1
LES PLAIES ET LES HÉMORRAGIES

BUT RECHERCHE ET CONSEILS POUR ABORDER L’ÉTUDE :


A la fin de ce chapitre, le cadre de contact possédera des connaissances complémentaires sur
les plaies et les hémorragies.
Les gestes de premiers secours et de sauvetage au combat de niveau 1 doivent être connus.
Une formation continue annuelle est nécessaire pour ne pas perdre le savoir-faire et la technicité.

1 - GÉNÉRALITÉS

Les plaies ou blessures sont des déchirures de la peau voire des tissus sous-jacents : muscles,
tendons, nerfs, vaisseaux.
En fonction des causes de survenue elles peuvent être parfois très profondes et étendues.
Quand elles atteignent des parties du corps comme la tête, la poitrine ou le ventre, elles
peuvent perforer ces zones ; ce sont alors des plaies pénétrantes qui peuvent occasionner
des lésions très graves au niveau des organes vitaux (poumons, cerveau, cœur, etc.).
La gravité d'une plaie dépend donc :
immédiatement :
de l'hémorragie qu'elle peut entraîner en raison de son étendue et/ou de sa
profondeur ;
des lésions des organes vitaux, qu'elle a entraînées (par exemple cerveau =
trouble de la conscience).
secondairement : des risques d'infection que la présence de corps étrangers et de
souillures dans la plaie peut provoquer.

2 - RECONNAÎTRE LA GRAVITE D'UNE PLAIE

2.1. LES DIFFÉRENTS TYPES DE LÉSIONS

La connaissance des différents types de lésions permet au secouriste d'apprécier plus


facilement la profondeur donc la gravité d'une plaie et de décrire précisément la lésion lors
de l'alerte.

TTA 150 123 Edition 2018


Titre XIII

2.1.a. LA CONTUSION

Un choc ou un coup peut provoquer une rupture des vaisseaux situés immédiatement sous
la peau. Le sang s'échappe dans les tissus sous l'épiderme, donnant une coloration violette
et un aspect gonflé à la peau qui peut ne pas être rompue, c'est l'hématome. Ces
hématomes sont parfois très étendus traduisant une lésion plus profonde comme une
fracture ou une lésion interne.

2.1.b. L'ECORCHURE (ERAFLURE)

Il s'agit d'une plaie simple, superficielle, qui n'atteint pas la peau en profondeur. Elle donne
un aspect rouge et suintant de la peau. Cette lésion est très douloureuse. Elle est en règle
générale provoquée par une chute ayant entraîné un glissement ou par une friction. Elle
contient souvent des petits corps étrangers incrustés sous la peau qui peuvent entraîner
des infections secondaires.

2.1.c. LA COUPURE (PLAIE LINEAIRE)

TTA 150 124 Edition 2018


Titre XIII

La coupure est provoquée par un objet tranchant (verre, lame d'un couteau, ...). Il s'agit de
l'aspect le plus fréquent d'une plaie. Elle peut être accompagnée d'un saignement abondant
ou d'une lésion d'un organe vital sous-jacent.

2.1.d. LA PLAIE PUNCTIFORME (EN FORME DE POINT)

C'est une plaie souvent profonde car provoquée par un objet pointu (clou, arme blanche,
balle, ...) qui a traversé bien souvent les organes sous jacents. La gravité de cette plaie ne
doit pas être méconnue même si elle ne parait pas extérieurement très importante.

TTA 150 125 Edition 2018


Titre XIII

2.1.e. LA LACERATION

Il s'agit d'une déchirure souvent complexe de la peau par arrachement ou écrasement. La


plaie est irrégulière avec des lambeaux de peau. Les dégâts de la peau et les hématomes
associés sont importants.

TTA 150 126 Edition 2018


Titre XIII

2.2. LA GRAVITE D'UNE PLAIE

Le secouriste doit pouvoir distinguer deux types de plaies :

2.2.a. LA PLAIE GRAVE

La gravité d'une plaie dépend :


de sa localisation :
au cou, à l'œil ou à la face ;
à la main ;
au thorax ;
à l'abdomen ;
près des orifices naturels.
de son aspect :
qui saigne abondamment
; déchiquetée (lacération)
; multiple et / ou étendue ;
avec corps étrangers.
de son mécanisme :
par projectile (plaie punctiforme profonde) ;
par outil ;
par morsure ;
par objet tranchant : couteau, cutter, ... (coupure profonde).

TTA 150 127 Edition 2018


Titre XIII

2.2.b. LA PLAIE SIMPLE

Une plaie simple est une petite coupure superficielle ou écorchure (éraflure) saignant peu
et non située à proximité d'un orifice naturel ou de l'œil.
Toute plaie qui ne correspond pas à la description d'une plaie simple est une plaie
grave.
En cas de doute, la plaie est considérée comme grave.

3 - CONDUITE A TENIR DEVANT UNE PLAIE

On dispose de matériels :
Il s'agit d'une « trousse d'urgence » perçue auprès du service de santé des armées.
Le sauveteur installe le blessé pour réaliser les soins dans la position appropriée en
fonction de son état :
allongé sur le dos pour les plaies graves
; en position assise pour les plaies
simples.

3.1. LA PLAIE SIMPLE ET DE FAIBLE ÉTENDUE

nettoyer la plaie au savon et à l'eau ;


protéger la plaie à l'aide d'un pansement adhésif.

3.2. LA PLAIE SOUILLÉE

débarrasser la plaie de ses souillures (terre, sable, débris, ...) ;


nettoyer la plaie au savon et à l'eau puis appliquer un pansement débordant
largement (adhésif ou individuel).

3.3. LA PLAIE AVEC SAIGNEMENT ABONDANT

Il s'agit du traitement d'une hémorragie qui est décrit dans la partie 5 de ce chapitre.

4 - LES PLAIES PARTICULIÈRES

4.1. LES PLAIES DU THORAX

Pour les plaies de la poitrine et en particulier pour les plaies pénétrantes, le sauveteur doit
respecter les règles suivantes :
ne jamais retirer un corps étranger fiché dans la poitrine ;

TTA 150 128 Edition 2018


Titre XIII

installer le blessé en position semi-assise et assurer sa surveillance jusqu'à l'arrivée des


secours.
s'il n'y a pas de corps étranger dépassant de la plaie :
utiliser un pansement le plus large possible pour recouvrir très largement la
plaie ;
serrer modérément le pansement à l'aide de bandes de toile.

Pansement d'une plaie de la poitrine :


le blessé est installé en position semi-assise.

La conduite à tenir face à une plaie soufflante du thorax est enseignée dans le SC1.

4.2. LES PLAIES DE L'ABDOMEN

Pour les plaies du ventre et en particulier pour les plaies pénétrantes, le sauveteur doit
respecter les règles suivantes :
ne jamais retirer un corps étranger fiché dans le ventre ; ne pas effectuer de nettoyage
de la plaie ;
si les intestins sortent par une partie de la plaie, ne pas y toucher et ne pas
tenter de les réintégrer dans le ventre ;
s'il n'y a pas de corps étranger dépassant de la plaie :
protéger la plaie par la mise en place d'un pansement large type C (dotation du
SSA), modérément serré et l'humidifier régulièrement pour éviter qu'il ne colle
aux viscères ;
installer le blessé allongé sur le dos et si possible maintenir les genoux pliés.

Pansement d'une plaie de l'abdomen


: les jambes sont surélevées.

TTA 150 129 Edition 2018


Titre XIII

4.3. LES PLAIES DE LA TÊTE ET DE LA FACE

Le sauveteur doit :
réaliser un pansement compressif quand la plaie est profonde et/ou saigne
abondamment ;
veiller à la parfaite fixation de ce pansement ;
allonger le blessé sur le côté même s'il est conscient, pour éviter l'obstruction des voies
aériennes par des caillots de sang ;
surveiller attentivement la reprise éventuelle du saignement abondant qui peut être
masquée ; dans ce cas de figure, refaire un pansement compressif plus serré.

4.4. LES PLAIES DES YEUX

Le sauveteur doit respecter les règles suivantes :


ne jamais retirer un corps étranger fiché dans l'œil ;
ne jamais mettre un liquide antiseptique dans l'œil ;
couvrir les deux yeux (même pour une blessure d'un seul œil sauf si l'on est dans le
cas du sauvetage au combat dans lequel la victime doit pouvoir s'orienter lorsque la
zone est dangereuse) soit par des pansements oculaires soit par des compresses qui
seront maintenues par une bande circulaire autour de la tête, en évitant d'obstruer les
oreilles ;
installer le blessé en position allongée, tête calée (maintien tête si possible).

Plaie des yeux, pansement binoculaire.

TTA 150 130 Edition 2018


Titre XIII

Plaie des yeux : position allongée

4.5. LES PLAIES PAR MORSURE

Indépendamment du danger de saignement abondant ou d'inoculation de venin de certaines


plaies très profondes, multiples ou localisées à certaines régions du corps (face, cou) le
risque important des morsures réside surtout :
dans la possibilité de transmission de certaines maladies infectieuses très graves
(rage en particulier) ;
dans la survenue d'infection secondaire.

4.5.a. COMMENT RECONNAITRE LA GRAVITE D'UNE MORSURE ?

Les critères de gravité d'une morsure sont les mêmes que pour les
plaies : localisation ;
aspect ;
mécanism
e.

4.5.b. QUE FAIRE DEVANT UNE MORSURE ? a )


MORSURE SIMPLE = PLAIE SIMPLE
Le sauveteur doit :
assurer si possible le nettoyage de la plaie à l'aide de liquides antiseptiques ou à
défaut avec de l'eau et du savon ordinaire ;
mettre en place un pansement protecteur ;
rassurer le blessé et le faire diriger sur une formation sanitaire.

b ) MORSURE GRAVE =PLAIE GRAVE


Le sauveteur doit :
allonger immédiatement le blessé sur un brancard ou sur le sol ;
assurer l'arrêt des saignements abondants éventuels à l'aide d'un pansement
compressif ;

TTA 150 131 Edition 2018


Titre XIII

veiller à l'immobilisation de la région mordue quand il s'agit d'un membre supérieur


ou inférieur ;
maintenir la victime au repos jusqu'à l'arrivée des secours.

4.5.c. QUE FAIRE DE L'ANIMAL MORDEUR ?

Dans tous les cas et même pour les morsures les plus bénignes, il faut respecter des
règles strictes vis-à-vis de l'animal mordeur.

a ) 1ER CAS : L'ANIMAL EST CONNU


Il faut alerter le commandement et le service de santé des armées qui fera effectuer les
démarches nécessaires par les services de gendarmerie pour que le propriétaire soumette
immédiatement son animal au contrôle vétérinaire.

b ) 2EME CAS : L'ANIMAL EST EN FUITE


Il faut noter à l'attention du service de santé des armées :
la nature et les caractéristiques de l'animal : animal domestique (chat, chien, etc.),
animal de ferme, animal sauvage (renard, etc.) ;
les circonstances de la morsure : tentative de capture, attaque inopinée
; le comportement de l'animal au moment de la morsure.

c ) 3EME CAS : L'ANIMAL A ETE ABATTU


Il faut pour les besoins de l'enquête sanitaire :
conserver le corps en prenant toutes les précautions indispensables pour ne pas être
contaminé par le sang (port de gants, sac en plastique étanche) lors de la relève et du
transport du cadavre de l'animal ;
faire assurer son transport jusqu'à un centre spécialisé dont les coordonnées seront
communiquées par le service de santé des armées.

d ) 4EME CAS : L'ANIMAL A ETE CAPTURE


Il faut prendre :
toutes les précautions nécessaires pour éviter un sur accident et d'autres morsures
(port de gants et de vêtements protecteurs) ;
assurer son transport vers un service vétérinaire dont les coordonnées sont
communiquées par le service de santé des armées.

TTA 150 132 Edition 2018


Titre XIII

4.6. SECTION D'UN MEMBRE OU D'UNE EXTREMITE

Il peut arriver qu'un membre ou une autre partie du corps (nez, oreille) soit sectionné ou
arraché. De nos jours, Il est possible de « réimplanter » un membre amputé à l'aide de
technique de microchirurgie. Il est donc essentiel :
d'arrêter le saignement et de lutter contre la détresse circulatoire ;
de retrouver et de préserver le membre sectionné.
Les techniques d'arrêt des hémorragies à utiliser sont les mêmes que celles décrites ci-
après (cf. les hémorragies).
Les soins à apporter au membre sectionné sont les suivants :
envelopper le membre sectionné dans un linge stérile
; placer le tout dans un sachet plastique ;
placer ce sachet dans un autre sac (autre sac plastique) rempli de glace ou dans un sac
réfrigérant. Le froid aide à préserver le membre amputé ;
écrire sur le sac le nom de la victime et l'heure de survenue de l'amputation ;
remettre le tout aux secours qui assureront le transport de la victime vers l'hôpital.
Il existe des lots tout prêts permettant la prise en charge d'une amputation de membre.
En aucun cas, le membre amputé ne doit entrer directement en contact avec de la glace.

Protection du segment de membre amputé

Les auxiliaires sanitaires disposent d'un kit membres arrachés en dotation dans le service
de santé des armées.

TTA 150 133 Edition 2018


Titre XIII

5 - LES HÉMORRAGIES

5.1. CONSEQUENCES SUR L'ORGANISME D'UN SAIGNEMENT


ABONDANT

La perte abondante ou prolongée de sang conduit à une détresse circulatoire qui menace
immédiatement ou à très court terme la vie d'une victime car ses organes vitaux (cerveau,
cœur, poumon) sont privés d'oxygène.
Sous l'effet de l'hémorragie, la quantité de sang de l'organisme diminue.
Dans un premier temps, le cœur augmente la fréquence de ses contractions pour
compenser cette perte et maintenir un débit et une pression suffisante dans les vaisseaux
pour assurer la distribution de sang à l'organisme.
Dans un deuxième temps, si le saignement n'est pas arrêté, la pression s'effondre, le
débit diminue, la pompe se désamorce et le cœur s'arrête.
Tout saignement nécessite une action de secours immédiate, rapide et efficace.
Au combat, c'est le garrot qui est le moyen le plus rapide et le plus efficace pour
stopper une hémorragie des membres.

5.2. PROTECTION CONTRE LES ACCIDENTS D'EXPOSITION AU SANG

Des maladies peuvent être transmises par le sang en cas de plaie même minime des mains du
secouriste.
Il convient donc de :
se protéger par le port de gants à usage unique ou, en leur absence, en interposant
un morceau de plastique, au mieux en glissant sa main dans un sac imperméable ;
utiliser une technique d'arrêt du saignement qui n'expose pas au contact direct du
sang ;
toujours se laver les mains, les désinfecter (eau de javel, Dakin, ...) et retirer les
vêtements souillés de sang le plus tôt possible après que l'action de secours soit
terminée ;
éviter de porter les mains à la bouche, au nez ou aux yeux ou de manger avant de
s'être lavé et désinfecté les mains.
A la suite d'un contact avec le sang d'une victime, le secouriste doit prévenir son
responsable et consulter un service d'urgence.

5.3. LES DIFFERENTES TECHNIQUES DE SECOURS

Ces techniques sont décrites dans les PSC1 et SC1 (sections III et IV).

TTA 150 134 Edition 2018


Titre XIII

TTA 150 135 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 2
LES ATTEINTES TRAUMATIQUES DES MEMBRES

BUT RECHERCHE ET CONSEILS POUR L'ETUDE :


A la fin de ce chapitre, le cadre de contact possédera des connaissances complémentaires sur
les atteintes traumatiques des membres.
Ce chapitre est un complément de la section III et de la section IV.
Les gestes de premiers secours et le sauvetage au combat de premier niveau doivent être
connus. Une formation continue annuelle est nécessaire pour ne pas perdre le savoir faire et la
technicité.

1 - GÉNÉRALITÉS

Les membres supérieurs (bras, avant-bras, main) et inférieurs (cuisse, jambe, pied) sont
souvent l'objet de blessures lors de différents accidents ou d'actions de combat.
Il peut s'agir soit de plaies de la peau, des muscles et des tissus sous-jacents, soit de
lésions des os et des articulations qui assurent la constitution de ces membres, soit d'une
combinaison de ces différents éléments. Le cas extrême les regroupant toutes est le pied de
mine.

Pied de mine

2 - LES DIFFÉRENTES ATTEINTES TRAUMATIQUES

Suivant le type d'accident (choc direct, chute) les forces qui s'exercent sur tout ou partie du
membre peuvent créer des lésions de gravité très différentes :

TTA 150 136 Edition 2018


Titre XIII

les entorses sont des atteintes partielles des


ligaments qui assurent la cohésion des
articulations : épaule, coude, poignet (pour
les membres supérieurs), hanche, genou,
cheville (pour les membres inférieurs).

les luxations correspondent à des lésions


différentes aux cours desquelles les
surfaces des os qui
assurent normalement l'articulation
ne sont plus en contact les unes des
autres.

les fractures correspondent à un bris de l'os ; dans les situations les plus graves,
plusieurs fragments osseux sont visibles dans la plaie : ce sont des fracas de
membres.
Suivant les circonstances, le bris est :

unique (et la peau intacte): ce sont les


fractures simples fermées ;

multiple : ce sont les fractures complexes


et graves avec quelquefois l'existence de
fracture en plusieurs fragments qui peuvent
être déplacés ;

associé à une plaie cutanée en regard


de la zone de fracture qui fait
communiquer celle-ci avec l'extérieur : ce
sont des fractures ouvertes.

TTA 150 137 Edition 2018


Titre XIII

En urgence, sur le terrain, il est parfois difficile devant une atteinte traumatique des
membres de pouvoir affirmer avec certitude que le blessé présente une contusion grave du
membre, une entorse, une luxation, une fracture simple ou complexe.
Dans tous les cas, si la douleur, la difficulté à mobiliser le membre atteint sont présentes, il
convient d'adopter une attitude simple permettant de faire face à toutes les situations avec
un triple objectif :
ne pas aggraver la blessure initiale par des gestes
intempestifs ; calmer la douleur que ressent la victime ;
dans certains cas, faciliter ou permettre le déplacement sur des distances relativement
courtes.

3 - RECONNAÎTRE UNE ATTEINTE TRAUMATIQUE DES MEMBRES

Le sauveteur constate (et ne cherche pas à faire un diagnostic) que :


les mouvements du membre atteint sont limités voire totalement impossibles :
le blessé tient son bras atteint par l'autre membre sain ;
le blessé ne peut pas poser le pied sur le sol, ne peut pas marcher ou reste
étendu par terre.
la douleur est apparue au moment de l'accident ; elle peut être ensuite
: spontanée et durable ;
n'apparaître que lors de tentatives de mouvements du membre atteint.
l'éventuelle déformation du membre atteint est :
limitée à un gonflement localisé et modéré ;
plus étendue à une grande partie du membre qui apparaît comme augmenté
de volume (par rapport au membre sain) ;
généralisée à tout le membre qui apparaît déformé dans toute sa longueur.
L'attention du sauveteur peut être attirée par l'aspect de la peau :
la plaie est importante, on aperçoit des fragments osseux plus ou moins grands ;
il faut éviter toute mobilisation intempestive, au cours de son examen pour éviter
toute aggravation.

TTA 150 138 Edition 2018


Titre XIII

4 - LES CONSÉQUENCES D'UNE ATTEINTE TRAUMATIQUE DES


MEMBRES

L'impossibilité de se servir du membre atteint est totale ou partielle suivant la gravité de


l'atteinte :
partielle dans les entorses légères et les fractures des extrémités des membres
(doigts, orteils) ;
importante dans les entorses graves, les luxations et la plupart des fractures simples ;
complète pour les fractures graves et complexes.
L'impotence du membre atteint peut avoir des conséquences vitales quand le blessé doit fuir
un danger imminent.

5 - LES COMPLICATIONS DES ATTEINTES TRAUMATIQUES DES


MEMBRES

5.1. LE SAIGNEMENT ABONDANT

Essentiellement pour les fractures (ouvertes ou fermées) des gros os (essentiellement


cuisse et jambe) soit par blessures associées des muscles ou par atteinte des vaisseaux
sanguins par des fragments osseux.

5.2. L'INFECTION

C'est un risque secondaire pour toutes les fractures ouvertes ou les plaies plus ou moins
souillées de terre et débris divers.

5.3. LA COMPRESSION

L'œdème ou l'hématome peuvent comprimer les vaisseaux et les nerfs et provoquer des
extrémités froides, des fourmillements, une perte de sensibilité ou de motricité.

6 - CONDUITE A TENIR DEVANT UNE ATTEINTE


TRAUMATIQUE DES MEMBRES

Quels que soient le type et la gravité de l'atteinte traumatique, le sauveteur doit :

veiller à ne pas mobiliser le membre atteint ;


installer le blessé dans la position où il se sent le mieux. Les techniques à employer
vont différer suivant le membre atteint et l'existence ou non de matériels de secours ;
rendre compte rapidement de la situation, pour permettre l'évacuation du blessé.

TTA 150 139 Edition 2018


Titre XIII

RÈGLE D'OR : toujours immobiliser l'articulation au-dessus et en-dessous de l'atteinte.

7 - IMMOBILISATION DES MEMBRES SUPÉRIEURS

7.1. IMMOBILISATION DE FORTUNE

Immobilisation en réalisant un système de soutien à l'aide d'un vêtement du blessé ou d'un


morceau de tissu pour obtenir une écharpe improvisée :
avec une manche de chemise épinglée ;
avec un pan de chemise relevé et fixé au niveau de l'épaule ;
avec un pan de veste également relevé et fixé comme le pan de
chemise ; avec un chèche, une écharpe, etc.
Dans les 4 cas :
l'écharpe improvisée est fixée soit avec des épingles à nourrice, soit avec un lien
passé autour du cou ;
la main est placée en bonne position dans le prolongement de l'avant-bras
; la victime soutient le bras blessé à l'aide de l'autre main valide.

A l'aide du pan de la veste retourné et fixé par


une épingle.
La même chose peut être faite avec la chemise
F1 ou le pull-over.

7.2. IMMOBILISATION AVEC ATTELLE ET ECHARPE IMPROVISEES

En utilisant différents matériaux rigides pour réaliser une attelle improvisée avec :
une planchette en bois (dimension 10 cm x 30 cm environ) ;
des revues roulées.
Dans ces deux cas, l'attelle improvisée :
est maintenue en place par des bandes de toile, ou des bandages improvisés (foulard,
mouchoir) ;
est associée à la mise en place d'une écharpe improvisée qui permet une meilleure
immobilisation du membre.

TTA 150 140 Edition 2018


Titre XIII

Immobilisation improvisée à l'aide d'une revue


roulée et fixée au membre par des bandes de
toile.

7.3. IMMOBILISATION AVEC MATERIEL

L'utilisation du matériel de dotation permet une meilleure immobilisation du membre atteint. Elle
se réalise en respectant les mêmes règles que pour l'immobilisation sans matériel.

7.3.a. IMMOBILISATION PAR ECHARPE SIMPLE

Cette technique permet l'immobilisation de toutes les atteintes traumatiques de la main, de


l'avant-bras et du coude.

1er temps : préparer et déplier l'écharpe


triangulaire pour que son angle droit soit placé au
niveau du coude

TTA 150 141 Edition 2018


Titre XIII

2ème temps : glisser l'écharpe entre le membre


atteint et la poitrine du blessé et placer un des
chefs de l'écharpe derrière le cou

3ème temps : plier et rabattre l'écharpe contre la


poitrine

4ème temps : nouer derrière le cou les deux


chefs de l'écharpe

TTA 150 142 Edition 2018


Titre XIII

4ème temps : réaliser un nœud au niveau du


coude pour assurer le maintien de l'écharpe à ce
niveau

7.3.b. IMMOBILISATION PAR ECHARPE ET CONTRE-ECHARPE

La technique décrite ci-dessous, associée à la précédente permet l'immobilisation de toutes


les atteintes traumatiques du coude et du bras.

Réaliser la première immobilisation par écharpe


simple

TTA 150 143 Edition 2018


Titre XIII

Poser ensuite une deuxième écharpe identique


à la première mais placée horizontalement
le sommet est en bas au niveau du coude
les deux chefs sont noués latéralement sur
l'autre côté de la poitrine
le sommet est enroulé sur lui-même et engagé
sous la contre-écharpe

7.3.c. IMMOBILISATION PAR SAM SPLINT

L'attelle SAM Splint® est une attelle d'immobilisation de membres en aluminium


malléable, recouvertes de mousse.
L'attelle SAM Splint® permet de réaliser toutes sortes d'immobilisation, tels que poignet,
main, bras, coude, cheville, tibias, genou, fémur, cervicales, etc.
Elle se fixe facilement à l'aide d'une bande ou d'un ruban adhésif.
Compactes et légères, les attelles SAM Splint® peuvent être placées facilement dans les sacs
médicaux et trousses de secours. Elle sont lavables et réutilisables.

Attelle SAM Splint®

TTA 150 144 Edition 2018


Titre XIII

8 - IMMOBILISATION DES MEMBRES INFÉRIEURS

Ce paragraphe est un complément relatif aux immobilisations de fortune décrites dans le


sauvetage au combat de niveau 1.
Dans toutes les atteintes traumatiques des membres inférieurs, l'immobilisation des lésions
doit se faire en respectant également quelques principes importants :
le blessé est en position allongée ;
la présence de deux sauveteurs est souhaitable : l'un maintient le membre et
soulève légèrement celui-ci tandis que l'autre assure la mise en place du système
d'immobilisation ;
les systèmes d'immobilisation sont toujours mis en place par-dessus les vêtements
qui ne doivent jamais être retirés ;
sauf cas particuliers, les chaussures ne sont pas retirées mais souvent délacées.

8.1. IMMOBILISATION SANS MATERIEL

L'immobilisation d'un membre inférieur sans matériel ne se pratique que dans des situations
exceptionnelles d'isolement, pour une fracture grave de la cuisse ou de la jambe.
La technique consiste à solidariser le membre atteint au membre sain qui sert ainsi de tuteur.
Le sauveteur :
maintient le membre allongé pendant toute la durée de l'immobilisation ;
accole les deux membres l'un contre l'autre en rapprochant le membre sain du
membre blessé après avoir assuré un calage par des vêtements au niveau des
genoux et des chevilles ;

TTA 150 145 Edition 2018


Titre XIII

solidarise les deux membres inférieurs par des liens larges :


4 bandages circulaires placés, pour moitié, au-dessus et au-dessous des genoux ;
un bandage en forme de 8 au niveau des pieds et des chevilles, pour
immobiliser celles-ci.

Immobilisation simultanée des deux membres


inférieurs à l'aide de 5 bandages

8.2. IMMOBILISATION PAR SAM SPLINT

Comme pour le membre supérieur, des attelles SAM SPLINT peuvent être utilisées.

Attelle SAM Splint®

TTA 150 146 Edition 2018


Titre XIII

TTA 150 147 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 3
LA RELÈVE ET LE TRANSPORT D'UN BLESSE

BUT RECHERCHE ET CONSEILS POUR L’ÉTUDE :


A la fin de ce chapitre, le cadre de contact possédera des connaissances complémentaires
concernant la relève et le transport d'un blessé.
Cette section est un complément de la section III et de la section IV.
Les gestes de premier secours et le sauvetage au combat de niveau 1 doivent être connus.
Une formation continue annuelle est nécessaire pour ne pas perdre le savoir faire et la technicité.

1 - GÉNÉRALITÉS

Dans un contexte opérationnel dangereux, le blessé sera immédiatement mis à l'abri. Cela
implique une mobilisation du blessé par des techniques décrites dans ce chapitre.
Une fois le blessé mis à l'abri et les premiers soins d'urgence administrés, on procédera à
son évacuation. Celle-ci pourra être réalisée dans de bonnes conditions avec des matériels
éprouvés ou à l'aide de moyens de fortune.
Certaines méthodes décrites ci-après ne pourront pas être réalisées suivant l'équipement
porté par la victime.

2 - MISE À L'ABRI ET TRANSPORT D'UN BLESSÉ PAR UN


SAUVETEUR ISOLÉ

2.1. GENERALITES

Lors de la mise à couvert, le sauveteur doit veiller à sa propre sécurité (il doit se dissimuler
de l'ennemi) tout en ménageant son blessé et en économisant ses forces.
Il doit respecter trois principes de base :
agir après analyse de son environnement
; éviter de mobiliser le blessé inutilement ;
éviter les secousses lors des
manipulations.
La technique de relève est conditionnée par :
les conditions générales de la menace au
combat ; la condition physique du sauveteur ;
la nature du terrain ;
la distance à effectuer pour se mettre à l'abri.

TTA 150 148 Edition 2018


Titre XIII

2.2. LE BLESSE EST INCONSCIENT

Il convient de procéder à un dégagement d'urgence par traction à même le sol.

2.2.a. METHODE DE LA TRACTION PAR LES PIEDS

2.2.b. METHODES DE LA TRACTION PAR LES POIGNETS OU DE LA


TRACTION PAR L'EQUIPEMENT

2.3. LE BLESSE EST CONSCIENT MAIS NE PEUT PAS MARCHER

Il peut aider à sa relève mais pas à son transport


Toutes les méthodes qui existent pour faire face à cette situation nécessitent une
participation active du blessé qui doit s'accrocher au sauveteur en passant les bras autour
de son cou.
Ces méthodes peuvent donc être utilisées pour :

TTA 150 149 Edition 2018


Titre XIII

des blessés de la cheville et de la jambe


; des blessés du thorax ou de
l'abdomen.
Par contre, elles ne peuvent pas être employées pour :
les blessures graves des membres
supérieurs ; les blessures graves de la
cuisse ;
les suspicions de blessures de la colonne vertébrale.
Deux méthodes :
le portage sur le dos, genoux fléchis
; le portage dans les bras.

2.4. LE BLESSE PEUT MARCHER

Il peut aider à sa relève et à son transport


Le sauveteur utilise un seul procédé : celui du soutien en marche ou aide à la marche.

TTA 150 150 Edition 2018


Titre XIII

3 - RELÈVE ET TRANSPORT D'UN BLESSÉ AVEC 2, 3 OU 4


SAUVETEURS

Les conditions de relève et de transport d'un blessé à 2, 3 ou 4 sauveteurs dépendent :


de la longueur de la distance à parcourir ;
de l'état du blessé qui peut ou non participer à sa relève ;
du matériel dont ils disposent.

3.1. COURTE DISTANCE A PARCOURIR : UTILISATION DU PORTAGE

Si la distance à parcourir n'est pas trop longue et que l'on ne dispose pas de brancard, les
sauveteurs réalisent un portage.

3.1.a. PORTAGE D'UN BLESSE POUVANT MARCHER

Ce procédé de portage n'est pas utilisable lorsqu'il existe une fracture du membre
supérieur, le blessé étant soutenu par les bras.

TTA 150 151 Edition 2018


Titre XIII

3.1.b. PORTAGE D'UN BLESSE EN POSITION ASSISE

Les différents procédés du portage en position assise ne peuvent être utilisés que chez des
blessés :
conscients car ils participent souvent eux-mêmes à leur maintien ;
ne présentant aucune fracture ou blessure grave du membre supérieur ou de la
cuisse ;
ne présentant aucune suspicion de lésion de la colonne vertébrale.
Ils conviennent parfaitement pour :
des blessures de la cheville et de la jambe après immobilisation
; des blessures de l'abdomen ou du thorax après pansement.
Trois procédés peuvent être employés :

a ) PORTAGE DU BLESSE ENTRE DEUX SAUVETEURS


Le premier sauveteur saisit le blessé sous les bras, le deuxième se place dans le même
sens que le premier, entre les jambes du blessé et saisit le blessé sous les genoux.

TTA 150 152 Edition 2018


Titre XIII

b ) PORTAGE D'UN BLESSE EN POSITION ASSISE SUR LES MAINS


CROISÉES DES PORTEURS
Le blessé est porté assis sur le siège formé par les quatre mains réunies des sauveteurs et
il se tient lui-même à leur cou.

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Titre XIII

3.2. LONGUE DISTANCE A PARCOURIR

3.2.a. BRANCARD IMPROVISE

Si la distance à parcourir est longue, les sauveteurs confectionnent un brancard de


fortune avec :

a ) DEUX BATONS ET UNE COUVERTURE


L'opération se fait en trois étapes :
étendre la couverture à terre puis mettre dessus et en son milieu, un bâton parallèle
au grand côté puis replier une demi couverture sur le bâton ;
poser le deuxième bâton au milieu de la couverture ainsi pliée ;

TTA 150 154 Edition 2018


Titre XIII

rabattre la demi couverture restante sur ce dernier bâton.


Les bâtons doivent être choisis solides et plus longs que la couverture.
Attention ! C'est le poids de la victime qui maintient l'ensemble.

b ) DEUX PERCHES ET DEUX VESTES


Retournez les manches à l'intérieur de la veste, passer les perches dans les manches et
boutonnez la veste.
La victime ne doit pas être trop lourde afin que les boutons ne soient pas arrachés.

Mise en place de la première veste

TTA 150 155 Edition 2018


Titre XIII

Mise en place de la seconde veste / brancard


terminé

c ) UNE ECHELLE, UN VOLET, UNE PORTE DEMONTABLE


d ) UNE COUVERTURE BIEN TENDUE POUR LUI DONNER PLUS DE
RIGIDITE
e ) UNE TOILE DE TENTE NOUEE A SES DEUX EXTREMITES A UNE
PERCHE FORMANT UN HAMAC

3.2.b. TRANSPORT A L'AIDE D'UN BRANCARD

Le brancardage à l'aide d'un brancard facilite le transport du blessé, sa rapidité et son


confort.
Certaines règles doivent être observées rigoureusement au moment :
du chargement du blessé sur le brancard
; de son installation ;
de son transport.

a ) LE CHARGEMENT SUR LE BRANCARD


Il faut :
respecter l'axe tête-cou-tronc ;
synchroniser les mouvements de lever et de poser de l'ensemble des
sauveteurs ; respecter les principes de relevage.

TTA 150 156 Edition 2018


Titre XIII

Le blessé est ramassé en position semi-assise, les sauveteurs se placent de chaque côté
du blessé.
Le relevage d'un blessé couché ne pourra se faire que sous les directives d'un
équipier secouriste.

b ) INSTALLATION DU BLESSE SUR LE BRANCARD


préparer éventuellement les liens nécessaires pour assurer l'arrimage du blessé sur le
brancard ;

TTA 150 157 Edition 2018


Titre XIII

une fois le blessé installé, le couvrir pour le protéger du froid (veste, couverture) ;

dans le cas de blessure du thorax, le blessé est installé si possible en position assise
ou semi-assise pour disposer du meilleur confort respiratoire, en disposant des
vêtements ou son sac à dos, sous sa tête et son dos pour le maintenir ainsi sans
accentuer la fatigue ;

TTA 150 158 Edition 2018


Titre XIII

dans le cas de blessure de l'abdomen, le blessé est allongé sur le dos, les genoux
seront maintenus fléchis en glissant dessous des vêtements, des couvertures, le sac
à dos ou le duvet roulé ;

dans le cas de fracture des membres inférieurs, ceux-ci seront calés latéralement
avec une couverture roulée ou des vêtements pour limiter tout déplacement.

c ) TRANSPORT DU BLESSE SUR LE BRANCARD


Synchroniser les mouvements de lever
La marche doit s'effectuer le plus possible à bout de bras, sans épauler, sans secousse et sans
marcher au pas.
Le brancard est toujours maintenu en position horizontale.
La tête du blessé est toujours placée en avant par rapport au sens de la marche de façon à
ce que le porteur à l'arrière ait un visuel sur le visage.

TTA 150 159 Edition 2018


Titre XIII

d ) FIN DU TRANSPORT
Synchroniser les mouvements de poser.
Le blessé doit être laissé dans la position du transport.

3.2.c. AUTRES MATERIELS

D'autres matériels peuvent avantageusement remplacer le brancard. On peut à cet effet


utiliser par exemple un portoir souple ou le brancard filet.

TTA 150 160 Edition 2018


Titre XIII

Portoir souple

Brancard filet

EN RÉSUMÉ :
Pour relever et transporter un blessé
si on est seul :
le blessé est maintenu immobile jusqu'à l'arrivée des secours ;
sinon, en particulier au combat, il faut le traîner sur de courtes distances pour le
mettre à l'abri (sauvetage au combat de premier niveau).
s'il y a plusieurs sauveteurs et pas de brancard :
OPTION n°1 (courtes distances) : le blessé est porté à bras (si les lésions
présentées ou suspectées ne risquent pas d'être aggravées par cette
manœuvre) ;
OPTION n°2 (longues distances) : le blessé est porté en brancard de fortune.
dans tous les autres cas, il faut utiliser le brancard ordinaire.

TTA 150 161 Edition 2018


Titre XIII

4 - EXTRACTION D'UN BLESSE D'UN VÉHICULE BLINDE

4.1. GÉNÉRALITÉS

Sur les théâtres d'opérations extérieures, les véhicules blindés peuvent être exposés à des
attaques directes ou indirectes. Les Véhicules de l'Avant Blindés (VAB), largement
employés sur ces théâtres sont fréquemment la cible d'Engins Explosifs Improvisés (EEI).
Dans certaines situations, un blessé situé à l'avant du VAB, ne peut s'extraire de lui même.
Le contexte tactique peut alors imposer d'extraire les blessés afin de les rassembler sur une
zone sécurisée à plusieurs centaines de mètres du lieu de l'explosion. Les attaques pouvant
être combinées à des tirs directs ou indirects, l'exposition des sauveteurs au combat doit
être minimisée afin de ne pas augmenter les pertes humaines.

4.2. CONTRAINTES TECHNIQUES

Lors d'attaques directes ou indirectes des véhicules blindés, l'accès aux blessés est
toujours délicat. Dans le cas de dommages mécaniques mineurs, si le ou les véhicules
touchés peuvent poursuivre leur progression sur la route, ces véhicules s'extrairont de la
zone dangereuse. Les blessés éventuels seront traités prioritairement à bord des engins
blindés lors de ce dégagement « sur roues ». En cas d'immobilisation du véhicule, l'accès
aux blessés se fera dans un premier temps à l'intérieur par le personnel valide du véhicule
immobilisé.
Les places du pilote et du chef de bord du VAB sont difficiles d'accès, le seul lien intérieur
avec l'arrière du véhicule est le couloir latéral droit. Ce dernier est d'une part étroit et
d'autre part souvent encombré par du matériel, il peut donc s'avérer très difficile de s'y
glisser avec l'ensemble des moyens de protection balistique.

Couloir latéral droit du VAB

TTA 150 162 Edition 2018


Titre XIII

En raison de l'impossibilité d'accéder aux blessés par le couloir intérieur du VAB, une
solution extérieure doit être envisagée afin de dispenser les premiers soins de sauvetage au
combat (voire d'extraire le personnel, si la situation tactique l'impose). À bord des VAB, cette
extraction par un accès extérieur peut se concevoir au niveau des trappes supérieures ou
au niveau des portes latérales.
La première solution reste celle enseignée classiquement dans les unités de l'armée de
Terre sous blindage. Dans un contexte où l'ennemi est potentiellement présent et à
distance de tir, cette technique d'accès par les volets supérieurs montre ici ses limites. Il
paraît évident qu'un ou plusieurs sauveteurs « perchés » sur le toit du VAB constituent des
cibles à haute valeur ajoutée.

L'exposition des sauveteurs au combat doit être minimisée


afin de ne pas augmenter les pertes humaines

4.3. MISE EN ŒUVRE DE L'EXTRACTION D'URGENCE

L'extraction d'un blessé par une équipe médicale à l'aide de l'attelle d'immobilisation cervico-
thoracique est réalisée en 20 minutes en moyenne. Dans un contexte d'extrême urgence,
cette extraction sera réalisée sans utiliser d'attelle. Ce contexte regroupe les urgences
absolues ( danger de mort imminente) ou des circonstances particulières (véhicule en
feu, danger de sur accident, ...).

4.3.a. TECHNIQUE DES TRAPPES SUPÉRIEURES

Les sauveteurs devront tout d'abord accéder au toit du VAB puis une fois à l'aplomb des
trappes, les ouvrir complètement avec une séquence de déverrouillage-verrouillage des
organes de sécurité de la dite trappe. Dans un second temps ils devront se pencher et saisir
le blessé par ses éléments vestimentaires de protection balistique afin de hisser leur
camarade blessé sur le toit du véhicule.

TTA 150 163 Edition 2018


Titre XIII

Cette technique présente plusieurs inconvénients tels que l'étroitesse de la trappe, la


nécessité de mettre en œuvre un effort très important dans des positions non
ergonomiques, l'obligation de transférer le blessé d'une grande hauteur vers le sol et enfin
l'exposition des sauveteurs et du blessé aux tirs ennemis pendant toute la phase sur le
toit du VAB.

4.3.b. TECHNIQUE DE LA PORTE LATÉRALE

Cette technique, dite de la porte latérale, offre des améliorations par rapport à l'extraction
décrite ci-dessus, notamment en diminuant la hauteur de travail des sauveteurs et en
apportant une solution de démultiplication de la force à utiliser pour extraire le blessé. Cette
technique d'extraction nécessite la présence d'au moins deux sauveteurs au combat (quatre
étant le nombre optimal).

Le premier sauveteur, après avoir ouvert la porte latérale


du conducteur ou du chef de bord, doit monter sur la roue
avant du VAB, les pieds sur la face supérieure du pneu et
les genoux fléchis

Le deuxième sauveteur vient se coller à la roue du VAB et


offre une épaule ou des bras assurant un soutien de son
camarade perché à plus d'un mètre de hauteur
L'extraction sera réalisée en quatre temps.

TTA 150 164 Edition 2018


Titre XIII

Premier temps : le sauveteur , après avoir vérifié, voire


dégager les pieds du blessé, le saisit par ses éléments
vestimentaires de protection balistique, poignée dorsale et
/ou passage des épaules, afin de l'orienter dos vers la
porte en assurant une rotation du tronc de 90°

Deuxième temps : le sauveteur monte sur le seuil de la


porte, les pieds sur le rebord inférieur de l'encadrement de
la porte, passe les deux avant-bras sous les « épaulettes »
de la veste de protection balistique puis par une extension
des jambes, relève le blessé du fauteuil

Troisième temps : le sauveteur en charge du blessé se


laisse tomber doucement vers l'arrière, tout en maintenant
fermement son camarade blessé, et profite ainsi de son
propre poids pour extraire la victime de l'habitacle au
moins jusqu'à mi-corps, soit le bassin à l'extérieur du
passage de porte

TTA 150 165 Edition 2018


Titre XIII

Cette étape où le premier sauveteur bascule en arrière doit


bénéficier d'une assurance par un deuxième sauveteur, qui
lui se trouve debout à côté de la roue avant

Quatrième et dernière étape : terminer l'extraction du


blessé une fois les pieds du premier sauveteur revenus au
sol avec notamment un soutien du bassin et des jambes
par le deuxième sauveteur

Le blessé ainsi extrait pourra bénéficier des


gestes adaptés au sauvetage au combat.

Cette technique nécessite la présence d'au moins deux sauveteurs au combat et n'est pas
dénuée de risques pour le blessé (risque neurologique en cas de lésion du rachis,
traumatisme lors de l'extraction, chute, ...) comme pour les sauveteurs (mauvaise réception
et chute).

TTA 150 166 Edition 2018


Titre XIII

4.4. CONCLUSION

L'extraction sous le feu est un acte de combat, visant à soustraire le combattant blessé du
feu de l'ennemi.
La mise en œuvre de l'extraction d'urgence d'un blessé, à bord d'un VAB, dans des
conditions optimales et un délai minimum, passe par un entraînement régulier des
sauveteurs au combat au quartier et sur différents types de véhicule ou dans le cadre
des Mises en Condition avant Projection (MCP) et Validations Avant Projection (VAP).

5 - CONDUITE A TENIR EN CAS D'ÉVACUATION


IMMÉDIATE IMPOSSIBLE

Dans bien des cas, les exigences du combat, la mission même du combattant, passent
avant le désir de tout faire pour sauver un camarade.
Il convient dès lors de :
rendre compte au chef de tout blessé laissé sur le terrain. Alertée par radio, l'équipe
d'auxiliaires sanitaires viendra à son secours ;
marquer la place du blessé par tout moyen susceptible de signaler la présence de la
victime. Ce signal pouvant dans certaines circonstances constituer une cible pour
l'ennemi, recourir à cette consigne sur ordre ;
installer le blessé dans une "position d'attente" adaptée à sa détresse selon les
recommandations du PSC1 et du SC1 ;
assurer la surveillance du blessé et rendre compte de l'évolution de son état.

TTA 150 167 Edition 2018


Titre XIII

Chapitre 4
LA MENACE NUCLÉAIRE, RADIOLOGIQUE, BIOLOGIQUE OU
CHIMIQUE

BUT RECHERCHE :
Inculquer les notions essentielles dans les domaines de la protection médicale contre les effets
des agents NRBC qui doivent être connues et mises en application par tous les personnels.
RÉFÉRENCES :
DIA 3.8 (A)_NRBC(2012) : Doctrine interarmées de la défense NRBC n°015/DEF
/CICDE/DR du 11 janvier 2012 ;
PIA-3.8 (B) (CD-SF) : Directives opérationnelles interarmées NRBC ;
PIA-3.8.1 : Mémento sur l'emploi d'une force projetée sous menace biologique n°00014/DEF
/EMA/EMP.1/DR du 8 janvier 2004 ;
PIA-3.8.2_MCO-NRBC (2008) : Mémento interarmées pour la mise en condition
opérationnelle avant déploiement sous menace NRBC en milieu extrême n°864/DEF/EMA
/MA4/NP du 3 juin 2008 ;
PIA-3.8.3 : Cadre d'emploi de l'intervention des forces armées en cas d'accident
radiologique sur une installation nucléaire civile (DR-SF) n°4386/DEF/EMA/CPCO/CDT
/DR-SF du 29 octobre 2013 ;
PIA-3.8.4_SSA (2014): Principes de médicalisation d'une victime d'un événement NRBC
par le SSA n°506 999/DEF/DCSSA/PC/ERS/NP du 27 mars 2014 ;
PIA-3.8.5_SSA (2014): Mémento d'emploi de l'UMDA n°507 169/DEF/DCSSA/PC/ERS
/NP du 31 mars 2014 ;
Circulaire relative à la doctrine nationale d'emploi des moyens de secours et de soins face à
une action terroriste mettant en œuvre des matières chimiques n° 700/SGDN/ PSE/PPS du
7 novembre 2008 http://circulaire.legifrance.gouv.fr/pdf/2009/04/cir_1349.pdf
Circulaire relative à la doctrine nationale d'emploi des moyens de secours et de soins face à
une action terroriste mettant en œuvre des matières radioactives n° 800/SGDSN/ PSE/PPS
du 18 février 2011 http://www.sgdsn.gouv.fr/IMG/pdf./2011_02_18_800-2.pdf
Fiches Biotox/Piratox/Piratome http://ansm.sante.fr/Dossiers/Biotox-Piratox-Piratome
/Biotox-Piratox-Piratome/(offset)/0
NRBC 50 001(DR) DNBC 201 : Mémento d'emploi des forces terrestres projetées en ambiance
biologique édition 2006 ;
NRBC 54 201 : Guide d'instruction collective pour la défense NRBC des forces terrestres
édition 2013 ;
NRBC 55 001 : Mémento de défense NRBC édition 2015 ;
NRBC 34 001 (TTA 601) : Manuel de défense NBC VOL 1 (DR) 2011 amendé en juin
2012.
CONSEILS POUR ABORDER L'ÉTUDE :

TTA 150 168 Edition 2018


Titre XIII

Comprendre que :
- sa propre protection est essentielle pour permettre de porter secours ;
- l'extraction de la zone dangereuse, la mise à l'abri et la restauration si possible de la protection
de la victime sont les premières actions à mener ;
Un événement nucléaire ou radiologique (NR)
- peut induire un risque d'irradiation et/ou de contamination ;
- un irradié n'irradie pas ;
- la dangerosité de l'irradiation sera réduite par l'augmentation de la distance par rapport à la
source, la disposition d'écran et la réduction du temps de présence à proximité de la source ;
- la contamination peut être externe ou interne.
Un événement biologique (B)
- passera souvent inaperçu ;
- nécessite le renforcement des mesures d'hygiène et de lutte contre les animaux vecteurs est
essentiel et qu'il faut suivre les recommandations du SSA.
Un événement chimique (C)
- peut induire un risque de contamination et/ou d'intoxication ;
- le prétraitement (pyridostigmine) des intoxications par les neurotoxiques de guerre n'est pris que
sur ordre du commandement sous peine d'effet indésirables ;
- l'auto-traitement d'urgence des intoxications par les neurotoxiques de guerre doit être effectué
dès l'apparition des premiers signes cliniques de l'intoxication.
Ce chapitre ne se substitue pas aux autres documents consacrés à la défense nucléaire,
radiologique, biologique et chimique (NRBC) et les conduites à tenir face à ces attaques ou
événements NRBC doivent être parfaitement maîtrisées.
Les aspects spécifiquement d'action secouriste sont présentés ici. Les principes de la
décontamination médicale sont également brièvement présentés. Seuls les sous-officiers
affectés au sein du régiment médical pourront avoir à participer à la mise en œuvre de la
décontamination médicale approfondie au sein d'une Unité Médicale de Décontamination des
Armées (UMDA).

1 - PRINCIPES GENERAUX

Après un événement NRBC, la survenue de blessures conventionnelles est très probable.


Les conduites à tenir développées dans les chapitres de la section IV « secourisme militaire
» et section V « compléments au secourisme militaire » doivent être appliquées. Elles
devront néanmoins prendre en compte le risque associé à la prise en charge de la victime. Il
conviendra de se protéger avant d'intervenir.
Une attaque avec des agents non conventionnels sera également génératrice de réactions
d'angoisse et de peur qu'il faudra pouvoir gérer (voir section IV chapitre II paragraphe 7 –
STRESS ET TRAUMATISME PSYCHIQUE).

TTA 150 169 Edition 2018


Titre XIII

Les blessures conventionnelles compliqueront la situation et pourront modifier le pronostic


d'une contamination par un agent NRBC.
Le respect de ces principes de base est incontournable :
se protéger par le port d'équipements de protection individuels ;
ne pas consommer/utiliser l'eau ou les aliments qui risquent d'avoir été
contaminés ;
réduire l'exposition de la victime en l'extrayant de la zone dangereuse, en la
mettant à l'abri et en restaurant son niveau de protection NRBC si possible ;
effectuer les gestes de secourisme adaptés à la situation ;
administrer l'AutoInjecteur BiCompartiment (AIBC) si besoin.

2 - CONSÉQUENCES D'UN ÉVÉNEMENT NUCLEAIRE OU


RADIOLOGIQUE

2.1. EXPOSITION A DES RADIONUCLEIDES

Suite à une explosion nucléaire ou une dispersion volontaire (attentat terroriste) ou


accidentelle de matériaux radioactifs, deux dangers de nature différente vont apparaître :
l'irradiation ;
la contamination interne et externe.
Dans tous les cas, il convient de suivre scrupuleusement les ordres donnés sur la base des
consignes et conseils proposés par les spécialistes NRBC et le SSA concernant les
mesures à prendre.

2.2. EFFETS DE L'ARME NUCLEAIRE

TTA 150 170 Edition 2018


Titre XIII

Les effets de l'arme nucléaire sont triples : mécaniques (50% de l'énergie libérée de la
puissance nominale), lumino-thermiques (35% de la puissance) et radiatifs (15%).

2.2.a. EFFETS MECANIQUES

sur les effets mécaniques directs sont dus à l'onde de pression qui
l'homme,
apparaît à la suite de l'explosion. C'est le « Blast Injury » qui se traduit par des
lésions des organes creux et des hémorragies des organes pleins. A ces lésions de
blast,
s'ajoutent les lésions dues à la projection des victimes contre un obstacle par
l'onde de pression, lorsqu'elles ne se sont pas abritées ou jetées à terre ;
les effets indirects résultent de lésions de polycriblage et de polytraumatismes dues
à la projection d'objets, à l'écroulement d'immeubles (crush injury pour les
ensevelis) ou aux incendies (brûlures). Ces effets sont finalement plus meurtriers
que les effets directs. Les victimes présenteront donc des atteintes conventionnelles
(fractures, plaies, brûlures, ...) sur lesquelles il faudra pratiquer les gestes de
sauvetage décrits dans les autres chapitres.

2.2.b. EFFETS LUMINO-THERMIQUES

les effets directs du flash lumino-thermique sont représentés par les brûlures
cutanées et oculaires. Ces brûlures cutanées intéressent surtout les parties à
découvert, mais aussi les parties couvertes selon la nature (synthétiques) et la
couleur (sombre) des vêtements.
La gravité des brûlures va décroître en fonction de l'éloignement du point d'explosion (point
0). Cette gravité va dépendre également :
de la topographie, de la profondeur (1er ou 2ème degré) et de l'étendue des brûlures
; de l'éventuelle contamination externe associée par des particules β ;
du risque d'infection favorisée par les conditions d'hygiène précaires
engendrées ; des lésions associées (polytraumatismes) ;
les effets indirects du flash sont dus aux incendies et aux émanations de différents
gaz de combustion. Les victimes peuvent être brûlés classiques, et/ou des
des
intoxiqués.

2.2.c. EFFETS RADIATIFS

Suite à l'explosion d'une bombe nucléaire, un flux intense de radiations (neutrons) est émis.
Le personnel exposé à ce flux sera fortement irradié en cas d'exposition directe entraînant
un syndrome irradiation aigu rapidement mortel. D'autre part, le souffle de l'explosion va
entraîner la dispersion massive de poussières et de matériaux contaminés par les radiations

TTA 150 171 Edition 2018


Titre XIII

les rendant ainsi radioactifs à leur tour. Le nuage de retombées va ensuite se déposer au
sol et sur le personnel présent. Ainsi, le sol et l'eau au voisinage de l'explosion sont
fortement radioactif. En cas de non protection, les personnes seront contaminées par ces
poussières radioactives par deux voies différentes :
la contamination externe se fait sur les parties découvertes et entraîne l’apparition
d'un syndrome cutané radio-induit pouvant aller jusqu'à de graves brûlures
radiologiques ;
la contamination interne se fait par passage de poussières radioactives à travers
une plaie cutanée, par ingestion (digestive) ou inhalation (respiratoire) entraînant à
moyen ou long terme un risque de cancers.

2.3. CONDUITE A TENIR

Cette contamination par des particules doit être prise en compte lors de l'évacuation et de la
prise en charge médicale. Il faut avant tout prévenir toute ingestion ou inhalation de ces
particules par la protection des voies aériennes et l'interdiction de fumer, consommer
de l'eau ou des aliments dans la zone.
A la suite de la dispersion de radionucléides par une bombe sale, les mêmes précautions
devront être prises mais le nombre de victimes sera inférieur.
L'utilisation des antidotes (DTPA, Bleu de Prusse, comprimés d'iodure de potassium pour
protéger la glande thyroïde) se fera sur consignes données par le SSA.
L'émission de rayonnements ionisants par une source radioactive obéit à une loi de
décroissance dans le temps sur laquelle on ne peut agir. Il est donc nécessaire d'utiliser, en
permanence, des moyens de protection adaptés. Le maintien à distance de la source, la
réduction du temps d'exposition et l'utilisation d'écrans sont les actions de protection à
mettre en œuvre.

3 - DANGERS LIES A L'EXPOSITION A DES AGENTS


BIOLOGIQUES

C'est la dispersion des agents biologiques par voie aérienne (aérosols liquides ou solides)
qui représente théoriquement le danger le plus important. Les conséquences seront très
variables selon qu'il s'agit d'un agent biologique (virus ou bactérie) contagieux ou non ou
qu'il s'agit d'une toxine (absence d'aérosolisation secondaire significative, absence de
réplication). Dans le cas de certaines maladies contagieuses, le commandement peut
décider une mise en quarantaine ou une restriction de mouvements des troupes et
populations.
Dans un très grand nombre de cas, et en l'absence de moyens de détection biologique de
terrain parfaitement efficaces, les premiers cas humains mettront en évidence
l'exposition à des agents biologiques.

TTA 150 172 Edition 2018


Titre XIII

Dans le cas où des agents biologiques auraient été dispersés par un agresseur, les victimes
devront être considérées potentiellement porteuses de contamination (exemple de la
contamination par des spores de bactéries, ...). La protection des voies aériennes, des
yeux et des plaies est essentielle.
La contamination volontaire des ressources alimentaires, de l'eau ou d'autres produits de
consommation est un scénario parfaitement envisageable. Il conviendra de suivre
scrupuleusement les ordres donnés sur la base des consignes et conseils proposés par les
spécialistes NRBC et le SSA.

4 - DANGERS LIES A L'EXPOSITION A DES TOXIQUES CHIMIQUES

4.1. GENERALITES

Les agents chimiques peuvent se rencontrer sous les trois états de la matière : solide,
liquide ou gazeux. Si les agents de guerre chimique sont principalement des liquides plus
ou moins volatils, les différents toxiques chimiques susceptibles d'être rencontrés peuvent
se présenter sous ces trois états.
Les neurotoxiques de guerre et les vésicants (ypérite, lewisite) constituent les 2
grandes familles d'armes chimiques. Toutefois, lors d'un accident industriel, une exposition
à d'autres familles de toxiques chimiques est possible. Les principes généraux énoncés au
début de ce chapitre doivent être suivis.

4.2. DANGERS LIES A L'EXPOSITION AUX NEUROTOXIQUES DE GUERRE


OU AGENTS ORGANOPHOSPHORES (NOP)

Les NOP constituent l'élément essentiel de l'arsenal chimique de certains pays et ils
peuvent être employés dans un but militaire ou terroriste. Les NOP ayant un intérêt militaire
sont
classés en deux groupes : les agents G (tabun, sarin, soman, sarin cyclohexylique, ...),
les agents V (VX ou A4 et ses analogues comme le VX russe ou chinois).
Ce sont des toxiques dits létaux car une intoxication sans traitement médical peut
conduire à la mort pour des doses faibles. La cible biologique de ces toxiques est un
neurotransmetteur essentiel à la vie et dont l'action se trouve bloquée.
Les NOP sont toxiques à la fois par inhalation de vapeurs et par contact avec la forme
liquide, qu'elle contamine des surfaces ou bien qu'elle soit mise en contact avec la peau ou
les muqueuses non protégées lors de la dispersion.
Une contamination doit toujours être crainte lors de la manipulation des victimes
d'une exposition à ces agents.

TTA 150 173 Edition 2018


Titre XIII

La différence majeure entre l'exposition aux vapeurs ou au liquide se situe au


niveau du délai d'apparition des symptômes et de leur progression : la
symptomatologie est d'emblée maximale sans latence lors d'un contact avec des vapeurs.
En revanche, un délai de quelques minutes à plusieurs heures caractérise l'intoxication
percutanée par le fait du toxique liquide. Le délai est d'autant plus court que la dose est
forte. Les symptômes vont progressivement devenir plus importants.
Il est essentiel de reconnaître les symptômes d'une exposition à des NOP, afin d'utiliser
l'autoinjecteur bicompartementé à bon escient en cas d'intoxication.
L'importance respective des symptômes énumérés ci-dessous peut varier selon le
type de NOP, sa concentration et sa forme de diffusion (liquide ou vapeur).
1 - Exposition à des vapeurs peu concentrées :
Les effets sont loco-régionaux. On constate une contraction de la
essentiellement
pupille de l’œil (myosis), une augmentation des sécrétions (rhinorrhée = nez qui
coule, larmoiement) une respiration sifflante avec toux du fait de la bronchoconstriction
(comme lors d'une crise d'asthme) et de l'augmentation des sécrétions bronchiques.
2 - Exposition modérée à une forme liquide :
Des signes locaux peuvent n'être qu'une manifestation précoce : blanchiment et sudation
localisés et petites contractions des muscles sous la peau (appelées fasciculations). Ces
symptômes pourront disparaître avant l'apparition éventuelle de signes digestifs : douleurs
abdominales et épigastriques, nausées et vomissements qui restent des signes précoces de
cette voie d'intoxication.
3 - Exposition massive par inhalation ou contact percutané avec un liquide :
Le sujet est gravement intoxiqué et cumule très rapidement (en quelques minutes) un
arrêt respiratoire accompagné de sécrétions profuses (encombrement des voies
aériennes supérieures par du mucus, hypersalivation). Il peut rapidement être atteint de
crise convulsive avec perte de conscience.
D'autres symptômes signent les fortes intoxications : nausée accompagnées de
s
vomissements, mictions (écoulements d'urine) et défécations involontaires.
Le myosis n'est pas un bon critère pour apprécier la gravité de l'intoxication
percutanée car il est peut être causé par le simple contact du NOP avec l'œil même
sous forme vapeur.

TTA 150 174 Edition 2018


Titre XIII

4.3. LIMITATION DES EFFETS TOXIQUES DES AGENTS


ORGANOPHOSPHORES (NEUROTOXIQUES DE GUERRE) PAR LA PRISE
PREVENTIVE DE BROMURE DE PYRIDOSTIGMINE

Il est possible de protéger une partie du stock circulant de l'enzyme cérébrale cible
(acétylcholinestérase) au moyen d'un médicament : le bromure de pyridostigmine. Ce
médicament protégera partiellement en permettant uniquement de survivre à une exposition
à un NOP à des doses plus élevées.
Ce « prétraitement » (puisqu'il est pris avant tout contact avec le toxique) ne dispense en
rien du port des moyens de protection respiratoire et cutanée.
La pyridostigmine (30 mg par comprimé) doit être prise sur ordre de la hiérarchie, à
raison d'un comprimé toutes les huit heures. Il peut entraîner quelques gênes
passagères. En cas d'effets indésirables importants, il faut se rapprocher du médecin
traitant.
Il est inutile de prendre deux comprimés à la fois. Cela n'assurera pas une protection
supplémentaire mais augmentera les effets indésirables.
La durée d'utilisation de ce « pré-traitement » ne doit pas excéder 14 jours. Depuis
2008, l'utilisation de ce médicament en tant que prétraitement de l'intoxication par NOP est
encadrée par une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM) pour une utilisation militaire
exclusive.

Pyridostigmine

4.4. LUTTE CONTRE LES SYMPTÔMES D'UNE INTOXICATION PAR LES


NEUROTOXIQUES ORGANOPHOSPHORES PAR L'ADMINISTRATION DE
L'AUTOINJECTEUR BICOMPARTIMENT(AIBC)

Qu'il y ait eu ou non ordre de prise de bromure de pyridostigmine avant l'événement ayant
conduit à l'exposition au NOP, l'intoxication doit être combattue au plus vite, dès
l'apparition des premiers signes évocateurs. La parfaite connaissance de ces signes
permettra non seulement une injection à temps mais préviendra aussi les injections
injustifiées.

TTA 150 175 Edition 2018


Titre XIII

Le dispositif permet la reconstitution de la solution et son injection, en deux temps


successifs :
première phase : reconstitution de la solution à injecter. Elle se fera sur ordre et
/ou dès la notion de menace avérée d'intoxication, par vissage du système, après
retrait de la sécurité de reconstitution ;
deuxième phase : injection intramusculaire après retrait de la sécurité
d'injection, par pression sur le corps inférieur de l'auto-injecteur mis en
contact de la face externe de la cuisse, à travers les vêtements.

L'administration par le personnel ou son binôme d'un AIBC se fait dès l'apparition des
premiers signes cliniques, suivi, en cas de persistance des symptômes d'intoxication,
de l'injection d'un second AIBC 15 minutes après la première injection.
A noter :
L'AIBC est à garder à une température comprise entre +2 et +8°C pour une
conservation optimale (4 ans à partir de la fabrication du contenu).
La durée de conservation après la reconstitution n'est qu'au maximum de 6 mois.

Autoinjecteur bicompartementé (AIBC)


réel conditionné.

TTA 150 176 Edition 2018


Titre XIII

Autoinjecteur bicompartementé (AIBC)


d'instruction conditionné.

4.5. DANGERS LIES A L'EXPOSITION A L'YPÉRITE

L'ypérite est un agent chimique qui présente une très forte toxicité et entraîne
principalement des atteintes des yeux, de la peau et des voies aériennes. Sous un
climat tempéré, l'ypérite s'évapore lentement et constitue d'abord un risque « liquide ».
Malgré cette volatilité réduite, plus de 80% des victimes de l'ypérite de la première guerre
mondiale ont présenté des lésions liées aux vapeurs.
Bien que faisant partie des toxiques létaux, l'efficacité militaire de l'ypérite réside dans ses
propriétés d'incapacitation et son effet cancérogène à long terme.
Selon la quantité d'ypérite inhalée à l'état de vapeur ou en contact avec la peau à
l'état de vapeur ou de liquide, la symptomatologie est d'apparition plus ou moins
rapide.
1 - Au niveau de l'œil
Ce sont les premiers symptômes à apparaître après l'exposition à des vapeurs, les yeux
étant les organes les plus sensibles. Ils sont toutefois inconstants.
si l'intoxication est légère, 4 à 12 heures après le contact avec le toxique
apparaissent un larmoiement, des picotements, une sensation de brûlure et des
démangeaisons oculaires ;
si l'intoxication est sévère, le délai d'apparition de ces signes cliniques est compris
entre 1 et 2 heures. Ces derniers s'accompagnent d'une douleur intense, d'une
gêne intense à la lumière (photophobie) et d'une contraction incontrôlée et répétée
des paupières. Une conjonctivite (yeux rouges) apparaît avec œdème et brûlures
sur
les paupières. Une infection secondaire est fréquente et des lésions cornéennes
sont possibles. La cécité n'est en général que passagère.
2 - Au niveau de l'appareil respiratoire
Les lésions commencent au niveau des voies aériennes supérieures et s'étendent
proportionnellement à la dose reçue. Les effets les plus précoces après une exposition faible,
concernent donc le nez (irritation ou sensation de brûlure des narines avec hypersécrétions
nasales, saignement de nez), sinu (irritation ou douleurs) et le pharynx (irritation,
les s
douleur, sensation de brûlure de la gorge). Ces signes s'observent après un temps de
latence, de 2 à 4 heures en cas d'intoxication sévère et de 12 à 24 heures si celle-ci est
légère. Les effets pathologiques deviennent ensuite plus importants proportionnellement à
la dose

TTA 150 177 Edition 2018


Titre XIII

inhalée : modifications de la voix (voix rauque et parfois aphonie), laryngite ,


sensation de constriction thoracique et toux sèche intermittente. Les lésions des
voies aériennes conduisent à une toux productive. La victime devra avoir été prise en
charge par le SSA avant l'apparition de ces symptômes plus tardifs.
3 - Au niveau de la peau
Après une pénétration indolore de la peau, qui ne dure pas plus de quelques minutes,
l'évolution se déroule habituellement selon les phases suivantes :
temps de latence de 4 à 8 heures : il est proportionnel à la dose et peut ainsi
atteindre 24 heures si la dose est faible ;
apparition d'une rougeur (érythème) qui gratte de intense, rapidement
façon
douloureuse. Si la dose reçue n'est pas très élevée, l'érythème s'atténue et la peau
desquame ;
dans le cas de doses plus élevées (mais 10 µg suffisent pour entraîner une
vésication), on observe la formation de bulles (comme pour une brûlure thermique)
au bout de 12 à 48 heures. Le sébum et l'humidité de la peau favorisent la fixation et
l'action toxique de l'ypérite qui s'accumule ainsi dans les sites de macération
sudorale : plis du coude, de l'aine, des aisselles, plis fessiers, scrotum ou dans les
zones de contact serrées comme la ceinture, la cheville, le poignet et toutes les
zones où la peau est fine.
Presque tout ce qui a été décrit dans la section IV sur les brûlures thermiques reste vrai (y
compris le refroidissement). Mais ici la prise en charge du secouriste doit être précédée par
une décontamination de la peau, de la tenue et des équipements de la victime (gant
poudreur et si possible déshabillage). L'usage de l'eau seule n'est pas conseillé car
l'ypérite y est peu soluble et cela risque d'entraîner un étalement de la contamination.
Il n'y a aucun antidote (médicament spécifique) disponible pour ces intoxications. Le rôle
du secouriste sera donc limité.

5 - DANGERS LIES A L'EXPOSITION A DES AGENTS


LACRYMOGÈNES

5.1. MOLECULES UTILISEES

Le CS est actuellement le seul lacrymogène utilisé par les forces de l'ordre en France.
Toutefois, les dérivés du piment (oléorésine capsicum) contenant de la capsaïcine (pepper
sprays), déjà largement utilisés en auto-défense, sont également amenés à équiper les
forces de l'ordre.

5.2. SIGNES CLINIQUES

En cas d'exposition apparaissent :

TTA 150 178 Edition 2018


Titre XIII

au niveau des yeux : sensation de brûlure, larmoiement, photophobie et spasme des


paupières ;
au niveau des voies respiratoires : éternuements et rhinorrhée faisant suite à une
hypersalivation. Peut survenir ensuite une suffocation avec angoisse. Un risque
d'évolution vers l'œdème aigu du poumon est à craindre. Au décours de
l'exposition, les sujets se plaignent parfois de nausées, de céphalées, de toux,
d'oppression thoracique et de fatigue ;
au plan cutanéo-muqueux, une sensation de "picotement et de cuisson"
douloureuse dans les zones humides et lésées. Un érythème peut se développer
quelques minutes après le contact et persiste environ 1 heure. Dans certaines
conditions d'exposition, il a été décrit l'apparition de bulles comme avec une brûlure
thermique ou par ypérite.
Les symptômes les plus sévères décrits ci-dessus ne sont observés qu'après exposition à
de fortes concentrations comme celles qui pourraient être atteintes lors de la dispersion
d'une forte quantité dans des lieux très peu ventilés ou lors de la manipulation sans
précaution des conteneurs.

5.3. CONDUITE A TENIR

La priorité consiste à sortir l'intoxiqué de l'atmosphère toxique, changer ses vêtements


et laver longuement (10 à 15 minutes) à l'eau, ou eau et savon, les parties exposées.
Sur la peau, cela peut entraîner un accroissement passager de la symptomatologie. Il faut
laver les yeux à l'eau abondamment et longuement.
La victime doit être ensuite dirigée vers le service médical pour complément d'examen et
traitement ultérieur si nécessaire.

6 - LA DÉCONTAMINATION MEDICALE

L'Unité Médicale de Décontamination des Armées (UMDA) est une structure de soins
servie conjointement par deux équipes médicales du SSA et des auxiliaires sanitaires
spécialisés du régiment médical (RMED). Elle sera le plus souvent intégrée au sein d'un site
de décontamination dit élargi, aux côtés des chaînes de décontamination personnels, petits
matériels et véhicules, armées par les personnels des forces. Les personnels non blessés
et les personnels servant au sein de l'UMDA lors d'une relève seront ainsi décontaminés au
sein
d'un CEntre de Reconditionnement du PErsonnel (CERPE). Les opérations de
décontamination s'exécutent en effet de façon graduée, selon les contraintes tactico-
opérationnelles.

TTA 150 179 Edition 2018


Titre XIII

Unité médicale de décontamination des


armées (UMDA)

La décontamination médicale est définie comme une succession d'actes médicaux


associée à des procédures de déshabillage et de décontamination. Elle répond à un double
objectif :
d'une part, permettre la prise en charge médicale d'une victime NRBC en
sécurité, sans attendre son déshabillage complet pour l'intervenant et la
victime ;
d'autre part, éviter le risque de transfert d'une contamination aux personnels et
aux infrastructures de soins.
Elle comporte deux niveaux de prise en charge selon le degré de technicité employé et l'endroit
où elle est effectuée au sein de la chaîne de soutien sanitaire.
On distingue :
la Décontamination Médicale Interventionnelle (DMI) qui permet aux
personnels du SSA, après décontamination et déshabillage limités aux zones d'abord
vasculaire et d'accès des voies aériennes, de prodiguer les premiers soins
d'urgence et donc d'augmenter les chances de survie de la victime. La DMI peut être
réalisée par l'équipe médicale au niveau du rôle 1 ou par l'équipe servant à l'avant de
l'UMDA, sous contrainte NRBC, grâce au Lot de Décontamination
Interventionnelle (LDI) ;
la Décontamination Médicale Approfondie (DMA) réalisée au sein de l'UMDA par
des personnels du SSA et des forces. Elle permet une prise en charge médicale
associée à une décontamination, la plus complète possible des victimes avant
évacuation vers les structures médico-chirurgicales. Elle protège les victimes,
les soignants et les structures de soin contre les transferts de contamination.
Trois risques majeurs doivent être considérés pour les victimes et/ou les personnels au
cours des opérations de DMA :
l'hypothermie liée à l'usage d'une douche ;
le transfert de contamination ;
le risque d'exposition à des vapeurs toxiques.

TTA 150 180 Edition 2018

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