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TTA 150
édition 2018
TITRE X
_
MINES ET EXPLOSIFS
Experts de domaine :
École du Génie (EG)
Pôle Interarmées MUNEX (PIAM)
AVANT-PROPOS ......................................................................................... 4
Section I - LES ZONES MINÉES ET POLLUÉES. ..................................... 9
Chapitre 1 LA POLLUTION DU CHAMP DE BATAILLE ................................................ 10
1 - Généralités ....................................................................................................................... 10
2 - Les munitions posées ....................................................................................................... 12
3 - Les munitions tirées ou larguées ...................................................................................... 23
4 - Les menaces particulières ................................................................................................ 30
Chapitre 2 LA RECHERCHE, LE REPÉRAGE DES MINES ET PIÈGES ...................... 32
1 - Généralités ....................................................................................................................... 32
2 - Conduite à tenir vis à vis des zones minées ..................................................................... 34
3 - Les procédés et opérations préliminaires ......................................................................... 34
4 - Le repérage des pièges .................................................................................................... 35
Chapitre 3 LES MESURES À PRENDRE ........................................................................ 36
1 - Les consignes préventives ............................................................................................... 36
2 - La conduite à tenir ............................................................................................................ 37
3 - Le traitement de blessés ................................................................................................... 39
4 - Divers ............................................................................................................................... 41
AVANT-PROPOS
Le titre X incorpore cette année une nouvelle section, la menace IED (Improvised Explosive
Device /engin explosif improvisé). Comme le danger des mines et la pollution du champ de
bataille, cette menace concerne l'ensemble des forces terrestres. De même, les
destructions par explosif ne sont pas l'apanage de l'arme du génie.
Ainsi, l'ensemble du personnel militaire de l'armée de Terre peut être amené :
à traverser des zones minées ou polluées ;
à procéder à des destructions simples :
soit pour participer à la réalisation des obstacles prescrits par le commandement
lorsque les moyens du génie s'avèrent insuffisants ;
soit pour créer des obstacles de circonstance (obstacles de protection
destinés à assurer la sûreté immédiate, obstacles de harcèlement visant à
créer des conditions d'insécurité pour l'ennemi, obstacles de combat pour
freiner l'ennemi) ;
soit pour détruire des matériels ou des installations que l'on doit abandonner et
qui ne doivent pas tomber intacts aux mains de l'adversaire.
à se trouver face à un IED ou un de ses composants.
C'est pourquoi le titre X a pour but essentiel :
de donner aux cadres les connaissances indispensables sur la conduite à tenir en
zone minée ou polluée et sur la mise en œuvre des explosifs (présentation, chaînes
simples) ; de contribuer à la formation des directeurs de mise en œuvre des explosifs
(DMOE) ; de mettre l'accent sur la sécurité, les explosifs requérant une connaissance
précise quant à leur manipulation et leur mise en œuvre ;
de donner aux cadres une connaissance générale des IED ainsi que les différentes
manières de s'en préserver.
Pour la réalisation de destructions élémentaires par charges superficielles ou de
destructions plus complexes, il convient de se conformer aux dispositions du GEN 50.605
(ex TTA 705 - GEN 301) qui est la seule référence dans ce domaine.
La manipulation et le relevage de toute mine ou munition étrangère sont à proscrire
formellement et relèvent de la compétence de spécialistes.
Toutefois, pour l'ensemble des personnels des forces, il est interdit de participer à toute
activité d'instruction ou d'entraînement qui mettrait en œuvre des mines antipersonnel
réelles.
5 - CONSÉQUENCES PÉNALES
L'article L2343-9 du code de la défense définit les conséquences pénales en cas de
violation de la convention d'Ottawa. Les infractions à cette convention sont punies de dix
ans d'emprisonnement et de 150.000 € d'amende.
RÉFÉRENCE
GEN 50.226 : Mémento sur le franchissement des obstacles à base de mines et les
opérations de dépollution.
Chapitre 1
LA POLLUTION DU CHAMP DE BATAILLE
Multiforme et évolutive, la menace liée à la pollution du champ de bataille est complexe dans son
appréhension comme dans son traitement, rendant difficile la mise en œuvre d'une parade
globale et universelle. Elle peut se concrétiser à tout moment et quel que soit le milieu (terrestre,
maritime ou aérien), prendre la forme de munitions ou d'Engins Explosifs Improvisés (EEI). Le
sigle « IED
» sera employé à la place de « EEI » dans ce document pour utiliser le terme OTAN.
Ce chapitre a pour but de sensibiliser le personnel de toutes les fonctions opérationnelles au
danger que représente la pollution pyrotechnique du théâtre d'opérations.
Cette pollution pyrotechnique est généralement constituée de mines (AV et AP), de munitions de
tout types tirées non explosées ou non tirées, de sous-munitions dispersables ou d'IED.
Ce chapitre ne traite pas de l'intervention sur les munitions et les IED.
1 - Généralités
1.1. Localisation
Dans un conflit impliquant des forces régulières, suivant une logique militaire, cette pollution
cohérente et ciblée sera trouvée essentiellement autour des :
zones de confrontation (lignes de confrontation, positions de combat)
; sites militaires occupés ou abandonnés ;
points de passage obligés : gués, ponts, routes étroites sans contournement
possible... ; points névralgiques (intérêt tactique) : aérodromes, infrastructures
économiques ou stratégiques, points hauts... ;
zones urbanisées
; zones
frontalières.
A contrario, dans un contexte de guerre civile impliquant des acteurs n'appartenant pas à
une armée régulière, cette pollution sera omniprésente, insidieuse et ne répondra pas
toujours à une logique tactique militaire.
1.2. Indices
Le risque induit par cette pollution est aggravé par de nombreux facteurs qui influent sur
l'état physique des munitions, les rendant extrêmement instables et sensibles, et pouvant
entraîner un fonctionnement totalement aléatoire.
Ces facteurs aggravants peuvent être :
munitions choquées et/ou brûlées (volontairement ou non) ;
mauvais fonctionnement des munitions : par faute de l'utilisateur, par défaut de
fonctionnement ou défaillance technique d'un dispositif de la munition ;
règles diverses non-respectées ou inexistantes (emploi, mise en œuvre, sécurité...) ;
conditions de stockage ;
conditions climatiques : facteurs météorologiques (chaleur, vent, sable, pluie, humidité,
neige, gel...), intempéries, fortes variations de températures ;
actions du terrain : mouvements de terrain (glissement, érosion...), croissance de la
végétation qui a aussi une incidence sur la détection visuelle de ce risque...
2.1. Définition
Les munitions posées sont conçues sur le principe général que la munition attend sa cible.
Ce sont principalement les mines et certaines sous-munitions.
De fabrication industrielle, semi-industrielle ou artisanale, en fonction de leur destination
d'emploi, elles peuvent être réelles, d'exercice, inertes ou de manipulation pour la formation.
La mine est un engin pyrotechnique placé sous ou sur le sol ou une autre surface, ou à
proximité. Elle est mise en place à l'avance et conçue pour être déclenchée par une action
involontaire de l'ennemi afin de provoquer la mise hors de combat du personnel ou la mise
hors service du matériel.
Elle peut être commandée à distance pour changer son état d'activation ou être utilisée
comme une arme.
Si la cible est l'homme, la mine est dite « antipersonnel » et si la cible est un véhicule, elle
est dite « antichar ».
Il existe d'autres familles de mines :
mines terrestres : mixtes (APAV), anti-aéronefs, anti-voies ferrées, éclairantes (pot
éclairant) ;
mines aquatiques : fluviales, marines ou anti-débarquement.
éventuellement un (ou des) projectile(s) qui peut être (cf. illustration ci-après) :
le revêtement de la charge (charge plate, charge creuse, etc.) ;
divers (des billes, des cylindres...)
; des éclats de fragmentation.
Charges militaires
Le dispositif de sécurité est particulier à chaque type de mine. Il est manœuvré de l'extérieur
pour armer la mine et, en général, pour la désarmer.
2.4.a. Définitions
Une action extérieure sur le capteur (cf. illustration ci-après) entraîne, par l'intermédiaire
d'une action mécanique, pyrotechnique ou électrique, le fonctionnement de l'allumeur qui
provoque l'action du détonateur (ou de l'inflammateur). Celui-ci produit, à son tour, le
fonctionnement de la charge primaire dont le rôle est de déclencher la mise en œuvre de la
charge principale.
Elles sont destinées à mettre hors de combat, à blesser ou à tuer une ou plusieurs personnes.
On distingue deux catégories de mines antipersonnel : les mines à action locale et les
mines à action de zone, réparties elles-mêmes en mines à action de zone fixes,
bondissantes ou à effet dirigé.
Mines AP LOC
Elles sont hors de terre, posées sur un piquet. A priori visibles, mais utilisées principalement
dans des zones de végétation haute, elles se camouflent très bien. En général, elles se
déclenchent suite à une action sur un fil de traction de leur allumeur.
Elles sont sensibles : 5 à 10 kg, voire moins, de traction sur le fil piège suffisent. Elles
projettent des éclats tous azimuts entre 20 et 50 cm au-dessus du sol.
Ceux-ci peuvent être mortels dans un rayon de 5 à 10 m et/ou vulnérants dans un rayon de
50 à 60 m. Certaines peuvent avoir de plus grands rayons d'efficacité.
Mines AP AZF
Elles sont principalement enterrées. Généralement posées dans des zones de végétation
basse, elles se camouflent très bien. Seuls leurs allumeurs et leurs fils sont hors de terre.
Elles peuvent se déclencher par action sur le fil de traction de l'allumeur qui très souvent est
combiné à la pression.
Elles projettent des éclats tous azimuts entre 0,40 m et 1,20 m au-dessus du sol. Ceux-ci
peuvent être mortels dans un rayon de 10 à 25 m et/ou vulnérants dans un rayon de 50 à
100 m.
Mines AP AZB
Mines AP AZB
Généralement, elles sont équipées de bipieds quand elles sont au sol. Elles peuvent être
aussi placées en hauteur (entre 3 et 6 m du sol). Elles peuvent être initiées par plusieurs
types d'allumeur (allumeur électrique, allumeur à traction ou pression...).
Elles projettent des éclats vers un secteur du terrain suivant un angle prédéfini (en général,
angle de 60° en azimut et 20° en site pour un rayon d'action létale de 20 à 25 m et vulnérant
de 50 m).
Il existe des mines à effet dirigé plus conséquentes avec des rayons d'action allant jusqu'à
400 mètres.
Ces mines peuvent être commandées par un tireur (ce tireur voit la zone à battre, il est
placé hors zone dangereuse à 50 m ou plus de la mine).
Mines AP ED
Elles projettent une charge formée, sur le côté (action horizontale ou latérale) de la cible.
Mine AC AH
Destinées à détruire des objectifs flottants ou immergés, fixes ou mobiles, elles peuvent être
: soit flottantes ;
soit de fond (à orin).
les mines réelles : normalement destinées à l'emploi en temps de guerre, sauf cas
particuliers (tir de démonstration, instruction sur la mise en œuvre des mines
utilisables comme armes, etc.), elles peuvent être piégées par l'adversaire, c'est-à-
dire munies d'un dispositif anti-relevage, soit par construction, soit au moment de la
pose ; les mines d'exercice : destinées à l'instruction du personnel et à la
matérialisation de l'effet des mines au cours des manœuvres, elles sont des répliques
des mines réelles dont la charge militaire a été remplacée par un dispositif produisant
de la fumée, du bruit ou du marquage. Elles sont identifiées par la lettre X ;
les mines inertes : destinées à l'étude de la constitution et du fonctionnement d'une
mine, elles sont des répliques de mines réelles ; cependant, elles sont dépourvues de
toute charge. Elles sont identifiées par le mot « INERTE » peint sur l'enveloppe.
Artifices destinés à produire l'éclairement d'un endroit particulier ou d'une zone du champ de
bataille, les mines ou pots éclairants peuvent être confondus avec des mines AP. Il est
difficile de les en distinguer en raison de leur forme et de leur fonctionnement identique à
ces dernières. Les pots éclairants sont répartis en :
éclairants fixes : le dispositif fonctionne sur place ;
éclairants bondissants : une charge projette un dispositif qui fonctionne, ensuite,
suspendu à un parachute ;
éclairants combinés constitués par un feu fixe et un feu bondissant.
Pots éclairants
3.1. Définition
Ce sont toutes les munitions larguées ou tirées produisant leur effet immédiatement après
leur tir. Contrairement aux mines, les munitions d'attaque vont vers leurs cibles. Elles
peuvent être de fabrication industrielle, semi-industrielle ou artisanale et en fonction de leur
destination d'emploi : réelles, d'exercice, inertes de démonstration ou d'entraînement.
Lorsqu'elles ne fonctionnent pas correctement ou qu'elles sont fabriquées dans ce but (par
ex : les sous-munitions), elles polluent la zone de manœuvre ; on parle alors de "zone
polluée".
On trouve :
la cartoucherie (inférieur au calibre de 20 mm) ;
les grenades ;
les obus d'artillerie ou de mortier (supérieur au calibre de 20 mm) ;
les roquettes ;
les missiles
; les
bombes ;
les sous-munitions.
3.2.a. La cartoucherie
On regroupe dans cette catégorie tous les projectiles de petit calibre ( 20 mm) utilisés
essentiellement par les armes légères.
Ces munitions peuvent être de type ordinaire ou particulier (explosif, incendiaire, traçant,
perforant...).
Cartoucherie
Les grenades ont été conçues pour être lancées à la main ou tirées à l'aide d'une arme.
Elles peuvent aussi être utilisées comme piège de combat, voire comme charge de
démolition. On trouve des grenades explosives (offensives (OF), défensives (DF), à
fragmentation contrôlée ou à charge creuse, bivalentes et polyvalentes) et à chargement
spécial (fumigènes, éclairantes, incendiaires, lacrymogènes, aveuglantes, assourdissantes,
chimiques ...).
Les obus de mortier, d'artillerie (obusier ou canon) sont des projectiles lancés sur l'ennemi
par des feux directs ou indirects.
Ils peuvent être :
explosifs (à paroi mince ou épaisse,...) ;
perforants (boulets, à charge creuse, à charge d'écrasement, flèches...) ;
à chargement spécial (fumigènes, éclairants, incendiaires, toxiques, cargo...) ;
d'exercice ;
inertes.
Les roquettes sont des projectiles orientés mécaniquement au départ du coup, propulsés
par un système autonome pendant la phase initiale puis soumis aux seules lois de la
balistique en phase terminale.
Elles peuvent être classées selon :
leur emploi : sol-sol, air-sol ;
leur effet : souffle, fragmentation, perforant, cargo, à chargement spécial (fumigène,
incendiaire, toxique).
Roquettes
Un missile est un projectile doté d'un système de propulsion autonome, asservi sur toute ou
partie de sa trajectoire à un système de guidage. Classés suivant leur emploi (sol-sol, sol-
air, air-air, air-sol, mer-sol...), les missiles sont généralement destinés à la destruction d'un
objectif grâce à une charge militaire. En raison de leur conception très sophistiquée, la
plupart des missiles possède un système d'autodestruction.
Missiles air-air
Une bombe est un projectile largué ou éjecté d'un aéronef en vol pour détruire des objectifs
terrestres ou maritimes.
Elle peut aussi servir à :
disperser des sous-munitions ;
éclairer une portion de terrain ;
prendre des photographies ;
perturber les radars ;
répandre des tracts.
Bombes
L'emploi des systèmes d'armes à sous-munitions, en vue de traiter des surfaces étendues
du champ de bataille, engendre la dispersion sur le sol d'un nombre important d'engins non
explosés particulièrement sensibles à toute manipulation.
Appelées armes de saturation de zone, elles fonctionnent instantanément à l'impact ou de
manière différée (interdiction de zone, par exemple). Par épandage, le taux de non-
fonctionnement est de l'ordre de 10 à 20%.
Elles sont soit larguées depuis des aéronefs à partir de conteneurs fixes ou bombes-
cargo, soit envoyées par obus-cargo ou roquettes-cargo.
De tailles, de formes, de couleurs variables, les sous-munitions comportent parfois un
parachute, des ailettes ou un ruban de stabilisation et d'armement.
Sous munitions
Ces menaces particulières regroupent les pièges, les autres dispositifs et les engins
explosifs improvisés (IED en terminologie OTAN).
Les définitions ci-après sont celles retenues et ratifiées par la France dans le protocole II
modifié du 3 mai 1996 relatif à l'emploi et l'interdiction des mines, pièges et dispositifs
assimilés de la convention des Nations Unies du 10 octobre 1980, portant sur l'interdiction
ou la limitation de certaines armes classiques qui peuvent être considérées comme
produisant des effets traumatiques excessifs ou comme frappant sans discrimination.
4.1. Le piège
Doit être considéré comme un piège, tout dispositif ou matériel qui est conçu, construit ou
adapté pour tuer ou blesser.
Il peut fonctionner à l'improviste quand on déplace un objet en apparence inoffensif ou se
déclencher quand on s'en approche ou lorsqu'on se livre à un acte apparemment sans
danger.
L'IED est un dispositif placé ou réalisé d'une manière improvisée, incluant des matières
destructrices, mortelles, nuisibles, toxiques, incendiaires ou pyrotechniques. Il est destiné à
détruire, neutraliser, harceler, ou détourner l'attention. Il peut incorporer des composants
militaires mais est généralement constitué de composants non militaires. Il peut être parfois
activé à distance.
LE TRAITEMENT DE CES MENACES PARTICULIÈRES EST RÉSERVÉ AU
PERSONNEL QUALIFIÉ EOD.
Le personnel qualifié DEST-IED peut être amené à détruire un IED dans certaines
conditions très particulières (cf. PFT GEN 3.12.64/6 DU 15/12/2015).
Chapitre 2
LA RECHERCHE, LE REPÉRAGE DES MINES ET PIÈGES
1 - Généralités
Des mines de tous genres, posées par l'ennemi, peuvent être rencontrées aussi bien dans
les zones ayant été occupées par lui, qu'à l'intérieur du dispositif ami.
Pour agir efficacement contre les mines, le combattant doit savoir déceler :
les emplacements favorables à la présence de
mines ; les indices de présence de mines.
L'ennemi peut poser des mines aux endroits les plus inattendus, mais l'économie des
moyens et la recherche de l'efficacité le conduisent à réaliser des zones minées à certains
emplacements qui sont :
les terrains découverts, où les chars peuvent évoluer facilement ;
les zones boisées ou abritées, où les troupes à pied peuvent se dissimuler ;
les points de passages obligés : pont, route à l'intérieur d'un bois très dense, route à
flanc de coteau, itinéraire permettant de contourner une destruction, etc. ;
les portions de terrain susceptibles de servir de points d'appui.
L'ennemi, en posant des mines, peut laisser des traces de son passage.
Le combattant doit rechercher sur le terrain tout ce qui peut laisser supposer que des mines
ont été posées :
terre remuée ;
tas de déblais provenant du travail de pose ;
emballages et matériels de mise en œuvre abandonnés ou perdus sur le terrain par
l'ennemi ;
piquets paraissant inutiles ;
traces d'enlèvement de clôture
;
clôture peu habituelle dans la région ;
traces de véhicules dans les champs.
D'une manière générale, il faut se méfier :
de tout ce qui tranche sur le terrain : par exemple, terre sur un revêtement goudronné ;
de tout ce qui peut paraître anormal du fait de l'ennemi : emplacements de bivouacs,
véhicules et armes intacts ou objets de valeur abandonnés, cadavres ;
de tout ce qui demande un travail de réparation : coupure de route, pont détruit,
lignes téléphoniques ou électriques coupées.
Les zones minées découvertes sont neutralisées en détruisant ou en relevant les mines. On
donne le nom de déminage à cette opération qui est placée sous la responsabilité du génie.
La vue, la détection électromagnétique et le sondage sont les procédés les plus employés
pour rechercher les mines.
Les pièges, comme les mines, peuvent être mis partout où leur présence est susceptible de
créer une gêne chez l'adversaire et perturber ses mouvements. Le combattant doit donc
apprendre en quoi ils consistent et où on peut les trouver.
4.1. Désignation
: une charge ;
un dispositif de mise de feu comportant un détonateur et un allumeur ;
un dispositif de piégeage fonctionnant sans l'intervention du poseur.
Chaque piège doit être examiné avec précaution et tout combattant doit être entraîné à agir
avec une extrême prudence chaque fois qu'il s'attend à rencontrer des pièges.
D'une façon générale, il doit rechercher attentivement les objets qui ne semblent pas
naturels et agir avec prudence vis-à-vis de ceux qui le paraissent.
Chapitre 3
LES MESURES À PRENDRE
Fondamental
NE PAS TOUCHER. MARQUER ET ALERTER.
Remarque
Nota : il ne faut jamais se mettre en danger pour réaliser le marquage. Le marquage ne doit
pas être placé directement sur l'engin explosif mais il peut être mis en place à l'endroit depuis
lequel l'engin explosif a été découvert.
2 - La conduite à tenir
3 - Le traitement de blessés
4 - Divers
4.2. Le marquage
Marquages réglementaires
Marquages de circonstance
Sondage
Chapitre 1
GÉNÉRALITÉS
La mise en œuvre des explosifs fait appel à des techniques variées nécessitant l'application très
stricte des règles de sécurité.
Le présent chapitre vise à donner aux officiers et sous-officiers les éléments nécessaires pour
mettre en œuvre les destructions et dispenser dans de bonnes conditions une instruction sur les
explosifs.
1 - Définitions
Un explosif est une substance explosive dont le régime de décomposition normal est la
détonation. Cette décomposition donne naissance à deux actions différentes et
complémentaires :
- une onde de choc : effet de choc, brisance ;
- un dégagement d'un grand volume de gaz à très haute température : effet de
poussée. Les explosifs sont généralement solides, parfois plastiques.
Ils se transforment selon trois processus différents caractérisés par la vitesse à laquelle se
propage la réaction chimique.
L'effet utile permet de classer les explosifs selon leur puissance, traduisant l'effet
mécanique (l'effet de poussée).
2.2. Sensibilité
2.3. Stabilité
: leur emploi ;
leur mode d'action ou leurs effets mécaniques.
4.1. Description
l'azoture de plomb ;
le trinitroresorcinate de plomb ou tricinate de plomb.
Les explosifs à usage militaire sont approvisionnés de façon générale sous la forme de
pétards ou de pains confectionnés pour être mis en œuvre facilement et en toute sécurité.
Un pétard : composé d'explosif secondaire brisant, solide, de masse donnée, le pétard est
de forme parallélépipédique avec ou sans enveloppe.
Un pain d'explosif malléable (PEM) : composé d'explosif secondaire, brisant et malléable,
de masse donnée, le pain est de forme parallélépipédique.
Chapitre 2
LES DISPOSITIFS DE MISE DE FEU ET D'AMORÇAGE DES CHARGES
L'instruction relative à ce chapitre doit être conduite par un personnel qualifié Moniteur de Mise en
Œuvre des Explosifs (MMOE) au minimum. L'acquisition des savoir-faire passe par la réalisation
de nombreux exercices pratiques (avec du matériel inerte dans un premier temps).
1 - Généralités
Au combat, de tels dispositifs peuvent être simplifiés et ne comporter que les artifices
nécessaires pour provoquer l'explosion de la charge.
Exemple de dispositif pyrotechnique simplifié à utiliser quand la charge est peu importante
2 - Description
L'allumeur de mèche lente modèle F 1 (fig. 4) est un boutefeu d'usage unique. Il est
constitué par :
un corps en matière plastique comprenant le rugueux et la composition fusante ;
à une extrémité, un capuchon dévissable assurant la protection d'un bouton-poussoir
maintenu en place par un étrier de sécurité ;
à l'autre extrémité, un porte-mèche avec bague de serrage.
Emploi
La mèche lente est un artifice qui sert à transmettre, avec retard, le feu au détonateur
pyrotechnique.
La liaison mèche lente-détonateur s'appelle une jonction.
Description
D'un diamètre d'environ 5 mm, la mèche lente est constituée par un filet continu de poudre
noire très fine, contenu dans une enveloppe.
La couleur de l'enveloppe extérieure est :
brune pour la mèche réglementaire française
; orange pour la mèche inerte.
Conditionnement
La mèche lente est livrée par couronne de 15 m en sachet de plastique, étanche. Ses
extrémités sont protégées contre l'humidité par un obturateur ou un enduit.
Mise en œuvre
Emploi
Description
Détonateur pyrotechnique
Un tube métallique (cuivre, laiton ou aluminium) renferme une charge d'explosif. Celle-ci est
composée d'un explosif secondaire comprimé au fond du tube et d'un explosif primaire
particulièrement sensible situé au-dessus. Ce tube, ainsi chargé, conserve une partie vide
pour permettre l'introduction, puis le sertissage de la mèche lente.
Conditionnement
DANS TOUS LES CAS, ATTENDRE QUE LA MÈCHE LENTE FUSE AVANT DE
S'ÉLOIGNER.
Emploi
Description
Il est généralement constitué d'un explosif brisant (pentrite) contenu dans une gaine souple
étanche de couleur vert olive (français). La masse d'explosif est de 11 g/m.
Conditionnement
fixer les deux brins accolés contre le détonateur à l'aide de ruban adhésif, comme le
montre la figure ci-dessous.
le cordeau détonant est ligaturé sur toute la longueur du pétard à l'aide d'un ruban
adhésif ou d'une ficelle :
Emploi
Le relais d'amorçage par cordeau détonant est un artifice destiné à transmettre facilement,
en la renforçant, la détonation à un pétard.
Description
Il comporte :
un étrier à charnière pour le blocage rapide du cordeau détonant ;
un filetage de 10 mm qui se visse sur l'alvéole standard d'un pétard ;
une enveloppe en matière plastique contenant de la pentrite.
Conditionnement
Il est conditionné soit en boite de deux relais, soit par carton de 10 relais.
Mise en œuvre
Il faut :
visser le relais dans l'alvéole d'amorçage ;
placer le cordeau détonant dans l'évidement de la partie fixe du relais ;
refermer l'étrier de blocage.
Relais d'amorçage
Amorcer des pétards ou des pains c'est réaliser leur jonction avec un détonateur ou du
cordeau détonant au moyen des procédés réglementaires ci-après.
Amorçage d'un PEM par du cordeau détonant avec une boucle nouée
Jonctions indirectes lovage à plat / 1 brin de CD ; lovavage à plat / lovage à plat ; lovage à
plat / RAC ID
Emploi
Il peut en tout temps et dans des conditions climatiques extrêmes, faire exploser des
détonateurs modèle F 3 :
soit un détonateur seul à l'extrémité d'une ligne de tir KL 5 de 2400mètres ;
soit 2 détonateurs en parallèle à l'extrémité d'une ligne de tir de KL 5 de 800 mètres ;
soit de 2 à 6 détonateurs montés en série à l'extrémité d'une ligne de tir de KL5 de
1600 mètres.
Il intègre les fonctions de contrôle de continuité de ligne et de mise à feu.
Description
Conditionnement
L'exploseur ITS100 fait partie des lots de mise en œuvre des explosifs décrits en annexe 1 .
Il est fourni avec une sacoche en toile et son guide technique (MAT 5553).
Utilisation
Détail de l'ITS100
Opérations préliminaires
La ligne de tir est le conducteur électrique double qui transmet le courant électrique de
l'exploseur au(x) détonateur(s).
Cette ligne doit être vérifiée systématiquement avant chaque raccordement des
détonateurs aux conducteurs électriques :
raccorder la ligne de tir sur les bornes L 1 (ou L 2) (H) ;
connecter l'unité électronique sur la « clé de sécurité » : le voyant vert (A) s'allume, le
voyant rouge (B) brille un bref instant ;
vérifier la ligne de tir :
ligne ouverte : appuyer sur le bouton (F), le voyant vert (G) doit rester éteint ;
ligne fermée : appuyer sur le bouton (F), le voyant vert (G) doit s'allumer. La
ligne est alors en état.
Dans le cas où la ligne est hors d'état, il faut vérifier l'intégralité de la ligne et réparer les
possibles court-circuits ou ruptures de ligne.
Mise en œuvre
Limites d'utilisation
Caractéristiques
Réunir les deux brins par torsion pour éviter tout arrachement
Ligature par torsades d'un conducteur double à un autre conducteur double ou à deux
conducteurs simples :
en milieu sec, si l'artificier n'a pas le temps d'isoler les deux ligatures par du ruban
adhésif, il faut interposer entre elles tout objet mauvais conducteur de l'électricité
(morceau de bois ou emballage en carton du détonateur électrique par exemple) ;
en milieu humide, il faut isoler les ligatures par ruban adhésif.
Nécessité de la vérification.
Le fonctionnement d'un dispositif de mise de feu électrique dépend en grande partie de la
bonne exécution des raccordements des conducteurs entre eux.
Toutefois, il peut présenter les défauts suivants :
rupture de circuit en un point quelconque ;
court-circuit ;
mise à la terre.
Avant de procéder à une mise à feu électrique il importe donc de s'assurer de la bonne
isolation du circuit constitué, de la compatibilité de la résistance de la ligne (en fonction du
type de câble utilisé ou de sa longueur) avec la capacité de l'exploseur :
contrôle de l'état physique des conducteurs (rupture, pliure, dénudation...) ;
contrôle électrique du circuit à l'aide de l'ITS 100.
Emploi
Le détonateur électrique est un artifice destiné à créer la détonation sous l'effet d'une
impulsion électrique afin de :
provoquer l'explosion d'une charge au contact ;
transmettre cette détonation à l'aide d'un cordeau détonant vers une charge éloignée.
Description
Le détonateur électrique est artifice destiné à créer la détonation sous l'effet d'une impulsion
électrique.
Conditionnement.
Mise en œuvre.
Raccorder chacun des deux fils du détonateur à chacun des deux fils de la ligne puis relier
cette ligne à l'exploseur ITS-100.
Les autres moyens d'amorçage d'une mise de feu électrique (cordeau détonant, relais
d'amorçage par cordeau détonant, pain ou pétard de mise de feu ou d'amorçage) sont
identiques à ceux étudiés aux paragraphes précédents concernant les dispositifs de mise
de feu pyrotechnique.
5.1. Généralités
: du nombre de charges ;
de leur accessibilité
; de leur volume ;
de leur distance par rapport à l'emplacement de mise à feu.
Mais dans tous les cas, le détonateur d'un dispositif de mise de feu se trouve
exclusivement :
soit dans la charge de mise de feu ;
soit dans la charge d'amorçage, dans ce cas les pétards (ou pains) de mise de
feu et d'amorçage sont confondus (amorçage direct par détonateur) ; soit en
jonction avec le cordeau détonant.
Lorsque le pétard et/ou le pain d'amorçage sont insuffisants, on en utilise plusieurs pour
constituer la charge d'amorçage.
UN DÉTONATEUR NE DOIT JAMAIS ÊTRE ENTERRÉ OU IMMERGÉ.
Pour une charge accessible, l'amorçage se fait au moyen d'un détonateur introduit
directement dans l'alvéole standard d'un pétard ou dans l'alvéole de circonstance d'un pain.
Pour une charge difficilement accessible, l'amorçage se fait au moyen d'un cordeau détonant :
soit relié à la charge au moyen d'un relais d'amorçage pour cordeau détonant ;
soit relié à la charge par un raccord indétectable ;
soit placé au contact de la charge (nœud ou lovage)
; soit placé en boucle noyée à l'intérieur de la
charge.
LE NŒUD EN TÊTE D'ALOUETTE. Quel que soit le nœud utilisé, l'artificier doit respecter
un angle inférieur à 90° entre le cordeau maître orienté dans le sens de la propagation et le
cordeau dérivé, afin d'éviter tout risque de rupture de la transmission de la détonation.
Raccordement des cordeaux dérivés au cordeau maître par un nœud en tête d'alouette
LE NŒUD RELAIS est appelé ainsi car il ranime la puissance de détonation du cordeau
détonant en raison de la concentration d'explosif.
Les cordeaux dérivés sont branchés sur le cordeau maître par l'intermédiaire d'un pétard ou
d'un pain sur lequel ils sont fixés par deux ligatures (ruban adhésif ou ficelle) afin d'être au
contact sur toute la longueur de celui-ci.
Le pétard est ensuite amorcé :
soit par un détonateur ;
soit par un relais d'amorçage par cordeau détonant recevant le cordeau maître ;
soit par le cordeau maître maintenu par un raccord indétectable dans le pétard ;
soit par le cordeau maître lové sur une des faces du pétard (lovage à plat 4 brins).
Le lovage du cordeau maître autour du pétard par-dessus les cordeaux dérivés ne garantit
pas l'amorçage puisque le cordeau maître n'est pas au contact du pétard ou du pain. Le
nœud 4 tours est donc à prohiber.
Le dispositif de mise de feu multiple (appelé aussi « boîte de jonction ») permet d'assurer la
transmission de la détonation directement vers les différentes charges de destruction à
partir de la charge de mise de feu.
Le dispositif de mise de feu circulaire appelé aussi « chaîne circulaire » permet d'assurer
une double transmission de la détonation à partir d'une boucle du cordeau détonant réalisée
à l'extérieur ou l'intérieur de l'objectif à détruire.
5.3.a. Généralités
Lorsqu'un dispositif de destruction prêt à fonctionner immédiatement n'a plus lieu d'être,
temporairement ou définitivement, il faut procéder à son désamorçage c'est-à-dire
interrompre la chaîne de mise de feu.
Cette opération peut être complétée par le déchargement (retrait des charges d'explosif).
La méthode de désamorçage d'un dispositif varie selon qu'il est connu ou non de
l'exécutant. Le désamorçage d'un dispositif inconnu doit être effectué par du personnel
qualifié.
Dispositif électrique
1. débrancher les exploseurs (le DMOE conserve la clé de l'exploseur) et les éloigner du
poste de mise à feu ;
2. mettre les lignes en court-circuit ;
3. sécuriser les détonateurs électriques en débranchant les fils de la ligne, puis les
mettre en court-circuit (brancher les deux fils entre eux) ;
4. extraire le détonateur électrique de la charge. Suivant les ordres reçus :
soit le détruire sur place ;
soit le remettre dans son étui de sûreté ;
5. récupérer le cordeau détonant et les pétards de mise de feu et d'amorçage ;
6. relever le (ou les) cordeau(x) maître(s) et les pétards relais ;
7. récupérer les cordeaux dérivés et les pétards constituant la charge ;
8. relever la (ou les) ligne(s).
Généralité
Il s'agit de permettre à nouveau l'utilisation en toute sécurité d'un ouvrage équipé d'un
dispositif de destruction et qui doit pouvoir être remis en service très rapidement.
Dans tous les cas il faut procéder à la sécurisation des détonateurs comme indiqué au §
précédent et éventuellement débrancher et déplacer certains cordeaux pour permettre le
passage de troupes amies.
C'est le cas par exemple d'un dispositif de destruction d'ouvrage mis en place par l'ennemi
et que ce dernier n'a pas encore activé. L’exécutant ignore s'il est définitivement abandonné
ou si une télécommande, un dispositif à retard ou de piégeage ne va pas déclencher la mise
à feu.
Seul un personnel qualifié de la filière MUNEX est à même de traiter un tel dispositif.
Chapitre 3
PRESCRIPTIONS RELATIVES A LA SÉCURITÉ
1.1. Généralités
2 - Stockage et manipulation
Les mesures de sécurité prévues ont pour but de limiter, en cas d'accident survenant en un
point de dépôt, les dégâts matériels qui en résulteraient pour les autres magasins.
Les grands dépôts de munitions sont régis par des réglementations spécifiques. Il convient
donc de s'y conformer pour la perception des explosifs et artifices en consultant le
comptable matière ou le conseiller Transport Matières Dangereuses (TMD) de l'Unité.
Quelles que soient leurs quantités, les explosifs et artifices ne peuvent en aucun cas être
stockés dans un casernement si ce dernier ne possède pas un dépôt ayant fait l'objet
d'une étude de sécurité pyrotechnique.
Les dispositions prescrites ci-après ne sont pas exhaustives. Les conclusions tirées de
l'étude de sécurité pyrotechnique conduite pour chaque dépôt et approuvée par le directeur
central du matériel, servent à préciser les conditions générales et particulières.
Tout personnel disposant sur lui ou sur son véhicule, de moyens émettant des
rayonnements électromagnétiques (radio, radar, téléphone portable, etc.) et amené à
pénétrer dans un dépôt de munitions, doit obligatoirement les mettre en position arrêt et les
laisser dans une zone prévue à cet effet.
La proximité d'installations radio ou radar impose des précautions particulières pour le
stockage des dispositifs électro-pyrotechniques (détonateurs électriques, amorces,
allumeurs et fusées). Elle interdit, en particulier, d'ouvrir les emballages contenant ces
dispositifs.
Il faut :
n'utiliser que le personnel indispensable ;
organiser le stockage permettant la manipulation aisée des caisses d'explosifs grâce à :
la réalisation de piles peu élevées réduisant le risque de chutes (fond des
caisses à moins de 1,6 m au-dessus du sol) ;
l'existence de zones de circulation suffisantes entre les piles ;
l'existence d'un espace libre de 0,5 m entre les murs et les munitions
;
la mise en place d'un marquage très lisible indiquant la nature des explosifs et
artifices de chaque pile.
Matières suspectes
Le transport des explosifs et des artifices par voies routière, aérienne, ferrée, maritime et de
navigation est régi par des circulaires, décrets ou arrêtés ministériels.
Réglementation
Tout transport d'explosifs (matière sensible) en période normale peut être effectué selon les
ordres du commandement :
soit de manière VISIBLE ;
soit de manière NON VISIBLE (bâches fermées, pas de marquage, etc.).
En ce qui concerne le personnel, les règles de sécurité sont différentes selon que le
transport est effectué :
à l'échelon corps, lors des réapprovisionnements qui concernent généralement de
grosses quantités ;
à l'échelon unité élémentaire, pour l'acheminement de faibles quantités et sur de
courtes distances du lieu de stockage au lieu de mise en œuvre.
Indiquées ci-après, ces règles peuvent être assorties de prescriptions particulières du
commandement territorial relatives au transport de matériels sensibles. Il convient donc de
consulter le comptable matériel de l'Unité ou un conseiller TMD afin de prendre
connaissance de la politique de gestion des munitions propre à chaque régiment.
Chargement
Document de bord
les véhicules doivent être munis de deux extincteurs de type 2 litres halogène ou 6
kg CO² ou 2 kg poudre. Le conducteur doit savoir les mettre en œuvre.
Sécurité
Déchargement
tous les emballages contenant des explosifs doivent être déchargés puis ouverts à
l'extérieur d'un véhicule sur un lieu défini à l'avance offrant toutes les garanties
nécessaires de sécurité.
Personnel
aucun personnel ne prend place sur la plate-forme des véhicules transportant des
explosifs et artifices ;
toute manipulation se fera par un nombre limité de personnel désigné à cet effet
; le conducteur du véhicule est assisté d'un second conducteur.
soit sur des POLYGONES D'EXPLOSIFS, terrains réservés à cet effet et pour
lesquels sont établis des régimes de champs de tir conformément aux dispositions de
la notice sur les infrastructures tome 2, au cours de séances diurnes ;
soit, exceptionnellement sur des terrains non spécialisés. Dans ce cas, des
autorisations préalables doivent être obtenues et des polygones « de circonstance »
doivent être réalisés. De plus, il appartient à l'autorité prescrivant ces séances
d'édicter les régimes de circonstance afin de déterminer les modes opératoires et les
mesures de sécurité intérieures et extérieures nécessaires. Cette autorité doit tenir
compte des réglementations militaires générales et locales, pour définir l'implantation
des zones de mise en œuvre et des zones dangereuses. Les régimes sont à établir
suivant la procédure et le modèle de régime intérieur de champ de tir pour mines et
explosifs donné par la notice sur les infrastructures tome 2.
Attention
La manipulation d'explosifs et artifices réels est interdite dans les salles
d'instruction.
une ZONE DE MISE EN ŒUVRE (ZMO), zone centrale où ont lieu les explosions ;
une ZONE DANGEREUSE (ZD), zone périphérique à l'intérieur de laquelle une
personne non abritée risque d'être atteinte par des projections, par l'onde de choc ou
par la chaleur dégagée. La profondeur « d » de cette zone est, pour une explosion
donnée, au moins égale à la distance de sécurité précisée dans les tableaux du
paragraphe 442.
Si plusieurs zones de mise en œuvre sont nécessaires, elles doivent être choisies de telle
manière que la zone dangereuse de l'une d'elles n'empiète pas sur celle de l'autre, afin que
la mise en œuvre des explosifs puisse être conduite indépendamment et simultanément
dans chacune des zones.
Dans une même zone de mise en œuvre, plusieurs détachements distincts peuvent être
appelés à mettre en œuvre des explosifs simultanément. Dans ce cas, la zone doit être
répartie entre les détachements en « SECTEURS DE MISE EN ŒUVRE » (SMO). Le
nombre de détachements ne peut excéder trois et l'effectif de chacun d'eux ne peut être
supérieur à celui d'une section.
Dans chaque ZMO, pour le cas d'un détachement isolé, ou dans chaque SMO, pour le cas
de plusieurs détachements, trois ateliers de mise en œuvre (AMO) au maximum peuvent
être créés. Dans chaque atelier, une seule destruction doit être réalisée.
Les mises à feu sont alors coordonnées par une seule autorité.
Répartition d'un polygone de mise en œuvre des explosifs pour un détachement seul
Répartition d'un polygone de mise en œuvre des explosifs pour trois détachements
Les conditions d'utilisation des polygones d'explosifs permanents doivent être conformes
aux dispositions d'un régime de champ de tir établi selon la notice sur les infrastructures
tome 2 et précisant en particulier :
les types de destruction et les charges maximales autorisées, ainsi que les zones de
mise en œuvre ;
les limites de zones de mise en œuvre ;
le nombre de secteurs de mise en œuvre possibles pour chaque zone ;
l'obligation d'utiliser la fosse à explosion (si elle existe) pour la destruction de toutes
les pièces métalliques ;
les dispositifs de sécurité à mettre en place (vedettes, fanions)
; l'autorité à prévenir en cas d'incident ou d'accident grave ;
les moyens de liaison disponibles sur place.
Le directeur d'une séance d'instruction sur les explosifs doit être en mesure de réagir
immédiatement à tout accident corporel pouvant survenir malgré l'observation des
consignes de sécurité.
Conformément à l'IM600 relative au soutien sanitaire, le soutien sanitaire à mettre en place
est de niveau 2.
C'est pourquoi il doit obligatoirement disposer :
d'une équipe de soutien sanitaire équipée d'une trousse de premiers secours et
comprenant au moins un personnel possédant une des formations ou qualifications
professionnelles en cours de validité suivantes :
premier secours en équipe de niveau 1 (PSE1) ou de niveau 2
(PSE2) ; auxiliaire ambulancier ;
diplôme d'état d'ambulancier (DEA), ou certificat de capacité ambulancier
(CCA) ;
diplôme d'état d'aide-soignant ;
d'un moyen sonore de signalisation d'alerte ;
d'un moyen rapide d'évacuation (véhicule automobile par exemple) ;
si possible, d'une liaison filaire ou radioélectrique avec le PC de la formation dont il
dépend.
La responsabilité des cadres en matière de mise en œuvre des explosifs est définie dans la
circulaire n° 15394 parue au BOC/PP n° 2-3-4 du 19 janvier 2004, relative à l'habilitation des
cadres pour la mise en œuvre des explosifs1. Il existe trois niveaux d'habilitation qui sont
rappelés dans le tableau de l' annexe 2 .
Définition
Le moniteur de mise en œuvre se voit confier un atelier de mise en œuvre, sous
l'autorité d'un directeur de mise en œuvre.
Rôle
Il est compétent pour conduire seul une séance d'instruction sur les explosifs
comportant uniquement la manipulation de matériels inertes.
Lors d'une séance de mise en œuvre d'explosifs réels, au sein de son AMO :
il contrôle l'exécution des gestes techniques
; il veille au respect des mesures de
sécurité ;
il ne fait effectuer ou n'effectue lui-même l'amorçage de la charge de mise de
feu (pétards ou pains) que sur ordre du directeur de mise en œuvre qui lui
remet le (ou les) détonateur(s).
Habilitation
Pour exercer la charge de moniteur de mise en œuvre, le personnel doit être :
apte à tenir la fonction de directeur de mise en œuvre ;
ou détenteur du diplôme de moniteur de mise en œuvre et :
sous-officier ;
ou artificier de l'arme du matériel (PYRO UU74 ou 3354) ;
ou personnel ouvrier, agissant en dehors du cadre de l'instruction, en
service dans l'arme du matériel et titulaire d'un CT1 artificier ;
ou militaire du rang du domaine de spécialités « combat et techniques du
génie », titulaire du CT1 par validation d'expérience, totalisant au moins
11 ans de service et ocupant une fonction du niveau 1C.
Il doit enfin être habilité pour un an par le chef de corps ou le commandant de l'organisme
d'appartenance.
Remarque
Les chefs de corps pourront s'appuyer, pour prononcer les habilitations, sur les critères
suivants :
avoir tenu la fonction de MMO dans l'année écoulée ou avoir suivi, en doublure, une
séance de destruction (instruction réelle) ;
avoir remis à jour ses connaissances en matière de sécurité.
Les habilitations sont prononcées annuellement par les chefs de corps ou
assimilés. Elles font l'objet d'une décision du corps ou d'une note de service.
Définition
Toute mise en œuvre d'explosifs effectuée par un détachement doit se faire sous la
responsabilité d'un directeur de mise œuvre (DMOE).
Rôle
Si le détachement agit seul à l'intérieur de la zone de mise en œuvre (ZMO), le
directeur doit :
prendre connaissance des consignes d'utilisation du polygone ou du terrain
d'exercice ;
prendre connaissance des consignes particulières concernant la séance
d'instruction ;
s'assurer que le personnel a reçu l'instruction préalable à la mise en œuvre
; s'assurer qu'il dispose des moyens de liaison et des moyens sanitaires ;
faire appliquer les mesures de sécurité dans l'ensemble de la zone
dangereuse ; désigner le gradé responsable de la surveillance et de la
comptabilité des explosifs et artifices en cours de séance, ainsi que les
moniteurs de mise en œuvre ;
détenir les commandes d'exploseurs (ou les boîtiers de sécurité ITS) et les
détonateurs dont la mise en œuvre est prévue dans la phase suivante
d'instruction ;
diriger la séance d'instruction et la mise en œuvre ;
effectuer les comptes rendus de fin de tir et de consommation des munitions.
Si plusieurs détachements agissent dans la même zone de mise en œuvre, le
DMOE doit :
être subordonné à un officier coordonnateur de mise en œuvre (CMO) ;
disposer du secteur de mise en œuvre (SMO) que lui a assigné le
coordonnateur ; diriger la séance d'instruction et la mise en œuvre dans les
conditions fixées par le coordonnateur ;
se charger de la sécurité et de la discipline dans son secteur de mise en
œuvre ; désigner le gradé responsable de la surveillance et de la comptabilité
des explosifs et artifices en cours de séance ainsi que les moniteurs de mise
en œuvre ;
détenir les commandes du ou des exploseurs (ou les boîtiers de sécurité ITS)
et les détonateurs dont la mise en œuvre est prévue dans la phase suivante
d'instruction ;
ne faire exécuter les mises à feu qu'après accord de l'officier coordonnateur ;
rendre compte au coordonnateur de la fin du tir et de la consommation des
munitions.
Habilitation
(cf. tableau de l' annexe 2 )
Pour exercer la fonction de directeur de mise en œuvre, le personnel doit être :
détenteur du diplôme de directeur de mise en œuvre et :
officier ;
ou officier artificier de l'arme du matériel ;
ou sous-officier supérieur ;
ou sous-officier BSTAT, spécialiste EOD/NEDEX ;
ou sergent-chef de l'arme du génie, titulaire du BSTAT, qualifié MINEX 3 et
occupant une fonction de sous-officier adjoint à un chef de section du génie ;
ou artificier de l'arme du matériel (PYRO UX98 ou 1354) ;
ou personnel ouvrier, agissant en dehors du cadre de l'instruction, en service
dans l'arme du matériel, jugé apte à tenir cette fonction par le chef de corps et
satisfaisant aux conditions suivantes :
être groupe VII, chef d'équipe ;
détenir la FS2 (ou CT2) artificier ;
pratiquer régulièrement la mise en œuvre des explosifs dans le cadre de
ses attributions ;
ou sergent-chef BSTAT instructeur des techniques commandos (3ème
niveau), servant à l'instruction au CNEC, pendant la durée de son affectation.
Il doit enfin être habilité pour un an par le chef de corps ou le commandant de
l'organisme d'appartenance (décision du corps ou note de service) conformément
aux prescriptions de la circulaire n°15394 parue au BOC/PP n° 2-3-4 du 19 janvier
2004, relative à l'habilitation des cadres pour la mise en œuvre des explosifs.
Remarque
Les chefs de corps pourront s'appuyer, pour prononcer les habilitations, sur les critères
suivants :
avoir tenu la fonction de DMO dans l'année écoulée ou avoir suivi, en doublure, une
séance de destruction (instruction réelle) ;
avoir remis à jour ses connaissances en matière de sécurité.
Les habilitations sont prononcées annuellement par les chefs de corps ou
assimilés. Elles font l'objet d'une décision du corps ou d'une note de service.
Définition
Lorsque plusieurs détachements travaillent dans une même zone de mise en œuvre,
chaque secteur correspondant est placé sous la responsabilité d'un directeur
répondant aux conditions indiquées ci-dessus.
L'ensemble des secteurs de mise en œuvre et la zone dangereuse sont placés sous la
responsabilité d'un coordonnateur de mise en œuvre.
Rôle
Il doit :
prendre connaissance des consignes générales d'utilisation du polygone ou du
terrain d'exercice ;
prendre connaissance des consignes particulières concernant la séance
d'instruction quant à la nature des destructions, aux charges utilisables, à la
zone de mise en œuvre et à la zone dangereuse ;
s'assurer qu'il dispose des moyens de liaison et des moyens sanitaires ;
répartir la zone de mise en œuvre en secteurs et les confier aux directeurs de
mise en œuvre ;
indiquer à ceux-ci les consignes particulières de la séance ;
coordonner la séance d'instruction sur l'ensemble de la zone de mise en
œuvre ; faire appliquer les mesures de sécurité dans l'ensemble de la zone
dangereuse ; coordonner les mises à feu ;
effectuer les comptes rendus de fin de tir.
Habilitation
Pour exercer la fonction de coordonnateur de mise en œuvre, le personnel doit être :
détenteur du diplôme de directeur de mise en œuvre
; habilité à tenir la fonction de DMOE.
Il doit enfin être habilité pour un an par le chef de corps ou le commandant de l'organisme
d'appartenance.
Tableau A
Tableau B
Quelle que soit la destruction réalisée, le personnel civil et militaire doit être à l'abri des
projections. La réalisation de cette protection est assurée en prenant les mesures ci-dessous.
Conclusion
Généralités
Généralité
Il est interdit, à l'instruction, de couper une mèche lente en cours de combustion lors de
mise en œuvre d'explosifs.
Cette opération peut être effectuée, en cas d'absolue nécessité, lors des séances de
destructions. L'opérateur prendra alors la précaution de couper la mèche au plus près
du détonateur (lors de sa combustion, il n'est pas possible de déterminer de manière
précise la longueur de mèche lente restante avant qu'elle ne déclenche le détonateur).
Mesures générales.
Pour les radars, il convient de prendre en compte leur puissance de crête en watt et de
rapporter celle-ci à la distance de sécurité donnée par tranche d'émetteur dans le tableau ci-
dessus.
Rappel
LA PRÉSENCE DE TÉLÉPHONES PORTABLES EST FORMELLEMENT INTERDITE
DANS L'ENSEMBLE DE LA ZMO AU COURS DES SÉANCES COMPORTANT
L'UTILISATION D'UN DISPOSITIF DE MISE DE FEU ÉLECTRIQUE.
Généralités.
La mèche lente allumée, l'artificier se retire au pas vers l'abri prévu (ou à distance de
sécurité) avec le directeur de mise en œuvre (ou le moniteur).
ON NE PEUT METTRE À FEU SIMULTANÉMENT PLUS DE TROIS DISPOSITIFS
PYROTECHNIQUES A L'INTÉRIEUR D'UNE MÊME ZONE DE MISE EN ŒUVRE.
En cas de mise à feu simultanée de 2 ou 3 dispositifs, le directeur de mise en œuvre donne
l'ordre de leur mise en œuvre, puis fait évacuer la zone, même si l'une d'entre elles n'est
pas réalisée au bout d'un temps fixé à l'avance (fonction du délai nécessaire pour effectuer
le repli par l'itinéraire le plus long).
Le directeur et le personnel de mise en œuvre gagnent le poste de mise à feu situé, soit à
l'abri dans la zone dangereuse, soit à l'extérieur de la zone dangereuse.
Suivant le type d'exploseur utilisé, le directeur de mise en œuvre doit alors :
effectuer la procédure de vérification
; ordonner la mise à feu ;
faire débrancher l'appareil après le tir ;
reprendre la clé de l'exploseur ou la clé de sécurité.
Dans ce cas, il faut allumer d'abord le dispositif pyrotechnique puis se retirer à l'abri et
déclencher le dispositif électrique.
Mesures générales
Après l'explosion, à cause des projections possibles et des gaz produits par
l'explosion, le directeur doit attendre 2 minutes. Il s'assure ensuite, par une
reconnaissance sur place, que la totalité de la charge a explosé. Il donne alors l'ordre au
personnel de rejoindre la zone de mise en œuvre.
Dans tous les cas, les gaz produits par les explosifs sont toxiques.
Raté pyrotechnique
Raté électrique
En fin d'exercice, il ne doit pas rester d'explosifs ou d'artifices si les besoins pour la séance
ont été calculés avec précision.
Dans le cas contraire, les mesures suivantes doivent être prises sous la responsabilité du
directeur de mise en œuvre :
récupérer les explosifs et les artifices non utilisés
; en tenir compte sur la comptabilité d'emploi ;
les réintégrer immédiatement :
soit au magasin à munitions du corps ;
soit, lorsque les exercices se déroulent dans les camps, au dépôt désigné ou
constitué à cet effet.
IL EST FORMELLEMENT INTERDIT DE STOCKER DES EXPLOSIFS DANS LES
LOCAUX NON PRÉVUS À CET EFFET.
Exceptionnellement, en cas d'impossibilité absolue de réintégrer les explosifs et artifices, le
directeur de mise en œuvre doit effectuer leur destruction dans les conditions suivantes :
respecter toutes les mesures de sécurité énumérées dans le présent
manuel ; détruire séparément l'explosif secondaire et les détonateurs
comme suit :
explosif secondaire et cordeau détonant : à l'air libre, éventuellement sous un
léger bourrage s'il s'agit d'explosif progressif ;
détonateurs électriques : montés en série de 5 au maximum ; chacun de ces
montages doit être assimilé à une mise en œuvre de charge explosive de 250 g
:
distance de sécurité : 100 m ;
pas plus de 3 ateliers de mise en œuvre simultanés ;
détonateurs pyrotechniques : destruction par série de trois maximum, chaque
détonateur étant amorcé individuellement par 50 cm de mèche lente au
minimum initiés par allumeur de mèche lente réglementaire.
La destruction des détonateurs doit se faire hors de leurs emballages de sûreté, ces
derniers devant être réintégrés.
NE JAMAIS DÉTRUIRE DE L'EXPLOSIF OU DES ARTIFICES PAR LE FEU.
Lors d'exercice mettant en œuvre des munitions réelles ou d'exercice, certaines peuvent ne
pas fonctionner (projectiles non éclatés, munitions disloquées, débris contenant encore de
la matière active...).
Le directeur de tir ou d'exercice est responsable du balisage ou de la destruction des engins
dangereux suivant le type de munition considérée.
Les conditions dans lesquelles doivent s'exécuter les destructions des engins à détruire
sont précisées dans la PIA 207 au chapitre " destruction des engins dangereux "et
conformément aux fiches techniques du TTA 207 ainsi que les notices techniques
correspondants aux munitions concernées.
C'est pourquoi cette partie sur la menace IED ne couvre que des généralités qui permettront au
chef de groupe TTA de mener à bien sa mission dans des conditions acceptables. Elle ne fait pas
de lui un spécialiste et il est largement recommandé de s'appuyer sur les référents C-IED en
place dans toutes les unités pour parfaire ses connaissances en matière de comportement face à
la menace IED. De même la partie fouille opérationnelle du chapitre 5 ne donnera qu'un aperçu
général sur cette capacité. La fouille opérationnelle élémentaire qui est du domaine TTA est
développée dans le titre IV - combat proterre en milieu ouvert.
RÉFÉRENCES
CIA 3.15, La lutte contre les engins explosifs improvisés (EEI).
DIA 3.15, La lutte contre les engins explosifs improvisés (EEI).
DIA 3.17, La fouille opérationnelle.
AJP 3.15, Counter-IED (Improvised Explosive Device) operations.
ACIEDP 01, Counter-Improvised Explosive Device (C-IED) training requirements.
EMP 20.571, Doctrine terrestre de lutte contre les engins explosifs improvisés (EEI).
EMP 30.571, Manuel d'emploi et de mise en œuvre de la fouille opérationnelle (military
search) au sein des forces terrestres.
EMP 50.571, Mémento de protection contre les engins explosifs improvisés (EEI).
AVERTISSEMENT
L'intervention sur les IED est réservée au personnel disposant des qualifications idoines.
Chapitre 1
GÉNÉRALITÉS SUR LES IED
1 - Définition
Un IED (Improvised Explosive Device) est un dispositif mis en place ou réalisé de manière
improvisée qui contient des produits chimiques destructeurs, mortels, nuisibles,
pyrotechniques ou incendiaires.
Il est utilisé pour détruire, neutraliser, harceler ou détourner l'attention.
Il est généralement constitué de composants artisanaux mais peut aussi comprendre des
éléments militaires ou industriels.
2 - Composants principaux
La charge principale peut être composée d'explosif d'origine militaire (mine, mortier,
roquette), industriel (explosif pour les carrières) ou artisanal (Home Made Explosive : HME).
Le conditionnement des charges dépend en grande partie de l'origine de l'explosif. Ainsi les
munitions militaires peuvent être utilisées telles qu'elles. Pour l'explosif brut et le HME, des
objets courants tels que de simples bidons ou des sacs plastiques peuvent être utilisés.
2.4. Le contenant
C'est l'objet qui enveloppe la totalité ou partie des principaux éléments de l'EEI (bidon
plastique, récipient en métal, un sac à dos, etc.).
En fonction de la matière utilisée, les projections peuvent avoir des effets accrus.
Chapitre 2
LES FAMILLES D'IED
C'est la future cible qui déclenche involontairement l'IED. Il existe trois grandes sous-
familles de VOIED auxquelles nous ajouterons les systèmes de valorisation limitant la
manipulation d'un IED quel que soit son principe initial de déclenchement.
Sa mise en place est simple et son fonctionnement rudimentaire. Lorsque la victime exerce
une action, 2 contacteurs (lamelles de métal, billes métalliques, boutons à pression...) isolés
par un matériau non conducteur font office d'interrupteur dans un circuit électrique alimenté.
Sa mise en place est également simple et son fonctionnement est rudimentaire. lorsque la
victime exerce une action, volontaire ou non sur un fil ou un câble, celle-ci déclenche le
dispositif (par exemple : un matériau isolant fixé à un fil de traction séparant les deux
bornes d'un interrupteur alimenté électriquement).
Cette famille d'IED est déclenchée par le passage de la cible devant un capteur infra-rouge
(passif ou actif).
Il s'agit de valoriser l'IED par le biais de systèmes de déclenchement dans le but de rendre
plus difficile sa manipulation et/ou sa neutralisation. On distingue plusieurs catégories :
les Sensor Switch IED (SSIED), dont le déclenchement est provoqué par l'activation
ou l'excitation d'un capteur électronique à influence (sismique, acoustique,
magnétique, etc.) ;
les systèmes "mécaniques" anti-manipulation (par ex. : tilt, trembler, relâchement de
pression, etc.).
Il est à noter que ces dispositifs déclenchés par une interaction avec l'IED peuvent se
retrouver sur tout type d'IED (VOIED, COIED ou SXXIED) en tant que déclencheur
secondaire.
C'est l'adversaire qui déclenche à son initiative l'IED. Il existe trois grandes sous-familles de
COIED.
Il s'agit de déclencher l'IED à l'aide d'un moyen de transmission radio qui envoie un signal à
un récepteur qui, à son tour, initiera un détonateur. Il peut s'agir d'un transmetteur courte
distance (tel qu'une télécommande) ou longue distance (tel qu'un téléphone portable).
Le déclenchement de la charge est opéré par un individu qui se sacrifie. On distingue deux
sous-catégories principales de SXXIED :
Suicide Person Borne IED (SPBIED) : la charge est portée directement sur l'individu
le plus souvent sous forme de ceinture dissimulée sous les vêtements ;
Suicide Vehicle Borne IED (SVBIED) : la charge est dissimulée dans un véhicule
(mobylette, moto, voiture, camion, bus).
Suicide XX IED
Chapitre 3
LES PRINCIPES DE LUTTE CONTRE LES IED
aux zones de ralentissement générées par des déviations, des travaux, des
carrefours, les axes en pente, les passages à gué, les ralentisseurs etc. ;
Zones de ralentissement
aux rétrécissements, passages obligés dictés par la géographie des lieux (ponts,
tunnels) ;
Passages obligés
aux zones faciles à creuser : les passages à gué, les remblais, les zones
sablonneuses, les terre-pleins, etc.
Axes logistiques
Axes de patrouille
les points d'appui, points d'observation et leurs accès (en véhicules ou à pied) ;
Points d'appui
Zones de manoeuvre
2 - Les indices
Les indices qui concourent à la suspicion d'une pose d'IED sont de deux ordres : les indices
comportementaux et les indices matériels.
Ils sont généralement décelés en premier lorsque la population est présente sur le site de
pose et concernent les attitudes des autochtones. Ils sont à mettre en relation avec leur
mode de vie, leurs habitudes socio-économiques et la culture locale :
absence de population / trafic routier à un endroit habituellement fréquenté ;
changement d'attitude, départ précipité de la population lors de l'arrivée de la force ;
détour des autochtones afin d'éviter une portion d'itinéraire carrossable ;
utilisation d'une seule voie de circulation par le trafic civil sans raison apparente ;
individu filmant des activités ordinaires ou des actions militaires (dossiers d'objectif,
nouveaux matériels, analyse des techniques et procédures, etc.).
Ils se répartissent en deux catégories : les particularités présentes sur le terrain et les
éléments techniques entrant dans la constitution des IED (composants ou ce qui pourrait s'y
apparenter).
Dans la première catégorie, on retrouve :
traces de terrassement ou de rapiéçage sur le sol, dans le revêtement de la route,
dans les talus, merlons et remblais (terre remuée, taches d'humidité, taches de
couleur, saignées, végétation saccagée, contraste à l'observation thermique) ;
traces de rapiéçage d'enduit sur les murs ou parapets (carrés de crépis, de torchis
fraîchement réalisés, taches d'humidité, contraste à l'observation thermique) ;
Rapiéçage d'enduit
Tas divers
Ordures et déchets
Carcasses de véhicules
Marquages sommaires
Inscriptions
Fils électriques
brin de fil sortant du sol avec une extrémité libre (antenne ou éventuellement
extrémité de ligne de tir si deux brins sont présents) ;
cordeau détonant ;
Cordeau détonant
Munitions
batterie, pack de piles, flash d'appoint d'appareil photo et toute autre source d'énergie
pouvant alimenter un IED.
Alimentations
Les incidents IED revêtent de nombreuses formes tant sur le plan technique que sur le plan
tactique. Que la présence d'IED soit suspectée ou confirmée, la réaction de la force
reposera sur le même principe : la mise en œuvre de la règle des 5C :
Une multitude de modes opératoires pouvant se présenter, la réaction face à une menace
IED doit être adaptée à la situation sur le terrain.
Confirmer (Confirm) :
confirmer qu'il s'agit réellement d'un IED. C'est en priorité le travail d'un groupe de
combat du génie mais, en son absence, tout moyen permettant la confirmation
(observation à distance) devra être employé.
Ne jamais se mettre en situation de danger pour confirmer.
Communiquer (Call) ;
informer en priorité l'ensemble du détachement concerné par l'IED ;
rendre compte à l'autorité supérieure de la découverte afin de pré-alerter un
détachement d'astreinte (Quick Reaction Force ou QRF).
Se Couvrir (Clear) :
faire évacuer de la zone dangereuse (100 mètres minimum) ; en priorité les éléments
du détachement mais aussi la population locale éventuelle. Un rayon de 300 mètres
serait idéal, notamment pour les éléments débarqués ;
le chef de détachement choisira son site de chef d'incident ( ou ICP) à partir duquel il
gérera l'événement IED et lancera la vérification des points de stationnement de tous
ses éléments, dont le sien (5/25m).
Etablir un Cordon de sécurité (Cordon) :
prendre les points clés du terrain facilitant l'observation et favorisant la sécurité du
détachement, poser les appuis nécessaires à partir des véhicules (Points d'appui
véhicules – PAV) ou par du personnel à pied, afin de prévenir une éventuelle attaque
conventionnelle ou par IED.
Contrôler la zone (Control) :
maintenir le dispositif de sûreté jusqu'à l'arrivée de la QRF qui pourra renforcer le
dispositif :
préparer un élément de recueil QRF/EOD/SAN ;
éventuellement identifier et vérifier une Zone de Poser d'Hélicoptère (ZPH) et
conduire des patrouilles à pied ;
ne pas oublier de surveiller le site ou la zone de pose de l'IED.
Cette règle des cinq « C » reste une aide déterminante dans la gestion d'un événement IED.
Elle permet de s'assurer en sécurité de la sauvegarde, du sauvetage et de l'évacuation du
personnel touché, de la préparation à l'évacuation des matériels endommagés et d'anticiper
l'arrivée de renforts.
Chapitre 4
LES PROCÉDURES DE SAUVEGARDE
1 - Le 5/25
Le déclenchement d'un IED à moins de 5 mètres d'une cible a des effets létaux. A moins de
25 mètres, le déclenchement provoque de graves dégâts.
La procédure de sauvegarde du 5/25, s'utilise à chaque arrêt, quelle que soit sa durée, et
s'anticipe dès le ralentissement, que l'on soit en véhicule ou à pied. Elle vise à permettre à
tout détachement de déceler des indices de présence d'IED aux alentours immédiats des
véhicules ou de la troupe en stationnement, tout en exposant un minimum de personnel lors
de cette tâche.
Différentes appellations recouvrent la procédure du 5/25. Les appellations suivantes « 5/20
», « 0/5/25 » ou « 5/25/300 » ont toutes leur raison d'être mais par souci d'homogénéité de
langage, l'appellation de cette procédure est « 5/25 ».
Quel que soit le procédé retenu, les principes suivants s'appliqueront :
la vérification débute sous le véhicule ou à ses pieds ;
la sûreté à 300 mètres, et au-delà avec les moyens optroniques et thermiques, doit être
réalisée en même temps que le 5/25.
La mise en œuvre de la procédure du 5/25 s'inscrit aussi bien dans le cadre des arrêts
tactiques que techniques.
La technique standard du 5/25 décrite ci-dessous est parfaitement adaptée à des éléments
organiques de l'ordre du groupe de combat infanterie. Certains types d'unité ne pourront
pas l'appliquer faute d'effectif suffisant. Ainsi les équipages ou les unités à pied devront
adapter leur technique de vérification du terrain.
La mise en œuvre du 5/25 doit absolument être connue par chacun des occupants d'un
même véhicule. La répétition et la mise en place de la procédure type permettent de gagner
en temps et en efficacité.
Il est primordial que la méthodologie de la vérification soit établie en phase préparatoire de
la mission et non pas conduite à l'ouverture des portes.
1.1. Méthodologie.
La désignation du/des soldat(s) qui réaliseront le 5/25 sur une période donnée (Ex : N°1 et
N°2 pour les deux prochaines heures) et l'affectation de la zone de travail de chacun.
1.1.b. Le déroulement
1. N°1: zone plancher et secteur gauche (bleu) / N°2 : secteur droit (rouge) ;
2. N°1: vérifie d'abord sa zone de foulée avant de débarquer ;
3. la porte est refermée par les occupants du véhicule ;
4. N°1 vérifie sous le véhicule en faisant le tour complet (plancher et zones de
roulement) ;
5. si rien n'a été découvert, N°2 débarque à son tour ;
6. la porte est refermée par les occupants du véhicule ;
7. le binôme se met en place sur ses positions de départ respectives : N°1 à l'avant
gauche, N°2 à l'arrière droit.
5/25 : sectorisation
Il est admis que les deux personnes peuvent débarquer en même temps, chacun
s'occupant d'un demi-périmètre sous le véhicule. Cependant, il est préconisé le
débarquement d'une seule personne en premier lieu pour s'occuper exclusivement de la
vérification sous le véhicule. Lorsque cela est réalisé, le deuxième équipier peut débarquer
à son tour : l'élargissement de la zone à 5 mètres par les deux équipiers peut commencer.
A chaque sortie d'un occupant, les portes sont immédiatement refermées afin de protéger
les personnes restant à l'intérieur du véhicule.
Le procédé de cheminement dans chaque zone de travail est nécessairement le même pour
le binôme. En effet, le déplacement de manière symétrique a deux avantages :
il permet une gestion plus aisée des deux éléments par le coordinateur resté dans le
véhicule (la vigie) ;
il garantit le principe de maintien, autant que possible, du véhicule en écran ;
il n'existe pas de cheminement type, qualifié de réglementaire, mais trois règles
s'imposent :
respecter les distances de 5 et 25 mètres (la fatigue, le stress, le climat, la
fréquence d'intervention conduisent souvent à négliger cette règle) ;
réaliser la vérification effective de toute la zone concernée et notamment les
endroits plus difficiles d'accès (fossé, muret, végétation, etc). L'adversaire peut
compter éventuellement sur une vérification sommaire, l'incitant à négliger lui-
même son travail de pose en laissant un indice ;
garder le véhicule en écran pour limiter les effets d'une éventuelle explosion.
Il est préconisé un cheminement dit en "haricot" (cf. illustration ci-après) selon le procédé
suivant : la zone du 5/25 est scindée en deux secteurs identiques de part et d'autre d'un axe
fictif (axe médian du véhicule).
Chaque secteur ainsi créé est imparti à un élément du binôme désigné pour réaliser le 5/25,
chaque élément recoupant le secteur du second au niveau de cet axe fictif.
1.1.d. La coordination
Dans une configuration en colonne ou en convoi, un véhicule concerné par une suspicion /
confirmation dans sa zone peut rejoindre la position d'un autre véhicule en avant ou en
arrière pour profiter d'une zone vérifiée ou en cours de vérification.
Le chef d'élément rend compte à l'échelon supérieur pour prise de décision (annulation de
la mission, variation d'itinéraires, nouvelle articulation, 5C pour intervention EOD, etc.).
Certains actes réflexes ne seront pas systématiquement conduits dans l'ordre nommé supra.
En effet, chaque situation est particulière, les cas de figure sont multiples et par conséquent
des actions peuvent être menées simultanément en fonction de son degré d'urgence et de
la perception des risques par les personnes impliqués.
La sécurité des personnels sera recherchée à chaque fois que cela sera possible.
2 - Le 25/5
Le 25/5 s'utilise dans quelques cas bien précis et consiste simplement à effectuer la
vérification du terrain du plus loin (périphérie) vers le plus près (centre).
Le principal cas de figure demandant la mise en œuvre d'un 25/5 concerne la vérification
d'une zone après explosion d'un IED sous un véhicule. Si l'équipage de ce dernier n'est pas
en mesure d'effectuer son 5/25, un élément extérieur (binôme) sera envoyé sur zone afin
d'effectuer le 25/5. Avant d'engager les moyens d'évacuation du personnel et/ou les moyens
de dépannage, le 25/5 permet de se soustraire à la menace d'une doublette (second IED à
proximité immédiate du premier) puis de réaliser un bilan humain et matériel des
conséquences de l'attaque.
L'autre possibilité d'envisager la conduite d'un 25/5 concerne les points du terrain que l'on
souhaite occuper ; surtout si ces sites sont fréquemment utilisés par les AMI. Plus
précisément, les points naturellement favorables (barre rocheuse, mouvement de terrain)
ainsi que les zones aménagées (merlonnages, bastion wall, embossements) et non
surveillées sont particulièrement privilégiées par l'ENI car il les sait fréquentées
régulièrement par la force.
Quel que soit le cas, les mesures de sauvegarde (appui-protection et 5/25) sont réalisées
avant de s'engager dans la mise en œuvre du 25/5 :
1. observation visuelle : l'élément désigné pour la conduite du 25/5 se déplace en sûreté
(progression en "V") jusqu'à une distance de 25 mètres du site retenu et il effectue
une vérification visuelle du site ;
2. vérification du terrain de 25 à 5 mètres : un binôme ou un soldat effectue la
vérification du site en partant des 25 mètres jusqu'aux 5 mètres ;
3. vérification du terrain de 5 mètres au centre du point de stationnement : la vérification
est rétrécie jusqu'au point central du site ;
4. occupation du point de stationnement: le détachement s'installe sur la zone de terrain
vérifiée.
La vérification du point de stationnement d'un véhicule (hors attaque IED), réalisée par un
élément extérieur au véhicule concerné, s'effectuera avec la méthodologie du 5/25 c'est à
dire du véhicule vers les extérieurs. La priorité étant de s'affranchir d'abord d'une menace
létale.
Les différentes techniques déclinées ci-dessous servent à assurer la sauvegarde des unités
interarmes dans un environnement où les IED ne sont pas la seule menace.
En l'occurrence, elles sont la déclinaison de la notion anglaise du terme check (vérification)
utilisé dans ce document. Il ne faut pas la confondre avec la notion de search (fouille). La
mission de fouille est dévolue à des unités spécialisées.
Les techniques de vérification des points particuliers ou des itinéraires donnent une
méthode tactique destinée à découvrir des IED ou des indices de pose lors des phases de
déplacement. Il s'agit donc d'un catalogue de principes à transposer sur le terrain en les
adaptant à la situation.
Les différentes techniques présentées ici nous permettent de ne pas répéter
systématiquement les mêmes schémas.
Les Vulnerable Point Check (VPC) concernent la vérification de points particuliers du
terrain. Ces points particuliers ne sont nullement référencés, ils correspondent aux sites que
l'unité en déplacement décide de vérifier en raison d'un doute, d'indices précurseurs, d'une
information d'opportunité, sur ordre ou parce que le lieu est favorable à la pose d'IED.
Les Vulnerable Area Check (VAC) concernent la vérification de zones de terrain qui peuvent
être des surfaces multiformes (zones de démotorisation, d'appui, etc.) ou linéaires
(itinéraires des véhicules, sentiers pédestres, etc.). Comme pour la vérification de points,
l'initiative est laissée à l'unité en déplacement pour la décision d'opérer un check de la zone.
Elle peut en recevoir également l'ordre hot spot, renseignement, etc.).
Même si la priorité de ce genre de contrôle du terrain est laissée aux unités du génie, la
vérification visuelle de point et de zone est un savoir-faire interarmes.
Sur un théâtre où les risques tactiques sont marqués, les détachements affectés à la
vérification de leur zone d'évolution sont plus particulièrement vulnérables à la menace ALI
puisque accaparés par la détection visuelle à courte distance.
Lors de toute VPC, la mise en place d'appuis sera donc systématique.
Ces dispositifs d'appui ou de couverture seront plus à même de déceler ou de contrecarrer
: les plans d'un éventuel trigger ;
la mise en place d'une embuscade et/ou d'un IED.
Cette procédure est à réaliser sous bulle de brouillage sur les théâtres où les contre-
mesures électroniques sont employées.
Le 5/25 de chaque véhicule est réalisé (ou en cours de réalisation si les délais sont
contraints) avant le déroulement d'une méthode de check quelle qu'elle soit.
Le cheminement en "V", rencontré aussi sous la dénomination de "V inversé", reste la base
des techniques de vérification. Dans sa configuration standard, effectué avec 5 personnes, il
permet de vérifier les abords du point à reconnaître puis l'itinéraire.
Prenant la forme d'un triangle, base en avant et plus ou moins effilé selon la configuration
de l'itinéraire emprunté, il comprend deux équipes.
Une première entité indissociable de 3 personnes formant la pointe du "V" vérifie tout
particulièrement l'itinéraire et ses abords immédiats : il est qualifié de "petit V". Les
membres de ce triangle se répartissent l'itinéraire scindé en trois bandes :
la bande centrale est prise en compte par l'élément de pointe, chef du dispositif ;
les bandes latérales - correspondant aux bandes de roulement empruntées par les
véhicules - par les deux éléments de la base.
Cette équipe doit impérativement utiliser l'itinéraire. Elle a pour objectif de déceler tout
indice de pose ou élément d'un IED (traces de terrassement, terre foisonnée, marquages,
affleurements de métal, de plastique ou autres matériaux, charge explosive, système de
déclenchement, fils, pack de batteries, etc.).
Cette entité sera le format minimal apte à conduire un Vulnerable Point Check dans les
armées françaises.
La seconde entité correspond aux deux ailes du "V", que l'on pourra prolonger si les effectifs
le permettent. Ces éléments supplémentaires vérifient les bas-côtés au plus large. Il s'agira
pour eux de déceler des indices ou des éléments d'IED à distance de l'itinéraire (liaison
filaire, récepteur hertzien, antenne déportée, pack de batteries, poste de tir éventuel, etc.).
Il faut toujours prendre en compte le fait que les détachements conduisant les techniques de
check sont aussi pris pour cibles par des engins placés dans les zones d'évolution. Il faudra
donc sensibiliser les personnes désignées aux missions de vérification à l'ensemble du
spectre de la menace IED.
Plusieurs manières d'opérer dans la configuration en "V" sont possibles.
Une première technique consiste à dépasser le point à vérifier en restant dans la formation
initiale en "V" (cf. illustration ci-après). Le chef donne les ordres de déplacement et insiste
éventuellement sur une partie précise du compartiment de terrain. Il gère les arrêts en
fonction du déplacement des appuis.
Une seconde technique consiste à engager le "V" base en avant et, lorsque les ailes ont
dépassé le point, de les mettre en appui. Le "petit V" franchit le point sur l'itinéraire puis
progresse en tête, inversant ainsi le "V" sur une ligne donnée par le chef d'élément (cf.
illustration ci-après).
V inversé
La vérification du point pourra être conduite avec des effectifs supplémentaires, élargissant
d'autant la zone des recherches. Si le terrain le permet, un décalage dans la profondeur des
deux ailes est souhaitable. Ce sera également le cas pour les check de zones. Une aile du
"V" progresse en avant de l'autre ; le "petit V" fermant la marche. Cette disposition
supplémentaire permet une adaptation au terrain et une dispersion accrue du personnel (cf.
illustration ci-après).
V étendu
La technique en "fer à cheval" s'inscrit dans le contrôle ponctuel d'un point particulier du
terrain.
Elle comprend deux temps :
1. un détachement de quatre personnes vérifie en ligne les abords de l'objectif en le
contournant. Ce cheminement s'apparente à un "fer à cheval" pour finir à l'opposé de
sa base de départ, de l'autre côté de l'itinéraire ;
2. la vérification de l'objectif sur l'itinéraire par un dispositif en "V".
"Fer à cheval"
3.1.c. La "fourchette"
"Fourchette"
Particulièrement adaptée pour les engins de type CWIED ou RCIED dont les récepteurs
sont déportés, la boîte d'isolement ou « isolation box » se conduit en deux temps :
1. un détachement de quatre personnes vérifie le périmètre d'un carré d'environ 100 à
200 mètres de côté sous la forme d'une patrouille à la formation libre (colonne,
triangle, essaim). Le périmètre englobe le point à contrôler :
la base de départ se trouve à hauteur du premier véhicule. Un objet en guise de
repère est laissé au plus loin, à l'intersection du cheminement et de l'itinéraire
(identifié et connu du détachement) ;
si un indice est décelé, le détachement revient sur ses pas.
2. la vérification de l'objectif sur l'itinéraire par un dispositif en "V". Le repère sera alors
récupéré.
"Isolation Box"
Dans tous les cas de figure abordés ci-dessus et afin d'assurer l'observation et l'appui feu des
troupes débarquées, la colonne de véhicules suit la progression du dispositif en "V".
Chapitre 5
LA FOUILLE OPÉRATIONNELLE
1.1. Définition
La fouille opérationnelle (FO) est définie comme l’ensemble des activités pouvant être
menées par les forces armées pour trouver des ressources (informations, matériel ou
personnes dissimulés par l’adversaire).
Capacité de portée interarmées et interopérable, mise en œuvre de préférence sur
renseignement, la fouille opérationnelle bénéficie de l'appui de capacités concourantes et
repose sur la mise en œuvre de procédures systématiques.
La FO ne se limite pas à la lutte contre les IED (C-IED), même si elle y contribue. Son
emploi contre une organisation est à envisager dès lors que l'on cherche à la désorganiser
en attaquant prioritairement sa structure.
Ainsi, cette capacité destinée aux opérations extérieures peut être employée
exceptionnellement sur le territoire national après réquisition par les autorités civiles
compétentes, et dans le cadre déterminé par la constitution, les ordonnances et les lois
régissant le recours à la force militaire sur le territoire national.
1.2. Objectifs
2.1. Subordination
Niveaux de fouille
Tout combattant doit maîtriser le premier niveau qui comprend les savoir-faire et savoir-être
nécessaires à la fouille de personne et à la fouille de véhicule.
La FOE, à vocation essentiellement défensive, est mise en œuvre :
pour protéger un site par la fouille des personnes qui veulent y pénétrer ainsi que de
leurs véhicules ;
lors de patrouilles ou de missions de contrôle de zone pour fouiller les individus et les
véhicules suspects, déceler des indices d'activités suspectes et prendre les mesures
de sauvegarde avant l'intervention d'unités plus spécialisées (FOC, FOS, WIT
(weapons intelligence team, équipe de 4 personnes ayant pour mission de recueillir
les indices présents sur le terrain et/ou les personnes afin d'alimenter le processus
d'analyse technique et tactique), EOD, Police).
Destinés à recueillir du renseignement, à sécuriser une zone et à assurer une présence
dissuasive, les actes de fouille sont réalisés dans le respect des procédures prédéfinies,
notamment des ROE (rules of engagement).
Cette partie est développée dans le Titre IV - Combat PROTERRE en milieu ouvert.
La FOC est une capacité propre aux sections de combat des régiments du génie.
haute valeur ajoutée, voire quand l'absence de résultat n'est pas concevable. Il peut évoluer
dans un environnement hostile (présentant par exemple un risque avéré de piégeage) et
dans des milieux présentant un risque particulier (réseaux souterrains, cale de navire,
aéronef, objectif de grande hauteur, etc.).
Au sein du détachement FOS, tout le personnel est formé FOS y compris les conducteurs et
les radio-tireurs. Ceci contribue directement à accroître l'efficacité et la sécurité du
détachement lors des opérations de longue durée (possibilité d'intervertir les personnels) ou
pour les opérations débarquées qui imposent l'emport de nombreux matériels.
Chaque groupe FOS est doté des lots du génie et de plusieurs lots spécifiques dédiés à la
fouille :
lot de fouille de personne et de véhicule
; lot de prélèvement ;
lot de restitution de l'information ;
lot de fouille de zone ouverte et d'itinéraire ;
lot de fouille d'infrastructure, de voies ferrées, d'aéronef, de navire ;
lot d'investigation en milieu périlleux : pour intervenir dans des milieux particuliers
(grotte, cave, tunnel, galerie, puits, usine de production d'énergie, réseau d'égouts,
etc.) y compris dans des milieux privés d'oxygène.
Sur ordre du commandement, le groupe FOS peut utiliser son lot de destruction pour
détruire les munitions et matériels découverts ou accéder aux infrastructures et aux caches
lorsque la situation l'oblige.
Les capacités concourantes interviennent en amont, pendant ou après l'opération. Elles sont
déployées en fonction de la nature de l'objectif et de l'importance de l'opération.
Moyens concourants
ANNEXES
1 - Alvéole standard de 10 mm
L'alvéole est une pièce inerte, en matière plastique, située à l'intérieur du pétard et
comprenant un logement d'amorçage. A son extrémité extérieure un filetage standard de 10
mm lui permet de recevoir :
soit un raccord mixte indétectable modèle 1952
; soit un relais d'amorçage par cordeau
détonant.
Les pétards réglementaires français comportent tous une ou plusieurs alvéoles standards
d'amorçage.
Alvéole standard de 10 mm
Une fois bloqué, l'ensemble est parfaitement étanche. Il est donc préférable d'utiliser ce
raccord chaque fois qu'il existe un alvéole standard.
Composition du lot
Caisse n°15/1
Sac de transport
un exploseur électronique
ITS100.
Composition du lot
Sac de transport
La destruction sur un champ de tir, en dehors d'un tir en cours et pratiquée ponctuellement
ou périodiquement, de projectile n'ayant pas éclaté, artifice, pétard ou pain d'explosif
n'ayant pas explosé, élément de munition non entièrement désorganisé, débris de projectile
contenant encore une matière active ou non identifié, est, comme l'indique la PIA 207 et le
TTA 207(3), un acte de désobusage.
Son exécution incombe à un détachement spécial commandé à chaque fois que possible
par le chef de l'organisme de soutien munitions et comprenant obligatoirement du personnel
technique du matériel, c'est à dire au moins un artificier de cette arme.
Cette opération est régie par l'instruction n° 1642/DEF/EMAT/INS/FG/66 du 30 avril 1980
relative au désobusage des champs de tir(4).
Toutefois, le détachement spécial peut faire appel aux spécialistes NEDEX si ces munitions
sont enterrées ou difficiles d'accès, conformément à l'instruction n° 55/DEF/EMAT/BPO
/PPO/57 CD du 23 avril 1999.
Des munitions cessant d'être utilisées pour des raisons opérationnelles ou techniques
(réforme de commandement) ou non maintenues en service parce qu'irréparables (réforme
technique) peuvent, pour des raisons tenant à la sécurité, être détruites par les artificiers de
l'arme du matériel (instruction générale n° 11000/DEF/DSF/CC/1 du 15 mars 1990, relative
aux modalités d'application de certains articles du décret n° 90-144 du 14 février 1990 relatif
à la comptabilité des matériels de la défense). En outre, certaines munitions déclassées
pour mauvais résultats de visite détaillée ou d'expertise (classement 98) ou présentant un
caractère dangereux découvert à l'occasion d'une visite (classement 99, à détruire
d'urgence) sont également détruites par les soins des artificiers du matériel en métropole ou
lors d'opérations extérieures (circulaire n° 2150/DEF/EMAT/LOG/EOE du 06-02-1999).
6. Accidents de transport
Complément
1. Cas du spécialiste habilité à tenir cette fonction et agissant seul.
2. Directeur de mise en œuvre assisté d'un ou plusieurs moniteurs opérant ou non sous
l'autorité d'un coordonnateur.
3. La PIA 207 et le TTA 207 fixent les règles de destruction (immédiates ou non) des engins
dangereux, à effectuer par le soin des unités ayant effectué les tirs.
4. Instruction objet de l'annexe 3 du TTA 261 et insérée au BOEM 501 titre II.
5. Cas des munitions se trouvant dans un réceptacle d'artillerie et dont la recherche est
délicate, par exemple.
6. L'artificier juge de l'opportunité de demander à l'autorité territoriale compétente
l'intervention des NEDEX.
7. En application du décret n° 87-732 du 28 août 1987 modifiant les articles 5 et 7 du décret
n° 76-225 du 04 mars 1976 fixant les attributions respectives du ministre de l'intérieur et du
ministre de la défense en matière de recherche, de neutralisation, d'enlèvement et de
destruction des munitions et explosifs.
1 - Formation
Les cadres sont formés essentiellement dans les organismes de formation au cours de leur
cycle de formation (écoles de Coëtquidan, écoles d'armes). L'instruction peut se dérouler au
cours de stages et notamment au centre national d'entraînement commando (CNEC).
Dans ce cas, il y a lieu de distinguer très nettement, dans le programme, ce qui permet
d'attribuer la qualification pour la mise en œuvre des explosifs à l'instruction de ce qui est
propre aux techniques particulières dudit stage.
En outre, en vue de satisfaire les besoins des corps en officiers ou sous-officiers qualifiés,
les généraux commandant les régions terre peuvent, comme par le passé, organiser des
stages à leur initiative.
Ces actions de formation d'adaptation sont destinées en priorité aux officiers issus du rang
qui ne sont pas qualifiés en tant que sous-officiers et dont la fonction impose ou rend
souhaitable qu'ils le soient. Il n'est pas accordé de crédits supplémentaires aux régions pour
l'organisation de ces actions de formation qui doivent conserver un caractère relativement
exceptionnel.
2 - Programme
Les buts et le volume horaire à consacrer à la formation des cadres sont définis ci-dessous.
L'instruction est conduite conformément aux prescriptions du memento sur les explosifs et
les destructions.
EDT MMOE
Contrôle
Contrôle
Pour le personnel disposant d'une qualification DMOE et/ou MMOE, deux cas de figure se
présentent :
soit, la qualification est antérieure au 1er janvier 2004 et l'intéressé ne s'est pas vu établir
de diplôme ;
soit, la qualification est postérieure au 1er janvier 2004 et l'intéressé s'est vu établir un
diplôme (dont le modèle fait l'objet de l'annexe E).
Dans les deux cas, et sous réserve que le personnel concerné appartienne bien à l'une des
catégories définies dans l'annexe B, la qualification est avérée et reconnue. Mais depuis cette
date toute habilitation DMOE ou MMOE est annuelle et du ressort du chef de corps des
intéressés. Elle est officialisée par une décision du corps ou une note de service.
Afin de prononcer cette habilitation, chaque chef de corps pourra s'appuyer sur les critères
suivants :
soit, le personnel aura tenu la fonction de DMOE ou de MMOE ou suivi en doublure une
séance de destruction (d'instruction ou réelle) dans l'année écoulée ;
soit, le personnel aura remis à jour ses connaissances en matière de sécurité depuis
moins d'un an.