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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

MARK DRISCOLL

QUI
PENSES-TU
ÊTRE ?
Saisir la vérité sur son identité
en Christ
Édition originale publiée en langue anglaise sous le titre :
Who do you think you are? Finding your true identity in Christ • Mark Driscoll
© 2013 Mark Driscoll.
Édité par Thomas Nelson • P.O. Box 141000 • Nashville, TN 37214 • USA.
Traduit et publié avec permission. Tous droits réservés.

Édition en langue française :


Qui penses-tu être ? Saisir la vérité sur son identité en Christ • Mark Driscoll
© 2013 • BLF Europe
Rue de Maubeuge • 59164 Marpent • France
Tous droits de traduction, de reproduction et d’adaptation réservés.

Une coédition Éditions BLF et JPC


Traduction : Sarah Lecerf

Couverture : Dual identity, Éditions BLF


Photo auteur : John Keatley
Mise en page : Éditions BLF • www.blfeurope.com
Impression n° 09203130902 • Sepec • 01960 Péronnas • France

Sauf mention contraire, les citations bibliques sont tirées de la Bible version Segond 21 Copyright
© 2007 Société biblique de Genève. Reproduit avec aimable autorisation. Tous droits réservés. Les
italiques sont ajoutés par l’auteur du présent ouvrage. L’abréviation LSG correspond à la version
Segond 1910.

Coédition BLF
ISBN 978-2-36249-194-8 Broché
ISBN 978-2-36249-195-5 ePub
ISBN 978-2-36249-196-2 Mobipocket
ISBN 978-2-36249-197-9 PDF

Coédition JPC
ISBN 978-2-90525-323-1 Broché

Dépôt légal 4e trimestre 2013


Index Dewey (CDD) : 248.4
Mots-clés : 1. Identité (psychologie). Aspects religieux. Christianisme.
2. Perception de soi. Aspects religieux
TABLE DES MATIÈRES

Dédicace...............................................................7

Chapitre un
JE SUIS …… ?. .............................................9
Chapitre deux
JE SUIS EN CHRIST.........................................25
Chapitre trois
JE SUIS UN SAINT..........................................39
Chapitre quatre
JE SUIS BÉNI. ...................................................55
Chapitre cinq
JE SUIS APPRÉCIÉ. .........................................69
Chapitre six
JE SUIS SAUVÉ................................................83
Chapitre sept
JE SUIS RÉCONCILIÉ.......................................99
Chapitre huit
JE SUIS ÉPROUVÉ........................................ 115
Chapitre neuf
JE SUIS ENTENDU........................................ 131
Chapitre dix
JE SUIS DOUÉ................................................ 145
Chapitre onze
JE SUIS NOUVEAU....................................... 165

5
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Chapitre douze
JE SUIS PARDONNÉ..................................... 183
Chapitre treize
JE SUIS ADOPTÉ........................................... 201
Chapitre quatorze
JE SUIS AIMÉ................................................ 219
Chapitre quinze
JE SUIS RÉCOMPENSÉ................................ 235
Chapitre seize
JE SUIS VICTORIEUX................................... 251

Remerciements.............................................. 268
Notes................................................................ 269
Index................................................................ 277
JPC France, coéditeur..................................... 283

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DÉDICACE

À Ashley Driscoll.
C’est un honneur et une joie d’être ton papa chéri.
Maintenant que tu es devenue une jeune fille et que le
Saint-Esprit te prépare pour l’avenir que Jésus a pour
toi, je pense que l’idée principale de ce livre arrive à
point. Te savoir en Christ me réjouit et je prie que tu t’en
souviennes toujours. Ton Papa dans les cieux et ton papa
sur terre t’aiment profondément ! Maman et moi sommes
tellement bénis de t’avoir ! Merci d’être un vecteur de la
grâce de Dieu dans notre famille. C’est merveilleux d’avoir
des filles !

7
CHAPITRE UN

JE SUIS …… ?

Je vous ai sûrement déjà parlé de mon drôle de problème.


LÉONARD SHELBY, MEMENTO

Dans le film Memento, Léonard Shelby tente de retrouver l’as-


sassin de sa femme, mais le meurtrier lui ayant asséné un coup
sur la tête, Léonard souffre désormais d’amnésie antérograde : il est
incapable de se rappeler quoi que ce soit plus de quelques minutes.
Ce qui complique d’autant plus son enquête.
Pour pallier son amnésie, Léonard met en place un système
complexe de notes, polaroïds et tatouages pour se souvenir des
faits. Il espère ainsi rassembler les preuves qui lui permettront de
retrouver l’assassin de sa femme et de se venger. Malheureuse-
ment, quelques personnages douteux tentent de tirer profit de son
amnésie, et lui mentent sur son passé, sur son identité, et sur leurs
intentions.
Memento s’amuse à jongler avec les concepts d’identité et de
vérité. Au fur et à mesure du film, on doute de plus en plus de la
sincérité de Léonard. Dit-il vrai ? Qui est-il vraiment ? Dans une
scène-clé, Teddy, « l’ami » malhonnête de Léonard, lui dit :
— Tu ne sais plus qui tu es !
— Mais si, réplique Léonard. Je m’appelle Léonard Shelby. Je
suis de San Francisco.

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

— Ça, c’était toi avant. Il est peut-être temps que tu com-


mences à enquêter sur toi-même.
S’ensuit toute une série de révélations sur Léonard, qui le
poussent à remettre en question l’identité qu’il s’est forgée. Il passe
alors par une crise d’identité qui mène à la fin tragique du film,
tout cela parce qu’il est incapable de se rappeler qui il est.

CRISE D’IDENTITÉ
Nous, les chrétiens, nous ressemblons beaucoup à Léonard.
Nous avons aussi notre « drôle de problème ». Nous oublions conti-
nuellement qui nous sommes en Christ, et nous remplissons ce
vide en construisant notre identité sur quasiment tout ce qui n’est
pas Christ. Et nous nous demandons souvent, comme Léonard :
« Qui suis-je ? » C’est bien une question fondamentale qui met en
lumière nos croyances, façonne notre vie et forme notre identité.
La façon dont nous y répondons détermine notre identité et notre
témoignage. C’est triste, mais peu de personnes donnent la bonne
réponse… même parmi les chrétiens qui croient en la Bible et qui
aiment Jésus.
La manière dont nous nous voyons façonne notre iden-
tité. Notre culture définit l’identité en termes d’image de soi et
d’amour-propre. Or, je suis persuadé qu’une vision juste de notre
véritable identité peut tout changer, à la fois dans nos familles et
dans l’ Église.
Pendant des années, j’ai accompagné des personnes qui se dé-
battaient avec l’alcoolisme, la perversion sexuelle, l’orgueil, la dé-
pression, la colère, l’amertume, et bien d’autres problèmes. J’avais
souvent l’impression de parler à un mur : malgré les conseils bi-
bliques que je leur prodiguais, beaucoup semblaient soit ne pas en-
tendre, soit ne pas s’en soucier. Au contraire, ces gens continuaient
d’avancer sur leur voie de destruction. J’étais frustré et attristé : il
devait bien y avoir un moyen de les aider à trouver la liberté !
Avec l’aide de conseillers plus expérimentés, je me suis un
jour rendu compte que derrière les difficultés de la vie se cache
toujours la question de notre identité.

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JE SUIS …… ?

Le problème fondamental de notre monde est que nous ne


comprenons pas qui nous sommes réellement (des enfants de Dieu
créés à son image). Nous nous définissons donc par toutes sortes
de choses, excepté par Jésus. Nous ne pourrons faire face à nos dif-
ficultés et les surmonter qu’en prenant conscience de notre fausse
identité (hors de Christ) à la lumière de notre véritable identité (en
lui).
J’espère que, par la grâce de Dieu, par la vérité des Écritures
et par la puissance du Saint-Esprit, ce livre vous aidera à découvrir
votre identité en Christ et à vivre en conséquence.
Vous n’êtes pas ce que vous avez subi, mais vous êtes ce que
Jésus a fait pour vous. Vous n’êtes pas ce que vous faites, mais ce
que Jésus a accompli. Ce que vous faites ne détermine pas qui vous
êtes. En réalité, c’est plutôt ce que vous êtes en Christ qui déter-
mine ce que vous faites. Ce sont là des vérités fondamentales que
nous allons explorer en profondeur dans ce livre.

JE SUIS CRÉÉ À L’IMAGE DE DIEU


Savez-vous qui vous êtes ?
Comment répondre à cette question ? Par où commencer ? Eh
bien, commençons par le début : vous êtes créé à l’image de Dieu.
Vous portez en vous l’image de Dieu.
Puis Dieu dit : « Faisons l’homme à notre image, à notre
ressemblance ! Qu’il domine sur les poissons de la mer, sur
les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur toute la terre et sur tous
les reptiles qui rampent sur la terre ». Dieu créa l’homme à
son image, il le créa à l’image de Dieu. Il créa l’homme et la
femme. Genèse 1 : 26-27

Le Dieu trinitaire, qui vit dans une communion et une amitié


éternelles, nous a créés à son image. Seule l’humanité est honorée
de la sorte : Dieu n’a rien créé d’autre à son image. Cela signifie
concrètement que Dieu nous a créés pour le refléter (ou le réflé-
chir) comme le fait un miroir. Et dans une société où nous sommes
encouragés à passer beaucoup de temps à nous contempler de-
vant le miroir, il est utile de se rappeler, chaque fois que nous nous

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

regardons, que nous devons refléter Dieu pour les autres. Dieu nous
a créés pour refléter sa bonté et sa gloire autour de nous, comme
Moïse, dont le visage rayonnait la gloire de Dieu après avoir passé
du temps en sa présence (Exode 34 : 30).

Au bon endroit
Depuis le commencement de la création, les hommes se sont
heurtés à cette question de l’identité. Ce n’est qu’en nous situant
de manière juste et biblique entre Dieu et les animaux que nous
acquerrons à la fois humilité et dignité. C’est bien à cet endroit-
là que Dieu nous veut. En comprenant notre position en dessous
de Dieu en tant que créatures, nous restons humbles devant lui et
dépendants de lui. Et en prenant conscience de notre position de
domination sur la création, nous assumons notre dignité d’êtres
supérieurs aux animaux (sur le plan moral). En tant que créatures
reflétant l’image de Dieu, nous attendons aussi davantage de nous-
mêmes et des autres êtres humains.
Vous avez été créé par Dieu, et vous êtes sur terre pour re-
fléter Dieu et le glorifier. Et si vous êtes en Christ, vous serez avec
Dieu pour toujours quand vous mourrez ; vous le refléterez et le
glorifierez alors parfaitement, parce que vous serez sans péché.

Différentes manières de refléter Dieu


Refléter Dieu comprend plusieurs aspects : penser avec notre
tête, ressentir avec notre cœur et agir avec nos mains :
• Nous devons penser les pensées de Dieu et être d’accord
avec la vérité que révèlent les Écritures ;
• Nous devons ressentir ce que Dieu ressent : haïr
l’injustice et l’oppression, aimer, pleurer les conséquences
désastreuses du péché et nous réjouir de la rédemption ;
• Nous devons entrer dans l’œuvre de Dieu et utiliser nos
mains pour servir les gens (qu’ils soient chrétiens ou non)
par des actes de compassion et de générosité.

Lorsque nous reflétons un aspect de Dieu avec notre tête,


notre cœur et nos mains par amour pour lui et pour les autres,
nous accomplissons ce pour quoi nous avons été créés. Cela nous

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JE SUIS …… ?

réjouit ; cela nous permet d’aider les autres ; cela constitue un acte
d’adoration envers Dieu.
Puisque nous sommes faits à l’image d’un Dieu trinitaire,
nous sommes aussi créés pour l’amitié et la communion. Une
grande partie de ce que Dieu a prévu que nous accomplissions doit
être faite au sein de la communauté et par elle. C’est la raison pour
laquelle Dieu dit en Genèse 2 : 18 qu’il n’est « pas bon » que nous
soyons seuls (même si, à ce moment-là, le péché n’était pas encore
entré dans le monde). C’est pour cela aussi qu’il a créé un autre être
humain, afin que notre premier père, Adam, puisse refléter Dieu
avec notre première mère, Ève.
Quand Dieu a créé Adam et Ève, il leur a expliqué qu’ils
étaient libres de profiter de toute la création, à une exception près :
l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Il ne leur a pas parlé
parce qu’ils étaient pécheurs (la chute n’avait pas encore eu lieu),
mais parce qu’ils étaient humains. En tant qu’ humains avant la
chute, nous avions besoin d’entendre Dieu ; en tant qu’ humains
pécheurs, nous avons davantage besoin de l’entendre pour savoir
qui nous sommes et ce que nous devons faire et ne pas faire.
L’ennemi de Dieu, notre adversaire, incita nos premiers pa-
rents à pécher en créant une crise d’identité. Le père du mensonge
leur laissa entendre qu’ils ne voyaient pas leur véritable identité :
« vos yeux s’ouvriront et vous serez comme Dieu ». La Bible dé-
crit ensuite le jour où le péché est entré dans le monde : un jour
sombre, dévastateur, accablant et destructeur (Gen. 3).
Voici la vérité : Dieu nous a créés à sa « ressemblance », et c’est
là notre véritable identité. Mais Satan et les personnes qui ont les
mêmes motivations obscures que lui (comme les amis de Léonard
dans Memento), nous mentent à propos de notre identité, tout cela
pour servir leurs propres intérêts. Et voilà le mensonge : nous serons
« semblables à » Dieu si nous fondons notre identité sur quelqu’un
ou quelque chose d’autre que Dieu et sa grâce pour nous 1. Adam
et Ève se sont laissé prendre au piège. Au lieu de croire tout sim-
plement qu’ils étaient déjà « comme Dieu » parce que Dieu les
avait créés à sa « ressemblance », nos premiers parents ont mis en
doute l’identité qui leur avait été donnée par Dieu et ont cherché à
créer la leur en dehors de lui. Résultat : le premier péché et la chute.

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Depuis, les hommes connaissent une crise identitaire et cherchent


à se construire une identité par eux-mêmes, oubliant celle que
Dieu leur a déjà donnée.

Je suis un adorateur
Dieu nous a créés adorateurs, et la vraie adoration commence
avec d’une part, la doctrine de la Trinité, et d’autre part, la doc-
trine de l’ homme comme porteur-de-l’image-de-Dieu. Dans son
excellent livre sur l’adoration, Harold Best décrit la Trinité comme
le « déverseur continuel » par excellence, celui qui se déverse
continuellement en un dialogue, un amour, une amitié et une joie
éternels entre les personnes de la Trinité 2. Étant créés à l’image
de Dieu, nous sommes également des adorateurs incessants et des
déverseurs continuels :
Nous avons été créés déverseurs continuels. Notez bien
que je n’ai pas dit que nous avons été créés pour être des
déverseurs continuels. Je ne dis pas non plus que nous
ayons été créés pour adorer. Cela voudrait dire que Dieu est
quelqu’un d’incomplet qui aurait besoin de quelque chose
d’extérieur à lui-même (l’adoration) pour se sentir complet.
Il serait même risqué de dire que nous avons été créés
pour l’adoration, car ce serait conclure que l’adoration est
extérieure à notre nature humaine, et réservée à certains.
Stratégiquement, il est donc préférable de dire que nous
avons été créés déverseurs continuels ; nous avons été créés
dans cet état, à notre naissance, imago Dei [image de Dieu] 3.

L’adoration n’est pas qu’un simple aspect de notre être, mais


l’essence même de ce que nous sommes. Best définit l’adoration
comme suit : « L’adoration est le déversement continuel de tout ce
que je suis, de tout ce que je fais et de tout ce que je peux devenir,
indépendamment du dieu que j’adore 4 ».
Notre adoration ne commence pas pour s’arrêter deux heures
plus tard. Elle ne se limite pas à un bâtiment dans lequel nous nous
retrouvons pour le culte et chantons des chants d’adoration. En
réalité, notre vie entière est un déversement continuel d’adoration
de quelqu’un ou de quelque chose. Autrement dit, nous sommes

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JE SUIS …… ?

des « adorateurs continuels 5 ». Nous ne sommes pas créés pour


adorer, nous sommes plutôt créés déjà-en-train-d’adorer.
Dans la vie, tout est sacré et rien n’est séculier. L’idée que la
vie peut être compartimentée de la sorte est un mensonge de Satan.
Tout le monde (des athées aux chrétiens) adore continuellement.
Aux yeux de Dieu, nos choix, nos valeurs, nos dépenses, nos pa-
roles, nos agissements et nos pensées constituent des actes d’ado-
ration. Ils définissent notre identité. La vraie question est : quel est
l’objet de notre adoration ?
L’ humanité peut être séparée en deux catégories : ceux qui
adorent le Créateur et ceux qui adorent les choses créées. À cause
du péché, nous sommes enclins à adorer tout ce qui n’est pas le
Dieu qui a tout créé. C’est de l’idolâtrie.
L’idolâtrie consiste à faire d’une bonne chose créée par
Dieu un dieu en soi, ce qui en fait une mauvaise chose. L’idolâ-
trie est tellement destructrice et répandue que David Powlison dit
à juste titre : « L’idolâtrie est de loin le problème le plus confronté
dans les Écritures 6 ».
Ce sur quoi nous fondons notre identité et nos valeurs de-
vient « déifié ». L’objet déifié de notre adoration détermine ensuite
ce que nous glorifions et ce pour quoi nous vivons. Si cet objet
n’est pas Dieu, nous sommes des idolâtres qui adorent les choses
créées. C’est exactement ce que dit Paul en Romains 1 : 25, quand
il parle d’idolâtres « qui ont remplacé la vérité de Dieu par le men-
songe et qui ont adoré et servi la créature au lieu du Créateur, qui
est béni éternellement ». En bref, notre identité a puisé ses racines
dans notre idolâtrie, et de là découle notre adoration pécheresse.
Il est par conséquent vital que nous apprenions à connaître ce que
j’appellerais notre idolâtrie identitaire.

IDOLÂTRIE IDENTITAIRE
Pour vous aider à comprendre ce que sont les idoles, pensez-y
en termes de possessions, de devoirs, de relations, d’attentes et de
souffrances.

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Possessions
Nos possessions projettent publiquement l’image que nous
désirons donner. La liste des exemples est sans fin : voiture, garde-
robe, technologies, maison, bijoux, meubles, etc. Le consumérisme
est devenu notre religion. La société de consommation est telle-
ment répandue que nous la tenons pour acquise. Elle touche qua-
siment tous les aspects de notre vie. Où que nous posions le regard,
nous trouvons une publicité qui nous incite à acheter des choses
dont nous n’avons pas besoin avec un argent que nous n’avons pas,
tout cela pour impressionner des gens que nous ne connaissons
pas.
Le phénomène de consommation dans notre société présente
trois caractéristiques principales :
Premièrement, le consumérisme n’est pas qu’un comporte-
ment. En termes chrétiens, c’est une vision du monde qui nous
dit qui nous sommes. Si les possessions définissent notre identité,
alors, la marque de nos vêtements ou de notre voiture est capitale.
Deuxièmement, le consumérisme est bien souvent dirigé par
un désir d’acquérir un statut et un certain prestige aux yeux de ses
semblables. Le sociologue Thorstein Veblen, à l’origine de l’expres-
sion « consommation ostentatoire », a exprimé cette idée à la fin du
siècle dernier. Il avance l’idée que le principal moyen d’acquérir un
certain prestige social et du pouvoir est d’afficher visiblement ses
loisirs et sa consommation. Le prestige social est directement lié à
la richesse. Et l’on prouve sa richesse en l’étalant.
De nos jours, nous ne comparons plus nos possessions à celles
des générations précédentes ou à celles de nos voisins. Depuis que
la télévision exhibe les propriétés des plus riches de ce monde, c’est
avec l’élite que nous nous comparons. Résultat ? Convoitise, dé-
penses inconsidérées et endettement, le tout alimenté par la publi-
cité. Cette sorte de « consommation concurrentielle » pousse Mon-
sieur et Madame Tout-le-monde à travailler plus et à passer moins
de temps avec ceux qu’ils aiment. Ils vivent esclaves de leurs dettes,
tout en essayant constamment de mettre en avant un sentiment
faussé d’identité et de valeur personnelle.

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JE SUIS …… ?

Troisièmement, la valeur des produits n’est pas liée unique-


ment à leur utilité ; ils nourrissent continuellement notre identité.
Ceci explique pourquoi les biens de consommation sont tellement
plus que de simples objets que nous utilisons. Ce sont des choses
pour lesquelles nous sommes prêts à nous battre, et parfois même
à tuer.
Le fait est que dans notre société de consommation, nos biens
sont porteurs de sens. Ils nous définissent, ils envoient des signaux
sociaux aux autres et construisent notre identité. Par conséquent,
si nous ne portons pas de vêtements de marque, si nous condui-
sons une vieille voiture ou nous contentons d’une technologie un
peu dépassée, notre qualité d’être humain s’en trouve dégradée.
Autrement dit, quand le consumérisme est notre religion et l’objet
de notre adoration, « les choses qu’on possède finissent par nous
posséder », pour citer Tylor Durden dans le film Fight Club (1999).
Le problème ne se trouve pas au centre commercial, mais en
nous. Faire des achats n’est pas un péché, et jouir de nos posses-
sions non plus. Cependant, quand ces choses deviennent la source
de notre identité, nous sommes coupables d’idolâtrie.

Devoirs
La vie est pleine de devoirs. Tout commence avec les corvées
et les devoirs à l’école, puis cela continue avec les exigences dans
le monde du travail, les obligations du ministère dans l’ Église, les
devoirs conjugaux et les responsabilités parentales dans la famille.
Nos devoirs peuvent être un moyen d’adorer Dieu (ce qui est cor-
rect) ou ils peuvent devenir un dieu que nous adorons (ce qui est
incorrect).
Si c’est en accomplissant vos devoirs que vous trouvez votre
identité, vous aurez beaucoup de soucis. Tout d’abord, vous serez
toujours à la recherche d’un domaine dans lequel vous pourrez
exceller et faire mieux que les autres, montrant ainsi votre supé-
riorité. Une fois que vous penserez avoir trouvé votre « truc », vous
vous engagerez à maîtriser ce domaine, et probablement que cela
deviendra une obsession. Le reste (comme votre santé) n’aura plus
aucune importance à vos yeux et vous le sacrifierez volontiers sur
l’autel du succès dédié au dieu Réussite. Vous acquerrez bientôt un

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

tel esprit de compétition que gagner sera tout ce qui compte. Plus
vous gagnerez, moins vous éprouverez de compassion envers les
gens ; avec le temps, ce manque de compassion se transformera en
mépris pour ceux qui souffrent, qui se débattent ou qui échouent.
Votre succès vous rendra orgueilleux et désagréable, parce que
vous vous vanterez tout le temps de vos réussites (ne serait-ce qu’en
détournant discrètement la conversation vers vos exploits, dans
votre recherche constante de compliments). Et si vous échouez ou
perdez, vous deviendrez déprimé et paniqué, vous serez dévasté,
ce qui fera de vous une personne triste… et de triste compagnie.
Vous n’êtes pas ce que vous faites. Dieu vous a accordé des
talents naturels, des dons du Saint-Esprit et des capacités uniques.
Bien sûr, vous avez aussi des devoirs, mais ils ne vous définissent
pas, car votre identité n’est pas déterminée par ce que vous accom-
plissez. En réalité, c’est ce que vous êtes en Christ qui vous aide
à assumer fidèlement vos devoirs et à utiliser vos capacités, sans
que celles-ci ne deviennent l’essence de votre dignité et de votre
identité.

Relations
Dieu nous a créés pour l’amitié et le relationnel. C’est une
bonne chose de développer des relations dans notre vie. Mais
comme pour tout, cette bonne chose peut devenir un dieu si nous
faisons des autres la source de notre identité. C’est ce qui se passe
dans notre identification à une tribu de personnes (au sens large),
et dans nos relations individuelles avec les gens (au sens plus res-
treint).
Votre tribu est la grande communauté à laquelle vous vous
identifiez le plus. Elle peut comprendre votre famille, mais aussi les
gens de votre ville, de votre école, de votre classe et de votre club
de sport. Peuvent également s’y trouver ceux dont la nationalité,
la race, le genre, l’origine ethnique, la culture, le revenu, les loisirs,
le parti politique, l’affinité théologique, l’orientation sexuelle, etc.,
sont identiques aux vôtres. Bien qu’il soit bon de développer des
relations, nous en faisons souvent quelque chose de mauvais en
fondant notre identité sur nos tribus et en faisant d’elles des idoles.

18
JE SUIS …… ?

Si vous idolâtrez votre tribu, vous allez diaboliser les autres


tribus. C’est ce qui explique l’ hostilité souvent affichée entre na-
tions, villes, genres, races, écoles, classes, cultures, supporters,
églises, partis politiques, systèmes d’éducation (public, privé), et
même entre dénominations chrétiennes.
Si les autres constituent notre identité, nos relations per-
sonnelles deviennent malsaines. Pour évoquer cette tendance à
rechercher notre identité auprès des autres, on emploie souvent
les expressions suivantes : céder à la pression du groupe, cher-
cher à plaire aux gens, être codépendant ou craindre les hommes.
Concrètement, ceci explique pourquoi nous changeons notre ap-
parence ou notre comportement en fonction des personnes que
nous côtoyons et des gens que nous voulons impressionner.
Les idoles de l’indépendance et de la dépendance sont le ré-
sultat d’une identité fondée sur nos relations.
L’idole de l’indépendance consiste à craindre, à juste titre,
que les gens ne déterminent notre identité. Malheureusement,
cette crainte, légitime en soi, peut nous pousser à éviter toute rela-
tion intime parce que nous redoutons d’être blessés par les autres.
Mais là encore, nos relations contrôlent notre identité.
Inversement, ceux d’entre nous qui servent l’idole de la dé-
pendance sont incapables de rester seuls. S’ils sont célibataires, ils
devront impérativement se trouver une amitié profonde ; s’ils sont
mariés ou en couple, ils auront des attentes démesurées envers leur
partenaire. Ils ne peuvent supporter l’idée d’être seuls. Cela peut
sembler affectueux, mais lorsque nous nous débattons avec l’idole
de la dépendance, nous n’aimons pas vraiment les gens : en réalité,
nous nous servons d’eux pour combler notre besoin d’appartenir,
d’être apprécié et désiré.
C’est la raison pour laquelle certains amis ou proches peu-
vent se montrer tellement exigeants, étouffants et en manque d’af-
fection. C’est aussi pourquoi les éloges peuvent si facilement nous
gonfler à bloc et la critique nous mettre à plat. C’est comme si les
gens avaient la capacité de déterminer qui nous serons chaque jour
par un simple mot ou même juste un regard. En leur octroyant ce
pouvoir sur notre vie, nous faisons d’eux des dieux qui règnent sur
nous et définissent notre identité. Et, à l’ère de l’internet, où cha-

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QUI PENSES-TU ÊTRE ?

cun peut exercer ce pouvoir aux yeux de tous, une certaine anxiété
constante nous dérobe notre joie et notre paix.

Attentes
Nous rêvons tous d’un meilleur lendemain, ce qui nous aide
à persévérer aujourd’ hui. Mais ces attentes peuvent constituer la
source de notre identité. Notre vie est alors gouvernée par nos sen-
timents et notre avenir plutôt que par notre présent et l’œuvre de
Dieu pour nous, dans le passé, le présent et l’avenir.
À cause de nos attentes, notre identité peut évoluer comme
une montgolfière poussée au gré des vents. Les jours où nous
sommes en pleine forme, où nous recevons de bonnes nouvelles
ou lorsque nous accomplissons quelque chose de grand, nous nous
sentons puissants et pleins d’espoir. Les jours où nous sommes ma-
lades, où nous recevons de mauvaises nouvelles, ou quand nos pro-
jets tombent à l’eau, nous nous sentons impuissants et désespérés.
Certaines personnes vivent de manière versatile sur le plan émo-
tionnel : elles atteignent des sommets quand leur identité s’envole
et touchent le fond quand elle s’écrase.
Si nous vivons pour l’avenir, alors, notre identité est toujours
là quelque part, demain, au coin de la rue. Elle ne se trouve pas
dans la réalité présente, garantie par Jésus et son œuvre à la croix.
Nous fondons tous nos espoirs sur la carotte agitée devant nous.
Souvent, nous confondons l’idolâtrie identitaire enracinée
dans nos attentes avec l’espérance biblique, bonne et nécessaire.
La Bible parle beaucoup d’espérance, résultat de la foi en Dieu. Si
nous croyons sincèrement que Dieu est vivant, bon et à l’œuvre
dans nos vies, nos attitudes et nos actions en sont transformées.
L’espérance nous aide à nous lever le matin, à chercher la face du
Seigneur dans la prière et à affronter la journée. Mais il arrive que
nous nous servions de l’espoir d’une manière pécheresse ; c’est le
cas lorsque nous sommes convaincus que notre identité tant dési-
rée viendra plus tard et que nous ne vivons pas dans celle qui est
déjà une réalité présente.
Les gens qui fondent leur identité sur l’avenir sont souvent
religieux, sincères et optimistes. Ils aiment parler de la foi et de la
confiance en Dieu. Ils ont souvent tendance à paraître très spiri-

20
JE SUIS …… ?

tuels et à citer des versets hors contexte sur le chrétien victorieux.


Ils y ajoutent des phrases toutes faites telles que : « Quand Dieu
ferme une porte, il ouvre une fenêtre » ou : « Dieu a quelque chose
de mieux en réserve ». Ils trouveront leur identité en étant guéris,
en se mariant, en ayant des enfants, en accomplissant leur minis-
tère, en s’assurant une stabilité financière, en arrivant à la pro-
chaine saison de leur vie, etc.
Planifier et aspirer à un meilleur lendemain n’est pas un pé-
ché. Ce qui en est un, en revanche, c’est de fonder sa joie et son
identité sur ce que l’on sera, ce que l’on fera ou ce que l’on possé-
dera demain par ses propres efforts, au lieu de les fonder sur Christ
aujourd’ hui, ce qu’il nous fera devenir, ce qu’il nous fera faire et ce
qu’il nous donnera demain.

Souffrances
Tant que nous vivrons, nous souffrirons. Nous souffrons phy-
siquement. Nous souffrons émotionnellement, quand nous bles-
sons les gens ou quand ils nous blessent. Nous souffrons financiè-
rement, nous débattant pour nous en sortir, pour trouver ou garder
un bon travail. Nous souffrons mentalement, que ce soit en raison
de nos lourdes responsabilités ou des injures et de la critique dont
nous faisons l’objet au quotidien. Nous souffrons affectivement,
quand nos amis nous trahissent, quand nos enfants nous ignorent
ou quand notre conjoint nous abandonne. Nous souffrons spiri-
tuellement, quand, en pleine détresse, nous avons l’impression que
Dieu est trop occupé et trop loin pour s’intéresser à nous.
Nous pouvons facilement laisser notre souffrance déterminer
notre identité. Notre douleur peut être déchirante et insoutenable.
Il est certes difficile de dire à un malade du cancer, à un divorcé ou
à une victime de viol que sa douleur n’est pas ce qui le ou la défi-
nit. Cependant, si nous aimons réellement ceux qui souffrent, nous
devons leur expliquer avec humilité, délicatesse et patience que la
vie chrétienne n’est pas synonyme d’une vie sans souffrance. Notre
souffrance doit en fait nous pousser à nous identifier à Jésus, qui a
souffert plus que n’importe qui, pour nous.

21
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Brigitte l’a bien compris.On lui a diagnostiqué un cancer cé-


rébral il y a quelques années. Deux semaines plus tard, elle subis-
sait une opération pour retirer la tumeur.
Elle pensait qu’elle s’en remettrait rapidement, et que tout
rentrerait dans l’ordre. Mais elle s’est vite rendu compte que sa vie
serait désormais complètement différente.
La tumeur avait rongé son crâne et l’avait traversé, causant
une protubérance sur sa tête (le principal symptôme qui a conduit
à ce diagnostic). Le neurochirurgien a donc dû ôter cette partie
du crâne et couvrir la cavité à l’aide de plaques de titane et de vis.
Depuis, elle est sujette à de constants maux de tête, et cette dou-
leur chronique lui rappelle chaque jour sa tumeur cérébrale. Elle
souffre encore aujourd’ hui d’autres effets secondaires, comme des
changements dans sa façon de répondre aux gens, sa manière de
traiter certaines informations, etc.
Et pour aggraver la situation, elle a démissionné de son travail
six mois après l’opération et a emménagé chez ses parents, dans
l’espoir de se remettre et de « retrouver une vie normale ». Au lieu
d’y trouver un environnement sain et aimant, propice à la gué-
rison, elle a dû se charger des problèmes de santé de ses propres
parents. Elle explique :
Ma vie ressemblait plus à de la survie au jour le jour ; j’étais
coincée dans cette situation parce que je n’avais pas
d’argent. Et je ne pouvais pas travailler pour en gagner et
partir. Cette période de tourmente et d’obscurité a duré des
années.

Par la grâce de Dieu, Brigitte a finalement pu toucher une


pension d’invalidité, ses parents ont eu droit à une aide à domicile.
Elle a ainsi pu les quitter et emménager seule :
J’ai enfin pu vivre dans un environnement sûr et normal,
avec chaque semaine des prédications, des enseignements,
des chants à la gloire de Jésus, des contacts avec d’autres
chrétiens (j’avais été isolée pendant une longue période)
et l’action paisible du Saint-Esprit. Il m’a fallu environ un an
et demi dans cet environnement pour comprendre sur quoi
j’avais fondé mon identité : j’étais avant tout une “rescapée

22
JE SUIS …… ?

du cancer”. Je n’avais pas été une chrétienne qui avait eu


une tumeur cérébrale, mais une rescapée du cancer qui,
accessoirement, était aussi une chrétienne.

Parce qu’elle a compris cela, Brigitte a pu arrêter de fonder


son identité sur la survie à sa tumeur. Elle a commencé à se voir
comme une fille bien-aimée de Dieu avec un grand frère en la per-
sonne de Jésus, qui a souffert pour elle, pour qu’elle n’ait pas à se
définir par sa propre souffrance.

Elle a compris que sa survie au cancer, avec les limitations et


les cicatrices qui en résultent, représentait une grande partie de sa
vie, mais pas son identité : « Toutes ces souffrances expliquent ce
que je suis devenue, mais ne définissent pas qui je suis ».
Ça ne veut pas dire que la vie soit facile. Elle témoigne :
J’essaie d’appliquer à ma vie tout ce que je sais. Mon
identité est désormais en Jésus, à travers lui et à cause de
lui, mais ma vieille identité s’est agrippée à moi pendant
très longtemps. Il va falloir du temps pour que les anciennes
habitudes disparaissent et fassent place à de nouvelles.
Je sais que cette année, pour la première fois de ma vie, j’ai
été capable de me rappeler le jour du diagnostic et l’opération
sans pleurer sur les années écoulées, mais en me réjouissant
d’être toujours en vie. Je sais que Jésus a été plus présent
que jamais dans mes paroles et dans mes écrits. Je sais que
malgré les jours où je lutte et retombe dans mon ancienne
mentalité, j’ai l’espoir d’un avenir, et pas simplement un avenir
quelconque : un avenir qui en vaut la peine. Et je sais que je
veux en apprendre davantage sur la grâce.

Qu’en est-il pour vous ? Comment votre pire journée, votre


souffrance la plus atroce ou votre perte la plus douloureuse a-t-elle
influencé votre vie au point de devenir votre identité ? Comment
pouvez-vous faire en sorte de n’être plus défini par la douleur et la
souffrance, mais par Jésus, comme l’a fait Brigitte ? Ce ne sera pas
facile, mais c’est nécessaire.

23
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

CRISE D’IDENTITÉ
La plupart d’entre nous vivent sans connaître la source de leur
identité. Ils n’en prennent conscience que lors d’un changement,
souvent sous la forme de difficultés ou de souffrances. Quand un
individu fait face à l’adversité, il passe par une crise. Que ce soit
son mariage, ses enfants, son apparence, ses richesses, son succès,
sa carrière, sa vie religieuse, son parti politique, son cheval de ba-
taille, sa relation sentimentale, ses biens précieux, etc., son idole
s’écroule sous le poids de sa divinité. L’individu comprend alors
brusquement qu’il avait construit son identité sur une idolâtrie.
Une fois qu’il ressent cette crise d’identité, un schéma de ges-
tion de crise se met en place. Tout d’abord, il craint que la source
de son identité ne lui fasse défaut ou ne lui soit retirée. Puis, alors
que son identité commence à chanceler, il panique et cherche à
sauver son idole identitaire. Enfin, quand son identité lui fait dé-
faut, il cherche à rendre quelqu’un responsable.
Ce genre de reproche prend plusieurs formes. Certains re-
prochent à Dieu d’avoir pris leur idole et éprouvent de l’amertume
envers lui. Certains blâment les autres et deviennent rancuniers,
colériques et même violents envers eux. D’autres encore s’accusent
eux-mêmes, ont l’impression d’être des ratés et se détestent.
La plupart des personnes qui perdent leur idole identitaire se
contentent d’en choisir une autre au lieu de se tourner vers Jésus-
Christ. Résultat : ils répètent encore et encore ce processus doulou-
reux dans leur vie. Ces personnes passent d’une dépendance à une
autre, d’une obsession à une autre, d’un engagement religieux à un
autre, d’une relation à une autre, tout en cherchant sans cesse la
réponse à la question : « Qui suis-je ? » En attendant, ils ne trouvent
jamais la seule vraie réponse à leur crise d’identité : Jésus.
Le reste de ce livre est consacré à vous aider à découvrir la
puissance et la joie que l’on ne peut trouver que dans une identité
fondée et soutenue par Jésus et en lui. Je prie que vous puissiez
trouver la réponse à la question « Qui suis-je ? » en Christ, celui qui
est JE SUIS.

24
CHAPITRE DEUX

JE SUIS EN CHRIST

Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ.


1 CORINTHIENS 15 : 22

Nous aimons les bonnes biographies, n’est-ce pas ? Nous


avons grand besoin d’espoir et d’exemples de courage, de consécra-
tion, de sacrifice et de victoire. Si vous parcourez les allées d’une
librairie, vous y trouverez une section entière dédiée aux biogra-
phies. Si vous allumez votre téléviseur, vous y verrez en boucle des
films biographiques. Mais Dieu vous offre quelque chose de bien
meilleur qu’une simple biographie : il vous offre un témoignage.
Une biographie parle d’une personne, de sa vie, de ses actions,
de son engagement. Dans une biographie, la personne est le héros
qui se sauve lui-même d’un destin funeste. Dans une biographie,
l’auteur ignore volontairement le péché pour ériger le personnage
central en sauveur. Ceci explique pourquoi la plupart des gens ne
savent pas qu’Abraham a donné sa femme à un autre homme à
deux reprises (Gen. 12 et 20), que Noé s’est écroulé saoul et nu sous
sa tente (Gen. 9 : 20-21) et que le grand roi David a commandité un
assassinat politique de son lit de mort (1 Rois 2 : 8-9). Ceci explique
aussi pourquoi la majorité des lecteurs ignore que Gandhi était un
bisexuel qui a abandonné sa femme pour vivre avec un culturiste,
et qu’il appréciait également d’avoir de très jeunes filles nues dans
son lit 7 ; que les célèbres leaders chrétiens John Wesley, A. W. Tozer,

25
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

David Livingston et Hudson Taylor étaient tous d’ horribles maris


et pères qui négligeaient leur famille ; et que William Wilberforce,
qui s’est battu pour l’abolition de l’esclavage, était accro à l’opium 8.
Un témoignage, en revanche, parle de Jésus, de sa vie, de ses
actions, de son engagement. Dans un témoignage, Jésus est le héros
qui me sauve d’un destin funeste marqué par le péché, la mort,
l’enfer et la juste colère de Dieu. Dans un témoignage, les pécheurs
devraient se montrer honnêtes pour que l’on sache clairement qui
est le vrai Sauveur.

LE PREMIER ET LE DERNIER ADAM


Dans la Bible, Paul nomme Jésus le « dernier Adam » (1 Cor.
15 : 54) : il est la réponse à l’idolâtrie et le rédempteur de l’ huma-
nité, alors que le premier Adam était la source de l’idolâtrie et le
responsable de la chute de l’ humanité. Le premier Adam s’est dé-
tourné du Père dans un jardin ; le dernier Adam s’est tourné vers le
Père dans un jardin. Le premier Adam était nu et sans honte ; le
dernier Adam était nu et a porté notre honte. Le péché du premier
Adam nous a apporté des épines ; le dernier Adam a porté une
couronne d’épines. Le premier Adam a voulu prendre la place de
Dieu ; le dernier Adam était Dieu qui a pris la place des pécheurs.
Le premier Adam a péché au pied d’un arbre ; le dernier Adam a
porté notre péché sur un arbre. Le premier Adam est mort en tant
que pécheur ; le dernier Adam est mort pour les pécheurs.
D’après la Bible, nous mourons en Adam, mais nous sommes
nés de nouveau en Christ : « Et comme tous meurent en Adam, de
même aussi tous revivront en Christ » (1 Cor. 15 : 22). En Adam
se trouve la condamnation, mais en Christ se trouve le salut. En
Adam, nous recevons une nature pécheresse, mais en Christ, nous
recevons une nouvelle nature. En Adam, nous sommes maudits,
mais en Christ, nous sommes bénis. En Adam se trouvent la colère
et la mort, mais en Christ se trouvent l’amour et la vie.
Dans la vie, il y a deux équipes. Chacun d’entre nous joue sur
le terrain soit de l’une, soit de l’autre. Les décisions du capitaine
affectent toute l’équipe. Pour le meilleur ou pour le pire. Il n’est pas
le seul à gagner ou à perdre : toute son équipe gagne ou perd à ses

26
JE SUIS EN CHRIST

côtés. Le capitaine de l’une de ces équipes est Adam ; le capitaine


de l’autre équipe est Jésus. Dans notre société, vous pouvez clas-
ser les gens de plein de façons différentes, mais dans la Bible, vous
trouverez uniquement ces deux catégories : ceux dont l’identité est
en Adam et qui partagent sa défaite, et ceux dont l’identité est en
Christ et qui partagent sa victoire.
En Jésus-Christ, Dieu s’est fait homme, et montre comment
un porteur de l’image de Dieu peut vivre une vie d’adoration
continuelle et parfaite. Plusieurs passages du Nouveau Testament
en parlent et Jésus lui-même le confirme :
• « Christ, qui est l’image de Dieu » (2 Cor. 4 : 4) ;
• « Le Fils est l’image du Dieu invisible » (Col. 1 : 15) ;
• « Le Fils est le reflet de sa gloire et l’expression de sa
personne » (Héb. 1 : 3) ;
• « Celui qui me voit, voit celui qui m’a envoyé »
(Jean 12 : 45) ;
• « Celui qui m’a vu a vu le Père » (Jean 14 : 9).

Tant que nous ne regarderons pas à la Trinité en général et à


Jésus en particulier, nous ne saurons pas comment refléter l’image
de Dieu.
Le pire endroit pour construire votre identité, c’est vous… et
c’est précisément là que la plupart des psychothérapies commen-
cent. Le meilleur endroit pour vous construire votre identité, c’est
Jésus-Christ… et c’est précisément là que les Écritures commen-
cent. La clé de votre identité et la victoire sur votre idolâtrie, c’est
de connaître Jésus et d’être sauvé par lui par le moyen de la foi. Il
ne s’agit pas de vous. Il s’agit uniquement de Jésus.

L’IDENTITÉ DANS ÉPHÉSIENS


J’aimerais vous aider à construire votre identité en Jésus à tra-
vers ce qu’en disent les Écritures. Pour cela, nous étudierons un
livre de la Bible : l’épître aux Éphésiens. Ne vous inquiétez pas, ce
ne sera pas un commentaire académique et compliqué sur tout ce
que l’on trouve en Éphésiens. Notre étude ressemblera plutôt à une
approche pratique d’un thème de la lettre : votre identité en Christ.

27
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Mon but est de souligner un besoin criant de votre vie (votre


besoin d’identité) et de le mettre en perspective avec un livre de la
Bible (Éphésiens). Heureusement, le Saint-Esprit a écrit Éphésiens
par l’intermédiaire de Paul précisément dans cette optique. Clin-
ton Arnold, spécialiste d’ Éphésiens, explique : « Paul a écrit cette
lettre […] pour affermir [les Éphésiens] dans leur nouvelle identité
en Christ et pour les fortifier 9 ». D’après Klyne Snodgrass, spécia-
liste du Nouveau Testament, le principal objectif de la lettre de Paul
est « la formation de l’identité 10 ». Et un théologien catholique a
commenté Éphésiens en ces termes : « L’union avec Christ donne
aux êtres humains une identité radicalement nouvelle. Nous nous
sommes débarrassés de la vieille nature, du vieil homme, et nous
avons revêtu l’ homme nouveau (4 : 20-24) 11 ».
Tout le paysage théologique s’accorde sur l’idée que le livre
d’ Éphésiens parle de notre identité en Christ. Malheureusement,
« depuis la seconde moitié du xviie siècle, […] ce joyau précieux
de la couronne de la grâce de Dieu [être en Christ] a été éclipsé.
Aujourd’ hui, on ne prêche plus beaucoup l’union avec Christ, et
jusqu’à récemment, on a peu écrit à ce sujet 12 ». Pour une raison
que j’ignore, ce thème est tombé aux oubliettes, alors qu’il est fon-
damental dans les Écritures. Nous pouvons toutefois retrouver une
identité biblique et vivre une nouvelle vie en Christ en retournant
aux Écritures, à Éphésiens en particulier.
Cette épître est fascinante. Les pères de l’ Église, parmi les-
quels Origène, Chrysostome et Jérôme, étaient tellement attirés par
la richesse d’ Éphésiens qu’ils en ont chacun écrit un commentaire.
C’était le livre biblique préféré du réformateur protestant Jean Cal-
vin : il a prêché 48 sermons à partir de cette lettre, l’a commentée
en 172 pages et citée quelques 275 fois dans son œuvre magistrale,
L’Institution de la religion chrétienne 13. John Knox, réformé écos-
sais, gardait des transcriptions des sermons de Calvin sur Éphé-
siens sur sa table de chevet, et sa femme les lui lisait alors qu’il
était mourant. Parmi ceux qui ont souvent prêché sur Éphésiens,
on compte Augustin, Luther, John Owen, Jonathan Edwards, John
Wesley, Charles Hodge et Charles Spurgeon.
Jean Chrysostome (347-407) trouvait l’épître aux Éphésiens
« sublime 14 ». Des théologiens protestants plus récents l’ont qua-

28
JE SUIS EN CHRIST

lifiée de « document parmi les plus importants jamais écrits 15 »,


« doctrine mise en musique 16 », « couronne des écrits de saint
Paul 17 », « composition humaine la plus divine 18 », « or théolo-
gique 19 » et « plus grande œuvre écrite de tous les temps 20 ».
En tant que pasteur, j’ai passé des années à tenter d’amener
les gens à rencontrer Jésus et à expérimenter la transformation de
vie que lui seul peut accomplir. Et je vois constamment des gens
qui essaient honnêtement de changer de comportement au lieu de
chercher d’abord à comprendre leur identité.
Dieu sait que nos actions découlent de qui nous sommes. En
tant que chrétiens, nous vivons à partir de notre identité et non pas
pour notre identité. Nous sommes définis par ce que nous sommes
en Christ, et non par ce que ce nous accomplissons (ou pas) pour
Christ. Christ définit qui nous sommes par qui il est et par ce qu’il
a fait pour nous, en nous et à travers nous. Saisir cette information
est la clé de votre transformation.

FAISONS CONNAISSANCE AVEC L’APÔTRE PAUL


Il est courant de nos jours de parler de nos combats (comme
l’identité ou l’idolâtrie) avec un ami, un proche, un conseiller ou
un responsable d’ Église. Cela peut s’avérer utile, mais si nous pou-
vions rencontrer quelqu’un comme l’apôtre Paul ? Ce serait fan-
tastique d’être assis en face de la personne à l’origine (directement
ou indirectement) de la plupart des écrits du Nouveau Testament,
d’apprendre de lui et d’être encouragé par lui, n’est-ce pas ?
Bonne nouvelle : il est possible de rencontrer Paul ! Il nous suf-
fit d’ouvrir les livres qu’il a écrits, et particulièrement Éphésiens, et
de les lire. Un auteur chrétien a écrit : « À la rigueur, vous pourriez
n’utiliser qu’ Éphésiens lorsque vous accompagnez quelqu’un par
votre soutien psychologique ou spirituel. […] Cette épître a pour
but de vous apprendre comment vivre 21 ».
Comme toute correspondance, l’épître aux Éphésiens peut
être un peu confuse si nous ignorons certains détails, comme son
auteur et son destinataire.

29
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

L’apôtre Paul est une figure imposante dans l’ histoire du


monde. Pour Martin Luther, il était « l’ homme le plus sage après
Christ 22 ». En près de dix ans de ministère, il a marché en moyenne
trente kilomètres par jour, prêchant un message que la plupart des
gens haïssaient. Il était célibataire et ne jouissait donc pas du ré-
confort d’une épouse ; et il était souvent abandonné par ses préten-
dus amis. Le récit qu’il fait de sa vie est dur :
Ils sont serviteurs de Christ ? – Je parle comme un fou. –
Je le suis plus encore : j’ai bien plus connu les travaux
pénibles, infiniment plus les coups, bien plus encore les
emprisonnements, et j’ai souvent été en danger de mort.
Cinq fois j’ai reçu des Juifs les quarante coups moins un,
trois fois j’ai été fouetté, une fois j’ai été lapidé, trois fois
j’ai fait naufrage, j’ai passé un jour et une nuit dans la mer.
Fréquemment en voyage, j’ai été en danger sur les fleuves, en
danger de la part des brigands, en danger de la part de mes
compatriotes, en danger de la part des non-Juifs, en danger
dans les villes, en danger dans les déserts, en danger sur
la mer, en danger parmi les prétendus frères. J’ai connu le
travail et la peine, j’ai été exposé à de nombreuses privations
de sommeil, à la faim et à la soif, à de nombreux jeûnes, au
froid et au dénuement. Et, sans parler du reste, je suis assailli
chaque jour par le souci que j’ai de toutes les Églises. Qui est
faible sans que je sois faible ? Qui vient à tomber sans que je
brûle ? 2 Corinthiens 11 : 23-29

Malgré tout, Paul était rempli non seulement d’une énergie


apparemment inépuisable, mais aussi de la Parole de Dieu. Deux
éléments laissent entendre qu’il était très intelligent : l’éducation
prestigieuse qu’il a reçue sous Gamaliel, maître renommé (Actes
22 : 3), et son multilinguisme (hébreu, araméen, grec et probable-
ment latin). Dans ses lettres, Paul cite plus de cent fois l’Ancien
Testament et reprend à d’innombrables reprises des thèmes et ex-
pressions bibliques, tout cela sans doute de mémoire. La théologie
de Paul est exprimée dans treize lettres, écrites sur une période d’au
moins quinze ans et adressées à au moins sept Églises différentes et
trois individus. Paul Barnett, spécialiste de la Bible, va jusqu’à dire
de Paul qu’il était le « premier théologien de l’Église primitive et
sans conteste le plus grand de toute l’histoire du christianisme 23 ».

30
JE SUIS EN CHRIST

L’un des premiers pères de l’Église, Jean Chrysostome, a écrit de


Paul : « Mettez en face de Paul le monde en son entier et vous verrez
alors que sa personnalité fera pencher la balance de son côté 24 ».
Selon le théologien D. A. Carson : « Nous continuons de béné-
ficier, aujourd’ hui encore, de son ministère par l’intermédiaire de
ses treize épîtres, qui font partie du canon du Nouveau Testament.
Ces épîtres constituent près d’un quart du Nouveau Testament,
plaçant Paul juste après Luc en terme de pourcentage de l’ensemble
du texte écrit par un individu. Si l’on ajoute les seize chapitres des
Actes (13-28) qui lui sont presque entièrement consacrés, l’apôtre
apparaît dans près d’un tiers du Nouveau Testament 25 ». On peut
aussi relier la majorité du Nouveau Testament à Paul, directement
ou indirectement, puisque Luc était un disciple et un compagnon
de voyage de l’apôtre. Parmi les lettres de Paul, on trouve Éphé-
siens, qu’il a écrite aux Églises d’ Éphèse et des environs.

EXPLORONS ÉPHÈSE
Pour préparer ce livre, je me suis rendu trois fois sur l’ancien
site de fouilles archéologiques avec des spécialistes et des guides,
pour y apprendre tout ce que je pouvais.
Éphèse était une ville de renommée mondiale. Elle se situe
dans l’ancienne région d’Anatolie. À l’époque de Paul, c’était une
énorme ville cosmopolite d’environ 250 000 habitants. Des voya-
geurs de tout l’ Empire romain y passaient en raison de son empla-
cement stratégique : d’un côté, un port colossal facilitait le voyage
et le commerce par la mer, et de l’autre, un système de voies ra-
pides permettait le voyage et le commerce par la terre. Éphèse était
une ville très religieuse, mais païenne, ce qui explique pourquoi
la lettre de Paul est pleine de références au combat spirituel, aux
puissances spirituelles et aux démons. Cette ville était également le
centre d’une activité surnaturelle et paranormale liée au culte de la
déesse Artémis. Les activités démoniaques ainsi que la sorcellerie
et la magie y étaient largement répandues. Les colons et marchands
égyptiens y avaient aussi introduit le culte de Sarapis et d’ Isis et
construit des temples magnifiques pour différentes divinités 26.

31
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

La ville était riche en raison de son énorme centre commer-


cial et bancaire. Elle constituait aussi une « destination touris-
tique » très prisée grâce à son temple d’Artémis, considéré comme
l’une des sept merveilles du monde. D’anciens rapports font état
d’ Éphèse comme « la place de commerce la plus importante de
toute l’Asie en deçà du Taurus 27 ».
En plus d’être riche, Éphèse était aussi une puissance poli-
tique et jouait le rôle de capitale de l’ Empire romain en Asie mi-
neure. Cité puissante, elle était également corrompue et s’adon-
nait au péché sexuel. La prostitution était chose courante, comme
d’ailleurs dans n’importe quelle autre cité portuaire importante.
Les marins intégraient à leur spiritualité une sexualité pécheresse
avec les prostituées qui travaillaient au temple d’Artémis. Des ar-
chéologues ont découvert ce qu’ils pensent être une ancienne mai-
son close reliée à la bibliothèque par un tunnel souterrain secret.
Les hommes pouvaient ainsi commettre l’adultère alors que leurs
femmes les croyaient le nez dans les livres.
Pour finir, Éphèse était centrale sur le plan géographique.
Une récente étude des bornes kilométriques romaines montre que
le kilométrage vers les autres villes d’Asie mineure était calculé à
partir d’ Éphèse, ce qui explique pourquoi cette ville était le centre
administratif et commercial de la région.

POURQUOI CHOISIR ÉPHÈSE ?


Pourquoi ces informations sont-elles si importantes ? Parce
que quand nous lisons la Bible, nous avons tendance à la voir
comme un livre parlant de la vie rurale, plein de pêcheurs et de
fermiers qui avaient une vie simple, bien moins compliquée que la
nôtre. Nous nous demandons donc si la Bible peut vraiment nous
parler dans notre époque, avec nos difficultés et nos tentations. Le
christianisme a pris racine et s’est développé dans des contextes
urbains difficiles où les gens se débattaient avec les mêmes choses
que vous et moi aujourd’ hui. Si la Rome antique ressemblait à New
York ou à Paris, alors Éphèse était comme le Los Angeles ou le
Lyon de l’époque.

32
JE SUIS EN CHRIST

L’importance stratégique d’ Éphèse permet d’expliquer pour-


quoi la ville est aussi devenue un foyer central pour les missions
chrétiennes (particulièrement celles qui formaient des leaders
et envoyaient des équipes pour implanter des Églises i). Priscille,
Aquilas, Apollos, Paul, Timothée, Jean et Luc y ont tous travaillé.
Jean, le disciple le plus jeune de Jésus, avait son quartier général
dans cette ville. Il avait ainsi autorité sur les sept principales Églises
d’Asie citées dans Apocalypse, et dont Éphèse est la première et la
plus importante. Selon certaines rumeurs, Jean aurait acheté une
maison à Éphèse pour Marie.
Ignace d’Antioche, disciple de Jean, a écrit sur la célébrité et la
fidélité grandissantes de l’assemblée d’ Éphèse. Le troisième concile
œcuménique eut lieu dans cette ville en 431 et condamna Nesto-
rius, le responsable de l’ Église de Constantinople qui dissociait la
nature humaine de Jésus de sa nature divine 28. L’exemple d’ Éphèse
prouve que le christianisme peut se développer dans une culture
païenne difficile, et que les chrétiens peuvent garder leur identité
en Christ pendant plusieurs générations dans de telles cultures, par
la grâce de Dieu.
Mais cet exemple nous sert également de mise en garde : la foi
peut être perdue d’une génération à l’autre si nous n’y prêtons pas
attention. Aujourd’ hui, Éphèse n’est plus habitée ; des archéologues
sont en train de mettre au jour l’ancienne cité de marbre, deve-
nue un site touristique populaire. Et la Turquie, pays dans lequel
se trouvent les ruines, compte aujourd’ hui parmi les nations les
moins christianisées de la terre.
Si l’Évangile de Jésus-Christ n’avait pas pris racine à Éphèse et
ne s’était pas répandu de là dans tout l’Empire romain, le christia-
nisme tel que nous le connaissons aujourd’hui pourrait ne pas exister.

POURQUOI PAUL A-T-IL ÉCRIT ÉPHÉSIENS ?


Plusieurs épîtres du Nouveau Testament ont été écrites pour
répondre à des questions (1 Corinthiens) ou à des situations de
crises (Galates). La lettre aux Éphésiens a probablement été écrite

i
Actes 18 : 18-19 ; 1 Cor. 16 : 8-12 ; 1 Tim. 1 : 3 ; 2 Tim. 4 : 12.

33
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

pour des nouveaux convertis en passe de retomber dans leurs an-


ciens travers. Paul leur rappelle leur identité unie à Christ, et qu’ils
doivent vivre d’après le modèle de Jésus-Christ, en sainteté et en
justice, par la puissance du Saint-Esprit. Il leur écrit ces choses
pour qu’ils ne soient pas tentés d’ignorer leur nouvelle identité
ou de retourner à leur ancienne idolâtrie ; pour qu’ils s’unissent
comme une seule Église.
Toutefois, la lettre n’a pas été écrite uniquement pour l’ Église
d’ Éphèse. La ville était un centre d’où se répandaient la vérité
de l’ Évangile et la formation de leaders vers un certain nombre
d’autres Églises de la région et au-delà. L’assemblée d’ Éphèse res-
semblait à ces megachurches qui servent aujourd’ hui de centre de
ressources pour d’autres communautés et qui possèdent même un
réseau d’ Églises associées. La lettre a donc dû arriver à Éphèse aux
environs de 60-62 apr. J.-C. ; puis elle a sans doute été diffusée dans
les alentours, un peu comme on enverrait aujourd’ hui une lettre
de nouvelles à des abonnés. Paul partait du principe que l’ Église
d’ Éphèse répandrait ses instructions fondamentales aussi large-
ment que possible.
Éphèse était une ville-clé pour le ministère de Paul, et son
dévouement à la cause de l’ Évangile a suscité une sérieuse contro-
verse dans la cité. De nombreux marchands, qui tiraient profit des
cultes païens, détestaient Paul parce que ses convertis leur faisaient
perdre beaucoup d’argent. Ils ont essayé de le forcer à quitter la
ville en provoquant une émeute contre lui (Actes 19 : 21-40). De
plus, la majorité des spécialistes actuels de la Bible pensent que
Paul a été emprisonné à Éphèse à plusieurs reprises pour avoir
prêché l’ Évangile de Jésus-Christ. L’apôtre en aurait profité pour
écrire quelques livres de la Bible 29.
Pour quelle idée « dangereuse » a-t-on haï Paul à Éphèse, au
point de l’expulser de la ville, de soulever des foules contre lui et,
vraisemblablement, de l’emprisonner ? Quelle vérité a-t-il annon-
cée, tellement puissante que les dirigeants spirituels, politiques et
économiques l’ont méprisé et l’ont pris en grippe ? Qu’a-t-il ensei-
gné de si menaçant pour une société aussi glorifiée et solide que
l’ Empire romain ? Qu’est-ce qui faisait de son message une telle

34
JE SUIS EN CHRIST

menace pour la grande cité d’ Éphèse ? Deux mots : « en Jésus ». Au-


trement dit, « en Christ » (Actes 19 : 4).

EN CHRIST
Ces deux petits mots, « en Christ », ont changé le monde.
C’est à la fois l’essence, l’intégralité et le condensé de l’identité d’un
croyant. Notre identité est donc fondée soit en Christ, soit dans
l’idolâtrie.
En parlant d’identité, Jésus dit : « Je suis le cep, vous êtes les
sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte
beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jean
15 : 5). D’un bout à l’autre d’ Éphésiens, et dans le reste des écrits
de Paul, ces expressions de Jésus sont reprises par Paul qui « crée
une symphonie de langage » avec plusieurs variations, comme « en
Christ », « en lui » et « dans le bien-aimé 30 ». Ne serait-ce que dans
cette épître, Paul parle des croyants comme étant « en Christ » à
douze reprises, et exprime cette idée sous d’autres formes à vingt-
deux autres endroits.
L’idée d’être « en Christ » est si centrale dans Éphésiens que la
lettre débute avec une bénédiction qui, certes, comme d’ habitude,
est une louange à Dieu, mais rappelle surtout les gloires du salut en
Christ 31. En fait, ce passage (qui est une seule et longue phrase en
grec), regorge des expressions « en Christ » et ses variantes, comme
« en lui ». Voici répertoriées ses diverses utilisations en Éphésiens
1 : 1-14 :
• « aux saints qui sont [à Éphèse] et qui sont fidèles
en Jésus-Christ » (1 : 1) ;
• « Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ,
qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle […] en
Christ » (1 : 3) ;
• « En lui, Dieu nous a choisis avant la création du monde
pour que nous soyons saints et sans défauts devant lui »
(1 : 4) ;
• « pour que nous célébrions la gloire de sa grâce, dont il
nous a comblés dans le bien-aimé » (1 : 6) ;

35
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

• « En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés


de nos fautes, conformément à la richesse de sa grâce »
(1 : 7) ;
• « Il nous a fait connaître le mystère de sa volonté,
conformément au projet bienveillant qu’il avait formé en
Christ » (1 : 9) ;
• « pour le mettre à exécution lorsque les temps seraient
accomplis, de réunir toutes choses en Christ, celles qui
sont dans les cieux et celles qui sont sur la terre »
(1 : 10 – LSG) ;
• « En lui nous avons été désignés comme héritiers, ayant
été prédestinés suivant le plan de celui qui met tout
en œuvre conformément aux décisions de sa volonté »
(1 : 11) ;
• « afin que nous servions à la louange de sa gloire, nous qui
d’avance avons espéré en Christ » (1 : 12 – LSG) ;
• « En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la
vérité, l’ Évangile qui vous sauve, en lui vous avez cru et
vous avez été marqués de l’empreinte du Saint-Esprit qui
avait été promis » (1 : 13).

Les « en Christ » de Paul se retrouvent à travers tout Éphé-


siens, un peu comme un fil conducteur qui tisserait notre identité.
Sans explorer cette idée en profondeur, notons toutefois que Paul
parle souvent d’être « en Christ » dans ses autres lettres 32. En exa-
minant l’ensemble du Nouveau Testament, deux théologiens ont
remarqué que « l’expression “en Christ” et ses variantes, telles que
“dans le Seigneur” et “en lui”, apparaissent 216 fois dans les écrits
de Paul 33 ».
L’expression « en Christ » n’existait pas avant les écrits de Paul
et se trouve assez rarement en dehors de ses lettres 34. Un commen-
tateur biblique reconnu va même jusqu’à dire :
De mon point de vue, l’expression « en Christ » est largement
plus appropriée que le terme « chrétien » pour décrire le christia-
nisme. Outre le fait qu’on ne trouve le mot « chrétien » qu’à trois
reprises dans le Nouveau Testament (Actes 11 : 26 ; Actes 26 : 28 ;
1 Pierre 4 : 16), cette appellation crée une certaine ambiguïté. Elle

36
JE SUIS EN CHRIST

peut faire référence à une personne qui a une affinité culturelle


particulière, ou à « la tradition occidentale », ou encore à quelqu’un
qui vit d’un côté des barbelés et tire sur ceux de l’autre côté. Mais
« en Christ » coupe court à de tels abus, parce que cette expression
requiert une relation dynamique et vivante 35.
Il est vital que chaque croyant expérimente et comprenne ce
que signifie être « en Christ », parce qu’être « en Christ » est la réa-
lité qui change toutes les réalités.
Ce concept de Paul est crucial pour vivre une vie conqué-
rante et victorieuse : si bien des chrétiens vivent dans la défaite,
c’est parce que les prédicateurs et les enseignants négligent trop
souvent le concept « d’être en Christ ». J’espère que vous saisirez,
au fil de notre étude d’ Éphésiens, la merveilleuse liberté que l’on
trouve en comprenant et en recevant, par la foi, la vérité de notre
identité en Christ. J’espère également qu’en avançant dans votre
nouvelle identité, vous vaincrez définitivement votre idolâtrie, par
la grâce de Dieu et la puissance du Saint-Esprit.

COMMENT LIRE CE LIVRE


Il est important que vous lisiez Éphésiens dans une traduc-
tion française moderne et facile à lire (comme Parole vivante, la
Bible Segond 21, la Bible du Semeur, etc.). Éphésiens ne compte que
2 400 mots, mais ce sont des mots percutants qui changent la vie,
qui transforment l’identité et bouleverse l’éternité, parce que ce
sont les mots mêmes de Dieu. Je vous encourage à lire et à relire
cette épître en parallèle de ce livre. Priez avant de lire, et deman-
dez au même Saint-Esprit qui a inspiré la lettre de vous aider à
la comprendre. Lisez attentivement, arrêtez-vous pour surligner
des mots, des phrases et des concepts qui captent votre attention.
Sentez-vous libre d’écrire dans votre Bible et d’y mettre le bazar si
nécessaire. Le célèbre prédicateur Charles Spurgeon disait à juste
titre : « Une Bible qui tombe en morceaux appartient généralement
à une personne dont la vie tient debout ».
En lisant Éphésiens, vous vous rendrez compte que l’épître est
organisée intentionnellement et d’une manière pertinente autour
du thème que nous étudions. Vous verrez aussi qu’avant de pou-

37
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

voir nous attaquer à l’idolâtrie, nous devons d’abord comprendre


notre identité.
Les chapitres 1 à 3 développent essentiellement la partie
doctrinale de la lettre. Paul rappelle, par exemple, qui est Dieu et
ce qu’il accomplit pour nous dans le salut (vous apprenez ainsi à
connaître votre papa). Les chapitres 4 à 6 évoquent les implications
communautaires de cette doctrine. Paul rappelle, par exemple, qui
nous sommes en Christ et comment Dieu désire que nous mar-
chions à la ressemblance de Christ (vous apprenez ainsi à agir
comme votre papa).
Et maintenant, partons à la découverte de qui nous sommes
en Christ.

38
CHAPITRE TROIS

JE SUIS UN SAINT

De la part de Paul, apôtre de Jésus-Christ par la volonté de Dieu, aux


saints qui sont [à Éphèse] et qui sont fidèles en Jésus-Christ : que la
grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et
du Seigneur Jésus-Christ !
ÉPHÉSIENS 1 : 1-2

Le passé de Ruth était composé d’une série d’identités mi-


nables dont elle changeait comme de chemise. Pendant son ado-
lescence, elle était une « rebelle sans cause ». Elle luttait contre les
enseignements de ses parents, les règles scolaires et son éducation
catholique. « Je me voyais indigne, pas assez bien et sans avenir,
dit-elle. Alors, pourquoi essayer ? »
Le sentiment de désespoir qui découlait de son identité de
rebelle a fini par se manifester en une identité destructrice de dro-
guée, au point de dépendre de l’ héroïne. Dans le même temps, elle
a rencontré un homme, tout aussi toxicomane. Et violent, qui plus
est. Pendant douze années, Ruth a vécu dans la honte et dans la
peur. Elle se shootait sous les coups de son compagnon, tout en
élevant ses enfants dans cet environnement destructeur. À cause de
tout cela, Ruth a commencé à éprouver des terreurs nocturnes et
des crises d’angoisse ; elle s’est aigrie contre son compagnon. Elle le
tenait pour responsable de sa vie ruinée, lui et sa toxicomanie, lui

39
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

et ses choix. Elle a finalement trouvé son identité en se position-


nant en victime.
Puis l’impensable s’est produit : les services de protection de
l’enfance lui ont retiré la garde de ses deux enfants, pour les pro-
téger de la violence domestique et de la consommation de drogue,
très fréquentes dans son foyer. Ce choc a ramené Ruth à la réalité
et l’a forcée à se reprendre en main. Elle a quitté son compagnon
violent et mis de l’ordre dans sa vie. Elle n’a plus touché de drogue
pendant des années et a fini ses études.
Mais quelque chose n’allait toujours pas en elle : « Je conti-
nuais à me voir comme une droguée ».
Le sentiment de honte qui découlait de son identité de dro-
guée et les dégâts de cette identité dans sa vie ont conduit Ruth à
l’ Église. Elle y a rencontré Jésus pour la première fois. Elle a com-
mencé à guérir et s’est impliquée dans un groupe de maison de
notre assemblée. Elle raconte : « Dans ce petit groupe, j’ai appris
que je suis une enfant de Dieu. Je suis sa fille, il m’aime, et Jésus est
mort pour mes péchés. Il fallait que je laisse tomber “la droguée”
de mon nom, et que je sois simplement Ruth. Je suis tellement plus
aujourd’ hui, sans ce titre dégradant ! Je ne suis plus sous l’emprise
de cette identité ».
La vie de Ruth a radicalement changé. Maintenant qu’elle a
trouvé son identité en Christ, sa vie n’a plus rien à voir avec celle
qu’elle vivait autrefois : « Je suis une enfant de Dieu, désormais.
J’ai choisi de l’adorer et de me soucier des dons qu’il m’a confiés.
Aujourd’ hui, c’est vers Dieu que je me tourne pour avoir des ré-
ponses ; je ne cherche plus à anesthésier les douleurs de la vie avec
la drogue. Dieu m’a bénie en me donnant un homme merveilleux
qui m’aime et me traite avec dignité. Il est mon “Boaz”, et il est
devenu un père pour mes enfants, aujourd’ hui âgés de quinze et
dix-sept ans ».
Ruth et son mari ont maintenant cinq enfants en tout. Pour
Ruth, le changement qu’elle a connu est à la fois simple et radical :
« Je prends mon rôle d’épouse et de mère très au sérieux. Je n’ai
plus besoin d’une carrière ou des autres pour trouver l’approba-
tion. J’ai conscience de l’importance de servir ma grande famille
et la communauté. Je suis bénévole auprès des enfants maltraités

40
JE SUIS UN SAINT

et délaissés qui vivent en famille d’accueil à cause des problèmes


de leurs parents, comme la violence domestique, la drogue et des
problèmes de santé mentale. Je travaille dur pour que ces enfants
ne subissent pas la même vie que celle que mes enfants ont connue.
Je suis bénévole pour ça, mais je sens que j’accomplis l’œuvre de
Dieu en aidant ces enfants à connaître le meilleur dénouement
possible. Avoir Dieu dans ma vie me rend plus “légère”, parce qu’il
n’est pas de fardeau trop lourd pour lui. J’apprends à le laisser por-
ter la charge à ma place, pour que je puisse prolonger son œuvre
et me préoccuper de toutes les bonnes choses qu’il m’a confiées ».
Beaucoup diraient aujourd’ hui de Ruth qu’elle est une sainte,
en raison de son travail désintéressé auprès des enfants maltraités
et délaissés. Ils seraient tout aussi surpris par son passé sordide. La
vérité est que Ruth est une sainte, mais pas à cause de ce qu’elle fait.
C’est une sainte à cause de ce que Christ a fait pour elle.
Comme Ruth, nous sommes nous aussi des saints en Christ.

SAINT OU PÉCHEUR ?
Quand nous lisons les épîtres de la Bible, nous avons ten-
dance à survoler les salutations pour aller directement au corps de
la lettre (nous le faisons avec toutes sortes de lettre). Si vous faites
cela avec Éphésiens, vous passerez à côté d’une vérité extrêmement
importante que Paul établit et que l’on retrouve dans toute l’épître.
L’apôtre appelle les croyants des « saints […] en Jésus-Christ »
(1 : 1).
Des saints ? Tous ? Les Églises qui ont reçu cette lettre abri-
taient très certainement le même genre de personnes que celles qui
fréquentent les nôtres. Vous savez bien, les alcooliques, les crétins,
les commères, les fouineurs, les pervers, et aussi les hypocrites re-
ligieux, qui pensent (fièrement et à tort) qu’ils sont meilleurs que
les autres.
Pourtant, en ce qui concerne leur identité (et la nôtre), Paul
dit que si nous sommes « en Jésus-Christ » (donc de vrais chré-
tiens), nous sommes des « saints ». Le terme « saints » n’est pas ar-
rivé là par hasard ; il est là parce que Dieu l’a décidé ainsi. Et s’il est

41
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

présent dès le début de la lettre, c’est parce qu’il introduit un thème


qui sera exploré dans toute l’épître.

COMMENT ÊTRE UN SAINT : VERSION CATHOLIQUE


À quoi le mot « saint » vous fait-il penser ? À des peintures
de personnages bibliques avec une auréole au-dessus de la tête ?
À Mère Teresa s’occupant des nécessiteux à Calcutta, en Inde ? À
Billy Graham prêchant dans des stades bondés ?
Ce terme évoque pour moi des souvenirs de mon éducation
catholique. Ma famille est résolument catholique depuis des géné-
rations ; cela remonte jusqu’à mes ancêtres irlandais. J’ai été bapti-
sé bébé dans l’ Église catholique, j’y ai été élevé. J’ai passé quelques
années dans une école catholique, et j’ai été enfant de chœur, assis-
tant le prêtre lors de la messe. Après la mort de mon grand-père,
ma grand-mère a même rejoint un ordre et s’est faite nonne.
Dans mon enfance, on m’a enseigné à révérer les saints et à
les prier. Des statues et des icônes de saints décoraient notre cha-
pelle et notre maison. Petit garçon, je croyais que les saints étaient
comme des super-héros de BD ou des anciens dieux grecs, un peu
humains, mais dotés de super pouvoirs pour vivre des vies extra-
ordinaires.
L’ histoire de la béatification est assez curieuse :
Les premiers catholiques célébrés comme saints étaient
des martyrs morts sous la persécution romaine au cours des
premiers siècles après Jésus-Christ. Ces martyrs étaient
honorés comme des saints presque tout de suite après leur
mort : c’étaient des catholiques qui avaient sacrifié leur vie au
nom de Dieu. Dans les siècles qui ont suivi, toutefois, le statut
de saint a été étendu à ceux qui avaient défendu la foi et vécu
une vie pieuse. Puisque les critères de canonisation n’étaient
pas aussi stricts à l’époque, le nombre de saints a grimpé en
flèche aux vie et viie siècles. Puis des évêques sont intervenus
pour superviser le processus et, vers 1200, le Pape Alexandre
III, révolté par la prolifération, décréta que seul le pape avait
le pouvoir de déterminer qui serait considéré comme un
saint 36.

42
JE SUIS UN SAINT

Ce n’est qu’au xviie siècle que le Vatican a fixé les critères de


béatification. Le père James Martin résume en dix étapes ce pro-
cessus complexe dans l’Église catholique :
Vous êtes catholique —> Vous mourez —> Une « dévotion »
locale se développe en votre souvenir —> Une enquête est menée
sur votre vie —> L’évêque de votre communauté envoie votre dos-
sier au Vatican —> Prière pour un miracle —> Le Vatican enquête
sur la guérison miraculeuse —> Le Vatican vous déclare « béni »
—> Prière pour un autre miracle —> Et voilà ! Vous êtes un saint 37 !
Si vous parvenez au bout de ces dix étapes (pas si simples
que ça) qui peuvent facilement coûter plus d’un million d’eu-
ros au total, le pape vous déclare saint lors d’une cérémonie of-
ficielle : la canonisation. Elle a généralement lieu au cours d’une
messe publique, soit à Rome soit dans votre diocèse, pour ainsi
célébrer votre héritage. Vous êtes maintenant digne de « dévotion
publique » dans l’ Église entière, qui peut célébrer le jour de votre
fête. De nombreuses écoles et paroisses, et d’autres groupes catho-
liques, vous choisiront comme leur « patron(-ne) », c’est-à-dire leur
protecteur(-trice). Vous avez réussi ! Vous faites désormais partie
de la grande « communion des saints ». Mais puisque vous êtes déjà
éternellement heureux au ciel, cela n’ajoutera sûrement pas grand-
chose à votre joie. En fait, vous n’en avez maintenant que plus de
travail, puisque davantage de gens vont prier pour demander votre
intercession. Concrètement, vous serez donc très occupé à partir
de maintenant et jusqu’à la fin des temps 38.

COMMENT ÊTRE UN SAINT : VERSION BIBLIQUE


L’apôtre Paul ne voyait pas les saints de cette façon. Il pensait
plutôt à des chrétiens normaux, ordinaires, banals et imparfaits.
Il pensait à des chrétiens comme vous et moi, comme Ruth, ou
encore comme ceux de Corinthe qui abusaient des dons de l’ Es-
prit, se saoulaient avec le vin de la cène et étaient embourbés dans
l’immoralité sexuelle, par exemple i. Il appelait ces hommes et ces
femmes des saints !

i
1 Cor. 1 : 2 ; 5 : 1 ; 6 : 12-20 ; 11 : 21 ; 14 : 23.

43
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Pour Paul, le statut de saint ne dépend pas de nos exploits, et


il n’est pas non plus remis en cause lorsque la personne en question
commet un acte horrible. D’après Paul, une étape suffit pour être
un saint : être en Christ. Et le coût total de l’opération ? 0 €. Toute
personne liée à Jésus par la foi dans sa mort et sa résurrection est
un saint. Les saints de Dieu sont des gens normaux et pécheurs qui
aiment Jésus.
Puisque nous sommes en Christ, nous ne sommes plus en
Adam, mais nous appartenons désormais au peuple de Dieu. Et
puisque nous sommes en Christ, nos péchés – passés, présents et à
venir – sont ôtés par la mort, la mise au tombeau et la résurrection
de Jésus. Nous recevons en échange la perfection, la sainteté et la
justice de Christ.

Un saint est pécheur


À l’origine, Dieu créa l’ humanité sans péché. En Genèse 1 : 31,
il dit de sa création (y compris d’Adam) que c’était « très bon ».
Nous lisons aussi en Ecclésiaste que « Dieu a fait les êtres humains
droits » (7 : 29). Tout péché relève donc de notre responsabilité de
pécheurs rebelles ; ce n’est pas la faute de Dieu notre Créateur. Les
effets du péché et la malédiction ne faisaient pas non plus partie
du monde que Dieu a créé pour nous dans son amour. Le péché
a touché et contaminé chacun et chaque chose aujourd’ hui, par
l’intermédiaire de nos premiers parents.
L’ histoire s’arrête-t-elle là pour autant ? Sommes-nous uni-
quement d’ horribles pécheurs, corrompus et sales ? Notre identité
se résume-t-elle à cela, même en tant que chrétiens ? Non ! La mau-
vaise nouvelle est que nous sommes toujours pécheurs dans cette
vie, même si nous sommes chrétiens ; mais la bonne nouvelle est
que nous ne sommes pas que des pécheurs. Nous sommes aussi
porteurs de l’image de Dieu, comme tout homme et toute femme
dans la création de Dieu i. Nous sommes des miroirs fissurés, sales
et ternes, mais des miroirs quand même. Et si nous sommes en
Christ, nous sommes des saints rachetés.

i
Gen. 5 : 1-3 ; 9 : 6 ; Jac. 3 : 9.

44
JE SUIS UN SAINT

Malheureusement, la plupart des chrétiens que je conseille ne


croient pas qu’ils sont des porteurs de l’image de Dieu rachetés et
saints. Ils croient qu’ils ne sont que des pécheurs. Ces chrétiens
pensent qu’ils ne valent pas beaucoup plus que des vers de terre.
Même le philosophe athée Jean-Paul Sartre se moque de cette
croyance chrétienne erronée dans sa pièce de 1943 : Les Mouches.
Un homme se jette à genoux et s’écrie : « Je pue ! Je pue ! Je suis une
charogne immonde. Voyez, les mouches sont sur moi comme des
corbeaux ! Piquez, creusez, forez, mouches vengeresses, fouillez
ma chair jusqu’à mon cœur ordurier. J’ai péché, j’ai cent mille fois
péché, je suis un égout, une fosse d’aisances 39 ».
Cette pensée peut malheureusement être courante dans la
tradition chrétienne réformée dont je fais partie. Les cinq points
qui résument la théologie calviniste en sont un exemple. Au lieu
de commencer avec Genèse 1 et 2 comme le fait la Bible (Dieu, la
création, des hommes et des femmes créés sans péché et à l’image
de Dieu, et notre rédemption et la restauration de ce statut en tant
que saints), ce résumé commence avec Genèse 3 et ce que l’on ap-
pelle « la corruption totale », doctrine qui expose l’état pécheur et
désespéré des hommes.
Il est vrai que le péché a contaminé la totalité de notre per-
sonne, y compris notre âme, notre volonté et nos émotions. Néan-
moins, lorsque nous nous concentrons trop sur notre état dépravé
de pécheurs déchus et que nous ignorons notre dignité de créatures
à l’image de Dieu et notre identité de chrétiens saints et rachetés,
nous passons sous silence une partie de ce que la Bible dit concer-
nant notre identité. Un non-chrétien est complètement corrompu,
mais un chrétien est en Christ.
À se concentrer uniquement sur l’aspect pécheur de leur
identité, les chrétiens nombrilistes désespérés finiront obsédés par
leur péché. Ce genre de chrétiens pense, à tort, que les meilleures
prédications sont celles qui les maltraitent en leur rappelant à quel
point ils sont horribles (et qui ne mentionnent pas leur nouvelle
identité en Christ). La Parole de Dieu n’est pas une massue qui sert
à battre les chrétiens jusqu’à ce qu’ils saignent émotionnellement
pour le rachat de leur péché. Jésus a déjà pris les coups et versé son
sang pour nous. Et à la croix, il n’a pas dit : « Ce n’est pas fini, alors,

45
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

flagellez-vous pour votre salut ». Au contraire, il a dit : « Tout est


accompli » (Jean 19 : 30).
C’est la raison pour laquelle quelqu’un comme Ruth, an-
cienne droguée privée de la garde de ses enfants, peut aujourd’ hui
vivre libérée de sa dépendance, jouir d’un mariage et d’une famille
sains et aider ceux qui vivent comme elle a vécu avant. Si elle n’avait
considéré que son péché, elle ne se serait jamais concentrée sur les
autres et ne se serait jamais occupée d’eux avec l’assurance de son
statut de sainte en Christ.
Il n’est pas bon pour des chrétiens de se considérer unique-
ment comme des pécheurs pathétiques qui comptent leurs jours
misérables jusqu’au ciel où ils seront enfin parfaits. Nous sommes
créés à l’image de Dieu, nous sommes des pécheurs déchus et si
nous sommes en Christ, nous sommes réellement de nouvelles
créatures rachetées qui reçoivent une nouvelle identité.
Il faut toutefois noter que si nous sommes réellement renou-
velés en Christ, nous ne serons complètement transformés qu’à la
résurrection : « Les croyants […] devraient se voir et voir les autres
comme des personnes qui sont réellement transformées, mais qui
ne le sont pas encore complètement 40 ». Ceci explique pourquoi les
chrétiens ne sont pas exempts de péché : « Si nous disons que nous
n’avons pas de péché, nous nous trompons nous-mêmes et la vé-
rité n’est pas en nous » (1 Jean 1 : 8). Un saint pèche, mais « saint »
caractérise son identité permanente et « pécheur » caractérise une
activité occasionnelle. Pour le chrétien, il y a une différence radi-
cale entre avoir péché et être péché.
Voilà pourquoi la Bible décrit rarement un chrétien (contrai-
rement au non-chrétien) comme pécheur. Suivant la traduction de
la Bible que vous lisez, vous verrez les non-chrétiens appelés des pé-
cheurs plus de trois cents fois, et seulement trois fois pour les chré-
tiens (et ces trois cas peuvent aussi faire référence à des non-chré-
tiens). Au lieu de nous appeler pécheurs, la Bible nous appelle très
souvent « saints » ou « justes » : plus de deux cents fois. D’un point de
vue biblique, l’identité première d’un croyant en Christ n’est donc pas
celle d’un pécheur, mais celle d’un saint. Nous nous débattons avec le
péché dans cette vie, mais en tant que chrétiens, notre identité ne se
trouve pas dans notre péché ; elle se trouve dans la justice de Christ.

46
JE SUIS UN SAINT

Les associations qui aident les gens à vaincre leurs dépen-


dances (drogue, alcool, sexe, jeu, nourriture, etc.) servent une
noble cause, mais manquent le coche quant à l’identité. Lors des
rencontres en petits groupes dans ce genre d’associations, les per-
sonnes se présentent généralement par leur dépendance. Elles di-
ront par exemple : « Bonjour, je m’appelle untel et je suis alcoo-
lique ». C’est cette identité que Ruth (dont j’ai raconté l’ histoire
en début de chapitre) a traînée avec elle pendant des années. Le
problème, c’est que l’identité dans le péché supplante l’identité
en Christ. Pour le chrétien, l’identité ne se trouve pas dans sa dé-
pendance, mais en Christ. Une fois que vous comprendrez cela
(comme Ruth), votre vie sera changée à jamais.
Le péché peut expliquer en partie votre activité, mais il ne
constitue pas votre identité. Votre identité est en Christ, et grâce
à votre nouvelle identité, par la grâce de Dieu et la puissance du
Saint-Esprit, vous pouvez changer votre activité. Puisque vous êtes
une nouvelle personne en Christ, vous pouvez vivre une nouvelle
vie par la puissance de l’ Esprit saint. Cette vérité est à la fois pro-
fondément utile et extrêmement pratique.
Puisqu’un saint peut agir en pécheur, il est important que
nous examinions comment nous devons réagir à notre péché.

Un saint éprouve des remords


Chacun a des regrets et éprouve des remords. Le grand pré-
dicateur britannique Charles Spurgeon a dit : « Peu d’ hommes ose-
raient lire leur autobiographie si tous leurs actes y étaient inscrits ;
peu sont ceux qui peuvent repenser à toute leur carrière sans rou-
gir 41 ». Ce ne sont pas les moments où nous avons vécu de manière
exemplaire qui nous font rougir (ou plus) lorsque nous revenons
sur notre vie ; ce sont plutôt les moments où nous nous sommes
adonnés au péché.
En grandissant dans leur relation avec Jésus, les saints voient
souvent leur péché de manière plus claire et en sont plus profon-
dément attristés. Paul lui-même, chrétien mature, l’a prouvé en
comparant sa vie passée à la vie parfaite de Jésus-Christ et en se
décrivant comme le « premier » des pécheurs (1 Tim. 1 : 15).
Le remords peut être une bonne chose.

47
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Le Saint-Esprit nous convainc de péché et nous recommande


d’être justes, comme Jésus-Christ avait promis qu’il le ferait (Jean
16 : 8). Quand nous péchons, il est bon d’éprouver des remords par
rapport à notre péché, de le confesser, de s’en repentir et de croire
que Jésus nous pardonne et nous purifie. La Bible nous montre ce
qu’est le remords selon Dieu. Chaque page est baignée des larmes
du peuple de Dieu qui a accepté la vérité sur Dieu et sur lui-même.
Par exemple, la plus grande partie du livre des Psaumes est consti-
tuée de psaumes de lamentation comme le psaume 32. Ce type de
remords réfléchi empreint de repentance est une façon correcte et
imprégnée de Dieu de réagir à la conviction.
Certains ont cependant tendance à passer de la conviction à
la condamnation. Leurs larmes se transforment rarement en éclats
de rire. Leur regard passe rarement de leur péché à leur Sauveur. Ils
restent donc coincés dans leur péché, qui les obsède et les consume.
Conscients de la sainteté de Dieu et de leurs manquements dans la
vie, ils passent souvent de la conviction de Dieu à la condamna-
tion de Satan, le menteur (Jean 8 : 44) et notre « accusateur » (Apoc.
12 : 10).
Les différences entre la conviction et la condamnation sont
frappantes.

LA CONVICTION LA CONDAMNATION
Est de Dieu Est de Satan
Mène à la vie Mène au désespoir
Termine dans la joie Termine dans la tristesse
Nous donne envie Nous fait croire que nous
de changer ne pouvons pas changer
Conduit à une nouvelle Conduit à l’ancienne identité
identité en Christ dans le péché
Révèle précisément En reste à une vague
un péché incertitude sur le péché
Regarde à Jésus Regarde à soi
Est une bénédiction Est un fardeau

48
JE SUIS UN SAINT

Paul transperce le brouillard de la condamnation avec la lu-


mière de la conviction en Romains 8 : 1 : « Il n’y a donc mainte-
nant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ ».
Êtes-vous « en Jésus-Christ » ? Si c’est le cas, vous n’avez plus « au-
cune condamnation […]. En effet, la loi de l’Esprit qui donne la
vie en Jésus-Christ [vous] a libéré de la loi du péché et de la mort »
(v. 1-2).

Un saint est fort


En tant que saints, nous sommes tentés de pécher tout comme
Jésus-Christ l’a été quand il était sur la terre. Mais puisque nous
sommes en Christ et que Christ est en nous par la présence du
Saint-Esprit, nous ne sommes pas obligés de réagir à la tentation
de manière pécheresse. Grâce à un cœur et un esprit changés, nous
pouvons au contraire nous rappeler notre identité, dire non au
péché et nous approcher de Dieu comme l’a fait Jésus : « En effet,
nous n’avons pas un grand-prêtre incapable de compatir à nos fai-
blesses ; au contraire, il a été tenté en tout point comme nous, mais
sans commettre de péché. Approchons-nous donc avec assurance
du trône de la grâce afin d’obtenir compassion et de trouver grâce
pour être secourus au moment opportun » (Héb. 4 : 15-16).
Dans son introduction de l’épître aux Éphésiens, Paul dit
exactement la même chose : les « saints » « en Jésus-Christ » ont
non seulement la « paix » avec Dieu, mais ils reçoivent aussi « de
la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus-Christ » (v. 1-3) la
grâce de Dieu qui les rend forts.
Le péché et la tentation sont deux choses complètement diffé-
rentes. Jésus a été tenté, mais il n’a jamais péché. La tentation, c’est
une occasion soit de pécher contre Dieu, soit d’adorer Dieu ; tout
dépend de notre réaction. Ne laissez pas l’accusateur vous mentir
et vous convaincre que si vous êtes tenté, vous êtes coupable de
péché. Et plus important encore : ne croyez pas que si vous êtes
tenté, c’est déjà trop tard et que vous n’avez plus qu’à commettre ce
péché, c’est un mensonge !
Quand vous êtes tenté de pécher, souvenez-vous que vous
êtes un saint. Connaître votre identité en Christ est la clé de la vic-
toire. Jésus façonne cette vérité pour nous.

49
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

L’identité de Jésus, celle que Dieu le Père lui a donnée, est : Fils
de Dieu. En Luc 3 : 22, avant que Jésus ne commence son ministère,
le Père lui dit lors de son baptême : « Tu es mon Fils bien-aimé ; en
toi j’ai mis toute mon affection » (LSG). De même, lors de la trans-
figuration de Jésus en Luc 9 : 35, Dieu le Père dit de lui : « Celui-ci
est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Satan l’a tenté pour éprouver
cette vérité (Luc 4), et ses ennemis l’ont arrêté et battu pour nier
cette vérité (Luc 22). Mais Jésus a supporté à la fois la tentation
et la persécution en se rappelant son identité et en la vivant par la
puissance du Saint-Esprit. Cette vérité puissante démontrée dans
la vie de Christ est aussi puissamment vraie pour ceux qui sont en
Christ.
Dieu le Père a rappelé à Jésus son identité tout au long de son
ministère sur terre, et Jésus se l’est remémorée lui-même en procla-
mant son identité publiquement et en priant avec ferveur, en tant
que « Fils de Dieu », à son « Père ». Ceci explique pourquoi il a dit
non au péché et oui à l’obéissance, et pourquoi il avait la puissance
de supporter la tentation, la critique, l’exclusion, et même la cruci-
fixion. Il connaissait le Père, et il se connaissait lui-même. Résultat :
Jésus était résolu, déterminé et immuable.
Jésus est le Fils de Dieu. Ceux qui sont en Christ sont ses
saints, mis à part pour supporter la tentation, la critique et l’exclu-
sion comme il l’a fait. Cher saint, vous devez constamment vous
souvenir de qui vous êtes, surtout quand vous en avez le plus be-
soin.
Voici comment les théologiens expliquent tout cela : les impé-
ratifs de la Bible (ce que vous devez faire) découlent des indicatifs
(qui vous êtes). Nous disons non au péché parce que nous sommes
saints en Christ. Nous supportons la critique de la part de ceux qui
nous haïssent parce Dieu nous aime en Christ. Nous supportons
l’exclusion de la part des autres parce que Dieu nous accueille en
Christ. Nous ne sommes pas ce que nous faisons. Nous faisons ce
que nous sommes. Notre identité détermine notre activité. C’était
vrai pour Jésus, et c’est vrai pour ceux qui sont en Christ. Notre
identité de nouvelles créatures en Christ est la clé de notre victoire,
comme Jésus.

50
JE SUIS UN SAINT

Un saint est humble


Considérons les bienfaits de notre position en Christ comme
un processus de salut en quatre parties.
Premièrement, au travers de la régénération, nous sommes
ramenés de la mort spirituelle (résultat de notre péché) à une vie
nouvelle en Christ. La régénération renouvelle nos désirs, nos pen-
sées et nos espoirs pour accomplir les choses de Dieu plutôt que les
« désirs de notre nature propre » (Éph. 2 : 3).
Deuxièmement, nous sommes délivrés de la condamnation
du péché par la justification. La justification est l’action de Dieu,
qui déclare qu’un pécheur injuste devient un saint juste à ses yeux.
C’est notre position en Christ. En tant que chrétiens, nous sommes
réellement nouveaux, et même si nous ne sommes pas encore par-
faitement nouveaux, nous sommes en voie de le devenir en gran-
dissant dans cette vie et en étant rendus parfaits à la fin de celle-ci.
Troisièmement, notre cheminement vers Dieu et notre atta-
chement à lui continuent tout au long de notre vie dans la sanctifi-
cation. Par la sanctification, nous sommes délivrés de la puissance
du péché. La sanctification est à la fois une position (nous sommes
déjà mis à part et sanctifiés) et un processus. Dans ce processus,
nous ressemblons de plus en plus à Jésus, alors que le Saint-Esprit
nous purifie et que nous grandissons dans notre relation avec lui.
Puisque nous sommes des saints sanctifiés, nous ne sommes pas
contraints de pécher et nous pouvons commencer à apprécier la
sainteté.
Quatrièmement, notre sanctification sera achevée lors de
notre mort, quand nous expérimenterons le caractère définitif de
notre salut dans la glorification, par laquelle nous serons délivrés
de la présence du péché. La glorification est un état éternel de per-
fection sans péché qui culminera quand nous ressusciterons des
morts pour vivre avec Jésus et que nous serons avec lui pour tou-
jours.
Tout ceci se réalise par la grâce de Dieu et pour la gloire de
Dieu. Il nous arrive cependant de pécher, même si nous sommes
des saints : nous devenons orgueilleux des changements que nous

51
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

avons opérés et des choses que nous avons apprises. La Bible ap-
pelle ça être « enflé d’orgueil » (1 Cor. 13 : 4 ; 1 Tim. 3 : 6 – LSG).
La Bible a beaucoup à dire quant à l’orgueil et à la vertu de
l’ humilité. À une époque où, sur Internet, nous ne publions quasi-
ment que des photos de nous et des articles où nous nous vantons,
les paroles intemporelles de la Bible sont d’une incroyable actua-
lité :
• « Il y a six choses que l’ Éternel déteste, et même sept dont
il a horreur ; les yeux hautains […] » (Prov. 6 : 16-17) ;
• « L’arrogance, l’orgueil, la voie du mal […], voilà ce que je
déteste » (Prov. 8 : 13) ;
• « Tous ceux dont le cœur est orgueilleux font horreur à
l’ Éternel » (Prov. 16 : 5) ;
• « L’arrogance précède la ruine, et l’orgueil précède la
chute » (Prov. 16 : 18) ;
• « Revêtez-vous d’ humilité, car Dieu s’oppose aux
orgueilleux, mais il fait grâce aux humbles » (1 Pi. 5 : 5).

L’orgueil est notre ennemi, l’humilité notre alliée. L’orgueil


nous compare aux autres pécheurs, l’humilité nous compare à
notre Sauveur parfait. L’orgueil convoite la réussite des autres, l’hu-
milité s’en réjouit. L’orgueil parle de moi, l’humilité parle de Jésus et
des autres. L’orgueil se préoccupe de ma gloire, l’humilité se préoc-
cupe de la gloire de Dieu. L’orgueil entraîne une séparation d’avec
Dieu, l’humilité entraîne une dépendance vis-à-vis de Dieu. L’or-
gueil engendre tous les péchés, l’humilité engendre toutes les joies.
L’orgueil conduit à l’arrogance, l’humilité conduit à la confiance.
L’orgueil me pousse à agir par mes propres forces, l’humilité me
contraint à agir avec la force de Dieu.
Les psychothérapies actuelles ont tendance à encourager
les gens à penser mieux d’eux-mêmes et à rendre leur propre vie
meilleure. La réponse à ce qui nous fait mal est donc l’amour-
propre, qui conduit au développement de soi et à l’épanouissement
personnel. Ce ne sont toutefois que des termes techniques pour
parler d’orgueil. Le problème de cette approche est qu’elle ne se
concentre que sur le « soi » et pas sur le « soi » qui vit coram deo :
devant Dieu. Nous n’avons pas besoin de nous sentir mieux par

52
JE SUIS UN SAINT

rapport à nous-mêmes. Nous avons besoin du Dieu qui nous rend


meilleurs par lui et pour lui.
L’ humilité inclut la connaissance et l’acceptation de la vérité
concernant Dieu et nous-mêmes, telle que la Bible nous la révèle.
Un saint grandira en humilité en comprenant de façon juste et
biblique son identité en Christ. Savoir que nous sommes des pé-
cheurs sauvés et gardés par la grâce nous préservera d’un amour-
propre démesuré et orgueilleux. Savoir que nous sommes aussi
des saints en Christ nous préservera d’une piètre et douloureuse
estime de soi.
Personne d’entre nous ne peut dire qu’il est réellement
humble, si ce n’est Jésus-Christ. Au contraire, tout ce que nous
pouvons dire, c’est que nous sommes des orgueilleux qui recher-
chent l’ humilité par la grâce de Dieu 42. Cette grâce est accordée
gratuitement à tous ceux qui croient en Jésus et fondent leur iden-
tité en lui.
Êtes-vous chrétien ? Si c’est le cas, alors, vous êtes aussi un
saint en Christ, racheté et renouvelé en Christ, parce que tout vrai
chrétien est un saint. Prenez un moment pour méditer sur cette
vérité monumentale ! Peu importe comment vous vous sentez ou
ce que les autres en pensent, Dieu dit que vous êtes un saint. Dites-
le à voix haute : « Je suis un saint ». Demandez au Saint-Esprit de
graver cette vérité au plus profond de votre âme pour que la racine
de votre identité en Christ nourrisse le fruit de votre vie. Comme
l’a dit Jésus : « Moi non plus, je ne te condamne pas ; vas-y et désor-
mais ne pèche plus » (Jean 8 : 11).

53
CHAPITRE QUATRE

JE SUIS BÉNI

Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a


bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ !
En lui, Dieu nous a choisis avant la création du monde pour que nous
soyons saints et sans défaut devant lui. Dans son amour, il nous a
prédestinés à être ses enfants adoptifs par Jésus-Christ. C’est ce qu’il
a voulu, dans sa bienveillance, pour que nous célébrions la gloire de
sa grâce, dont il nous a comblés dans le bien-aimé.
En lui, par son sang, nous sommes rachetés, pardonnés de nos fautes,
conformément à la richesse de sa grâce. Dieu nous l’a accordée avec
abondance, en toute sagesse et intelligence. Il nous a fait connaître le
mystère de sa volonté, conformément au projet bienveillant qu’il avait
formé en Christ pour le mettre à exécution lorsque le moment serait
venu, à savoir de tout réunir sous l’autorité du Messie, aussi bien ce
qui est dans le ciel que ce qui est sur la terre. En lui nous avons été
désignés comme héritiers, ayant été prédestinés suivant le plan de
celui qui met tout en œuvre conformément aux décisions de sa volonté
pour servir à célébrer sa gloire, nous qui avons par avance espéré
dans le Messie.
En lui vous aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Évangile
qui vous sauve, en lui vous avez cru et vous avez été marqués de
l’empreinte du Saint-Esprit qui avait été promis. Il est le gage de notre
héritage en attendant la libération de ceux que Dieu s’est acquis pour
célébrer sa gloire.
ÉPHÉSIENS 1 : 3-14

Le premier chapitre de la Bible est un récit court et merveilleux


de la façon dont Dieu a créé toutes choses par la puissance de sa
Parole, simplement en leur disant d’exister. Malheureusement, au

55
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

milieu de la controverse quant aux détails de la création du monde


(quand et comment), on passe bien souvent à côté de trois petits
mots qui expliquent ce que Dieu a fait tout de suite après avoir créé
nos premiers parents : « Dieu les bénit » (Gen. 1 : 28).
Nos premiers parents n’avaient pas demandé à Dieu de les bé-
nir. Il l’a fait parce qu’il est bon et plein de grâce, tout simplement.
Cet aperçu du cœur de Dieu est extrêmement rare. Si vous étudiez
les différentes religions du monde ou les systèmes de croyances
surnaturelles, vous aurez beaucoup de mal à y trouver une concep-
tion où Dieu est bon et se plaît à bénir les gens.
Au contraire, Dieu est le plus souvent vu comme quelqu’un
qu’il faut manipuler et contraindre à bénir les hommes. On en-
seigne donc aux gens qu’ils doivent faire quelque chose pour que
Dieu les bénisse : souffrir, jeûner, prier, entrer en transe, répéter
une litanie, posséder des objets sacrés, apporter une large contri-
bution financière, entreprendre un pèlerinage sacré, offrir un sa-
crifice animal ou même humain, rencontrer un gourou, un cha-
man ou un guérisseur, faire des incantations, etc. Peu importe la
méthode, le message est identique : vous devez manipuler Dieu
d’une façon ou d’une autre pour qu’il vous bénisse.
C’était le cas d’une jeune fille, Alice, qui a avoué qu’elle avait
mené une double vie pendant plus de cinq ans. Elle avait convaincu
ses parents et ses amis qu’elle était chrétienne, tout en pratiquant
activement la sorcellerie Wicca. Elle raconte : « J’avais passé quatre
ans dans une école chrétienne et suivi un cours de confirmation
luthérienne. Je connaissais donc toutes les bonnes réponses sans
connaître Jésus ».
Alice explique que sa compréhension de Christ était marquée
par une idée erronée : elle croyait qu’elle devait gagner la bénédic-
tion de Dieu. « Le Saint-Esprit m’a montré récemment que cette
idée provenait d’un autre mensonge, celui que je pouvais plaire à
Dieu par ma vie alors que ce n’était pas du tout le cas. En réalité, il
est satisfait quand je viens à lui complètement vide et dépouillée de
tout, sans rien à offrir ou à échanger ; il peut ainsi combler ce vide
par Christ et reconnaître que je lui appartiens. Je n’ai pas à tromper
Dieu comme je trompe mes amis en leur faisant croire que je le
connais ! »

56
JE SUIS BÉNI

À l’époque de Paul, les gens se débattaient avec ce besoin de


tromper Dieu pour qu’il les bénisse 43, comme c’était le cas d’Alice.
Éphèse était une ville de première classe pour la religion et le spi-
rituel, et les gens s’y rendaient pour toutes sortes de festivals, dont
le but était de manipuler le monde spirituel pour recevoir la bé-
nédiction. Dans cette ville, de nombreux rituels occultes étaient
également pratiqués dont nous ne savons que très peu de choses ;
les érudits y font généralement référence comme aux « rites mysté-
rieux ». Éphèse est aussi très connue pour ses « Lettres éphésiennes »
(Ephesia Grammata, à ne pas confondre avec la lettre de Paul aux
Éphésiens), six mots intraduisibles d’une formule magique utilisée
pour manipuler le monde des esprits pour être béni.
Ces pratiques occultes étaient tellement répandues que
lorsque Paul a prêché l’ Évangile à Éphèse pour la première fois,
il a failli provoquer une émeute. En effet, ceux qui profitaient de
la magie voyaient l’ Évangile de grâce comme une menace à leur
bien-être financier : les nouveaux chrétiens de la cité brûlaient
leurs livres de magie quand ils se convertissaient. Luc était clai-
rement impressionné par la quantité de livres et leur valeur : il en
a estimé le montant à cinquante mille journées de travail (Actes
19 : 17-20) ! Cet environnement explique en partie pourquoi Paul
parle plus du combat spirituel, des puissances démoniaques et de
la victoire de Jésus dans l’épître aux Éphésiens que dans n’importe
quel autre livre du Nouveau Testament.
C. S. Lewis aimait particulièrement dire que nous sommes
souvent coupables de « snobisme chronologique ». Nous consi-
dérons (de manière arrogante) les gens du passé comme des
personnes naïves, primitives et moins sophistiquées que nous le
sommes. La vérité est que les gens ont toujours été les mêmes et,
aujourd’ hui, ils sont aussi païens dans leur façon de penser qu’ils
l’ont toujours été. Spiritualité autochtone, efforts panthéistiques
pour vivre avec les puissantes forces présumées de la nature, pro-
clamation pour « manifester » la réalité invisible, efforts religieux
pour rendre à Dieu d’une manière ou d’une autre, agencement de
la maison par le Feng Shui pour maximiser l’énergie positive, ma-
nipulation de Dieu par des promesses et des grands actes de dévo-
tion, comportement superstitieux ordinaire : il est clair que les gens

57
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

cherchent toujours à manipuler le monde spirituel pour recevoir


la bénédiction.
Paul voulait que nous sachions que nous n’avons pas besoin
de manipuler Dieu pour qu’il bénisse son peuple. Comme Jésus l’a
dit, Dieu est un Père bienveillant qui se réjouit de bénir ses enfants
avec de bonnes choses (Matt. 7 : 11). Tenter de le manipuler pour
qu’il accorde sa bénédiction est aussi inutile que d’essayer d’assé-
cher l’eau.
Une mauvaise compréhension selon laquelle il fallait apaiser
Dieu était assez fréquente. C’est peut-être pour cette raison que
Paul commence Éphésiens avec l’un des versets les plus denses de
toute la Bible (dans le texte grec original, les douze versets d’ Éphé-
siens 1 : 3-14 sont en fait une seule et même phrase de 202 mots !)
Il explore ainsi en profondeur le thème de la bénédiction de Dieu
envers son peuple.
Paul commence en disant que nous devrions bénir Dieu,
parce que Dieu nous a bénis « en Christ » : « Béni soit le Dieu et
Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bé-
nédiction spirituelle […] en Christ ». Bénir, c’est « parler en bien
de, louer, etc. » ou « accorder une faveur, pourvoir avec des béné-
fices 44 ». Ces deux idées apparaissent dans l’introduction de Paul à
cette lettre. Nous devons louer Dieu pour la faveur qu’il manifeste
envers nous.
Pour se rappeler les bénédictions de Dieu pour nous en
Christ, Paul en a dressé une liste. Quand je lis la liste de Paul, je
pense à un feu d’artifice où le bouquet final consiste en une série
de sensationnelles explosions de gloire qui s’enchaînent l’une après
l’autre. Avant de nous dire ce que nous devrions faire pour Dieu,
Paul veut nous faire savoir ce que Dieu a fait pour nous bénir.

BÉNIS EN CHRIST
Paul met l’accent sur le fait que toutes les bénédictions que
nous avons résultent de notre position en Christ. Ceci explique
pourquoi il a mentionné Jésus pas moins de quatorze fois dans les
quatorze premiers versets d’ Éphésiens. En outre, si les termes « en
Christ » ou « en lui » apparaissent en tout quelque trente-six fois

58
JE SUIS BÉNI

dans toute l’épître aux Éphésiens, on les trouve à douze reprises


dans cette introduction. Pour reprendre les termes du théologien
Thomas Schreiner : « La diversité des expressions utilisées pour dé-
crire le fait d’être en Christ dans cette longue phrase (Éph. 1 : 3-14)
est à couper le souffle, et la répétition de cette expression indique à
quel point elle est capitale 45 ».
Si le génie d’une lampe promettait de vous accorder un sou-
hait, qu’est-ce que vous choisiriez ? Honnêtement, qu’est-ce que ce
serait ? La richesse ? La puissance ? L’amour ? À présent, considérez
que Dieu s’est déjà offert lui-même à nous. Dans cette vie, peut-
être que Dieu ne vous accordera pas la santé, la richesse ou la fa-
cilité, mais il s’est donné lui-même à vous. Si vous êtes en Christ,
vous êtes béni par la communion avec la Trinité qui vous accueille.
C’est l’amitié éternelle de Dieu le Père, Dieu le Fils, et Dieu le Saint-
Esprit. Rien n’est comparable à cette bénédiction.
Dans l’introduction de l’épître aux Éphésiens, l’ensemble de
la Trinité est mentionnée comme étant à la fois notre bénédiction
et la source de toutes les bénédictions ; nous entendons parler du
« Père », de « Jésus-Christ » et du « Saint-Esprit », dans cet ordre. La
raison en est que chaque bénédiction provient de Dieu le Père, est
accomplie par Jésus-Christ le Fils, et appliquée au croyant par le
Saint-Esprit. Cette bénédiction était prévue « avant la création du
monde » (v. 4). Avant que Dieu ne crée les cieux et la terre, il avait
prévu de vous connaître, de vous aimer, de vous sauver et de vous
bénir.
Il nous est impossible de concevoir le temps avant le temps,
quand tout ce qui existait était Dieu, et Dieu seul. Mais Dieu, être
éternel qui a créé le temps, l’univers, les étoiles et les planètes, avait
prévu de toute éternité de nous bénir en Christ, et de nous récon-
cilier à lui avant même de poser les fondations de la création. Et
pourtant, ironiquement, nous pensons que nous pouvons ébranler
les fondations d’une telle bénédiction et nous sentons que nous
devons aider Dieu à la construire.
À certains moments, nous ne nous sentons pas bénis, mais le
fait est que nous sommes toujours bénis. Jocelyne, une diaconesse
de notre assemblée, a découvert ce principe à cause d’une terrible
tragédie dans sa vie.

59
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Elle explique : « Croyante, je pensais que la façon dont ma vie


se déroulait était une preuve de la bénédiction de Dieu. Quand
mon rêve de mariage “pour toujours” s’est terminé par un divorce
au bout de vingt ans, j’ai eu peur que Jésus ne me rejette lui aus-
si. Mon mariage suivant fut un vrai désastre : un juge m’a même
confié qu’il n’avait jamais vu un arnaqueur aussi talentueux que
mon mari. Il était si violent envers moi que j’ai failli être tuée. Pen-
dant les quelques mois qui ont suivi mon divorce, j’ai dû faire face
à mon mari qui me traquait et m’agressait. Et même si j’étais ter-
rifiée, je savais que Dieu était là et me protégeait. Mais encore une
fois, il ne semblait pas correct qu’une enfant de Dieu vive toute
cette horreur. N’étais-je pas censée être préservée de ce genre de
vie de feuilleton télévisé ? »
À cette époque, l’entreprise de Jocelyne a connu un essor
remarquable, et elle a commencé à fréquenter l’ Église : « J’étais la
seule responsable du succès de mon entreprise, alors, je me lançais
corps et âme dans le travail, croyant que Dieu permettrait que tout
fonctionne bien, puisque j’étais son enfant, que mes motivations
étaient justes, et que je priais pour ça ». Puis son entreprise s’est à
son tour écroulée à cause d’un employé mécontent qui a saboté la
source principale des affaires. Tous les autres domaines de l’entre-
prise en ont été affectés, au point que tout s’est effondré.
« Ma valeur nette est passée en une nuit d’un chiffre positif
impressionnant à un énorme chiffre négatif. La même semaine,
mon fils de vingt-quatre ans est décédé d’une crise d’épilepsie. La
douleur me paraissait insupportable. Et puis j’ai appris qu’il fallait
que je quitte la maison où je pensais passer le reste de ma vie. Avant
le vendredi. J’avais l’impression d’être prise dans une tornade de
pertes ; et ça ne m’arrivait que quelques années à peine après l’ou-
ragan d’un mariage et d’un divorce abusifs. Où était Dieu ? D’un
autre côté, pourquoi n’aurais-je pas dû souffrir dans cette vie ? Il
a souffert, et ce qu’il a promis, c’est la vie éternelle avec lui, pas
une vie parfaite maintenant. Mais pourquoi me laissait-il vivre tout
cela ? J’étais son enfant, non ? Mes pensées étaient complètement
confuses. »
À travers toute cette douleur et toutes ces pertes, Dieu était
en train de travailler dans la vie de Jocelyne : « Je me suis rendu

60
JE SUIS BÉNI

compte progressivement que j’avais cru jusque-là que mon identité


en Christ se mesurait par la façon dont je m’en sortais suivant les
circonstances de la vie, et particulièrement sur le plan financier.
En étudiant le thème de la rédemption, j’ai compris qu’il n’y a pas
de péché ou de circonstance qu’il ne pardonnera pas, que rien ne
peut me séparer de son amour, que rien ne peut me disqualifier
pour son service si je me repens et que je le laisse se servir de mon
passé pour le glorifier. J’ai commencé à comprendre qu’être enfant
de Dieu ne signifie pas être imperméable à l’échec ou à la douleur,
mais que cela veut dire que je peux avoir confiance en la souverai-
neté d’un Dieu aimant dont les plans pour moi sont bons, dont la
présence m’apporte la paix, et qui me prépare une demeure éter-
nelle qui délectera tous mes sens ».
La vie est difficile, Jocelyne le sait bien. Et dans les temps par-
ticulièrement durs, il est facile d’oublier que nous méritons tous
l’enfer et que toute chose bonne dans notre vie est une bénédiction,
non pas que Dieu nous la doive, mais parce qu’il nous la donne
gracieusement dans son amour. Et ça, c’est une énorme bénédic-
tion.
Nous pouvons être tellement concentrés sur les bénédictions
que nous souhaitons que nous n’arrivons pas à faire une pause
pour remercier Dieu de celles que nous possédons déjà en Christ.
Paul nous montre l’exemple de cette attitude de reconnaissance au
début de la lettre aux Éphésiens. Il rappelle les incroyables béné-
dictions éternelles que chaque croyant a déjà en Christ.

La bénédiction de la sainteté
Pour le chrétien, la sainteté est à la fois « en position » et « en
pratique ».
— Notre position en Christ, devant Dieu, est : « saints et
sans défaut » (Éph. 1 : 4). Luther aimait particulièrement nommer
l’œuvre de Jésus à la croix « le grand échange ». Là, sur la croix,
notre injustice est allée à Jésus, qui a souffert et est mort à notre
place, et la justice de Jésus est venue jusqu’à nous. Résultat : Dieu
nous voit maintenant comme il voit Jésus, c’est-à-dire justes et
saints.

61
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

— En pratique, nous recevons de nouveaux désirs ainsi que la


puissance du Saint-Esprit pour vivre ces désirs dans une vie sainte.
Cela ne signifie pas que nous vivons sans aucun péché, mais plutôt
que nous vivons d’une manière qui reflète toujours plus la sainteté
de Jésus-Christ et les effets de sa bénédiction dans nos vies.
Dieu vous a-t-il changé afin que vous deveniez plus saint à
cause de la bénédiction de Jésus ? Quelle est l’invitation de Dieu
pour vous, pour que vous entrepreniez des changements supplé-
mentaires dans votre vie, que vous soyez toujours plus obéissants
et saints pour refléter Christ davantage ?

La bénédiction de la prédestination
Paul enseignait que Dieu vous a choisi et prédestiné pour re-
cevoir son amour, vous réjouir de sa grâce et être son ami pour
toujours. Dans le contexte de l’Ancien Testament, cette idée est
exprimée par divers mots, tels que projets, décision et choisir. De
la même manière, le Nouveau Testament emploie une myriade de
mots, tels que prédestinés, choisis et destinés pour parler de Dieu
qui choisit de sauver certains, mais pas tous.
La doctrine de la prédestination peut entraîner une foule de
questions, et c’est bien compréhensible. Pourquoi Dieu sauve-t-il
certaines personnes et pas les autres ? Dieu est-il injuste et sans
amour s’il sauve certaines personnes et pas les autres ? N’y a-t-il
aucun espoir de salut pour ceux qui ne sont pas choisis par Dieu ?
Malheureusement, ces questions difficiles sont plus souvent débat-
tues que la vérité divine de la prédestination n’est célébrée. Avant le
commencement des temps, Dieu avait prévu un plan pour aimer et
sauver son peuple. Comment Dieu accomplit-il cela ? Par l’œuvre
de Christ à la croix, par la puissance du Saint-Esprit et au travers
de notre prédication de Jésus.
Le chrétien est censé présenter l’ Évangile de Jésus-Christ aux
non-chrétiens avec amour, vérité et humilité, puis observer ce que
Dieu fait en retour. La prédestination ne devrait pas nous empê-
cher d’évangéliser (comme certains le prétendent). Au contraire,
elle nous libère pour faire ce que Dieu nous a demandé de faire :
le prêcher avec audace… sans nous préoccuper de savoir si nous
sommes en train de contribuer au salut de notre interlocuteur ou

62
JE SUIS BÉNI

de ficher en l’air le processus. La prédestination nous libère et nous


rend plus audacieux dans l’évangélisation, pas le contraire.
La prédestination permet également aux personnes comme
Jocelyne de trouver le repos dans la souveraineté de Dieu, même
quand le monde s’effondre. Dieu est bon et a de bons projets
pour nous, même au travers du mal que notre péché et le péché
des autres provoquent dans notre vie. Le chrétien doit prendre en
considération la doctrine de la prédestination et s’en réjouir. Dieu a
prévu notre rédemption de toute éternité « dans son amour » (Éph.
1 : 4). Dieu n’a d’obligations envers personne, mais il a choisi de
nous sauver. Si vous êtes un chrétien, vous vous trouvez sur la voie
prédestinée par Dieu pour jouir d’une relation personnelle avec
lui. Dieu a choisi de vous connaître, de vous aimer, de vous cher-
cher, de vous pardonner, de vous prendre dans ses bras et d’être
votre ami !

La bénédiction de l’adoption
Dieu est un père, et en Christ, vous êtes adopté dans sa fa-
mille. Dans les trente-neuf livres de l’Ancien Testament, Dieu n’est
appelé « Père » qu’à quatorze reprises à peine, et à chaque fois, ce
mot est impersonnel et fait référence à la nation d’ Israël et pas aux
individus.
Tout a totalement changé avec Jésus. Il parle de Dieu comme
d’un Père plus de soixante fois dans le Nouveau Testament. Per-
sonne n’avait jamais prié Dieu ou parlé de lui comme l’a fait Jésus-
Christ, en employant un mot tendre et très informel, comme les
petits enfants quand ils appellent leur papa qui les aime (un peu
comme mes enfants qui m’appellent « papounet »). Nous appelons
Dieu un Père et le salut l’adoption, en suivant l’exemple de Jésus.
Charles Spurgeon compare l’adoption de Dieu avec l’adop-
tion humaine :
Un homme, quand il adopte un enfant, est parfois attiré par
lui en raison de son incroyable beauté, ou de ses bonnes
manières et de son caractère de vainqueur. Mais, bien-
aimés, quand Dieu est passé devant le champ où nous étions
couchés, il n’a vu aucune larme dans nos yeux, jusqu’à ce
qu’il en ait mis lui-même ; il n’a vu aucun regret en nous,

63
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

jusqu’à ce qu’il nous donne la repentance ; et nous n’avions


aucune beauté en nous qui l’aurait poussé à nous adopter.
Au contraire, nous étions tout ce qu’il y a de plus répugnant.
« Tu es maudit, sois perdu à jamais » : c’est tout ce à quoi
nous aurions pu nous attendre de la part d’un Dieu que nous
avons provoqué pendant si longtemps, et dont nous avons
terriblement bafoué la majesté. Mais non ! Il a trouvé un
enfant rebelle, un enfant sale, effroyable et laid ; il l’a pris dans
ses bras et lui a dit : « Bien que tu sois pécheur, tu es beau à
mes yeux par mon fils Jésus ; bien que tu sois indigne, je te
revêts de sa robe, et dans les habits de ton frère je t’accepte ».
Et nous acceptant tels que nous étions, impies et sales, il a fait
de nous les siens – ses enfants, pour toujours 46.

La bénédiction de la rédemption
En dehors de Christ, nous sommes esclaves du péché (c’est
l’expression biblique pour parler de dépendance). L’image de l’es-
clavage et de la rédemption prend sa source dans le livre de l’ Exode
et réapparaît souvent dans tout l’Ancien Testament i. Des millions
d’ Hébreux étaient esclaves d’un roi égyptien, appelé « pharaon »,
qui régnait sur ce qui était à l’époque la nation la plus puissante sur
terre. Il était adoré comme un dieu, et maltraitait avec brutalité le
peuple qu’il avait assujetti.
À plusieurs reprises, le pharaon refusa de se repentir et de
relâcher ses esclaves. Alors, Dieu envoya une succession de juge-
ments terribles sur toute la nation. Finalement, la colère de Dieu
se répandit sur le fils premier-né de chaque foyer, les tuant tous
en une seule nuit. Les seules familles épargnées par ce châtiment
étaient celles qui, par la foi, avaient pris un jeune agneau sain, sans
tache ni défaut, l’avaient sacrifié (en substitut) et avaient couvert
les montants de l’entrée de leur maison avec son sang. En raison
du sang de l’agneau, la colère de Dieu survola ces maisons et en
fut détournée. Le peuple de Dieu fut sauvé et libéré ; il put quitter
l’esclavage et vivre une vie d’adoration pour Dieu (Exode 7 à 12).
Tout ceci symbolise le fait que le péché règne sur nous, nous tient
en esclavage et nous détruit. Mais Jésus était l’Agneau de Dieu, et
son sang a coulé pour que nous soyons épargnés et libérés.

i
Exode 15 : 1-18 ; Deut. 7 : 8 ; 15 : 15 ; 2 Sam. 7 : 23 ; 1 Chr. 17 : 21 ; Ésaïe 51 : 10 ; Michée 6 : 4.

64
JE SUIS BÉNI

En Christ, vous êtes racheté. Peu importe ce qui vous a as-


servi, que ce soit la drogue, l’alcool, la nourriture, le sexe, le jeu,
la crainte ou autre : Jésus vous a racheté. Vous n’avez plus à être
esclave de ces choses. Jésus est mort pour vos péchés, et grâce à
cela, vous pouvez mettre votre péché à mort, vous éloigner de ce
qui vous tenait en esclavage, et profiter d’une vie nouvelle pour
adorer Dieu librement.

La bénédiction du pardon
Quels regrets amers vous hantent ? Quels mots avez-vous
prononcés, quelles actions avez-vous faites, quelles motivations
avez-vous eues, quels mensonges avez-vous crus, quel mal avez-
vous causé, quelles personnes avez-vous attristées, quelle honte
avez-vous portée ? Qu’avez-vous fait pour tenter d’apaiser votre
conscience ? Avez-vous cherché à nier votre péché, à blâmer les
autres pour votre péché, à le minimiser, à le cacher, à payer Dieu en
retour ou à vous punir ? Vos efforts ont-ils échoué ?
En Christ, vous êtes entièrement, complètement et éternelle-
ment pardonné. Peu importe ce que vous avez fait ou ce que vous
ferez. Jésus est mort pour cela et vit pour tout vous pardonner.
Vous êtes pardonné. Dieu ne retient pas votre péché contre vous, il
ne va pas vous punir, et il vous aime malgré votre péché.

La bénédiction de la grâce
Quand Paul parle de la grâce de Dieu envers nous, il fait ré-
férence à ce que les théologiens appellent la grâce commune et la
grâce salvatrice. Cette grâce est le déversement de l’amour de Dieu.
Dieu aime tout homme avec la grâce commune et son peuple élu
avec la grâce salvatrice.
La grâce commune de Dieu permet à tous, même à ceux qui
le méprisent, de faire des avancées dans des domaines tels que les
sciences, la philosophie, la technologie, l’éducation et la médecine.
La grâce commune de Dieu alimente aussi l’esprit créatif et permet
les arts et la créativité en tous genres. Elle permet aussi aux sociétés
de se développer, aux familles d’exister, aux villes d’être construites
et aux nations de prospérer (comme en Exode 31 : 2-11 ; 35 : 30-35).

65
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

En plus de la grâce commune que tout le monde reçoit, ceux


qui sont en Christ reçoivent également la grâce salvatrice. Comme
la grâce commune, la grâce salvatrice a d’innombrables bénéfices
pour cette vie. Mais elle génère aussi des bénéfices infinis au-delà
de cette vie, ce qui n’est pas le cas de la grâce commune : elle nous
réconcilie avec Dieu par Christ, nous libérant pour que nous pas-
sions l’éternité en sa présence, saints et sans défaut.
Paul parle de la grâce plus que n’importe quel autre auteur
biblique ; il l’évoque à quelque cent reprises 47. L’apôtre commence
et termine chacune de ses lettres avec la grâce de Dieu. Il illustre
ainsi la vérité suivante, en la répétant et en la soulignant : il est im-
possible d’être en Christ de quelque manière que ce soit, si ce n’est
par la grâce de Dieu.
En Christ, vous avez la grâce. Vous êtes choisi par grâce, sauvé
par grâce, gardé par grâce, pourvu de dons par grâce, qualifié par
grâce, mature par grâce et sanctifié par grâce. Vous persévérez par
grâce et, un jour, par grâce, vous verrez Jésus face à face, le meilleur
ami que vous ayez jamais eu.

La bénédiction du sceau
Dans l’Antiquité, les propriétaires apposaient leur sceau sur
leurs possessions. En plaçant le Saint-Esprit en nous, Dieu appose
son sceau sur nous (Éph. 1 : 13). Nous savons que nous apparte-
nons au Seigneur. Le Saint-Esprit est la première des bénédictions
qui font partie de notre héritage puisque nous sommes à Dieu.
Il est un avant-goût du royaume qui nous attend mais dont nous
jouissons déjà dans cette vie. Ce n’est qu’un début.
Réfléchissez un moment aux joies que vous avez éprouvées
dans cette vie, en expérimentant la présence de Dieu, en apprenant
la Parole de Dieu, en appréciant le peuple de Dieu et en chantant
les louanges de Dieu. Considérez à présent que les meilleures jour-
nées dans cette vie ne sont qu’un avant-goût de la vie éternelle à
venir, une mise en bouche qui éveille notre appétit pour la grande
fête.

66
JE SUIS BÉNI

À LA LOUANGE DE SA GLOIRE
Pourquoi Dieu nous bénit-il ? Est-ce pour nous glorifier ? Ou
pour que lui soit glorifié ? Paul enseignait que le but des bénédic-
tions de Dieu est sa gloire. Il écrivait que la bénédiction de Dieu est
« à la louange de la gloire de sa grâce » (Éph. 1 : 6 – LSG), répétant à
deux reprises « à la louange de sa gloire » (v. 12, 14).
Les lignes d’introduction de Paul dans l’épître aux Éphésiens
sont en fait une longue prière de louange pour les innombrables
bienfaits que nous recevons en Christ ; on y fait souvent référence
en parlant de bénédiction. Un commentateur de la Bible explique :
« La bénédiction, ou berekah, est la forme de prière juive la plus
courante et la plus essentielle à la vie des Juifs, depuis des siècles.
Bien avant le premier siècle, les Juifs intégraient de longues béné-
dictions dans leurs offices et des plus courtes dans leur quotidien ;
c’était pour eux un moyen de louer Dieu pour divers dons 48 ».
Prier régulièrement des bénédictions comme celles de Paul
serait particulièrement avantageux pour notre âme et chaque as-
pect de notre vie. Prenez-vous un temps où vous ne serez pas in-
terrompu ; demandez au Saint-Esprit de vous rappeler comment
Dieu vous a béni, et écrivez-le. En faisant cela, Dieu deviendra plus
grand, sa grâce plus riche, et vos difficultés plus petites.
Bien sûr, on peut demander à Dieu une bénédiction spéci-
fique ; un enfant a toujours le droit d’adresser des requêtes à son
père aimant. Cependant, d’après le modèle de Paul en Éphésiens,
nous devrions d’abord prier en remerciant Dieu pour les bénédic-
tions que nous avons déjà avant d’en demander davantage. Chez
moi, nous appelons cela « les prières de reconnaissance » : nous no-
tons comment Dieu nous a bénis de différentes manières et pour-
quoi nous sommes reconnaissants.
Écrire les bienfaits de Dieu et y réfléchir, chaque jour ou
chaque semaine, vous permettra de rester conscient de l’attention
et de l’affection de Dieu à votre égard, et alimentera votre gratitude
alors que vous l’adorez en retour. Dans les temps difficiles, vous
pourrez relire vos écrits et vous rappeler comment Dieu vous a
béni. Et cette trace de la bénédiction divine dans votre vie est le
genre de chose que l’on a envie de laisser un jour à ses enfants et

67
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

petits-enfants. Imaginez un peu à quel point cela aurait été fantas-


tique si vos parents ou vos grands-parents avaient fait de même
avec vous, si vous pouviez lire dans les détails comment Dieu les a
bénis tout au long de leur vie !
La bonne nouvelle est qu’il existe un moyen pour que nous
vivions tous cette bénédiction. Près de deux mille ans après, nous
lisons le récapitulatif de nos bénédictions en Christ, et cette prière
nous sert d’exemple que nous pouvons imiter.
En Christ, vous êtes béni.

68
CHAPITRE CINQ

JE SUIS APPRÉCIÉ

C’est pourquoi moi aussi, après avoir entendu parler de votre foi dans
le Seigneur Jésus [et de votre amour] pour tous les saints, je ne cesse
de dire toute ma reconnaissance pour vous lorsque je fais mention
de vous dans mes prières. Je prie que le Dieu de notre Seigneur
Jésus-Christ, le Père de gloire, vous donne un esprit de sagesse et
de révélation qui vous le fasse connaître. Je prie qu’il illumine les
yeux de votre cœur pour que vous sachiez quelle est l’espérance qui
s’attache à son appel, quelle est la richesse de son glorieux héritage
au milieu des saints et quelle est l’infinie grandeur de sa puissance,
qui se manifeste avec efficacité par le pouvoir de sa force envers
nous qui croyons. Cette puissance, il l’a déployée en Christ quand il
l’a ressuscité et l’a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes, au-
dessus de toute domination, de toute autorité, de toute puissance, de
toute souveraineté et de tout nom qui peut être nommé, non seulement
dans le monde présent, mais encore dans le monde à venir. Il a tout
mis sous ses pieds et il l’a donné pour chef suprême à l’Église qui est
son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous.
ÉPHÉSIENS 1 : 15-23

Riches ou pauvres, célèbres ou inconnus, nous souhaitons


tous être appréciés. Et quand nous ne nous sentons pas appréciés,
ce sentiment peut être dévastateur : il peut nous paralyser et étouf-
fer notre désir d’aller de l’avant.
Lorsque nous ressentons cela, nous avons le choix : croyons-
nous ce que le monde dit de nous ? Ou croyons-nous ce que Dieu
dit de nous ? Ce que nous choisissons de croire peut changer la
trajectoire de nos vies de manière radicale.

69
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

VOUS ÊTES APPRÉCIÉ


Nous vivons dans un monde de plus en plus dur. Chacun
semble croire qu’il est plus important que les autres. La prochaine
fois que vous serez au volant, que vous quitterez un grand rassem-
blement ou que vous sortirez d’un avion, notez de quelle façon
les gens s’attendent à être traités comme des dieux alors qu’eux-
mêmes traitent les autres comme des moins que rien. La technolo-
gie n’a rien amélioré : plus les gens se montrent cinglants, rudes et
critiques, plus ils amassent de fans sur leurs profils en ligne.
Nous sommes tous coupables de prendre plus ou moins part
à la cruauté de cette culture. Qui d’entre nous ne serait pas jaloux
quand les autres réussissent ? Mais bien sûr, nous détestons être
l’objet de cette cruauté.
Posez-vous cette question : « Que ressent-on quand on vous
oublie ? » Êtes-vous frustré quand personne ne vous dit merci pour
un travail que vous avez bien accompli ? Êtes-vous fatigué de vous
sentir en surcharge de travail et en déficit de reconnaissance ? Êtes-
vous démoralisé quand vous recevez plus de critiques que d’en-
couragements ? Vous demandez-vous si toute l’énergie, le temps et
l’argent que vous investissez dans l’ Église, le travail et la vie en va-
lent la peine ? Vous demandez-vous si quelqu’un l’apprécie à leur
juste mesure ?
Si c’est ce que vous ressentez, j’ai une bonne nouvelle pour
vous. Dieu vous connaît parfaitement. Il voit les sacrifices que
vous faites, les différents domaines dans lesquels vous avez mûri,
les personnes que vous servez, les occasions où vous vous montrez
généreux et tout l’impact positif qui en ressort. Et il n’y est pas
indifférent.
Lisez les versets suivants comme si Jésus vous adressait ce
message par l’intermédiaire de Paul :
C’est pourquoi moi aussi, après avoir entendu parler de votre
foi dans le Seigneur Jésus [et de votre amour] pour tous les
saints, je ne cesse de dire toute ma reconnaissance pour vous
lorsque je fais mention de vous dans mes prières.
Éphésiens 1 : 15-16

70
JE SUIS APPRÉCIÉ

Vous êtes apprécié !


Certaines personnes particulièrement religieuses ont les che-
veux qui se hérissent à l’idée que le Seigneur apprécie ce que les
chrétiens font. Elles ont tendance à transformer une simple recon-
naissance en un argument théologique complexe et inutile. Certes,
il semble très spirituel de dire que tout est grâce à Dieu et que nous
ne méritons aucune gloire, et encore moins de la reconnaissance
pour ce que nous faisons. Mais cette idée n’est pas biblique et ne
reflète pas ce que nous sommes aux yeux de Dieu. Le fait est que
nous sommes « son ouvrage, ayant été créés en Jésus-Christ pour
de bonnes œuvres, que Dieu a préparées d’avance, afin que nous les
pratiquions » (Éph. 2 : 10 – LSG). Le mot « ouvrage » employé par
Paul fait référence à une œuvre d’art : le poème de Dieu. Comme
nous le faisons avec les œuvres d’art, créées par les artistes dans
ce monde, nous pouvons nous réjouir, louer et apprécier l’œuvre
d’art elle-même tout en reconnaissant le don de l’artiste qui est à
l’origine de cette œuvre.
Nous sommes bien d’accord : c’est la grâce de Dieu, par la
puissance du Saint-Esprit, qui nous permet de jouir d’une vie
sainte, obéissante, et de porter beaucoup de bons fruits. Mais Dieu
choisit souvent d’œuvrer au travers de personnes qui désirent ac-
complir sa volonté, obéir à ses commandements, dépendre de sa
grâce et être remplies de l’ Esprit. C’est ce que dit Paul : « Mais par
la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, et sa grâce envers moi n’a
pas été sans résultat. Au contraire, j’ai travaillé plus qu’eux tous,
non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu [qui est] avec moi »
(1 Cor. 15 : 10).
Nous oublions souvent d’être reconnaissants envers ceux à
travers qui Dieu agit, uniquement parce que nous avons ce désir
(légitime) de réserver toute la gloire à Dieu. C’est bien dommage.
Certes, nous glorifions Dieu lorsque nous le louons pour sa grâce
envers nous ; mais nous le glorifions tout autant lorsque nous
sommes reconnaissants pour ceux par qui il choisit de nous accor-
der sa grâce. C’est pourquoi, tout au long d’ Éphésiens, Paul ne fait
pas que louer Dieu : il manifeste également sa reconnaissance pour
des croyants. En Éphésiens 1 : 15-16, il fait part de son appréciation
pour leur « foi dans le Seigneur Jésus » et leur « amour pour tous les

71
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

saints », en ajoutant : « Je ne cesse de dire toute ma reconnaissance


pour vous ». C’est très clair : nous devons remercier Dieu pour sa
fidélité envers son peuple et aussi remercier son peuple pour sa
fidélité envers Dieu.
L’estime que Paul manifestait envers les gens était incroyable-
ment personnelle. Éphèse (et ses environs) fut la seule cité où Paul
avait exercé son ministère pendant une période assez longue (Actes
18 : 19-20 : 1). Juste avant de quitter l’Asie mineure pour Jérusalem,
Paul a demandé aux anciens de l’ Église d’ Éphèse de le rejoindre à
Milet, une ville voisine, où il a prononcé un long discours émou-
vant, sachant qu’il ne reviendrait probablement jamais (Actes
20 : 17-35). L’amour et l’estime mutuels entre Paul et les chrétiens
d’ Éphèse sont mis en évidence lorsque Paul s’apprête à embarquer
et à les quitter : « Tous ont alors fondu en larmes ; ils se jetaient au
cou de Paul et l’embrassaient, attristés surtout parce qu’il avait dit
qu’ils ne reverraient plus son visage » (Actes 20 : 37-38).
C’est cette idée de reconnaissance que Paul exprime dans sa
lettre aux Éphésiens. Quand l’apôtre a entendu et vu que ceux-ci
continuaient à être fidèles à Jésus et à le servir, il était reconnais-
sant. Dans un monde où la célébrité, la réputation, l’envie, le res-
sentiment et la haine étaient la norme, Paul a répondu par la joie
et la gratitude.
Paul manifeste fréquemment dans ses lettres sa reconnais-
sance à Dieu et aux autres pour leur service avec amour. Il le fait
autant pour de simples individus que pour des Églises tout en-
tières. Lisez les exemples suivants en prenant le temps de vous les
approprier, délibérément et personnellement, comme si Paul avait
écrit à votre sujet :
Tout d’abord, je dis à mon Dieu par Jésus-Christ toute ma
reconnaissance au sujet de vous tous. Romains 1 : 8
Je dis constamment à mon Dieu toute ma reconnaissance à
votre sujet. 1 Corinthiens 1 : 4
Je dis à mon Dieu ma reconnaissance de tout le souvenir que
j’ai de vous. Dans toutes mes prières pour vous tous, je ne
cesse d’exprimer ma joie à cause de la part que vous prenez à

72
JE SUIS APPRÉCIÉ

l’Évangile depuis le premier jour jusqu’à maintenant.


Philippiens 1 : 3-5
Nous disons constamment toute notre reconnaissance à Dieu,
le Père et notre Seigneur Jésus-Christ, lorsque nous prions
pour vous. Colossiens 1 : 3
Nous disons constamment à Dieu toute notre reconnaissance
pour vous tous en faisant mention de vous dans nos prières.
Nous nous rappelons sans cesse l’œuvre de votre foi, le
travail de votre amour et la fermeté de votre espérance en
notre Seigneur Jésus-Christ, devant Dieu notre Père.
1 Thessaloniciens 1 : 2-3
En effet, quelle est notre espérance, ou notre joie, ou notre
couronne de gloire ? N’est-ce pas vous aussi, devant notre
Seigneur Jésus, lors de son retour ? Oui, vous êtes notre gloire
et notre joie. 1 Thessaloniciens 2 : 19-20
Comment exprimer en retour toute notre reconnaissance à
Dieu à votre sujet pour toute la joie que nous éprouvons à
cause de vous devant notre Dieu ? Nuit et jour, nous le prions
avec beaucoup d’insistance de nous permettre de vous revoir
et de compléter ce qui manque à votre foi.
1 Thessaloniciens 3 : 9-10
Frères et sœurs, nous devons constamment dire à Dieu toute
notre reconnaissance à votre sujet, et cela est juste, parce
que votre foi fait de grands progrès et que l’amour mutuel que
vous vous portez tous augmente de plus en plus.
2 Thessaloniciens 1 : 3
Nous devons constamment dire à Dieu toute notre
reconnaissance à votre sujet. 2 Thessaloniciens 2 : 13
Je suis reconnaissant envers Dieu – que je sers, à l’exemple
de mes ancêtres, avec une conscience pure – lorsque sans
cesse, nuit et jour, je me souviens de toi dans mes prières. Je
me rappelle tes larmes et je désire te voir afin d’être rempli de
joie. 2 Timothée 1 : 3-4
Je dis constamment à mon Dieu toute ma reconnaissance en
faisant mention de toi dans mes prières, car j’entends parler
de ta foi dans le Seigneur Jésus et de ton amour pour tous les
saints. Philippiens 4 à 5

73
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

Paul était profondément conscient que Dieu connaissait tout


de ses souffrances ou de son service. Il se savait réellement appré-
cié. C’est ce qui lui permettait d’aller de l’avant malgré les critiques
sévères, l’exil solitaire et l’opposition acharnée. C’est ce qui le ren-
dait si reconnaissant pour les chrétiens qui servaient avec un cœur
bien disposé. C’est aussi ce qui le poussait à les encourager en leur
rappelant souvent à quel point Dieu et lui-même les appréciaient.

Les gens qui se savent appréciés troquent les plaintes


pour la prière
Quand nous avons l’impression que les gens nous abandon-
nent, qu’ils tirent profit de nous ou nous traitent avec indifférence,
nous pouvons facilement tomber dans l’apitoiement. La Bible est
claire à ce sujet : se plaindre est un péché i. Mais comment cesser de
nous plaindre ? Devons-nous simplement ravaler notre frustration,
prétendre être heureux et feindre la joie ? Non. Au contraire, nous
devons arrêter de rechercher l’appréciation auprès des hommes et
commencer à la chercher auprès de Jésus.
Jésus était loin d’être apprécié ; au contraire, il a été insulté,
abandonné et assassiné. La foule ne criait pas : « Remerciez-le ! »
Elle criait plutôt : « Crucifiez-le ! » Pourtant, au lieu de se plaindre,
Jésus a passé son temps à prier – dans le jardin de Gethsémané
avant d’être arrêté, et sur la croix alors qu’il était en train de mou-
rir. Il n’a pas prié uniquement pour lui, mais aussi pour ceux qui le
haïssaient, demandant : « Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas
ce qu’ils font » (Luc 23 : 34). Jésus a supporté cela parce qu’il savait
qu’il accomplissait la volonté de son Père. Il savait que le Père pre-
nait plaisir en lui et appréciait son obéissance. Il s’est accroché à ces
mots que le Père a prononcés lors de son baptême : « Celui-ci est
mon Fils bien-aimé, qui a toute mon approbation » (Matt. 3 : 17).
En Christ, vous avez, vous aussi, toute l’approbation de Dieu. Vous
jouissez désormais de la justice de Christ comme si c’était la vôtre.
En Christ, votre obéissance à sa Parole et à sa volonté est pleine-
ment appréciée par le Père.

i
Jac. 5 : 9 ; Jude 1 : 16-19 ; 1 Pi. 4 : 9.

74
JE SUIS APPRÉCIÉ

Quand Paul remerciait les gens, il mentionnait ses prières


pour eux. Les Églises auxquelles Paul écrivait faisaient face à des
situations et des personnes difficiles. Mais au lieu de se plaindre de
la laideur, l’apôtre mettait en avant la beauté, et il priait pour qu’ils
continuent à connaître Dieu et à ressembler à Jésus.
Qu’en est-il pour vous ? Quand vous êtes frustré ou contrarié,
ou quand vous ne vous sentez pas apprécié, réagissez-vous en vous
plaignant ou en priant ? Repensez à quelques exemples de votre
vie : la situation n’a-t-elle pas bien souvent empiré à cause de vos
plaintes ? Et si vous troquiez les plaintes pour la prière ? Quand
nous prions, nous nous tournons vers Dieu au lieu de bougonner
contre les autres. En priant, nous invitons Dieu à nous venir à aide,
à garder nos cœurs de l’amertume et de la colère, et à changer non
seulement nos circonstances extérieures, mais aussi notre cœur. Si
vous ne le faites pas déjà, commencez à prier pour les autres dès
aujourd’ hui.

Les gens qui se savent appréciés troquent la compétition


pour les félicitations
Lorsque nous ne sommes pas appréciés à notre juste valeur,
nous avons tendance à développer un esprit malsain de compé-
tition. Bien sûr, il existe une sorte de rivalité saine dans laquelle
nous nous incitons « à l’amour et à de belles œuvres » (Héb. 10 : 24),
et cherchons à nous motiver l’un l’autre dans l’amour à être plus
fidèle et à porter plus de fruit, pour la gloire de Dieu et le bien
des autres. Mais bien souvent, notre esprit de compétition n’est
pas tourné vers Dieu et n’a rien de bienveillant. Au contraire, nous
cherchons principalement à démontrer notre supériorité par rap-
port aux autres. Nous cherchons à les dépasser pour atteindre pou-
voir, position, louange ou prestige.
Lorsque cet esprit de compétition nous motive, même ce que
nous faisons pour Dieu ne l’ honore pas. La compétition spirituelle
prend une tournure sordide quand nous luttons contre les autres
pour les écraser plutôt que de lutter ensemble pour ressembler da-
vantage à Christ. Nous devenons jaloux des autres, nous parlons
d’eux en mal, nous les calomnions, nous doutons de leurs motiva-

75
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

tions ; notre obsession est de les écraser, et s’ils échouent ou s’ils


sont humiliés, nous nous en réjouissons.
Savoir que Dieu nous apprécie est libérateur : nous ne cher-
chons plus la compétition avec les autres. Au contraire, nous fêtons
leurs réussites. Voilà exactement ce que Paul nous montre en Éphé-
siens 1 : 15-16 : « C’est pourquoi moi aussi, après avoir entendu par-
ler de votre foi dans le Seigneur Jésus [et de votre amour] pour tous
les saints, je ne cesse de dire toute ma reconnaissance pour vous ».
Paul ne compare pas leurs œuvres aux siennes et ne fait même au-
cune mention de ses nombreuses réussites. Il célèbre plutôt les ma-
nifestations de la grâce de Dieu dans leur vie.
Qu’en est-il pour vous ? Fêtez-vous la réussite des autres ? Si
vous compreniez que, parce que vous êtes en Christ, Dieu prend
plaisir en vous, en quoi cela vous aiderait-il à faire de même pour
les autres ? Comme pour cette personne avec qui vous vous êtes
mesuré à tort. Comment pouvez-vous le faire concrètement ?
Commencez dès aujourd’ hui à fêter le succès et les progrès de ceux
qui vous entourent.

Les gens qui se savent appréciés troquent l’amertume


pour la gratitude
Lorsque nous oublions que Dieu nous apprécie et ne nous
sentons pas appréciés par ceux qui nous entourent, nous pouvons
devenir amers à la fois envers les gens et envers Dieu.
Certaines personnes remplies d’amertume arrêtent carré-
ment de servir. Elles abandonnent, tout simplement : « Puisque
personne n’apprécie mon travail, pourquoi continuer ? » Ou bien :
« Si les gens ne sont pas reconnaissants, ils n’ont qu’à le faire eux-
mêmes ! » D’autres continuent à servir, mais avec un esprit grin-
cheux. Ils disent à qui veut l’entendre à quel point leur tâche est
difficile, à quel point ils doivent travailler dur. En fait, ils mendient
quelques compliments.
Dieu apprécie toute bonne chose que chacun de ses enfants
accomplit par la puissance du Saint-Esprit. En Christ, Dieu ap-
prouve ce que vous faites. Cette vérité vous permet de troquer
l’amertume pour la gratitude. Paul en montre l’exemple : « Je ne

76
JE SUIS APPRÉCIÉ

cesse de dire toute ma reconnaissance pour vous » (Éph. 1 : 16). Les


gens qui se savent bien appréciés peuvent être reconnaissants pour
la grâce de Dieu tant dans leur vie que dans la vie des autres.
Êtes-vous amer à l’égard de Dieu ou de quelqu’un d’autre qui
aurait des dons, des possibilités, des bénédictions ou des fruits que
vous convoitez ? Cette amertume a-t-elle aigri votre âme et affecté
négativement votre relation avec Jésus et avec les autres ? Com-
ment le fait de savoir que Dieu vous apprécie peut-il vous libérer
du mensonge qui nie cette vérité ? Commencez à être reconnais-
sant pour votre entourage dès aujourd’ hui.

Les gens qui se savent appréciés troquent la recherche


de la performance pour la joie du service
Tout au long du ministère de Jésus sur terre, les disciples
argumentaient pour déterminer lequel d’entre eux était le plus
grand i. Au lieu de les reprendre, Jésus a simplement réorienté leurs
aspirations en leur expliquant qu’il valait mieux chercher à devenir
de grands serviteurs.
Jésus lui-même est venu sur la terre comme un humble servi-
teur ii. Dans le royaume de Dieu, où toutes nos valeurs sont renver-
sées, la grandeur n’est pas déterminée par le nombre de personnes
qui vous servent, mais par le nombre de personnes que vous ser-
vez. C’est ce que voulait dire Jésus quand il a déclaré : « Si quelqu’un
veut être grand parmi vous, il sera votre serviteur » (Marc 10 : 43).
Ceci explique également pourquoi Jésus est la personne la plus im-
portante que la terre ait jamais connue : il « est venu non pour être
servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour beaucoup »
(Marc 10 : 45). Suivant l’exemple de son Maître, Paul parle aussi de
lui-même comme d’un serviteur (1 Cor. 4 : 1 ; 9 : 19).
Savoir que Dieu nous approuve nous permet de troquer notre
désir de performance pour un désir de service. La performance a
pour but d’être vu et approuvé des autres. Le service est accompli
dans l’assurance que Dieu voit et approuve, peu importe ce qu’en
pensent les gens. Dans un contexte de performance, nous sommes

i
Matt. 18 : 1-6 ; Marc 9 : 33-37 ; 10 : 35-45 ; Luc 9 : 46-48 ; 22 : 24-30.
ii
Ésaïe 42 : 1-4 ; 49 : 1-7 ; 52 : 13-53 : 12 ; Phil. 2 : 1-11.

77
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

esclaves de l’opinion des autres, incapables de dire non, et facile-


ment surchargés. Dans un contexte de service, nous sommes libres
de faire ce que Dieu veut, en disant non quand il le faut. La per-
formance nous pousse au perfectionnisme, à tout faire pour que
les autres nous applaudissent. Le service nous permet de faire de
notre mieux, sachant que Dieu nous apprécie sans que cela ne dé-
pende de nos performances. Dans un contexte de performance,
nous nous concentrons sur les « grandes » choses et ne faisons que
ce qui est bien visible ou important. Dans un contexte de service,
nous accomplissons même les tâches ingrates, simples et humbles
(les « petites choses »), sachant que le charpentier juif que nous
adorons apprécie autant les petites que les grandes tâches. Paul dé-
montre cela en servant dans l’amour ses lecteurs, nous y compris.
Qu’en est-il pour vous ? Êtes-vous plus enclin à la perfor-
mance… ou au service ? Si vous saviez avec certitude que Dieu ap-
précie vos actions, seriez-vous libéré de la pression qu’engendre la
performance pour découvrir la satisfaction du service ? Commen-
cez à servir votre entourage dès aujourd’ hui.

Les gens qui se savent appréciés troquent la vantardise


pour les encouragements
Il y a quelques années, nous avons organisé une série de
conférences dans notre Église. À la fin de la première journée, de
nombreux bénévoles et membres du staff étaient en train de par-
ler de l’un des orateurs. Tous parlaient, non pas de sa prédication,
mais de sa manière de leur montrer son appréciation. Ils se sen-
taient tellement aimés et encouragés par lui qu’ils avaient envie
de travailler dur et de servir fidèlement ceux qui participaient aux
conférences. Le lendemain, j’ai discrètement suivi l’orateur à dis-
tance pour voir comment il opérait.
Ce dont j’ai été témoin était à la fois simple et puissant. Il
manifestait un intérêt réel pour chaque personne qui servait et
pour ce qu’elle faisait. Il prenait du temps avec chacun de ceux qui
servaient lors de l’événement. Il les regardait dans les yeux, les re-
merciait avec sincérité, et les encourageait en leur expliquant à quel
point leur travail était utile et à quel point il appréciait leur service.
Il était sincère. Il était attentif à la façon dont chacun servait, dans

78
JE SUIS APPRÉCIÉ

les moindres détails. Pas étonnant qu’ils l’aimaient autant ! Encore


aujourd’ hui, ces personnes se rappellent de lui affectueusement.
Ceux qui ne se sentent pas bien appréciés risquent de se
vanter pour essayer de gagner l’estime des autres. C’est un che-
min dangereux et malsain ; il éloigne de la sainteté et du bonheur.
Notre besoin de faire connaître à d’autres nos exploits, du passé
ou d’aujourd’ hui, peut virer à l’obsession. Au point d’exagérer les
faits, voire de mentir ; tout cela pour impressionner les autres et se
sentir appréciés.
Nous espérons en fait que quand les gens entendront parler
de nos exploits ou de nos sacrifices, ils seront reconnaissants et
manifesteront leur appréciation. Mais au lieu de cela, la plupart
des gens trouvent les vantards assommants, arrogants et repous-
sants. Pourquoi ? Parce que lorsqu’une personne en manque de
reconnaissance se vante devant une autre personne en manque de
reconnaissance, il n’en résulte pas de l’estime mutuelle… mais de
la jalousie !
Lorsque nous recevons la conviction que Dieu apprécie notre
service, nous pouvons arrêter de nous vanter et commencer à en-
courager. Quand nous nous vantons, nous nous servons des autres
pour gagner leur estime. Quand nous nous savons appréciés de
Dieu, nous pouvons alors aimer les gens et leur dire comment Dieu
et nous-mêmes les apprécions. Paul a montré cela en encourageant
les gens et en les remerciant pour ce qu’ils avaient fait par la grâce
de Dieu, au lieu de se vanter de ses nombreuses réussites. Notre
orateur avait la même mentalité ; cela a tout changé pour nos béné-
voles, et moi, j’ai appris une grande leçon.

COMMENT SAVOIR SI NOUS CROYONS RÉELLEMENT


QUE DIEU NOUS APPRÉCIE ?
Le mieux, c’est encore d’observer notre vie de prière. Au sens
le plus général du terme, la prière permet de communiquer avec
Dieu. Elle peut être audible (Dieu entend nos paroles) ou silen-
cieuse (Dieu connaît nos pensées). La prière peut comprendre le
chant, l’écriture d’un journal ou de lettres. La prière est le premier
moyen d’entrer en relation avec Dieu, et tout comme la communi-

79
QUI PENSES-TU ÊTRE ?

cation est la clé des relations entre personnes, la prière est essen-
tielle dans notre relation avec Dieu.
Ceux qui se savent appréciés de Dieu prient souvent. Et diffé-
remment. Ils prient souvent parce qu’ils ont conscience de l’œuvre
de Dieu dans la vie des autres, et cela leur donne plus de matière
à prier. Ils prient aussi différemment parce qu’ils sont concentrés
sur les gens et leurs besoins ; ils sont reconnaissants pour l’œuvre
du peuple de Dieu au lieu de se concentrer sur leurs propres be-
soins. Ceci explique pourquoi la moitié de la lettre aux Éphésiens
est composée de prières : « Éphésiens est un livre de prière. C’est
littéralement un livre de prière. Vous rendez-vous compte que près
de la moitié de l’épître aux Éphésiens tourne autour de la prière ?
Rapports de prière, requêtes de prière et invitations à la prière…
même des esquisses de prières que Paul a priées pour les chrétiens
d’ Éphèse, pour vous, pour moi 49 ».
On trouve un exemple en Éphésiens 1 : 15-23, où Paul prie
tout simplement pour que les chrétiens qui connaissaient déjà
Dieu, qui ont bénéficié d’un bon enseignement biblique (Paul, Ti-
mothée, Jean et Luc ont tous enseigné à Éphèse) et ont joui d’un
ministère florissant, apprennent à connaître Dieu davantage. Un
pasteur et enseignant biblique a dit :
Nous pourrions très bien demander :
— Que veux-tu dire, Paul, quand tu pries pour que les
Éphésiens puissent mieux connaître Dieu ? Tu leur as déjà
enseigné toutes ces choses. Veux-tu dire par là qu’ils ne les
connaissent pas ? Ou qu’il reste une information cachée,
ésotérique à découvrir ?
Paul répondrait :
— Non. Vous m’avez mal compris. Je ne prie pas pour
que les Éphésiens en apprennent plus sur Dieu (bien qu’ils
auraient certainement encore beaucoup à apprendre),
mais plutôt pour qu’ils le connaissent lui. Connaître Dieu et
avoir des connaissances à son sujet sont deux choses bien
différentes 50.

Ma femme, Grace, et moi-même sommes sortis ensemble


pour la première fois le 12 mars 1988. Depuis cette première fois

80
JE SUIS APPRÉCIÉ

ensemble, je l’ai connue, mais j’apprends encore chaque jour à


mieux la connaître… et ce sera le cas jusqu’à la fin de ma vie. Il
en va de même à un degré encore plus important de notre relation
avec le Dieu infini de la Bible. Il nous connaît intimement et parfai-
tement. Quant à nous, nous avons toujours plus à apprendre à son
sujet alors que nous apprenons à le connaître, lui. Notre relation
avec Dieu doit être entretenue continuellement.
En parlant de service, y a-t-il quelqu’un dans votre vie qui
vous ait déjà servi comme Paul servait l’ Église d’ Éphèse ? Y a-t-
il quelqu’un qui vous apprécie, vous encourage, vous enseigne et
prie pour vous ? Si c’est le cas, vous pourriez lui retourner la faveur
en lui exprimant votre gratitude et en lui parlant des prières de
reconnaissance que vous faites monter à Dieu à son égard. Si per-
sonne ne vous encourage ainsi, recevez comme vous étant destinée
l’appréciation positive que Paul adresse aux Éphésiens ainsi que
sa prière encourageante. Apprenez-les par cœur, affichez-les chez
vous, et portez-les dans votre cœur. Vous êtes apprécié en Christ.
Pour finir, engagez-vous, par la grâce de Dieu, à être une
personne qui exprime sa reconnaissance aux autres. Avec votre
famille, vos amis, vos collègues, efforcez-vous de faire davantage
de dépôts sur le compte des encouragements que vous ne faites de
retraits sur le compte de la critique. À qui Dieu veut-il que vous
exprimiez votre appréciation ? De quelle manière cette personne
a-t-elle été d’une grande aide pour vous ou pour d’autres ? En quoi
sa vie vous encourage-t-elle ? Quelle est la manière la plus efficace
d’exprimer votre appréciation envers cette personne ? Comme Paul
l’a fait, vous pourriez mettre par écrit votre gratitude, y partager
une prière de reconnaissance à Dieu pour elle et inclure de quelle
manière vous demandez à Dieu de lui venir en aide.
Une telle lettre serait un cadeau, probablement un de ceux
que cette personne conserverait précieusement pendant des an-
nées. Un peu comme la lettre de Paul aux Éphésiens, que nous ou-
vrons encore aujourd’ hui, deux mille ans après sa rédaction. Voilà
la puissance de l’appréciation !

81

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