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« Aïssatou, j’ai reçu ton mot.

En guise de réponse j’ouvre ce cahier, point


d’appui dans mon désarroi : notre longue pratique m’a enseigné que la
confidence noie la douleur. » C’est par ces mots, tels un murmure, que débute
le premier roman de l’écrivaine sénégalaise Mariama Bâ. Une si longue lettre,
paru en 1979 à Dakar aux Nouvelles Editions Africaines est devenu, plus de
quarante ans plus tard, le roman épistolaire le plus célèbre du continent
africain.
La simplicité apparente de sa trame narrative est sans doute l’une des clés de
son succès. Ramatoulaye, une femme obligée d’observer le deuil de son mari,
met à profit sa quarantaine pour faire le bilan de sa vie en s’adressant dans une
lettre à Aïssatou, son amie de cœur. Au fil de son récit, les souvenirs de ses
années conjugales succèdent à ceux de sa jeunesse, avant le temps de la
solitude, quand son époux se détourne d’elle pour prendre une seconde femme.
D’emblée le ton posé, la justesse des mots, captivent.
En nous plongeant dans l’intimité de la narratrice, ses joies, ses souffrances et
ses frustrations, la romancière questionne la condition féminine : les codes
régissant les relations avec les hommes, l’importance des castes et, surtout, la
polygamie. La lettre de Ramatoulaye se déploie comme le témoignage
douloureux d’une femme lettrée et idéaliste, prise à revers par la société dans
laquelle elle a pourtant grandi.

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« Une si longue lettre », un récit-manifeste sur la condition féminine


au Sénégal
A la (re)découverte des classiques africains (2). Dans la missive qu’une veuve lettrée et
idéaliste adresse à sa meilleure amie, l’écrivaine Mariama Bâ questionne la société
sénégalaise des années 1970. Un texte toujours d’actualité.
Par Kidi Bebey
Publié le 17 juillet 2021 à 09h00, modifié le 02 décembre 2021 à 12h30

Temps de Lecture 4 min.


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désarroi : notre longue pratique m’a enseigné que la confidence noie la douleur. » C’est par
ces mots, tels un murmure, que débute le premier roman de l’écrivaine sénégalaise Mariama
Bâ. Une si longue lettre, paru en 1979 à Dakar aux Nouvelles Editions Africaines est devenu,
plus de quarante ans plus tard, le roman épistolaire le plus célèbre du continent africain.
La simplicité apparente de sa trame narrative est sans doute l’une des clés de son succès.
Ramatoulaye, une femme obligée d’observer le deuil de son mari, met à profit sa quarantaine
pour faire le bilan de sa vie en s’adressant dans une lettre à Aïssatou, son amie de cœur. Au fil
de son récit, les souvenirs de ses années conjugales succèdent à ceux de sa jeunesse, avant le
temps de la solitude, quand son époux se détourne d’elle pour prendre une seconde femme.
D’emblée le ton posé, la justesse des mots, captivent.
En nous plongeant dans l’intimité de la narratrice, ses joies, ses souffrances et ses frustrations,
la romancière questionne la condition féminine : les codes régissant les relations avec les
hommes, l’importance des castes et, surtout, la polygamie. La lettre de Ramatoulaye se
déploie comme le témoignage douloureux d’une femme lettrée et idéaliste, prise à revers par
la société dans laquelle elle a pourtant grandi.
Ainsi va-t-elle découvrir, incrédule, le remariage de son mari, comme son amie avant elle :
« Je savais. Modou savait. La ville savait. Toi Aïssatou tu ne soupçonnais rien et rayonnais
toujours. » écrit-elle. Si Aïssatou divorce alors que Ramatoulaye préfère s’effacer, l’une
comme l’autre vont payer leur humiliation au prix fort : une solitude choisie, mais que
l’entourage rend difficile à assumer.
En évoquant ainsi la société sénégalaise, c’est plus largement à l’émancipation féminine que
Mariama Bâ fait écho, en cette fin des années 1970 où les revendications des femmes se font
plus que jamais entendre à travers le monde.

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