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Petite vie de sainte Faustine

I. De sa naissance à son entrée au couvent


Hélène Kowalska naît le 25 août 1905, à Głogowiec, hameau situé à trois kilomètres de Świnice. L’église, très bien
entretenue, domine une plaine sablonneuse, couverte de champs de seigle et de maigres prairies. Les chaumières,
entourées de jardins, sont bâties sur le bord de la route conduisant au bois ou de-ci de-là, dans les champs.
C’est dans une de ces chaumières que vient au monde la petite Hélène. Son père Stanislas Kowalska, cultivateur et
charpentier, né le 6 mai 1868, meurt le 10 juillet 1946. Très pieux, il assiste tous les dimanches à la Messe et chante
chaque jour l’office de l’Immaculée-Conception, ainsi que l’hymne du matin. En Carême, il chante les lamentations de
la Passion. Sans rémission dans l’exercice de ses dévotions, et n’ayant parfois point d’égards pour le sommeil de sa
femme et de ses enfants, il se lève le premier pour chanter à haute voix son office. Très exigeant pour ses enfants, il fait
régner une grande discipline dans la maison.

Sa mère, née Babel, naît le 8 novembre 1875, non loin du hameau de Mniewie. C’est une brave femme, travailleuse,
pleine de dévouement. Elle aide son mari de toutes ses forces et élève dix enfants : deux fils et huit filles ; la future sœur
Faustine est la troisième de cette fratrie.

La future sœur Faustine est baptisée, le 27 août 1905, par le père J. Chodynski, dans l’église paroissiale Saint-Casimir
de Świnice Warckie, et reçoit ainsi le prénom d’Hélène. Hélène grandit sous le doux regard maternel, partageant la vie
pauvre de sa famille. Le père travaille durement et exige que ses enfants, filles et garçons, prennent de bonne heure
l’habitude du travail. Des qualités naturelles de piété, d’obéissance et d’ardeur au travail se manifestent chez elle. En
1912, à sept ans, deux ans avant sa première sa Première communion, elle ressent dans son âme la voix de la vocation.

Maison de la famille
Kowalska à Głogowiec

Dès l’âge de 9 ans, les garçons aident au battage du blé ; Hélène aide sa mère à la cuisine ou mène les vaches au
pâturage. Elle fréquente aussi l’école de Świnice, où elle se montre appliquée. Hélène ne termine cependant pas ses
études à cause de la pauvreté de ses parents. A 14 ans, elle décide de subvenir à ses propres moyens et d’aider
financièrement, autant qu’elle le peut, sa famille. Hélène part en service à Aleksandrow, près de Łódź, chez de généreux
amis de ses parents.

A dix-huit ans, elle déclare à sa mère son désir d’entrer au couvent. Ses parents refusent catégoriquement, son père ne
prenant même pas au sérieux son désir de vie religieuse, y voyant au contraire les lubies d’une jeune fille inconsciente.
De plus, pour entrer au couvent, il faut pouvoir payer une dot, ce que Stanislas Kowalska est bien entendu incapable de
fournir. Ce n’empêche pas Hélène de répondre avec aplomb : « Mais Papa, je n’ai pas besoin d’argent, Jésus me
conduira au couvent. »

Le refus de ses parents cause beaucoup de chagrin à la jeune fille qui, négligeant les inspirations de la grâce, s’adonne
« aux vanités de la vie, ne faisant aucune attention à la voix de la grâce, bien que [son] âme ne trouv[e] contentement en
rien » (PJ 8). L’appel de la grâce se fait toujours sentir et l’inquiète. Elle tente d’étouffer en elle l’appel de Dieu. Elle
part pour Łódź où elle travaille notamment pendant plus d’un an, de février 1923 à juillet 1924, dans le magasin de
Marcjanna Sadowska.

Etant un jour au bal, avec sa sœur, elle voit soudain auprès d’elle Jésus souffrant, couvert de plaies, et qui lui dit :
« Jusqu’à quand vais-Je te supporter et jusqu’à quand vas-tu Me décevoir ? » Cette vision trouble profondément la
jeune fille. Transportée soudain dans un autre monde, elle prétexte un mal de tête, quitte la soirée, gagne l’église la plus
proche – la cathédrale Saint-Stanislas-Kostka – et là, devant le Saint-Sacrement, demande au Seigneur ce qu’Il désire
pour elle. C’est alors qu’elle entend ces paroles : « Pars tout de suite pour Varsovie, là tu entreras au couvent. » Le soir
même, en juillet 1924, après avoir prévenu rapidement une de ses sœurs et n’emportant aucun bagage, elle part de Łódź
pour Varsovie. En descendant du train, apercevant tant de monde et d’équipages, ne connaissant personne, ne sachant où
diriger ses pas, Hélène s’inquiète et prie la Sainte Vierge de vouloir bien la diriger. Au fond de son cœur, elle entend
alors ces paroles : « Sors de la ville et dans le hameau tu trouveras un refuge sûr pour la nuit. »

Du Parc de Venise, lieu du bal, à la


cathédrale Saint-Stanislas Kostka.

L’intérieur de la cathédrale Saint-Stanislas Kostka… C’est ici que le Seigneur


Jésus appela la jeune Hélène Kowalska à la vie religieuse.

Obéissant à la voix, Hélène trouve, en effet, tout comme Marie le lui avait indiqué. Le lendemain, de grand matin,
revenue en ville, elle entre dans l’église Saint-Jacques pour demander au Bon Dieu les lumières nécessaires pour
connaître sa volonté. Les messes se succèdent et, pendant l’une d’elles, Hélène entend ces paroles : « Va trouver ce
prêtre et dis-lui tout, et il te dira ce que tu dois faire. » Tout d’abord étonné, l’abbé Jacques Dąbrowski, curé de la
paroisse, l’envoie chez Aldona Lipszycowa, dame pieuse en quête d’une aide à domicile.

Elle frappe à la porte du couvent des Religieuses de Marie de la Miséricorde, à Varsovie, situé dans la rue Żytnia. La
Supérieure, Mère Michèle Moraczewska, raconte que, se rendant au parloir, elle aperçoit, par la porte entrebâillée, la
jeune fille, qui ne lui fait pas bonne impression à cause de sa mine peu soignée ; aussi, n’ayant pas été vue de cette
dernière, elle retourne sur ses pas, afin de prier une religieuse de donner une réponse négative à l’aspirante : « A ce
moment, dit la Supérieure, il me vint en pensée qu’il serait peu charitable de congédier cette personne sans aller au
moins échanger quelques mots avec elle. Suivant cette inspiration, je revins sur mes pas et constatai que, vue de près,
l’aspirante avait un tout autre aspect : son aimable sourire, son visage sympathique, sa simplicité, sa franchise et sa
manière d’exprimer me gagnèrent ; changeant d’avis, je lui accordai son admission, qu’elle désirait tant. »
La maison générale de la Congrégation des Soeurs de Notre-Dame de la
Miséricorde où est entrée Faustine

Sœur Faustine écrit à ce propos dans son Journal qu’elle se rend dans la chapelle demander au Seigneur : « "Maître de
cette maison, est-ce que Tu me reçois ?" […] Et tout de suite j’entendis une voix : "J’accepte, tu es dans mon cœur. " »
(PJ 14-15) Toutefois, si la Supérieure lui promet son admission, elle lui conseille de travailler tout d’abord et de
préparer une petite dot. Elle travaille ainsi une année comme domestique avant de se présenter de nouveau à la
supérieure du couvent de la rue Żytnia, le 1er août 1925. Hélène est reçue définitivement dans la Congrégation des
Sœurs de Marie Mère de la Miséricorde, le 1er août 1925, à Varsovie, en qualité de religieuse converses, après l’avis de
Mère Michèle et la décision de la Révérende Mère Léonarde Cielecka, Supérieure générale : « Il me semblait que j’étais
entrée au Paradis, écrit-elle. Seule jaillissait de mon cœur une prière d’action de grâce. » (PJ 17) Après quelques
semaines en communauté, elle se rend compte que la prière tient moins de place qu’elle ne l’escomptait ; elle est tentée
de partir. Jésus lui montre alors son visage supplicié et lui dit : « C’est toi qui me causeras une telle douleur, si tu quittes
ce couvent. C’est ici et non ailleurs, que je t’ai appelée et je t’y ai préparé de nombreuses grâces. » (PJ 19)

II. La révélation du Cœur miséricordieux à l’humble religieuse


Elle commence son postulat à Varsovie, sous la direction de Mère Jeanne Bartkiewicz, puis, le 23 janvier 1926, part à
Cracovie pour le terminer. C’est le 30 avril 1926 que notre postulante commence son noviciat, en recevant le saint habit
et le nom de Marie-Faustine, auquel elle ajoutera quelques années plus tard ce second nom : « du Très Saint-
Sacrement ». Sœur Clémence Buczek, chargée d’habiller les candidates de leurs vêtements religieux, témoigne : « Au
mois de mai 1926 j’ai eu à habiller Hélène Kowalska. Lorsque la candidate reçut l’habit devant l’autel, je lui dis :
"Hélène, dépêchons-nous de mettre l’habit." Hélène s’évanouit. Je courus chercher de l’eau de Cologne afin de la
ranimer… Plus tard, je la taquinais sur ce qu’elle avait tant regretté le monde. Ce n’est qu’après sa mort que j’ai appris
que ce n’était pas la nostalgie du monde qui avait été la cause de son évanouissement, mais quelque chose d’autre. »

Durant ses deux années de noviciat, sous la direction très expérimentée de mère Marie-Josèphe Brzoza, Hélène prouve
que sa vocation est certaine. Dès le printemps 1927, elle passe par la nuit de l’âme, épreuve qui dure plus d’un an et qui
prend fin le Vendredi Saint 1928 : elle éprouve le feu de l’amour de Dieu, oubliant ses souffrances passées et percevant
plus clairement ce que le Christ a eu à subir pour elle. Le 30 avril 1928, elle est admise à prononcer ses premiers
religieux, temporaires, à l’issue d’une retraite de huit jours. Ses parents, invités à la cérémonie, passent à cette occasion
quelques instants avec leur fille. La trouvant rayonnante de joie, son père lui demande : « Eh ! bien, ma fille, tu ne
t’ennuies pas ici ? » - « Comment pourrais-je m’ennuyer, habitant avec Notre Seigneur sous le même toit ? » Pendant le
voyage de retour, il répète plusieurs fois : « Comme elle doit aimer Jésus ! Il faut la laisser en paix, c’est la volonté de
Dieu. » La même année, Mère Michèle Moraczewska est élue supérieure générale lors du Chapitre Général de la
Congrégation de Notre-Dame de la Miséricorde ; elle le sera durant toute la vie de sœur Faustine, lui apportant souvent
aide et réconfort.
Le 22 février 1931, dans sa cellule du couvent de Plock, elle reçoit une vision du désormais célèbre tableau de Jésus
Miséricordieux, qui représente le Sauveur ressuscité, apportant aux hommes la paix par la rémission des péchés, au prix
de sa passion et de sa mort sur la croix (PJ 47-50). Les rayons de sang et d’eau sortant du Cœur (invisible sur le tableau)
transpercé par la lance, ainsi que les plaies laissées par le crucifiement, rappellent les événements du Vendredi Saint :
« Cette image, dit Jésus, doit rappeler les exigences de ma miséricorde, car même la foi la plus forte ne sera rien
sans l’action. » (PJ 742) En dessous de l’image est inscrit : « Jezu ufam Tobie », ce qui signifie : « Jésus, j’ai confiance
en Toi. »

Abbé Michel Sopoćko et sœur Marie-


Faustine : apôtres de la Miséricorde.

C’est également durant cette année 1931 que Jésus demande pour la première fois l’institution de la fête de la
Miséricorde, le dimanche après Pâques, qui sera « le recours et le refuge pour toutes les âmes, et surtout pour les
pauvres pécheurs » (PJ 699). C’est à la même époque qu’elle a une première vision intérieure d’une aide visible qu’elle
recevra sur terre : il s’agit de l’abbé Michel Sopoćko dont Jésus dit : « Voilà l’aide visible pour toi, sur la terre. Il
t’aidera à accomplir ma volonté sur la terre. » (PJ 53) C’est à Wilno, au printemps 1933, qu’elle le rencontre pour la
première fois. Aussitôt qu’elle l’aperçoit, Dieu parle en son âme : « Voilà mon fidèle serviteur, il t’aidera à accomplir
ma volonté sur terre. » Avec de tels signes, comment ne pas se jeter au pied de ce prêtre et s’abandonner en toute
confiance à lui ? Pourtant, dans un premier temps, sœur Faustine résiste à la grâce qui lui est donnée, faisant
volontairement obstacle à l’action de Dieu en son cœur. Elle peine à être en vérité avec l’abbé Sopoćko. Obligée de se
confesser à lui, elle ne lui confie que la surface de son âme. La tristesse qui l’envahit la contraint à changer, à se livrer
telle qu’elle est ; elle retrouve la paix, comprenant l’amour du Seigneur pour les confesseurs : « Je te l’ai fait connaître
avant que tes supérieures ne t’envoient ici, lui confie-t-Il. J’agirai envers toi, comme tu agiras envers ton
confesseur. Si tu lui caches quelque chose, serait-ce la plus petite grâce, moi aussi, je me cacherai à toi et tu seras
seule. » (PJ 269) L’amitié qui jaillit peu à peu de cette direction spirituelle est de l’ordre de celle qui unissait saint
François et sainte Claire d’Assise, saint François de Sales et sainte Jeanne-Françoise de Chantal… Sœur Faustine et
l’abbé Sopoćko, appelé à plusieurs reprises « le fidèle serviteur », tant par Jésus que par sœur Faustine, croissent dans la
Miséricorde dont ils seront, l’un comme l’autre, les plus zélés propagateurs.

En novembre 1932, elle arrive à Varsovie pour la troisième probation (cinq mois) que chaque sœur de la Congrégation
de Notre-Dame de la Miséricorde doit effectuer avant de prononcer vœux perpétuels. Le 1er mai 1933, sœur Faustine
prononce ses vœux perpétuels devant Mgr Stanislaw Rospond.

Les années passent rapidement dans l’accomplissement d’emplois simples et ordinaires : sœur Faustine travaille
successivement à la fabrication du pain, à la cuisine et à la boulangerie. Elle accomplit ses tâches avec zèle, observe
fidèlement toutes les règles de son ordre, est recueillie et silencieuse, mais en même temps naturelle, sereine, pleine
d’un amour bienveillant et désintéressé pour les autres. Les souffrances physiques et morales augmentent avec le temps,
et deviennent plus fortes, tant à cause de sa santé, bien faible, que du poids du travail. Extérieurement, rien ne trahit
l’extrême richesse de sa vie mystique. Pourtant, elle est bien celle à qui Jésus confie la mission d’être « la secrétaire de
[ma] miséricorde », en dépit des suspicions partagées par certaines supérieures et quelques confesseurs. Le père
Michel Sopoćko lui ordonne alors de rédiger le Petit Journal afin de recueillir toutes les confidences qu’elle reçoit du
Seigneur ; cet ordre, auquel elle obéira fidèlement, après avoir brûlé une première partie, lui est également donné par
Jésus Lui-même à plusieurs reprises (PJ 838 & 894) Sa pratique préférée est d’accompagner les âmes agonisante, de
leur obtenir la confiance en la miséricorde divine, de « supplier Dieu de leur donner toute la grâce divine, qui est
toujours victorieuse » (PJ 1698)

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Journal.

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Elle est successivement envoyée dans plusieurs maisons : à Varsovie, à Grochów, à Plock, à Vilna, à Walendów et
Derdy, ainsi qu’à Lagiewniki, près de Cracovie, et passe un peu de temps à Biala et Kiekrz, près de Poznan. Ces
changements fréquents ne sont pas sans étonner une religieuse qui questionne sa supérieure. Celle-ci répond : « Les
unes sont changées de maison à cause de leur caractère, les autres parce qu’elles sont plus nécessaires autre part ; il
n’est pas toujours facile d’effectuer ces changements sans faire murmurer l’intéressée ! Mais sœur Faustine est du
nombre de celles qui les acceptent surnaturellement. » Partout, elle se montre fidèle aux exercices de Communauté et
remplit consciencieusement les devoirs de sa charge, soit à la cuisine, soit au jardin, soit encore à la porterie qu’elle
qualifie de « désert » car la sœur portière reste la plus grande partie de la journée loin de la communauté.

Le 2 janvier 1934, elle rencontre le peintre E. Kazimirowski qui présente un tableau de la Miséricorde Divine en juin de
la même année : sœur Faustine pleure, car le Seigneur n’est pas aussi magnifique que lorsqu’elle L’a vu. Jésus la
console, en l’invitant à voir l’image avec un regard surnaturel : « Ce n’est ni dans la beauté des couleurs, ni dans
celle du coup de pinceau que réside la grandeur de cette image, mais dans ma grâce. » (PJ 313) Les 13 et 14
septembre 1935, Jésus dicte à sœur Faustine le chapelet à la Miséricorde divine, comme une prière pour supplier Dieu et
s’unir au sacrifice de Jésus.

Le 8 janvier 1936, elle rend visite à l’archevêque Romuald Jalbrzykowski, métropolite de Wilno, auquel elle annonce
que le Seigneur Jésus exige, d’une part qu’elle soit entièrement destinée à prier la miséricorde de Dieu pour le monde,
d’autre part la fondation d’une nouvelle congrégation dont la mission est d’implorer la miséricorde de Dieu pour le
monde (PJ 585). Celui-ci accueille paisiblement son message et l’encourage à persévérer dans son union à Dieu, ce
qu’il fait de nouveau lors de sa visite à la Congrégation, le 14 septembre de la même année (PJ 693).

Enfin, sœur Faustine tombe gravement malade. Après une première consultation médicale à l’hôpital de Prądnik
[aujourd’hui hôpital Jean-Paul II], près de Cracovie, elle y est envoyée en cure du 9 décembre 1936 au 27 mars 1937 :
le médecin de service constate chez sœur Faustine une phtisie pulmonaire et ordonne de l’isoler : elle est logée dans une
pièce destinée aux grandes malades. Se sentant mieux après plusieurs mois de séjour, elle revient à la maison de
Łagiewniki, le 27 mars 1937, où elle reprend les fonctions de portière. En dépit de ses faibles forces, elle s’acquitte très
bien de son emploi. C’est durant ces souffrances que Jésus demande à sœur Faustine de célébrer l’heure de sa
mort : « Chaque fois que tu entendras l’horloge sonner trois heures, immerge-toi toute entière en ma miséricorde
en l’adorant et en la glorifiant ; fais appel à sa toute-puissance pour le monde entier et particulier pour les
pauvres pécheurs, car c’est à ce moment qu’elle est grande ouverte à toutes les âmes. A cette heure-là, tu peux
tout obtenir pour toi et pour les autres ; à cette heure, la grâce a été donnée au monde entier – la miséricorde
l’emportera sur la justice… » (PJ 1572)

III. Mort de sainte Faustine et postérité de son message

Au bout d’un certain temps, sa santé fléchit à nouveau, et sœur Faustine retourne à l’hôpital de Prądnik pour y séjourner
du 21 avril au 17 septembre 1938. Pendant sa maladie, elle ne parle pas de ses souffrances, ne répondant qu’aux
questions qui lui sont posées ; les conversations la fatiguent, elle répète souvent : « Bientôt, bientôt ». Lorsque ses
sœurs viennent la voir, elle ne parle que de Jésus, toute prête à quitter cette terre. Elle envoie une dernière lettre à la
supérieure générale, en août 1938, dans laquelle elle demande pardon pour tous les manquements de sa vie, concluant
son écrit par ces mots : « Nous nous reverrons au ciel. » Elle reçoit le sacrement des malades le 25 août 1938. Le 2
septembre, alors que son père spirituel, l’abbé Sopoćko, lui rend visite, il la surprend en extase. Souhaitant mourir dans
sa Communauté, elle y retourne le 17 septembre. S’unissant aux prières des agonisants récitées par l’aumônier du
couvent, le père Czaputa, elle vit de longues souffrances. Enfin le 5 octobre 1938, à 22h45, les yeux fixés sur son
Crucifix, elle rend son âme à Dieu, doucement, simplement, à 33 ans, dont 13 ans et deux mois de vie religieuse.

Son corps est déposé dans une tombe du cimetière du couvent, à Cracovie-Łagiewniki, puis, au moment du procès
informatif débuté le 21 octobre 1965, transféré dans la chapelle (le 25 novembre 1966). La famille et la Communauté
sont informées du décès de celle qui vécut et mourut « comme une sœur ordinaire » au sein de sa Congrégation.

A la mort de sœur Faustine, le culte de la Miséricorde Divine se répand rapidement. A la maison de la Congrégation à
Cracovie, les pèlerins défilent et entourent le tableau d’ex-voto. Le troisième dimanche du mois, une messe solennelle
est consacrée à cette dévotion, tandis que le dimanche après Pâques est célébrée comme fête de la Miséricorde Divine,
dotée en 1951 par le cardinal Adam Sapieha du privilège d’une indulgence de sept ans. Toutefois, l’histoire de ce culte
ne se fait pas sans difficulté, y compris de la part des plus hautes autorités romaines. Un Décret de la Congrégation du
Saint-Office, daté du 28 novembre 1958 (n°65/52), ainsi que la notification du 3 mars 1959 interdisent la propagation
du culte de la Miséricorde Divine sous la forme indiquée par sœur Faustine. Les tableaux peints selon la vision de la
religieuse polonaise, les images, le chapelet, la neuvaine, etc., sont retirés de la circulation. Les prêtres cessent de
célébrer des messes pour la Miséricorde Divine, comme l’a demandé le Seigneur à sa servante. Seules les sœurs de
Cracovie obtiennent de leur archevêque, Mgr Baziak, de conserver le tableau original et de permettre aux nombreux
pèlerins d’honorer leur dévotion. C’est ainsi que le culte de la Miséricorde Divine résiste à l’épreuve dans le petit centre
de la Congrégation à Cracovie, rue Wronia, où reposent actuellement les restes de sœur Faustine. Le 30 juin 1978, alors
que les actes du procès diocésain de béatification ont été transmis à Rome depuis près de dix ans – quel paradoxe ! –, le
Saint-Siège supprime les interdictions contenues dans la notification du Saint-Office. La Congrégation pour la Doctrine
de la Foi publie, le 15 avril 1978, sous la plume de son préfet, le cardinal Franjo Seper, la notification suivante : « De
divers endroits, principalement de Pologne, on s’est adressé à nous officiellement pour savoir s’il fallait garder en
vigueur les interdictions contenues dans la Notification de la Congrégation du Saint Office publiée dans les Acta
Apostolicae Sedis en 1959, p. 271, concernant le culte de la Miséricorde Divine suivant les formes proposées par sœur
Faustine Kowalska. Tenant compte des nombreux documents originaux inconnus en 1959, prenant en considération la
modification fondamentale des circonstances et tenant compte de l’ipinion de nombreux évêques polonais, la Sainte
Congrégation déclare que les interdictions contenues dans la Notification citée ci-dessus ne sont plus obligatoires. » Le
12 juillet 1979, ce même cardinal Franjo Seper précise : « C’est pourquoi, l’on considère que du côté de la Sainte
Congrégation, il n’existe plus aucun obstacle à la propagation du culte de la Miséricorde Divine dans les formes
authentiques proposées par la religieuse nommée ci-dessus [Faustine Kowalska].

Le procès de béatification peut ainsi suivre un cours plus paisible dans la Ville éternelle. Le témoignages abondent.
Sœur Joséphine caractérise ainsi sœur Faustine : « Elle était pleine de simplicité, ne se faisant remarquer en rien, sinon
par plus de vertu, plus de recueillement, plus d’union à Dieu. Lorsque nous apprîmes, à sa mort, les privilèges dont
Notre Seigneur la combla, nous ne pouvions y croire. » Les faveurs exceptionnelles que reçut saint Faustine ne sont en
effet dévoilées à la Communauté qu’en 1941, par la Mère Supérieure même, donc trois ans après sa mort. En 1944, les
sœurs déclarent : « C’est étrange, car sœur Faustine était une simple religieuse comme nous. »
Le 20 septembre 1967, le procès informatif diocésain prend fin, avec une cérémonie solennelle présidée par le cardinal
Karol Wojtyla, futur Jean-Paul II. Les actes diocésains sont transférés à Rome où s’ouvre le procès de béatification, le
31 janvier 1968, par décret de la Congrégation pour la Cause des saints : il aboutit le 18 avril 1993 avec la béatification
de sœur Faustine à Rome, par le pape Jean-Paul II, compatriote polonais de l’humble servante du Seigneur.

Le 30 avril 2000, le pape Jean-Paul II la canonise et prononce les paroles suivantes : « La canonisation de sœur Faustine
revêt une éloquence particulière : à travers cet acte, j’entends transmettre aujourd’hui ce message au nouveau
millénaire. Je le transmets à tous les hommes afin qu’ils apprennent à connaître toujours mieux le véritable visage de
Dieu et le véritable visage de leurs frères. […] Je souhaite à chacun de tout cœur de pouvoir faire l’expérience de ce que
la Madone assura un jour à sœur Faustine : "Je ne suis pas seulement la Reine du Ciel, mais également la Mère de la
Miséricorde et ta Mère" (Journal, 141). »

En septembre 2008, le pape Benoît XVI béatifie l’abbé Michel Sopoćko, père spirituel et ami intime de sainte Faustine,
en même tant qu’un infatigable apôtre de la Miséricorde Divine.

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