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LE SOMMAIRE

LA PYROLOGIE FORESTIERE........................................................................................................3
Introduction Générale .........................................................................................................................3
1.1. Le feu et les facteurs écologiques .................................................................................................6
1.1.1- Les combustibles ......................................................................................................................6
1.1.2- Le carburant CO2 de l’air ..........................................................................................................7
1.2. L’inflammabilité et la combustibilité ............................................................................................8
1.2.1 Inflammabilité ............................................................................................................................8
1.2.2- Combustibilité ..........................................................................................................................9
1.3. Comportement du feu ...................................................................................................................9
1.4. Facteurs favorisant les incendies................................................................................................. 13
1.4.1- Facteurs biotiques ................................................................................................................... 13
1.4.2- Facteurs abiotiques.................................................................................................................. 13
1.4.3- Facteurs anthropiques et naturels ............................................................................................. 14
1.5. Evaluation du risque d’incendie.................................................................................................. 14
1.5.1 L’analyse préalable .................................................................................................................. 14
1.5.1.1 Bassin de risque .................................................................................................................... 14
1.5.2 Déterminer l’aléa feux de forêts ................................................................................................ 16
Chapitre 2 : Prévention ..................................................................................................................... 20
2.1. Les aspects sociologiques de la mise à feu .................................................................................. 20
2.1.1- Les causes des mises à feu, les statistiques .............................................................................. 20
2.1.2- Relations avec l’état des peuplements ...................................................................................... 21
2.1.2.1 Mortalité immédiate des arbres sans calcination ..................................................................... 21
2.1.3- Les méthodes de sensibilisation ............................................................................................... 22
2.2. Diminution de la combustibilité et préventions diverses .......................................................... 23
2.2.1- Les désherbants ................................................................................................................... 23
2.2.2- Les débroussaillements mécaniques, les élagages .................................................................... 24
2.2.3- Les incinérations préventives .................................................................................................. 25
2.3. Relations entre les facteurs météorologiques et la prévention ...................................................... 25
2.4. Les équipements des massifs et la prévention ............................................................................. 25
2.4.1- Tranchées pare-feu .................................................................................................................. 25
2.4.2- Voies d’accès - Combinaison de la voie d’accès à la T.P.F. ..................................................... 27

1
2.4.3- Aménagements des points d’eau existants et création de nouveaux .......................................... 27
2.4.4- Equipements en Post - Vigie équipé et en poste de guet ........................................................... 28
2.4.5- Moyens de mobilisation de l’eau ............................................................................................. 29
Chapitre 3 : La Lutte ......................................................................................................................... 30
3.1. Lutte classique : ......................................................................................................................... 30
3.2. Le contre-feu (conditions et méthodes utilisées) ......................................................................... 32
Chapitre 4 : Restauration des forêts incendiées .................................................................................. 33
Références Bibliographiques ............................................................................................................. 37

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LA PYROLOGIE FORESTIERE

Introduction Générale

Le feu a toujours été présent dans les forêts du monde. Chaque année des millions d’hectares
de terres boisées sont dévastés par les flammes, faisant dépenser des sommes colossales pour
leur extinction et occasionnant d’immenses pertes en bois, biens et espaces de récréation et,
dans certains cas, en vies humaines. Avant la révolution industrielle, près de la moitié des
terres émergées de la planète étaient couvertes de forêts. En 1955 cette superficie avait
diminué de la moitié. En 1980 les forêts du monde étaient estimées à 2,5 milliards d’hectares,
soit le cinquième de la superficie terrestre. En 2000 on s’attendait déjà à ce que cette
superficie s’amenuise d’encore un demi-milliard d’hectares (Chandler et al. 1991)

La FAO déclare que les incendies détériorent de plus en plus les forêts du monde, détruisant
chaque année des millions d'hectares de bois d'œuvre de grande valeur et de produits ligneux.
Le développement incontrôlé des activités agricoles et touristiques, ainsi que l'utilisation
croissante des forêts pour des activités récréatives mettent en danger les vies humaines et les
ressources naturelles. Dans le monde entier les feux de forêt se répètent avec fréquence. Selon
des données de la FAO (FAO, 2006). Au cours de la période 1983-1994, on a enregistré 902
330 feux sur 20 059 346 hectares de terres 111 000 forestières. Ce chiffre correspond à 60 155
incendies par an sur 133 729 hectares avec une superficie brûlée de 22,23 hectares en
moyenne par incendie. Il est intéressant de noter que 90 pour cent de ces feux touchent moins
d’un demi-hectare soit à peine 10% de la superficie incendiée

En Afrique sub-saharienne où plus de 170 millions d'hectares brûlent chaque année. Environ
dix pour cent de ces feux sont nécessaires à l'écosystème. . Les zones d'incendie les plus
dangereuses du monde se situent :

• en Amérique Latine,

• et en Europe de l’Est.

En méditerranée particulièrement en Algérie est très touchée par les feux de forêts, avec un
cumul de 42 555 feux, ayant parcouru 910 640 hectares durant la période 1985-2010. La
pression exercée par les riverains sur la forêt est à l’origine de la plupart des grands incendies

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(superficies supérieures à 100 ha) qui représentent 3,2 % des feux en Algérie (Meddour-
Sahar ,2008).

Les conséquences des feux de forêts se classent dans trois grandes catégories : écologiques,
sociales et économiques. Comme pour la plupart des phénomènes qui se produisent autour de
nous, les conséquences ne sont pas entièrement néfastes ou bénéfiques. L'opinion qu’on se
fait d'un effet donné dépend de plusieurs facteurs tels que nos valeurs et la perte ou le profit
personnel qu'il occasionne.
Le feu produit un effet bénéfique sur la composition spécifique, l'abondance et l'âge des
arbres. Il ne nuit pas indûment à la vie animale (Conedera et al, 2003).

A) 26/08/2008 B) 21/08/2009

C) 26/10/211

Figure : régénération naturelle après incendies de forêts d'Aïn Torki, dans les monts Zaccar
(Kaci, 2014)

La perception du public selon laquelle les feux de forêts tuent beaucoup d'animaux est erronée
: comme la végétation, les animaux se sont adaptés à la périodicité des feux. Selon
(Schumacher et Bugmann, 2006) les feux de forêts ordinaires sont utiles pour débarrasser les

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forêts des insectes ravageurs et des maladies. Par contre, si les insectes ou la maladie
attaquent la forêt avant le passage du feu, ils peuvent laisser des arbres morts, accroissant
encore davantage la quantité de combustible, favorisant l'incidence d'incendies plus grands et
plus dévastateurs. Les feux de forêts ont un effet considérable sur les émissions de gaz à effet
de serre. Dans certaines villes, la fumée cause parfois des problèmes respiratoires, surtout
chez les jeunes enfants et les gens âgés. Dans certains cas, une fumée trop abondante entraîne
l'évacuation des résidents, avec tous les problèmes que cela comporte. La fumée peut aussi
nuire à la visibilité sur les routes en région forestière, occasionnant des retards et des
accidents. En outre, la fumée peut contribuer au réchauffement planétaire; des scientifiques
étudient les effets de la lumière du soleil sur les particules de cendre dans la fumée. Les
écologistes des feux de forêts signalent une autre conséquence néfaste des feux de forêts, soit
la destruction des habitats rares, protégés pour les espèces en péril.
Les feux de forêts dans les régions où l’interface habitants / massif forestier est présente, ont
une grande portée sociale. L'évacuation des résidents d'une région menacée par le feu
comporte des coûts sur les plans financier et culturel. Pour un riverain, il peut être déchirant
d'être évacué vers une ville plus grande. Le mode de vie auquel il devient exposé peut
l'influencer négativement, en incitant à consommer de la nourriture de restauration rapide. Un
incendie particulièrement dévastateur peut entraîner des dommages psychologiques lorsque
des gens perdent leur résidence et leur patrimoine familial et doivent repartir à zéro. Il y a
perte de patrimoine collectif lorsque le feu détruit un bien communautaire, une bibliothèque,
un parc ou une aire récréative, entraînant un sentiment de perte affective.
Au plan économique, les feux de forêts comportent des inconvénients et des avantages. Le
manque à gagner attribuable aux arbres brûlés n'est pas nécessairement critique, puisque près
de la moitié du bois brûlé ne présente pas d'intérêt commercial. La perte de bois
commercialisable pourrait être atténuée si les autorités locales ou nationales instauraient des
mesures permettant de récupérer le bois dans les zones brûlées. Par contre, la planification des
opérations de coupe est coûteuse en soi, et le déplacement des équipes de travail et du
matériel accroît considérablement les frais. La direction générale des forêts en Algérie
investisse énormément dans la lutte contre les feux de forêts, pour la formation et la
rémunération du personnel ainsi que pour l'achat et l'entretien de matériel, mais on peut faire
valoir que cela fait partie du cours normal des affaires. Bien que les coûts de nettoyage et de
reconstruction dans les villes touchées par les feux de forêts représentent un fardeau pour
ceux qui ont subi des pertes, ces coûts constituent une source de revenu pour les gens et les
entreprises qui effectuent ces travaux. Malgré ces facteurs atténuants pour ce qui est des coûts

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monétaires, la très grande majorité des intervenants forestiers considèrent encore que ce qu'il
faut payer de souffrance humaine, de ressource gaspillée et de paysage dévasté demeure
inacceptable. Des mesures doivent être prises certaines le sont déjà dans des pays
industrialisés pour réduire substantiellement ce prix tout en s'assurant de la pérennité des
forêts par l'application de saines pratiques de gestion forestière.

1.1. Le feu et les facteurs écologiques

1.1.1- Les combustibles : toute substance susceptible de brûler, c’est-à-dire pouvant


être partiellement ou totalement détruite par le feu, est considérée comme combustible. Les
solides et les liquides ne brûlent pas en tant que tels. Ce sont les gaz et les vapeurs qu’ils
émettent qui brûlent.

Herbacées : se dit d’une plante non ligneuse (dont la tige n’a pas la consistance du bois), le
terme de plantes herbacées désignant pour sa part des plantes non ligneuses dont la partie
aérienne meurt après la fructification.

Ligneux :une plante ligneuse est une plante qui fabrique en grande quantitédes lignines, macr
omolécules organiques donnant à la plante sa solidité, et dont le bois est le principal matériau
de structure : en effet, les lignines sont avec la cellulose les constituants essentiels
du bois (aussi appelé xylème secondaire)

Structure de la végétation : Elle se caractérise par sa hauteur, sa densité et son


épaisseur par des mesures quantitatives:
- des hauteurs du couvert et des différentes strates,
- des biomasses volumiques, la densité des plants. Sa caractérisation qualitative s'appuie sur la
description : de la physionomie dominante (faciès), des étages de la végétation, de
l'imbrication des différents types de végétaux (herbacées, subligneux, ligneux), de
l'architecture des végétaux, du relief du couvert, de la formation végétale. La structure de la
végétation est définie comme la répartition et l'agencement des plantes les unes par rapport
aux autres constituant une formation végétale (Guinochet, 1973). Elle permet d'une part,
d'avoir une image réelle ou la représentation de l'ensemble de la végétation et d'autre part, de
déterminer l'organisation spatiale des espèces.

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La structure de la végétation peut être caractérisée selon deux manières :

 Structure horizontale

La structure horizontale exprime l'agencement et la répartition des individus suivant le plan


horizontal ; cette répartition se traduit par la densité des espèces dans le site d'étude, et par
extension, la valeur de la surface terrière et du biovolume des individus présents. La méthode
utilisée consiste à recenser les différents individus des espèces et de mesurer la hauteur
maximale, la hauteur du fût, le diamètre à hauteur de poitrine (dhp).

 Structure verticale

Les strates se définissent comme étant le niveau de concentration maximale de la masse


foliaire (Gounot, 1969). L'étude de la structure verticale est effectuée suivant la méthode de
Gautier (1994). Elle permet de connaître les différentes strates et de déterminer le degré de
dégradation de la formation végétale à partir de la continuité de la voûte forestière. Cette
méthode est basée sur l'établissement d'un diagramme de recouvrement qui correspond au
mode de stratification des espèces dans la formation végétale.

Biovolume : Le biovolume qualifie le volume apparent, au-dessus du sol, d'un organisme ou


d'un groupement végétal, une sorte de volume biologique.

1.1.2- Le carburant CO2 de l’air : La combustion est actuellement définie comme


une réaction exothermique d’oxydoréduction. « Oxydoréduction » car elle comporte un
oxydant (le dioxygène) qui va capter les électrons d’un réducteur (combustible), et «
exothermique » (qui dégage de la chaleur) car les réactifs passent à un niveau beaucoup plus
stable d’un point de vue thermochimique. La lumière émise par la flamme est d’ailleurs le
témoin des très hautes températures provenant des réactions de combustion. La combustion se
compose donc d’une multitude de réactions chimiques où des molécules complexes sont
décomposées en molécules plus petites et plus stables via un réarrangement des liaisons entre
les atomes. Si elle est idéale est dite complète. Le processus de la combustion du bois est une
série complexe de réactions chimiques se terminant par l’oxydation du carbone et de
l’hydrogène contenu dans les composantes du bois avec dissipation d’énergie sous forme de
chaleur. Une combustion complète produit de la vapeur d’eau et du gaz carbonique dans les

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gaz d’échappement et des résidus d’environ 0,5% sous forme de cendre. Les principales
réactions chimiques d’une combustion complète se résument comme suit :

2 H 2 + O 2 ----- 2 H 2 O

C + O2 ----- CO 2

Cependant, dans la réalité, la réaction de combustion est habituellement incomplète car il est
difficile d’obtenir un mélange équilibré (stœchiométrique) et homogène de comburant et de
combustible. Ainsi, par endroit, la quantité de comburant (O2) sera insuffisante pour
permettre des réactions complètes entre le carbone et l’hydrogène et le dioxygène. Une
combustion incomplète peut aussi avoir lieu lorsque la température permettant la combustion
n’est pas maintenue assez longtemps, nous pouvons imaginer le cas d’une aspersion d’eau sur
la zone de combustion par exemple, nous remarquons alors une épaisse fumée indicateur
d’une combustion incomplète. Exemple d’équation de combustion incomplète du méthane
CnHm + O2 → CO2 + H2O + (CxHy+ CO + NO + suies + etc) selon Yokelson et al. (1996).

Une combustion incomplète produit dès lors ce que nous appelons « des imbrûlés » définis
comme des produits de combustion imparfaitement combinés avec le dioxygène. Ceux-ci
forment, avec le CO2 et le H2O, ce que l’on appelle plus communément les fumées, ils sont
donc toxiques. Ces imbrûlés peuvent être solides à l’exemple des particules incandescentes
(braises, brandons) et des particules de carbone pur (suie, goudron, cendres), mais aussi
gazeux tels que le monoxyde de carbone (CO, mortel en 1 à 3 minutes à 1,28 % dans l’air),
les oxydes d’azote (NOx) et le méthane (CH4). On retrouvera aussi d’autres molécules plus
complexes tels que les Composés Organiques Volatils (COV) très toxiques pour l’homme et
pour l’environnement, et les Composés Organiques Semi-Volatils (COSV) aussi toxiques.
Étant donné qu’une combustion complète émettra principalement du CO2 et que plus une
combustion est incomplète, plus le CO2 est remplacé par le CO selon Yokelson et al. (1996).

1.2. L’inflammabilité et la combustibilité

1.2.1 Inflammabilité : c’est la capacité d'un combustible à s'enflammer et à maintenir sa


combustion. Quatre composantes sont définies concernant l'étude de l'inflammabilité, i)
l'ignitabilité (capacité du combustible à s'enflammer), ii) la combustibilité (intensité du
brulage), iii) la durabilité (capacité du combustible à maintenir sa combustion) et iv) la

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consumabilité (taux de consommation du combustible par le feu) (Anderson, 1970 et Martin
et al., 1993).

1.2.2- Combustibilité : la combustibilité désigne la facilité avec laquelle le feu se


propage. Elle dépend des espèces présentes dans les peuplements mais aussi de la structure
des peuplements et de la saison. ` On la distingue de l’inflammabilité qui est la facilité avec
laquelle le feu apparaît. Elle dépend de la végétation et de la sécheresse.

1.3. Comportement du feu : L'incendie de forêt est un phénomène physico-chimique.


Il s'accompagne d'une émission d'énergie calorifique et peut être décomposé en trois phases : •
l’évaporation de l'eau contenue dans le combustible,
• l’émission de gaz inflammables par pyrolyse, et
• l’inflammation.
Pour qu'il y ait inflammation et combustion, il faut que les trois éléments – chaleur, oxygène
et combustible – se conjuguent en proportions convenables.

Figure : Triangle du feu (Kaci, 2014)

Les types de feux de végétation : Il existe trois principaux types d’incendie de forêt :

 Les feux de cimes brûlent les arbres sur toute leur longueur jusqu’au faîte. Ce sont les
plus intenses et les plus dangereux des feux de végétation.

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Figure : Feux de cimes (FAO, 2001)
 Les feux de surface : ils consument les strates basses de la végétation et se propagent
en général par rayonnement ou convection. Ils affectent la garrigue, maquis et les
landes.

Figure : Feux de surface (FAO, 2001)


 Les feux de terre (parfois appelés feux souterrains ou feux de profondeur) : ils
brûlent la matière organique contenue dans la litière, l’humus ou les tourbières.
Alimentés par incandescence avec combustion, ces feux ont une faible vitesse de
propagation

Figure : Feux de terre (FAO, 2001)

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Selon (Nasi et al, 2002) l’inflammabilité des végétaux rend compte de la facilité avec laquelle
ils peuvent s'enflammer quand ils sont exposés à une source de chaleur. Elle est
habituellement mesurée à l'aide d'un épiradiateur : le calcul du délai et de la fréquence
d'inflammation permet de déterminer une note d'inflammabilité pour chaque espèce. A titre
d’exemple, elle est faible pour l'arbousier et forte pour le chêne vert et le pin d'Alep.
L’inflammabilité peut également être mesurée en prenant en compte certains facteurs naturels,
elle dépend plus particulièrement, de la teneur en eau et de la composition chimique des
végétaux ainsi que des paramètres météorologiques. Il est important de noter qu'il existe de
nombreuses et complexes interactions entre les facteurs physiques du milieu naturel et les
caractéristiques biologiques des combustibles. Il est donc très difficile de faire la part de
chaque paramètre dans le déclenchement des incendies. a) La teneur en eau Au niveau de leur
inflammation, la teneur en eau des combustibles végétaux joue un rôle important. En effets,
plusieurs études ont montré que la présence d'humidité exerce une influence considérable sur
l'inflammation et ensuite le développement des feux.
- Les feux de forêts, mécanismes, comportement et environnement.
L'eau doit être chauffée jusqu'au point d'ébullition et ensuite vaporisée avant que les
combustibles atteignent leur température d'inflammation. Elle augmente donc la quantité de
chaleur nécessaire à la pyrolyse et à l'inflammation et réduit aussi la vitesse de la combustion.
Quand leur teneur en eau est faible les végétaux s'enflamment à des températures relativement
basses. Par contre, la température d'inflammation varie entre 260° et 450° C (Trabaud, 1991).
Les sources de chaleur telles que les allumettes enflammées, les cigarettes incandescentes et
la foudre fournissent cette température. La teneur en eau des végétaux résulte des conditions
climatiques du moment ainsi que celles des jours et des semaines précédents. Certains types
de combustibles sont plus sensibles à la forte variabilité de la teneur en eau comme le bois
mort et les végétaux fins (herbacés).
b) La composition chimique : Le principal composé combustible des végétaux est le
carbone. L'inflammabilité des espèces végétales varie selon leur teneur en essences volatiles
ou en résines. Chez certaines espèces la présence de cire et de résine ralentirait leur vitesse de
dessèchement et donc leur inflammation. Il existe également une relation inverse entre
l'inflammabilité et la teneur en phosphore des végétaux.
c) Les paramètres météorologiques : Les paramètres météorologiques tels que les
précipitations, la température, l’humidité de l'air, le vent et l’ensoleillement influent d'une part
sur la teneur en eau des végétaux mais ils constituent également les facteurs naturels
d'éclosion. Parmi ces paramètres, les précipitations jouent un rôle prédominant dans la teneur

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en eau des végétaux. Leur effet varie de façon significative en fonction de leur durée, de leur
période, de leur quantité ainsi que des types de combustibles. A titre d’exemple, une petite
quantité d'eau suffit pour ralentir l'inflammabilité des graminées. Mais cet effet ne dure pas. Il
peut être rendu caduc par 2 ou 3 heures d'ensoleillement. En revanche, il faut de fortes pluies
pour réduire l'inflammabilité de combustibles plus importants tels que les grosses branches
tombées à terre. L'effet bénéfique de fortes précipitations hivernales peut ainsi être annulé par
un printemps et un été longs et secs. Les paramètres qui influent sur l'éclosion sont la
température de l'air (et celle du combustible qui lui est corrélée), l'humidité de l'air et le vent.
Les deux premiers paramètres ont une action directe sur l'inflammabilité du combustible. En
revanche, le vent augmente les probabilités de mises à feu involontaires : arcs électriques des
lignes à haute tension, transport d'éléments incandescents à partir de dépôts d'ordures ou de
barbecues, etc.

Les trois phases de la combustion

Le bois est une énergie, qui ne brûle pas, mais qui rentre en combustion. La combustion du
bois se déroule en 3 phases :

 La phase de séchage (jusqu’à 250 °C) : c’est l’évaporation de l’eau contenue dans le
bois (réaction endothermique = absorption de chaleur
 La phase de pyrolyse (entre 250 et 800 °C) : c’est une réaction chimique qui
transforme le bois en « produit gazeux ».
 La phase d’oxydation (entre 800 et 1100 °C) : Le bois devenu « produit gazeux » lors
de la phase de pyrolyse, entre en incandescence et produit des braises.

- Les processus de propagation d’un feu de forêt : la chaleur générée par un incendie va
être transportée vers l'avant des flammes selon trois processus (FAO, 2001)

 La conduction : permet la transmission de proche en proche de l'énergie cinétique


(produite par le mouvement)
 le rayonnement thermique : correspond au mode de propagation de l'énergie sous
forme d'ondes infrarouges. C'est le principal mode de propagation des incendies ;
 la convection : liée aux mouvements d'air chaud, voit son importance augmenter avec
le vent et la pente. Ce processus peut contribuer au transport de particules
incandescentes en avant du front de flammes et au déclenchement de foyers
secondaires (sautes de feu).

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Figure : les processus de développement d’un feu de forêt (FAO, 2001)

1.4. Facteurs favorisant les incendies

1.4.1- Facteurs biotiques

Les caractéristiques de la végétation et la prédisposition aux incendies sont souvent liées à la


teneur en eau, elle-même déterminée par les conditions météorologiques. L’état général de la
zone forestière, c’est-à-dire les caractéristiques du peuplement forestier (disposition des
strates, essences présentes, densité, etc.) et la composition chimique de la végétation (résine),
jouent également un rôle déterminant dans la genèse des incendies. De même, le manque
d’entretien et l’absence de gestion du domaine forestier entraînent une accumulation du
volume de combustible et une augmentation de la probabilité de départ et de propagation du
feu.

1.4.2- Facteurs abiotiques

Les conditions orographiques : sont responsables de l’accélération ou du ralentissement de


la propagation du feu. Dans une zone sans relief, un départ de feu est facilement soumis à
l’accélération du vent. En zone de relief irrégulier, la progression est accélérée en relief
montant et ralentie en relief descendant.

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Les conditions météorologiques : particulières comme les périodes de sécheresse et les
épisodes de vents forts sont favorables à l’éclosion des incendies. Ainsi, le vent accélère le
dessèchement des sols et des végétaux et augmente le risque de mise à feu, par dispersion des
éléments incandescents et des arcs électriques. La chaleur dessèche les végétaux par
évaporation et provoque, lors des périodes les plus chaudes, la libération d’essences volatiles
et contribue à la propagation des flammes. De même, la foudre est à l’origine de 4 % à 7 %
des départs de feu, notamment en plein cœur des massifs et lors des mois les plus chauds de
l’année.

1.4.3- Facteurs anthropiques et naturels

L’homme et les activités anthropiques ont un rôle prépondérant dans le déclenchement des
incendies de forêt. Entre 70 % à 80 % des feux recensés chaque année sont causés par des
activités humaines. Ces causes anthropiques sont classées en cinq grandes catégories : les
causes accidentelles, l’imprudence, les travaux agricoles et forestiers la malveillance et les
loisirs. À ces causes viennent s’ajouter des phénomènes aggravants comme la déprise agricole
et le mitage urbain par l’expansion des habitations aux abords des zones boisées.

1.5. Evaluation du risque d’incendie

1.5.1 L’analyse préalable

L'analyse préalable a pour objectif de recueillir l'ensemble des connaissances disponibles sur
terrain. Elle vise à inventorier tous les paramètres à prendre en compte dans l'évaluation du
risque ainsi que les sources de données existantes.

1.5.1.1 Bassin de risque

L’incendie de forêt s’affranchit des limites administratives. Sans intervention humaine, sa


propagation n’est régie que par les lois de la physique. Les études d’aléa visant à caractériser
le phénomène doivent être appréhendées à l’intérieur du «bassin de risque». Celui-ci se définit
comme une «zone continue à l’intérieur de laquelle le phénomène doit être étudié pour
appréhender sa dimension physique» (FAO, 2007).

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Souvent, il n’existe pas de limites franches permettant de distinguer des massifs forestiers
parfaitement disjoints les uns des autres. Deux approches sont alors possibles :

• La recherche de limites naturelles «semi-étanches»; la cartographie historique des feux et les


données météorologiques sur la direction des vents dominants les plus dangereux. Ils
permettent de trouver des limites que le feu n’a jamais franchies ou a très peu de chances de
franchir.

• L’augmentation de la dimension de la zone d’étude; dans le cas où il n'est pas possible de


délimiter des massifs forestiers, la zone d’étude sera étendue de manière à ce qu’un incendie
éclos en dehors de cette zone ait très peu de risque de l'atteindre.

La collecte des données

Il s'agit de rassembler les connaissances existantes et les données à prendre en compte dans
l'évaluation du risque. Le recueil d'informations doit être réalisé de la manière la plus
complète possible, sans toutefois prétendre à l'exhaustivité. La recherche est faite en fonction
des connaissances disponibles.

La cartographie informative

La cartographie informative a pour objectif de poser le cadre de l'étude des aléas. Cette étape
est essentielle pour donner une vue générale de la situation. Elle est fondée sur l'analyse des
données historiques et des données générales sur la zone d'étude.

Le recensement des feux historiques permet d'indiquer l'importance des feux auxquels une
région est soumise. Il apporte des informations formelles sur les caractéristiques des feux
passés et permet de comprendre ainsi les conditions d'éclosion et de propagation. Par ailleurs,
l'étude de plusieurs incendies servira à établir les conditions de référence de l'étude.

L'inventaire des feux passés consiste à recenser sur une zone d'étude, tous les incendies
remarquables.

On retiendra un ou plusieurs feux représentatifs. Les dégâts occasionnés sur les


infrastructures, l'intensité, la surface parcourue, les conditions climatiques, la difficulté
d'intervention des secours seront recherchés.

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Cette phase de l'étude présente plusieurs intérêts. Elle permet de dresser un premier bilan et
d'apprécier la sensibilité d'un site face aux incendies de forêt, en mettant en évidence les
secteurs prioritaires d'étude. C'est également une base de discussion qui oriente la suite des
études et le choix d'une méthode d'évaluation des aléas. La carte informative est également
utilisée pour informer sur le risque d'incendie de forêt : elle constitue un bon moyen de
sensibilisation des autorités locales et de la population (Kaci ,2014)

1.5.2 Déterminer l’aléa feux de forêts

Il existe à l'heure actuelle différents moyens pour cartographier les incendies de forêt, qui
dans la plupart des cas sont spécifiques à l'étude réalisée. Il est ainsi devenu nécessaire de
clarifier la notion d'aléa feux de forêt afin de définir un cadre pour l'étude des aléas. Celle-ci
s'appuie, d'une part, sur l’analyse préalable qui a conduit à réaliser la carte informative et
d'autre part, sur l'évaluation d'une ou de deux composantes de l'aléa : l'intensité et l'occurrence
(Cheney, 2014)

La qualification de l'aléa a pour objectif d'apporter des connaissances sur la localisation des
zones soumises à un incendie de forêt ainsi que son ampleur. Elle comprend différentes
phases complémentaires : la définition d’un aléa de référence (ou conditions de référence),
l'étude des multiples composantes influençant l'éclosion et la propagation d'un feu. Elle met
en oeuvre enfin des approches plus ou moins complexes visant à évaluer l'aléa en deux ou
trois classes. Il s'agit ensuite de déterminer des zones d'aggravations de l'aléa (cas des zones
non directement exposées au phénomène),

L’aléa

L'aléa est défini comme la probabilité qu'un phénomène naturel d'intensité donnée se produise
en un lieu. Deux notions sont à préciser : la probabilité d'occurrence et l’intensité.

• La probabilité d'occurrence d'un feu se manifeste sous deux aspects :

 La probabilité d'occurrence temporelle, correspond à la période de retour d'un feu.


Celle-ci est fondée sur l'analyse de données historiques. Cette observation a des
conséquences méthodologiques. Elle permet de retenir un temps de retour de
l’événement pour l’ensemble du bassin de risque. Le temps de retour peut être de 10-
20-30-50 ans.
16
 La probabilité d'occurrence spatiale. Elle correspond à la probabilité, pour chaque
zone du bassin de risque, d'être soit à l’origine d’un départ de feu, soit d’être touchée par
un incendie.

• L’intensité d’un incendie de forêt, correspond à la puissance du front de feu.

L’analyse des composantes

La végétation, les paramètres climatiques, la topographie et les facteurs humains sont les
principales composantes de l'aléa. Chacune des composantes est décrite en précisant les
paramètres pris en compte, l'action de la composante sur l'éclosion et la propagation du feu,
ces paramètres sont ensuite utilisés pour déterminer l'intensité et l'occurrence spatiale du feu.

La composante végétation

La caractérisation de la végétation reste une des difficultés majeures rencontrées dans


l'évaluation des aléas : d'une part, les données recherchées ne sont pas toujours disponibles car
la végétation peut varier dans l’espace (d'un endroit à l'autre) et dans le temps et par
conséquent la variation de la masse combustible vont modifier l'aléa.

La prédisposition de la végétation aux incendies est souvent liée à sa teneur en eau, elle-même
déterminée par les conditions météorologiques. L'état général de la zone forestière, c'est-à-
dire les conditions de peuplement de la forêt (disposition des strates, état d'entretien, densité,
essences présentes, passage récent d'un incendie) et la composition chimique de la végétation
(teneur en essences volatiles ou en résines), jouent également un rôle déterminant dans
l'éclosion des incendies (FAO, 2007)

La composante climatique

Les périodes de sécheresse et les épisodes de vents forts, sont favorables à l'éclosion des
incendies. Ainsi le vent accélère le dessèchement des sols et des végétaux et augmente les
risques de mises à feu, par la dispersion d'éléments incandescents et d'arcs électriques. La
chaleur dessèche les végétaux par évaporation et provoque, lors des périodes les plus chaudes,
la libération d'essences volatiles, à l'origine de la propagation des flammes.

17
La composante topographique

Dans une zone sans relief, un départ de feu est facilement soumis à l'accélération du vent. En
zone de relief irrégulier, la progression du feu est accélérée dans les montées et ralentie dans
les descentes.

 Les paramètres topographiques pris en considération dans les études d'aléas restent
parmi les plus simples à obtenir, trois types de paramètres sont prépondérants :
 la pente : celle-ci a une influence sur la vitesse de propagation d'un feu qui peut être
tout à fait différente selon que le feu gravit ou descend une pente.
 l'exposition : elle est généralement prise en compte pour distinguer les zones sous le
vent sur la zone d'étude. Elle peut également servir à déterminer les zones au sud, qui
sont plus exposées au soleil et donc plus sèches.
 l'insolation : ce critère est souvent utilisé pour déterminer les zones les plus sèches en
fonction de la quantité de chaleur reçue.

La composante liée à l’activité humaine

Cet aspect concerne toutes les formes d'occupation du sol qui ont une action sur l'aléa. Ce sont
les abords des routes, des chemins, les zones fréquentées, les interfaces entre le milieu naturel
et urbanisé, qui constitue des points de départs de feu potentiels.

A l’inverse, certains paramètres comme les activités d'exploitation (débroussaillement…)


concourent à diminuer la biomasse combustible.

18
Figure : Croisement des couches pour la détermination des niveaux de l’aléa (Legay et
Mortier, 2005)

La détermination des seuils d’aléa est réalisée directement à partir des cartes d'occurrence et
d'intensité. Celles-ci comportent trois ou quatre niveaux en ayant généralement recours à
l'expertise.

Plusieurs possibilités sont envisageables pour la détermination des niveaux d'aléa : ils
résultent de la combinaison entre la carte d'intensité et d'occurrence (la carte d'aléa peut
également être la carte d'occurrence ou d'intensité si le choix est fait de n'en produire qu'une).
Cette combinaison peut être réalisée par expertise en pondérant l'une ou l'autre des cartes, ou
par un croisement de l'intensité et de l'occurrence spatiale.

19
Chapitre 2 : Prévention

2.1. Les aspects sociologiques de la mise à feu

2.1.1- Les causes des mises à feu, les statistiques

L’Algérie est très touchée par les feux de forêt. Durant la période 1985-2010, elle a enregistré
un cumul de 42 555 feux, qui ont parcouru une superficie forestière totale de 910 640 ha (soit
22,12 % de la surface forestière totale, avec un taux de 0,85 % par an). Ceci correspond à une
moyenne annuelle de 1 637 feux et 35 025 ha de surface parcourue (Meddour-Sahar et
Derridj, 2012). Les statistiques révèlent une situation assez grave pour un pays menacé par la
désertification,
Cependant, malgré les enjeux liés à la gestion du risque « feu de forêt », ses origines et ses
causes sont peu connues et les politiques de gestion se limitent en Algérie à la phase
d'extinction des incendies, plutôt que de s’orienter davantage vers un modèle équilibré
d’efforts d’extinction et de prévention (Meddour-Sahar et Bouisset, 2013). En Algérie, les
causes des incendies de forêt ont fait l'objet d’attention dans le passé par certains auteurs
(Gravius, 1866; Thibault, 1866; Boudy, 1952) qui montrent que les origines du feu dépendent
directement des usages agricoles et pastoraux des populations (Boudy, 1952). Des
informations plus récentes au sujet des causes de feux dans le pays sont très rares et se
caractérisent par l’importance du taux des feux d’origine humaine inconnue, qui représentent
80 % de tous les incendies selon les informations la direction générale de forêt.
Classification des causes feux de forêts
Les causes identifiées de départs d’incendie de forêts sont classées soit d’origine naturelle,
soit d’origine humaine.
a) L’origine naturelle

Il s'agit uniquement de la foudre, celle-ci ne contribue qu’à un faible pourcentage au nombre


de départs de feux (4 à 7% en général).

b) L’origine anthropique
Les causes d’origine humaine sont les plus nombreuses et peuvent être classées en cinq
grandes catégories :
 Les causes accidentelles (lignes électriques, chemins de fer, véhicules automobiles,
dépôts d'ordures),

20
 Les imprudences (jets de mégots, pique-nique en forêt, jeux d'enfants, etc.),
 Les travaux agricoles,
 Les travaux forestiers,
 La malveillance.

Tableau. Les causes des incendies de forêt à travers le temps (en %) en Algérie
(Meddour-Sahar et Derridj , 2012)

Sources bibliographiques

1866-1915 1886-1945 1979-1982


1985-2010 Meddour-Sahar et
Marc Boudy Rebai
Derridj (2012)
(1916) (1952) (1982)

Causes

Accidentelles 8 - - 1

Imprudences 32 50 27 3

Intentionnelles 23 20 16 16

Inconnues 37 30 57 80

D’où la nécessité de l’amélioration de la connaissance des causes de départ des feux de forêts
ainsi qu’à leur localisation précise en Algérie.

2.1.2- Relations avec l’état des peuplements

2.1.2.1 Mortalité immédiate des arbres sans calcination

Peu après l'incendie, la mort survient chez les arbres dont l'écorce a été gravement lésée par le
feu jusqu'à l'assise génératrice libéro-ligneuse. Chez les conifères, ces dommages débutent sur
le tronc par des coulées de résine ; chez les feuillus, on observe seulement de légères
boursouflures. Dans les deux cas, les fûts conservent encore leur aspect primitif mais, bien
que sous l'écorce le bois demeure intact, les tissus corticaux moribonds présentent de graves
lésions. Dispersés par le vent ou attirés à distance vers les arbres endommagés, ravageurs et
pathogènes y trouvent alors des conditions propices à leur développement.

L'époque du sinistre détermine le devenir du bois. Ainsi, sur les sujets tués par un feu de
printemps ou de début d'été, les insectes et les champignons s'installent rapidement et

21
dégradent le matériel ligneux ce qui nécessite l'exploitation rapide des troncs incendiés. En
revanche, un feu de fin d'été ou d'automne laisse plus de latitude pour programmer et exécuter
les opérations de sauvetage des bois dans la mesure où l'activité des agents d'agression est
réduite durant la mauvaise saison. Dans les deux cas pourtant, d'importantes pertes sont
inévitables. Les insectes de ces bois incendiés sont généralement peu spécifiques mais à
quelques exceptions près, telle Melanophila acuminata qui se développe sur les pins, les
genévriers, les chênes, leur polyphagie s'étend seulement à un seul genre d’essences. Ainsi,
l'entomofaune du genre Pinus comprend des Coléoptères : Scolytides (/ps, B/astophagus,
Orthotomicus, Pytogenes, Xyleborus, etc .), Curculionides (Pissodes, Magdalis, etc .),
Cerambycides (Monohamnus, Rhagium, Spondilis, Criocephalus, etc .) ou Buprestides
(Melanophila, Phaenops, etc .), mais aussi des Lépidoptères (Dioryctria) et des Hyménoptères
(Sirex, Paururus) . Une liste analogue peut évidemment être dressée pour chaque genre
d'essences : sapin, épicéa, chêne, peuplier, etc. Enfin, bien que chaque ravageur possède des
caractéristiques particulières d'attaque et de développement, la grande diversité de
l'entomofaune forestière implique généralement la colonisation de tous les organes végétaux y
compris les racines principales (Fabre et Carle 1974).

L'installation puis le regroupement des insectes xylophages sur les sujets incendiés
s'expliquent par leur très grande sensibilité aux substances volatiles émises d'abord par l'arbre
à partir des tissus mori- bonds puis par les premiers ravageurs installés. En outre, certaines
espèces comme Melanophila acuminata ou Monohamnus galloprovincialis obéissent à
d'autres tactismes : la première, capable de déceler à distance les radiations infrarouges
émanant des feux (Evans, 1966) vole à travers la fumée à la recherche de lieux de ponte sur
les arbres encore chauds (Sargos, 1947), la seconde manifeste souvent une préférence
marquée pour les surfaces carbonisées (Feytaud, 1950) .

2.1.3- Les méthodes de sensibilisation

Suivant les régions forestières huit à neuf feux sur dix sont dus à l'homme et à ses activités ;
les trois quarts des mises à feu dont l'origine est connue résultent d'imprudences. Les actions
de formation, d’éducation et de sensibilisation sont donc essentielles pour la prévention. La
formation doit être adaptée au public concerné pour développer un "comportement préventif"
dans son domaine d’action :

22
- les élus locaux, souvent en charge de la maîtrise d’ouvrage des travaux, et responsables de la
mise en œuvre de la réglementation correspondante (débroussaillement, brûlage dirigé,
incinération…) ;

- les acteurs directs de la prévention (forestiers, sapeurs-pompiers...) ;

- les agriculteurs, les sylviculteurs, les exploitants forestiers et les entrepreneurs de travaux
forestiers, appelés à intégrer le risque de mise à feu dans leurs pratiques professionnelles ;

- les propriétaires et gestionnaires de camping

- les propriétaires riverains des massifs forestiers qui doivent s’interdire le moindre feu en
saison à risque et respecter la législation et la réglementation, notamment sur le
débroussaillement,

- Les responsables d'infrastructures de transport terrestre (routes et autoroutes, réseaux


ferroviaires) et de transport d'électricité qui doivent respecter la réglementation.

L’éducation s'adresse aux jeunes en âge scolaire, particulièrement réceptifs aux impératifs de
la gestion durable des territoires ruraux, et de la forêt en particulier. Elle les met en contact
avec les hommes de la prévention soit au sein des établissements scolaires lors de journées
spéciales. La sensibilisation s’efforce de mobiliser des publics moins réceptifs et ceux qui ne
sont que de passage dans les zones à risque, les touristes notamment. Enfin, une information
générale sur les journées de danger d’incendie, est assurée par la DGF notamment les
services en charge de la protection des forêts contre les incendies.

2.2. Diminution de la combustibilité et préventions diverses

2.2.1- Les désherbants


Selon (Vuidot et al, 2011) Un désherbant ou herbicide est une substance active ou
une préparation phytosanitaire ayant la propriété de tuer les végétaux.

Les herbicides appartiennent à la famille des pesticides, elle-même incluse dans la famille
des biocides

Les herbicides sont employés, en sylviculture, pour lutter contre les mauvaises herbes qui
concurrencent les plantes cultivées, ligneuses. La pratique sylvicole associée est
le désherbage chimique.

23
Selon leur mode d'action, on peut les utiliser en pré- ou en post-levée.

On distingue :

 les désherbants sélectifs (les plus nombreux) ;


 les débroussaillants et produits de dessouchage chimique ;
 les désherbants totaux (les plus utilisés);
 les défanants qui détruisent la partie aérienne des végétaux
les silvicides visent plus spécifiquement les espèces forestières ou le processus
de régénération naturelle ; sont utilisés pour empêcher l'apparition de la forêt ou
la régénération forestière, parfois sur des coupes rases, pour l'installation de cultures
ou sylvicultures (transgéniques éventuellement) parfaitement contrôlées, ou encore pour
l'entretien de routes ou pistes forestières, aires de stockage.

2.2.2- Les débroussaillements mécaniques, les élagages

Cette obligation s'applique également à des bois situés dans des communes particulièrement
exposées aux incendies de forêts. Débroussaillement autour des constructions, installations et
terrains, à l’intérieur d'une zone située à moins de 200 m de terrains forestiers.

: Le débroussaillement doit être effectué sur une profondeur minimum de 50 m autour des
constructions et installations. Les voies d'accès privées doivent également être nettoyées de
part et d’autre sur une profondeur 10 m. L’obligation de débroussailler s’étend, le cas échéant,
sur les propriétés voisines.

 voies ouvertes à la circulation publique

Il s’agit des voies relevant de l'État, ou privée propriétaire pour les routes, ou ; cette servitude
s'applique sur une profondeur maximum de 20 m de part et d'autre de l'emprise de la voie
dans la traversée des massifs forestiers et dans les zones se trouvant à moins de 200 m de
terrains forestiers

- voies ferrées : il s’agit des infrastructures ferroviaires, lorsque des terrains forestiers se
trouvent à moins de 20 m de la voie ; le préfet fixe la largeur de débroussaillement qui ne peut
dépasser 20 m à partir du bord extérieur de la voie

24
- lignes électriques : prendre des mesures de sécurité nécessaires et de débroussailler une
bande de terrain de part et d’autre de l’axe des lignes électriques.

2.2.3- Les incinérations préventives

C’est une pratique ancestrale toujours d'actualité dans les milieux agricoles ou forestiers, le
plus souvent dans des zones d'accès difficiles, telles que des pentes où les engins mécaniques
ne peuvent intervenir. Il permet de "nettoyer un terrain" ou de brûler des herbes sèches pour
favoriser la repousse. Non maîtrisé, il peut se propager et engendrer des feux de forêt.

2.3. Relations entre les facteurs météorologiques et la prévention

Les recherches menées dans le domaine de la protection des forêts contre les incendies
montrent le rôle déterminant des facteurs météorologiques dans les différents stades du cycle
de vie d’un incendie. Carrega et Napoli (2002) indique que l’importance des conditions
météorologiques n’est plus à démontrer pour l’éclosion et la propagation des feux de forêt.
Les éléments météorologiques tels que le vent, l’humidité, le bilan hydrique, durée
d’insolation sont déterminants, tant dans la réussite de la lutte préventive que dans les
opérations d’extinction. La lutte contre les feux se fait à deux niveaux : celui de la pure
prévention et celui concernant les opérations d’extinction. Dans les deux cas, l’information
météorologique adéquate est très utile.

Les conditions hydro-météorologiques, ainsi que l'état de la végétation, sont régulièrement


surveillés, non seulement pour déterminer les situations pour lesquelles le risque est le plus
élevé, mais également pour mobiliser préventivement les secours qui seront nécessaires en cas
d'incendie. Une surveillance constante de tous les massifs sensibles permet également de
détecter au plus tôt tout départ de feu.

2.4. Les équipements des massifs et la prévention

2.4.1- Tranchées pare-feu

Un pare-feu ou coupe-feu (en anglais : « firebreak », « fireroad » ou « fire line »), est une
coupe forestière linéaire, ou une infrastructure linéaire créée et/ou spécialement entretenue

25
pour freiner l'extension rapide d'incendies de forêt ou feux de brousse, plus ou moins
efficacement.

Il a souvent une double vocation :

 barrière anti-incendies ou destinée à ralentir ou bloquer le feu,


 réseaux de chemins facilitant la circulation des pompiers, secours, personnels
d'entretien ou de surveillance.

Ce sont habituellement des layons, chemins, allées (éventuellement bordées d'un ou


deux fossés) qui doivent être aménagés et régulièrement entretenus.
Ce sont parfois aussi des tranchées déboisées pour le passage de lignes électrique (de
moyenne ou haute tension) ou d'un pipe-line qui jouent ce rôle avec plus ou moins
d'efficacité.

Selon les contextes, ils sont désherbés, voire labourés ou au contraire plantés d'herbacées
fauchées et/ou pâturées.

En zone tropicale, on en distingue généralement quatre variantes2

 nu : dégagé, parfois efficace pour de faibles superficies, et devant mesurer 30 m


 sous végétation naturelle (entretenus par brûlages dirigés précoces, annuels,
généralement en lisière d'un pare-feu plus large et nu (de 30 à 40 m où la végétation est
également brûlée précocement ;
 cultivé : réservé aux meilleurs sols et à des cultures d'espèces ou variétés précoces, avec
nettoyage des résidus susceptibles de brûler après récolte (mais le sol s'épuise rapidement,
à terme au détriment de l'écosystème et de sa résilience écologique face au feu) ;
 arboré : la canopée dense freinant la pousse des herbacées qui colportent le feu. la FAO
recommande les essences ou variétés à petites feuilles car leur litière est moins
combustible que celles des arbres à grandes feuilles. Certains pare-feu arborés sont
plantés d'espèces ligneuses non appétibles et jouant un rôle de couloirs de transhumance
où le bétail - si la pression de pâturage est adaptée - « tond » la strate herbacée en évitant
qu'elle ne produise les chaumes qui brûlent facilement en saison sèche.

En zone méditerranéenne, les oliveraies sont utilisées comme pare-feux, ce qui a encouragé le
subventionnement de leur replantation et de leur entretien

26
2.4.2- Voies d’accès - Combinaison de la voie d’accès à la T.P.F.

Dans le contexte forestier, le mot « layon » désigne divers types de cheminements forestiers,
dès qu'ils sont rectilignes sans avoir la taille d'une piste ou d'une route. D'une manière plus
large, le layon est un chemin à travers une parcelle. Il a pu être créé par des animaux, avant
d'être emprunté par les hommes pour parcourir la zone. Un layon permet de s'affranchir
intelligemment des difficultés géographiques (telles que trous d'eau, crevasses, gros rochers,
pentes rudes) ou encore de tracer une voie que des véhicules ne pourraient parcourir du fait
des difficultés rencontrées. Par son usage, l'homme entretient et élargit les layons, il les
multiplie lorsque ses navigations à travers la parcelle l'exigent surtout pour lutter contre les
feux de forêts.

2.4.3- Aménagements des points d’eau existants et création de


nouveaux

Avec ou sans additif, l’eau est l’agent extincteur usuel des incendies de forêts. Sa permanence
est essentielle pour l’efficacité du dispositif de lutte terrestre mais aussi pour les hélicoptères
bombardiers d’eau (HBE). Afin qu’il n’y ait pas de rupture d’alimentation des lances, une
logistique est mise en place pour acheminer l’eau à partir des points d’eau, si possible
inépuisables, à défaut, ils seront de grandes capacités. Le dispositif sera d’autant plus efficace
et fiable que ces points d’eau seront suffisamment nombreux et judicieusement répartis sur le
réseau de pistes de DFCI.

Les équipements de stockage de l’eau peuvent avoir des destinations très diverses : Protection
des forêts contre l’incendie, Agriculture, Pastoralisme, Loisirs, Approvisionnement en eau
brute ou potable.

Ils ont été classés par le CEMAGREF en 4 catégories par ordre décroissant de capacité :

 Les réserves de très grande capacité : Ce sont les lacs (naturels ou artificiels), les
canaux et les cours d’eau permanents. Ils présentent l’inconvénient d’être très
inégalement répartis sur le territoire
 Les retenues collinaires : Les retenues collinaires sont des ouvrages implantés dans
des sites où la topographie particulière permet de créer des réserves d’eau supérieure à

27
1000 m3. Les travaux consistent à mettre en place un barrage ou une digue dans un
vallon ou une dépression. L’étanchéité y est naturelle.
 Les bassins artificiels : Ce sont des bassins artificiels à ciel ouvert, généralement
creusés dans le sol. Leur capacité est comprise entre 240 et 1000 m 3 . Si l’étanchéité
n’est pas assurée naturellement, elle peut être réalisée de plusieurs façons avec
l’utilisation de :

o membrane imperméable en polyester (1 mm d’épaisseur ),


o bentonite (mélange d’argiles),
o infrastructure en maçonnerie étanche (béton hydrofuge ).

 Les citernes : De forme cylindrique, ce sont des citernes en acier construites


spécifiquement pour la DFCI, la capacité de normalisation est de 30 m3 minimum.
Facilement transportables, elles sont placées dans des endroits stratégiques
conformément au plan de massif. Elles peuvent être enterrées, ou aériennes, posées sur
le sol .Soit en béton armé, coulé sur place, soit à partir d’éléments préfabriqués en
béton. Elles peuvent être enterrées ou semi-enterrées. La capacité de stockage de ce
type de citerne varie de 30 m3 à 120 m3.

2.4.4- Equipements en Post - Vigie équipé et en poste de guet

Le dispositif de surveillance et d’alerte constitue le second niveau de veille. Il est mis en


œuvre par la direction générale des forêts à l’ordre d’opérations qui définit, suivant l’intensité
du risque, la mobilisation et l’organisation des services qui concourent à la prévention et à la
lutte contre les incendies de forêt.

La surveillance s’appuie souvent sur des tours de guet situées sur les points hauts.
Les opérateurs observent ainsi de grandes portions du territoire avec une couverture à 360°.
Chargées de donner l’alerte pour toute fumée suspecte, les vigies peuvent localiser avec une
très grande précision toutes les éclosions

En zone méditerranéenne, et en particulier en Algérie des moyens nationaux, terrestres et


aériens, sont affectés en période estivale et coordonnés par le wali de la zone. La
surveillance des massifs forestiers contre les incendies de forêt, en période à risque, comprend
:

28
• la surveillance terrestre, et la surveillance aérienne.

La surveillance terrestre comprend :

- la surveillance fixe à partir de points hauts (vigies, tours de guet) ;


- la surveillance mobile en patrouilles :

 les patrouilles ordinaires (1 ou 2 personnes dans un véhicule léger avec radio) ;


 les patrouilles de première intervention sur départ de feu (2 à 3 personnes dans un
véhicule doté d’une citerne d’eau de 600 l, avec radio

La surveillance aérienne est principalement assurée par la protection civile, financée


par le ministère de l’Intérieur en cas d’échec de lutte terrestre contre le feux de forêts.

2.4.5- Moyens de mobilisation de l’eau

L’eau est l’élément le plus efficace, lorsqu’elle est disponible pour lutter contre le feu.
Cependant, elle est rarement utilisée pour l’extinction complète du feu, mais elle est utilisée
pour refroidir les lieux déjà brûlés et pour éviter la propagation du feu.

L’eau peut être acheminée par un camion-citerne, une pompe à dos, un bac à eau, ou d’autres
équipements. Au moment où l’incendie se produit sur les mauvaises herbes, les broussailles
ou les litières, le camion-citerne pourrait se déplacer lentement en bordure du feu. Dans les
régions où le camion-citerne ne peut pas être mis en place, la pompe à dos pourrait être
utilisée de la même manière. L’extinction du feu avec de l’eau serait efficace quand elle est
mise en œuvre le long du flanc des flammes. L’eau doit être utilisée attentivement et
proprement pour ne jamais la gaspiller.

29
Chapitre 3 : La Lutte

3.1. Lutte classique :


Selon ( Edwards et Axe, 2004) la lutte contre les incendies de forêts, soit efficace, doit être
mise en œuvre selon une stratégie définie au niveau national et dont les objectifs sont les
suivants :

 Formaliser les principes fondamentaux et les objectifs principaux gouvernant la lutte,


principes et objectifs qui guideront ensuite les responsables pour la conception et la mise en
œuvre opérationnelle des actions de lutte.
 Servir de référence commune à tous les acteurs de la lutte.

La définition d’une stratégie de lutte est fondée sur l’analyse :

 Des caractéristiques du risque d’incendie.


 Des effets des incendies de forêt.
 Des principes de lutte ayant déjà été utilisés et ayant fait la preuve de leur efficacité.
 Des moyens et des techniques disponibles.

Les stratégies de lutte définissent le plus souvent deux objectifs principaux :

- Maîtriser les éclosions au stade initial.

- Limiter l’extension des incendies qui n’ont pas pu être éteints au stade initial.

Ces objectifs seront d’autant plus faciles à réaliser qu’ils seront intégrés à une politique
générale de protection contre les feux .Dont le premier objectif est d’empêcher les départs de
feu.

Lorsqu’un feu est détecté, la première attaque doit permettre de l’éteindre tant que la surface
brûlée est réduite et la puissance du feu encore maîtrisable. La réussite de cette opération
repose sur la rapidité, sur la force et sur la qualité de l’attaque initiale.

La mobilisation préventive, c’est-à-dire la mise en place anticipée des moyens de lutte


appropriés, est un outil très efficace pour assurer le succès de la première attaque. Le
déclenchement de la mobilisation préventive et son niveau d’intensité dépendent de

30
l’estimation des risques d’incendie, en utilisant par exemple les résultats quotidiens d’un
indice de risque météorologique.

La mobilisation préventive peut comporter :

 Une couverture terrestre (patrouilles de véhicules légers de première intervention,


détachements d’intervention préventifs, groupes d’attaque…).
 Une couverture aérienne (guet, armé aérien).

L’efficacité du dispositif de mobilisation préventive repose principalement sur :

 Le choix de prépositionnement des moyens dans l’espace et dans le temps.


 Sa capacité de réponse initiale rapide à l’événement.

Les phases de l’attaque initiale

Les indications fournies par les personnes ayant détecté le feu

 Localisation précise du feu.


 Itinéraire optimal pour y parvenir.
 Surface et périmètre estimés du feu lors de la détection.
 Type de combustible en flamme.
 Vitesse du vent.
 Les maisons et installations menacées par l’incendie.
 Le nom de la personne qui a détecté le feu.

Actions des équipes se dirigeant vers le feu Le chef de chaque brigade qui se dirige vers le
feu doit revoir avec ses hommes ce qu’ils connaissent de la zonede l’incendie :

 Combustibles et topographie.
 Chemins et pistes.
 Barrières naturelles et artificielles contre le feu.
 Propriétaires des forêts.
 Incendies récents dans la zone et leur cause.
 Comportement du feu lors des incendies récents.

31
Les équipes doivent aussi :

 Déterminer la direction, la vitesse et la variabilité du vent.


 Étudier les caractéristiques de la fumée.
 Actions en arrivant sur le lieu de l’incendie
 En arrivant au feu, il faut analyser la situation. Les
 données à vérifier sont les suivantes :
 Point d’origine et cause la plus probable.
 Surface et périmètre du feu.
 Biens menacés (maisons, installations, forêts).
 Météorologie (vent).
 Comportement du feu (vitesse du front, hauteur des
 flammes, foyers secondaires).
 - Type de feu.
 - Type de combustible.
 - Topographie.
 - Barrières (routes, rochers, lacs ou Oued, zones cultivées).

Décisions à prendre :

 Où entamer l’attaque ?
 Type d’attaque : directe, indirecte, contre-feu.
 Localisation et largeur de la ligne de défense et
 moyens pour la construire.
 Renforts à demander.

3.2. Le contre-feu (conditions et méthodes utilisées)

Selon Clement (2005) l’appellation « contre-feu » correspond à quelque chose de bien


précis : il est allumé quand l'incendie est très important et que souffle un vent très violent; il
a pour but d'arrêter l'incendie de manière dynamique. Comme les autres utilisations du feu
contre le feu (petit-feu ou feu tactique) il supprime tout combustible en avant de l'incendie la
« terre brûlée » mais ce qui fait son originalité et sa grande efficacité c'est qu'il supprime aussi

32
l'oxygène indispensable à cette combustion. Pour mieux comprendre, il est nécessaire de
définir la terminologie utilisée:

Les feux tactiques : terme général, qui désigne les deux méthodes d’emploi du feu dans le
cadre de la lutte contre les incendies de forêts : le contre-feu et le brûlage tactique.

Le contre-feu: consiste à allumer un feu à l’avant d’un front de feu au cours d’un incendie, le
long d’une zone d’appui, pour supprimer du combustible par le feu. Le contre-feu se
développe alors en direction de l’incendie laissant derrière lui une zone brûlée, qui sera
contrôlée par des moyens de lutte. À la rencontre du contre-feu et de l’incendie, faute de
combustible, l’incendie s’éteint.

Le brûlage tactique : consiste, par un allumage le long d’une zone d’appui à canaliser le
flanc d’un incendie pour le réduire, ou bien, à terminer l’extinction d’une lisière qui présente
des risques de reprise, ou bien encore, à créer en situation menaçante une zone refuge pour
mettre en sécurité du personnel. Ces méthodes de lutte sont totalement complémentaires les
unes des autres et peuvent être utiles dans certaines situations opérationnelles .Elles
s’inscrivent pleinement dans un dispositif opérationnel placé sous l’autorité du commandant
des opérations de lutte et ne changent en rien la stratégie de la lutte contre les feux de forêts.
L’attaque directe par les moyens terrestres et aériens doit être privilégiée dans la mesure du
possible ; les feux tactiques s’inscrivent plutôt dans les méthodes d’attaques indirectes,
nécessitant une anticipation suffisante. Des moyens d’extinction, adaptés au feu tactique
allumé, sont alors disposés le long de la zone d’appui pour assurer le contrôle de l’allumage et
prévenir les sautes de feu éventuelles.

Chapitre 4 : Restauration des forêts incendiées

Régénération des peuplements résineux et feuillus après incendie

Selon (Cabezudo et al, 1995 ; INRA, 1995) sur des arbres en âge de fructifier, le passage du
feu, favorise l’ouverture des cônes et la dissémination des graines. En l’absence de végétation
concurrente, les graines trouvent, en général, des conditions favorables à leur germination
pendant un ou deux ans.

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Des conditions climatiques défavorables peuvent expliquer parfois l’absence de régénération,
soit parce que les graines ne trouvent pas les conditions favorables à leur germination, soit
parce que les semenciers ne produisent pas de graines fertiles. La probabilité d’obtention
d’une régénération naturelle après incendie est importante. Celle-ci dépend néanmoins des
conditions climatiques qui suivent l’incendie. Les précipitations de fin d’été favorisent
nettement la germination des graines. Sur pente forte, la création de fascines, permet de
retenir les graines et les éléments fins du sol en cas de précipitations de forte intensité.
Ailleurs, aucune mesure particulière n’est nécessaire pour favoriser le développement d’une
régénération naturelle.

Les travaux éventuels de broyage doivent être conduits rapidement après l’incendie, au plus
tard avant l’été qui suit celui de l’incendie. A défaut ils risquent de causer des dégâts
irrémédiables sur les régénérations.

Taillis de Chêne vert

Le recépage permet de stimuler la production de rejets. Il a un effet vraiment significatif, sur


les taillis dégradés par le passage d’incendies répétés, dont les souches sont affaiblies.

Le passage d’incendies avec une fréquence inférieure à 30 ans, peut conduire à un


affaiblissement des souches et une régression progressive vers la garrigue.

Pour assurer la pérennité des taillis, les travaux suivants sont préconisés :

 Tout en conservant l’objectif de gestion en taillis simple, la mise en oeuvre de


solutions pour diminuer la combustibilité des taillis jeunes est nécessaire. - Broyage
alvéolaire. - Pastoralisme.
 la sylviculture doit permettre: - la juxtaposition de taillis d’âges variés, - la conversion
en futaie des taillis en situation favorable (talwegs, situations fraîches).

Le Chêne liège

Présente la particularité de posséder une écorce très épaisse de liège, matériau reconnu pour
ses propriétés isolantes. Ce liège, lorsqu’il n’a pas été récemment levé, protége les arbres des
incendies d’intensité faible à moyenne. Ainsi, les assises génératrices (cambium) restent
vivantes et se remettent à fonctionner dès que le feu est passé. Les jeunes branches et les
pousses récentes, non encore habillées d’un liège suffisamment épais sont souvent calcinées,
mais en amont, des bourgeons épi corniques reconstituent très rapidement un houppier par des

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bouquets de rejets aériens. Ce phénomène surprenant, a fait comparer le Chêne-liège au
Phénix qui renaît de ses cendres. Mais, hélas, la pérennité de cette verdure n’est pas toujours
garantie. Il arrive que le feu soit de telle intensité que les assises soient atteintes au niveau du
tronc malgré la protection du liège. Cela n’empêche pas le développement des bourgeons
épicorniques à partir des réserves nutritives contenues dans les branches, mais comme les
tissus du liber ne conduisent plus la sève pour nourrir les racines, l’arbres dégénère en
quelques mois.

Principes de la restauration des Subéraies

1 - Diagnostic des probabilités de survie selon les critères ci-contre évoqués.

2 - Recépage ras de terre des arbres désignés.

3 - Dessouchage des chicots et des souches du maquis calciné pour prévenir leur rapide
repousse et la concurrence exercée sur les jeunes brins de Chêne liège. Le dessouchage
stimule efficacement le drageonnement du Chêne à partir de racines superficielles
sectionnées.

4 - Au bout de quelques années, sélection des brins dans les touffes de rejets ou drageons,
taille de formation, détourage du maquis

Maintien de la fertilité des sols et lutte contre l’érosion

La mise à nu des sols, peut favoriser les phénomènes d’érosion de façon très significative.
L’importance de ces phénomènes est directement liée à la nature du substrat, à la pente, à
l’intensité des phénomènes météorologiques tels que les grandes pluies d’automne qui suivent
généralement la période des incendies (Kaci et al, 2017).

Sur pente forte, la création de fascines est indispensable. Ces fascines, qui en outre permettent
de piéger les graines, retiennent les éléments fins du sol en cas de précipitations importantes.
Ailleurs, il est préférable d’éparpiller sur le sol les branches des arbres coupés, plutôt que de
les broyer systématiquement.

Afin de limiter les risques d’inondations, les premiers travaux doivent être conduits de façon
urgente pour faciliter le bon écoulement des eaux de ruissellement. Il s’agit du dégagement
des arbres calcinés et des branchages qui pourraient obstruer les cours d’eaux.

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Fascines : les branchages sont disposés en long, perpendiculairement à la pente, en
s’appuyant sur les souches hautes des arbres exploités (Legay et Mortier, 2005)

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