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«La première gorgée de bière» de Philippe

Delerm
Théâtre et chansons pour un homme seul

Les titres des chapitres , déjà on les savoure :«Un couteau dans la poche» «Aider à écosser
les petits pois» «L’odeur des pommes» «Le croissant du trottoir» «Le bruit de la dynamo» «
Le dimanche soir »

Des sensations minuscules prennent des lueurs philosophiques:

«On entre dans la cave. Tout de suite, c’est ça qui vous prend. Les pommes sont là, disposées
sur des claies-- des cageots renversés… L’odeur des pommes est douloureuse. C’est celle d’une
vie plus forte, d’une lenteur qu’on ne mérite plus.»

Un monde scintille , comme surgi d’hier!

«Appeler d’une cabine téléphonique». Tiens, un système oublié...


Mais on se souvient tous de ce parallélépipède de verre et de tôle, tôt disparu, ce cube-
refuge en ville sur le boulevard, ou sur la place d’un bourg à la campagne:

«C’est fou comme la voix seule peut dire d’une personne qu’on aime-- de sa tristesse, de sa
fatigue… La cabine se fait légère et n’est plus que de verre. La voix si près si loin nous dit que
Paris n’est plus un exil, que les pigeons s’envolent sur les bancs, que l’acier a perdu.»

Des gestes simples de la vie émane une étrange impression de force.

Et on entend dans l’air un subtil grelot… Un goût sur la langue de l’enfance et du passé,
griserie ou chair de poule on ne sait plus, mais dans le poème du réel, dans la poche des
jours ordinaires, les années déjà vécues embaument comme par pincées!

«La première gorgée de bière» , une fête, par le granuleux du minuscule !

Car dans le plaisir des sens aucun n’est oublié: le goût, la lumière, les sons, les parfums

« J’ai fini par déduire un système qui m’arrangeait bien ; renoncer à tout ce
qui est de l’ordre de la logique, ne pas essayer de saisir le monde par le
raisonnement, mais seulement par l’acuité des sensations.» Philippe Delerm
« Ecrire est une enfance.»
LE PROJET :

Nous avons retenu 11 séquences sur les 34 chapitres qui composent le recueil.

Des instantanés, des petites lueurs , dans l’enfance pourrait-on-dire, d’une génération.
Philippe Delerm est né en 1950. Partout l’insouciance de ces décennies-là. Et des souvenirs
d’un monde encore presque tout près: la vraie campagne ancienne . Notre monde, pour
d’autres le monde de papa, ou encore celui de grand-père.

LES CHANSONS :

Dans le spectacle , entre les pages, quelques chansons-sœurs en suivent le fil , s’y
imbriquent , comme par écho de sens. Et le texte de Delerm résonne de sensations
universelles.

Chansons personnelles , de mon travail d’auteur-compositeur, à la guitare et au bandonéon.


Et aussi, choisies parmi celles que j’ai toujours admirées: «Les pieds dans le ruisseau» , une
des toutes premières chansons de Brel (1954), « le Buffet» d’Arthur Rimbaud – Léo Ferré,
«Pensées des morts» d’Alphonse de Lamartine et Georges Brassens On y redécouvrira
Jacques Bertin, un auteur-compositeur de la génération Delerm, dont m’ont toujours
enchanté « Une fête étrange» , ou « La lampe du tableau de bord», une grande chanson.

Un montage musical , donc, pour un acteur -chanteur , entrelacé autour des petits brins de
poésie d’un écrivain d’aujourd’hui.

«La première gorgée de bière de bière et autres plaisirs minuscules» de Philippe Delerm,
Editions Gallimard 1997.

Le spectacle a été créé au Festival de Ségure dans les Corbières(Aude) en août 2021 Direction
Patrick Chevalier

Une production «Les Copeaux de Mots»


Avec le concours de la Fabrique de Théâtre Strasbourg.

Et l’aimable autorisation des Editions Gallimard.


Durée du spectacle : 1h 05 .
Un théâtre de l’intime

L’homme entre, un rond de lumière l’accueille. Sont posés là , une guitare, un bandonéon et
des chaises.
Humbles chaises de bureau, d’écolier ou chaises de cuisine. Les chaises de ceux qui sont, ou
ne sont plus.
Pieds nus sur le carrelage, ou dans les herbes fraiches, l’homme raconte. Père, grand-père,
oncle, il est celui qui a vu, goûté, respiré, il est celui qui se souvient, passeur d’un souffle de
vent, d’une voix éteinte, d’un parfum oublié.
Philippe Delerm , nous dit l’amertume de la première gorgée de bière, le plaisir du croissant
du matin, de la pomme fripée au fond de la cave.
Nous n’avons pas (tout à fait) l’âge de l’auteur, mais nous additionnons suffisamment de
décennies pour avoir connu les cabines téléphoniques, la lueur de la dynamo à la nuit
tombée.
Comment faire ? Comment le jouer ?
On fait simple, comme on reçoit ses amis.
On pose 5 chaises, sur un plateau de théâtre, une cour d’école, un jardin ou une grange. La
guitare et le bandonéon sont en acoustique. Pour l’acteur-chanteur ni bande- son , ni micro.
Le spectacle se joue «nature», en direct
Pas d’effets, des mots. Le langage de l’infime et du silence.
Le comédien-chanteur dit et chante, réveille des sourires et des absences. Réanime les
plaisirs minuscules d’une vie d’avant, d’une vie qui n’est plus que délicieuse nostalgie ou
douloureux souvenirs.
Nos histoires. Notre histoire.
Nos couches profondes.
Notre spectacle est né du désir de faire ensemble, comme on écosse les petits pois, de
renouer avec notre artisanat familial. De mitonner et partager un théâtre de l’intime et de la
cuisine , rien d’autre qu’un spectacle qui tient dans la main comme une petite cuillère
chargée d’une bouchée d’autrefois.
Emouvant et savoureux.
Alors raconte !
Monique Seemann
Conception et mise en scène
Luc SCHILLINGER
Comédien et chanteur
schillinger.luc@wanadoo.fr

Théâtre

Cofondateur,en 1975, de la Jung Elsasser Bühn pour un théâtre dialectal contemporain.

Comédien, il a travaillé notamment avec Peter Schuman du Bread and Puppet , Bernard
Bloch, Jean-Louis Hourdin , Hélène Vincent , Michel Dubois, Michèle Foucher , Eric de
Dadelsen , Charles Joris, Yves Reynaud, Francis Freyburger , Pascale Spengler, Christophe
Feltz, Guy Delamotte, Michel Deutsch, Jean-Louis Martinelli, A. Maratrat, Ingrid Von
Wantoch Rekowski, Jean-Yves Ruf, Georges Aperghis, Guillaume Dujardin, Simon Vincent,
José Drevon, Gilles Bouillon.

Avec Monique Seemann il crée la Compagnie «Les Copeaux de Mots»en 2004 avec «Ailleurs
c’est plus loin» au Festival des Deux Rives à Strasbourg. S’en suivent, mis en scène par
Christian Hahn: «Dreck -Saleté»de Robert Schneider, «Novecento,pianiste» d’Alessandro
Baricco,«Dans les couloirs du monde»,de Ch.Hahn,«De Zopf»de Sylvie Reff.
Dernière réalisation: «La première gorgée de bière» de Philippe Delerm, théâtre et
chansons. Août 2021.

Cinéma, Télévision:
«Les Alsaciens ou les Deux Mathilde» de Michel Deutsch, H. de Turenne , Michel Favart
«L’Inconnu de Strasbourg» de Valeria Sarmiento.
«Capitaine Marleau» Josée Dayan

Voix:
Doublages et commentaires pour Arte

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