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I. La logique de la croissance
L’intégration européenne favorise la croissance économique de deux façons :
Solow dit que l’accumulation du capital ne permet pas de soutenir la croissance économique à LT
mais à moyen terme oui. Au début, quand les économies décollent (exemple Corée du Sud,
Hongkong) ce qui va soutenir leur croissance est l’accumulation du capital.
Le taux d’épargne en Corée du Sud, Japon et Chine est très élevé puisque leur système de couverture
social (système de retraite, santé) est médiocre.
L'accumulation des capitaux passe d’abord par l’investissement productif. L'investissement est
chiffrable et son produit est appropriable. Elle passe aussi par la diffusion internationale du progrès
technique et du savoir-faire (diffusion du savoir et mouvements internationaux des capitaux, des
hommes et des produits). Il n'y a pas alors investissement et le produit de cette accumulation n'est
Intégration économique européenne
pas appropriable1. Même si cette accumulation involontaire ne représente qu'une part minoritaire de
l 'accumulation totale, elle exerce une influence non négligeable.
B. Le modèle de Solow
1. La logique du modèle
Les ménages et les entreprises épargnent une partie de leurs revenus qu’ils injectent dans le système
financier. Cette épargne est mise à la disposition des agents économiques qui souhaitent emprunter,
en particulier les entreprises qui désirent accroître leur capacité de production.
Au fil du temps, l’accroissement du stock de capital disponible autorise une production plus
importante, donc une hausse de l’épargne et de l’investissement.
La production par habitant augmente donc avec l’accumulation du capital. Cependant, si l’allocation
des ressources et la technologie ne progressent pas, l’accroissement de la richesse se fait à taux
décroissant. La croissance du PIB diminue avec le temps.
Y =F (K , L) (1)
Le stock annuel de capital K comprend les bâtiments, les machines et équipement et toutes les
infrastructures publiques et privées nécessaires à la production (réseaux d’énergie, de transport, de
communication, etc.. . Le stock de travail L représente le total des heures de travail de la population
active, calculées en homme-heures. L combine le nombre annuel de travailleurs (N) et le nombre
annuel moyen d’heures travaillées (h) : L = N.h.
La fonction de production est à rendements constants d’échelle. Donc, la hausse du stock de capital
(travail) avec un stock de travail (capital) inchangé engendre une productivité marginale décroissante
du capital (travail).
1
La plupart des travaux estiment qu'une hausse de 1 point du degré d'ouverture d'une économie sur l'extérieur
engendre en moyenne 0,1 point de croissance supplémentaire de la productivité.
Intégration économique européenne
Y
= y=f (k ) (2)
L
Dans le cas de la fonction de production Cobb-Douglas, nous avons :
α 1−α
Y ( K , L ) =K L ,0 <α < 1
Les productivités marginales du capital et du travail sont :
∂Y α −1 1−α ∂Y α −α
=α K L >0 , = ( 1−α ) K L >0
∂K ∂L
Les rendements d’échelle sont constants :
α 1−α α +1−a
Y ( tK , tL )=t K t L =t Y ( K , L )=tY ( K , L)
La forme intensive donne :
( )
α 1−α α
K L K α
y= = =k
L L
La productivité marginale de l’intensité capitalistique est positive et décroissante :
2
∂Y (α −1) ∂ Y (α −2)
=αk >0 , 2 =α (α −1)k <0
∂k ∂ k
On simplifie l’analyse en posant l’absence de déficit public et de déficit courant. Alors I = S. Les ajouts
au stock de capital sont intégralement financés par l’épargne domestique. Cette épargne constitue
une fraction du PIB, que l’on appelle s. Si cette fraction est constante, alors :
I
I =sY , donc =s
L
Y
L ( )
=sy (3)
Plus le stock de capital est important, plus la part qui se déprécie est proportionnellement élevée.
Quand l’investissement est supérieur à l’amortissement, le stock de capital se développe. Il peut
arriver à l’inverse, notamment dans les activités en déclin, que le stock de capital se réduise. L’effet
net de l’investissement et de l’amortissement sur le stock de capital est donc :
C’est le stock de capital existant déjà accumulé qui détermine l’accumulation du capital.
D. Le diagramme de Solow
La figure 1.1 présente les évolutions de y, sy et δk en fonction de k. C'est le diagramme de Solow. y et
sy sont des courbes concaves ; le coût de l'amortissement δk est une droite.
- Quand sy- δk > 0, l’investissement est supérieur à la destruction de capital (I 0-D0>0). Le stock
de capital par habitant augmente ; l’économie est en expansion et y peut croître.
- Quand sy- δk < 0, l’investissement est inférieur à la destruction de capital. Le stock de capital
et la production par travailleur se réduisent.
européen était détruit. De plus, la crise des années 1930 avait retardé sa modernisation et le capital
restant était souvent ancien.
En 1945, le PIB/tête européen avait fortement baissé. L'Autriche, la France, l'Allemagne, l'Italie et la
Hollande étaient retombées respectivement à leur niveau de 1886, 1891, 1908, 1909 et 1912. La
reconstruction s'est faite sur la base d'une réorganisation du capital restant puis d'investissements
massifs dans les années suivantes.
Au début des années 50, l'Europe de l'Ouest dépassait à nouveau le revenu de la fin des années 20.
La très forte croissance jusqu'aux années 60 est d’abord un processus de rattrapage après trois
décennies de guerres et de crises s'étalant de 1914 à 1945 (figure 1.2).
Elle favorise la concentration, avec moins de firmes plus efficaces, produisant plus à des coûts
moyens inférieurs. De plus, l’intégration incite les pays en retard à développer les activités à forts
gains de productivité et à délaisser les activités moins productives. La réallocation du travail et du
capital ainsi produite engendre mécaniquement des gains de PIB.
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Si l’on reprend le diagramme de Solow, l’effet de la meilleure allocation des ressources se traduit par
le passage de la courbe y à la courbe y’ (figure 1.3). En y’ la production par travailleur est plus
efficace. On passe de y* à yc pour une même combinaison capital-travail au point C. C’est l’effet
allocatif de l’intégration européenne sur la croissance.
B. La hausse de l’investissement
L’effet allocatif n’est pas le seul effet. La meilleure allocation des ressources engendre aussi une
hausse de l’épargne, donc de l’investissement.
Si le taux d’épargne s reste stable, la fraction épargnée du PIB/travailleur reste stable et la nouvelle
courbe de l’épargne devient sy’.
C. Le gain de bien-être
Le PIB/tête est étroitement corrélé avec la productivité du travail. Peut-on affirmer que le gain de
productivité engendrés par l'Union européenne se traduit par un gain de bien-être ?
1. La règle d’or
L’épargne est de la consommation différée. A long terme, c’est la consommation actualisée maximale
par tête qui est recherchée. La consommation par travailleur c est égale à (1-s)y :
∂f
c= (1−s ) y=f ( k )−δk →max ( c )= =δ (5)
k ∂k
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La condition 5 est appelée la règle d'or. Lorsque la productivité marginale du capital est égale à
l'amortissement, l'intensité capitalistique k correspondante offre la consommation actualisée
maximale compte tenu de la technologie utilisée.
Graphiquement, la consommation maximale par tête est obtenue au point où la pente de la fonction
de production est égale à la pente de la droite d'amortissement. Sur la figure 1.4 , cette
¿
consommation actualisée maximale est obtenue pour k c ; la distance verticale UT mesure la
consommation et la distance verticale VU l'investissement correspondant.
L'adhésion des pays d'Europe de l'Est est encore trop récente (début des années 2000) pour estimer
l'impact sur leur croissance. Et la crise de 2008 rend l'analyse délicate.
Les expériences de l'Irlande, de l'Espagne, du Portugal et de la Grèce (les quatre « pauvres » des
années 1970-80) sont assez anciennes pour tester cette prédiction.
L'adhésion est jugée bénéfique si la croissance observée les années postérieures à l’adhésion
demeure supérieure à la croissance moyenne de l’OCDE.
On reprend la même démarche que les auteurs mais en comparant la croissance de chacun des
quatre « pauvres » à la croissance moyenne de l’UE sur une période de 10 années après leur
adhésion. Le constat est identique. L’adhésion s’est révélée efficace pour l'Irlande, le Portugal et
l'Espagne. Mais pas pour la Grèce (figures 1.6, 1.7, 1.8, 1.9, source Banque mondiale).
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En situation de forte croissance du PIB, la dégradation du compte courant n'est pas le signe d'une
perte de compétitivité mais de la forte attractivité du pays pour les capitaux étrangers. Le solde du
compte financier de la balance des paiements devient positif car il y a davantage de capitaux entrants
que de capitaux sortants).
Pour l'Irlande, l'Espagne ou le Portugal, on observe bien des évolutions conformes aux prédictions. La
Grèce fait exception, avec un niveau de formation brute de capital fixe et des investissements directs
étrangers qui ne progressent pas après son adhésion (figures 1.10, 1.11).
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