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Intégration économique européenne

Chapitre 1 : Intégration économique et


croissance de l’UE
L'unification commerciale et l'intégration des marchés nationaux améliorent l'allocation des
ressources et l'efficacité du système productif européen. Mais les gains de PIB ainsi obtenus sont
statiques et s’arrêtent une fois l’unification commerciale et l’intégration économique achevées.

Le chapitre suivant aborde l'influence de l'unification européenne sur la croissance économique. La


croissance opère à travers des mécanismes différents de l'allocation des ressources puisqu'elle se fait
d'abord par l'accumulation des ressources comme le capital productif.

A LIRE CHAPITRE 6, 7 et 4 DU COURS L1 ECONOMIE APPLIQUEE

I. La logique de la croissance
L’intégration européenne favorise la croissance économique de deux façons :

- à moyen terme, par une meilleure allocation des ressources ;


- à long terme, par le progrès technologique. La compréhension de la croissance économique
nécessite de faire appel à un cadre d’analyse simple, robuste et suffisamment général. Ce
sera le modèle de Solow (néoclassique).

Solow dit que l’accumulation du capital ne permet pas de soutenir la croissance économique à LT
mais à moyen terme oui. Au début, quand les économies décollent (exemple Corée du Sud,
Hongkong) ce qui va soutenir leur croissance est l’accumulation du capital.

Le taux d’épargne en Corée du Sud, Japon et Chine est très élevé puisque leur système de couverture
social (système de retraite, santé) est médiocre.

A. Croissance sur le moyen terme et le long terme


1. Accumulation des capitaux et investissement productif
La croissance est soutenue par l'accumulation de trois sortes de capitaux productifs : le capital
physique (machines, équipements, infrastructures, etc.) ; le capital humain (savoir-faire, éducation,
expérience) ; le capital connaissance (recherche fondamentale, R&D).

L'accumulation des capitaux passe d’abord par l’investissement productif. L'investissement est
chiffrable et son produit est appropriable. Elle passe aussi par la diffusion internationale du progrès
technique et du savoir-faire (diffusion du savoir et mouvements internationaux des capitaux, des
hommes et des produits). Il n'y a pas alors investissement et le produit de cette accumulation n'est
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pas appropriable1. Même si cette accumulation involontaire ne représente qu'une part minoritaire de
l 'accumulation totale, elle exerce une influence non négligeable.

2. La distinction entre croissance de moyen-terme et croissance de long terme


On distingue la croissance de moyen terme (quelques années) de la croissance de long terme
(plusieurs décennies).

La croissance à moyen terme dépend de l'efficacité de l'allocation des ressources productives et le


niveau des investissements en capital physique. Des conditions économiques favorables (l'entrée de
l'Espagne dans le marché commun après 40 ans de dictature) améliorent l'utilisation des ressources
et accélèrent les investissements. Il en résulte une accélération temporaire de la croissance sur
quelques années.

La croissance de le long terme dépend des investissements en capital humain et en capital


connaissance (progrès technologique). Sans progrès technologique, l'accumulation du seul capital
physique ne suffit pas à maintenir sur le long terme la croissance du fait des rendements décroissants
du capital.

B. Le modèle de Solow
1. La logique du modèle
Les ménages et les entreprises épargnent une partie de leurs revenus qu’ils injectent dans le système
financier. Cette épargne est mise à la disposition des agents économiques qui souhaitent emprunter,
en particulier les entreprises qui désirent accroître leur capacité de production.

Au fil du temps, l’accroissement du stock de capital disponible autorise une production plus
importante, donc une hausse de l’épargne et de l’investissement.

La production par habitant augmente donc avec l’accumulation du capital. Cependant, si l’allocation
des ressources et la technologie ne progressent pas, l’accroissement de la richesse se fait à taux
décroissant. La croissance du PIB diminue avec le temps.

2. La fonction de production agrégée


Elle détermine les combinaisons de facteurs capital (K) et travail (L) qui dégagent sur une certaine
période, l’année par exemple, le même produit global d’une économie (PIB).

Y =F (K , L) (1)

Le stock annuel de capital K comprend les bâtiments, les machines et équipement et toutes les
infrastructures publiques et privées nécessaires à la production (réseaux d’énergie, de transport, de
communication, etc.. . Le stock de travail L représente le total des heures de travail de la population
active, calculées en homme-heures. L combine le nombre annuel de travailleurs (N) et le nombre
annuel moyen d’heures travaillées (h) : L = N.h.

La fonction de production est à rendements constants d’échelle. Donc, la hausse du stock de capital
(travail) avec un stock de travail (capital) inchangé engendre une productivité marginale décroissante
du capital (travail).

1
La plupart des travaux estiment qu'une hausse de 1 point du degré d'ouverture d'une économie sur l'extérieur
engendre en moyenne 0,1 point de croissance supplémentaire de la productivité.
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3. La forme intensive de la fonction de production agrégée


Du fait de l’hypothèse des rendements constants d’échelle, la hausse simultanée des facteurs fait
croître la production dans les mêmes proportions. La production par heure de travail ou productivité
du travail, y=Y/L, dépend du capital utilisé par heure de travail ou rapport capitaltravail, k=K/L. La
fonction de production peut se réécrire sous la forme intensive suivante :

Y
= y=f (k ) (2)
L
Dans le cas de la fonction de production Cobb-Douglas, nous avons :
α 1−α
Y ( K , L ) =K L ,0 <α < 1
Les productivités marginales du capital et du travail sont :

∂Y α −1 1−α ∂Y α −α
=α K L >0 , = ( 1−α ) K L >0
∂K ∂L
Les rendements d’échelle sont constants :
α 1−α α +1−a
Y ( tK , tL )=t K t L =t Y ( K , L )=tY ( K , L)
La forme intensive donne :

( )
α 1−α α
K L K α
y= = =k
L L
La productivité marginale de l’intensité capitalistique est positive et décroissante :
2
∂Y (α −1) ∂ Y (α −2)
=αk >0 , 2 =α (α −1)k <0
∂k ∂ k

C. L’épargne et l’accumulation du capital


1. L’épargne
L’investissement privé est financé par trois canaux différents : l’épargne privée des ménages et des
entreprises, l’épargne de l’État (l’excédent budgétaire consolidé) et l’épargne nette du reste du
monde (le déficit courant).

On simplifie l’analyse en posant l’absence de déficit public et de déficit courant. Alors I = S. Les ajouts
au stock de capital sont intégralement financés par l’épargne domestique. Cette épargne constitue
une fraction du PIB, que l’on appelle s. Si cette fraction est constante, alors :

I
I =sY , donc =s
L
Y
L ( )
=sy (3)

2. La dépréciation du capital et l’état stationnaire


L’investissement permet d’accumuler du capital nouveau et le capital ancien se déprécie par usure
(ou obsolescence technique en cas de progrès technique). Le taux d’amortissement δ précise la part
détruite du capital. Ce taux est assez stable et peut être considéré comme constant.
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Plus le stock de capital est important, plus la part qui se déprécie est proportionnellement élevée.
Quand l’investissement est supérieur à l’amortissement, le stock de capital se développe. Il peut
arriver à l’inverse, notamment dans les activités en déclin, que le stock de capital se réduise. L’effet
net de l’investissement et de l’amortissement sur le stock de capital est donc :

Δ K = sY −δK  Δ k = sy−δ k (4)

C’est le stock de capital existant déjà accumulé qui détermine l’accumulation du capital.

D. Le diagramme de Solow
La figure 1.1 présente les évolutions de y, sy et δk en fonction de k. C'est le diagramme de Solow. y et
sy sont des courbes concaves ; le coût de l'amortissement δk est une droite.

- Quand sy- δk > 0, l’investissement est supérieur à la destruction de capital (I 0-D0>0). Le stock
de capital par habitant augmente ; l’économie est en expansion et y peut croître.
- Quand sy- δk < 0, l’investissement est inférieur à la destruction de capital. Le stock de capital
et la production par travailleur se réduisent.

Au point d’intersection A de la courbe d’épargne et de la droite d’amortissement, investissement et


amortissement sont égaux. Le rapport capital/travail et la productivité du travail sont à l’équilibre
pour B (k* , y* ). L’économie est alors à son état stationnaire.

Au-dessus de k*, il y a une dégradation du capital.

Au-dessous de k*,il y a une amélioration du capital

E. La reconstruction européenne après 1945


La croissance est d'autant plus forte que le stock de capital physique est bas. Cette prédiction du
modèle de Solow est illustrée par la situation de l’Europe. Fin 1945, une part importante du capital
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européen était détruit. De plus, la crise des années 1930 avait retardé sa modernisation et le capital
restant était souvent ancien.

En 1945, le PIB/tête européen avait fortement baissé. L'Autriche, la France, l'Allemagne, l'Italie et la
Hollande étaient retombées respectivement à leur niveau de 1886, 1891, 1908, 1909 et 1912. La
reconstruction s'est faite sur la base d'une réorganisation du capital restant puis d'investissements
massifs dans les années suivantes.

Au début des années 50, l'Europe de l'Ouest dépassait à nouveau le revenu de la fin des années 20.
La très forte croissance jusqu'aux années 60 est d’abord un processus de rattrapage après trois
décennies de guerres et de crises s'étalant de 1914 à 1945 (figure 1.2).

II. Les gains de croissance et de bien-être à moyen terme


L’intégration améliore à moyen terme l’efficacité des ressources mobilisées par les économies
européennes.

Cette efficacité accrue passe par deux canaux distincts :

- l’élimination des barrières à la mobilité des ressources productives au plan sectoriel et au


plan international (meilleure allocation des ressources productives) ;
- l’augmentation de l’épargne absolue qui engendre un supplément d’investissement

A. Une meilleure allocation des ressources


L’intégration européenne améliore la combinaison K-L et fournit un volume de production supérieur.

Elle favorise la concentration, avec moins de firmes plus efficaces, produisant plus à des coûts
moyens inférieurs. De plus, l’intégration incite les pays en retard à développer les activités à forts
gains de productivité et à délaisser les activités moins productives. La réallocation du travail et du
capital ainsi produite engendre mécaniquement des gains de PIB.
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Si l’on reprend le diagramme de Solow, l’effet de la meilleure allocation des ressources se traduit par
le passage de la courbe y à la courbe y’ (figure 1.3). En y’ la production par travailleur est plus
efficace. On passe de y* à yc pour une même combinaison capital-travail au point C. C’est l’effet
allocatif de l’intégration européenne sur la croissance.

B. La hausse de l’investissement
L’effet allocatif n’est pas le seul effet. La meilleure allocation des ressources engendre aussi une
hausse de l’épargne, donc de l’investissement.

L’accroissement de la production induit des investissements supplémentaires.

Si le taux d’épargne s reste stable, la fraction épargnée du PIB/travailleur reste stable et la nouvelle
courbe de l’épargne devient sy’.

Il y a donc un nouvel équilibre stationnaire au point E (k’, y’).

Le passage de yc à y’ traduit donc un nouveau supplément de croissance (figure 1.3).

L’effet allocatif a permis de faire accroitre y.

Le gain de croissance à moyen terme est dû au mécanisme d’épargne endogène.

C. Le gain de bien-être
Le PIB/tête est étroitement corrélé avec la productivité du travail. Peut-on affirmer que le gain de
productivité engendrés par l'Union européenne se traduit par un gain de bien-être ?

1. La règle d’or
L’épargne est de la consommation différée. A long terme, c’est la consommation actualisée maximale
par tête qui est recherchée. La consommation par travailleur c est égale à (1-s)y :

∂f
c= (1−s ) y=f ( k )−δk →max ( c )= =δ (5)
k ∂k
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La condition 5 est appelée la règle d'or. Lorsque la productivité marginale du capital est égale à
l'amortissement, l'intensité capitalistique k correspondante offre la consommation actualisée
maximale compte tenu de la technologie utilisée.

Graphiquement, la consommation maximale par tête est obtenue au point où la pente de la fonction
de production est égale à la pente de la droite d'amortissement. Sur la figure 1.4 , cette
¿
consommation actualisée maximale est obtenue pour k c ; la distance verticale UT mesure la
consommation et la distance verticale VU l'investissement correspondant.

Si il y a excès d’accumulation du capital, l’économie est en situation d’inefficacité dynamique ; la


baisse du taux d’épargne relève de façon permanente la consommation par tête.

Si il y a un déficit d’accumulation du capital, l’économie est en situation d’efficacité dynamique ; la


hausse du taux d’épargne relève de façon permanente la consommation par tête.

2. Intégration économique et bien-être


Comme l'illustre la figure 1.5, l'intégration économique engendre un gain de bien-être – passage de T
à T' - qui correspond à la différence entre c* et c*' .
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III.Le cas des quatre « pauvres » (Irlande, Grèce, Portugal et Espagne)


Le modèle de Solow prédit que l'adhésion à l'Union Européenne doit engendrer pour le pays
adhérent un surcroît temporaire de croissance sur plusieurs années.

L'adhésion des pays d'Europe de l'Est est encore trop récente (début des années 2000) pour estimer
l'impact sur leur croissance. Et la crise de 2008 rend l'analyse délicate.

Les expériences de l'Irlande, de l'Espagne, du Portugal et de la Grèce (les quatre « pauvres » des
années 1970-80) sont assez anciennes pour tester cette prédiction.

3 de ces 4 Etats connaissent un boost en intégrant l’Union européenne (excepté la Grèce).

A. La croissance du PIB / tête


En 2002, Deardorff et Stern étudient l'influence de l'adhésion à la Communauté européenne sur la
croissance du PIB/tête des nouveaux pays membres.

L'adhésion est jugée bénéfique si la croissance observée les années postérieures à l’adhésion
demeure supérieure à la croissance moyenne de l’OCDE.

On reprend la même démarche que les auteurs mais en comparant la croissance de chacun des
quatre « pauvres » à la croissance moyenne de l’UE sur une période de 10 années après leur
adhésion. Le constat est identique. L’adhésion s’est révélée efficace pour l'Irlande, le Portugal et
l'Espagne. Mais pas pour la Grèce (figures 1.6, 1.7, 1.8, 1.9, source Banque mondiale).
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B. Investissement, Compte courant et marché boursier


Une intégration réussie avec accélération de la croissance doit entraîner les années suivantes pour le
nouveau membre un accroissement substantiel de la formation brute de capital fixe, une
détérioration du compte courant et une hausse boursière.

En situation de forte croissance du PIB, la dégradation du compte courant n'est pas le signe d'une
perte de compétitivité mais de la forte attractivité du pays pour les capitaux étrangers. Le solde du
compte financier de la balance des paiements devient positif car il y a davantage de capitaux entrants
que de capitaux sortants).

Pour l'Irlande, l'Espagne ou le Portugal, on observe bien des évolutions conformes aux prédictions. La
Grèce fait exception, avec un niveau de formation brute de capital fixe et des investissements directs
étrangers qui ne progressent pas après son adhésion (figures 1.10, 1.11).
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