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Dans toute communication, aussi bien orale qu'écrite, on trouve à la fois un énoncé et une
énonciation. L'énoncé est le résultat linguistique, c'est-à-dire, la parole prononcée ou le texte
écrit, tandis que l'énonciation est l'acte linguistique par lequel des éléments de langage sont
orientés et rendus spécifiquement signifiants par l'énonciateur (et son co-énonciateur, qui n'est
pas un simple destinataire) en vue de produire ledit énoncé : on dit généralement que l'énoncé
est le « dit », tandis que l'énonciation est le « dire ». Pour résumer, « c'est l'énonciation qui fait
l'énoncé ».
L'énoncé est de nature matérielle. En conséquence, il est saisissable par l'un de nos cinq sens
(le plus souvent, l'ouïe, dans le cas de l'oral, et la vue, dans celui de l'écrit ou d'une langue des
signes), et par ailleurs, reproductible, tout d'abord, oralement, ensuite, par l'écrit, enfin, par les
moyens techniques modernes, tels que l'enregistrement, analogique ou numérique.
L'énonciation en revanche, est beaucoup moins matérielle, et partant, beaucoup plus difficile à
cerner et à transcrire. N'étant pas toujours directement perceptible, elle peut faire l'objet d'une
enquête ou d'une déduction, mais elle nous échappe toujours, au moins partiellement :
consistant en un acte individuel et unique, « l'énonciation, par nature, ne peut être
reproduite ».
D'un point de vue strictement grammatical, on pourrait croire a priori que seuls les énoncés
concernent cette discipline, et que par conséquent, l'énonciation est hors sujet. Ce n'est pas
exact. En effet, d'abord, l'énonciation sert précisément à circonscrire les limites du champ de
la morphosyntaxe, ensuite, son repérage est indispensable à l'étude de certaines catégories,
telles que noms, pronoms, adverbes.
Situation d'énonciation
La situation d'énonciation est la situation dans laquelle a été émise une parole, ou dans
laquelle a été produit un texte. Celle-ci permet, grosso modo, de déterminer qui parle à qui
(ou : qui écrit à qui), et dans quelles circonstances.
L'acte d'énonciation met en scène des actants et des circonstants (on peut les résumer ainsi :
« je », « tu », « ici » et « maintenant »). Or, selon que les actants et les circonstants de la
situation d'énonciation sont ou non présents dans un énoncé donné, celui-ci sera dit ancré ou
bien coupé de la situation d'énonciation.
Un énoncé coupé de la situation d'énonciation (on dit aussi : un plan non embrayé) ne
comporte aucun indice (ou embrayeur) permettant de repérer celle-ci. Il s'agit souvent du
récit, mais également des énoncés sentencieux, des textes de lois, des proverbes, des modes
d'emploi, des descriptifs techniques, des démonstrations scientifiques, etc. (et généralement,
cela concerne l'écrit) :
(1) Lundi 10 janvier 2005, au pied de la tour Eiffel, Solange Martin a dit à Charles
Dupuis : « Les Parisiens se sont emparés de la Bastille le 14 juillet 1789. »
L'énoncé « Les Parisiens se sont emparés de la Bastille le 14 juillet 1789. » est produit
par la situation d'énonciation suivante.
Un énoncé ancré dans la situation d'énonciation (on dit aussi un « plan embrayé ») comporte
au moins un indice (ou embrayeur) permettant de repérer celle-ci. Il s'agit souvent du discours
oral :
(3) Lundi 10 janvier 2005, au pied de la tour Eiffel, Solange Martin a dit à Charles
Dupuis : « Demain, je t'attendrai ici. »
L'énoncé « Demain, je t'attendrai ici » est produit par la même situation d'énonciation
que celle des deux énoncés ci-dessus, mais contrairement à ce qui se passe pour les
deux premiers, ce troisième énoncé contient un certain nombre d'embrayeurs
permettant de mettre celui-ci en relation avec sa propre situation d'énonciation.
Ce troisième énoncé est donc « ancré dans la situation d'énonciation ». Cet énoncé est
un discours.
Actants et circonstants de l'énonciation
Les circonstants correspondent aux circonstances de l'énonciation. Les actants de
l'énonciation quant à eux, sont, d'une part l'énonciateur, c'est-à-dire, celui qui parle ou qui
écrit, d'autre part le destinataire, c'est-à-dire, l'autre, celui à qui s'adresse l'énoncé, parlé ou
écrit.
Énonciateur
L’énonciateur est l'actant qui dit (ou pourrait dire) « je ». Il est également appelé émetteur,
ou sujet de l'énonciation.
L'énonciateur est toujours singulier : « nous » par exemple, ne contient qu'un seul
« je ».
Destinataire
Le destinataire est l'actant à qui l'énonciateur dit (ou pourrait dire) « tu ». Il est également
appelé co-énonciateur.
Circonstants
Les circonstants renvoient pour l'essentiel, aux circonstances de lieu et de temps, qui
s'apprécient par rapport à l'acte d'énonciation :
Un circonstant de lieu est déterminé par rapport au lieu de l'énonciation (« ici », c'est-
à-dire, l'endroit où le « je » parle ou écrit) ;
Un circonstant de temps est déterminé par rapport au temps de l'énonciation
(« maintenant », c'est-à-dire, le moment où le « je » parle ou écrit).