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-Définition de l’énonciation

Partant d’une critique de la linguistique de la langue, on voit naître


les fondements de la linguistique énonciative dont le principe est l’étude
de la production des énoncés par les locuteurs dans la réalité de la
communication. Quand on parle de l’énonciation, on fait référence aux
travaux du linguiste Français Émile Benveniste, père de la théorie de
l’énonciation.
Selon Benveniste : « L’énonciation est cette mise en
fonctionnement de la langue par un acte individuel d'utilisation. » Elle
représente précisément l'acte individuel de production d’un énoncé, à ce
titre, elle est liée à l’expression de la subjectivité, il s'agit de l’analyse de
tout ce qui indique la présence du sujet parlant dans son discours, allant
des pronoms personnels, des démonstratifs, etc. L’énonciation permet
d'étudier l'utilisation de la langue dans un contexte déterminé comme
une conversation, une lettre, un discours ou tout simplement un texte
ayant pour résultat l’énoncé. L’énonciation est alors vue comme le
processus qui a pour but d'arriver à la réalisation de l’énoncé. Le
concept d’énonciation s’oppose à l’énoncé comme l’acte de la
fabrication s’oppose au produit fabriqué.
-Définition de l’énoncé :
L’énoncé peut être considéré comme le produit ou le résultat de l’acte
de l’énonciation puisqu’il s’agit de la réalisation d’une phrase dans une
situation donnée. Il est défini comme une chaîne linguistique qui peut
être mise en rapport avec le contexte situationnel qui a permis son
émergence, en d'autres mots l’énoncé correspond à une situation
d’énonciation particulière qui met en scène un locuteur
(énonciateur) et un destinataire (Co-énonciateur) et les circonstances
de sa production (lieu+moment).
Il pourra également désigner toute séquence signifiante dont la longueur
est variable et qui fournit le sens en fonction de la compréhension et de
l’interprétation.

Pour être compris, certains énoncés doivent être placés dans la


situation de communication : par exemple, en rentrant d’un voyage, vous
trouvez un message sur lequel est écrit « Je viendrai demain ».
L'énoncé « Je viendrai demain » doit être mis en relation avec la
situation de communication sinon il est incompréhensible, car on ne sait
ni qui est le destinataire (celui qui dit « je ») ni à qui il s’adresse. On ne
sait pas non plus quand est « demain ». En effet, si le message date
d'un mois, « demain » est largement passé...

-Les deux types de l’énoncé :

1-L’énoncé ancré dans la situation de l’énonciation :


On dit que l’énoncé est ancré dans la situation d’énonciation
lorsque l’énonciateur et le destinataire sont impliqués dans la même
situation d’énonciation. L’énoncé ancré contient alors les marques de
subjectivité suivantes : je, tu, nous, vous, mon, nos, hier, aujourd’hui,
ici, là...et le présent de l’énonciation. L’énoncé ancré rend plus présent,
plus proche au lecteur les événements racontés.

2-L’énoncé coupé de la situation de l’énonciation :


On dit que l’énoncé est coupé de la situation d’énonciation lorsqu’il
ne contient aucune marque de l’énonciateur (celui qui parle ne
s’implique pas) . Le texte est à la 3e personne du singulier ou du pluriel
(il, elle, ils, elles), les indices spatio-temporels sont la veille, ce jour-là,
là-bas…, Le temps de référence est le passé simple ou l’imparfait.
L’énoncé coupé marque une distance entre ce qui est raconté et le
présent de celui qui raconte.

Pour comprendre un énoncé ancré dans la situation de


communication, on a besoin de connaître les circonstances dans
lesquelles s’est produit cet énoncé. Par exemple, dans l'énoncé "Je te
rejoins directement après le travail", on ne sait pas qui est "je", "te",
on ne sait pas où le locuteur rejoint le destinataire. Il doit être entouré de
la situation d'énonciation pour être compris dans sa globalité.

En revanche, l’énoncé coupé se comprend par tout le monde, Il


peut être retiré de la situation d'énonciation sans que cela gêne la
compréhension de la phrase et du contexte.
Par exemple, "le mousquetaire entra dans l'auberge de Palaiseau, il
prit une soupe et repartit pour Paris où il arriva trois jours après".
Dans cette phrase, on sait qu'il y a un mousquetaire, qu'il est dans une
auberge, qu'il mange une soupe, puis qu'il part pour Paris où il arrive
trois jours après. Même si nous n'avons pas le reste de la situation
d'énonciation, ces éléments suffisent à comprendre de quoi on parle et
où l'on est.

-La différence entre l’énoncé et l’énonciation :


Maingueneau parle de « l’énonciation comme acte individuel
d’utilisation de la langue pour l’opposer à l’énoncé, objet linguistique
résultant de cette utilisation ». Il oppose alors l’acte au produit
(la fabrication à l’objet fabriqué). L'énonciation peut être comparée à
l'acte de fabrication tandis que l'énoncé peut être comparé au produit
fabriqué.
Pour Benveniste, Il y a d'une part, ce qui est dit “l'énoncé” et
d'autre part le fait de le dire “l'énonciation”, c'est le fait de produire un
énoncé. L'énonciation est « dire » et l'énoncé est « un dit ».

L’énoncé est un participe passé qui est devenu substantif : ce qui est
énoncé, passé avec valeur résultative. C’est le résultat de l’énonciation.
Tandis que l’énonciation marque l’action.

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