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Introduction

La linguistique est l’étude scientifique de la langue dont le père est Ferdinand de Saussure.
Celle-ci constitue donc son objet qui est prise en charge par opposition à la parole. F. de
Saussure l’a étudiée sur le plan formel, structurel et en tant que système de signes ayant
chacun un signifié et un signifiant.

L’énoncé/l’énonciation selon la théorie d’Emile BENVENISTE


Emile Benveniste, influencé par F.de Saussure et voulant dépasser le structuralisme,s’investit
dans la théorie de l’énonciation où il aborde la langue non seulement au niveau de sa forme
mais aussi au niveau de son fonctionnement. En 1970, E. Benveniste publie un article intitulé
‘’L’appareil formel de l’énonciation’’.Dans cet article, il met l’accent sur l’aspect
pragmatique du langage et y réfute le principe pur formalisant de la langue. Il s’agit pour lui,
d’une conception réaliste de la langue en prenant en compte le rôle de la langue dans
l’ensemble des activités humaines dans l’exercice de la parole sans perdre de vue la
subjectivité. Benveniste prend en charge l’emploi des formes dont les conditions ne sont pas
identiques d’un emploi à un autre. C’est à partir de là qu’apparait la définition de
l’énonciation par opposition à l’énoncé. ‘‘ L’énonciation est cette mise en fonctionnement de
la langue par un acte individuel d’utilisation’’. C'est-à-dire, l’énoncé est le produit de
l’énonciation. Ce concept est donc forgé et popularisé par E. Benveniste.

Benveniste (1974, p.80) souligne ‘‘ Le discours, dira-t-on, qui est produit chaque fois qu’on
parle, cette manifestation de l’énonciation, n’est pas simplement la « parole »(…) C’est l’acte
même de produire un énoncé et non le texte de l’énoncé qui est notre objet. Cet acte est le fait
du locuteur qui mobilise la langue pour son compte.’’

Selon un article consulté sur le site fr.wikipedia.org, en linguistique, l’énonciation est l’acte
individuel de production d’un énoncé, adressé à un destinataire, dans certaines circonstances.
Ainsi, dans toute communication, on trouve l’énoncé et l’énonciation. L’énoncé est la parole
prononcée à l’oral ou le texte produit à l’écrit. En d’autres termes, l’énoncé est le résultat
linguistique. Tandis que l’énonciation est, selon l’article consulté sur le site cité ci-dessus,
l’acte linguistique par lequel des éléments du langage sont orientés et rendus spécifiquement
signifiants par l’énonciateur. L’énoncé est le ‘’dit’’ et l’énonciation est le ‘’dire’’ « C’est
l’énonciation qui fait l’énoncé ».

L’énonciation fonctionne selon un mécanisme composé d’éléments qui déterminent l’aspect


pragmatique de la langue.
Actants et circonstants de l’énonciation

Les circonstants désignent les indicateurs qui renvoient aux circonstances de la production de
l’énoncé. Quant aux actants, ce sont les embrayeurs qui désignent l’énonciateur et
l’énonciataire.

1- L’énonciateur
C’est l’actant qui se manifeste par ‘’je’’, c'est-à-dire l’émetteur ou le sujet de
l’énonciation. Le sujet de l’énonciation ne doit pas être confondu avec celui de
l’énoncé. Par exemple si on dit ‘’Rachid est médecin’’, Rachid est le sujet
grammatical ou celui de l’énoncé. Mais, le sujet de l’énonciation est celui qui
prononce cette phrase. Ce dernier est appelé locuteur à l’oral et auteur ou scripteur à
l’écrit. L’émetteur du discours est très important et c’est lui qui prend entière
responsabilité de son discours. Il est donc indispensable de s’interroger sur sa visée.
2- Le destinataire
C’est l’actant à qui l’énonciateur dit ‘’tu’’. Il est aussi appelé co-énonciateur. Il est co-
locuteur ou allocutaire à l’oral et lecteur à l’écrit. Contrairement à l’énonciateur, le
destinataire peut être multiple car l’énonciateur peut s’adresser à plusieurs personnes à
la fois. Le destinataire se distingue du récepteur ou du receveur car l’énoncé ne
s’adresse pas forcément à celui qui le reçoit.
3- Les circonstants
Ce sont les circonstants de lieux et du temps de la production de l’énoncé ou de l’acte
de l’énonciation.
Le circonstant de lieu : Il s’agit d’un indicateur qui se rapporte au lieu de
l’énonciation. C’est le ‘’ici’’, l’endroit où l’énonciateur parle ou écrit.
Le circonstant de temps : Il s’agit d’un indicateur qui se rapporte au moment de
l’énonciation. C’est le ‘’maintenant’’, le moment où l’énonciateur parle ou écrit.
Ces circonstants désignent dans l’acception plus large, l’ensemble des circonstances
qui déterminent l’acte d’énonciation que les linguistes dénomment contexte énonciatif.
Certains caractères formels de l’énonciation à partir de l’actualisation individuelle de
la langue, sont nécessaires et permanents mais d’autres diffèrent d’un idiome à un
autre. Ainsi, dans l’énonciation, on doit donc considérer l’acte lui-même, les situations
où elle se réalise et les instruments de l’accomplissement.
Selon Benveniste, l’énonciation en tant que réalisation individuelle, peut se définir par
rapport à la langue comme un procès d’appropriation. C'est-à-dire le locuteur puise
des potentialités de la langue, il se l’approprie en fonction de la situation de la
réalisation tout en énonçant sa position par ‘’des indices spécifiques et au moyens de
procédés accessoires’’ et implante l’interlocuteur qu’il désigne par d’autres indices.
La situation d’énonciation est cette situation dans laquelle la parole est émise ou le
texte est produit. C’est elle qui détermine le locuteur, l’interlocuteur, dans quel
endroit, à quel moment et dans quelles circonstances. Quant à l’acte d’énonciation que
nous avons évoqué ci-dessus, ‘’il met en scène des actants et des circonstants’’ qu’on
peut résumer en je, tu, ici et maintenant.
Le temps :
Selon Benveniste le temps est une dimension innée de la pensée et qu’elle
estessentiellement produite dans et par l’énonciation. En effet, cette dernière produit le
présent au moment de la parole que le locuteur représente par le présent
grammatical.Et c’est à partir de cette catégorie du présent que naissent d’autres
catégories de temps pour qui le présent d’énonciation sert de repère. ‘’Le présent est la
source de temps, il est cette présence au monde que l’acte d’énonciation rend seul
possible’’ souligne E. Benveniste.
La subjectivité :
La théorie de l’énonciation présuppose également la subjectivité. Il est dit ci-dessus
que le locuteur actualise la langue à son compte, s’approprie son appareil formel et
énonce sa position du locuteur par des indices spécifiques. En d’autre termes et selon
Benveniste, la dialectique de ‘’je’’ et de ‘’tu’’ travaille la subjectivité dans l’acte
d’énonciation.
‘’La subjectivité dont nous traitons ici est la capacité du locuteur à se poser comme
« sujet ». Elle se définit, non pas par le sentiment que chacun éprouve d’être lui-
même(…) mais comme l’unité psychique qui transcende la totalité des expériences
vécues qu’elle assemble et qui assure la permanence de la conscience’’ Benveniste.
Cette subjectivité devient co-subjectivité dans le cas de dialogue et de monologue à
qui Benveniste ne reste pas indifférent que ce soit le dialogue (alternativement, ‘’je’’
devient’’ tu’’ et ‘’tu’’ devient ‘’je’’) ou de monologue externe ou interne (le moi
énonciateur devient le moi énonciataire).

Exposé réalisé par Samira GUERRAB

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