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La linguistique structuraliste en question  

: naissance de la linguistique
énonciative

Appréhension des phénomènes énonciatifs


Dans la tradition structuraliste, héritée de Saussure, la langue est un objet d’étude qui
peut se faire sans prendre en compte les situations de discours. Elle s’oppose à la
parole. La grammaire générative considère la langue en mouvement et envisage le
concept de « locuteur idéal » pourvu d’une compétence qui sera utilisée pour produire
une certaine performance. Cependant on ne parle pas encore des phénomènes
énonciatifs.
Les linguistes énonciatifs vont prendre en compte les éléments extralinguistiques qui
interviennent dans le discours notamment l’énonciateur et le co-énonciateur (ou
allocutaire). Ils prennent en compte la situation d’énonciation (situation contextuelle ou
situationnelle). Ils posent le problème sous l’angle du repérage (localisation d’une
notion par rapport à une autre notion ou par rapport à la situation).
Les points sur lesquels le structuralisme a été remis en question sont :
1. La définition de la langue comme instrument de la communication
2. La prise en compte de la situation de la communication
3. Le surgissement du sujet et la relation émetteur/récepteur

I. La définition du langage comme instrument de communication


Elle est remise en cause par E. Benveniste dans « De la subjectivité du langage »
(pp.258/266) in Problèmes de linguistique générale T.1, 1966. Il considère qu’il est
abusif de parler d’instrument au sujet de la langue ainsi :
I.1/ Il discute de la définition du langage comme instrument de communication en
faisant le parallèle avec des instruments de travail.
Il dit en substance : « les instruments ne sont pas dans la nature », ce sont des
fabrications humaines. Donc, quand on parle d’instruments, on a deux entités
« l’homme et la nature ». Or, on ne peut pas considérer le langage qui « est dans la
nature de l’homme qui ne l’a pas fabriqué » comme un instrument fabriqué par
l’homme. Ce sont deux entités inséparables mais l’une n’est pas le fait de l’autre. Il
ajoute (p.259) que « c’est un homme parlant que nous trouvons dans le monde, un
homme parlant à un autre homme et le langage enseigne la définition même de
l’homme. » Nous remarquons ici l’insistance d’E. Benveniste sur l’acte de
communication (le langage définit l’être humain).

I.2/ L’homme se constitue comme sujet


Benveniste parle, de la subjectivité du langage qui se définit (p.260) comme étant
« l’unité psychique qui transcende la totalité des expériences vécues qu’elle assemble
et qui assure la permanence de la conscience » c’est-à-dire que le sujet se définit par sa
subjectivité qui, elle, se définit par la permanence de sa conscience (on peut dire « je »).
Or, cette conscience de soi implique nécessairement l’existence de l’autre. Ce qui
implique par ailleurs que le dialogue est la condition de la communication. « Le
langage n’est possible que parce que chaque locuteur se pose comme sujet en
renvoyant à lui-même comme « je » dans son discours. De ce fait, « je » pose une
autre personne, celle qui, toute extérieure qu’elle est à « moi » devient mon écho
auquel je dis « tu » et qui me dit « tu ». » Cette insistance sur les deux instances du
discours « je » et « tu » fonde le dialogue. Nous avons ici les prémisses de l’une des
principales remises en cause du monologisme par le dialogisme (prise en compte des
deux éléments de la communication je--------tu).
Catherine KERBRAT-ORECCHIONI, dans « l’approche interactionnelle en
linguistique, affirme que «  tout discours suppose un échange » et que « parler, ça se
fait à deux au moins. »  Elle donne ensuite les différents éléments de la communication
(les différents moments de l’acte de communication) :
1. L’allocution : le terme renvoie à « tu » auquel on s’adresse. La présence de
l’autre exerce une influence sur tous les processus d’encodage.
2. L’interlocution : l’alternance locuteur/récepteur dans la mesure où tout acte de
communication sollicite une réaction, une réponse surtout quand on pose une
interrogation.
3. L’interaction : sont toutes les influences que les partenaires de l’acte de
communication exercent les uns sur les autres et qui conduisent, qui obligent le sujet
parlant à constamment ajuster son discours.

Elle conclut en disant que « parler c’est interagir » c’est-à-dire agir l’un sur l’autre. « A
partir de cette nouvelle perspective, on est obligé de réviser le modèle de la
communication ».
En page 10, elle ajoute que « la communication n’est plus conçue comme linéaire et
unilatérale mais comme incorporant des mécanismes d’anticipation et de rétroaction et
comme un processus où émission et réception sont en relation de détermination
mutuelle. »
I.3/ La prise en compte des éléments de la situation de la communication
Robert LAFFONT et Françoise GARDES-MADRAY, dans « introduction à l’analyse
textuelle » et « praxématique », discutent du schéma de la communication et surtout du
« référent ». Selon eux, le référent qui nécessite une langue définie, est constitué « de
données hétérogènes » qui sont de 2 types :
1/ Le référent textuel (contexte linguistique) qui comporte tous les signes linguistiques
qui sont autour du texte.
2/ Le référent situationnel (contexte extralinguistique) qui est formé d’un nombre
important de composants qui font intrinsèquement partie du message sans pour autant
faire partie du discours.
R. Laffont et F. Gardes-Madray précisent à propos de ce référent situationnel qu’il
comprend « les conditions de production et de réception du message liées à la situation
de l’émetteur et du récepteur mais aussi des facteurs parasites susceptibles de troubler
le déroulement du message », d’où la nécessité de prendre en considération les
conditions de réception et de production du message (prendre en considération l’acte de
communication dans la praxis). Ils ajoutent que « la communication linguistique est
en même temps toujours en situation, elle est conditionnée par la réalité qui existe en
dehors de nous et à laquelle elle se réfère » (p.12). Toutes ces réflexions annoncent les
futures recherches sur l’énonciation et le passage de la linguistique de la phrase vers la
linguistique du discours.

I. Le surgissement du sujet
On va progressivement passer de la linguistique de la langue vers la linguistique de la
parole (c’est la remise en cause de la dichotomie saussurienne langue/parole et un
tournant épistémologique dans les études linguistiques). Parmi les linguistes
énonciatifs, Emile Benveniste a posé, dans son article « La nature des pronoms »
(1956), les jalons de la théorie énonciative sans la nommer. Dans l’article « l’appareil
formel de l’énonciation » (1970), il explique les fondements de l’énonciation.
Benveniste se réclame du structuralisme de Saussure et rend hommage à Roman
Jakobson. Cependant il remet en question la dichotomie langue/parole, opposition
introduite de façon opératoire par Saussure. Il dit en l’occurrence que «  rien n’est dans
la langue qui n’ait d’abord été dans le discours ». On lui reproche cependant de
mélanger l’activité de langage et le monde.
E. Benveniste, dans « Les relations de temps dans les verbes français » pp.237/250, in
Problèmes de linguistique générale T.1, 1966, propose une analyse des temps des
verbes du français. Il explique que les temps en français se distribuent en « deux sujets
distincts et complémentaires ». Cette dichotomie traduit ou « manifeste deux plans
d’énonciation différents : celui du discours et celui de l’histoire ». De ce fait, il faut
considérer deux plans d’énonciation : l’énonciation historique et l’énonciation du
discours.
1/ l’énonciation historique
Elle est réservée à la langue écrite. Elle se caractérise dans le récit des événements
passés. Il précise en page 239 qu’ « il s’agit de la présentation des faits survenus à un
certain moment du temps ». Ce qui est important c’est qu’il insiste sur le fait que dans
l’énonciation de type historique, « il n’y a aucune intervention du locuteur ». Dans
l’autobiographie de type historique, il n’y a pas d’intrusion de l’historien comme le
« mode d’énonciation qui exclut toute forme linguistique autobiographique ». Il insiste
en disant que l’historien n’utilise jamais les déictiques « je, moi, tu » ou « ici,
maintenant ». C’est le règne de la troisième personne. E. Benveniste précise en page
241, que « les événements sont posés comme ils se sont produits à mesure qu’ils
apparaissent à l’horizon de l’histoire. Personne ne parle ici, les événements semblent
se raconter eux-mêmes ».
2/ L’énonciation du discours
Par opposition, le discours se définit comme « toute énonciation supposant un locuteur
et un auditeur et chez le premier l’intention d’influencer l’autre de quelque manière ».
La notion de discours réinstaure la relation dialogique. Dans son article « la nature des
pronoms », page 251, E. Benveniste précise qu’ « avec les pronoms, on a aussi
l’insistance sur la réintroduction de la situation d’allocution  : « je » est définit en
terme de locution et « tu » c’est l’individu allocuté dans la présente instance de
discours contenant l’instance linguistique ‘tu’».
Page 252/253, il ajoute que « ‘je’ est l’individu qui énonce la présente instance de
discours contenant l’instance linguistique ‘je’ ». Par conséquent, en introduisant « je »,
on a aussi « tu ». Les pronoms « je » et « tu » se définissent par leur position dans l’acte
de langage.
Page 254, il est dit que « le signe linguistique «  je » est lié à l’exercice de langage et
déclare le locuteur comme tel, c’est cela qui fonde le discours en tant que discours.
C’est encore ceci qui fonde le discours individuel où le locuteur pour son compte
assume le langage entier » (priorité est donnée à la parole).
En page 257, Benveniste réoriente les recherches linguistiques en donnant un autre
statut à la parole en disant « qu’il faut distinguer entre la langue comme répertoire de
signes et l’ensemble de leur combinaisons d’une part et de l’autre la langue comme
activité manifestée dans des instances de discours qui sont caractérisées comme telles
par des indices propres. »
Cette remise en cause de la dichotomie langue/parole est reprise par R. Laffont qui
considère qu’elle va permettre de poser les jalons d’une linguistique de la parole.
Ces linguistes attaquent tous ceux qui ont repris cette dichotomie sans la remettre en
question. « L’acte de parole contient en même temps du linguistique et de
l’extralinguistique ». Le problème est comment prendre en considération en même
temps le linguistique et l’extralinguistique.
L’opposition langue/parole, disent ces linguistes de l’énonciation, a éliminé « l’homme
parlant du champ d’investigation de la linguistique ». Cette élimination s’est opérée de
la façon suivante : on ne retient de la parole que ce qu’elle nous dit sur la langue. A.
Martinet refuse l’opposition tranchée langue/parole et dit en l’occurrence que « la
parole nous permet d’accéder à la langue ».
La priorité donnée à la langue au détriment de la parole a eu des incidences sur toute la
recherche méthodologique et linguistique. D’où la nécessité de passer de la linguistique
de la phrase à la linguistique du texte car le sens s’organise dans un champ plus vaste
que celui de la phrase qui est le texte.

Après Benveniste, nous citerons également Ducrot, qui s’inspire des philosophes du
langage Austin et Searle. Celui-ci montre l’importance de la situation discursive et de
la pragmatique. Il intègre la composante pragmatique à la sémantique. On peut dire
qu’il relève d’un structuralisme divergent. On ne peut décrire les énoncés sans faire
référence aux conditions d’énonciation. Il pose l’existence d’un énoncé-noyau
sémantique stable pouvant diverger selon les conditions d’énonciations (notions de
forces locutoire, illocutoire et perlocutoire).
Ducrot s’intéresse aussi à la notion d’implicite (ce qui est dit de manière indirecte) :
Ex : Les présupposés : Ali continue de fumer (on suppose que Ali fumait auparavant)
Les sous-entendus : il ne déteste pas la musique jazz (sous-entendu « il aime
beaucoup cette musique »)
La différence entre présupposé et sous-entendu, c’est que le présupposé est indéniable
tandis que le sous-entendu peut être nié.

Culioli peut également être classé parmi les linguistes énonciatifs. Celui-ci est plus dans
la mouvance de Benveniste même s’il s’inspire d’une philosophie stoïcienne, basée sur
les processus et les changements d’états. On s’intéresse plus au dicible qu’au dit, se
rapprochant en cela de Saussure et de Chomsky. Selon lui, il existe pour chaque énoncé,
un faisceau de propriétés physico-culturelles (physique et social). Pour lui, les mots
sont des capteurs de l’organisation du monde.

III. Principes généraux de la linguistique énonciative


La linguistique énonciative ne renie pas l’héritage structuraliste. C’est une étape
inévitable de la réflexion linguistique (travail de taxinomie et construction de corpus).
Les écoles de linguistiques énonciatives étudient le langage mis en situation par
l’activité d’un énonciateur (d’où le nom de linguistique énonciative. Avec
l’énonciation, c’est l’acte même de production d’un énoncé qui est étudié non pas
seulement l’énoncé lui-même. C’est la langue dans son utilisation qui est étudiée.
Ainsi, contrairement aux structuralistes qui pensent qu’on ne peut pas connaître le sens
d’un mot sans l’opposer ou le combiner à d’autres formes linguistiques, les
énonciatistes pensent qu’on peut se passer du contexte linguistique si la situation nous
met en présence du référent. Les formes linguistiques sont prises en charge par des
énonciateurs et reçues par des co-énonciateurs qui y répondent. Le fait qu’il y ait un
énonciateur et un co-énonciateur détermine le fonctionnement des formes.
La différence entre la linguistique structurale et la linguistique énonciative est due au
fait que les postulats de départs sont différents : les questions que se posent les deux
courants ne sont pas les mêmes. Les structuralistes se sont demandé comment les
formes linguistiques sont connectées selon un découpage en phonèmes, lexèmes,
morphèmes, syntagmes… ? Les linguistes énonciativistes se sont interrogés sur la
manière avec laquelle les formes linguistiques se mettent en situation et comment elles
sont prises en charge par des énonciateurs ?
Si l’on part de la définition suivante de l’énoncé, selon laquelle c’est le produit d’un
énonciateur au cours d’un acte d’énonciation et dans une situation donnée, nous
aurons :
- la phrase en tant que forme syntaxique comprenant au moins un verbe conjugué : Je
n’aime pas beaucoup le poulet d’élevage.
- l’énoncé serait le produit d’un énonciateur au cours d’un acte d’énonciation dans une
situation donnée sans que cela soit forcément une phrase du genre : moi, le poulet
d’élevage bof !
En énonciation, ce qui est primordial c’est la référence autrement dit le renvoi aux
objets du monde, qu’ils soient repérés par rapport à la situation ou détachés de la
situation d’énonciation et non la dichotomie signifiant/signifié.

De la phrase au texte

Le passage de la notion de phrase à celle d’énoncé est le fruit d’une longue réflexion
linguistique. Au bout d’un moment, le cadre de la phrase s’est avéré top étroit pour
décrire tous les éléments de la communication linguistique, éléments aussi bien
linguistiques qu’extralinguistique.

I. Définition de la phrase
La phrase est difficile à définir comme de nombreux concepts. De nombreuses
définitions ont été données de la phrase. Cette diversité de définitions réside dans les
critères qu’utilisent les uns et les autres pour cerner ce concept. Ces critères sont des
critères de délimitation et d’identification (de quelque chose comme étant une phrase).
Les définitions données sont souvent un mélange de linguistique, de sociologique, de
psychologique, de logique et de philosophique.
Le dictionnaire de didactique (p.421) donne un inventaire de 5 définitions :
1. Définition de la grammaire traditionnelle
La grammaire traditionnelle mélange deux critères : le critère sémantique (c’est une
idée complète) et le critère formel (la phrase commence p ar une majuscule et se
termine par un point. Elle comprend un sujet, un verbe et un complément…)
2. Définition relevant de la logique (Coste et Galisson) La phrase est « comme le
décalque de la proposition logique aristotélicienne ». Selon Aristote, la phrase
comprend : sur quoi on parle (le sujet et le thème), ce qu’on en dit (le prédicat)
Ex : le chien court----------le chien (sujet) est courant (prédicat)
3. Définition des distributionnalistes (Bloomfield)
La phrase est « le niveau supérieure limite de l’analyse en constituants immédiats ».
4. Définition de Martinet (fonctionnaliste)
La phrase est « un segment de chaîne dont tous les éléments se rattachent à un prédicat
ou à plusieurs prédicats coordonnés ». L’élément essentiel de la phrase est le prédicat
qui est défini en termes syntaxiques. Le prédicat est « l’élément indispensable pour la
constitution d’un énoncé » ; c’est « le noyau central d’un énoncé » ; c’est « celui
autour duquel s’organise toutes les autres fonctions de l’énoncé ».
5. Définition de la grammaire générative
La phrase est plutôt définie par les règles de réécriture d’où l’idée que la phrase n’est
pas une donnée qu’il faut analyser mais quelque chose qu’on construit. La phrase est
« une expression (de suite d’éléments linguistiques) obtenue par juxtaposition des
symboles de l’alphabet […] au moyen des règles de production ».

Après étude de ces définitions, on voit bien la diversité des points de vue. Certains
prennent la phrase comme une donnée, d’autres comme une conception de l’analyse.

II. Différence phrase/énoncé


Mahmoudian, dans « pour enseigner le français », Paris, PUF, 1975, fait une critique
des définitions traditionnelles. En page 143, il définit la notion d’énoncé comme « étant
une suite phonique produite en une seule émission par un locuteur », en d’autres
termes, c’est une suite phonique entre deux pauses. C’est une définition reprise à la
grammaire traditionnelle et qui va être discutée par Mahmoudian. Il part de trois
exemples :
- Les oiseaux là-bas
- Qu’est-ce que tu regardes ?
- Les oiseaux couvent généralement au printemps.
Les trois énoncés n’ont pas le même statut. Le premier est un énoncé incomplet, peu
compréhensible et hors contexte. Le second et le troisième sont structurés différemment
et peuvent apparaître comme complet.
L’énoncé un est incomplet parce que la fonction de « les oiseaux là-bas » n’apparaît
pas. Est-ce une réponse à une question ou un début de phrase ? On ne connaît pas le
statut de la phrase, sa fonction n’est pas marquée par rapport au prédicat. Ce qui permet
de définir l’énoncé ainsi « tout énoncé complet comporte les fonctions indispensables »
(Mahmoudian, p.144). Ce qui entraîne les fonctionnalistes à distinguer entre énoncé
minimal qui est « une suite indépendante de monèmes où les fonctions des éléments en
présence sont marquées » (actualisateur et prédicat) et la phrase qui est constituée de
l’énoncé minimal et des expansions.
Benveniste dit qu’il « faut distinguer entre l’énoncé lui-même et son objet, la matière
énoncée ». Quand on parle, on fait un acte d’énonciation et on produit en même temps
un énoncé. L’énoncé est selon lui « la mise en fonctionnement de la langue par un acte
individuel de l’énonciation ».
Le discours

Le terme de discours est polysémique. Maingueneau, dans Analyse du discours,


Hachette Université, 1976, p.11, donne six définitions de ce concept :
1. Discours est synonyme de la parole saussurienne (définition qu’on retrouve
dans la linguistique structurale)
De l’opposition langue/parole, on a retenu que l’opposition était fondés sur le fait que la
langue est quelque chose de figer par contre la parole est synonyme de l’expression
libre de l’individu. De là, on a considéré le discours comme synonyme de parole.
2. Le discours est une suite linguistique de dimension supérieure à la phrase
Ce serait une suite linguistique transphrastique, un message pris globalement.
3. Le discours est « l’ensemble des règles d’enchaînement des suites de phrases
composant l’énoncé » (Harris « analyse du discours »).
4. Le discours est, selon Guespin, Langages n°23, p.10, « l’énoncé considéré du
point de vue du mécanisme discursif qui le conditionne ».
5. Benveniste oppose le discours au récit
6. La dernière définition oppose la langue comme un ensemble fini relativement
stable alors que le discours, lui, est le lieu où s’exerce la créativité et où est pris en
charge la contextualisation (rôle des locuteurs dans l’argumentation).

Maingueneau relève d’autres usages qui sont moins reçus par les linguistes notamment
Derrida pour lequel « le discours est n’importe quel ensemble de signes » et Foucault
dans « Archéologie du savoir » qui utilise le terme de discours à propos de productions
discursives sans analyser et définir ce terme.
De cette polysémie d’utilisation du terme « discours », Maingueneau (p.16) conclut
qu’ « un discours n’est pas une évidence, un objet concret offert à l’intuition mais le
résultat d’une construction ». il part du constat que la communication dépasse le stade
de la phrase et s’inscrit plutôt dans le cadre de la conversation et le dialogue qui sont le
mode de déroulement le plus courant de l’acte de communication. La conversation et le
dialogue sont soumis à d’autres contraintes, à d’autres modes d’organisation, d’autres
modes d’enchaînements que ceux que l’on trouve au sein de la phrase.
Le deuxième point sur lequel insiste Maingueneau est celui selon lequel il faut tenir
compte, dans la prise en charge de la nouvelle définition de l’unité de langage, des
conditions de productions langagières qui impriment nécessairement leur influence sur
la production linguistique (remise en cause de la phrase et insistance sur la notion de
discours). Il conclut par une proposition (p.16) : « on considérera plutôt le discours
comme le résultat de l’articulation d’une pluralité plus ou moins grande de
structuration transphrastiques en fonction des conditions de production » (prise en
compte du niveau linguistique et des conditions de productions langagières).
Le texte

Maingueneau a montré comment la notion de texte a émergé à partir d’une certaine


insatisfaction :
1. Le cadre de la phrase est apparu trop étroit (pp.154/155)
Il prend plusieurs exemples pour montrer l’étroitesse du cadre phrastique
- Le couple questions/réponses (échange donc dialogue). La réponse est un énoncé
déterminé par un énoncé antérieur qui s’articule sur ce dernier mais pas n’importe
lequel.
- Les anaphoriques (ou éléments qui reprennent un autre segment du discours par
exemple les pronoms personnels) qui montrent bien que la relation sémantique est bien
une relation inter phrastique. Ils ont valeur de reprise d’un terme antérieur mais aussi
valeur d’identification :
Ex : Il aime sa sœur à la folie. Cela est déplaisant. « Cela » renvoie à un contexte
sémantique antérieur . Cette affection pluralité de signifiés que seul
Cette passion le contexte, l’extralinguistique
Cette perversion permettra de déterminer
« Les problèmes que soulèvent les anaphores mettent en jeu des phénomènes
syntaxiques et sémantiques complexes », nous dit Maingueneau en page 156.
- Le problème de la coordination et de la subordination (la coordination peut exprimer
la subordination). Cela conduit progressivement à élargir le cadre de l’analyse.
1. On reproche au discours, à l’analyse énonciative de s’inscrire toujours dans la
linguistique du monologue (conception monologique de la communication. Ce ne sont
pas des analyses de discours interactionnels).

Plusieurs définitions de la notion de texte ont été données (cf. Courtés et Greimas,
Dictionnaire de sémiotique, Hachette Université, 1979
Selon l’école praxématique de Montpellier, le texte est « une suite d’énoncés oraux ou
écrits posés par leur producteur comme un ensemble complet et autonome » (définition
donnée dans « Introduction à l’analyse textuelle ».
Les praxématiciens trouvent que cette définition s’éloigne de la définition traditionnelle
(texte------texeri------tissu = enchaînement d’idées et production de mots : ex : c’est un
tissu de mensonges) et de la définition du texte qu’ils considèrent comme un produit. Ils
réintroduisent la notion d’acte de production. Le texte est vu comme un objet fixé dans
son statut transcendant et atemporel par l’écriture dans la définition traditionnelle. Dans
la définition moderne, on prend en ligne de compte, les conditions de productions.
Avant  Maintenant 
unicité du discours plurivocité du discours
passivité du lecteur p remise en compte du producteur
remise en question de la relation producteur/récepteur
C’est une nouvelle conception de la notion de texte qui va avoir des répercussions en
littérature et en linguistique (étude des langues naturelles). F. François, « Linguistique
et analyse de textes », ch. 8, in Linguistique, PUF, 1980, précise que « le terme ‘texte’
renvoie généralement au maniement de la langue écrite, ici, au contraire, il s’agit
d’étudier tout message oral ou écrit indépendamment de sa longueur en le remplaçant
dans ses conditions d’échanges  »

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