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LES MOUVEMENTS VIBRATOIRES


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« EUCLIIIE »
INTRODUCTION AUX ÉTUDES SCIENTIFIQUES
Collection publiée sous la direction de
CHARLES MAURAIN et MAURICE CAULLERY
Membres de l'Institut

PREMIÈRE SECTION :
Mathématiques et Astronomie m a t h é m a t i q u e
dirigée par Jean CHAZY
Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences
DEUXIÈME SECTION :
Physique du Globe, Astronomie physique
et Sciences de la Terre
dirigée par Charles MAURAIN
Membre de l'Institut
TROISIÈME SECTION :
Physique
dirigée par Gustave RIBAUD
Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences
QUATRIÈME SECTION :
Chimie
dirigée par Louis HACKSPILL
Membre de l'Institut, Professeur à la Faculté des Sciences
CINQUIÈME SECTION :
Biologie animale
dirigée par Maurice CAULLERY
Membre de l'Institut
SIXIÈME SECTION :
Biologie végétale et Agronomie
dirigée par Roger HEIM
Membre de l'Institut
Professeur au Muséum national d'Histoire nalurelle
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« EUCLIDE »
INTRODUCTION AUX ÉTUDES SCIENTIFIQUES
MATHÉMATIQUES ET ASTRONOMIE MATHÉMATIQUE
SECTION DIRIGÉE PARJEAN CHAZY

L E S M O U V E M E N T S

V I B R A T O I R E S

par
Jules HAAG
Membre de l'Institut
Professeur à ladFaculté
Directeur de Sci
el'Institut deechronomét
nces de Brieesançon

TOME PREMIER

PRESSES UNIVERSITAIRES DE FRANCE


108, BOULEVARD SAINT-GERMAIN, PARIS
1952
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DÉPOT LÉGAL
lre édition 3e trimestre 1952
TOUS DROITS
detraduction, dereproductionetd'adaptation
réservés pour tous pays
COPYRIGHT
by Presses Universitaires de France, 1952
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INTRODUCTION

Les vibrations se rencontrent sous des formes variées


dans la plupart des domaines explorés par la pensée scien-
tifique : Mécanique, Acoustique, Électricité, Optique, Bio-
logie, Géologie, Sociologie, etc.
Elles peuvent être utiles ou agréables : telles sont celles
que produisent l'horloger, le musicien, la centrale électrique,
la radiodiffusion.
Elles peuvent être désagréables, nuisibles ou même
dangereuses : tels sont le tangage des paquebots, les sons
émis par l'apprenti violoniste, les vibrations d'une aile
d'avion, une fréquence excessive des pulsations cardiaques,
les tremblements de terre, l'instabilité des gouvernements.
Leur étude mathématique peut être très facile, comme
celle des vibrations sinusoïdales ; ou très difficile, comme
celle des oscillations de relaxation.
Les organes qui en sont le siège peuvent avoir un seul
degré de liberté, ou plusieurs, ou une infinité.
Cette énumération laisse prévoir l'énorme multiplicité
des travaux qui ont été et seront consacrés aux phénomènes
vibratoires. Et ce n'est certes pas dans ce modeste petit
livre qu'il eût été possible de les aborder tous. J'ai donc dû
me borner à ce que j'ai cru être l'essentiel.
Tout d'abord, je m'en suis tenu aux systèmes à un seul
degré de liberté, réservant l'étude des autres systèmes pour
un ouvrage ultérieur.
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Dans les deux premiers chapitres, j'expose la cinéma-


tique élémentaire et classique des vibrations sinusoïdales,
simples ou composées. Les deux chapitres suivants en sont
l'étude dynamique, non moins classique et élémentaire ;
ce sont deux chapitres de ce qu'on appelle maintenant la
Mécanique linéaire.
Cette Mécanique linéaire, étant d'un abord facile pour
les mathématiciens, a tout naturellement fait éclore toute
une floraison de travaux, qui, pendant longtemps, ont
uniquement constitué la bibliothèque des vibrations. Ces
travaux ont été et seront encore fort utiles, car ils consti-
tuent la première approximation de la Dynamique des
mouvements vibratoires. Ils suffisent pour les expliquer et
prévoir toutes leurs particularités, quand la précision expé-
rimentale correspondante est assez limitée et quand les
phénomènes envisagés ne se trouvent pas nettement exclus
du domaine linéaire.
Dans la réalité physique, aucun phénomène n'est rigou-
reusement justiciable de la Mécanique linéaire. Il existe
des résistances passives autres que la résistance linéaire ;
les forces de rappel ne sont qu'à peu près linéaires ; les
forces nécessitées par l'entretien du mouvement ne le sont
pas du tout. Sans doute ces forces perturbatrices sont-elles
généralement très petites et c'est pourquoi on a pu, pen-
dant longtemps, les laisser dans l'ombre. Mais, certaines
sciences, telles que la Chronométrie, sont devenues très
exigeantes en matière de précision et il a bien fallu s'oc-
cuper, unjour ou l'autre, del'influence de ces petites forces,
c'est-à-dire aborder la Mécanique non linéaire.
Le chapitre Ven est un préliminaire, où il est surtout
fait appel à l'intuition et où la rigueur est un peu sacrifiée.
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Mais, le rôle du mathématicien n'est pas de sacrifier la


rigueur. S'il s'y laisse aller, ce ne doit être que provisoire-
ment et dans le but de poser les jalons de la route qu'il
suivra ultérieurement.
En ce qui concerne les vibrations, cette route est par-
courue dans le chapitre VI. Elle est sans doute un peu
aride. Pour la rendre moins rébarbative, j'en ai masqué
la partie la plus pénible, à savoir le théorème d'Analyse
qui en est la base et dont je me suis borné à reproduire
l'énoncé.
Dans les deux chapitres suivants, on verra quelques-uns
des paysages que peut faire découvrir cette route, c'est-
à-dire quelques applications de la théorie.
Jusqu'à ce point, nous nous sommes écartés très peu
de la route bien rectiligne suivie antérieurement par la
Mécanique linéaire ; nous sommes restés dans le domaine
contigu de la Mécanique quasi linéaire. Mais, d'éminents
physiciens, tels que M. VANDERPOL, n'ont pas craint de
s'engager dans des voies plus détournées et totalement
inexplorées, qui les ont fait pénétrer dans ce que nous
appellerons le domaine de la Mécanique forlemenl non
linéaire.
Cedomaine est d'un accès encore beaucoup plus difficile
que le précédent. On peut cependant l'aborder par une
méthode inspirée de celle qui nous a conduit à la Méca-
nique quasi linéaire. C'est pourquoi je lui ai réservé un cha-
pitre, qui en donne quelques aperçus.
Je ne pouvais évidemment passer sous silence les oscil-
lateurs bien connus, tels que le pendule, le balancier de la
montre, les séismographes, etc. Ils ont été relégués au der-
nier chapitre.
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On me reprochera sans doute le manque d'homogénéité


de cet ouvrage, en ce qui concerne la difficulté mathéma-
tique. Les premiers chapitres sont élémentaires et destinés
à l'initiation des lecteurs n'ayant jamais abordé l'étude des
vibrations. J'aurais pu m'en tenir là, en étoffant ces cha-
pitres par l'examen détaillé d'exemples simples et variés.
Mais, je n'ai pas cru devoir passer sous silence les résultats
obtenus en Mécanique non linéaire, car cette Mécanique
intéresse maintenant de nombreux savants, comme ont pu
le constater ceuxqui ont participé au colloque international
qui s'est tenu récemment à Porquerolles. C'est donc surtout
à cette catégorie de lecteurs éventuels que j'ai songé en
écrivant les chapitres VI à IX.
On me reprochera peut-être aussi l'insuffisance de ma
bibliographie et je m'excuse à l'avance auprès des innom-
brables auteurs dont je n'ai pas mentionné les travaux. Une
bibliographie complète eût probablement absorbé toutes
les pages de ce livre. Par ailleurs, le vieux et solitaire
provincial que je suis manquait du temps et des moyens
matériels nécessaires pour entreprendre une telle besogne.
J. H.

N. B. —Les numéros de renvoi à la Bibliographie sont


imprimés en caractères gras.
Les autres renvois se rapportent au présent livre, les chiffres
romains indiquant le numéro du chapitre.
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CHAPITRE PREMIER

MOUVEMENTS SINUSOÏDAUX

§ 1. Mouvement sinusoïdal. —Soit un point Mse déplaçant


sur l'axe Oxet dont l'abscisse, que l'on appelle aussi l'élongalion,
est donnée, en fonction du temps 1, par la formule :
(1)
où Ret ωsont des constantes positives. Lemouvement ainsi défini
est appelé mouvement sinusoïdal ou mouvement vibratoire simple.
2 7r
C'est un mouvement périodique. E n effet, si t augmente de — ,
ωt augmente de 2π ; x reprend la mêmevaleur, quelle que soit la
valeur initiale de t. La période du mouvement est :
(2)
Le diagramme est une sinusoïde, dont la forme est bien
connue. Lorsque t croît de 0 à T, x décroît de R à —R, puis
croît de —Rà R. Le point Moscille entre les positions extrêmes
Aet B, d'abscisses R et —R. Le mouvement aller de Aà B, ou
le mouvement de retour de B à A, s'appelle oscillation simple ;
sa durée est une demi-période. L'aller et retour est une oscillation
double ou oscillation complète ; sa durée est une période. Une
oscillation simple s'appelle aussi alternance.
On appelle amplitude du mouvement le maximum de l'élon-
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gation prise en valeur absolue ; c'est donc R. La course est la


longueur du segment AB, c'est-à-dire 2 R.
L'angle ϕ = ωt s'appelle la phase. Le nombre ωest la pulsa-
lion ; c'est l'inverse d'un temps ou, si l'on veut, une vitesse
angulaire. La fréquence est l'inverse de la période, soit :
(3)
C'est le nombre d'oscillations complètes effectuées pendant
l'unité de temps. Elle est proportionnelle à la pulsation.
On appelle valeur efficace de la fonction x définie par (1) la
racine carrée de la valeur moyenne de x2 pendant une période,
c'est-à-dire de dt. L'intégrale vaut :

en remarquant que cos 2 00T = cos 4 π = cos 0 = 1. La valeur


R
efficace est donc

§ 2. Autres interprétations concrètes. —L'élongation x est


susceptible de recevoir des interprétations concrètes variées.
Elle peut être un angle 0 déterminant la position d'un corps
solide S pouvant tourner autour d'un axe fixe A. C'est l'angle
d'un plan fixe passant par A avec un plan lié à S et passant
également par A. Il est compté positivement dans un certain sens,
choisi arbitrairement comme sens posilif de rolalion autour de A.
Onl'évalue en radians. La vitesse est alors la vilesse angulaire.
En électricité, xpeut désigner l'inlensilé i d'un courant alternatif
parcourant un certain circuit. Signalons à ce propos la signifi-
cation concrète de l'inlensilé efficace ; c'est l'intensité ie d'un
courant continu donnant lieu à la même perte d'énergie par
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effet Joule pendant une période. En effet, si pdésigne la résistance


du circuit, l'énergie perdue pendant le temps dt est pi2 dt ; pen-
dant une période, on perd p / i2dt. Si le courant est continu et
. 1 T
d'intensité ie, cette énergievaut pi2,T. Ona donc i2e = —f i2dt,
conformément à la définition du § 1. °
On peut aussi remplacer x par la charge d'un condensateur
ou par une force électromotrice.
On peut encore considérer x comme un vecteur, qui sera par
exemple un champ électrostatique ou un champ magnétique. Dans
ce cas, la formule (1) s'écrit, plus correctement :
(4)
R désignant un vecteur fixe, qui est le vecleur amplitude.
Quelle que soit l'interprétation concrète envisagée, les pro-
priétés générales étudiées dans ce chapitre et dans les suivants
sont toujours les mêmes.
§ 3. Déphasage. — Si l'on change l'origine des temps, la
formule (1) prend la forme :
(5)
α.désignant une constante arbitraire, dépendant du choix de la
nouvelle origine. La phase est alors :
(6)
La constante αreprésente donc la phase au temps zéro ou
phase initiale. On peut dire aussi que c'est le déphasage existant
entre les mouvements (1) et (5) ou, d'une façon plus précise,
l'avance de phase du mouvement (5) sur le mouvement (1).
Quand cette avance est un multiple de 2 π, soit α = 2 kπ,
les deux abscisses sont identiques ; on dit que les mouvements
sont en phase. Si α= ± π, les abscisses sont opposées ; on dit
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que les deux mouvements sont en opposition. Si oc= —2 la


formule (5) devient :
(7)
on dit que les deux mouvements sont en quadralure. Il en est de
7t
même si oc = ^ .
Il arrive souvent qu'on définit la phase au moyen de la
formule (7), c'est-à-dire par le sinus au lieu du cosinus ; dans
tout ce qui va suivre, nous conviendrons d'adopter la première
définition. Le passage de l'une à l'autre équivaut à un déphasage
de ± .
On se rend compte que cette notion de phase comporte une
certaine indétermination. Son expression en fonction du temps
dépend du choix de l'origine des temps. E n réalité, la phase ne
prend de l'intérêt que lorsqu'on a à comparer des mouvements
sinusoïdaux de même période ; ce qui importe, ce sont les diffé-
rences de phase. Nous le verrons en particulier dans l'étude des
interférences (§ 8).

§ 4. Forme développée de l'élongation.— La formule (5) peut


s'écrire, en développant le cosinus :
(8)
avec
(9)
Cette forme de l'élongation sera appelée la forme développée.
Elle se présente surtout dans la Dynamique des mouvements
sinusoïdaux, comme nous le verrons au chapitre III.
Il importe de savoir remonter de la forme (8) à la forme (5),
si l'on tient à connaître l'amplitude el la phase. Cela revient à
calculer Ret or, à partir des formules (9). Cecalcul est élémentaire ;
il est identique à celui qui consiste, en Géométrie analytique, à
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passer des coordonnées cartésiennes a et b aux coordonnées


polaires R et α, avec cette restriction que R est positif par
définition (§ 1). On a d'abord la formule importante :
(10)
qui donne l'amplitude. On a ensuite :
(11)
Mais, dans l'intervalle (0, 2 7c), cette équation admet deux
racines a' et α" = α' +π. Une seule convient, car a doit satis-
faire non seulement à l'équation (11), mais encore aux deux équa-
tions (9). Il suffit d'ailleurs de s'assurer qu'une de celles-ci est
vérifiée, l'autre étant alors une conséquence de (11). De plus,
on a seulement besoin de vérifier que, dans l'équation choisie,
les signes des deux membres sont les mêmes, car ils sont déjà
égaux en valeur absolue, d'après (10) et (11). En conséquence,
la valeur de a est celui des deux angles α' et a" qui donne à cos α
le signe de a ou à sin a le signe de b.
§ 5. Vitesse, accélération. —En dérivant (5) par rapport à i,
onobtient la vilesse :
(12)

OnLa
a lavitesse a, sur
relation l'élongation,
évidente : une avance de phase égale à .
(13)
Dérivant une fois de plus, nous obtenons l'accélération :
γ = - ω Rcos (ωt + α)
ce qui peut s'écrire :
(14)
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§ 6. Représentation de Fresnel. —Traçons sur une feuille de


papier deux axes rectangulaires OX, OYet considérons le vecleur
libre V, dont les composantes cartésiennes suivant ces axes
sont a, b. En lui donnant 0 pour origine (fig. 1), l'extrémité Va
pour coordonnées cartésiennes (a, b). D'après (9), ses coordon-
nées polaires sont R et α. Donc, la longueur du vecteur V
mesure l'amplilude ; son
angle polaire α est la
phase initiale.
Le vecteur V, que
nous appellerons vecteur
représentatif ou vecteur
de FRESNEL du mouve-
ment sinusoïdal, a le
grand avantage de pou-
voir être construit im-
médiatement quelle que
FIG. 1 soit la forme sous la-
quelle on donne le mou-
vement. Sous la for-
me (5), on utilise les coordonnées polaires ; sous la forme (8), on
utilise les coordonnées cartésiennes. Le vecteur étant tracé par
n'importe quel procédé, en mesurant sa longueur et son angle
polaire, on a immédiatement les éléments intéressants du mou-
vement, à savoir son amplitude et sa phase initiale. Deux mou-
vements sont en phase si leurs vecteurs de FRESNELont même
direction et même sens, en opposition s'ils ont même direction et
des sens opposés, en quadrature s'ils sont perpendiculaires. On
reconnaît la quadrature en annulant le produit scalaire V. V', ce
qui donne la condition :
(15)
§ 7. La représentation ci-dessus est à rapprocher de la repré-
sentation du nombre imaginaire z ==a + ib par le même vec-
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teur V. Donc, on peut aussi convenir de représenter le mouvemenl


sinusoïdal par l'imaginaire z.
§ 8. Interférences. —Considérons n mouvements sinusoïdaux
de même pulsation ω, définis par les élongations :
(16)
et convenons d'additionner algébriquement leurs élongalions. Nous
obtenons une nouvelle élongation qui est de la forme (8), avec :
(17)
Cette opération constitue ce qu'on appelle la composition
des n mouvements proposés. Le mouvement défini par les for-
mules (8) et (17) est le mouvement résultant des mouvements
composants.
La définition que nous venons de donner peut s'interpréter
cinématiquement en imaginant n - 1 axes x1, 02 x2, . . . ,
On-1 xn-1 glissant tous sur l'axe fixe Ox, de telle manière
que l'abscisse de 01 par rapport à Oxsoit x1, celle de O2par rap-
port à O1x1 étant x2, ..., celle de Mpar rapport à On-1xn-1
étant xn. L'abscisse de Mpar rapport à Ox est évidemment ∑xi
et détermine le mouvement absolu de M.
Une telle interprétation est artificielle et compliquée ; elle
n'a aucun intérêt pratique. La véritable raison d'être de la règle
de composition des mouvements vibratoires en général est d'origine
dynamique, commenousle verrons plus loin (§ 93). Nous l'admet-
trons donc ici sans chercher davantage sa véritable signification
physique.
Quand un point Mest soumis simultanément à plusieurs mou-
vements vibratoires, on dit que ces mouvements interfèrent ; leur
composition constitue le phénomène des interférences. Dans le cas
particulier où ces mouvements sont sinusoïdaux el demêmepulsa-
tion ω, le mouvement résultant est aussi sinusoïdal de pulsation ω.
Les composantes cartésiennes du vecteur de FRESNELcorres-
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pondant sont données par les formules (17) en fonction descompo-


santes des vecteurs Vi correspondant aux mouvements proposés.
D'après le théorème des projections, on a donc :
(18)
D'où la règle suivante :
Règle de FRESNEL. —Le vecteur de FRESNEL du mouvement
résultant est la somme géométrique des vecteurs de FRESNEL des
mouvements composants.
Onle construit àla manière habituelle, sans qu'il soit besoin de
recourir aux composantes cartésiennes, c'est-à-dire sans être
obligé d'écrire les élongations xi sous la forme développée, ni
mêmede tracer les axes OX,OY.
Supposonsparexemplen= 4.
Appelons Ri, αil'amplitude et la
phase initiale de xi. Portons, à
partir d'unpoint 0 quelconqueet
dans une direction quelconque,
le vecteur OA;, de longueur RI.
Apartir de Al, portons , de
longueur R2, dans la direction
obtenue en faisant tourner la di-
Fig. 2
rection de OAx de l'angle algé-
brique β1= α2- α1représentant
l'avance de phase du deuxième
mouvementsur le premier (1). Puis, àpartir deA2,portons demême
le vecteur A, A3, de longueur R, et dans la direction obtenue en
faisant tourner la direction de A, A, de l'angle β2 = α3—α2
représentant l'avance de phase du troisième mouvement sur le
deuxième (2). Construisons enfin d'une manière analogue.
(1) Ne pas confondre avec l'angle OA1 A2.
(2) On pourrait aussi faire tourner OA1 de α3 - α1.
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LevecteurdeFRESNELdumouvementrésultant estlevecteurOA4.
En mesurant sa longueur R, on a l'amplilude du mouvemenl
résultant. Si l'on tient à avoir sa phase, il suffit de mesurer
l'angle et l'on obtient l'avance de phase du
mouvement résultant sur le premier mouvement composant.
Signalons le cas particulier où le contour polygonal OAi, . . . , A4
se ferme. Le point A4 est en 0 ; donc, R = 0. Le mouvement
résultant est nul; on dit qu'il y
a extinction. Il en est ainsi par
exemple lorsque toutes les ampli-
tudes sont égales el les déphasages
successifs égaux à Le contour
ci-dessus est alors un polygone ré-
gulier de n côtés.
Comme exemple, citons les
courants polyphasés. Par exemple,
dans le fil de retour d'un alterna-
teur triphasé, les intensités des FIG. 3
3 courants ont les vecteurs de
FRESNELci-contre. Sile réseau est
équilibré, ces vecteurs sont égaux et ont une somme géométrique
nulle ; le fil de retour peut être supprimé. Si le réseau n'est pas
tout à fait équilibré, la somme géométrique n'est pas tout à fait
nulle ; mais, elle est néanmoins très petite ; le courant de retour
est faible et le fil de retour peut avoir un faible diamètre (1).
§9. La méthode graphique que nous venons d'exposer est
extrêmement pratique, surtout quand les mouvements compo-
sants sont nombreux. Elle est beaucoup plus rapide que la
méthode algébrique qui consisterait à écrire tous les xi sous la
forme développée, puis à appliquer les formules (17), pour
(1) Cf. 30, § 128.
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calculer enfin Ret αpar les formules (10) et (11). Sonseul inconvé-
nient est que sa précision dépend de l'échelle adoptée, de l'habileté
du dessinateur et de la qualité de ses instruments. Cette précision
est donc limitée, tandis que la méthode algébrique a une précision
théoriquement illimitée (1). Mais, dans de nombreuses appli-
cations, la précision recherchée est largement compatible avec la
méthode graphique.
§ 10. Lorsqu'on veut seulement connaître l'amplitude du mouve-
ment résultant, on peut faire le carré scalaire des deux membres
de (18). Par exemple, pour n = 3, on a :

soit :

Si n est beaucoup plus grand, le nombre des doubles produits


augmente considérablement et l'on a intérêt à recourir à la
méthode graphique.
§ 11. Interférence dedeuxmouvements.—Arrêtons-nous plus
longuement sur le cas n = 2 et proposons-nous en particulier de
chercher comment varie l'amplitude du mouvementrésultant quand
on fait seulement varier la différence de phase β des mouvements
composants.
La réponse va nous être donnée immédiatement par la règle
de FRESNEL.Nous avons dans cecas la figure4. SiPvarie, Bdécrit
la circonférence (C), de centre Aet de rayon Ra. La variation de
R = OB est évidente. Lorsque P croît de 0 à 7t, R décroît de
OBo = R, + Ra à OBI = Ri —R2, en supposant R1≧ R2.
(1) En réalité, cette précision est limitée par celle des tables trigonomé-
triques utilisées.
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Si β croit ensuite de 7t à 2 7r, R croît de R, —Ra à R1 + R2.


Lemouvementrésultant a donc une amplitude maximum lorsque
les mouvementscomposantssontenphase ; cemaximum est la somme
des amplitudes composantes. L'amplitude résultante est minimum
lorsque les mouvements compo-
sants sont en opposition ; ce mi-
nimum esl la différence des
amplitudes composants ; lors-
que celles-ci sont égales, il y a
extinction.
Lorsque les mouvements
sont en quadrature, le trian-
gle OAB est rectangle et l'on
a R2 = R2, R22, conformé- FIG. 4
ment à la formule (10).
Ces résultats peuvent être
obtenus tout aussi simplement par la méthode du carré sca-
laire (§ 10), qui donne (1) :
(19)
Le second membre est maximum pour (3=0, minimum
pour β = π.
A titre d'exemple, citons le phénomène des inlerférences en
Oplique. Si les deux faisceaux lumineux ont même intensité,
leur interférence donne une raie brillante ou noire suivant que
leur différence de phase est un multiple pair ou impair de π.

§ 12. Battements. — Composons, suivant la règle du § 8,


deux mouvemenls sinusoïdaux dont les pulsations ω el ω' ne sonl
pas rigoureusement égales, mais seulemenl lrès voisines. D'une

(1) On peut aussi calculer R par le triangle OAB, dont l'angle en A vaut
π-ω.
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façon plus précise, nous supposons que le rapport - est très


voisin de un et nous posons : W
(20)
e étant très petit vis-à-vis de l'unité.
Dupoint de vue purement mathématique, le mouvementrésul-
tant n'est pas un mouvement sinusoïdal ; c'est un mouvement
de LISSAJOUX(chap. II). Il n'est mêmepas périodique, si le nom-
bre s est incommensurable. Mais, du point de vue physique, on
peut envisager le problème de la manière suivante.
Les élongations sont :
x1 —R, cos ωt, x2 = R2 cos (ω' t + α) = R2 cos (ωt + β)
en posant :
(21)
Supposons qu'on observe le phénomène pendant une période
, par exemple entre les temps t1 et + T. Pendant
cette période, β augmente de εωt = 2 πε. Si e est très petit, il
en est de même de 2 ne. On peut alors faire une approximation
consistant à négliger cet accroissement, donc à regarder β comme
constant et égal à sa valeur εωt1 au début de la période envisagée.
Moyennant quoi nous sommes ramenés au problème du no Il.
Sur la figure 4, l'angle β vaut εωt1 + α. Le mouvement observé
s'approche beaucoup d'un mouvement sinusoïdal de pulsation ω
et d'amplilude R = OB.
Poursuivons maintenant l'observation pendanl un temps illi-
mité. L'angle p va varier ; il croîtra par exemple, si e > 0. Le
point B va tourner sur la circonférence (C), avec la vitesse angu-
laire εω, donc très petite. La distance R va varier lentement et
périodiquement entre Ri + R2 et R, — R2. Le mouvement observé ;
sera donc un mouvement approximativement sinusoïdal, mais ^
j
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d'amplitude lentement variable. Cet important phénomène porte


le nom de phénomène des battements.
C'est un phénomène périodique, dont la période est le temps
que met B pour faire un tour complet sur (C). Comme la vitesse
2 7r
angulaire est εω, cette période vaut —. La fréquence du phéno-
mène est (§ 1) . Si l'on appelle F et F' les
fréquences des mouvements composants, on peut écrire :
(22)
Donc, la fréquence des ballemenls est la différence des fréquences
des mouvemenls composants.
Bienentendu, si l'on supposait e < 0,Btournerait dans le sens
négatif et l'on aurait :
(23)
§ 13. Des formules (22) et (23), on tire :
(24)
le signe à prendre étant + ou —suivant que F' est > F ou < F.
Si l'on détermine expérimentalement / et si l'on connaît F,
on peut donc calculer F', sous réserve de savoir quelle est la plus
grande des deux fréquences F et F'. Pour obtenir ce dernier
renseignement, il suffit de posséder un moyen de faire varier F'
par exemple dans un sens déterminé. Si l'on augmente F' et
que / augmente en même temps, il faut prendre le signe + dans
la formule (24) ; sinon, il faut prendre le signe —.
La fréquence des battements se mesure en évaluant expéri-
mentalement le temps t qui sépare deux maxima consécutifs
d'amplitude (ou deux minima), puis en prenant l'inverse de ce
temps. Pour diminuer l'erreur commise sur 1, il y a intérêt à
compter un grand nombre n de battements et à diviser leur durée
totale par n. Nous verrons (§ 42) que, si ε est compris entre
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zéro et un, l'erreur commise sur / tend vers zéro pour n infini.
Nous verrons aussi (§ 40) que le repérage des maxima est plus
commode que celui des minima et qu'il ya lieu de le faire toujours
d'un même côté du point mort.
Il est parfois commode de faire un enregistrement photo-

FIG. 5

graphique, tel que celui de la figure 5, obtenu à l'Institut de


Chronométrie.
§14. Exemples concrets de battements.— I.— En Mécanique
pure, les battements se présentent dans de nombreux problèmes
de Dynamique des systèmes à plusieurs degrés de liberté ; nous en
verrons des exemples dans le tome II. Signalons seulement ici le
dispositif suivant, facile à réaliser.
Unfil OA, de longueur L, est attaché au point fixe 0 et, en A,
à la masse M. Au point 0' de Mest attaché un autre fil, de
longueur l voisine de L, supportant le masse m, très petite (1)
vis-à-vis de M.Onécarte légèrement OAde sa position d'équilibre
et on l'abandonne. Les oscillations du fil 0' mde part et d'autre
de la verticale 0' z sont soumises à des battements.
II. —Voici un exemple emprunté à l'Acouslique. Faisons
vibrersimultanément deuxdiapasons Det D', defréquencesFet F'
(1)Afin que le mouvement de Mne soit pas influencé sensiblement par l'iner-
tie de m. Sans quoi, l'étude du mouvement du système est plus compliquée
et rentre dans la théorie des oscillateurs à deux degrés de liberté.
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assez voisines pour que l'oreille ne puisse pas distinguer les hau-
teurs des sons qu'ils émettent quand ils vibrent séparément. On
entend un son de mêmehauteur, mais dont l'intensité varie pério-
diquement. En mesurant la période de cette variation, on peut
calculer la fréquence / des battements. Si l'on connaît F, on
en déduit F' = F ± ƒ. Pour savoir quel est le
signe à prendre, on surcharge légèrement les
branches de D', ce qui diminue F'. Si / augmente,
il faut prendre le signe —; on prend le signe +
dans le cas contraire.
Un phénomène analogue est observé quand
deux cordes d'un piano, attaquées par le même
marteau, sont mal accordées l'une avec l'autre.
§ 15. Mouvementsinusoïdal amorti. —C'est un
mouvement dont l'élongation est de la forme :
(25)

αdésignant une constante positive.


Le facteur e est un facteur d'amortissement,
qui fait tendre x vers zéro pour t = + ∞. FIG. 6
Si l'on augmente t de , période du fac-
teur sinusoïdal, x est multiplié par D = e de sorte que
les valeurs dex, pour des temps échelonnés en progression arithmé-
lique
raisondeD.raison T, constituent une progression géométrique de
Le nombre D porte le nom de décrément ; son logarithme
népérien changé de signe aT est le décrément logarithmique.
Le temps - s'appelle la constante de temps.
Daprès ce qui précède, on peut se borner à étudier le mouve-
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T
ment pendant le temps T. On peut même se borner au temps
T T
car si i augmente de , est multiplié par .
§16.Choisissonsl'origine des temps detelle manière que β= 0.
Nous avons :
(26)

en appelant cp la phase. La vitesse s'annule pour tg <p=— — (ù .


Si l'on pose , la seule solution comprise entre 0
et 7t est π- ϕ1. Il lui correspond un minimum x1 de x.
La figure 7 donne le diagramme du mouvement pour un
décrément logarithmique égal à 0,5. La vitesse s'annule un peu
plus tôt que dans le mouvement non amorti ; l'avance est
T 1
, soit à peu près 0,02 T dans le cas
de la figure.
Onpeut aussi remarquer que la formule (26) s'écrit :
(27)
L'avance de phase de la vitesse sur l'élongation est au
lieu de
Le temps qui sépare deux maxima consécutifs est toujours T;
donc (§ 15), les maxima sont en progression géométrique de rai-
son D. Il en est de même des minima.
Tous les maxima sont sur la courbe exponentielle X= X.
si t est compté à partir de l'instant où a lieu le premier maximum.
Il en est de mêmedes minima, la seule différence étant que Xi est
alors négatif.
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Lorsqu'on enregistre un mouvementsinusoïdal amorti, avec une


échelle des temps assez petite, l'aspect du diagramme est celui
de la figure 8, qui reproduit deux enregistrements photographi-

FIG. 7

ques obtenus à l'Institut de Chronométrie. On a une zone à peu


près noire limitée par les deux exponentielles ci-dessus. En véri-
fiant que cesont bien des courbes exponentielles, onpeut s'assurer
que l'on a bien affaire à un mouvement sinusoïdal amorti et
obtenir du même coup la valeur numérique du décrément.
Pour faire cette vérification, il est commode d'anamorphoser
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l'une des courbes en portant y = log X en ordonnée (1) au


lieu de X. On doit obtenir une ligne ayant pour équation
y = olgX1α
-,t c'est-à-dire une droite ; la pente de cette droite
est —α. En mesurant la différenceAy de deux ordonnées corres-
pondant à deux temps distants de nT, le décrément logarithmique
est —n■.
§ 17. La formule (26) peut encore s'écrire :
υ= - αx- Rωe sinϕ
L'accéléralion est :
γ = - ∞υ- Rωe (ω cos ϕ- α sin ϕ)
soit :
(28)
Il existe donc une relation linéaire entre l'élongalion, la
vitesse et l'accélération. Nous retrouverons cette propriété au
§ 62.
§18. Lorsque le décrément logarithmique est très petit, le décré-
ment D est très voisin de un. Le facteur d'amortissement
varie très peu pendant la période T et l'on peut le considérer
comme approximativement constant pendant cette période. On
peut alors dire que le mouvementest approximativement sinusoïdal
pendant la durée d'une oscillation. L'amplitude instantanée est
R = Ro ; c'est une fonction exponentielle du temps. La
perte d'amplilude AR entre deux oscillations simples consé-
cutives s'obtient en différenciant logarithmiquement la formule
ci-dessus :

(1) L'opération est facilitée par l'emploi de papier à graduation logarith-


mique.
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