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CONCLUSION GENERALE IFID

Il apparait que le besoin de mesurer l’incertitude et la variabilité des résultats obtenus


par les méthodes réglementaires et déterministes, a engendré une réflexion vers des méthodes
stochastiques qui se sont développées ces vingt dernières années, permettant de définir la
volatilité des provisions.

La nouvelle réglementation « Solvabilité II » ayant comme objectif de mieux cerner


les risques et d’évaluer les actifs et les passifs d’une manière cohérente avec le marché, a
comme conséquence de marquer le passage d’un univers déterministe où aucune mesure de
risque n’est adoptée vers un univers stochastique englobant les différentes mesures de risques
et d’incertitudes inhérentes lors de l’estimation des provisions techniques.

Le présent travail nous a conduit aux conclusions suivantes :

 La nouvelle approche prudentielle des provisions techniques par la directive


« Solvabilité II » va améliorer la détermination de l’évaluation des provisions
techniques, et ce par l’introduction de nouvelles mesures de risques et une préconisation
des méthodes stochastiques dans l’estimation de ces derniers. On peut affirmer donc que
l’harmonisation du mode de calcul des provisions techniques est l’un des enjeux
majeurs de « Solvabilité II » ;
 Les deux méthodes déterministes qui ont été décrites : « Chain Ladder » et
« London Chain », et en raison de leur simplicité, ces deux méthodes sont de plus en
plus retenues pour la détermination de l’engagement futur de l’assureur. Cependant,
aucune mesure de risque n’est consignée par ces dernières ;
 L’application du modèle stochastique de « Mack » nous a permis de déceler
sa capacité d’octroyer des paramètres de risques permettant de mesurer l’incertitude du
montant de provisions estimées en ajoutant une hypothèse supplémentaire à la méthode
déterministe « Chain Ladder » ;
 Une autre méthode non paramétrique dite le « Bootstrap » permet de déduire
une distribution sous jacente aux provisions constituées ;
 A partir des résultats obtenus de l’utilisation des méthodes déterministes, nous
pouvons confirmer que ces dernières ne nous renseignent que sur le montant des
provisions à prévoir pour couvrir en moyenne les sinistres futurs ; or cela parait
insuffisant, étant donné la variabilité de charges future des sinistres qu’il faudrait

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estimer. Pour cette raison, cette méthode (Chain Ladder) a été révisée, et mise dans un
cadre stochastique (modèle de Mack) ;
 La version stochastique de la méthode de Chain Ladder permet de construire
des intervalles de confiance pour le montant des paiements ultimes, facilitant
formellement le calcul de la provision grâce à la limitation de l’incertitude ;
 Nous avons par ailleurs observé que la mesure de risque par Value at Risk,
exigée par la « Solvabilité II », dans la fixation du niveau des provisions en incitant la
compagnie d’assurance à prévoir un niveau élevé des provisions à constituer pour les
risques dommages matériels ;
 L’usage des modèles GLM, qui consiste à faire l’hypothèse que les règlements
de sinistres suivent une loi donnée, a comme conséquence, qu’une modélisation par la
loi de Poisson sur-dispersé, a permis d’obtenir exactement le même montant de
provision que celui de « Chain Ladder » , avec toutefois une faible erreur de prédiction
sur le montant des provisions estimées, ce qui parait donc le modèle plus adapte à nos
données et plus robuste ;
 L’application de la méthode de ré-échantillonnage « Bootstrap », qui permet
de modéliser la loi de distribution des provisions estimées et donner une densité
d’apparence asymétrique ;
 D’après la comparaison faite sur les différentes méthodes étudiées, il ressort
que les diverses méthodes déterministes ainsi que les méthodes stochastiques renvoient
des Best Estimates proches les uns les autres ce qui montre une bonne politique de
provisionnement de la cédante (les réserves sont stables). Par contre, une grande
différence a été constatée au niveau des provisions estimées par la compagnie CAAT.
Par conséquent, nous estimons que cette dernière est appelée à réévaluer ses
engagements en optant pour l’une des méthodes développées et cela afin qu’elle soit en
mesure d’honorer ses dettes envers ses assurés.

Au terme de ce travail, nous pouvons tirer certaines recommandations générales :

 Il est tout d’abord important de souligner l’intérêt pour nos compagnies


d’assurance de ne pas rester à l’écart des réformes engagées au niveau mondial
notamment le projet ambitieux mis en place au sein de l’Union Européenne (Solvabilité
II) ;

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 De même, l’activité assurancielle dans ses différents compartiments au niveau


de nos compagnies doit être en conformité avec les normes internationales et cela dans
la perspective d’introduire ces nouvelles méthodes stochastiques dans l’évaluation des
engagements, car cela permet de mieux identifier le niveau de contingence des passifs et
pouvoir établir des stratégies d’affaires en conséquence ;

Dans la continuité de ce travail, il n’est pas sans intérêt de rappeler qu’il s’est
délibérément focalisé sur une seule branche d’assurance, plus précisément sur une seule
garantie ; aussi, est-il utile de monter que cette étude bien qu’opportune globalement, ne
permet pas à elle seule de déterminer les provisions pour une société d’assurance composée
de plusieurs branches.

C’est pourquoi, il semble nécessaire de regrouper les risques voisins tels que « RC
dommages matériels » et « RC dommages corporels », et d’étudier l’impact de la prise en
compte de dépendance entre les paiements des sinistres des deux garanties sur l’estimation
des provisions techniques et leurs variabilités.

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