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Association d'économie financière

Le traitement du risque de crédit dans l'accord de bâle II : une évaluation


Author(s): Jean-Marc FIGUET
Source: Revue d'économie financière, No. 71, JUSTE VALEUR ET ÉVALUATION DES ACTIFS (2003)
, pp. 277-293
Published by: Association d'économie financière
Stable URL: http://www.jstor.org/stable/42905260
Accessed: 15-11-2015 15:25 UTC

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Le traitement du risque

DE CRÉDIT DANS L'ACCORD

DE BÁLE II : UNE ÉVALUATION

FIGUET*
Jean-Marc

réglementationprudentielleà laquelle sont soumis les établis-


sementsde créditet les entreprisesd'investissementfaitl'objet,
La sous l'égide du Comité de Bâle, d'une profonde rénovation.
L'entréeen vigueurde l'Accord de Bàie II est prévuepour fin2006, les
dispositionsdéfinitivesdevantêtreadoptées à l'automne 2003. L'objec- 277
tifde long termede la réglementationprudentielleest de garantirla
solvabilitédu systèmebancaire,ce qui notammentstimulela croissance
économique (Levine, 1997).
Le premierAccord de Bâle (1988) prévoitque le contrôlebancaire
s'articuleautour d'un ratio de solvabilité,le ratio Cooke, fixéà 8 %.
L'intérêtprincipalde ce ratioest de signifierque la capitalisationest le
pivotessentielde la réglementation prudentielle,puisque, par essence,le
capital est l'ultime moyen de couvrirles pertes.Il permetde limiterles
défaillancesbancaires,et par conséquentles coûtsconcomitants(publics
et/ou privés) de restructurationet de sauvetage. Selon Lamoreaux
(1994), la mise en place d'une relationcroissanteentrele montantde
fonds propres et le niveau des risques est une désincitationpour les
actionnairesde la banque à privilégierdes activitésde plus en plus
risquées.L'existencedu ratioCooke permetainsi de concilierles incita-
tionsdes différentes partiesprenantes(actionnaires,déposants...) même
en présenced'une assurancedes dépôts (Bergeret alii, 1995).
L'instaurationde ce ratio a été bénéfique à la stabilitédu secteur
financieret à la résistanceaux chocs de ses intervenants.En effet,il a
permisd'améliorersignificativement le niveaudes fondspropresbancai-
res qui, sous l'effetde la globalisation financière,avaient tendance à

*LARE-efi,
Université -Bordeaux
Montesquieu IV.

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diminuer.Ainsi la réglementationa permisde doubler la capitalisation


des établissementsde créditet des entreprisesd'investissement.D'envi-
ron 4 % au milieu des années 1980, les fondspropressont actuellement
de l'ordrede 8 % dans les pays du G 10. La conséquence immédiateest
une concurrenceplus équitable entreles établissementsde ces pays.
Historiquement,le ratioCooke a d'abord été conçu pour couvrirles
risques de créditauxquels fontface les banques dans leurs opérations
bilantaires.Depuis la Directivesur l'adéquation du capital de 1996, les
risques de marché, issus des opérations des banques sur les marchés
financiers, ont étéexplicitementprisen comptedans le calcul du ratiode
solvabilitéeuropéen afinde déterminerle montantdes fondspropresà
constituerpour couvrirles pertes1.
Cependant, la sophisticationdes activitésbancairesa engendréune
obsolescence progressivedu ratio Cooke. L'évolution de l'environne-
mentfinanciera permisaux banques de réaliserdes arbitragesréglemen-
tairesdont la conséquence est de les exonérerde gérerdynamiquement
et optimalementles risques. Il s'ensuit un décalage entre les fonds
propresréglementaires et les fondspropreséconomiques. Or ce décalage
est nuisible à la résistanceaux chocs de la sphère financière.C'est
pourquoi le Comité de Bâle, en concertationavec la professionbancaire,
a décidé de modifierprofondémentle contrôle bancaire. De façon
278
synthétiqueon peut dire que la réglementationprudentiellefuture
substituetroispiliersau pilierqu'est aujourd'hui le ratioCooke.
• Le
pilier 1 est un ratio de solvabilité,baptisé ratio McDonough. Il
concrétisel'idée, déjà affirméepar le ratio Cooke, que la capitalisation
est le principal moyen d'atteindre la stabilité financière.Selon ses
promoteurs,il est conçu de façonà refléter effectivement les risqueset à
éliminerles arbitragesréglementairesafin d'obtenir une concurrence
équitable et de fairecoïnciderles fondspropresréglementaires et écono-
miques. Pour ce faire,le ratio McDonough introduitdeux nouveautés
visant à prendreen compte le plus fidèlementpossible les conditions
d'activitédes banques. Tout d'abord, la typologiedes risquesestaffinée.
Trois typesde risques,à savoirle risque de crédit,les risquesde marché
et le risque opérationnel2,sont définisau lieu de deux actuellement(les
risques de créditet de marché). Ensuite, la méthode d'évaluation des
risques de marché est appliquée aux risques de créditet opérationnel.
Autrementdit, les banques aurontle choix entrela méthode standard,
où l'appréciationdes risquesestdéterminéeà l'extérieurde la banque, et
la méthode interne,où l'appréciationdes risques découle de notations
internes,afinde déterminerle niveau des fondspropres3.
• Le
pilier2 est un « processusde surveillancerenforcé».Cela signifieque
le ratioMcDonough, fixéà 8 %, constituel'exigenceminimaleen fonds
propres.Le contrôleurbancairea, par conséquent,la possibilitéd'exiger

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L'ACCORD II: UNEÉVALUATION

un niveau de fondspropresplus important,au vu des risquesencourus


et de l'allocation du capital.
• Le
pilier 3 introduitla discipline de marché comme un élément de
régulation.Pour ce faire,les banques doiventfournirà leursactionnaires
et aux opérateursdu marché un ensemble d'informationspermettant
d'évaluer le niveau des fonds propresainsi que l'adéquation entreles
fondspropreset les risques.
Dans cet article, il n'est pas question d'analyser l'intégralitédu
contenu de cettenouvelle réglementationprudentielle.L'objectifva se
limiterà étudierle traitementdu risquede crédit.En effet,le traitement
des risques de marché n'est guère modifiépar la nouvelle réglementa-
tion. Dans l'Union européenne,l'évaluation des risques de prix et de
taux restefondamentalementrégiepar la Directivesur l'adéquation du
capitalélaboréeen 1996. Quant au traitementdu risqueopérationnel,il
faitencorel'objet de débats techniquesconcernantla place des contrats
d'assurancecomme moyende réduireles exigencesen fondspropres.
Concernant le risque de crédit,la démarche est la suivante. Tout
d'abord, nous comparons la futuremesure de ce risque à celle qui
prévaut actuellement.Puis, nous présentonset évaluons les modèles
internesde risque de crédit.

279
DU RATIO COOKE AU RATIO MCDONOUGH
Le risque de créditest le risque de pertesdécoulant des opérations
bilantaires,en particulierles créditsbancaires.Il est impérieuxd'évaluer
ce risque afin de garantirla solvabilité des établissementsde crédit,
puisque ces opérationsreprésententenvironle tiersdu bilan bancaire
consolidé. Force est de constaterque la méthodologiepour déterminer
la provisionen fonds propres nécessaireà la couverturedu risque de
crédita considérablementévolué entrel'Accord de Bále I et l'Accord de
Bale II.

Le ratio Cooke : une approche simple et rigidedu risque de crédit


Le ratioCooke est un ratiode fondsproprespondéré qui traduitune
approche uniformeet arithmétiquedu risque de crédit:
- uniforme,carla même
méthodologies'applique à toutesles banques, et
ce indépendammentde leur spécialisation(composition du bilan), de
leur tailleou de leur degréd'internationalisation;
-
arithmétique,car le niveau des fondspropresest déterminéde façon
strictement quantitative.Les besoins en fondspropressont calculés en
fonctionde quatrecatégoriesprédéterminéesd'emprunteursauxquelles
estassignéun taux de pondérationforfaitaire4. Concrètement,la multi-
plication de la valeurcomptable de l'encoursavec le tauxde pondération

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correspondantà la naturede l'emprunteurindique l'exigenceen fonds


propres.La pondération des encours de risques de créditrépond à une
logique de forfait,étant donné qu'elle est conditionnée par la nature
des débiteurs,la localisation du risque et la durée des engagements.Les
pondérations forfaitairessont uniquement fondées sur une logique
institutionnellede sorte qu'elles se révèlent incapables de rendre
compte du risque de créditréellementencouru. Qui plus est, le ratio
Cooke ne permetpas d'intégrerles techniques de réductiondu risque
de contrepartie,notammentla collatéralisationou encore les dérivés
de crédit.
Certes,le ratio Cooke a contribué,de façon décisive,à améliorerla
résiliencedes établissementsde crédit et des entreprisesd'investisse-
ment,et ce faisantde la sphèrefinancière.Mais son principaldéfautest
de n'offriraucune option, ni flexibilité.Cette rigiditéexplique l'incapa-
cité de cette réglementationà prendreen compte les évolutionsde la
financeau coursde la dernièredécennie,ce qui a permisaux banques de
la contournerpour réduireleur chargeen fondspropres.L'efficacitédu
contrôlepour assurerla stabilitéde la sphèrefinancièreen a été négati-
vementaffectée.
Parmi les contournementsréglementaires induitspar le ratioCooke,
on peut citer l'exemple emblématique de la titrisationdes crédits
280
bancaires5.Cette technique permetaux banques de sortirde leur bilan
une fractionde leurs crédits,et de les convertir,par l'intermédiairedu
fondscommun de créance,qui estun véhiculesans personnalitémorale,
en instrumentsnégociablessur le marché. Cette opérationpermetaux
banques d'accéder à une nouvellesourcede financement.Aux termesde
la réglementationCooke, la sortie d'actifs risqués du bilan permet
d'allégerla chargeen fondspropres.Mais, en réalité,cetteréductiondu
risque de créditdevientfictivelorsque la banque soutient,comme c'est
souventle cas, le véhicule de titrisationpour les émissionsmal notées.
L'externalisationdu risque peut êtrevirtuellealors que la réductiondes
fondspropresest réelle.
Un autredéfautde conceptiondu ratioCooke concernel'évaluation
du risque. En effet,les risquesde créditdes différents portefeuillessont
simplement additionnés. Cela revientdonc à considérer que ces risques
sont totalementindépendants.Or, comme le notent Dewatripont et
Tiróle (1994), ce typede mesure« négligel'interdépendanceentreles
valeursd'actifs,c'est-à-direles covariances,contrairementà la mesure
du risque la plus courammentutiliséepar la théoriedu portefeuille».
On peut égalements'étonnerde l'absence de révisiondes coefficients
de pondération alors que la solvabilitédes emprunteursa sans doute
variédans le temps.Ou encoreque certainescréancessurle secteurnon
bancaire,par exemple celles détenues sur les particuliers(hors crédits

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L'ACCORD II: UNEÉVALUATION

hypothécaires)fassentl'objet d'une pondération maximale en fonds


propres,alors que, statistiquement,les pertes inattenduessur ce type
d'emprunteurssont deux fois moindres que celles que détiennentles
banques sur les PME. Les classes prédéterminéesd'emprunteursappa-
raissenttrop peu discriminantespour inciterles banques à une gestion
dynamiquede leur risque de crédit.
Les remarquesprécédentesimpliquentune allocation sous-optimale
du capital,au sensoù les fondspropresréglementaires ne reflètent pas le
de
profil risque. Pour de nombreux auteurs, tels que Besanko et Katanas
(1996), Blum (1999), Genotte et Pyle (1991), Rochet (1992), la
configurationactuellede la réglementationprudentiellen'est pas suffi-
sammentincitativepour engendrerune réductiondes prisesde risque.
Bien au contraire,cetteconfigurationpermettrait aux banques d'accroî-
treces prisesde risque. La conséquence est un décalage entrele capital
réglementaire et le capital économique, ce qui illustrele faitque le ratio
Cooke est une normede gestionprudentiellea posteriori et non un outil
de prévision.Or, assurerla pérennitédes établissementsde créditet des
entreprisesd'investissementnécessite l'égalisation des fonds propres
réglementaires et des fondspropreséconomiques. C'est l'un des objec-
tifscentrauxde la réformeen cours.

Le nouveau ratio de solvabilité : 281


une approche d'évaluation innovante du risque de crédit

L'objectifaffichéparle ratioCooke perdureavec le ratioMcDonough.


Autrementdit,la provisionen capitaldemeurel'armepréventivepour se
protégercontrel'occurrencedes risques. Pour ce faire,le montantdes
fonds propres doit être, au moins, égal à 8 % des risques pondérés.
L'Accord de Bále II ne modifiepas la définitiondes fondspropres( tier
one, tiertwo). Le numérateurdu futurratio est donc identique à celui
actuellementen vigueur. En revanche,le ratio McDonough propose
deux innovations concernant la définitiondu risque de crédit et la
méthode d'évaluation de ce risque afin de déterminerla charge en
capital.Ces innovationsimpliquentune modificationdu dénominateur
du ratiode solvabilité.

Une nouvelledéfinitiondu risquede crédit


Dans la futureréglementation,le risque de contrepartieest défini
comme la somme de deux risques : le risque courant et le risque
exceptionnel.Le risquecourantillustrele faitque l'activitéde prêteurne
puisseêtreexemptede risques.Au contraire,cetteactivitéestsusceptible
d'engendrerdes pertes. Mais ces pertes présententla caractéristique
d'êtrestatistiquementanticipablespar la banque. Celle-ci peut calculer
les pertesmoyennessur son portefeuillede créanceset les couvrirpar la

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marged'exploitation.La couverturedes pertesattenduesdoit se réaliser


par la fixationdes prix. Le risque normal appréhendedonc la compo-
sante attenduedu risque de crédit.Par opposition,le risque exception-
nel est la composante inattenduedu risque de crédit. Les opérations
bilantairespeuventengendrerdes pertesqui ne sont pas statistiquement
anticipables. Leur montant ne peut alors être couvert par la marge
d'exploitation.Leur couverturenécessiteune provisionen capital,c'est-
à-diredes fondspropreséconomiques.

L 'évaluationdu risquede crédit


La deuxième innovation porte sur les méthodes d'évaluation du
risquede crédit,c'est-à-diresurle dénominateurdu ratiode solvabilité.
Les firmesréguléesont le choix entreune versionréviséede la méthode
standard actuelle, baptisée « new Cooke » et la mise en œuvre de
modèles internesde risque de crédit. En fonctionde leurs activités,
de leur taille, de leurs moyens humains, techniques et financiers,les
établissementschoisirontl'une ou l'autre méthode d'évaluation. Par
conséquent,la nouvelleréglementationprudentielleintroduitun degré
de flexibilitésupplémentairedans la déterminationdu risquede crédit.
La seule contrainteest que le changementde méthode du calcul du
dénominateurdu ratione peut se fairequ'en adoptant une méthodede
-
plus en plus complexe (approchestandard ►approchepar les notations
internes).

L 'approchestandard
Les établissements de crédit et les entreprisesd'investissement
peuventcontinuerd'appliquerla méthodestandard,à savoirune pondé-
rationforfaitaire du risque de crédità partirde notationsexternes.Si le
principe est connu, c'est-à-direune approche quantitative,la nouvelle
méthode standardprésenteun certainnombre d'avancées, concernant
essentiellementle systèmede pondérations afin que l'allocation des
fonds propres reflèteles risques effectivement supportés.En effet,le
de des est
système pondérations contreparties profondémentdéveloppé
puisqu'il ne dépend plus uniquementde la naturede l'emprunteur,mais
qu'il incorporeégalementson risque spécifique.Ce niveau de risquene
sera pas définitivementfixé comme aujourd'hui. Il fera l'objet de
révisionsrégulièresde la part des Banques centraleset des agences de
notationshomologuées par les autoritésde contrôlepour tenircompte
de l'évolutionde la solvabilitédes emprunteurs6. On constateégalement
{cf.tableau n° 1 en annexe) que :
- le nombre de coefficientsde risques individuels augmente. Une
pondérationde 150 % estaffectéeaux créancesde trèsmauvaisequalité,
quel que soit l'emprunteur;

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- la réductiondes fondspropresdécoulant des opérationsde titrisation


des créances bancaires disparaît. Ces opérations font l'objet d'une
provisionen capital, fonctionde leur notation.Ainsi, celles notées au
mieux B+ doivent être intégralementdéduites des fonds propres.Les
banques soutenant leur véhicule de titrisationpourraientmême être
obligées par le contrôleurd'affecterdu capital supplémentaireà la
couverturede ce risque. Par ce biais, la réglementationcherche à
restaurerl'objectif initial de la titrisation,c'est-à-direune source de
financementpour les banques ;
- les Etats de l'OCDE ne bénéficient
plus d'un traitementdérogatoire
puisque, jusqu'alors, le taux de pondération des créances de ce type
d'emprunteursest nul ;
- les créditsaux
entreprisesbien notées (de AAA à BBB-) reçoiventun
traitementplus favorable,puisque la pondérationvarie de 20 à 50 %
contre 100 % actuellement.En revanche,les firmesdont la note est
inférieureà B- sont pénalisées;
- les
pondérationsafférentes aux opérationsde détail et aux prêtshypo-
thécairessont en baisse, puisqu'elles serontfixéesà 75 et 35 %, contre
100 et 50 % actuellement.
Au total,le dénominateurdu ratioserale résultatde la multiplication
entrel'encours net de provisionet le coefficientde pondérationcorres-
pondant.
L 'approchepar les notationsinternes
Les établissements peuventdéciderd'évaluerleurrisquede contrepar-
tie à partirde notationsinternes{InternalRatingBasedApproach- IRB).
Pour ce faire,chaque régulé doit construireun modèle de risque de
crédit dont l'objectif est de mettreen adéquation les fonds propres
bancaires avec le profilde risque, ce profilde risque étant le résultat
d'une estimationinterne.La mise en place de ce typede modèle repose
surla définitionfinedes typesd'emprunteurs.Pour ce faire,les 4 classes
d'emprunteursde la réglementationCooke seront remplacéespar les
7 catégoriessuivantes: souverains,entreprises,banques, détail,finance-
mentde projet,titrisationet actions.Le portefeuilleglobal estsegmenté
en sous-portefeuilles plus spécifiquesqu'aujourd'hui. L'affinementde
la classificationdoit normalementpermettreune meilleureévaluation
du risque de crédit,puisque chaque sous-portefeuillea été construit
de façon à présenterune homogénéité en termesde profilde risque.
Par conséquent, le niveau des fonds proprespour couvrirle risque de
défaillancedoit êtredéterminéde manièreplus efficace.Outre la prise
en compte explicitede la titrisation,on peut égalementremarquerque
les activitésde crédit aux particulierssont distinguéesde celles aux
entreprises.Statistiquement,cetteséparationestjustifiée,car les opéra-

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tions avec les particulierssont nettementmoins risquées que celles


conclues avec les firmes.Les premièresdoivent donc conduire à une
provision en capital inférieureà celle induite par les secondes. Les
premières études ďimpact ont cependant montré que ce principe
général de séparation était préjudiciable,en termesd'accès au crédit
bancaire, pour les entreprisesdont le chiffred'affairesannuel est
inférieurà 50 M€, en particulieren raison de l'absence de notation.
Dans la dernièrede l'Accord, elles bénéficientd'un traitementdéroga-
toire,puisque le capital requispour couvrirles prêtsde ce typede firme
sera moins importantque celui nécessaireà couvrirles engagements
accordés aux grandes entreprisesde même classe de risque (chiffre
d'affairesupérieurà 50 M€). En outre,si le prêtestinférieur à 1 M€, la
pondérationappliquée sera celle d'une opération de détail,soit 75 %.
Par conséquent,les exigencesen fondsproprespour les prêtsaux PME
serontinférieures ou égales à leur niveau actuel.

L'évaluation du risque de crédit: l'approche irb


En instaurantl'approche IRB, l'Accord de Bále II propose une
méthodologieplus économique pour calculer la chargeen fonds pro-
la duréede la créanceet
pres.En effet,outrela qualité de la contrepartie,
28^ la naturede garantiefourniepar l'emprunteurpermettront de détermi-
ner la chargeen fondspropres.Par conséquent,la déterminationde la
provision en capital se réalisera,comme jusqu'alors, par le biais de
facteursquantitatifs,mais également,ce qui est nouveau, par l'intermé-
diaire de critèresqualitatifs.
Dans cette section, nous détaillons le principe de constructiondes
modèles internesde risquede contrepartie,puis nous en proposonsune
évaluation.

Le principe de construction
En pratique,les banques qui le désirentdevrontconstruireun modèle
internede risquede créditfondésurles notationsinternesen vue de déter-
minerla chargeen capital.L'objet des modèlesIRB estd'évaluerle mon-
tantdes pertespotentiellesdécoulantde la détentiond'un portefeuille de
créditau-delà du seuil attenduet pour un niveau de confianceprédéter-
miné.L'idée consiste,parconséquent,à substituerune approcheprobabi-
listeà une approchearithmétiquepour calculerle risquede contrepartie.
Clairement,la méthodologieappliquée au calcul du risque de crédit
s'inspiredes modèles de value at riskpour les risques de marché. Ces
modèlesVaR permettent statistiquement de calculerle montantde fonds
propres destinéà couvrir les pertespotentiellesmaximalessur les porte-
feuillesde marchéà 10 jours et pour un niveau de confiancede 99 %7.

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Pourquoi assiste-t-onà la généralisation de ce type de modèle


interne? La complexificationdes opérations bancaires bilantaireset
hors-bilantaires engendreune recrudescencede l'asymétried'informa-
tion entrele régulateuret le régulé. Cette asymétrieimplique souvent
l'inefficacitéde la réglementationexterne. On retrouvel'idée selon
laquelle le ratioCooke actuelestune normede gestiona posteriori , donc
largement inefficace.
Une plus grande efficacitéde la réglementation
prudentielleconsisteà la décentraliseren incitantles banques à s'auto-
contrôler.Autrementdit, l'idée fondamentaleest de considérerque les
agentsles mieux placés pour contrôlerles risquessont ceux qui en sont
les initiateurs.La fonction du régulateurest alors de s'assurerde la
qualité de cet auto-contrôle,c'est-à-direde vérifierque les estimations
de pertes fourniespar les modèles internescorrespondentaux pertes
effectivement constatéeset que les fonds propressont suffisantspour
absorberles pertes.
Dans l'approche IRB, quatre indicateursde risque sont retenus:
1 - la probabilitéde défautde la contrepartieà un horizon d'un an, les
garantiespersonnellesétantprisesen compte ;
2 - la perteen cas de défautqui, par définition,est spécifiqueà chaque
exposition. L'estimation de la perte doit tenir compte des facteurs
pouvant modifierle taux de recouvrementde la créance tels que les
collatérauxet l'ensembledes frais; 28^
3 - l'expositionau momentdu défaut;
4 - et la maturitémoyennerestantà courirsur l'engagement.
Pour évaluerle risquede créditpar les notationsinternes,les banques
auront le choix entrele modèle de base et le modèle avancé8. Si elles
adoptent le modèle de base (modèle IRB de fondation),les banques
n'aurontà déterminerque les probabilitésde défaillancesur chacun de
leurs portefeuilles,c'est-à-direla probabilitéque la solvabilitédes em-
prunteursévolue au cours de l'année à venir. Les autres éléments,à
savoir les pertes en cas de défaut, les expositions aux risques et la
diversification, restentde la compétence du régulateur.Si les banques
adoptent le modèle avancé, elles déterminenttous les éléments(proba-
bilitéde défaillance,pertes,expositions),à l'exceptionde la granularité
qui demeuredu ressortdu régulateur.
L'évaluationde la sensibilitédes probabilitésde défaillancedes classes
d'emprunteursest un élémentcrucial pour calculerla chargeen fonds
propres, car « cette sensibilité détermine la pondération associée à
chaque créditet mesure donc sa contributionmarginaleau risque de
portefeuille» (Dietsch et Tordjman, 2001, p. 49). On sait que la
sensibilitédépend uniquement du risque systématiqueauquel est sou-
mise une classe d'emprunteurs.En effet,ce risque est non diversifiable,
par opposition au risque spécifique. Théoriquement, les facteursde

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risque systématiquesont multiples. Il peut s'agir d'éléments macro-


économiques et/ougéographiques.En pratique,l'évaluationde la sensi-
bilitédes probabilitésde défaillancedépendra d'un facteurunique.
Bien évidemment,la qualité des estimationsrepose égalementsur
l'existenced'informationsfiablesà la dispositiondes banques. Ainsi,les
probabilitésde défaillanceestiméesà un horizon d'un an doivent être
calculéesà partird'une base de données sur 5 ans. Une base de données
sur 7 ans est nécessaire pour calculer les pertes en cas de défaut et
l'exposition aux risques. Une réformeorganisationnelleest également
nécessaireafinque le processusde notationsoit indépendantdu proces-
sus de distributiondu crédit.
Les principalescaractéristiquesdes modèles IRB peuvent êtrerésu-
mées par le tableau suivant:

Tableau n° 1
Les caractéristiques des modèles IRB
debase
Modèle avancé
Modèle
Probabilité
dedéfaut Banque Banque
Pertes
encasdedéfaut Contrôleur Banque
auxrisques
Exposition Contrôleur Banque
286 Diversification Contrôleur Contrôleur
Source bancaire
: Commission (2001)

Graphique n° 1
Un exemple de détermination du capital économique
par la méthode IRB
Fréquence▲

Pertes
inattendues Pertes
attendues
M ►H ►

V>SSSSS^^

M 1 1
10 1
Pertes
(M€)

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Une fois ces éléments connus, chaque banque doit déduire une
fonctionde répartitiondes pertes futuressur les portefeuillesqui se
décomposenten pertesattendues(la moyennedes pertes)et inattendues
(l'écart-typedes pertes).L'estimationdes pertesinattenduesdétermine
la chargeen fondspropres(le capital économique) avec une probabilité
donnée (en général,99 %).
Si la perteattendue,c'est-à-direla pertemoyenne,surun portefeuille
particulierestde 1 M€, la probabilitéde perdreau moins 10 M€ estde
1 %. Si la banque désirecouvrirles pertesde ce portefeuilledans 99 %
des cas (seuil de confiance),elle doit constituerun capital économique
de 9 M€ (cf. graphiquen° 1).

Une évaluation de l'approche IRB


Quels sontles avantagesattendusde l'utilisationdes modèles internes
de risque de crédit?
D'après le Comité de Bâle, l'exigenceen fondspropresd'une banque
seraplus faiblesi elle utiliseun modèle interne(de fondationou avancé)
que la méthodestandard.La priseen compte des effetsde diversification
explique l'économie de fonds propresqui devraitinciterles régulésà
privilégierles modèles IRB.
L'utilisationdes modèles IRB estle supportd'une gestiondynamique
du bilan bancaire. En effet,les banques auront alors la possibilité
d'estimer,en temps continu,les pertesattendues,et surtout,les pertes
inattenduessur leurs crédits.La connaissance de ces informationsdoit
permettred'optimiserl'allocation de capital économique, et donc de
constituerun outil de mesuredes risques. Par conséquent,les banques
serontincitéesà diversifier leurportefeuilleoptimalement,car les pertes
inattenduesd'un portefeuillebien diversifiésont toujours plus faibles
que celles d'un portefeuillemal diversifié.
En outre,ces informationspermettentde mesurerla rentabilitédes
opérationsde créditsurles différents portefeuilles.L'approche IRB doit
engendrer une meilleure différenciation des risques,ce qui doit s'accom-
pagner d'une tarification plus fine des créditsbancaires. La réforme
prudentielleinciteles banques à réfléchirsur la naturedes risquespris,
leur quantificationet leur coût. Les bons emprunteursdevraientbéné-
ficierde conditions de financementplus avantageusesqu'aujourd'hui.
En revanche,les mauvaisemprunteursrisquentde constaterune dégra-
dation de leursconditionsde financement,en termesde tarificationet
de disponibilité.
Cette approche invite également les banques à s'interrogersur le
niveau de risque acceptable et donc sur leur spécialisationsectorielleet
géographique. Les estimationsde pertesdes modèles IRB fournissent
des indicationssur la stratégieà suivrepour atteindreun objectifde

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rentabilité.Dans cette perspective,un portefeuilleparticulierpeut


apparaîtretrop peu rentable,compte tenu de son niveau de risque. Il
doit donc être abandonné ou tout au moins voir son importance
réduite. En revanche, la contribution d'un autre portefeuilleà la
rentabilitétotale peut apparaître telle que sa pondération dans le
portefeuilleglobal doit êtreaugmentée.Les modèles internesde risque
de créditconstituentdes outils de pilotage de la gestion des établisse-
ments financierset de l'orientation de leurs activités.Ils permettent
aux établissementsfinanciersde définirune politique de distribution
sectorielleet géographique de crédits,et, ce faisant,rétablissementde
limitesaux engagements.
Malgré leurs avantages attendus,les modèles internesde risque de
créditne sont pas exemptsde critiques.
Une critiqueradicaleconsisteà douterde l'efficacitéde la réglemen-
tation prudentielle. Depuis l'introduction du ratio Cooke, la régle-
mentationprudentielles'alourdit progressivement.D'où l'idée d'une
« sur-régulation» bancaire qui serait sans effetsur la stabilité du
système bancaire. Un argument venant appuyer cette thèse est le
constatselon lequel les modificationssuccessivesde la réglementation
prudentielle n'ont pas permis une réduction notable des accidents
bancaires, ce qui est normalementl'un des objectifsà atteindre.Une
étude de la Banque mondiale (2000) indique effectivement une recru-
descence des crises bancaires sur la période récente. Malgré tout,
l'évolution de la réglementationprudentielle semble nécessaire et
souhaitable. Celle-ci est dictée par l'évolution de l'environnement
financier.La sophisticationcroissantedes opérations financièresen-
gendredes risques nouveaux qu'il convientde maîtriser,ce qui impli-
que la modificationde la réglementationprudentielle.On peut penser
qu'en l'absence d'évolution de la réglementationprudentielle,le nom-
bre de faillitesbancaires aurait été plus importantqu'il ne l'a été. On
peut également remarquerqu'une fractionnon négligeable des acci-
dents bancaires récentss'est déroulée dans des pays où la réglementa-
tion est inadéquate avec l'environnementfinancier,voire opaque ou
tout simplementabsente. Les banques européenness'inquiètentégale-
ment des distorsionsde concurrence que cette nouvelle réglementa-
tion qu'elles doivent toutes obligatoirementrespecterpourrait leur
faire subir vis-à-vis des entreprisesoffrantdes services financiers,
notammentles compagnies d'assurance,et des banques étrangèresnon
internationalesqui ne serontpas tenues de l'observer.
Une deuxième critique concernant les modèles internesde risque
de crédit a traità leur coût de mise en place. Une estimation citée
par Bansal (2001) évalue à 2 250 Md$ le coût pour les 30 000
premières banques mondiales du respect de l'Accord de Bále II.

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L' InstituteofInternationalFinance (2001) estime,quant à lui, le coût


total de mise en place de la nouvelle réglementationà 650 Md$ pour
ces établissements.Pour les banques de l'Union européenne,les coûts
de mise en conformitérisquentd'être plus importantsque pour celles
à l'extérieur de la zone en raison des exigences imposées par la
Directive sur l'adéquation du capital (Lannoo, 2001). Une part non
négligeable de ce coût provientde la création et du fonctionnement
d'un modèle interne qui nécessitera d'importants investissements
humains et financiers. On peut dès lors supposer que les petites
banques risquent d'être incapables de répondre aux exigences impo-
sées par le contrôleur.Celles-ci n'auront d'autre choix que d'utiliser
l'approche standard qui, a priori, est moins favorableque l'approche
interne.Il peut s'ensuivre un désavantage compétitifpour l'attribu-
tion de certains crédits. Pour être rentable, la mise en place d'un
modèle IRB suppose que les bénéfices retirésde son utilisation,en
particulierl'économie de fonds propres,soient supérieursaux coûts.
Dans le cas contraire,la solution optimale est la pondération forfai-
taire du risque de crédit à partirde notations externes.Les sommes
économisées pourraientalors servirà accroîtreleurs fonds propres,ce
qui permettraitd'améliorer la résilience des banques aux chocs9.
L'ampleur des bénéfices dépend des formules de poids de risque 289
pour les différentstypes d'emprunteurs.Les premièrespropositions
du Comité de Bâle de janvier 2001 indiquaient un avantage de la
méthode standard sur les modèles IRB pour la déterminationde la
chargeen fonds propres,notammentpour les créditsaux entreprises.
De ce point de vue, les résultats de la troisième étude d'impact
concernant 350 banques de 43 pays sont encourageants (BCBS,
2003). En effet,les exigences en fonds propres pour les grandes
banques internationalesadoptant les méthodes IRB ne seraient pas
modifiées. Pour les banques d'audience nationale, le gain en fonds
proprespourraitêtresignificatif, compte tenu de la prédominancedes
activitésde détail.
On peut également pointer deux défauts de constructionde l'ap-
proche IRB concernant l'estimation du risque de contrepartie
(Danielsson et alii , 2001). Premièrement,le risque de crédit est
considéré comme une variable exogène. Or, son occurrenceest fonc-
tion de la volatilité des marchés qui, par nature, est endogène puis-
qu'elle résulte de l'interactiondes intervenantssur les marchés. Par
conséquent, le risque de créditest endogène. La conséquence de cette
mauvaise spécificationest une évaluation sous-optimale du risque de
contrepartie.Celle-ci implique une charge en capital sous-optimale,
ce qui peut être dommageable à la résiliencedu systèmebancaire et
financierlorsque la volatilité est importante,comme c'est le cas en

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période de crise. Deuxièmement, l'approche IRB suppose la distribu-


tion normale des variations de cours et de rendement,alors que ces
distributionssont le plus souvent à queue épaisse. Par conséquent,
l'utilisation d'une distribution normale sous-estime les pertes qui
apparaissentdans la queue de la distribution,alors que ce sont précisé-
ment ces pertes qui sont impérieuses à évaluer correctementpour
garantirla solvabilitébancaire en cas de choc. L'approche IRB pour-
raitdonc êtreperfectionnéepar le recoursà d'autres formesde distri-
butions telles que les distributionsleptokurtiqueset à la théorie des
valeursextrêmes.L'inconvénient est que l'utilisationde ces méthodes
pourraitengendrerun surcroîtde chargeen capital qui dissuaderaitles
banques à les mettreen place, compte tenu des coûts afférents.
La dernièrecritiquedu nouveau ratioest son éventuelcaractèrepro-
cyclique (Borio et alii> 2001). Cette critiquea déjà été adresséeau ratio
Cooke, même si Ayuso et alii (2002) montrentempiriquementque
son caractèrepro-cycliqueest trèsrelatif.L'objectif principal du ratio
McDonough est de refléterfidèlementl'évolution du risque de crédit.
Autrementdit, le montant des fonds propres est une fonctioncrois-
sante de cette classe de risque. Normalement, la probabilité d'occur-
rence du risque de contrepartieaugmente lorsque la conjoncture
290 économique est mauvaise, puisque la probabilité de défaillance des
emprunteursdevient plus forte. Il s'ensuit que la charge en fonds
propres doit s'accroîtreau furet à mesure que le taux croissance de
l'économie diminue. Par conséquent, les banques devraient réduire
leur offrede crédit pour éviterd'augmenter le niveau de leurs fonds
propres et de réduire leur rentabilité. Ce rationnement du crédit
accentueraitla dégradation de la conjoncture. Le ratio McDonough
seraitdonc pro-cyclique,car le comportementdes banques en matière
d'attribution des crédits serait un facteur d'amplification du cycle
économique. Les simulations de l'approche standard de Bérangeret
Teïletche (2003) montrent effectivementque l'exigence en capital
est fortementdépendante de la conjoncture.Ainsi, entrejanvier2001
et octobre 2002, l'exigence en capital pour la dette obligataire des
entreprisesfrançaisespasse de 4 à 6,2 %, soit une augmentation de
55 %.
Le raisonnementprécédent suppose que les établissementss'ajus-
tent passivement à la conjoncture. Théoriquement, il occulte leur
capacité à anticiper,par l'intermédiairedu modèle de notationsinter-
nes, l'évolution de la solvabilité des emprunteursen fonction de la
conjoncture économique. Pour annihilerle caractèrepro-cycliquedu
nouveau ratio de solvabilité, les banques pourraient constituer, à
moindre frais,des réservesde fonds propres en période de croissance
économique qui leur serviraientà couvrirle surcroîtde risque en phase

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de crise. En agissantainsi, elles pourraientamortirles phases de chute


de la production en ne réduisant pas massivementleurs concours à
l'économie. L'effetpro-cyclique du ratio McDonough serait donc à
relativiser.Néanmoins, l'expérience semble montrerque le compor-
tementdes banques en matièred'attributionde créditsest fonctionde
la conjoncture présente sans référenceà la position dans le cycle.
Spontanément, leur attitude ne serait donc pas contra-cyclique.La
conséquence est que le ratio McDonough sera fortementcontrai-
gnant en bas du cycle, mais pas en phase d'expansion lorsque les
banques peuventêtreamenées à distribuertrop de crédits.Pour que la
réglementationprudentielle devienne contra-cyclique,se développe
l'idée d'un provisionnementdynamique incitant les établissements
à provisionnerune fractiondu montant prêté dès l'octroi du crédit
(Resti, 2002). Cette disposition, déjà mise en œuvre en Espagne
depuis 2000, conduirait les banques à accumuler des fonds propres
en haut du cyclede sortequ'elles pourraientcontinuerà distribuerdes
créditslors de la phase de ralentissementde la croissance, les pertes
concomitantesétant couvertespar les fonds propresdisponibles.
Pour conclure, on peut noter que les méthodes d'évaluation du
risque de crédit,et donc de la charge en capital destinée à couvrirce
type d'événement évoluent considérablement entre l'actuelle et la 291
futureréglementationprudentielle.La logique normativeet forfaitaire
est abandonnée au profitd'une approche souple et évolutive,ce qui
permet une meilleure appréhension du risque de contrepartie.La
volonté du régulateurde généraliserl'utilisationdes modèles IRB par
les régulés constitue un moyen de mettre en adéquation les fonds
propresavec le profilde risque du portefeuille.L'effetattendu est une
convergence entre le capital économique et le capital réglementaire
qui devraitengendrerune résilienceaux chocs accrue. Néanmoins, le
coût de mise en œuvre des modèles de notations internespeut limiter
son périmètred'utilisation,ce qui peut conduire à une discrimination
au sein du secteurbancaire entreles petites banques tournéesvers le
local et les grands établissementsorientés vers l'international. En
outre, la validité de certaineshypothèsespermettantla construction
des modèles IRB n'est pas assurée, ce qui peut induire la persistance
d'une sous-évaluation du risque de crédit nuisible à la stabilitéde la
sphèrebancaire. Enfin,des dispositionscomplémentairesdoivent être
prises pour que la réglementationprudentielle soit véritablement
contra-cyclique.

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Annexe
Tableau n° 1
Les coefficientsde risques individuels
Notation AAA A+àA- BBB+ BB+ B+àB- <B- Nonnoté
àAA- à BBB- à BB-
États
Banques 0% 20% 50% 100% 100% 150% 100%
Option1(1) 20% 50% 100% 100% 100% 150% 100%
Option2(2) 20% 50% 50% 100% 100% 150% 50%
Entreprises 20% 50% 100% 100% 150% 150% 100%
Partdetitrisation 20% 50% 100% 150% Déduction desfonds
propres
Détail 75%
Prêts
hypothécaires 35%
La des
(1) pondération est
risques fonction
dela de
pondérationl'État lesiège
dans social
oùlabanque
est
installée.
(2)Lapondération estfondée
desrisques delabanque.
surlanotation

NOTES
292 1.Depuis 1996, leratiodesolvabilité
européenesttelque:
Montant desfonds de
(risque
propres/ +
crédit risquesdemarché) > 8%
2.LeComité deBâledéfinitlerisque comme
opérationnel : « lerisquedeperte directe résultant
ouindirecte
d'uneinadéquationoudune auxprocédures,
attribuable
défaillance aufacteur humain etauxsystèmes
,etaux
causes ».
externes
3.LeratioMcDonough esttelque:
Montant desfonds decrédit
(risque
propres/ + risquesdemarché + risque opérationnel)> 8%
4. Lescoefficients
derisques individuels
prennent lesvaleurssuivantes : 0 % essentiellement
pour les
créances
surlesÉtats del'OCDE; 20%,parexemple, pourlescréances sur lesinstitutions
internationales,
etlesbanques
territoriales
lescollectivités del'OCDE; 50%pour lescréditshypothécaires l'habitat
pour ;
100% pour lesautrescréances.
5.Pour uneprésentation descréances
delatitrisation bancaires,voir,parexemple, DeBoissieu(2000).
6.Onn'entre pasicidans ledébat lacapacité
concernant desagences denotation ladégradation
àanticiper
desolvabilité
desemprunteurs.
7.Pour uneanalyse desmodèles devalue atrisk,
onpeut sereporter à Rochet (1998).
8.Lepassaged'une approcheà est
l'autre uniquement
possible, dans lesensIRB de -►
fondation IRBavancé.
9.Les fondspropres debase des30000 premièresbanques mondiales sont de l'ordre
de2000 Md$.

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