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Le Risque de crédit Bancaire – Cours en ligne

Vidéo 17 : REGLEMENTATION PRUDENTIELLE

Bonjour.
Aujourd’hui, nous allons décrire le dispositif prudentiel qui encadre le niveau de fonds
propres des banques, ainsi que les principales phases qui ont jalonné son évolution.

[Slide goal of regulation]

La réglementation prudentielle est un des modes de l’intervention publique dans le domaine


bancaire. La solidité des établissements bancaires est un élément important pour la stabilité de
l’économie, notamment pour la sécurité de l’épargne des particuliers. La réglementation prudentielle
fixe des règles aux banques en matière de fonds propres, de gestion des risques et de diversification
des actifs, ainsi que de communication financière. Elle définit également les mécanismes de
supervision.

Le comité de Bâle est le premier échelon chargé de la définition des règles prudentielles pour les
banques. Il est composé de 28 membres représentés par les autorités de contrôle nationales de
chaque membre qui sont les principales puissances économiques mondiales. Le comité de Bâle
publie des standards et des guidelines pour améliorer la stabilité du système financier dans son
ensemble.

L’Union Européenne transpose ensuite les normes du comité de Bâle en droit européen au travers
des règlements et directives, applicables à tous les états membres. Au sein de la zone euro, c’est la
Banque Centrale Européenne, la BCE, qui est en charge d’organiser la supervision des établissements
bancaires, avec comme principal relai, les autorités nationales en charge du contrôle des
établissements de crédit, l’ACPR en France (Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution).

[Slide history 1]

A présent, faisons un peu d’histoire. Dans les années 80, à la suite de la crise en Amérique latine, le
comité de Bâle s’est inquiété de la dégradation des ratios de capital des grandes banques
internationales. Le comité a également recherché à établir une convergence des mesures de capital
entre les établissements. En 1988, le G10 a adopté les premiers accords dits accords de Bâle (ou Bâle
1). Cet accord exige un niveau de capital rapporté aux actifs pondérés du risque (Risk Weighted
Assets ou RWA) de 8% au minimum. Ce ratio est appelé ratio Cooke.

Les règles prudentielles ont ensuite évolué à plusieurs reprises. En 1996, un amendement a été
publié sur la partie relative aux risques de marché. Pour la première fois, les banques ont eu
l’autorisation d’utiliser leur propre modèle interne (modèle de VaR, Value at Risk) pour calculer les
exigences en fonds propres sur les risques de marché, après obtention d’un agrément portant sur le
respect de standards quantitatifs et qualitatifs stricts.

Entre 1999 et 2004, le Comité de Bâle a élaboré une refonte du cadre prudentiel sur les fonds
 propres. Cette version est connue sous le nom de Bâle 2 et comprend trois piliers :Le pilier 1
porte sur les exigences en fonds propres et les méthodes de calcul
 Le pilier 2 porte sur l’adéquation des fonds propres de la banque au regard des risques
qu’elle porte et du processus d’évaluation interne de ces risques
 Le pilier 3 porte sur la communication au marché de manière à renforcer la discipline de
marché et d’encourager les bonnes pratiques bancaires

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[Slide history 2]

Suite à la crise financière de 2007 – 2008, le comité de Bâle a publié un certain nombre de
propositions sur la liquidité et sur les fonds propres qui sont mises en place en deux étapes :
Première étape, la réforme dite Bâle 2.5, et qui vise un renforcement des exigences en propres au
titre du risque de crédit dans les portefeuilles de trading.

Deuxième étape, la réforme dite Bâle 3 qui amène entre autres nouveautés :
 Une nouvelle définition des fonds propres pour en améliorer la qualité
 Un renforcement du montant des fonds propres, en particulier au titre de la CVA
 Des limites sur la quantité minimale d’actifs liquides au bilan de la banque (ratios de
liquidité)

Décrivons à présent les règles de calcul des fonds propres réglementaires au titre du risque de crédit
telles que définies dans la réglementation Bâle 2.

Les fonds propres, ou le capital, servent à protéger la banque contre les possibles événements
défavorables qui engendreraient des pertes élevées, en particulier dues au risque de crédit. Bien qu’il
soit impossible de connaitre à l’avance la perte que va subir la banque sur son portefeuille de
financement, la banque est en mesure de prévoir le niveau moyen de perte future auquel elle peut
raisonnablement s’attendre. Ce niveau est la perte attendue ou « expected loss » (EL). La banque voit
cet expected loss comme le coût moyen du risque de crédit lié à son activité de financement.

[Slide capital = UL 1]

Le capital fournit un coussin de sécurité aux créanciers de la banque contre des éventuelles pertes
supérieures aux pertes attendues. Les pics de pertes ne surviennent pas chaque année, mais peuvent
potentiellement être très élevés. Les pertes au-delà des pertes attendues sont appelées pertes
inattendues ou « unexpected losses » (UL). Les pertes inattendues ne peuvent pas êtres couvertes en
totalité par les marges d’intérêts, sauf à imposer au marché des coûts d’emprunt totalement
prohibitifs. C’est le rôle du capital d’absorber les pics de pertes.

[Slide capital = UL 2]

Le pire cas imaginable est que la banque perde tout son portefeuille de crédit sur une seule année.
Bien-sûr, cela n’est pas réaliste et il serait économiquement inefficace pour la banque de lever
suffisamment de capital pour se protéger de cet événement. La banque doit utiliser au mieux ses
ressources en capital (qui sont des ressources rares) pour améliorer sa rentabilité en finançant une
partie de son bilan par de la dette. Le risque de crédit de la banque elle-même est lié à son niveau de
capital : moins elle a de capital et moins elle est capable d’absorber les pics de pertes, augmentant sa
probabilité d’insolvabilité. Ainsi, les banques et leurs régulateurs recherchent le juste équilibre sur le
niveau de capital à détenir.

Venons-en à présent à la formule de calcul des fonds propres réglementaires. La réglementation


autorise deux méthodes pour le calcul de ces fonds propres. Pour les établissements ou entités ne
disposant pas de dispositif avancé de mesure des risques de crédit, une approche « standard »
permet de calculer les fonds propres sur une base assez forfaitaire. En revanche, les établissements
disposant de modèles de notation de leurs clients approuvés par le superviseur peuvent utiliser une
approche avancée de calcul des fonds propres sur la base des ratings internes (Internal Rating Based

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ou IRB).

[Slide Inputs IRB formula]

Dans l’approche avancée, IRB, le calcul des fonds propres repose sur deux dispositifs de mesure des
risques : d’une part la notation des clients de la banque (le rating, le score) et d’autre part
l’évaluation des paramètres de risque au niveau de chaque transaction (la probabilité de défaut de
l’emprunteur, la PD, la perte en cas de défaut, la LGD, l’exposition au défaut, l’EAD, et la maturité du
prêt).

[Slide Capital = Stressed EL - EL]

La formule de calcul des fonds propres réglementaires intègre ces différents paramètres de manière
à évaluer l’unexpected loss qui correspond à la perte potentielle au-delà de la perte ou attendue.
Ainsi, les fonds propres réglementaires sur un prêt sont égaux à la différence entre la perte moyenne
dans un scénario stressé et la perte moyenne en situation économique normale.
FP réglementaires = UL = EL stressée – EL

Pour calculer l’EL, la banque utilise des probabilités de défaut moyennes à horizon 1 an sur chacun de
ses clients. L’EL est égale au produit de l’exposition au défaut, de la perte en cas de défaut et de la
probabilité de défaut. L’EL est ensuite ajustée d’un coefficient dépendant de la maturité puisqu’un
financement court terme porte moins de risque qu’un financement long terme.
EL = EAD x LGD x PD x ajustement de maturité

Le calcul de la perte moyenne dans un scénario de stress suit la même formule de calcul mis à part
que la probabilité de défaut est transformée en une probabilité de défaut stressée qui reflète un état
de l’économie très dégradé, et qui surviendrait une fois tous les mille ans :

EL stressée = EAD x LGD x PD stressée x ajustement de maturité

Le passage de la probabilité de défaut un an à la probabilité stressée est opéré en supposant que le


cycle de crédit dépendant d’un facteur unique, le même pour tous les instruments du portefeuille de
la banque et correspondant à un scénario survenant une fois tous les mille ans (quantile à 99.9%). Le
cadre de modélisation retenu par le régulateur est celui de la dépendance gaussienne à l’instar de
celui du modèle de Vasicek pour les portefeuilles de crédit. Le paramètre de corrélation, c'est-à-dire
la sensibilité du cycle de crédit au facteur macroéconomique, dépend du type de clientèle (retail ou
non retail), du type de financement (prêts immobiliers vs. crédits revolving) et du niveau de risque du
client (sa probabilité de défaut). Par exemple, les PD stressées sur la clientèle des grands corporates
sont plus élevées que sur la clientèle de particuliers, toutes choses égales par ailleurs, traduisant une
sensibilité des grands corporates plus élevée aux dégradations de l’état de l’économie
comparativement aux clients particuliers.

Concernant la LGD, c’est-à-dire la perte en cas de défaut, celle-ci doit être évaluée par la banque en
tenant compte du fait qu’il est probable que les taux de recouvrement seront moins bons dans une
période de difficulté économique qu’en moyenne de cycle économique.
Pour un prêt classique (sans aucune option de tirage ou de remboursement anticipé) l’EAD se déduit
directement du profil d’amortissement contractuel. En revanche, si le client peut réaliser des tirages
à sa convenance (comme c’est le cas pour les crédits renouvelables par exemple) ou pour une
opération de marché dont la valeur dépend des paramètres de marché à la date de défaut, la banque

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doit disposer de modèles permettant d’évaluer l’exposition « potentielle » au moment du défaut.

[Slides What have we learnt ?]

En résumé, qu’avons-nous appris ?

 Les réglementations prudentielles Bâle 2 et Bâle 3 fixent les ratios de capital et de liquidité
minimaux pour les banques, ainsi que les exigences qualitatives et quantitatives des
méthodes de calcul des fonds propres minimaux. Ces réglementations sont en évolution
rapide.
 Les fonds propres, ou le capital, servent à protéger la banque contre les possibles
événements défavorables qui engendreraient des pertes élevées.
 Les fonds propres minimaux sont égaux à 8% des actifs pondérés du risque. Ces derniers sont
calculés à partir des modèles de notation internes de la banque si celle-ci a obtenu un
agrément l’y autorisant. Les fonds propres sont égaux à la différence entre une perte
stressée et l’expected loss.
 La perte stressée servant au calcul du capital correspond à la perte millénaire sur un horizon
d’un an.

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