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Une femme
sans importance
Traduction de Jean-Michel Déprats
Maître de conférences honoraire
à l’Université Paris Nanterre
Gallimard
PRÉFACE
ALAIN JUMEAU
LORD ILLINGWORTH.
(1)
LORD ALFRED RUFFORD .
MR. KELVIL, député.
LE VÉNÉRABLE ARCHIDIACRE JAMES DAUBENY, docteur en
théologie.
GERALD ARBUTHNOT.
LADY STUTFIELD.
MRS. ALLONBY.
(3)
MISS HESTER WORSLEY .
LADY CAROLINE
Avec plaisir.
Elle sort avec Gerald.
LADY HUNSTANTON
Je m’interroge.
LADY HUNSTANTON
(11)
Tout de même, la pauvreté de l’East End est un
problème très important.
LORD ILLINGWORTH
Des enfants ?
KELVIL
Oui.
LADY CAROLINE
Combien ?
KELVIL
Huit.
Lady Stut eld tourne son attention vers Lord
Alfred.
LADY CAROLINE
Oh oui, énormément.
MRS. ALLONBY
Pourquoi ?
MRS. ALLONBY
(15)
Comme des sphinx sans secret .
MRS. ALLONBY
Très peu.
MRS. ALLONBY
Tout à fait.
LORD ILLINGWORTH
C’est un dé ?
MRS. ALLONBY
Pourquoi me menacez-vous ?
MRS. ALLONBY
Bien, milord.
Il sort.
LORD ILLINGWORTH
(17)
Il se termine par l’Apocalypse .
LORD ILLINGWORTH
Il me reste le masque.
LORD ILLINGWORTH
Merci. Venez.
LORD ILLINGWORTH, il aperçoit la lettre
de Mrs. Arbuthnot sur la table, la prend
et regarde l’enveloppe.
Quelle écriture curieuse ! Elle me rappelle l’écriture
d’une femme que j’ai connue il y a des années.
MRS. ALLONBY
Qui cela ?
LORD ILLINGWORTH
MRS. ALLONBY
Ma chère !
MRS. ALLONBY
Moi aussi.
LADY HUNSTANTON
(21)
Je vous assure qu’Ernest m’a terriblement déçue.
LADY HUNSTANTON
Oh, ma chère !
MRS. ALLONBY
Les hommes veulent toujours être le premier amour
d’une femme. Telle est leur sotte vanité. Nous les
femmes, nous avons un instinct plus subtil. Ce qui nous
plaît, c’est d’être le dernier amour d’un homme.
LADY STUTFIELD
Oh ! ma chère !
MRS. ALLONBY
Oh, ma chère !
MRS. ALLONBY, allant vers elle.
Que se passe-t-il ? Dites-moi.
LADY HUNSTANTON, à voix basse.
(27)
Chère Miss Worsley, puisque vous êtes debout ,
puis-je vous demander de me passer mon l à coudre
qui se trouve juste derrière vous ? Merci.
LADY HUNSTANTON
Lady Cecilia ?
LADY HUNSTANTON
Huit jours.
LORD ILLINGWORTH
Mère !
MRS. ARBUTHNOT
Je l’espère.
Lord Illingworth traverse la scène pour rejoindre
Mrs. Allonby.
MRS. ALLONBY
John !
LADY HUNSTANTON
À notre ls.
MRS. ARBUTHNOT
Pourquoi, mère ?
MRS. ARBUTHNOT
Mère ?
LORD ILLINGWORTH
LORD ILLINGWORTH
Beaucoup trop.
GERALD
(38)
Du bimétallisme , pour autant que je me
souvienne.
LADY HUNSTANTON
De la Patagonie.
LADY HUNSTANTON
Apparemment tout.
LADY HUNSTANTON
Comme vous-même ?
LORD ILLINGWORTH
Gerald !
GERALD
Rentrons à la maison.
GERALD
Vous trouvez ?
HESTER
Oui.
HESTER
On ne devrait pas.
HESTER
Oui.
HESTER
À la perspective de partir ?
GERALD
Ne dites pas les choses comme cela, mère. Bien sûr
que je suis triste de vous quitter, car en n, vous êtes la
meilleure mère qui soit au monde. Mais après tout,
comme le dit Lord Illingworth, il est impossible de vivre
dans un endroit comme Wrockley. Vous, cela ne vous
gêne pas. Mais moi, je suis ambitieux ; je veux plus, je
veux faire carrière. Je veux faire quelque chose qui vous
rendra ère de moi, et Lord Illingworth va m’y aider, il
va tout faire pour moi.
MRS. ARBUTHNOT
De qui ?
HESTER
Gerald !
GERALD
ALICE
Bonjour, Gerald.
GERALD, se levant.
Bonjour, Lady Hunstanton. Bonjour, Mrs. Allonby.
LADY HUNSTANTON, s’asseyant.
Nous sommes venues prendre des nouvelles de votre
chère mère, Gerald. J’espère qu’elle va mieux ?
GERALD
Au revoir.
Sortent Lady Hunstanton et Mrs. Allonby.
Gerald s’assied et relit sa lettre.
GERALD
À qui ?
GERALD
Non.
GERALD
M’épouser ?
GERALD
Mais, Gerald…
GERALD
Mère, il le faut.
MRS. ARBUTHNOT
Je ne veux pas. Vous parlez de réparation pour le mal
qu’il m’a fait. Quelle réparation peut m’être faite ? Il n’y
a pas de réparation possible : je suis déshonorée ; il ne
l’est pas. C’est tout. C’est l’histoire banale d’un homme
et d’une femme, telle qu’elle se produit souvent, telle
qu’elle se produit toujours. Et la n de l’histoire est la
n habituelle. La femme sou re. L’homme s’en va libre.
GERALD
Hester !
HESTER, l’écartant d’un geste.
Non, non ! Vous ne pouvez m’aimer que si vous
l’aimez elle aussi. Vous ne pouvez me respecter que si,
pour vous, elle est plus sainte que moi. En sa personne,
c’est la condition de toutes les femmes qui est
martyrisée. Dans sa maison, ce n’est pas elle seule, c’est
nous toutes qui sommes frappées avec elle.
GERALD
Mère !
MRS. ARBUTHNOT
Où ?
MRS. ARBUTHNOT
Non.
LORD ILLINGWORTH
Vous en connaissez le contenu ?
MRS. ARBUTHNOT
Oui !
LORD ILLINGWORTH
Oui.
LORD ILLINGWORTH
Oui.
LORD ILLINGWORTH
Non.
LORD ILLINGWORTH
Plus rien.
LORD ILLINGWORTH
FIN
DOSSIER
CHRONOLOGIE
13
L’auteur anonyme , qui écrit dans la
Saturday Review du 6 mai 1893, commence presque de
la même façon que William Archer en saluant le statut
de Wilde dans le monde de la création dramatique, avec
cependant un peu moins d’enthousiasme :
BIBLIOGRAPHIE
ÉDITIONS
WILDE,
Oscar, Works, Robert Ross éd., Londres, Methuen,
1908, 14 vol.
—, Complete Works, Merlin Holland, éd., Londres,
Collins, 1994.
—, The Importance of Being Earnest and Other Plays, Peter
Raby éd., Oxford, Oxford University Press, « Oxford
World’s Classics », 1995.
TRADUCTIONS FRANÇAISES
WILDE, Oscar, Théâtre, traduction d’Albert Savine, Paris,
Stock, 3 vol., 1910-1911.
—, Théâtre, traduction de Guillot de Saix, Paris, Denoël,
1954.
—, Une femme sans importance, traduction de Jean-
Michel Déprats, dans Œuvres, Jean Gattégno éd.,
introduction générale de Pascal Aquien, notice et
notes de Marie-Claire Pasquier, Paris, Gallimard,
« Bibliothèque de La Pléiade », 1996.
—, Œuvres, préface et notices de Pascal Aquien, Paris,
Le Livre de Poche, « La Pochothèque », 2000.
—, Une femme de nulle importance ; Un mari idéal,
traduction de Michel Borel, Paris, L’Amandier, 2006.
—, Quatre comédies, traduction de Pierre Laville, Arles,
Actes Sud, 2007.
CORRESPONDANCE
AQUIEN,
Pascal, Oscar Wilde, les mots et les songes, Paris,
Aden, 2006.
BADINTER, Robert, C.3.3., précédé de Oscar Wilde ou
l’injustice, Paris, Actes Sud, 1995.
DARCOS, Xavier, Oscar a toujours raison, Paris, Plon, 2013.
ÉTUDES CRITIQUES
SITES INTERNET
N.B. Dans la pièce, les mots en italiques, suivis d’un astérisque, sont en
français dans le texte original.
PERSONNAGES
ACTE I
ACTE II
(20) « On me dit que de nos jours, tous les hommes mariés vivent
comme des célibataires, et tous les célibataires comme des hommes
mariés » : Lady Narborough fait la même observation dans Le Portrait de
Dorian Gray (chap. XV).
(21) « Ernest » : on retrouve le même prénom, avec ses connotations de
sérieux, dans L’Importance d’être constant.
(22) « Mari Idéal » : Wilde pense peut-être déjà à sa comédie suivante,
Un mari idéal.
(23) « On dit que vous n’avez ni ruines, ni curiosités » : cette
plaisanterie sur le compte des Américains se trouve déjà dans Le Fantôme
des Canterville (chap. V).
(24) « […] une Exposition d’ouvrages en acier, dans cet endroit qui a
un nom si curieux » : allusion à la Grande Exposition universelle de
Chicago (mai-novembre 1893). Le nom de la ville, d’origine indienne,
n’avait pas encore une consonance tout à fait familière pour certains
Anglais.
(25) « Lord Henry Weston » : peut-être une allusion à Lord Henry
Wotton, l’ami de Dorian Gray.
(26) « […] le Bien, cette colonne de feu, et Le Mal, cette colonne de
nuage » : cette interprétation fausse la lecture de l’épisode où les Juifs
sortent d’Égypte sous la conduite de Moïse. Le texte biblique (Exode, XIII,
21) dit seulement : « Yahvé marchait avec eux, le jour dans une colonne de
nuée pour leur indiquer la route, et la nuit dans une colonne de feu pour
les éclairer, a n qu’ils puissent marcher de jour et de nuit. »
(27) « Puisque vous êtes debout […] » : cette remarque incongrue de
Lady Caroline met un terme comique aux propos passionnés d’Hester, à son
« petit réquisitoire ».
(28) « Il ne fait rien » : c’est l’activité essentielle du dandy. Mais on
comprend qu’il ne s’agit ici que d’une posture, puisque Lord Illingworth
envisage une carrière de diplomate et qu’il a besoin d’un secrétaire
particulier.
(29) « Avec de la paille dans les cheveux » : ce détail dénote la folie.
(30) « C’est là sa tragédie » : Algernon reprendra ce trait d’esprit dans
L’Importance d’être constant (acte I).
(31) « Six cents livres par an » : il s’agit d’une somme relativement
importante à l’époque, dont l’équivalent actuel serait entre 25 000 € et
30 000 €.
(32) « […] dans sa pitié ou sa colère » : la n de cette réplique de
Mrs. Arbuthnot contient des allusions bibliques, comme l’épisode où Achab
s’empare de la vigne de Naboth (I Rois, XXI, 2-16), et la parabole du riche
qui dérobe au pauvre sa seule brebis pour nourrir un visiteur
(II Samuel, XII, 1-4).
ACTE III
(33) Cet éloge de la « jeunesse » par Lord Illingworth rappelle celui de
Lord Henry dans Le Portrait de Dorian Gray (chap. II).
(34) « […] les femmes sont le triomphe de la matière sur l’esprit — au
même titre que les hommes sont le triomphe de l’esprit sur la morale » :
pour Robert Merle, ce mot d’esprit relève de la catégorie de la fausse
antithèse : cette dernière, « vraie et fausse à la fois comme le faux
quiproquo — nous joue le mauvais tour, en e et, de nous laisser prévoir que
le second membre va répéter le premier membre, alors que précisément il ne le
répète pas. En un mot, elle nous tend une chaise, et juste au moment où
nous allons nous asseoir, elle nous la retire » (Robert Merle, Oscar Wilde,
Paris, Hachette, 1948, p. 378).
(35) « Le registre de la noblesse » : il s’agit de Debrett’s Peerage,
Baronetage, Knightage and Companionage, une espèce de Bottin mondain
contenant les noms, les titres et alliances de la noblesse anglaise.
(36) « Dorcas » : c’est le nom d’une femme charitable qui faisait des
vêtements pour les pauvres aux premiers temps du christianisme (Actes des
Apôtres, IX, 36).
(37) « La Société de secours aux êtres humains » : cette société a été
prévue pour porter secours aux gens qui se noient.
(38) « Bimétallisme » : doctrine économique qui accepte l’argent aussi
bien que l’or pour servir d’étalon à la monnaie. C’est là un sujet technique
qui n’est pas nécessairement de nature à passionner Lady Stut eld.
(39) « Il est juste que les fautes des parents retombent sur les enfants » :
« Moi, Yahvé, ton Dieu, je suis un Dieu jaloux qui punis la faute des pères
sur les enfants, les petits-enfants et les arrière-petits-enfants pour ceux qui
me haïssent, mais qui fais grâce à des milliers pour ceux qui m’aiment et
gardent mes commandements » (Exode, XX, 5-6).
ACTE IV
ACTE I
ACTE II
ACTE III
ACTE IV
Préface
Dossier
Chronologie
Notice
Bibliographie choisie
Notes
Résumé
Copyright
Du même auteur
Présentation
Achevé de numériser
Éditions Gallimard
5 rue Gaston-Gallimard
75328 Paris cedex 07 FRANCE
www.gallimard.fr
Titre original :
A WOMAN OF NO IMPORTANCE
Traduction de la Bibliothèque de la Pléiade
© Éditions Gallimard, 1996, pour la traduction française ;
2022, pour la préface et le dossier.
Couverture : Photo © Quentin Bertoux / Agence VU (détail).
DU MÊME AUTEUR
GERALD
« Mère, dites-moi, à qui est ce gant ? Quelqu’un vous a
rendu visite. Qui était-ce ? »
Acte IV
Cette édition électronique du livre
Une femme sans importance d’Oscar Wilde
a été réalisée le 2 décembre 2021
par les Éditions Gallimard.
Elle repose sur l’édition papier du même ouvrage
(ISBN : 9782072868375 – Numéro d’édition :
359085).
Code Sodis : U29594 – ISBN : 9782072868399.
Numéro d’édition : 359087.