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LES CAVES DU

VATICAN

de André Gide
ANDRÉ GIDE
• André Gide nait en 1869 à Paris dans une famille de
la haute bourgeoisie protestante où il est fils unique.
• Élevé dans une atmosphère puritaine.
• Très tôt Gide fréquente des cercles littéraires où il
subit l'influence des symbolistes. Ses écrits de
jeunesse restent sans succès.
• Il participe à la vie littéraire (L'Hermitage avec Paul
Claudel, Henri Ghéon, Francis Jammes, Paul Valéry)
et fonde la Nouvelle Revue Française (NRF) où il
défend une école de la rigueur et du classicisme.
• En 1909, André Gide rompt avec Paul Claudel qui
avait espéré le convertir au christianisme.
• André Gide montre à la fois un désir de prendre parti dans les grands problèmes
de son époque (contre le colonialisme, pour le pacifisme et le communisme.)
• Son enthousiasme pour le communisme s'éteint dans la douleur après son voyage
en URSS qui l'amènera à dénoncer le stalinisme (1936).
• Lors de l'occupation allemande, Gide séjournera sur le continent africain.
• Bien qu'étant classique dans son style, André Gide rejette tout conformisme dans
les idées.
• Sa personnalité est complexe, à la fois sensible et puritaine, tourmenté par le doute
et l'inquiétude. Il refuse toute servitude familiale, sociale, religieuse pour mieux
vivre dans l'instant et renaître chaque jour.
• Il reçoit le prix Nobel de littérature en 1947.
• Il meurt à son domicile parisien le 19 février 1951, à l'âge de 81 ans, des suites
d'une congestion pulmonaire.
ŒUVRES PRINCIPALES
• Nourritures terrestre (1897)
• Le Prométhée mal enchaîné (1899)
• L’immoraliste (1902)
• La porte étroite (1909)
• Symphonie pastorale (1919)
• Si le grain ne meurt (1926)
• L’école des femmes (1929)
L’ŒUVRE
• Terminée en juin 1913, l’œuvre est publiée en 1914 après être parue en 4
épisodes sur «La Nouvelle Revue Française».
• Gide fu tout de suite accusé d’avoir copié l’idée du suisse Jean de Pauly qui
avait écrit un roman (publié en 1895) où un voleur demande de l’argent pour
restaurer le vrai pape et éloigner le faux qui occupait le trône romain.
• Gide au contraire affirme de n’avoir jamais lu le livre du suisse et d’avoir été
inspiré par un fait divers tiré d’un journal du 1892 (quand la nouvelle du faux
emprisonnement de Léon XIII avait fait beaucoup de bruit à tel point que la
bonne société de l’époque avait versé des sommes considérables pour aider à
la délivrance du pape).
LE GENRE
1) L’œuvre fut annoncée d’abord comme «ROMAN D’AVENTURES».
2) Jugée insuffisante, la première définition fut remplacée par celle de «SOTIE».

À la fin du Moyen Âge, les soties étaient des pièces parodiques / burlesques / satiriques
jouées par des acteurs appelés SOTS (=idiots) ou ENFANTS-SANS-SOUCI, habillés de
jaune et de vert et coiffés d’un chapeau orné d’oreilles d’âne. Ces pièces devaient
montrer les contradictions de la société à travers les tournures en ridicule de fous.
Déjà au Moyen Âge un des sujets les plus aimés des soties était la scène de l’élection du
pape.
Pour cette double raison (1+2) l’œuvre peut être considérée une CARICATURE DES
ROMANS D’AVENTURES.
Donc le genre et le style choisis veulent avant tout faire rire (mais rire pour raisonner).
LA STRUCTURE DE L’ŒUVRE
• Le roman est composé par 5 livres, chacun desquels est dédié à un des personnages
principaux:

• Livre premier: Anthime Armand-Dubois 2 livres introductifs --> Gide introduit


• Livre deuxième: Julius de Baraglioul les personnages et le contexte

• Livre troisième: Amédée Fleurissoire


• Livre quatrième: Le Mille-pattes (=millepiedi) = Protos
• Livre cinquième: Lafcadio
La sotie de Gide est jouée autour de personnages-types. L’action n’a pourtant pas un développement
logique mais compte des épisodes construits autour des personnages et du thème.
Gide devient ici le narrateur omniscient qui fait sans arrêt irruption pour casser l'illusion romanesque.
• L’intrigue est particulièrement embrouillée (les évènements des vies des différents personnages se
superposent) et parfois décousue (le lecteur doit déduire les liens entre les différentes scènes).
• Gide ne veut pas raconter une histoire mais avant tout exposer les thèmes proposés par l’intrigue.
• Le roman abonde en situations invraisemblables => caricature des romans d’aventures
• Le dialogue caractérise le texte => presque comme dans une pièce théâtrale (influence de la sotie)
• Après la lecture du livre on peut considérer Amédée Fleurissoire et Lafcadio Wluiki les deux
personnages principaux.
• Amédée est un personnage caricatural, ridicule, tout occupé dans une prétendue Croisade (qui en
réalité est une escroquerie).
• Jeune homme aventurier et impétueux, Lafcadio est un personnage masochiste et séduisant qui
incarne le mythe du bâtard autant que promesse vivante de liberté.
• Lafcadio est le seul personnage dont Gide nous décrit en détail la psychologie.
RÉSUMÉ
• Livre premier:
L’an 1890, sous le pontificat de Léon XIII, le boiteux Anthime Armand Dubois, savant athée,
matérialiste et franc-maçon déménage à Rome pour consulter un médecin spécialiste.
En 1893, année du Jubilé, son beau-frère, Julius de Baraglioul, romancier bien pensant et de
valeur médiocre, le rejoint à Rome. Les deux hommes sont toujours en désaccord à propos de
religion. Anthime parfois est blasphème.
Ayant appris que sa femme mettait pour lui des cierges à la statue de la Madone au coin de la
rue, Anthime s’enrage et détache d’un coup de béquille la main de l’innocente statuette.
Mais la Madone, apparaît en rêve à M. Anthime et le guérit miraculeusement de sa sciatique. Il
se convertit et il abjure solennellement ses erreurs à l’Eglise.
Mais il est ruiné puisque ses capitaux sont engagés dans une affaire dont le succès dépend de
la franc-maçonnerie et puisqu’il doit renoncer à sa collaboration aux journaux avancés qui lui
avaient apporté une certaine renommée. Mais on lui promet du côté catholique des
compensations.
• Livre deuxième: (intitulé “Julius de Baraglioul”, mais en fait consacrée à Lafcadio Wluiki)
M. Julius de Baraglioul, rentre à Paris. Son dernier roman spiritualiste n’a pas été apprécié. Sa
candidature à l’Académie ne va pas non plus. De plus son beau-frère Anthime n’a pas encore
obtenu les compensations promises par l’Église. Il commence à mettre en doute la valeur de la
protection du clergé.
Julius reçoit une lettre où son vieux père l’envoie à la recherche d’un jeune bohème nommé
Lafcadio Wluki, et qui n’est autre qu’un fils bâtard du vieillard; ancien diplomate, le comte Jules-
Agénor de Baraglioul avait connu la mère de Lafcadio à Bucarest.
Julius trouve son frère naturel dans un hôtel, où il vivait avec une certaine Carola.
Lafacdio apprendra de la bouche du comte qu'il est son fils et hérite d'une partie de sa fortune.
Lafcadio est un être spontané, désintéressé, épris de liberté avant tout, mais impulsif et
excentrique et qui paraît manquer de la maîtrise de soi-même. Très intelligent, il comprend tout
de suite qu’il est le fils du vieux comte: celui-ci le reçoit, s’attendrit un instant, lui accorde une
part d’héritage, mais l’exclut de la famille.
Dans la rue Lafcadio sauve deux enfants en danger dans un incendie. Une charmante jeune fille
a été témoin de ce sauvetage héroïque: c’est Mlle Geneviève de Baraglioul, fille de Julius.
Lafcadio raconte sa vie à Julius qui le considère comme un original. Lafcadio déclare en outre
qu’il est «un être d’inconséquence».
• Livre troisième:
La Comtesse de Saint Prix (sœur de Julius), veuve solitaire et dévote vit aux environs de Paris. Un
chanoine recommandé par un cardinal se présente à la comtesse comme chargé d’une mission
ultra-secrète.
Le secret qu’il confie c’est que le pape, à la suite de deux encycliques anti-maçonniques, a été
enlevé du Vatican et emprisonné dans les cachots du Château Saint Ange par les francs-maçons.
Il a été remplacé par un faux pape qui exerce imperturbablement le ministère pontifical. Mais la
terreur qu’inspire la maçonnerie est telle que personne n’ose rependre la voix d’autant plus que
toute insinuation de la vérité serait catégoriquement démentie par les personnages les plus
puissant du clerc.
Deux cent mille francs sont donc nécessaires pour corrompre le geôlier et délivrer le pape.
Cette histoire paraît extrêmement vraisemblable à la comtesse de Saint Prix. Elle verse soixante
mille francs au soi-disant chanoine, qui est en réalité un certain Protos, ancien camarade de
pension de Lafcadio Wluiki.
Mais la Comtesse ne garde pas le silence. Elle raconte tout à Mme Fleurissoire (sœur de la
femme d’Anthime et de la femme de Julius). Et Mme Fleurissoire raconte tout à son mari.
Mais l’homme, Amédée Fleurissoire, part immédiatement pour Rome. Amédée est un pauvre
homme faible et grotesque, ayant promis à son meilleur ami, amoureux comme lui de la future
Mme Fleurissoire, qu’il se contenterait d’un mariage blanc.
Amédée arrive à Rome et il est tout de suite proie de la bande qui a organisé l’escroquerie de la
délivrance du pape. L’un des affiliés, jouant le rôle de “facchino”, s’offre de le conduire dans un
hôtel paisible et le mène dans une maison malfamée des bords du Tibre, où sa vertu est vaincue
par les séductions d’une femme, Carola (avec qui Lafcadio cohabitait naguère à Paris, et qui
congédiée par lui, a émigré à Rome où elle est gouvernée par Protos).
Protos, lui aussi déménagé à Rome, prend pour Amédée l’aspect d’un vieux curé à connaissance
de la captivité du pape. Se moquant de lui sans pitié, il le présente à Naples à un faux archevêque
(action destinée à détourner les soupçons). On avue à Amédée que la situation est
particulièrement difficile: en effet, les jésuites ne sont pas moins hostiles que les francs-maçons à
la libération du vrai pape. Le faux archevêque, pour souligner la gravité de l’affaire, le charge de
retirer l’argent d’un chèque bancaire, que l’homme d’église, selon ses dires, ne pouvait retiré
personnellement à cause de la surveillance des francs-maçons.
Toute cette partie est d’un énorme comicité: elle éclate des ruses et artifices conçus par Protos
pour détourné Amédée de la vérité.
Mais la conscience d’Amédée sont troublées par le remords. Cette croisade pour la libération du
pape réclamait un serviteur sans tache dans les idées d’Amédée qui maintenant se trouve
corrompu par la nuit d’amour avec Carola.
Carola s’est prise de tendresse pour Amédée et lui conseille de se méfier de ce bon curé (qui en
lité est Protos).
Amédée n’y comprend plus rien. Mais cela ne le surprend pas.
Il rencontre, place Saint Pierre, son beau-frère Julius, mais un Julius changé: il se demande, donc,
si c’est le vrai Julius, ou si les francs-maçons n’ont pas opéré encore une autre substitution. A la
suite d’une audience au Vatican, où il n’a rien gagné et où il s’est tenu si bien agénouillé qu’il n’a
pas pu voir le pape, Julius n’a pas pu intercéder pour le pauvre Anthime. C’est alors qu’Amédée
lui révèle que le pape qui lui a donné cette audience n’est pas authentique. Julius écarte cette
nouvelle, non comme fausse, mais comme gênante.
• Livre quatrième:
Lafcadio ayant touché l’héritage de 40.000 francs de rente que lui a laissé son père, décide de
partir pour un long voyage, uniquement par désœuvrement et ennui, et pour se prouver qu’il est
libre.
Amédée retire l’argent pour l’évêque et part pour le lui rendre.
Dans le train Rome-Naples, Amédée Fleurissoire entre dans le compartiment de Lafcadio et
s’assied en face de lui. Les deux hommes ne se connaissent pas.
Dans la cabine, Lafcadio fait semblant de dormir et essaye de s’imaginer Fleurissoire, qui cherche
à ajuster la lumière du compartiment, se lève pour enlever sa veste, réajuste péniblement son col.
Fleurissoire s’approche alors de la portière afin de s’aider du reflet pour mettre sa cravate. L’idée
de se débarrasser de cet encombrant personnage traverse alors l’esprit de Lafcadio.
Brusquement, il le précipite par la portière. Pourquoi ce meurtre? Pour rien. Lafcadio a voulu
commettre un acte libre et contingent. Sa raison était qu’il n’avait pas de raison. Ajoutez-y le goût
de la dissimilation et du risque, le désir d’embarrasser la police qui né pourra retrouver le motif
du crime, puisque le crime sera immotivé…
Sur le train reste le manteau d’Amédée avec l’argent caché dans la poche.
• Livre cinquième:
Pourtant ce crime a de grosses conséquences. Julius (à qui Amédée avait confié le secret de la
substitution du pape) est convaincu que son beau-frère Amédée est mort assassiné par les sicaires des
francs-maçons. Il en déduit qu’il est bien dangereux de savoir tant de choses, et comme il a des
meilleures nouvelles de sa candidature académique, il revient vite à la foi et bientôt il oubliera qu’il
l’avait quittée.
Inversement, Anthime Armand Dubois, mis au courant, s’enrage et menace de vendre la mèche. De plus
il n’a pas touché la récompense prévue pour son abjure! Ainsi la même révélation qui ramène Julius à la
religion, en détourne définitivement Anthime, dont les douleurs aux jambes ont reparu, l’efficacité du
miracle étant épuisée. Il rentre à la loge et dans la presse anticléricale.
Protos, témoin de l’assassinat (puisqu’il suivait de loin Amédée), prétend faire chanter Lafcadio et le
faire entrer dans sa bande criminelle. Lafcadio refuse. Mais Protos, dénoncé par Carola qui le croit
l’assassin d’Amédée Fleurissoire, étrangle cette fille par vengeance: il est arrêté et inculpé aussi de la
mort de Amédée.
Que fera Lafcadio? Doit-il se dénoncer et innocenter Protos? Doit-il, comme le lui suggère Julius, se
réfugier dans la foi? Mais, au fond, il sait qu’il ne fera rien du tout cela. Geneviève de Baraglioul n’a pas
cessé de l’aimer depuis leur première rencontre: elle l’aime de plus en plus malgré son crime: elle se
donne à lui.
Le roman ne finit pas. M. André Gide annonce une suite qui n’arrivera pas.
THÈMES
• Une attaque en règle du CATHOLICISME ‘’bon ton’’ du début du XXe siècle et des bien-pensants.
Anthime incarne ainsi l’absurdité d’une foi liée uniquement aux évènements extérieurs, que l’on
récupère pour mieux la rejeter.
- C’est l’intérêt qui mène les hommes.
- La conversion et la dé-conversion au catholicisme de Anthime ouvrent et ferment le livre

• Parmi les thèmes abordés il y a l‘ACTE GRATUIT, thème emprunté au philosophe Nietzsche et à
l'écrivain russe Dostoïevski.
Ex: Lafcadio, jeune aventurier lassé du monde, commet dans un train un crime parfait puisque sans
mobile rationnel: il jette par la fenêtre un homme sans autre motif que celui d'exercer sa liberté. Un
tel acte gratuit serait une façon de prouver son détachement des déterminismes et une forme de
liberté.
THÈMES

le crime de Lafcadio => une dissertation/réflexion sur la notion de LIBERTÉ.


Liberté de conscience face à la religion et aussi liberté qui s'affirme par le crime.
L’attirance pour le crime est analysée par l'auteur en des termes qui rappellent les études
psychiatriques modernes.
Lafcadio, à ce moment du récit, a décidé de rompre toute attache avec la vie dans laquelle il
commençait à s’insérer.
• S'ensuit une réflexion sur le thème de la JUSTICE => à la fin du roman l’immoralisme et
l’injustice triomphent.
• Opposition ‘’BARAGLIOUL Vs LAFCADIO’’
Gide oppose les âmes faibles, soumises aux traditions et aux dogmes religieux, à Lafcadio, être
pur et libre, qui n'est pas "embaraglioulé". À travers Lafcadio, Gide fait l’éloge de la bâtardise qui,
à son avis, rend libre: on échappe à la famille, considérée comme détestable.

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