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UE HI00302T « Histoire de la France moderne » Année 2022-2023

Licence 2, Semestre 1 – Université Toulouse 2 Jean Jaurès

TEXTES DES DEUX PREMIERES SEANCES DE TD


Groupe 2, Mardi (14h-18h)

Une famille angevine dans la deuxième moitié du XVIIe siècle

Mon mariage
Il y avait déjà cinq à six ans que j'avais étudié mon droit. Les malheurs qui me menaçaient tous
les jours de perdre la vie étant garçon, étaient un grand point à me faire résoudre de me retirer. Je
fis recherche de plusieurs filles. Enfin, par une aventure imprévue et où je songeais le moins, des
parents de ma [future] femme me parlant de choses et d'autres, après m'avoir parlé de plusieurs
filles, me parlèrent enfin de ma femme. Ses parents, particulièrement sa grand-mère où elle
demeurait, y consentirent. Mais la demoiselle, ou qu'elle eût d'autres inclinaisons, ou autre chose,
n'y pouvait consentir. Enfin, M. Civrel, le notaire, en parla avec sa mère et son père, le 15 mai, ce qui
la fit résoudre. […] l'on conclut mon contrat et on le signa le 23 de mai 1667 et j'épousai le 29 dudit
mois Melle Grézil. Elle était née du 2 juin 1642. Elle avait son père, qui avait été marchand de soie et
consul, et sa mère. Son père se nommait François Grézil, et sa mère, Marie Belot. Son grand-père
paternel était apothicaire et son grand-père maternel vivait de ses rentes et se nommait Isaïe Belot.
Ma femme avait deux frères, l'un, l'aîné, avocat en parlement, se nommait François.
Chute de ma femme
Le 28 janvier [1668], ma femme tomba et on la crut blessée1.
Naissance de ma fille aînée
Le 8 mars 1668, ma femme accouche assez heureusement d'une fille, sur les trois quarts
d'heure, il n'était pas encore une heure, après minuit, le mercredi. Et le jeudi, elle fut baptisée à Saint-
Maurille [paroisse d'Angers] par M. le curé Le Gendre, à deux heures après midi. Son parrain fut mon
beau-frère Daburon ; sa marraine fut Madame Belot, grand-mère de ma femme, qui se vit deux fois
grand-mère, et elle la nomma Marie. Dieu la conserve en état de grâce et lui donne sa sainte
bénédiction ! Elle fut le lendemain envoyée en nourrice à Beaulieu, chez la fille de ma nourrice. Le
25 avril, ma femme releva et M. le chantre de Saint-Maurille, l'amessa2.
Naissance de mon fils aîné
Le 23 février 1669, en onze heures de nuit, ma femme accoucha d'un fils qui fut baptisé à Saint-
maurille par M. le curé Gilllot le 25 du même mois, et fut nommé Jean-Baptiste par M. Grézil, mon
beau-père, et ma sœur Daburon qui furent parrain et marraine. Dieu lui fasse la grâce d'être honnête
homme ou lui donne plutôt une belle mort ! Il fut le lendemain envoyé en nourrice chez la Croix-
Cachet, meunier à Barré3 et j'ai allé par un mauvais temps, pluvieux et venteux.

1
Faire une fausse-couche.
2
Célébrer les relevailles d'une femme après son accouchement, en disant la messe devant elle, à son
intention.
3
Pont-Barré, paroisse de Saint-Lambert-du-Lattay, à 25 km au sud d'Angers, où se trouve aussi la terre de la
Cléraudière.
Le 13 mai 1669, ma femme releva et M. Guérin, chantre de Saint-Maurille, lui lu la messe audit
Saint-Maurille.
Mort de mon fils Jean
Le 13 avril, entre neuf et dix heures du matin, mon fils Jean-Baptiste mourut et fut enterré à la
chapelle de Beaulieu, dans la fosse de nos prédécesseurs, par M. Todon curé.
Naissance de ma fille Anne
Le cinquième jour de mai 1670, ma femme accoucha à six heures lundi matin, d'une fille qui
fut baptisée le lendemain à Saint-Denis [paroisse d'Angers]. Son parrain fut M. Charles Jannaux, sieur
de la Pépinière, avocat au siège présidial de cette ville, et sa marraine damoiselle Marie Belot, femme
du noble homme François Grézil, mon beau-père. Elle fut nommé Anne. Dieu lui donne sa sainte
bénédiction et la vie dernière !
Naissance de mon fils René Jean
Le 10 septembre 1671 ma femme accoucha, le lundi, entre onze heures et minuit, d'un garçon
qui fut, le lendemain, baptisé à Saint-Denis et fut nommé René Jean par M. Brécheux conseiller au
présidial, et par Mlle ma belle-sœur renée Neil, femme du frère aîné de ma femme.
Sa mort
Le lendemain porté en nourrice à Soulaines, il n'y vécut qu'un jour et fut enterré audit Soulaines
le 13e jour de dimanche dudit mois 1671.
Naissance de mon troisième fils Jean
Le douzième juillet 1673, ma femme accoucha, quatre heures du matin sonnant, d'un garçon
qui fut baptisé à Saint-Denis et fut nommé Jean par mon beau-frère François Grézil l'aîné et par
damoiselle Marie Andrault, femme de mon cousin de La Pépinière Jannaux et porté le lendemain en
nourrice dans la paroisse Saint-Lambert dans la métairie de Malitourne. Dieu lui donne sa sainte
bénédiction et bonne vie, plutôt la belle mort. Le 23 juillet, ma femme releva à Saint-Denis où elle fit
dire la messe à son intention.
Naissance de mon fils Pierre
Le 12 janvier 1675, demi-heure après minuit, ma femme accoucha d'un garçon qui fut baptisé
à Saint-Denis par M. le curé Chesneau. […] Dieu lui donne sa sainte bénédiction et le fasse honnête,
ou plutôt la belle mort ! Il fut envoyé le lendemain en nourrice.
Retour de nourrice de mon fils Jean
Et le jour même, mon fils Jean fut ramené de nourrice, gros et gras. Dieu le fasse bon ou plutôt
la belle mort !
Le premier jour de mai 1676, l'on m'apporta mon fils Pierre de nourrice.
Mort de mon fils Pierre
Le 4 septembre 1679, mon fils Pierre trépassa à huit heures du soir et fut inhumé au cimetière
de Saint-Michel, tout proche de la grande croix. Qu'il me fasse la grâce de prier Dieu pour moi ! Il
était âgé de cinq ans passés.
Naissance de mon second fils Pierre
Le 29 octobre 1681, ma femme accoucha d'un garçon, à cinq heures du matin, lequel fut
baptisé à Saint-Michel-du-Tertre [paroisse d'Angers] par M. Maudoux, curé dudit lieu, et nommé
Pierre par mon beau-frère Etienne Grézil et ma fille Marie, l'aînée, ses parrain et marraine. Et fut
envoyé le vendredi suivant, dernier dudit mois, en nourrice à Ecouflant.
Sa mort
Le mardi 4 novembre 1681, mon fils Pierre ci-dessus nommé mourut à trois heures du matin
et fut inhumé au cimetière dudit Ecouflant où il était en nourrice, proche de la grande croix du lieu.
Le 7 mai 1682, ma femme fit une fausse couche, sans qu'elle eût pu douter de s'être blessée
qu'en éternuant.
Accouchement de ma femme
Le jeudi 20 mai 1683, ma femme accoucha à 9 heures sonnant, d'une fille qui fut le lendemain
baptisée à Saint-Michel-du-Tertre et fut nommée Perrine par mon fils Jean et ma fille Anne. Et fut le
lendemain 22 envoyée en nourrice.
Mort de ma fille Perrine
Le 15 juin 1684, ma fille Perrine mourut à Ecouflant, où elle était en nourrice.
Le 8 août 1701, décéda Marie Grézil, épouse de Maître Pierre Audouys, sieur de la Cléraudière,
et le lendemain fut inhumée dans le cimetière de Saint-Maurille.

Source : F. LEBRUN, « Une famille angevine sous l'Ancien Régime d'après son « papier mémorial » »,
Annales de Bretagne et des Pays de l'Ouest, 1975, n° 82 [http://www.persee.fr/doc/abpo_0399-
0826_1975_num_82_1_2759].

Bibliographie : J. DUPÂQUIER dir., Histoire de la population française, t. II, Paris, PUF, 1988 ; M.
FOISIL, « La littérature de l’intime », dans ARIES Philippe et DUBY Georges dir., Histoire de la vie
privée, t. III, De la Renaissance aux Lumières, Paris, Seuil, 1986 ; S. MOUYSSET, Papier de famille.
Introduction à l’étude des livres de raison (France, XVe-XIXe siècle), Rennes, PUR, 2007.
La peste à Marseille en 1720

Henri-François-Xavier de Belsunce de Castelmoron, par la Providence Divine, et la Grâce du


St-Siège Apostolique, Evêque de Marseille, Abbé de Notre-Dame des Chambons, Conseiller du Roi
en tous ses conseils : au Clergé séculier et régulier, et à tous les fidèles de notre Diocèse : Salut et
Bénédiction en notre Seigneur Jésus-Christ.
Malheur à vous et à nous, mes très chers Frères, si tout ce que nous voyons, si tout ce que nous
éprouvons depuis si longtemps de la colère d'un Dieu vengeur du crime, n'est pas encore capable
dans ces jours de mortalité de nous faire rentrer en nous-mêmes, de nous faire repasser dans
l'amertume de nos cœurs toutes les années de notre vie et de nous porter enfin à avoir recours à la
miséricorde du Seigneur, dont la main en s'appesantissant si terriblement sur nous, nous montre en
même temps la grâce qu'il ne veut accorder qu'à la sincérité de notre pénitence !
Ne s'est-il donc pas encore assez nettement expliqué par tant de fléaux divers réunis ensemble
pour punir le pécheur ? La rareté, la cherté excessive de toutes les choses nécessaires à la vie ; la
misère extrême et générale qui augmente chaque jour ; la peste enfin, la plus vive qui fut jamais,
annonce la ruine presque inévitable de cette grande ville ; une quantité prodigieuse de familles
entières sont totalement éteintes par la contagion ; le deuil et les larmes sont introduits dans toutes
les maisons ; un nombre infini de victimes est déjà immolé dans cette ville à la justice d'un Dieu irrité.
Et nous qui ne sommes peut-être pas moins coupables, que ceux de nos frères sur lesquels le
Seigneur vient d'exercer ses plus redoutables vengeances, nous pourrions être tranquilles, ne rien
craindre pour nous-mêmes, et ne pas faire tous nos efforts pour tâcher par notre prompte pénitence
d'échapper au glaive de l'Ange destructeur ? Sans entrer dans le secret de tant de maisons désolées
par la peste et par la faim, où l'on ne voyait que des morts ou des mourants, où l'on n'entendait que
des gémissement et des cris [...] ; de quels spectacles affreux vous et nous, pendant près de quatre
mois, n'avons-nous pas été et ne sommes-nous pas encore les tristes témoins ? [...] Nous avons vu
tout à la fois toutes les rues de cette ville bordées des deux côtés de morts à demi pourris, si remplies
de hardes et de meubles pestiférés, jetés par les fenêtres, que nous ne savons où mettre les pieds.
[...] Nous avons vu dans le même temps une infinité de malades devenus un objet d'horreur et
d'effroi, pour les personnes même à qui la nature devait inspirer pour eux les sentiments les plus
tendres et les plus respectueux, abandonnés de ce qu'ils avaient de plus proche, jetés
inhumainement hors de leurs propres maisons, placés sans aucun secours dans les rues parmi les
morts, dont la vue et la puanteur étaient intolérables. [...] Combien de fois aussi n'avons-nous pas eu
le sensible regret d'en voir expirer quasi sous nos yeux faute de secours ? Nous avons vu les maris
traîner eux-mêmes hors de leurs maisons et dans les rues les corps de leurs femmes, les femmes
ceux de leurs maris, les pères ceux de leurs enfants, et les enfants ceux de leurs pères, témoignant
bien plus d'horreur pour eux que de regret de les avoir perdus. Nous avons vu les corps de quelques
riches du siècle enveloppés d'un simple drap, mêlés et confondus avec ceux des plus pauvres et des
plus méprisables en apparence, jetés comme eux dans de vils et infâmes tombereaux, et traînés avec
eux sans distinction à une sépulture profane, hors de l'enceinte de nos murs ; Dieu l'ordonnant ainsi,
pour faire connaître aux hommes la vanité et le néant des richesses de la terre, et des honneurs après
lesquels ils courent avec si peu de terme. Nous avons vu, et nous devons le regarder comme la plus
sensible marque de la punition de Dieu, nous avons vu des prêtres du Très Haut, de toutes sortes
d'état, frappés de terreur, chercher leur sûreté dans une honteuse fuite, et un nombre prodigieux de
saints, de fidèles et infatigables ministres du Seigneur, être enlevés au milieu de nous, dans le temps
que leur zèle et leur charité héroïque paraissaient être le plus nécessaires pour les secours et la
consolation du pasteur, et pour le salut du troupeau consterné. Marseille, cette ville si florissante, si
superbe, si peuplée il y a si peu de mois, cette ville si chère, dont vous aimiez à faire remarquer et
admirer aux étrangers les différentes beautés, dont vous vantiez si souvent et avec tant de
complaisance la magnificence comme la singularité du terroir ; cette ville dont le commerce
s'étendait d'un bout de l'univers à l'autre, où toutes les nations même les plus reculées venaient
aborder chaque jour : Marseille est tout à-coup abattue, dénuée de tout secours, abandonnée de la
plupart de ses propres citoyens. [...] Quel étrange changement ? Et le Seigneur fit-il jamais éclater sa
vengeance d'une manière plus terrible et plus marquée tout à la fois ? N'en doutons pas, mes très
chers Frères, c'est par le débordement de nos crimes que nous avons mérité cette effusion des vases
de la colère et de la fureur de Dieu. L'impiété, l'irréligion, la mauvaise foi, l'usure, l'impureté, le luxe
monstrueux se multipliaient parmi vous : la sainte loi du Seigneur n'y était presque plus connue ; la
sainteté des dimanches et des fêtes profanée ; les saintes abstinences ordonnées par l'Eglise, et les
jeûnes également indispensables, violés avec une licence scandaleuse ; la voix du pasteur, celle de
cette même Eglise et ses formidables censures méprisées avec orgueil par quelques enfants rebelles
qui s'étaient témérairement érigés en arbitres et en juges de leur foi ; les temples augustes du Dieu
vivant devenus pour plusieurs des lieux de rendez-vous, de conversations, d'amusements ; des
mystères d'iniquité étaient traités jusqu'au pied de l'autel, et souvent dans le temps du Divin sacrifice;
le Saint des Saints était personnellement outragé dans le Très Saint Sacrement par mille irrévérences,
et par une infinité de communions indignes et sacrilèges; sans que tant de différentes calamités dont
il nous afflige peu à peu depuis quelques années, ayant pu faire réformer en rien une conduite aussi
criminelle. [...] A qui donc, dans des circonstances aussi terribles que celles où nous nous trouvons,
pouvons nous avoir recours pour apaiser la colère du Seigneur, et obtenir une guérison que nous ne
devons attendre que de lui seul, si ce n'est au divin Sauveur de nos âmes, notre médiateur auprès
du Père céleste? [...] Prosternés donc à ses pieds avec le sac et la cendre, implorons sa miséricorde,
et tâchons par notre sincère et prompt repentir de toucher de compassion pour nous son Cœur
adorable, qui a aimé les hommes, même ingrats et pécheurs, jusqu'à s'épuiser et se consumer pour
leur témoigner son amour. [...] En vue d'apaiser la colère de Dieu, et de faire cesser le redoutable
fléau qui désole un troupeau qui nous fut toujours si cher, pour faire honorer Jésus-Christ dans le
Très Saint Sacrement, pour réparer les outrages qui lui ont été faits par les indignes et sacrilèges
communions, et les irrévérences qu'il souffre dans ce mystère de son amour pour les hommes, pour
le faire aimer de tous les fidèles commis à nos soins, enfin en réparation de tous les crimes qui ont
attiré sur nous la vengeance du Ciel, nous avons établi et établissons dans tout notre diocèse la fête
du Sacré Cœur de Jésus, qui sera désormais célébrée tous les ans, le vendredi qui suit
immédiatement l'octave du Très Saint Sacrement, jour auquel elle est déjà fixée dans plusieurs
diocèses de ce royaume, et nous en faisons une fête d'obligation que nous voulons être fêtée dans
tout notre diocèse. [...]
Donné à Marseille, le 22 octobre 1720,
signé, Henri, évêque de Marseille.

Source : Mandement de l’évêque H.F.X. de Belsunce, 22 octobre 1720.

Bibliographie : Régis BERTRAND, Henri de Belsunce (1670-1755). L’évêque de la peste de Marseille,


Marseille, 2020 ; Jean-Noël BIRABEN, Les hommes et la peste en France et dans les pays
méditerranéens, Paris-La Haye, 2 vol., 1975-1976 ; Jacqueline BROSSOLET, Henri MOLLARET,
Pourquoi la peste ? Le rat, la puce et le bubon, Paris, Découverte Gallimard, 1994 ; Ch. CARRIERE, M.
COURDURIÉ, F. REBUFFAT, Marseille, ville morte. La peste de 1720, Marseille, 1968 ; Françoise
HILDESHEIMER, Fléaux et société : de la Grande Peste au choléra, XIVe-XIXe siècles, Paris, Hachette
Supérieur, 1993 ; François LEBRUN, Médecins, saints et sorciers aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris,
Temps Actuels, 1983.
Une seigneurie dans la Bresse en 1773

Aveu et dénombrement de la terre et seigneurie de Pont de Veyle en Bresse, anciennement


érigée en titre de comté, membres et dépendances qui sont Biziat, Bey, Cormoranche, Cruzille,
Grièges, Laiz, Mépillat, St Jean des Aventures, St Julien sur Veyle, St André d’Huiriat, les hameaux
appelés de Jacques et de Namarie, paroisse de Vonnas4, mouvant en fief de Sa Majesté à cause de
son pays de Bresse pour ce qui est en fief noble, que donne au Roi et à Nos seigneurs de la Chambre
des Comptes de Bourgogne et Bresse, à raison de ladite mouvance, Dame Élisabeth Thérèse
Marguerite Chevalier, épouse et procédant de l’autorité de Mre Charles Louis de Pressat de
Marestan, comte d’Esclignac [...].
Ancien château : De ladite seigneurie dépend un viel château situé dans la ville de Pont de
Veyle, dont il ne reste aujourd’hui qu’une grosse tour carrée servant de prison [...].
Château moderne : Un château bâti à la moderne près la ville de Pont de Veyle dans une
presqu’île, dont l’enceinte est fermée par la grande et petite rivière de Veyle, consistant en
appartement, chapelle, colombier, écuries et remises, et joignant ce château, sont un jardin, verger,
terre labourable, pré, vigne haute et promenade [...].
Droits seigneuriaux : Appartient à ladite Dame à cause de la seigneurie, la justice haute,
moyenne et basse [...], ladite justice ressortissante au bailliage de Bourg. Item le droit exclusif de
nommer les officiers de ladite justice tels que juge, châtelain, greffier, curial, procureurs postulants
et deux sergents [...]. Dans le droit de nommer des messiers, gardes chasse et pêche, gardes
forestiers [...]. Dans le droit d’amende qui sont occasionnées par crime, délit, quasi délit, chasse et
pêche, lesdites amendes prononcées par le juge châtelain du comté plus ou moins fortes suivant
l’exigence des cas [...].
Droits généraux : En un droit de langue par chaque grosse bête qui se tue dans l’étendue du
comté, lesquelles sont portables au château de Pont de Veyle à peine de frais. En un droit de leyde
dans la ville et faubourgs dudit Pont de Veyle qui consiste à percevoir chaque jour de foire qui s’y
tiennent deux sols par chaque tête de grosse bête et trois deniers par chaque tête de mouton qui s’y
vendent ; à exiger un sol de chaque marchand tenant banc [...]. Dans le droit exclusif de chasse et
pêche dans toute l’étendue du comté [...].
Arrières fiefs : Item appartient à ladite Dame la suzeraineté sur les arrières fiefs cy après
rapportés mouvant de ladite seigneurie, savoir sur l’arrière fief appelé de la Falconnière située en la
paroisse de St André d’Huiriat [...], sur l’arrière fief de Marmont situé en la paroisse de Vonnas [...],
sur l’arrière fief de Monspey.
Rentes nobles : Item appartient à ladite Dame à cause de sa seigneurie les rentes nobles [qui
consistent] en cens et tailles, qui se perçoivent en gros, deniers, sols, oboles, poules, noix, seigle et
froment, sur les maisons, cours, jardins, prés, terres, bois et vignes, lesdits cens emportant lods et
ventes à raison du sixième denier, payables et portables, tel que le tout est énoncé en un cahier en
forme de terrier contenant les reconnaissances des censitaires [...]. Lesquelles rentes nobles cy
dessus produisent annuellement sept à huit cents livres suivant le prix des denrées [...].

Source : Archives départementales de la Côte-d’Or, B 11 111, publié par A. ABBIATECI et P.


PERDRIX, Les débuts de la Révolution dans les pays de l’Ain (1787-1790), Bourg-en-Bresse, 1989, p.
40-42.

4
Actuel département de l’Ain. Ces paroisses représentent une population totale d’environ 7 000
habitants.
Bibliographie : Benoît GARNOT, Les campagnes en France aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Paris,
Ophrys, 1988 ; Jean GALLET, Seigneurs et paysans en France. 1600-1793, Rennes, Éditions Ouest-
France, 1999 ; Jean-Paul GUTTON, La sociabilité villageoise dans l’ancienne France. Solidarité et
voisinage du XVIe au XVIIIe siècle, Paris, Hachette, 1979 (réédition Folio) ; Pierre GOUBERT, La vie
quotidienne des paysans français au XVIIe siècle, Paris, Hachette, 1982 ; Marcel LACHIVER,
Dictionnaire du monde rural. Les mots du passé, Paris, Fayard, 1997 ; Marcel MARION, Dictionnaire
des institutions de la France aux XVIIe et XVIIIe siècles, Paris, Picard, 1923.

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