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II) Après les camps de la mort et la bombe atomique : le rêve détruit des Lumières

1) Effets des deux Guerres Mondiales

Les photos (fiche de cours p. 4 et ci-dessous) parlent malheureusement d’elles-mêmes.

2) Critique de l’idéologie du Progrès

Analysant les raisons qui ont conduit à l'émergence de l'idée de progrès et celles qui sont la cause de son
déclin, le philosophe Michel Lacroix situe le point de rupture au début du XXe siècle. Il estime en effet que
depuis les fondements de la religion juive (Ve siècle av. J.-C.) jusqu'à Marx et Darwin (XIXe siècle), les
conceptions du progrès ont en commun une même dialectique de la transformation du mal en bien
(théodicée) mais que ce paradigme prend fin aux lendemains de la Première Guerre mondiale. Selon lui,
quatre facteurs étroitement corrélés constituent la cause de cette rupture :

1. l'effondrement de l'idée de totalité : les conceptions du monde holistes et les grands récits
s'effacent au profit de prises de position spécifiques et parcellaires, indépendantes les unes des
autres et considérées comme aussi pertinentes les unes que les autres (« tout se vaut ») ;
2. une nouvelle façon de vivre le mal : les tueries en masse, par leur ampleur même, et les
génocides, par leur cruauté extrême, constituent des « impensés », des « scandales absolus,
impossibles à maîtriser par la dialectique » du bien et du mal ;
3. la naissance d'une « mystique du mal » : celui-ci n'est plus vécu comme un tremplin possible vers
le bien, il est devenu en quelque sorte autonome, aussi digne que le bien d'un point de vue
ontologique ;
4. un doute fondamental quant à l'efficacité de toute action de bienfaisance ou de bienveillance.

1
Hannah Arendt sur le totalitarisme (http://fredc.over-blog.com/)

« C'est grâce à l'impulsion donnée par la pensée d'Hannah Arendt qu'a pu se confirmer la conscience
de nos contemporains que le camp de concentration ne se résume pas à quelque territoire du bout du monde
où des fous sadiques auraient exporté un régime d'exception, mais qu'il constitue une production politique
caractéristique de notre modernité (= le totalitarisme), articulée à la perte d'appartenance à un monde
commun expérimentée par les masses dépolitisées de notre temps.

Nous voudrions interroger le rapport qui se noue chez Hannah Arendt entre sa conception de
l'humanité comme appartenance au monde, en tant qu'elle mobilise un style de pensée pré-moderne, et le
regard jeté sur l'univers des camps nazis dans Le système totalitaire en particulier. Nous pensons qu'ainsi peut
être questionnée la proximité et la responsabilité de notre temps dans l'avènement du système
concentrationnaire.

Cette épreuve sans précédent endurée par l'homme dans les camps est-elle un effet terminal de
l'humanisme abstrait des Lumières, le produit paradoxal d'une philosophie du sujet promouvant
l'arrachement à toute tradition et la " désaffiliation " de l'homme ? Faut-il penser que l'homme ne saurait
ainsi devenir une abstraction ou une pure liberté sans rompre par là-même avec les conditions qui permettent
le vivre-ensemble et une existence authentiquement humaine ? Le camp est-il le produit désastreux de cette
dialectique des Lumières par où l'utopie libératrice et progressiste se retourne en une expérience de radicale
déshumanisation de l'homme ?

Le camp de concentration comme passage à l'acte à partir du fantasme de la domination totale.

Dans une société de masse atomisée, dans laquelle "l'autre" est défini comme limite à ma liberté ou
identifié comme auteur de ma frustration (Sartre : « L’enfer c'est les autres »), et où chacun ne se définit plus
que par son emploi et son dossier d'avancement ; là où n'importe qui peut se sentir, du jour au lendemain,
comme inutile et superflu au sein du pullulement humain, là où la société produit des malades et les Etats des
exclus, sournoisement, inconsciemment, l'homme devient comme indésirable. Le malaise humain ne peut
s'expliquer que parce qu'une partie de l'humanité est fantasmée comme gêne. Le fantasme totalitaire est
d'éradiquer tout ce qui gêne en l'homme et dans la société, tout ce qui est malade et malsain, tout ce qui
n'est pas au service de la seule perpétuation de la race supérieure. Seule compte la préservation d'une espèce
d'hommes supérieurement mécaniques et dociles, capables du meurtre de masse, la réalisation d'un
fantasme symétrique à celui du camp de concentration : l'homme supérieur, qui a tout pouvoir de vie ou de
mort sur les fantômes de chair et de sang qui le gênent dans ses délires.

Hannah Arendt considère le camp de concentration comme un laboratoire de la domination totale et


comme l'aboutissement de la logique totalitaire. Le camp expérimente et démontre l'axiomatique totalitaire
de la négation de l'homme. Là a été infligée aux hommes la logique pure du totalitarisme. L'homme y a été
tué avec la précision et la cohérence d'une démonstration mathématique/biologique poussée jusqu'à son
2
terme. Une fois réglés sur zéro les paramètres de la moralité, de la personne, de l'identité et même de la
différence physique entre les êtres, la fonction de mort peut être appliquée à tout homme. Elle est la
régression ad infinitum de la déshumanisation de l'homme : transformer l'humain en simple chose, en chose
superflue. Eliminer non seulement la liberté mais toute spontanéité. Réduire chacun à une identité immuable
de réactions : une seule équation, une seule physique.

Le prisonnier d'un camp n'est pas un forçat, ni un banni, ni un esclave, c'est un être nié, superflu,
"condamné à vivre une vie et une mort vidées de leur sens" (Arendt, Le système totalitaire, p.253)

Vis à vis de l'extérieur, ne pas montrer la destruction des vies mais l'effacement des existences. Faire
comme si elles n'avaient jamais existé. Le meurtre de masse comme un effacement, une liquidation, une
purge. L'immensité du nombre de disparus est un mensonge sans limite qui se dévore tel un ogre dévorant les
petits enfants. L'immensité du crime fait douter de sa réalité. L'homme ne croit pas à la démesure du mal. Il
n'a que le néant comme registre du mensonge. Douter de la voracité du mensonge, douter de l'ampleur du
vide, comme on doutera plus tard de la bonne foi des survivants : car la monstruosité ne peut être que du
côté des victimes. Hitler avait prévenu dans Mein Kampf que, pour réussir, un mensonge devait être
absolument énorme. »

 V. textes Arendt fiche cours p. 4-5


 Complément indispensable : le procès Eichmann et la « banalité du mal » (v. dossier p. 5 à 7).

Günther Anders sur la bombe atomique :

Saisir le fil de continuité qui rattache Auschwitz à Hiroshima signifiait, pour Anders, reconnaître que les
pulsions destructrices qui s'étaient déchaînées dans les camps d'extermination n'étaient pas mortes avec la
fin du national-socialisme mais pouvaient se reproduire sous des formes nouvelles. Le génocide juif était la
forme spécifique que cette barbarie moderne avait pris dans le contexte de l'Allemagne hitlérienne, avec sa
cible désignée par des siècles d'antisémitisme et conduite à l'abattoir par l'émergence d'un projet de
remodelage de la carte de l'Europe au nom de la biologie raciale, mais la tendance à l'élimination d'une
humanité désormais « obsolète » demeurait au cœur de la civilisation technologique. La bombe atomique
prouvait que le massacre industriel n'était pas une spécificité nazie et que sa menace pour l'humanité ne
s'était pas dissoute avec l'évacuation d'Auschwitz, en janvier 1945. Le fait que la bombe atomique fût larguée
sur le Japon par les vainqueurs de l'Allemagne nazie enlevait à ses yeux toute légitimité historique au procès
de Nuremberg. La signature du statut du Tribunal militaire international chargé de juger les « crimes contre
l'humanité » dont le nazisme s'était rendu coupable, avait exactement coïncidé avec la destruction atomique
de Hiroshima et Nagasaki. La condamnation solennelle aux yeux du monde entier des crimes nazis « avait lieu,
dès le début, dans le cadre d'autres crimes contre l'humanité ».

3
Gunther Anders, critique radical de Hiroshima (https://www.humanite.fr/node/406323)

Le philosophe allemand et militant pacifiste a développé une analyse de la barbarie nucléaire et de la


régression éthique qu'elle implique.

Dessin de Yasuko Yamagata, survivante d’Hiroshima qui avait 17 ans en août 1945

Si Günther Anders (1902-1992) est connu en Allemagne pour être le « philosophe de l'ère atomique », son
nom et surtout son œuvre restent ignorés de la plupart en France. Né Günther Stern, fils des célèbres
psychologues Clara et William Stern (ce dernier est « l'inventeur » du « quotient intellectuel », le fameux QI),
Anders fut l'élève des philosophes Husserl et Heidegger ; c'est dans les séminaires de ce dernier qu'il fit
connaissance de Hannah Arendt dont il fut l'époux de 1929 à 1937. En exil en France à partir de 1933, puis aux
États-Unis de 1936 à 1950, il refusa lors de son retour en Europe les postes de professeur que lui proposèrent
plusieurs universités allemandes, pour se consacrer à son œuvre de penseur et d'essayiste et à son
engagement militant contre l'armement atomique, puis contre la guerre du Vietnam.

Pour Günther Anders, Auschwitz et Hiroshima marquent le début d'une ère nouvelle, celle où l'humanité
est en capacité de s'autodétruire. Pour lui, il existe une affinité entre la barbarie des chambres à gaz et la
monstruosité atomique. À partir d'Hiroshima, l'humanité est marquée à jamais par le monstrueux, Anders
s'évertuant à démontrer l'effet déshumanisant de la bombe, cette fois non pas par la mise en œuvre d'une
idéologie comme le nazisme, mais du fait de l'extension illimitée du domaine de la technique et du
machinique au détriment de l'humain.

Hiroshima est partout rassemble trois textes rédigés entre 1958 et 1964 avec une introduction de 1982 qui
les réactualise au moment des grandes manifestations contre le déploiement des euromissiles. Le premier
texte, l'Homme sur le pont, est le journal d'un voyage au Japon sur les lieux mêmes des explosions nucléaires.
L'auteur y consigne ses impressions, des témoignages ainsi que ses échanges avec les participants de la
conférence contre la bombe atomique, et on le voit construire et développer sa réflexion qui débouche sur
des propositions concrètes d'action. Tous ceux qui ont fait le voyage d'Hiroshima retrouveront dans ces pages
puissantes un peu de ce qu'ils ont ressenti et ils pourront en outre mesurer le chemin parcouru sur la prise de
conscience du danger nucléaire. Le second texte, Hors limite pour la conscience, présente l'extraordinaire
correspondance avec le pilote américain d'Hiroshima, Claude Eatherly. Ce qui aurait pu être un simple
échange de hautes considérations morales devient pour Anders une tâche qui l'occupe tout entier : il s'agit de
sauver Claude Eatherly, au sens littéral du terme puisqu'il est interné dans un hôpital psychiatrique de l'armée
pour avoir refusé d'être traité en héros et, au contraire, s'être engagé dans la lutte antinucléaire. Là encore,
on voit le philosophe en train de construire une relation de confiance et faire évoluer son interlocuteur dans
une démarche valable aussi pour les lecteurs de ces lettres. Le troisième texte est de facture plus classique :
les Morts, discours sur les trois guerres mondiales, expose les thèses de l'auteur sur « l'aveuglement face à
l'apocalypse », dont l'excellente préface resitue la dimension philosophique.

4
Dessin de Kazuo Matsumura, survivant d’Hiroshima qui avait 32 ans en août 1945

Comme l'écrit Günther Anders lui-même en 1982, ces textes appartiennent « à la préhistoire, c'est-à-dire à
la première phase du mouvement antinucléaire » ; ils constituent de ce fait des documents précieux pour le
pacifiste d'aujourd'hui. Mais ce qui frappe le plus, c'est que les analyses de fond restent d'une brûlante
actualité. Enfin, ce qui fait toute la valeur de cet ouvrage, c'est qu'il nous montre, qu'il nous enseigne même
comment être toujours davantage, à l'instar d'Anders lui-même, d'efficaces éveilleurs de conscience.

Une sorte d’anti-Eichmann : le pilote américain Claude Eatherly

« Avant qu'une erreur de calcul de la politique de la menace ne détruise villes et campagnes, avant
que la terre ne soit devenue un cimetière, (…) [que] pourrons-nous faire, simples citoyens aujourd'hui
mais demain victimes, pour empêcher que les ’’mathématiciens de la mort’’ ne déchaînent sur nos
têtes la catastrophe nucléaire ? Le commandant Eatherly a essayé de répondre à cette question
décisive qui se pose à tous les survivants de la Deuxième Guerre mondiale. (…)

[Au] printemps de l'année 1959, le philosophe Gunther Anders, de Vienne, eut connaissance par un
news magazine américain de la destinée d'Eatherly. Ce grand moraliste, philosophe et érudit, doué d'un
esprit original, s'empara du ’’cas Eatherly’’ ; il avait, en effet, compris son importance primordiale dans
l'évolution de notre époque alors que d'autres ne voyaient dans l'« affaire Eatherly » qu'une story
intéressante en marge de l'Histoire. L'échange de lettres entre l'« intellectuel » et le « coupable » qui
suivit la prise de contact entre les deux hommes nous fournit une réponse à la question angoissante : «
Que faire ? » Cette réponse ne saurait être exhaustive, mais elle constitue une contribution importante
à la guérison d'une société malade, car elle diagnostique clairement la folie atomique à laquelle on a
voulu décerner le titre de « raison ».

Mais l'effet le plus émouvant de cette correspondance sera la guérison progressive d'Eatherly dont
le lecteur pourra suivre les étapes. Alors que les drogues et les psychiatres avaient échoué, un esprit
éclairé, un ami animé de sympathie et de charité a su rendre à un homme torturé le calme intérieur et
l'espérance. (…) L'aide spirituelle que Gunther Anders a prêtée à son ami inconnu d'Amérique me
semble exemplaire. Elle démontre que les hommes conscients de leur responsabilité ne doivent ni
capituler ni se résigner. Tout au contraire, ils se feront les porte-parole des victimes : ainsi ils
accompliront la mission dont ils sont investis. Ce faisant, ils ne sèment pas, dans la société, comme on
prétend, un « ferment de décomposition », mais lui permettent de prendre conscience des erreurs où
elle se trouve engagée. Le « cas Eatherly » illustre simplement l'histoire classique mais toujours
actuelle du « fou serviteur d'une cause sacrée » qui, par son opposition à la foule dénonce les puissants
de ce monde et leur moralité chancelante. Son intervention est souvent le signal de l'établissement de
nouvelles tables de loi... »

Robert Jungk, Avoir détruit Hiroshima, Correspondance de Claude Eatherly avec Günther Anders
(1962)
5
Vers la fin des années cinquante, Anders reviendra à nouveau sur cette homologie entre Auschwitz et la
bombe atomique à l'occasion de sa correspondance avec Claude Eatherly, un des pilotes de Hiroshima.
Anders était désormais installé à Vienne et commençait à être connu en tant que personnalité de premier
plan du mouvement contre la bombe atomique, lorsqu'il lut dans un magazine américain la nouvelle des
troubles psychiques et de la tentative de suicide de Claude Eatherly. Ce qui le frappa le plus- et qui révélait
aussi la « faute morale » des États-Unis à l'égard du crime dont ils portaient la responsabilité historique fut le
constat que personne ne songeait à établir une relation quelconque entre l'acte que le pilote avait accompli et
son état psychique. Des spécialistes évoquaient son cas comme un exemple typique de « complexe d'Œdipe »,
Anders écrivit à Eatherly, alors interné dans une clinique, et engagea avec lui une correspondance dont il eut
l'occasion de vérifier plus tard les effets thérapeutiques.
Le sentiment de culpabilité que le pilote éprouvait après avoir découvert les conséquences de sa «
faute » - la « fonction symbolique » à laquelle il avait été condamné sans en être conscient - montrait aux
yeux d'Anders que Eatherly était « resté » ou qu'il était « redevenu » un être humain. Lui aussi il était, comme
l'écrivait Anders dans sa première lettre, « une victime d'Hiroshima ». Le cas de ce jeune américain typique
illustrait parfaitement le paradoxe des massacres technologiques modernes dont les exécuteurs pouvaient
être parfois des « coupables innocents ». C'est ce que reconnaissaient d'ailleurs, dans une lettre touchante à
Eatherly, les « Girls from Hiroshima » qui, après avoir connu sa situation, lui écrivaient ceci : « Nous avons
appris à ressentir à votre égard des sentiments de camaraderie et nous pensons que vous êtes une victime de
la guerre comme nous-mêmes. »

En 1961, lorsque le procès Eichmann à Jérusalem polarisait l'attention de l'opinion publique


internationale, Anders présentait le pilote d'Hiroshima comme « l'antithèse vivante » du lieutenant-colonel SS
responsable de la Solution finale. Pendant le procès, Eichmann s'était défendu en affirmant avoir agi comme
un simple rouage de la machine meurtrière nazie, en évitant ainsi d'assumer ses propres responsabilités. Ni
avant d'être capturé et transféré en Israël, ni pendant le procès, Eichmann n'avait jamais montré le moindre
signe de remords. Il n'avait pas essayé non plus de se cacher- comme d'autres l'avaient fait à Nuremberg-
derrière le voile de la naïveté ou de l'ignorance. Eatherly, en revanche, avait agi en état de méconnaissance
totale de la puissance de l'engin qu'il larguait et des conséquences que cela provoquerait. Il avait été saisi par
un sentiment de culpabilité écrasant alors que personne ne l'avait accusé et il avait déclaré être effrayé par
l'horrible massacre dont il avait été l'agent involontaire. Certes, il avait agi comme un simple rouage d'une
machine de mort dont il ne pouvait soupçonner l'ampleur mais cela ne pouvait pas alléger sa conscience ni
devenir le prétexte de son absolution. Il avait enfin compris qu'il fallait parfois refuser d'« exécuter des
ordres » et qu'il était dangereux d'agir comme des « rouages » disciplinés et obéissants. Bref, si Eichmann
incarnait « la banalité du mal», Eatherly personnifiait « l'innocence du mal» (die « Unschuld des Bosen » ).
Il n'est peut-être pas exagéré de dire que la correspondance entre le philosophe et le pilote, dans
laquelle on voit surgir, au fil des lettres, des sentiments de compréhension, de respect et même d'amitié entre
deux hommes dont l'expérience, la culture, la sensibilité et les valeurs étaient au départ aux antipodes, eut
non seulement des effets thérapeutiques importants sur Eatherly, mais affecta aussi de façon non négligeable
la pensée de Anders. « Eichmann et toi- écrivait-il-, vous êtes deux figures de proue de notre époque. S'il n'y
avait pas, en face d'Eichmann, des hommes comme toi, nous aurions tout lieu de désespérer ». Vingt ans plus
tard, il écrira encore avec gratitude à l'égard de Eatherly, qui lui avait fait comprendre que « Eichmann ne
peut pas être la seule incarnation de notre époque ».

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