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€NTR€PRIS€ NOUV€U€ D€S PONTS €T CHRUSS€€S

[> ROUTES
t> AUTOROUTES
> TERRASSEMENTS
\> OUVRAGES D'ART
\> GÉNIE CIVIL
>BARRAGES
D> CONSTRUCTIONS
INDUSTRIELLES

64, rue Al Mourtada. Palmier. Casablanca 20100


Tél. : 25.37.36/46 - 25.58.71/78 - 98.83.61 - Fax : 23.23.89 - Télex : 23833
[ DOSSIER : LE MAROC
L'action du groupe Maroc et le 250° anniversaire de l'ENPC
Chakib Benmoussa, Président de l'Amicale
1 p. 4

LES INFRASTRUCTURES A U MAROC


ENTRE HIER ET DEMAIN
Abdelaziz Meziane Belfkhi p.

Eau et développement, politique des barrages


Mehdi Benzekri p. 12
L'irrigation au Maroc
Mohamed Ait Kadi p. 18
Ports : clé de la compétitivité économique
Mohamed Layachi p. 23
Développement privé des infrastructures au Maroc :
mythe ou réalité ?
KarimGhellab p. 31
Février 1997 Rôle de l'ingénieur dans le développement des infrastructures
Jamal Benjelloun p. 37

Mensuel, 28, rue des Saints-Pères


75007 PARIS EVOLUTION DE L'ECONOMIE
Tél. 01 44 58 34 85 MAROCAINE ET STRATEGIE
Fax 01 40 20 0171
Prix du numéro : 55 F DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
Abonnement annuel : ET SOCIAL
France : 550 F Mohamed Kabbaj p. 39
Etranger : 580 F
Ancien : 250 F
Revue des Associations des Ingé-
• Le secteur bancaire marocain P- 41
nieurs des Ponts et Chaussées et • Marché financier et croissance économique P- 43
des Anciens Elèves de l'ENFC. • La charte de l'investissement P- 44
Les associations ne sont pas res- • Le nouveau Code de commerce P- 47
ponsables des opinions émises
dans les articles qu'elles publient.
Commission paritaire n° 55.306 LA COOPERATION
Dépôt légal 1" trimestre 1997
n°97009 1 FRANCO-MAROCAINE
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
Jean POULIT • Le mariage de l'Histoire et de l'Amitié
DIRECTEUR ADJOINT Bernard Pons p. 49
Jean-Pierre PRONOST • Un nouvel élan pour la coopération franco-marocaine
COMITE DE REDACTION Claude Martinand p. 50
Jacques BONNERIC • Témoignage de Mustapha Paris p. 53
Robert BRANCHE • 35 ans d'amitié
Christophe de CHARENTENAY
Jacques Bourdillon p. 59
Marie-Antoinette DEKKERS
Vincent DEVAUCHELLE • Le Souss
Secrétaire général de rédaction Jean-Michel Daniel p. 62
Brigitte LEFEBVRE du PREY • Les Doukkala
Assistante de rédaction Baudouin Panneau de la Horie p. 64
Adeline PREVOST • Les entreprises marocaines face aux nouveaux enjeux
MAQUETTE : B. PERY de la compétition internationale
PUBLICITE : OFERSOP, Hassan Chami p. 66
Hervé BRAMI • France-Maroc partenariat et transfert de technologies p. 68
55, boulevard de Strasbourg
75010 Paris
Tél. 01 48 24 93 39
COMPOSITION ET IMPRESSION
TEMOIGNAGES
IMPRIMERIE MODERNE U.S.H.A.
Aurillac
Le sucre au Maroc
Couverture : Paul GENDROT Raymond Aubrac p. 70
Interview : Pouad Laroui.. p. 75
ROYAUME DU MAROC

l*î ^ > - Office


D'Exploitation des Ports
^A^£: PRÉSENCE VIGILANTE
DANS LES PORTS
Pour servir ses partenaires et le commerce international, l'Office
d'Exploitation des Ports - VODEP - est présent dans 17 Ports du
Royaume dont :
NADOR CASABLANCA TAN TAN
TANGER JORFLASFAR LAAYOUNE
KENITRA SAFI DAKHLA
MOHAMMEDIA AGADIR

Ses missions sont les suivantes :

- L'aconage, la manutention, l'entreposage et la magasinage des mar-


chandises diverses de toutes natures et de tous conditionnements
-La numutention des produits liquides en vrac, la manutention et le
stockage des produits solides en vrac
- Les services aux navires : pilotage, remorquage, lamanage, avitaille-
ment
- Les Capitaineries
- Maintenance des infrastructures autres que les ouvrages extérieurs et
les chenaux d'accès
-Construction et maiiUenance des ouvrages d'accostage, terre-pleins,
magasins...
- (leslion de gares maritimes
- Cestion du domaine public
- Cestion des formes de radoub et autres ouvrages pour la construction
et la réparation navale

175177, boulevard Zerktouni - CASABLANCA (Maroc)


Tel : 23.23.24 - Fax : 23.23.35 - Télex : 46.790/46.792
SOCliîE NOUVELLE DES CONDUITES D'EAU
SAHAT RABIA AL ADAOUIA - RESIDENCE KAY'S - AGDAL - RABAT
Tel: 77.67.14 (5 lignes groupées) - Télex: 310.28 - Fax : 77.66.74

SEA MEDITERRANEAN

TETOUW_^-—3>^^ . .
NADOI% ~ V -

OUKJEMAA BERKA>œ)

BOUARFA

5HCE

Réalisations S.N.C.E.
à 1996
Périmètres irrigués
500.000 ha

2 - Adduction d'eau potable


2.200 km en gros diamètres
(400 à 2000 mm)

LEGENDE
• Usine .S.N.C.E
BIRGANDOUZ • {Périmètre irrigué)

SIX U S I N E S réparties sur l'ensemble du territoire national - Ayant pour PRINCIPALES ACTIVITES:
-Canaux et tuyaux en béton précontraint destinés aux écoulements gravitaires
-Tuyaux en béton précontraint pour les écoulements sous pression
-Matériel hydromécanique destiné à l'équipement des barrages et des secteurs Irrigués
-Coffrages métalliques standards de type BLAW KNOX pour les ouvrages de génie civil et le bâtiment
-Ponts roulants et nombreux appareils de levage mécaniques toutes charges et toutes portées
-Travaux de terrassements, nivellement, assainissement et drainage.

La S.N.C.E est apte à assumer la réalisation des programmes les plus ambitieux d'équipement hydroagricole et d'alimentation
en eau tant au Maroc qu'à l'étranger et notamment les pays du Golfe et d'Afrique.
La S.N.C.E est en train de réaliser sa vocation internationale pour une implantation de ses activités à l'étranger
ES PONTS ET CHA \J

année 1997 sera l'année de la célébration du 250'' anniversaire de l'Ecole Nationale des
Ponts et Chaussées ; il est agréable à l'Amicale des Ingénieurs des Ponts et Chaussées
du Maroc d'y contribuer par ce numéro spécial du PCM-le Pont.

0SS^

ytàà
277-6Chakib BENMOUSSA
Président de l'AIPCM
X 79-PC 81
Après des études complémentaires
aux Etats-Unis où il obtint un Master
du Massachusetts Institute of Tech-
nologie (MIT), il a intégré le ministère
de l'Equipement en 1983 et y a occu-
pé jusqu'en 1995 différents postes
dont ceux de Directeur de la Planifi-
cation et des Etudes et Directeur des
Routes et de la Circulation Routière.
Depuis deux ans, il est Secrétaire
Général du Département du Premier
ministre. Chakib Benmoussa est Pré-
sident de l'Amicale des Ingénieurs
des Ponts et Chaussées du Maroc Rabat, capitale administrative, constitue un carrefour de convergence des
depuis 1993. routes.

I P POKIT — FFV/PIFP 1 0 0 7
Célébrer le 250" anniversaire de
l'ENPC, c'est d'abord l'occasion de
rendre hommage à l'Ecole Nationale
des Ponts et Chaussées, qui bien
avant le courant actuel de mondiali-
sation et d'ouverture sur l'extérieur a
développé un important programme
de coopération internationale, notam-
ment avec le Maroc. Ainsi, depuis
1957, de nombreuses promotions
d'ingénieurs marocains ont été for-
mées à l'ENPC, constituant ainsi
avec 250 lauréats, l'effectif le plus
élevé d'ingénieurs étrangers diplô-
més de l'Ecole. De nombreuses mis-
sions dans le cadre des programmes
de formation continue de l'Ecole ou
dans le cadre de programmes spé-
ciaux organisés au Maroc ont permis
de maintenir les échanges scienti-
fiques à un très haut niveau. Enfin,
l'assistance de l'ENPC aux Gran-
des Ecoles Marocaines d'Ingénieurs
dans la conception, la mise en œu-
vre et l'évaluation de leur programme
de formation a été un puissant vec-
teur de développement de la qualité
de la formation des ingénieurs maro-
cains, et de leur ouverture sur l'envi-
ronnement international.
Célébrer le 250" anniversaire de
l'ENPC, c'est aussi l'occasion de
souligner l'effort de développement
du Maroc auquel ont contribué les
ingénieurs des Ponts et Chaussées,
tant au niveau des gouvernements
successifs qu'au niveau de l'admi-
nistration et du secteur privé. Que
cela soit dans le domaine de l'infra-
structure ou dans le domaine écono-
mique et financier, le Maroc a dû fai-
re face à de nombreux défis. Satisfai-
re les besoins en équipement des
populations, répondre aux exigences Fès, centre religieux et universitaire.
des opérateurs en matière d'infra-
structure, mettre à niveau l'économie
nationale et favoriser son intégration de l'ENPC. Relations fortes ancien- pant aux nombreuses manifestations
harmonieuse à l'économie mondiale nes et fortes étroites, puisque de prévues en France mais aussi en or-
ont été rendus possibles par l'action nombreux camarades français ont ganisant au Maroc avec le concours
d'hommes et de femmes de haut ni- exercé au Maroc ou ont eu, dans le de l'Association pour la Célébration
veau, motivés et dévoués. Les ingé- cadre de leurs activités, à travailler du 250'' Anniversaire de l'ENPC un
nieurs des Ponts et Chaussées ont avec le Maroc, créant ainsi au-delà colloque international les 30 et
eu, chacun à leur niveau et dans leur de la formation commune une certai- 31 octobre 1997 à Rabat sur le thè-
domaine, le privilège de participer à ne "complicité" qui peut faciliter le me : "Infrastructure de base : mo-
relever ces défis. développement d'un nouveau parte- teur de la compétitivité économi-
Célébrer le 250= anniversaire, c'est nariat entre les opérateurs économi- que et du développement régio-
enfin l'occasion de mettre en exer- ques de nos deux pays. nal" ainsi qu'une exposition sur
gue l'excellence des relations entre L'Amicale des Ingénieurs des Ponts l'Aménagement du Territoire et un
les Ingénieurs des Ponts et Chaus- et Chaussées s'associe à la célébra- voyage au Maroc pour les anciens
sées du Maroc et les anciens élèves tion de cet anniversaire en partici- élèves de l'ENPC. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


• urant les 40 dernières années, les infrastructures marocaines ont connu un développe-
ment accru. Les objectifs des pouvoirs publics pendant cette période se sont orientés
davantage vers la satisfaction des besoins de base des populations tels que l'eau potable et
l'électrification du milieu urbain, le réseau routier reliant les grandes agglomérations, etc.. A
l'aube du 21" siècle, le secteur des infrastructures devrait connaître une plus grande accéléra-
tion, eu égard à un ensemble de facteurs endogènes et exogènes. Parmi ces facteurs, je cite-
rai notamment : les perspectives de croissance économique du pays, la volonté de réduire les
disparités régionales entre le milieu rural et le milieu urbain, l'accord d'association avec
l'Union Européenne, les accords de l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et le phé-
nomène de la mondialisation de l'économie exigeant une plus grande compétitivité et des
atouts concurrentiels.
Dans cette communication, je me propose de relater les réalisations dans le domaine des
infrastructures, essayer d'aborder les projets d'avenir et les principales priorités, situer le rôle
de l'Etat, d'une part, et de l'ingénieur, d'autre part, pour réussir les défis que nous impose le
prochain siècle.

Nommé par SA MAJESTE ministre nationale a également fait un saut


de l'Agriculture et de la Réforme considérable qui s'est traduit par des
Agraire le 17 novembre 1992.
besoins de plus en plus importants
Nommé par SA MAJESTE ministre
des Travaux Publics le 27 février en matière d'infrastructures.
1995. L'fiistoire des infrastructures maro-
caines peut se lire à mon avis à tra-
vers cinq phases :

1956-1967 : la phase
Abdeleziz MEZIANE BELFKIH Brève histoire de reconstruction
Ministre des Travaux Publics
PC 74 des infrastructures Pendant cette période, le Maroc
indépendant a mis l'accent sur sa
- Directeur de l'Inspection générale
au ministère de l'Equipement et de marocaines reconstruction. A cette époque, il a
fallu mettre en place les structures en
la Promotion Nationale de 1978 à
1980. En 25 ans, la population marocaine a charge des équipements, former les
- Directeur des Routes et de la Cir- plus que doublé. Si dans les années cadres et les ingénieurs marocains
culation Routière de 1980 à 1983. 60 la population urbaine ne repré- et régler les problèmes urgents que
- Secrétaire général du ministère sentait que le tiers de la population posait le manque de certains équipe-
des Travaux Publics, de la Forma-
globale, actuellement les citadins ments publics, notamment dans la
tion Professionnelle et de la For-
mation des Cadres à partir de sont aussi nombreux que les ruraux. production d'eau potable, l'irrigation
1983 à 1992. Pendant, cette période l'économie ou les transports. La construction de

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


la route de l'unité reliant les villes de
Fès à Al Hoceima dans le nord, à tra-
vers les montagnes du Rif, est tout
un symbole de cette époque, symbo-
le qui a coïncidé également avec la
reconstruction de la ville d'Agadir
après le grand séisme de 1962.

1967-1975 : la mise en place


t\H''
d'une véritable politique
d'équipement du pays
1967 est une date très importante
dans l'histoire des infrastructures
marocaines, parce qu'elle a connu le
lancement de la politique des barra-
ges annonçant la volonté du Royau-
me d'irriguer un million d'hectares en
l'an 2000. Cette politique, qui se
poursuit d'ailleurs, a été déterminan-
te pour l'économie marocaine. En
effet, à une époque, où l'idéologie
économique dominante dans les
pays du tiers monde s'orientait da-
i
vantage vers l'industrialisation, notre
pays a fait ie choix de développer
son agriculture et de maîtriser ses
ressources en eau. Aujourd'hui, plus
de 86 barrages, d'une capacité glo-
bale de 14 milliards de m^ sont en
exploitation et permettent déjà d'irri-
guer 900 000 hectares.

1975-1982 : accélération
de l'équipement du pays
Au cours de cette période, marquée
par la récupération de nos provinces
sahariennes, le Maroc a dû consentir
des efforts très importants pour la
mise à niveau des infrastructures
dans ces provinces. Les grands
chantiers ouverts dans le Sud Maro-
cain, dans les domaines routiers,
portuaires et hydrauliques, ont été
nombreux et ont conduit à intégrer
cette région à la marche économique Barrage Ait Youb.
et sociale du pays. La politique des
infrastructures a également connu un la volonté d'assainir les finances 1992-1996 : relance du secteur
tournant en 1976 avec l'adoption de publiques, notamment par la lutte des infrastructures
la Charte Communale portant créa- contre les déficits du budget. Le Pro- La réussite du Programme d'Ajuste-
tion des collectivités locales. Les gramme d'Ajustement Structurel (PAS) ment Structurel, la bonne tenue de
prérogatives accordées à ces entités mis en application à cet effet a don- l'économie, les exigences imposées
décentralisées en matière de gestion né un coup de frein aux investisse- par la globalisation de l'économie et
de certaines infrastructures, comme ments publics qui ont connu globale- le démarrage de la politique de pri-
par exemple les routes urbaines et ment un léger recul. La situation éco- vatisation ont conduit les pouvoirs
communales, la distribution d'eau nomique a été, en outre, marquée publics à repenser la politique des
potable, l'assainissement etc.. par des années de sécheresse répé- infrastructures dans le sens d'une
titives qui ont eu un impact défavora- plus grande modernisation pour
1982-1992 : pause en matière ble sur la croissance et sur les possi- accompagner le développement éco-
d'infrastructures bilités de relance du secteur des in- nomique du pays. Les principales
Cette décade s'est caractérisée par frastructures. orientations de cette politique sont :

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• Le développement du monde
rural par le démarrage de plusieurs
programmes d'électrification, de pis-
tes rurales et d'alimentation en eau
potable.
• La modernisation des grandes
infrastructures par la mise en œuvre
de programmes structurant, telle que
le programme autoroutier et le lance-
ment des projets des ports de pêche
et du port d'éclatement de Tanger.
La nouvelle démarche adoptée dans
ces programmes vise à rechercher
de nouveaux modes de financement
faisant appel aux investisseurs privés
que je présenterai plus loin.

Etat
des infrastructures
marocaines
Quel regard jeter sur les infrastruc-
tures du Maroc ? Sans vouloir faire
une présentation détaillée de ces
Gare de péage de Kénitra Centre.
infrastructures, je me dois quand
même d'en donner un aperçu : d'armature autoroutier est composé potentiel très prometteur dans le
1 - Les routes ; la route joue un rôle des axes Nord-Sud de Tanger à cadre d'une stratégie de transport
moteur dans l'économie marocaine. Agadir, et Est-Ouest d'Oujda à Rabat multimodal et de la recherche d'une
En effet, 95 % des personnes et 4/5 en passant par Fès. La société Natio- plus grande compétitivité de l'écono-
des biens (hors phosphates) transi- nale d'Autoroutes du Maroc (ADM) mie.
tent par le réseau routier. Ce trafic gère, en concession, 250 km déjà
4 - Les ports : les infrastructures
est en constante progression et aug- livrés à la circulation et possède en
portuaires sont les principales dé-
mente de 6 à 8 % annuellement. Le chantier près de 300 km qui seront
bouchées vers l'étranger du com-
Maroc dispose actuellement de achevés avant l'an 2000. Le finance-
merce extérieur marocain puisque
60 000 km de routes dont la moitié ment du programme repose sur des
environ la totalité des marchandises
est revêtue. Pendant les 40 dernières montages financiers adéquats mon-
exportées et importées transitent par
années le linéaire des routes revê- tés par ADM faisant appel à des cré-
les ports. La communication de
tues a plus que doublé, mais il reste dits concessionnels et sur la conces-
M. Layachi sous le titre "Les Ports :
encore un grand effort à faire dans sion privée à d'autres opérateurs
comme c'est le cas de l'opération en Clé de la compétitivité économique"
ce domaine pour atteindre le niveau fait état des principales réalisations
cours pour le tronçon Casablanca-EI
des pays nord méditerranéen, no- dans ce secteur.
Jadida-Jorf Lasfar.
tamment en matière de désenclave-
5 - Le secteur hydraulique : déjà
ment des localités rurales.
3 - les chemins de fer : le réseau évoquée auparavant, la politique des
Dans ce domaine, nous avons dé-
ferroviaire du Royaume est d'une lon- barrages constitue la pierre angulai-
marré en 1995 le Programme Natio-
gueur de 3 000 km dont plus que la re du développement économique et
nal des Routes Rurales qui vise à
moitié est électrifiée. En dehors du social du Royaume. Le climat semi-
construire ou aménager environ
dédoublement de l'axe Casablanca- aride du Maroc et la répartition très
10 000 km de pistes sur une pério-
Rabat-Kénitra, ce réseau n'a malheu- inégale dans le temps et dans l'es-
de de 7 ans à raison de 1 400 km
reusement, pas connu d'extensions pace des précipitations font que
par an. Le financement de ce pro-
importantes. Néanmoins, l'Office Na- l'eau est et restera un défi perma-
gramme est assuré par le biais d'un
tional des Chemins de Fers (ONCF) nent, à cause de sa rareté. Les
Fonds routier spécial, alimenté par
transporte environ 10 millions de efforts consentis par l'Etat ont permis
des prélèvements de taxes sur le
voyageurs et 20 millions de tonnes de construire un dispositif hydrau-
carburant.
de phosphates par an, et joue à ce lique constitué de grands barrages,
2 - Les Autoroutes : le programme titre un rôle important dans le systè- de petits barrages collinaires et des
autoroutier marocain ambitionne de me national des transports. forages pour l'exploitation des nap-
réaliser 1 000 km à l'horizon 2004 à Les perspectives du développement pes qui, aujourd'hui, concourent à la
raison de 100 km par an. Le schéma de ce mode de transport offrent un mobilisation de près de 70 % du

PCM — tE PONT — FEVRIER 1997


potentiel mobilisable des ressources des sources d'énergie sont le char- ment en 1955 devrait permettre à
en eau. Ces barrages n'ont pas seu- bon et le fuel qui se partagent à l'horizon 2010 l'électrification quasi
lement permis d'éviter des catas- parts égales le reliquat de la produc- totale du pays, au rythme de 100 000
trophes pendant les grandes séche- tion globale d'électhcité. La longueur foyers par an.
resses, mais aussi des inondations du réseau de transport Haute et
dévastatrices, comme c'était le cas Moyenne Tension a presque doublé 8 - Les télécommunications : c'est
pendant ces deux derniers hivers. en l'espace de 10 ans, passant à un secteur qui a connu pendant les
Bien entendu, les barrages jouent environ 30 000 km actuellement. dix dernières années une progres-
aussi un rôle dans notre indépendan- Les problèmes que l'ONE a dû affron- sion particulièrement forte. Depuis la
ce vis-à-vis de l'extérieur en matière ter de 1991 à 1993 pour cause d'in- création de l'Office National des
de produits énergétiques, en permet- suffisance de production électrique Postes et des Télécommunications
tant la production, par les usines ont incité cet office à concevoir une en 1984, le parc des abonnés a été
hydroélectriques, de près de 2 000 nouvelle stratégie, en vue de faire multiplié par 6, passant de 200 000
Gigawatts par an en moyenne, pour face aux besoins croissants de la environ à 1,2 million en 1995 (soit
une capacité installée de 5,1 Giga- consommation. En effet, compte tenu une progression annuelle moyenne
watts. des investissements importants qu'il de l'ordre de 20 %). Durant cette
La communication de M. Benzekri faudrait consentir dans les pro- période le taux de satisfaction de la
exposée dans ce numéro de PCM- chaines années, l'ONE s'oriente de demande téléphonique est passé à
LE PONT sous le titre "Eau et déve- plus en plus vers la production pri- presque 92 %. Ces efforts qui ont
loppement au Maroc ; Politique des vée d'électricité. C'est ainsi que la permis de rattraper partiellement le
barrages" apporte un éclairage suffi- centrale de Jorf Lasfar, d'une puis- retard considérable du Maroc dans
sant sur ce secteur stratégique. sance totale de 660 Mégawatts, a le domaine des Télécommunications
été concédée à un consortium mené ont, bien entendu, été obtenus grâce
6 - Eau Potable : la production
par Asea Brown Boveri (ABB) en à des investissements très impor-
d'eau potable, assurée pour 75 %
contrepartie de ia construction de la tants qui ont représenté pratique-
par l'Office National d'Eau Potable
deuxième tranche de ce complexe ment 4 % de l'investissement natio-
(l'ONEP) et 25 % par les régies auto-
pour porter sa capacité de produc- nal et 1 % du PIB.
nomes, s'élève à 800 millions de m^
tion à 1 200 Mégawatts. Parallèlement à l'offre du branche-
par an, consommée essentiellement
Comme pour l'eau potable, l'électrifi- ment téléphonique de base, l'ONPT
par les zones urbaines. Les investis-
cation du monde rural est également s'est attelé à la modernisation de ses
sements de cet office et des régies
très faible, car seuls 12 % des mé- services par la mise sur le marché
ont permis de faire passer le taux de
nages en disposent. Le Programme d'autres services tels que les liaisons
desserte de la population urbaine de
National d'Electrification Rurale Glo- spécialisées, le réseau X25 (MAGH-
28 % au moment de l'indépendan-
bale (PERG) adopté par le gouverne- RIPAC) et le réseau GSM mis en ser-
ce ; à près de 90 % actuellement.
Malheureusement, le monde rural n'a
pas bénéficié du même effort puis-
que le taux de desserte est resté jus-
qu'à 1990 inférieur à 16 %. Le Pro-
gramme d'Alimentation Groupé en
Eau Potable du Milieu Rural (PA-
GER), vise dans un délai de 8 ans à
généraliser l'accès à l'eau potable
de la population rurale par l'intermé-
diaire de points d'eau groupés
(Puits, bornes-fontaines, etc.). Ce
programme, dont les retombées bé-
néfiques sont multiples, notamment
sur les plans sanitaire et éducatif, a
permis déjà de faire passer le taux
de desserte en eau potable en milieu
rural à près de 28 % en 1996.

7 - L'électricité : l'énergie brute


appelée de l'année 1995 a atteint
10 700 Gigawatts-heures produite à
hauteur de 95 % par l'Office National
d'Electricité (ONE). L'énergie hy-
droélectrique représente en moyen-
ne 10 à 15 %, sauf pendant les an-
nées de sécheresse où elle tombe à Tanger, carrefour des échanges internationaux, dispose d'un grand port com-
5 % environ. Les deux autres gran- mercial et abrite une zone franche.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


vice depuis 1994 et qui totalise à ce annuler pour manque de moyens tion limitant les gaspillages et les
jour près de 30 000 abonnés. budgétaires. abus. Pour les autres secteurs, tels
Sur le plan législatif et institutionnel, Face à ces besoins de financement, que les autoroutes par exemple, le
le gouvernement a décidé l'an der- la politique de financement des infra- péage par les usagers est la contre-
nier d'ouvrir ce secteur à la participa- structures au Maroc s'oriente vers partie du confort que procure ce ser-
tion privée. Les motivations qui ont trois directions : vice tout en permettant le développe-
dicté cette déréglementation sont 1) L'application d'une vérité des prix ment et l'extension du réseau auto-
principalement liées au poids impor- et d'une tarification adéquate des routier.
tant des investissements qu'il reste services publics : L'avenir et la pé- 2) L'affectation des recettes budgé-
encore à réaliser. Un grand débat rennité des secteurs de base comme taires : Le Fonds Routier alimenté par
public sur cette question est actuel- l'eau potable ou l'énergie électrique, une partie des taxes prélevée sur le
lement engagé associant la classe passe par l'application d'une tarifica- carburant est parmi les moyens utili-
politique, les partenaires sociaux et tion juste et judicieuse qui tiendrait sés pour débudgétiser partiellement
la société civile. compte des pouvoirs d'achat des les investissements routiers. L'affec-
couches sociales défavorisées. Cette tation des recettes budgétaires est
tarification permet à la fois un recou- un bon moyen de mieux planifier les
Priorités vrement des coûts pour faire face investissements sectoriels et de les
des infrastructures aux investissements futurs, mais
également un bon instrument pour
adapter en fonction des progres-
sions des besoins futurs dans les
de demain mener une politique de consomma- domaines concernés.
Les différentes études concernant le
secteur des infrastructures ont mon-
tré que pour un point de croissance
du PIB, doit correspondre 1 % d'aug-
mentation du capital des infrastruc-
tures. Pour le Maroc, atteindre la
croissance cible de 6 à 7 % par an,
nécessite un investissement annuel
d'environ 20 milliards de Dirhams
(1 FF= 1,7 DH). Le niveau des inves-
tissements publics et privés dans ce
secteur ne dépasse pas actuelle-
ment les 13 milliards de DH.
a) Une priorité stratégique :
recherche des financements
La première des priorités réside
dans la rectierche des alternatives
de financement pouvant assurer va-
lablement les ressources nécessai-
res pour ce secteur.
Dès qu'on parle de dépenses pu-
bliques, les gouvernements de la
plupart des pays du monde vous
opposent de manière systématique
les nécessités périlleuses du main-
tien des équilibres macro-économi-
ques, de la maîtrise de l'inflation, de
la réduction de la dette extérieure
etc.. Bien sûr, on ne peut être que
d'accord avec ces arguments soli-
des et irréfutables. Cependant, les
politiques de rigueur et d'austérité
économiques ne doivent pas, à mon
avis, sacrifier en premier lieu les
investissements publics, même si
c'est le poste qui offre le plus facilité
pour une réduction des dépenses de
l'Etat. En effet, il peut s'avérer parfois
dangereux et beaucoup plus coû-
teux de différer des projets où de les Aménagement hydroagricole Jassaout aval.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1 9 9 7

^f\
3) Le Partenariat avec les collectivi-
tés locales et les associations des
usagers : Le Ministère des Travaux
Publics a démarré des opérations de
partenariat pour la construction des
pistes ou l'aménagement des points
d'eau avec les collectivités locales
depuis une dizaine d'années. Au-
delà de la participation de nos parte-
naires dans ces projets, cette formu-
le garantie la justesse de la program-
mation des projets concernés et de
leur maintenance pendant leur ex-
ploitation.
4) Les nouveaux modes de finance-
ment associant le secteur privé : Il
s'agit là d'une grande opportunité
permettant de déléguer, pour cer-
tains services marcliands, la cons-
truction et la gestion des projets
publics sous forme de concessions.
Les opérations lancées par le Maroc
dans le domaine de la production
d'électricité, les autoroutes ou les
ports laissent penser que ces for- haut le retard accumulé en matière plus près possible du littoral. Cette
mules représentent une solution d'équipement du monde rural et les rocade méditerranéenne va certaine-
d'avenir pour pallier aux insuffisances programmes mis en place pour ment jouer le rôle de catalyseur pour
budgétaires. La note de M. Ghellab essayer de les rattraper. Sans vouloir attirer des investissements industriels
sur "Le Développement privé des me répéter, je dirai qu'il est impen- et touristiques dans ces régions.
infrastructures : Mythie ou réalité" re- sable d'aspirer à un développement
late les premières expériences maro- durable et homogène en laissant une e) Une priorité absolue :
caines dans ce domaine. frange de la population au bord de la l'investissement humain
route. Il est également impensable L'homme reste à la base de tout ce
b) Une priorité sectorielle : l'eau pour un pays d'avancer s'il ne remé- qui peut être entrepris dans le do-
Pour les priorités sectorielles, je pla- die pas aux disparités régionales et maine des infrastructures. La réussi-
cerai le secteur de l'eau au sommet sociales. C'est ce constat qui a moti-
te des projets et des programmes
des priorités. L'eau dans le prochain vé les orientations prises pour élabo-
dépend évidemment de la qualité
siècle constituera un Inandicap au rer et mettre en place une vraie stra-
des hommes qui les conçoivent, les
développement économique et so- tégie pour le monde rural qui s'étale
réalisent et les gèrent. Le Maroc a in-
cial pour bon nombre des pays sur une dizaine d'années et qui
vesti très tôt dans la formation des in-
dont les conditions climatiques, concerne les principaux services de
génieurs et des cadres qui sont au-
comme au Maroc, sont caractérisées bases : les routes, l'eau potable,
jourd'hui en charge de ces respon-
par des sécheresses répétitives. La l'électrification, etc..
sabilités. M. Benjelloun fera le point
maîtrise des ressources en eau pour
dans son article intitulé "La formation
mon pays est une orientation straté- d) Une priorité régionale :
des hommes et rôle de l'ingénieur
gique à plusieurs égards. Evidem- les provinces du nord
marocain" de cet aspect.
ment, il y a l'alimentation de l'eau Pour des raisons histohques et géo- L'ingénieur marocain a prouvé sa
potable des villes. Mais aussi parce graphiques, les provinces du nord
capacité et son savoir-faire dans les
qu'un grand pan de l'économie en du Maroc n'ont pas bénéficié des
différents domaines liés au bâtiment
dépend : l'agriculture. Ce secteur mêmes efforts en matière d'équi-
et aux travaux publics, qu'il s'agisse
représente environ 20 % du PIB na- pement. La création récente d'une
de l'administration des projets, de
tional et l'agriculture irriguée, bien agence pour le développement et la
l'ingénierie ou de l'entrephse. Pour
qu'elle ne concerne que 10 % des promotion des provinces du nord est
relever les défis de demain, il est
terres arables contribue à environ le signe de la priorité accordée à ces
45 % de la valeur ajoutée agricole et essentiel de continuer d'investir dans
provinces en vue de les mettre au
intervient pour 65 % des exportations la formation de base des lauréats
niveau des autres provinces du cen-
agricoles. des écoles d'ingénieurs à l'étranger
tre et du sud. Le ministère des Tra-
ou au Maroc, et dans la formation
vaux Publics a lancé un important
continue pour permettre à nos ingé-
c) Une priorité sociale : Le monde projet concernant la construction
nieurs de rester au fait des nouvelles
rural d'une rocade méditerranéenne sur
technologies. •
J'ai eu l'occasion d'exposer plus 560 km allant de Tanger à Saïdia le

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

11
lénnent de la vie quotidienne, l'eau est si familière que l'on oublie souvent l'extraordinaire
originalité, la particularité et le rôle de premier plan qu'elle joue sur cette terre, à qui elle
a donné la vie.

Source de vie, l'eau peut être égale- Egypte, en Palestine, au Yémen, en


ment un facteur de destruction si elle Arabie et également en Chine et au
n'est pas maîtrisée. En l'absence Pérou.
d'aménagements, correctement di- Le Maroc n'est pas resté en marge
mensionnés, l'homme reste désarmé de cette activité et l'intérêt accordé à
face aux crues qui peuvent causer l'eau par notre pays date depuis des
des pertes de vies fiumaines et des temps immémoriaux, des vestiges
dommages matériels importants. encore debout sont là pour témoi-
L'eau, don du ciel, élément purifica- gner de ce passé prestigieux.
El Mehdi BENZEKRI teur est, paradoxalement, souvent C'est vraisemblablement cette tradi-
PC 75 utilisée par l'homme pour transporter tion qui a permis au Royaume du
Secrétaire Général du ministère ses déchets et répandre les sub- Maroc, lorsque les techniques nou-
des Travaux Publics stances toxiques qu'il fabrique, au velles de mobilisation et de gestion
1969 ; Adjoint de Ciief de Lot Barra- risque de compromettre un équilibre de l'eau sont apparues, de les assi-
ge Moulay Youssef
1972 : Chef de Lot Barrage Idriss 1"' qui, quand il existe est bien fragile. miler très vite et d'accumuler en peu
1978 : Chef d'Aménagement Barrage L'eau est également complexe, le de temps une grande expérience
Al Massira problème qu'elle pose est, à l'heure dans tous les domaines de l'eau.
1979 : Chef de Division Eau à la Di- actuelle, loin d'être résolu. Son cycle Initiée par Sa Majesté Hassan II dans
rection des Affaires Techniques est certes connu, on peut le définir le discours prononcé à Erfoud en
1980 : Chef de Division Statistique et comme l'ensemble des échanges 1967, la politique des barrages, vi-
Programmation à la DAT
1982 : Directeur des Affaires Tech- d'eau sous ses trois formes entre les sant entre autres à assurer l'irrigation
niques mers, l'atmosphère, les continents et d'un million d'ha, n'a jamais cessé
1986 : Directeur des Aménagements les végétaux, mais son déroulement d'inonder de ses bienfaits le Maroc.
Hydrauliques est infiniment variable. Et, s'il apparaît paradoxal pour un
1993 : Directeur de l'Administration Bien apparemment inépuisable, l'eau pays semi-aride, aux ressources en
de l'Hydraulique
Secrétaire Général du ministère des est cependant très mal répartie dans eau limitées, variables et mal répar-
Travaux Publics le temps et dans l'espace. Ainsi a-t- ties, de baser son économie essen-
elle conditionné, des siècles durant, tiellement sur l'agriculture, les résul-
l'existence de l'homme ; chaque tats obtenus par temps d'abondance
source, chaque point d'eau a repré- comme par temps de pénurie d'eau,
senté une richesse autour de laquel- montrent qu'au contraire le choix a
le des civilisations se sont épa- été salutaire.
nouies. Depuis la nuit des temps, les
L'influence que l'agriculture exerce à
peuples ont dû lutter pour dompter
la fols sur la production intérieure, la
l'eau et s'affranchir de ses caprices
balance commerciale et les finances
particulièrement dans les zones ari-
publiques d'une part, les 40 % d'em-
des ou semi-arides. Ainsi sont nées
plois locaux qu'elle occupe ou les
des civilisations hydrauliques en
60 % de la population qu'elle fait

PCM — tE PONT — FEVRIER 1997

12
vivre, d'autre part, attestent bien de
la pertinence du choix.
Témoin privilégié de cette politique
des barrages que j'ai pratiquée deux
décennies durant à différents ni-
veaux de responsabilité, je n'ai ni la
prétention de tenter de relater le dé-
roulement des faits, ni celle d'en faire
une évaluation objective. Je me limi-
terai donc à une description des
phases les plus marquantes de son
évolution. Je voudrais auparavant
donner quelques indicateurs chiffrés
susceptibles de faciliter la compré-
hension de la problématique de l'eau
au Maroc.
Le climat du Maroc est du type semi-
aride à aride. Et bien que le volume
moyen des précipitations soit impor-
tant (150 milliards de m^ par an) la
plus grosse part est, soit consom-
mée sous forme d'évapotranspira-
tion, soit perdue par évaporation ou
déversement vers la mer. Le poten-
tiel renouvelable moyen est estimé à
l'alimentation artificielle des nappes. partir du néant une administration
30 milliards de m^ dont 20 sont mobi-
La capacité de stockage des 90 moderne dans son fonctionnement,
lisables avec les moyens convention- soucieuse du meilleur management
grands barrages constituant le parc
nels et dans des conditions écono- d'infrastructures hydrauliques du de ses ressources humaines sur les-
miques acceptables. Royaume est de 14 milliards de m^ quelles allait reposer la réussite de
Ainsi, la quantité d'eau disponible permettant de régulariser en moyen- ce projet. L'enjeu était de taille, toute
per capita n'atteint que 1 000 m^ par ne près de 9 milliards de m^ l'économie marocaine de l'époque
an, alors qu'elle tourne autour de reposait sur ce projet et qui plus est,
3 000 m^ au Nord de la méditerranée il n'y avait guère de temps, il fallait
(France, Espagne, Italie) et elle dé- Ressources Humaines viser juste et vite. Le camarade Mus-
passe 18 000 mVan en Amérique du
Nord et 23 000 m^/an en Amérique et organisation tapha Fans qui présidait aux desti-
nées de l'Hydraulique et dont je me
Latine. La Direction de l'Hydraulique a été permets de souligner l'ingéniosité et
dette disparité entre le Nord de la créée en 1967 pour superviser le la compétence, a réussi son pari en
Méditerranée et le Sud ira en s'ag- programme de construction de bar- cherchant d'abord à donner à cette
gravant à cause de la poussée dé- rages annoncé par le discours d'Er- Direction une culture d'Entreprise. Il
mographique et le Maroc devra do- foud la même année. a fait appel à EDF et je pense qu'il ne
rénavant vivre avec une dotation Elle devait lancer un premier lot de pouvait pas avoir meilleure idée.
inférieure à 1 000 m^ par habitant et construction de six barrages (Moulay Il fallait ensuite faire face à d'autres
par an, seuil considéré comme cri- Youssef-Hassan Addakhil-Mansour difficultés. Rappelons que l'Adminis-
tique. Cette moyenne occulte au Eddahbi-Youssef Ben Tachfine-Idriss tration de l'époque aspirait tous les
demeurant deux caractéristiques qui 1"' et Sidi Mohamed Ben Abdellah). diplômés d'études supérieures en
aggravent la situation : Lancés entre 1967 et 1970, ils ont leur offrant des postes de responsa-
• Disparité géographique : certaines été mis en eau entre 1970 et 1974. bilité immédiatement à leur sortie des
régions du Nord du Royaume reçoi- Elle comptait en son sein deux ingé- écoles ; cette opportunité ne peut
vent jusqu'à 2 000 mm de pluie par nieurs marocains et n'avait pour ainsi s'envisager pour les barrages, ou-
an pour 40 mm par an au Sud. dire aucune expérience de barrages. vrages complexes nécessitant une
• Disparité dans le temps car 90 % Outre le programme des ouvrages grande expérience. Comment attirer
des précipitations tombent en 5 mois de la première série à réaliser et de alors, des ingénieurs vers des sites
au Nord du pays et en quelques la deuxième à étudier, la Direction de éloignés, des conditions de travail
jours au Sud. l'Hydraulique devait assurer la maro- difficiles, un salaire ordinaire, pour
canisation de son encadrement et occuper des postes de second
La première disparité est corrigée
imaginer et mettre en place un cadre plan ? Il fallait compter sur la sollici-
par les transferts d'eau du Nord vers
de développement de l'infrastructure tude dont entourait Sa Majesté Le
le Sud et de l'Ouest vers l'Est, la
hydraulique pour faire face aux be- Roi la Direction de l'Hydraulique, sur
seconde est corrigée par le stockage
soins du Royaume. Il fallait créer à le capital confiance qu'avait le cama-
dans les barrages et depuis peu par

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


rade Paris et le nationalisme des jeu- nieurs fraîchement formés dans les fidélité, puisqu'ils continuent à exer-
nes ingénieurs marocains. Une admi- écoles nationales et étrangères et cer dans le cadre de partenariat au
nistration est née, forte et militante du EDF lui a communiqué une culture Maroc où ils bénéficient d'une quasi-
service public, elle le restera. Elle va d'entrepnse pour l'étude, la réalisa- exclusivité.
évoluer doucement en s'adaptant à tion et l'exploitation des barrages, le Le transfert technologique a été une
son environnement, sans jamais ou- BRGM ayant apporté le complément grande réussite, deux chiffres per-
blier qu'elle devait un jour assumer la dans le domaine de l'hydrogéologie mettent de l'affirmer : en 1982, une
lourde responsabilité en comptant et de la gestion des eaux. Cepen- proposition estimée à 80 % dans les
sur ses propres capacités. dant la DH ne pouvait demeurer une études de grands barrages était réa-
En 1981 sentant le vent tourner vers administration "assistée", ce qui était lisée par l'ingénierie étrangère, 20 %
plus de déconcentration, la Direction encore le cas au début des an- par l'Ingénierie nationale ; cinq ans
de l'Hydraulique s'est lancée dans la nées 80. Les cadres étrangers (EDF, après, la proportion s'est inversée ;
réforme de ses structures. Le niveau BRGM, Ingénieurs Conseils...) qui en outre, les études de barrages
Central s'est renforcé par la création faisaient de la coopération dite de courants se font en totalité au Maroc,
de deux Directions Spécialisées au "substitution" étaient au demeurant
sein de la Direction Générale de l'Hy- encore nombreux.
draulique (DGH). L'une, la Direction Il est, certes, utopique de penser
de la Recherche et de la Planification
de l'Eau (DRPE) a en charge l'inven-
que ce qui a demandé aux pays dé-
veloppés des années de recherche
Aspects institutionnels
taire des ressources en eau, leur pla- pourrait être réalisé ici en peu de
nification, la recherche d'eau souter- temps ou être donné en offrande. Au Maroc, nous l'avons dit, la tradi-
raine et la gestion qualitative et L'on ne peut par ailleurs sortir de sa tion de l'eau est ancestrale. Des rè-
quantitative de l'eau. L'autre, la Di- léthargie qu'en élaborant un plan gles précises d'affectation de l'eau et
rection des Aménagements Hydrau- courageux de transfert technologi- une organisation de la police de
liques (DAH) a en charge les étu- que et en développant la recherche l'eau existent depuis des siècles,
des, la réalisation et la maintenance appliquée. Il fallait compter, d'une elles ont donné lieu à des recueils de
des ouvrages hydrauliques. La DGH part, sur la mobilisation et l'engage- textes coutumiers dit "orft", droits
s'occupant de coordination, de logis- ment des bureaux d'études natio- savants, précis et dont l'intensité et
tique, d'élaboration de la politique de naux et, d'autre part, sur la disponibi- la rigueur augmentent avec la rareté
l'eau... lité de bureaux d'Ingénieurs Conseils de l'eau. Avec des références aussi
Le niveau territorial s'est organisé étrangers ayant une parfaite connais- riches et des bases vigoureuses et
autour de bassins hydrographiques sance du Maroc ; la volonté de l'ad- consistantes, le législateur a trouvé
gérés par sept Directions de Régions ministration de s'y impliquer forte- sa tâche relativement aisée lorsqu'il
Hydrauliques qui constituent le pro- ment étant bien évidemment acquise. a voulu en 1914 promulguer la pre-
longement régional de la DRPE. A bien des égards, Coyne et Bellier mière loi sur l'eau. Et, lorsqu'on 1935,
Et comme si la destinée de l'Admi- et Nedeco ont occupé une place de A. Sonnier publiait le "Code des eaux
nistration de l'hydraulique lui prédi- choix dans l'aide qu'ils ont fournie à au Maroc", son recueil rassemblait
sait un changement tous les 15 ans, deux bureaux d'études nationaux. Ils huit dahirs et arrêtés viziriels en vi-
la DGH prépare une autre mutation : ont été payés en échange par notre gueur à cette date, ce qui constituait
ses DRH vont se transformer en
agences de bassins avec plus de
prérogatives, plus d'autonomie, plus
d'implication... Si bien que lorsqu'on
parle de modernisation, recentrage,
efficacité, territorialité, professionna-
lisme, partenariat, qualité... la DGH
considère que c'est un peu du passé
et se prépare déjà à relever les défis
du siècle prochain.

Transfert
de technologie
La Direction de l'Hydraulique (DH) a
démarré en 1967 avec deux ingé-
nieurs marocains et des étrangers.
Sa réputation d'administration sé-
rieuse a drainé vers elle des ingé- Barrage de Sidi Driss.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


un édifice remarquable. Avec les
textes de ce Code, la puissance pu-
blique faisait face à la quasi-totalité
des problèmes que connaissait le
secteur de l'eau jusqu'à la fin des an-
nées soixante-dix. Avec la sécheres-
se des années quatre-vingt et son
impact sur la gestion de l'eau, nous
étions contraints de réviser ce Code
qui devenait obsolète. Le ministère
des Travaux Publics a alors lancé
une longue et profonde réflexion qui
a duré plus de 10 ans et qui a abouti
à la promulgation de la loi 10.95,
adoptée à l'unanimité par le Parle-
ment en 1995, ce qui constitue un
tournant décisif ouvrant de nouvelles
perspectives et préparant le Royau-
me à faire face aux enjeux futurs et à
Barrage de Smir.
relever les défis du siècle procfiain.
Il n'est pas question ici d'entrer dans
les détails de la loi 10.95, je me
contenterai d'évoquer quelques ca- ressources en eau mobilisées et cal- nification intégrée prenant en compte
ractères marquants : culer, en fonction des tendances l'ensemble des ressources et des
• Cette nouvelle loi consacre la do- passées, les ouvrages qu'il faudra besoins en eau ainsi que les rela-
manialité publique de l'eau tout en réaliser pour faire face aux besoins tions existant entre la disponibilité de
affirmant les droits d'eau acquis. futurs. L'exercice qui a pour finali- la ressource et le développement
• Elle consacre également l'unicité té de répondre efficacement à la économique et social du Royaume.
de l'eau en englobant dans une vi- demande de l'usager par temps Un soin particulier a été accordé au
sion intégrée eau de surface et eau d'abondance comme par temps de transfert entre zones excédentaires
souterraine, quantité et qualité, et en pénurie est beaucoup plus com- et zones déficitaires, à la préserva-
instaurant le principe du "pollueur- plexe ; et il faut au souci d'accroître tion de la qualité de l'eau, à la ges-
payeur". la quantité d'eau régularisée, joindre tion intégrée eau de surface eau sou-
• Elle institue le bassin hydrographi- celui d'améliorer la qualité de service terraine...
que comme unité de gestion de la au meilleur prix. Il faut avec le mini- La demande en eau caractérisée par
ressource. mum de moyens aider à faire aug- une prédominance de l'eau agricole
menter la productivité dans la totalité qui constitue actuellement 93 % de
• L'eau devient un bien économique
des secteurs de l'Economie qui dé- la demande globale sera légèrement
pour la répartition duquel entre diffé-
pendent tous, à des degrés divers, atténuée vers 2020 où elle tendra
rents usages la loi incite à la recher-
de la disponibilité de l'eau, il faut ai- vers 80 %. A cette échéance, la tota-
che des solutions les plus ration-
der les secteurs gros consomma- lité de nos ressources en eau sera
nelles. Elle reste en somme un bien
teurs d'eau à réduire les coûts de mobilisée, toute demande supplé-
collectif dont la mise en valeur doit
production, il faut sur un plan social mentaire viendra en déduction de la
obéir à des impératifs de solidarité
faire reculer la pauvreté, lutter contre dotation agricole à moins que les so-
nationale.
les maladies d'origine hydrique, as- lutions du type non classique, com-
Ainsi, la nouvelle loi sur l'eau va-t-elle
sainir, protéger l'eau... Et il faut déve- me le dessalement, fassent un pro-
permettre de faciliter la planification
lopper la ressource assez vite pour grès suffisamment important les ren-
de l'eau, sa mobilisation, son trans-
maintenir les conditions de la crois- dant compétitives des solutions clas-
fert, sa gestion, la préservation de sa
sance. siques.
qualité... thèmes que j'aborderai très
succinctement ci-dessous. La première planification de l'eau est Dans l'ensemble, alors que 60 % du
apparue dans les années cinquante. potentiel hydraulique sont déjà mobi-
Elle était sectorielle et s'appelait lisés et que le bilan global offre-de-
"Basse Moulouya", "Projet Sebou", mande en eau reste encore favora-

Planification de Feau "Moyen et Bas Oum Er Rbia"... Elle


ne pouvait guère répondre aux impé-
ble pour les deux prochaines décen-
nies, des situations de pénurie chro-
ratifs du 20'' siècle, comme elle ne niques d'eau sont déjà une réalité
Relever les défis du siècle prochain pouvait s'affranchir des problèmes régionale et la surexploitation des
dans le domaine de l'infrastructure de disparités interrégionales, des im- ressources en eau souterraine non
hydraulique ne saurait se réduire pératifs de coût-qualité... renouvelable se pratique depuis prés
à un exercice d'arithmétique qui 15 ans d'efforts soutenus ont été de 20 ans dans certaines régions.
consisterait à dresser l'inventaire des consacrés à la réalisation d'une pla- La demande augmente plus que

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


l'accroissement de la population. Le
niveau de vie s'améliore et le pays
rattrape son retard. Pour y faire face,
l'effort porte en premier lieu sur l'ac-
croissement de l'offre de l'eau sous
toutes ses formes. Il se traduira no-
tamment par l'accélération du rythme
de réalisation des grands ouvrages
hydrauliques, le plan national de
l'eau prévoit la réalisation d'un barra-
ge par an jusqu'à l'an 2000, ensuite
deux par an jusqu'à 2010, ensuite 3
par an jusqu'à 2020. A cet horizon,
on aura mobilisé tout notre potentiel,
aussi a-t-il été nécessaire de prati-
quer dès à présent également une
gestion de la demande.

Mobilisation de l'eau
Le Maroc n'a jamais sous-estimé les
difficultés inhérentes à son climat. Il
a su, de surcroît, tirer profit du déve-
loppement technologique et réaliser Barrage Bin el Ouidane.
d'importants résultats.
L'irrigation au Maroc a été pratiquée
depuis des siècles. Il est connu que
le Maroc exportait il y a plus de trois
X .!«.
siècles notamment vers l'Italie, du
sucre qu'il produisait dans des péri- ï-i^Bi^^^^^^H
mètres irrigués. Cependant, il a fallu
attendre 1929 avant que le Maroc
n'édifie son premier grand barrage,
"Sidi Saïd Maâchou", destiné à l'ali-
mentation en eau potable de Casa- >
blanca et à la production électrique.
En 1953, il mit en eau un barrage
exceptionnel "Bin El Ouidane", barra-
ge Voûte mince de 133 m de haut, * ^^^B
1,5 milliard de m' de capacité per-
mettant d'irriguer plus de 100 000 ha ^ ^
et produisant 550 Gwh par an. D'au-
tres ouvrages exceptionnels ont été il» ^•^ ' ' **

mis en service ces dernières années. -?


^ «. ^%^,A ' ^mÊÊÊÊU
Je citerais le barrage Moulay Hassan Barrage al Wahda.
1"', le barrage en terre le plus haut
d'Afrique, 145 m, parfait exemple de
coopération Maroco-Française étu- Sur le plan des réalisations, le parc Berkane, El Jadida ou Sidi Kacem
dié par Coyne et Bellier et Ingema, il des grands barrages est constitué n'ont prospéré que grâce aux péri-
a été réalisé par Dumez-Taïssir, tous de 90 ouvrages. On y trouve tous les mètres avoisinants. Dans l'avenir,
deux groupements franco-maro- types de barrages connus de par le cette politique sera poursuivie avec
cains. Je citerais également Aoulouz monde (terre, enrochement, voûtes, un rythme accéléré pour faire face à
le plus grand barrage en BCR en à contreforts, en BCR, en maçonne- la demande, et il faudra réaliser d'ici
Afrique et je citerais enfin le barrage rie, barrages poids, à masque, bar- l'an 2020 près de 60 grands bar-
Al Wahda qui est le plus grand bar- rages mobiles...). Leur rôle dans rages.
rage en Afrique (28 millions de m' de l'aménagement du territoire est indé- Sur le plan de la maîtrise de la tech-
remblais) et la deuxième retenue du niable. En effet, l'infrastructure a aidé nique, la Maroc n'a rien à envier aux
continent (3,800 milliards de m^). à l'émergence de véritables pôles de pays de tradition hydraulique, il dis-
La priorité dont a bénéficié le secteur développement économique régio- pose d'une administration ayant une
lui a permis de connaître un essor naux autour des grands périmètres grande maîtrise et une expérience
exceptionnel sur divers plans. irrigués. Les villes de Béni Mellal, certaine en matière de barrages. Il

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

Ifi^
est le seul pays arabe et africain dis- réduire celles d'entretien, car on en A la politique de gestion de l'offre,
posant de deux bureaux d'études paie le prix plus tard. s'est adjointe ces dernières années
d'un niveau international ayant à leur L'administration de l'Hydraulique l'a une politique de gestion de la de-
actif plus de 10 barrages en cours compris assez tôt pour réserver à la mande. Cette nouvelle politique qui
d'exploitation. Il dispose en outre de maintenance toute la place qu'elle s'est imposée au Maroc, depuis les
quatre entreprises de Génie Civil mérite dans ses programmes, aidée deux dernières et longues périodes
ayant déjà réalisé au moins un barra- en cela il est vrai, par une prise de de sécheresse, vise en dernier lieu à
ge et une entreprise ayant équipé en conscience du danger que représen- faire reculer les investissements en
vannerie plusieurs ouvrages. Il dis- te pour la population à l'aval un bar- amenant les usagers à entreprendre
pose enfin d'un laboratoire public, le rage mal entretenu. des programmes de conservation, à
LPEE qui développait entre autres, il L'auscultation et l'interprétation des utiliser des moyens techniques plus
y a déjà près de 20 ans, des mé- mesures sont confiées à des bu- efficients, en assurant une meilleure
tfiodes permettant par exemple de reaux d'Ingénieurs conseils natio- répartition de la pénurie, en proté-
déterminer avec une marge d'erreur naux ayant développé un savoir-faire geant la ressource contre toute sour-
acceptable la résistance d'un béton appréciable dans le domaine. ce de pollution, en incitant les usa-
de barrage, deux fieures avant de L'entretien des équipements se fait gers et particulièrement les agricul-
l'avoir coulé : cette prouesse était sur la base de MECEP (Méthodes de teurs à utiliser des techniques éco-
réalisée au barrage Al Massira à un Conduite de l'Entretien Préventif) à nomisant l'eau.
moment où le IVlaroc connaissait une l'instar des méthodes développées
en France par EDF.
pénurie ctironique de ciment.
Sur le plan de la rechierchie appli-
Certains barrages anciens ont connu La formation
quée, l'administration de l'Hydrauli-
que a réalisé quelques percées dans
des travaux de réfection un peu plus
poussés. C'est le cas pour les bar-
des hommes
rages qui ont plus de 30 années de Parallèlement au développement des
beaucoup de domaines. Celui qui l'il-
service ou lorsque les équipements ressources en eau par la construc-
lustre le mieux est certes le dévelop-
commencent à poser de sérieux pro- tion de barrages ou par la réalisation
pement du BCR. En effet le Maroc a
blèmes de pièces de rechange. de forages d'eau ; parallèlement à
été le 3' pays à édifier un grand bar-
l'amélioration de la gestion de l'eau,
rage en BCR après les USA et le Ja-
à la sauvegarde de sa qualité, à la
pon, toutes proportions gardées. Il
s'agit en l'occurrence du barrage Gestion de l'eau modernisation du cadre institution-
nel, à la mise en place d'une poli-
d'Aoulouz 700 000 m' de béton et
La gestion de l'eau obéit au Maroc à tique participative de l'eau..., le
79 m de haut, c'est aussi l'un des ra-
un cadre analytique global qui doit Maroc s'est attaché à perfectionner
res barrages de par le monde, conçu
s'adapter aux besoins, aux stocks les compétences d'analystes de poli-
pour que les eaux de crues qu'il
dans les barrages à la fin de l'été et tique, de planificateurs, de gestion-
stocl<e soient lâchées à l'aval pour
aux prévisions d'apports, la qualité naires et de techniciens de l'eau.
alimenter artificiellement la nappe al-
de l'eau est intégrée au système L'administration de l'Hydraulique n'a
luviale. En 10 ans, le Maroc a cons- cessé d'organiser des cycles de for-
principalement pour les barrages
truit en tout 8 grands barrages en destinés à l'alimentation en eau pota- mation à l'analyse intersectorielle,
BCR dont 5 ont été réalisés avec un ble. aux problèmes de législation et
tout-venant d'oued sans traitement. réglementation, aux techniques de
La gestion est assurée par les Di-
rections des régions Hydrauliques, gestion, à la protection de l'environ-
structures décentralisées ayant éta- nement, à l'évaluation des projets...
Maintenance bli des rapports fructueux et cons-
tructifs avec les usagers de l'eau
Par ces formations, par les rapports
qu'elle a développés avec les usa-
des ouvrages et ce, depuis que l'administration gers de l'eau, l'administration de
l'Hydraulique souhaite pouvoir abor-
a développé des modèles perfor-
L'insuffisance de l'entretien repré- mants d'aide à la gestion, modè- der de manière moderne la mobilisa-
sente un échec presque universel, les qui ont été d'un grand secours tion et la gestion du patrimoine eau,
c'est bien connu. La négligence de pendant les longues périodes sè- elle veut rompre avec les pratiques
l'entretien est souvent aggravée par ches des débuts des années 80 et passées où la dimension économi-
des réductions de dépenses inconsi- 90. Le développement de ces mo- que de l'eau n'était pas prise en
dérées. Il est normal, en période dèles vise en outre à contenir la de- compte. En d'autres termes, elle dé-
d'austérité budgétaire de freiner les mande en eau et à rendre plus effi- sire contribuer de façon substantielle
dépenses d'investissement, mais cientes les conditions d'utilisation de à faire du concept de développe-
c'est une fausse économie que de l'eau. ment humain durable, une réalité. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

17
ROC
miques et sociales indéniables. L'irri-
Uirrigation gation s'impose comme une voie pri-
Un impératif technique vilégiée du développement agricole
et bénéficie de ce fait d'une attention
incontournable particulière des pouvoirs publics.
Dans le cadre de la stratégie de dé-
veloppements agricole et rural, de
Avec une superficie de 71 millions
grands espoirs sont fondés sur l'irri-
d'hectares, le Maroc ne compte que
gation. Celle-ci doit contribuer signifi-
Mohamed AIT KADI 9 millions d'hectares environ dont les
cativement à satisfaire les besoins
• Directeur de l'Administration sols et les conditions hygrométriques
du Génie Rural alimentaires croissants de la popula-
sont adaptés à la culture. Le climat
• Ingénieur du Génie Rural tion. De plus, les zones irriguées doi-
du pays est caractérisé par des pré-
• Membre du Comité Technique vent jouer pleinement leur rôle de
Consultatif du Partenariat cipitations irrégulières qui sont à l'ori-
véritables pôles de développement
International de l'Eau gine de grandes variations en matiè-
tant au niveau local que régional,
• Gouverneur du Conseil Mondial re de production agricole dans les
de l'Eau avec les retombés escomptées sur
zones d'agriculture pluviale. Pour ne
• Directeur du Développement l'économie nationale dans son en-
et de la Gestion de l'Irrigation, citer que des exemples récents, la
semble.
Administration du Génie Rural, production céréalière a chuté de
Compte tenu du potentiel hydrau-
ministère de l'Agriculture 85 millions de quintaux en 1991 à
et de la Mise en Valeur Agricole, lique mobilisable estimé actuelle-
28,5 millions de quintaux en 1992
Rabat, Maroc ment à 21 milliards de mètres cubes
par suite du déficit pluviométrique et
• Professeur au Département et de la part réservée à l'agriculture
de l'Equipement et de l'Hydraulique de la mauvaise répartition de la
(17 milliards de mètres cubes), le
(DEH) de l'Institut Agronomique pluie. En valeur, la production agri-
et Vétérinaire Hassan II, Rabat, potentiel irrigable d'une façon péren-
cole a connu un bond de plus de
Maroc depuis septembre 1976. ne est estimé actuellement, environ
15 milliards de dirhams (en termes
Chef du Département de 1982 1,35 million d'hectares auxquels
constant base 1980) entre la campa-
à 1989 s'ajoutent quelque 300 000 hectares
• Responsable du Centre Internationalgne 1992-93 qui fut une mauvaise pouvant bénéficier d'une irrigation
de l'Irrigation de l'Institut campagne et la campagne 1993-94
Agronomique et Vétérinaire saisonnière et/ou par eaux de crues.
qui fut une très bonne campagne.
Hassan II Ce potentiel reste relativement limité
Ainsi, l'insuffisance et/ou la mauvaise
• Professeur visiteur à l'Institut eu égard aux besoins du pays. Il
Agronomique Méditerranéen répartition des précipitations annihi-
convient par conséquent de le valori-
de Bah, Italie lent grandement toutes les actions vi-
ser au mieux des intérêts de la col-
• Consultant pour le ministère sant l'amélioration de l'agriculture
de l'Agriculture et de la Réforme lectivité nationale.
pluviale. Du reste, les sécheres-
Agraire, Bureau d'Etudes, ses successives qui ont sévi sur le
Organismes Publics et Organisations
Internationales Royaume durant ces dernières an-
• Conseiller en Irrigation nées nous amènent à considérer de
pour les Domaines Royaux plus en plus ce fléau comme une
contrainte structurelle à laquelle doit
Les réalisations :
faire face notre agriculture. vers l'objectif
Ainsi, et depuis toujours, les condi-
tions climatiques du Maroc ont fait
du million d'hectares
de l'irrigation un impératif technique
incontournable qui a acquis au fil Depuis que Sa Majesté le Roi a fixé
des années des dimensions écono- en 1967 l'objectif du million d'hecta-

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


..îystsa^di,» par un accroissement substantiel
des crédits d'investissement alloués
à ce sous-secteur. En effet, ces in-
vestissements sont passés de moins
de 5 % à plus de 12 % des investis-
sements réservés aux aménage-
ments hydroagricoles. Il y a lieu de
préciser que la PMH, qui représente
38 % du potentiel national irrigable
de façon pérenne, soit 510 000 ha,
joue un rôle privilégié dans l'équilibre
socio-économique régional. Son dé-
veloppement doit permettre l'aména-
gement d'une grande partie du terri-
toire et éviter le déséquilibre en-
gendré par le développement des
grands périmètres irrigués et des
villes.
res irrigués de façon pérenne avant mise en valeur pour mieux rentabili- A l'heure actuelle la superficie totale
l'an 2000, le Maroc a entrepris dans ser les investissements réalisés dans aménagée par les soins de l'Etat
le cadre d'une politique hydraulique le cadre d'une vision de développe- atteint 896 000 hectares dont
harmonieuse, un vaste programme ment rural intégré. Ainsi, pour pro- 570 000 ha en grande hydraulique et
d'aménagement hydroagricole. Il n'a mouvoir l'usage rationnel de l'eau et 326 000 ha en petite et moyenne hy-
pas hésité devant l'audace technolo- s'affranchir des contraintes impo- draulique. A cela s'ajoutent 108 000
gique. Pour mobiliser l'eau il faut sées par les structures agraires exis- hectares en cours de réalisation
de grands barrages (le Maroc dispo- tantes, la politique d'aménagement dans le cadre du Programme Natio-
se d'un patrimoine de plus de adoptée est une politique interven- nal d'Irrigation (PNI 1993 - 2000)
84 grands barrages permettant de tionniste mettant en œuvre une ap- pour achever le million d'hectares
régulariser en année moyenne plus proche intégrée basée sur le princi- irrigués.
de 10 milliards de mètres cubes), pe qu'il ne suffit pas uniquement de
même si les retenues collinaires peu- mobiliser l'eau et construire l'infra-
vent être une bonne réponse, com- structure d'irrigation. Il faut aussi
créer les conditions favorables d'une
plémentaire à des besoins localisés.
Il faut multiplier les forages, en veil- véritable mise en valeur marquée par Les impacts
lant davantage, il est vrai à la rechar- des taux d'intensification et des ren-
ge des nappes. De grands transferts dements élevés. L'agriculture irriguée, bien qu'elle ne
d'eau sur plusieurs centaines de kilo- Au début des années 1980, la Petite concerne encore que 10 % des ter-
mètres sont envisagés. Parallèlement et Moyenne Hydraulique a bénéficié res arables contribue à environ 45 %
à cet effort de mobilisation des res- d'un intérêt grandissant, manifesté de la valeur ajoutée agricole et inter-
sources en eau de grands efforts
sont déployés pour le développe-
ment de grands périmètres irrigués
en faisant davantage de place assu-
rément à la petite et moyenne hy-
draulique. Le Maroc récolte déjà les
fruits de cette continuité exemplaire
de la politique de l'eau et de l'irriga-
tion.
En matière d'aménagement hydroa-
gricole, initialement l'essentiel de l'ef-
fort a été consenti au profit de la
grande irrigation qui a bénéficié de
plus de la moitié des investissements
publics réservés à l'agriculture. Neuf
grands périmètres ont été créés
dans les principaux bassins hydrau-
liques du pays. Dans le développe-
ment de ces périmètres, la préoccu-
pation majeure a été dès le départ
orientée vers l'intensification de la Canal principal haut service des Doukkalas.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1 9 9 7


vient pour 65 % des exportations bénéfices du projet, ceux-ci ont cer- lation, les réseaux de routes, et de
agricoles. tainement favorisé les couches les pistes rurales créées ou renforcées à
La mise en valeur agricole dans les plus pauvres étant donné que celles- l'occasion de l'aménagement hydro-
grands périmètres irrigués a réalisé ci dépensent une part plus importan- agricole ont contribué au désencla-
des progrès notoires. En effet, dans te de leurs revenus dans l'alimenta- vement total des zones bénéficiaires.
la plupart de ces périmètres, l'utilisa- tion. Dans le périmètre du Loukkos par
tion de l'eau d'irrigation a atteint ap- Dans les Doukkala, les revenus nets exemple, la distance moyenne d'un
proximativement 80 % du potentiel. des agriculteurs ont été multipliés douar à piste est moins de 100 m
Le taux moyen d'intensification a par 5 à 8 et dépassent 15 000 Dh/ha. dans la zone irriguée et elle est de
augmenté progressivement, il est ac- En outre 33 % des exploitations en- 4 km dans le bourg non aménagé.
tuellement de 110 % mais reste in- quêtées ont déclaré qu'une ou plu- Quant à l'accès à une route goudron-
férieur au potentiel moyen estimé a sieurs personnes de leurs familles née il est respectivement d'environ
130 %. L'irrigation et l'usage d'autres auraient émigré contre 74 % avant le 3 km et 7 km.
intrants tels que les semences sélec- projet. De plus 36 % des exploita-
Le regroupement de l'habitat (consé-
tionnées, les engrais et la mécanisa- tions touchées par l'émigration conti-
quence des formes d'aménagement
tion ont conduit à une augmentation nue à supporter sous une forme ou
sensible des rendements. Cette aug- adoptées, exemple création d'UREF
une autre leurs émigrants ce qui si-
mentation associée à celle des su- gnifie que le projet a un impact plus dans les Doukkala ou les lotisse-
perficies irriguées a entraîné une grand si on inclut les non-résidents. ments de la réforme agraire dans le
augmentation du volume global de la En matière d'emploi, les superfi- Loukkos) a créé des conditions favo-
production de certaines cultures. cies irriguées procurent actuelle- rables à la mise en place d'infra-
Sur le plan du développement rural, ment près de 120 millions de jour- structures socio-économiques (élec-
les impacts des aménagements hy- nées de travail par an soit environ trification, eau potable, assainisse-
droagricoles peuvent être appréciés 1 650 000 emplois dont 250 000 per- ment, école, etc.). Il convient de si-
à travers l'évolution des revenus des manents. A cela il faut ajouter les gnaler que jusqu'en 1980 certains
agriculteurs, l'emploi, le désenclave- emplois créés dans les autres activi- équipements communaux faisaient
ment et l'accès aux autres services tés à l'amont et à l'aval de l'agricultu- partie Intégrante de l'aménagement
publics communaux comme l'eau re irriguée. Inutile de souligner que et pouvaient représenter jusqu'à 10 %
potable, l'électrification etc.. Au- l'aménagement hydroagricole a sti- des investissements alloués à l'équi-
delà des cfiiffres globaux, il y a lieu mulé la mise en place d'un tissu pement. Dans le Loukkos par exem-
de s'appuyer ici sur trois cas qui ont agro-industriel important. (L'agro-in- ple 50 % des douars de la zone irri-
fait l'objet d'étude d'évaluation d'im- dustrie est un des secteurs porteurs guée disposent d'électricité. Bref, la
pact. Il s'agit des deux études de surtout du point de vue de l'emploi simple observation du terrain permet
post-évaluation qui ont concerné le mais il exige une production stable de constater l'amélioration sensible
périmètre irrigué de la Basse Mou- sur le plan de la quantité et de la du niveau de vie des bénéficiaires
louya et les projets Doukkalas I et II qualité qui ne peut être obtenue sans de l'irrigation à travers les construc-
(Zemmamra et Tnine el Gharbia) et la maîtrise de l'eau). tions en dur, les antennes de télévi-
enfin les résultats du système de En matière d'infrastructure de circu- sion, les véhicules de transport, etc..
Suivi et Evaluation du Projet Loukkos
qui a été mis en place dès le démar-
rage de ce projet et qui a produit des
résultats sur les effets de l'aménage-
ment hydroagricoie en 1990 c'est-à-
dire après 10 ans.

En ce qui concerne les revenus,


dans la Moulouya les revenus nets
entre 1960 et 1978 ont augmenté de
9 à 13 fois (4 à 6 fois en termes
réels) ce qui a permis "de sauver la
région soit d'une émigration massi-
ve soit d'une pauvreté accentuée
par les sécheresses périodiques".
38,5 % des avantages totaux dont le
projet est à l'origine allèrent aux ex-
ploitants agricoles et 37 % aux ou-
vriers agricoles. Il a été montré aussi
après une analyse complexe que
5 % des avantages du projet ont été
attribués aux consommateurs. Or, si
les consommateurs ont tiré quelques

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

?n
Le Programme
National d'Irrigation ^ 1150 — 1131

(PNI1993-2000) : o 1100-^ 1071


1102,5

un double défi a; 1050-


3
^ 1000- 987,5
Avec la mise en œuvre du Program-
me National d'Irrigation (PNI 1993- S 950- 935

2000) l'agriculture irriguée au Maroc

nn
915 «i^Hj
g, 900- 895,5
est entrée dans une nouvelle ère.
Cette ère est marquée par un double 850
défi. 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Le premier défi réside dans l'exten-
sion de l'irrigation à 250 000 hec-
tares qui représentent actuellement cisément promouvoir un développe- l'exploitation des réseaux. Le but est
le décalage entre les superficies do- ment économique. La durabilité est d'assurer un meilleur service de l'eau
minées par les barrages construits aussi liée à la viabilité économique aux usagers qui réponde à leurs be-
ou en cours de construction (y com- des exploitations agricoles. La maî- soins en minimisant les pertes.
pris le Barrage AlWahda dont la mise trise de l'irhgation au niveau de l'ex- 3 - L'organisation des agriculteurs
en service est prévue en 1997) et les ploitation doit conduire à une réduc- dans le cadre des associations
superficies aménagées. Cette exten- tion des coûts de production et amé- d'usagers des eaux agricoles qui
sion s'impose non seulement dans le liorer les marges brutes à l'hectare. constituent le cadre privilégié du dia-
cadre d'une politique hydraulique Les actions entreprises en matière logue et de la participation effective
harmonieuse mais aussi et surtout d'économie d'eau s'articulent autour des bénéficiaires dans la gestion des
compte tenu de l'aridité du climat qui des axes suivants : équipements qui les concernent.
réduit de plus en plus l'espace agri- 1 - La réhabilitation et la modernisa- 4 - La réduction des pertes d'eau et
cole productif du pays. Elle est éga- tion des équipements vétustés. Le une meilleure planification des arro-
lement une opportunité pour infléchir Programme National d'Irrigation a re- sages au niveau des exploitations.
les conceptions d'ensemble vers une tenu une superficie de 200 000 hec- L'effort dans ce domaine portera sur
adaptation précise aux nouvelles exi- tares dont 62 000 en grande hydrau- la mise en place d'un réseau national
gences de l'agriculture irriguée. lique et 138 000 concernent plus de de démonstration-vulgarisation sur
Le deuxième défi consiste à amélio- 600 périmètres de petite et moyenne les conditions de mise en oeuvre des
rer les performances de l'agriculture hydraulique répartis sur l'ensemble différentes techniques d'irrigation et
irriguée dans son ensemble pour la du territoire du Royaume. Il convient la conduite des arrosages.
rendre plus productive, plus compé- de souligner qu'en matière de Petite 5 - La mise en place d'un système
titive et durable. Dans ce cadre les et Moyenne Hydraulique, le MAM'V'A de tarification rationnel qui incite à
améliorations prévues intéressent a élaboré récemment une stratégie l'économie de l'eau, mais dans un
l'économie de l'eau, l'intensification de mise en valeur intégrée de ces cadre macro-économique cohérent
et l'accroissement de la productivité zones qui associe la réhabilitation qui garantie la rentabilité des inves-
et enfin l'efficacité opérationnelle des des systèmes d'irrigation anciens à tissements et la viabilité des exploita-
Offices Régionaux de Mise en Valeur l'intensification et à la valorisation tions agricoles. Gérer l'eau comme
Agricole. des productions agricoles. Le but re- un bien économique est un moyen
Au Maroc, actuellement 90 % des res- cherché est de réunir les conditions important pour promouvoir son usa-
sources en eau mobilisées sont utili- favorables pour que ces périmètres ge efficient et équitable et encoura-
sées dans l'irrigation. L'économie d'eau expriment pleinement leur potentiel ger son économie et sa préservation.
s'impose, non seulement pour fai- de production et deviennent de véri- 6 - L'utilisation du potentiel hydrauli-
re face à la concurrence sur l'eau tables pôles de développement à que du pays au mieux des inté-
qu'exercent de plus en plus les sec- travers la création d'activités agrico- rêts de la collectivité nationale, nous
teurs de l'eau potable et industrielle, les et para-agricoles productives et conduira ultimement à réfléchir à une
mais aussi pour garantir la durabilité économiquement motivantes. C'est carte agricole du pays qui maximise
des aménagements hydroagricoles. ainsi que pourront être créés des la valorisation des ressources en eau
Cette durabilité est liée premièrement emplois et des revenus stables disponibles.
à la conservation des ressources en contribuant à l'amélioration des ni- En matière de mise en valeur agrico-
eau et en sol. Les gaspillages d'eau veaux de vie des populations rurales le, initialement, son obligation stipu-
et les problèmes de salinité et de et à leur fixation. lée dans le Code des Investisse-
drainage qui s'ensuivent risquent 2 - Le renforcement des capacités ments Agricoles devait répondre non
d'aboutir à ce paradoxe qu'ils bloque- des organismes gestionnaires des seulement à la recherche de la meil-
raient le développement de ces zo- infrastructures d'irrigation dans les leure rentabilité au niveau de l'exploi-
nes dans lesquelles on a voulu pré- domaines de la maintenance et de tation agricole mais également au

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


souci de stimuler et d'orienter la pro-
duction agricole dans l'intérêt de la
collectivité nationale compte tenu
des objectifs assignés à l'agriculture
irriguée. Dans ce cadre des objectifs
spécifiques de production ont été
déterminés en fonction des potentia-
lités agricoles de chaque périmètre
d'irrigation, des impératifs de la de-
mande intérieure et des possibilités
d'exportation. Une attention particu-
lière était accordée aux cultures di-
tes "intégrées" (betterave et canne à
sucre, coton...) pour lesquelles les
ORMVA intervenaient directement
dans les opérations essentielles de
mise en culture ; travaux du sol, trai-
tements phytosanitaires, distribution
d'intrants, etc.. Cette approche était
nécessaire, dans une première éta-
pe, pour assurer le transfert des que cette évolution suppose aussi un rôle des associations et organisa-
techniques améliorées et pour ac- changement de comportement de tions professionnelles dans la maîtri-
croître la production et valoriser l'irri- l'agriculteur qui ne doit plus se consi- se des filières de production et de
gation. Mais avec la mise en œuvre dérer comme "l'assisté" mais comme commercialisation.
du Programme d'Ajustement Structu- le "client" de l'ORMVA. Ce change- Enfin, avec la mise en œuvre du Pro-
rel (PASA) une nouvelle stratégie ment exige aussi l'adaptation consé- gramme d'Amélioration de la Grande
s'est mise progressivement en place. quente de la prestation de l'ORMVA. Irrigation (PAGI) le MAMVA s'est
Elle porte sur : Malgré les progrès réalisés en matiè- engagé résolument sur la voie de
a) la promotion du secteur associatif re de mise en valeur, il persiste en- l'amélioration de l'efficacité opéra-
(coopératives, associations de pro- core un gap au niveau de l'intensifi- tionnelle des Offices Régionaux de
ducteurs, etc..) débouchant sur la cation et la productivité par rapport Mise en Valeur Agricole sur les plans
prise en charge de certaines presta- aux potentialités de production exis- technique, administratif et compta-
tions par la profession, et tantes. En effet, les taux d'intensifica- ble. Ainsi, des mesures de réorgani-
b) le désengagement des ORMVA tion dans certains périmètres sont sation ont été mises en place pour
vis-à-vis des prestations à caractère encore inférieurs au potentiel. De faciliter la mise en œuvre d'une politi-
commercial que peut assumer le même, les rendements réalisés pour que contractuelle entre l'Etat et les
secteur privé. certaines cultures restent inférieurs à Offices, dans le cadre de Contrats-
Dans ce contexte, la mise en valeur 70 % du rendement potentiel pour la Programmes, entre les Offices, les
agricole dans les grands périmètres plupart des cultures pratiquées et agro-industries et les agriculteurs à
irrigués s'oriente vers un passage n'atteignent pas 40 % pour certaines. travers leurs associations profession-
progressif de la Prescription (assole- L'accroissement de l'intensification nelles. En outre, des mesures corré-
ments obligatoires) à la Vocation qui agricole et de la productivité néces- latives concernant en particulier l'or-
doit confirmer les vocations cultura- site une adaptation du Soutien au ganigramme des offices, la mise en
les des périmètres irrigués en termes Développement Agricole dans les place d'un système d'information de
d'avantages comparatifs eu égard périmètres irrigués. Il faut s'attaquer gestion et le développement des res-
aux possibilités des marchés inté- aux moteurs principaux de la pro- sources humaines ont été étudiés et
rieur et extérieur et compte tenu des ductivité qui sont : ont reçu un début d'application.
contraintes du service de l'eau (dis- - la technicité des hommes ; Le Programme National d'Irrigation
ponibilité de l'eau et capacité des ré- - l'accès élargi aux moyens et mé- constitue un vaste chantier de plus
seaux d'irrigation). Dans cette pers- thodes modernes de production ; de 30 milliards de Dirhams. A l'heure
pective, le maintien d'un cadre ma- - l'articulation de la production à actuelle un financement de plus de
croéconomique cohérent est indis- un réseau de commercialisation effi- 8 milliards de Dirhams est mis en
pensable pour garantir la compatibi- cace, et place pour l'aménagement et la
lité nécessaire des objectifs macro- - l'ajustement du système de culture réhabilitation de 200 000 hectares
économiques avec les intérêts des aux marchés national et international. soit 44 % de la superficie totale du
agriculteurs. Il est à noter également Pour cela, il y a lieu de renforcer le programme. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

oo
ECONOMIQUE
6 Maroc à la veille de l'indépendance disposait d'infrastructures portuaires limitées qui
se sont vite révélées insuffisantes pour suivre l'accroissement de ses échanges exté-
rieurs ou pour satisfaire les besoins de sa flottille de pêche sans cesse croissants. Il a fallu
ainsi développer ce secteur en deux phases. La première, qui correspondait aux années 1970
jusqu'à 1985, avait pour objectif de mettre en place les infrastructures de base et les équipe-
ments pour la réception des trafics. C'est ainsi que de grands projets de nouveaux ports ont
vu le jour, dont 4 grands ports polyvalents commerce-pêche (Nador, Jorf-Lasfar, Mohammedia
et Agadir-Anza) et 8 ports de pêche (Ras-Kebdana, Jebha, M'diq, Tan-Tan, Sidi-lfni, Tarfaya,
Laayoune et Dakhia). Depuis 1985, et avec la nouvelle organisation du secteur portuaire mise
en place par la création de l'Office d'Exploitation des Ports (ODEP) et la société de dragages
DRAPOR, une nouvelle stratégie a été adoptée pour le développement des ports. Cette straté-
gie a pour objectif général de mettre à niveau les infrastructures portuaires pour assurer la
meilleure compétitivité de notre économie nationale et de faire largement participer le secteur
privé dans le financement, la gestion et l'exploitation des ports. Des résultats probants au
niveau des conditions d'exploitation des ports ont été d'ores et déjà constatés à la satisfaction
des usagers, et les efforts d'amélioration sont encore poursuivis. Dans le domaine des ports
de plaisance, plusieurs nouveaux projets ont été réalisés et confiés au secteur privé pour leur
exploitation dans le cadre de concessions. Ce recours au secteur privé pour la réalisation ou
l'exploitation des infrastructures portuaires commence à être plus largement utilisé comme le
montre les exemples du nouveau terminal charbonnier de Jorf-Lasfar concédé au privé et
l'appel d'offres international en cours pour la concession de la réalisation et de l'exploitation
du futur port de Tanger-Atlantique.

01.08.1970-30.09.1970 : Chef de
l'Equipement du Barrage Bouregreg
1970-1972 : Chef de l'Arrondisse-
ment de Safi
1972-1973: Chef du Service des
Ports Secondaires
Du 03.03.1976 à nos jours : Direc-
teur des Ports et du Domaine Public
Maritime

Si Mohamed LAYACHI
PC 70
Directeur des Ports
et du Domaine Public l\/laritime
1965-1967 : Chef de la Subdivision
de Têtouan
1967-1970 : Chef par Intérim de l'Ar-
rondissement de Têtouan

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


Les ports occupent au Maroc une infrastructures de base et dans la lisation de toutes les capacités po-
place privilégiée en tant qu'instru- politique générale de développe- tentiellement disponibles.
ment favorisant le développement ment socio-économique du Royau- Actuellement, le Maroc dispose de
économique et social du pays. La me. Cette politique est à objectifs 25 ports qui peuvent être classés en
position géograptiique de notre multiples. Elle vise à donner au trois grandes catégories :
pays, à la rencontre de l'Europe et Maroc la place qui lui revient dans 1) Les ports dits de commerce, d'im-
de l'Afrique et face à l'Amérique, les relations internationales, à confir- portance très variable et qui sont, du
confère à nos ports un rôle clé dans mer sa vocation historique de pays nord au sud : Nador, Tanger, Keni-
notre commerce extérieur dont plus maritime, à mettre à profit les res- tra, Mohammedia, Casablanca, Jorf-
de 98 % du volume passe par les sources que recèlent nos côtes ma- Lasfar, Safi, Agadir, Tan-Tan, et
ports, soit un trafic annuel de 44 mil- ritimes s'étendant sur plus de Laayoune, soit 10 ports générale-
lions de tonnes. Nos ports assurent 3 000 km et à développer le tourisme ment polyvalents, commerce et pê-
également l'accueil d'une flottille de lié à la mer. che.
pêche d'environ 3 400 unités réali- Les décisions d'implantation de nou- 2) Les ports régionaux d'importance
sant des apports annuels de l'ordre veaux ports ou de développement locale : Ras-Kebdana, Jebha, Al Ho-
de 839 000 tonnes de poissons pour de ceux existants ont été arrêtées ceima, M'diq, Larache, El Jadida, Es-
une valeur globale de 5,4 milliards sur la base d'études de plans direc- saouira, Sidi-lfni, Tarfaya et Dakhia,
deDH. teurs portuaires s'appuyant sur une soit 10 ports phncipalement de pê-
Pour présenter les réalisations du vision globale du développement na- che.
Maroc dans le domaine portuaire, tional et des contraintes de la politi-
3) Les ports de tourisme : Sables
cet article traitera des aspects sui- que d'aménagement du territoire. d'Or, Restinga-Smir, Kabila, Asilah et
vants ; Actuellement, la politique poursuivie Marina d'Agadir, soit 5 ports de plai-
- Efforts d'équipement et d'exten- consiste à : sance nouvellement construits.
sion du patrimoine portuaire, - développer des pôles de croissan- Depuis les années 1970, notre pays
- Restructuration de l'organisation ce régionale : Nador pour la région a dû consentir de gros investisse-
du secteur portuaire. orientale, Agadir pour celle du ments pour faire face à l'accroisse-
- Développement des ports de plai- Souss, Jorf-Lasfar et Safi pour celle ment du trafic maritime qui est passé
sance. du centre, Tanger pour la région de 11,6 millions de tonnes en 1956 à
- Ouverture au privé du secteur por- Nord-Ouest et Laayoune et Dakhia 44 millions en 1995 et pour soutenir
tuaire. pour la région Saharienne, la politique de développement du
- renforcer la mise en valeur des secteur de pêche dont les apports
ressources halieutiques et des po- ont évolué de 171 000 tonnes en
Efforts d'éguipement tentialités touristiques des zones cô-
tières,
1961 à 839 000 tonnes en 1995.
Pour se faire une idée de ce gigan-
et d'extension - et enfin à protéger et à surveiller tesque effort, il suffit de se rappeler
du patrimoine les espaces côtiers et maritimes ma-
rocains.
que le pays ne disposait à la veille
de l'indépendance que de 9 ports.
portuaire Le côté amélioration des conditions
de transit des marchandises et de la
Ainsi en moins de quarante ans,
17 nouveaux ports ont été construits
Depuis son indépendance, notre qualité des services portuaires est dont :
pays a entrepris une politique por- également considéré en priorité étant - 4 grands ports polyvalents com-
tuaire qui s'intègre dans une straté- donné que les nouvelles extensions merce-pêche : Nador, Jorf-Lasfar,
gie globale de développement des ne sont entreprises qu'après la mobi- Mohammedia et Agadir-Anza ;

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


cette région du Royaume sur les au-
tres continents par la mer. Les instal-
lations de ce port, dont la mise en
exploitation a commencé en 1978,
NADOR comportent, outre la jetée de
MOHAMMEOIA 2 635 m, un plan d'eau abrité de
JORFLASFAR 140 ha, 14 postes à quais d'une lon-
gueur de 2 680 ml, 2 postes car-ferry
et deux postes ro-ro, ce qui permet
l'accostage de navires allant jusqu'à
60 000 TPL. Le trafic traité par ce
port est de 1,8 million de tonnes par
an, trafic appelé à croître encore
plus sous l'impulsion de la zone fran-
che projetée près de port et de l'évo-
lution de l'économie de la région de
l'oriental.

Le complexe portuaire d'Agadir :


c'est le port principal de la zone Sud
du Maroc. Cette zone côtière est
DAKHU l'une des régions les plus riches du
Royaume en ressources halieutiques
et dispose en plus d'atouts naturels
Les ports de commerce. qui la placent parmi les zones touris-
tiques les plus attractives du monde.
Le nouveau port, réalisé entre 1985
- 8 ports de pêche : Ras-Kebdana, belles réalisations du Maroc après et 1988, offre un plan d'eau de
Jebha, M'diq, Tan-Tan, Sidi-lfni, Tar- son indépendance. Premier port mi- 60 ha, protégé par deux digues à
faya, Laayoune et Dakhia ; néralier du Royaume, il peut rece- talus, l'une de 2 300 ml de longueur
- et 5 ports de plaisance : Restinga- voir des navires de 100 000 tonnes et l'autre de 600 ml. Les linéaires de
Smir, Kabila, Asilah, Sables d'Or et la pour les navires minéraliers et de quais totalisent 1 280 ml à - 10,50
Marine d'Agadir. 200 000 tonnes pour les pétroliers. Il et - 15,00 m hydro. 70 hectares de
Entre 1961 et 1996, le linéaire de dispose d'un plan d'eau de 150 ha terre-pleins, entièrement gagnés sur
quais a ainsi été multiplié par 2,2 protégé par des ouvrages de protec- la mer par remblaiement hydraulique
passant de 14 620 à 32 202 ml, alors tion de 4 500 ml et d'un linéaire de et terrestre ont été aménagés pour
que les surfaces de plans d'eau ont quais de 1 965 ml avec des tirants l'exploitation du port. Sa capacité est
été multipliées par 3,5 passant de allant jusqu'à - 17,00 lui permettant estimée globalement à 3 millions de
342 ha à 1 208 ha. de recevoir jusqu'à 50 millions de tonnes. Un port de plaisance a été
tonnes de trafics par an. En plus de également réalisé permettant de re-
Parmi les nouveaux ports construits,
son rôle dans le développement des cevoir 400 unités dans sa phase dé-
il y a lieu de citer les exemples sui-
activités de l'Office Chérifien des finitive. Pour répondre aux besoins
vants :
Phosphates, ce port joue un rôle clé futurs, un nouveau port de pêche est
Port pétrolier de Mohammedia : actuellement en cours sur le site.
dans le développement économique
situé à 25 kilomètres environ au 870 ml de nouveaux quais seront
et industriel de toute la région d'EI
Nord-Est de Casablanca, ce port a ainsi mis à la disposition des pê-
Jadida. Une zone industrielle est en
été mis en service en 1980 pour cheurs fréquentant Agadir,
cours de lancement près de ce port,
résoudre d'une manière décisive les
ce qui lui permettra d'attirer des tra-
problèmes d'approvisionnement du Port de Tan-Tan : conçu comme un
fics de divers contribuants à désen-
pays en produits pétroliers. Il dispo- outil au service de la mise en valeur
gorger le port de Casablanca. Ce
se d'une digue longue de 2 650 ml, des ressources halieutiques particu-
port est actuellement le troisième
d'une contre-digue de 457 ml, de lièrement importantes de la zone
port du Maroc avec un trafic de
deux postes pétroliers pour tankers Sud, ce port a, depuis sa mise en ex-
7,4 millions détonnes.
de 150 000 tonnes et de 22 hectares ploitation en 1985, généré une activi-
de terre-pleins. Ce port traite actuel- té industrielle remarquable, devenant
Port de Nador : il constitue un exem-
lement un trafic de l'ordre 8 millions le premier port de pêche du Maroc
ple idéal de l'option gouvernementa-
de tonnes par an ce qui en fait le par son tonnage environ 300 000 ton-
le de la décentralisation des activités
deuxième port du Royaume après nes de poissons par an. Avec des
économiques nationales. Puissant
Casablanca. caractéristiques bien adaptées à la
pôle de développement économi-
Port de Jorf-Lasfar : créé "ex nihilo" que, il permet au Maroc de disposer pêche côtière et à la pêche hauturiè-
entre 1976 et 1982, ce port peut être sur la méditerranée d'un grand port re (750 ml de quais et apponte-
classé à juste titre parmi les plus en eau profonde qui permet d'ouvrir ments), cet ouvrage a permis de dé-

PCM — tE PONT — FEVRIER 1997


Dakhia.

velopper l'économie de toute la ré- Port de Dakhia : ce nouveau port de Juste après l'indépendance, l'organi-
gion de Tan-Tan. Une nouvelle ex- pêche est actuellement en cours de sation du secteur portuaire était ca-
tension de ce port est en cours construction. Conçu en port îlot, cet ractérisée par l'existence de plu-
actuellement pour répondre à l'ac- ouvrage comportera en phase fi- sieurs Sociétés concessionnaires
croissement de la flotte de pêche. nale : 1 500 ml de pont d'accès, disposant de peu de moyens pour le
1 000 ml de quais de - 5,00 à - 7,00 m développement des ports. Une Ré-
Port de Laayoune : le nouveau port
hydro pour les besoins d'accostage, gie d'Aconage (RAPC) a été créée
de Laayoune a été implanté à envi-
de ravitaillement et la réparation à en 1963 pour l'exploitation du Port de
ron 25 km au sud de la ville de
flot et 30 ha de terre-pleins gagnés Casablanca et par la suite l'exploita-
Laayoune. Il s'agit d'un nouveau port
sur la mer en plus d'une zone indus- tion d'autres ports de commerce. Au
adapté aux besoins du trafic com-
trielle de 300 ha et des installations cours de cette période de 1963 à
mercial et de la pêche. La première
de mise à sec des bateaux. 1984, l'intervention de l'Etat dans les
tranche de ce port, réalisée entre
investissements, l'entretien et l'équi-
1981 et 1986 a porté sur 2 200 ml de
pement des ports était prépondéran-
digues, 250 ml de quai et 4 hectares
de terre-pleins. Un nouveau quai de Restructuration te. Cette phase était caractérisée par
un faible niveau d'investissement
350 ml est actuellement en cours
d'achèvement et 330 ml seront pro-
du secteur portuaire dans le développement des services
portuaires et par recouvrement défi-
grammés à court et moyen termes. Parallèlement au développement des
citaire des investissements au moyen
Les apports de pêche de ce port ont infrastructures portuaires, l'organisa-
des recettes perçues pour l'usage
atteint 173 000 tonnes de poissons, tion des ports et les conditions d'ex-
des Infrastructures et pour les pres-
plaçant ainsi Laayoune à la deuxiè- ploitation des ports ont également
tations de services aux usagers.
me place des ports de pêche du subi une nette amélioration au cours
Royaume juste après Tan-Tan. des 40 dernières années. A partir de 1985, les ports sont en-

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

Qg
très dans une nouvelle phase dont f:
les idées maîtresses sont : la consoli-
dation des acquis, la restructuration
institutionnelle et la modernisation
des services et des méthodes de
gestion. La dernière réorganisation
du secteur, datant de 1985, a défini
les principes de base régissant les
relations entre les différentes entités
intervenant dans les ports. Dans ce
cadre, le ministère des Travaux
Publics est chargé, à travers la Di-
rection des Ports et du Domaine Pu-
blic IVlaritime et la Direction des Ports
de Casablanca et Mohammedia, de
la construction, de la gestion et de ports de Casablanca, Mohammedia financement des Infrastructures, la
l'exploitation portuaires. Ces deux di- et Jorf-Lasfar, stevedoring dans l'en- gestion et l'exploitation des ports.
rections veillent à la mise en oeuvre Les résultats atteints après ces diffé-
semble des ports, manutention au
de la politique portuaire nationale et rents efforts d'investissement et de
port de Kenitra, etc..) ainsi que dans
à la coordination générale des activi- restructuration ont été favorablement
l'exploitation de certains ports de
tés s'exerçant dans les ports. La Di- perçus par les usagers, ce qui a valu
plaisance (Restinga-Smir, Kabila et
rection des Ports et du Domaine Pu- à l'organisation portuaire nationale
Asilah).
blic Maritime réalise les études rela- d'être citée comme exemple de réus-
Sur le plan du financement des infra-
tives au développement du secteur site par des organisations internatio-
structures portuaires, la nouvelle or-
portuaire et exécute les travaux nales comme la CNUCED pour les
d'aménagement et d'extension des ganisation a amélioré l'ancien systè-
me de financement qui était basé pays en développement.
infrastructures. Pour l'exploitation Pour illustrer ces améliorations, cer-
commerciale des ports, un Office principalement sur les ressources du
Budget de l'Etat en ayant recours le tains résultats et indicateurs montrant
d'Exploitation des Ports (ODEP) a été l'évolution entre les situations des
créé et a été chargé, en plus de l'ex- plus possible à la participation du
années 1961 et 1995 sont donnés ci-
ploitation commerciale, de l'entretien secteur privé et des usagers aux
après :
des quais et terre-pleins et des dra- financements des projets portuaires,
gages dans les ports où il intervient. soit de manière directe par le biais Activités des ports
Cet établissement public à caractère des concessions d'ouvrages ou Sur les trente-cinq dernières années,
commercial et industriel disposant d'équipements ou par l'intermédiaire le trafic portuaire a augmenté en
de l'autonomie technique et financiè- des recettes et taxes perçues par tonnage de 226 % passant de
re exploite actuellement la majeure l'ODEP. 13,5 millions de tonnes en 1961 à
partie de nos ports (Casablanca, La nouvelle stratégie adoptée pour le 44 millions de tonnes en 1995, soit
Mohammedia, Safi, Agadir, Tanger, développement du secteur portuaire avec un taux annuel moyen de crois-
Nador, Jorf-Lasfar, Kenitra, Tan-Tan, poursuivie depuis la réorganisation sance de 3,5 %. La tendance obser-
Laayoune, Dakhia, M'diq, Al Hocei- de 1985 est basée en premier lieu vée au niveau de la structure du tra-
ma, Essaouira, et El Jadida). Les sur la mise à niveau des infrastruc- fic commercial se caractérise par
autres ports (Jebha, Ras-Kebdana, tures et services portuaires avec une décroissance pour les trafics
Larache, Sidi-lfni et Tarfaya) sont pour objectif de favoriser la compéti- des vracs de minerais bruts, notam-
gérés et exploités par l'Administra- tivité de l'économie nationale et en ment le phosphate, et une croissan-
tion (Direction des Ports et du Do- second lieu sur une plus grande par- ce plus rapide des trafics de mar-
maine Public Maritime). Les nou- ticipation du secteur privé dans le chandises unitarisées. Ainsi, pour les
velles méthodes de gestion appli-
quées par rODEP mettent l'accent
sur la satisfaction des usagers des
ports et sur l'amélioration de la quali-
té des services offerts. Pour l'exécu-
tion des dragages des bassins et
chenaux, une société spécialisée
"Dragage des Ports" ou DRAPOR a
été également créée en 1986.
A côté des ces organismes publics,
le secteur privé intervient dans les
ports pour certains services spéci-
fiques (pilotage et remorquage aux

PCM — LE PONT — FEVRIER 1 997


conteneurs, et les ro-ro, les taux
moyens de croissance ont été res-
pectivement de 11,6 % ,et 18,7 %.
Le trafic des pêches maritimes est
passé de 171 000 tonnes en 1961 à
839 000 tonnes en 1995, enregistrant
un taux moyen de croissance de
5,5 % par an. L'évolution de ce trafic
a été caractérisée par la prédomi-
nance des nouveaux ports construits
dans la région du Sud tels que Tan-
Tan qui est devenu le premier
port national de pêche, Agadir et
Laayoune et par le rapatriement de
la flotte de pêche hauturière à partir
des années 1980. Le trafic des pas-
sagers par voie maritime a égale-
ment progressé de 259 000 passa-
gers en 1961 à 1 591 000 passagers
actuellement, soit avec un taux
moyen de croissance de 5,5 % par
an.
Exploitation et productivité
des ports
- Au niveau de la répartition nationa-
Investissements une trentaine de sites de ports de
le des trafics entre les différents
ports, Casablanca a relativement Au cours des vingt dernières années plaisance le long du littoral. L'Etat, a,
perdu de sa prédominance avec une (1976-1995), l'enveloppe Investie tout au début, contribué à la réalisa-
part de trafic total passant de 70 % dans le secteur portuaire est estimée tion de certaines infrastructures de
juste après l'indépendance, à 62 % à 12,10 milliards de DH (en DH cou- base, et l'ODEP a été chargé de l'ex-
en 1980 et 36 % en 1995. Les ports rants), soit 19,38 milliards de DH aux ploitation commerciale. Cette étude a
régionaux (Tanger, Nador, Jorf-Las- prix actuels. En moyenne, l'investis- révélé d'énormes possibilités de
far et Agadir) ont commencé à pren- sement engagé a été de 969 millions construction de nouveaux ports de
dre une plus grande importance. de DH par an en valeurs actuelles. plaisance dans le cadre de sites tou-
Ceci est le résultat de la politique Sur cette moyenne, les 2/3 ont été ristiques à fort attrait naturel le long
portuaire menée depuis plus de engagés par l'Etat et le 1/3 par de nos deux façades maritimes. Plu-
quinze ans mettant l'accent sur un l'ODEP. Mais à partir de 1988, ce sieurs catégories de port de tourisme
développement équilibré des ports, partage de l'Investissement entre ont été prévus suivant les caractéris-
l'amélioration des services des ports l'ODEP et l'Etat a été inversé, celui-ci tiques de chaque site : port d'équi-
régionaux et leur expansion en tant n'assurant que 30 % de l'investisse- libre, port d'escale, abris ou base
que pôles régionaux de développe- ment contre 70 % pour l'ODEP. nautique, darse dans un port de
ment industriel et commercial. pêche ou de commerce.
Compte tenu de la spécificité de ce
- Au niveau de l'utilisation des infra-
structures portuaires : entre 1961 et Développement sous-secteur, la politique actuelle du
ministère des Travaux Publics est
1995, tandis que le trafic (hors hy-
drocarbures) traité par navire et par
des ports de plaisance d'Impliquer le secteur privé autant
poste à quai s'est amélioré de Actuellement il existe au Maroc faire se peut dans la réalisation des
+ 103 % passant de 132 000 t à 5 ports de plaisance : Marina d'Aga- projets de ports de plaisance et leur
268 000 t. dir, Asilah, Sables d'Or, Restinga- gestion et exploitation. En plus des
- Au niveau de la productivité de la Smir et Kabila. Tous ces ports, avantages accordés aux investis-
manutention : elle a augmenté au construits au cours des dix dernières seurs dans le cadre de la Charte de
port de Casablanca de 205 % pas- années, sont actuellement gérés par l'Investissement, l'Etat fournit un ap-
sant d'une moyenne pour les mar- le secteur privé dans le cadre de pui logistique et technique pour la
chandises générales de 56 t/main/ concessions de longue durée, à part réalisation des études et pour la mise
vacation en 1961 à 171 t/maln/vaca- la Marina d'Agadir dont un appel en place des infrastructures géné-
tionen 1995. d'offres international a été lancé pour rales (accès routiers, réseaux d'eau
- Sur le plan de l'exploitation des la sélection de son futur concession- et d'électricité, e t c . ) . En plus, et
ports de pêche : le tonnage moyen naire. Un schéma directeur des ports pour remédier au problème de statut
transitant par ml de quai s'est amé- de plaisance réalisé par la Direction juridique des terrains du domaine
lioré de 38 % entre 1961 et 1995 des Ports et du Domaine Public Mari- public maritime entrant dans le cadre
passant de 501 T/ml à 690 T/ml. time, a permis d'identifier et d'étudier des projets de ports de plaisance.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


une nouvelle approche a été adop- sance nouvellement construits : Res- du futur port de Tanger-Atlantique à
tée et qui consiste à déclasser et à tinga-Smir, Kabila, Sables d'Or dans un groupement privé qui devra
céder aux privés les terrains n'ayant le cadre de concessions assorties construire ce port et l'exploiter dans
pas un usage public et à leur concé- d'un Cahier de Charges, consigna- le cadre d'un contrat de type BOT
der les autres terrains nécessaires à tion des navires dans tous les ports pour un coût estimé à 300 millions de
l'usage public des infrastructures et diverses activités liées au trafic $ US. Ce mode de financement, fai-
avec obligation de service public. commercial (gardiennage, nettoyage sant est utilisé pour la première fois
de navires, approvisionnement...). dans notre pays pour un projet d'in-
Les investissements réalisés par ces frastructures portuaires d'une telle
Ouverture des ports professionnels privés sont restés ce- importance. Ce futur port devra rece-

au secteur privé pendant relativement faibles par rap-


port aux sommes investies par le
voir la totalité du trafic de commerce
du port actuel de Tanger, celui-ci
La politique d'ouverture des ports au secteur public. Ceci a amené le mi- sera alors réservé à la pêche, au
secteur privé menée au cours de ces nistère des Travaux Publics à faire transit des passagers et à la plaisan-
dernières années s'inscrit dans la appel de manière plus directe aux ce. En plus du trafic national, ce futur
politique générale des pouvoirs pu- capitaux privés pour la réalisation port sera en mesure, compte tenu de
blics visant une plus grande libérali- des infrastructures et des équipe- sa position géographique, d'attirer
sation du commerce extérieur, la pri- ments des ports. C'est ainsi que pour des trafics internationaux d'éclate-
vatisation de plusieurs sociétés pu- les ports de plaisance, un appel d'of- ment, notamment des conteneurs et
bliques et une plus grande participa- fres international est en cours de lan- des céréales.
tion du secteur privé dans le finance- cement pour la concession de la Une fois réalisé, ce nouveau port
ment des infrastructures de base. Marina d'Agadir pour la partie bord à sera l'un des plus grands ports du
Actuellement, le secteur privé inter- quai et pour la cession du terrain Maroc avec 4 500 ml de jetées de
vient dans plusieurs activités por- devant servir à construire un com- protection, 4 postes ro-ro à - 11 et
tuaires : remorquage (ports de Casa- plexe hôtelier et immobilier jouxtant - 13 m hydro, 2 postes pour les
blanca, Mohammedia et Jorf-Lasfar), la Marina. Cette procédure sera conteneurs à - 11 et - 13 m hydro,
pilotage (ports de Casablanca et étendue à d'autres ports de plaisan- 3 postes pour les divers à - 11 m
Jorf-Lasfar), stevedoring (manuten- ce existants ou projetés. hydro, un poste céréalier à - 15 m
tion à bord des navires dans prati- Pour les ports de commerce, le hydro avec silo et un poste pour les
quement tous les ports de commer- recours au secteur privé pour l'ex- hydrocarbures. Ces ouvrages per-
ce), l'exploitation des installations de ploitation des infrastructures a été mettront de recevoir des navires
réparation navale dans certains ports fait pour le nouveau terminal char- porte-conteneurs jusqu'à 40 000 TPL
de pêcfie (M'diq, Ras-Kebdana et Al bonnier de Jorf-Lasfar concédé à la et des navires céréaliers de 80 000 à
Hoceima), l'exploitation des installa- Société exploitant la Centrale Ther- 100 000 TPL. Une zone industrielle
tions frigorifiques et des fabriques de mique installée près du port et der- près du site de 1 000 hectares pour-
glace dans les ports de pêche, l'ex- nièrement, un appel d'offres interna- ra être aménagée pour l'implantation
ploitation de certains ports de plai- tional a été lancé pour la concession de nouvelles industries. •

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PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


O R E A U X M E T O P O L E

C O M M U N A U T E U R B A I N E DE BORDEAUX

c haque jour
nous avons
630 000
î -i î ^
bonnes raisons
de d é v e l o p p e r
la v i l l e .
La Communauté

U r b a i n e de B o r d e a u x est née de la v o l o n t é de

créer un c a d r e de vie et de d é v e l o p p e m e n t a d a p -

té a u x b e s o i n s d ' u n e g r a n d e agglomération.

Urbanisme A l'approche d u XX!^"^" s i è c l e , s e u l le pôle


Action économique
c o m m u n a u t a i r e de 6 3 0 0 0 0 h a b i t a n t s s e r a de
Habitat

Eau-Assainissement t o u t e s f a ç o n s a p p e l é à j o u e r les p r e m i e r s r ô l e s
Voirie-Signalisation
e u r o p é e n s . C'est p o u r q u o i B o r d e a u x Métropole
Parcs de stationnement

Transports urbains
d o i t être l'expression d'une active solidarité
Enseignement

Environnement e n t r e les 2 7 c o m m u n e s q u i la c o m p o s e n t , p o u r

Sapeurs-pompiers
s'affirmer comme un v é r i t a b l e catalyseur de
Parcs cimetières

Abattoirs-Marché d'Intérêt National projets.

Communauté Urbaine de Bordeaux, Esplanade Charles de Gaulle


33076 Bordeaux Cedex
Téléphone 05 56 99 84 84 - Télécopie 05 56 96 19 40 C O M M U N A U T É U R B A I N E DE BORDEAUX
tamé depuis 1993 et à la démono-
FAUTE '^ On peut rappeler que pour 1 % de
polisation. Dans ce même sens, le croissance du PIB, il est nécessaire
Maroc s'est déjà engagé dans la réa- d'investir suffisamment pour obtenir
lisation des préalables visant la pro- une augmentation équivalente, donc
motion de l'investissement privé de 1 % du capital d'infrastructure, en
national et étranger dans ce secteur, plus naturellement de l'effort de
parmi lesquels : maintenance qui vise la conservation
- la stabilité du cadre macro-écono- des équipements existants.
mique, notamment à travers la maîtri- Cette constatation se traduit par le
Karim GHELLAB se du déficit budgétaire, de l'inflation fait, que pour atteindre une croissan-
PC 90 et du taux de change ; ce économique de l'ordre 6-7 % par
Directeur des Programmes - la mise en place d'un cadre régle- an, il est nécessaire d'investir plus
et des Etudes de 20 milliards de dirhams (1) par an
Ministère des Travaux Publics mentaire transparent précisant les
17.10.1994 : Directeur Provincial des règles du jeu régissant l'intervention en infrastructures (2) (soit 2,3 mil-
Travaux Publics d'AI Hoceima du secteur privé et les mécanismes liards de US $), soit environ 7 mil-
01.09.1995 : Directeur Provincial des stricts de régulation ; liards de dirhams (plus de 800 mil-
Travaux Publics de Ben Slimane lions de US $ par an) de plus que
Du 26.02.1996 à ce jour ; Directeur - le développement du marché fi- l'investissement moyen actuellement
des Programmes et des Etudes nancier local pour lever des capitaux
à long terme nécessaires à ce type observé (13 milliards de dirhams)
secteurs public et privé confondus.
d'investissement.
Ce chiffre de 800 millions de US $
1.2 Nécessité d'accélérer l'effort annuels donne une idée du marché
d'équipement : les besoins en infra- qui s'offre aux investisseurs privés
1. Les raisons structures croissent régulièrement au dans le secteur des Infrastructu-
du recours taux annuel de 7 à 12 % selon les
secteurs. Cet accroissement résulte
res. Sur le plan macro-économique
ce besoin étant incontournable, l'Etat
aufinancementprivé de la nécessité simultanée de réali- n'a d'autre choix aujourd'hui que ce-
lui d'identifier les projets les plus in-
des infrastructures ser des infrastructures de nature à
favoriser le développement et la téressants pour la collectivité (renta-
compétitivité économique d'une part, bilité économique) et pour l'investis-
Trois raisons principales motivent le et des infrastructures permettant de seur (rentabilité financière) et d'oc-
Gouvernement marocain à recher- réduire les disparités régionales et
cher et encourager les investisse- sociales, d'autre part. Face à ces be-
ments privés dans les infrastructu- (1) 1 dirham = 0,59 FF
soins, les ressources de l'Etat sont (2) Infrastructures de transports,
res : de plus en plus limitées car forte- équipements tiydrauliques, de pro-
1.1 Orientation de la politique gou- ment soumises aux pressions du ser- duction et de distribution d'eau po-
vernementale : l'appel aux investis- vice de la dette extérieure, surtout table, équipement de production et
sements privés entre dans le cadre depuis la fin des rééchelonnements de distribution d'énergie et télécom-
munications.
d'une politique économique globale de cette dette. L'appel au privé per-
Ces résultats sont issus de l'étude
dont les principales orientations sont met d'accélérer les programmes "Participation du secteur privé dans
la libéralisation des secteurs grâce d'équipements tout en allégeant l'ef- les infrastructures", décembre 1995,
au programme des privatisations en- fort budgétaire de l'Etat. Banque Mondiale.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1 9 9 7


troyer par le biais de concessions au de l'Etat vers les services de base et
mieux disant les projets d'infrastruc- les secteurs sociaux, recherchant 2. Les expériences
ture se traduisant par un service
marchand. Tout manquement à la
par-là même la réduction des inégali-
tés notamment entre les villes et le
en cours
réalisation de cet objectif se traduira monde rural. Les nouvelles opérations visant le
par un déficit accru d'infrastructures, développement des infrastructures
réduisant par conséquent les chan- 1.3 Concurrence et rendements ac- grâce à une participation accrue du
ces d'atteindre l'objectif correspon- crus : la gestion privée du service secteur privé dans les équipements
dant de croissance économique. public permet dans une plus large relevant du ministère des Travaux
Ce chiffre montre aussi l'effort que mesure une tarification en rapport Publics, sont les suivantes ;
doit continuer à mettre en œuvre avec le service rendu réduisant ainsi - Concernant les Infrastructures
l'administration marocaine pour ac- les subventions de l'Etat aux entre- autoroutières, ce département a dé-
croître l'attrait de l'investissement au prises publiques. Elle permet égale- marré depuis le début de l'été 1996,
Maroc en général et dans le secteur ment, pour certains types d'infra- un appel d'offres international pour la
des infrastructures en particulier. En structures telles que les télécommu- concession de type BOT de l'auto-
effet, 800 millions de US $ est l'ordre nications, de créer les conditions route Casablanca El Jadida - Jorf
de grandeur de la totalité des flux d'une concurrence saine pour le bé- Lasfar d'une longueur de 110 km
d'investissements extérieurs réalisés néfice des usagers. Pour d'autres et pour un coût prévisionnel de
au Maroc en 1996. Il s'agit ainsi de secteurs tels que celui de la distribu- 1 900 millions de dirhams. Trois
doubler ce montant, en faisant bé- tion de l'eau dans les villes, elle per- groupements ont été présélection-
néficier de cette augmentation le met d'accroître la capacité d'investis- nés. L'italien Italstrade associé à l'es-
secteur des infrastructures. sement en améliorant les rende- pagnol F.ce, Bouygues associé à
Pour compléter ce second point, il ments des réseaux. Dragados, et enfin Ferrovial en
faut dire que la diminution des res- Au contraire du paragraphe précé- constituent les têtes de files. L'appel
sources par rapport aux besoins dent qui portait sur la réalisation par d'offres final est lancé. Les dossiers
trouve aussi une réponse partielle le biais du secteur privé d'infra- doivent être remis le 5 mars 1997.
dans une meilleure allocation de ces structures nouvelles, ce dernier Selon le calendrier de cette opéra-
ressources ; le recours au privé pour point quant à lui, porte sur la partici- tion, la négociation du contrat, la
les services marchands est à cet pation du secteur privé par le biais création de la société concessionnai-
égard un bon exemple car il vise une de la privatisation d'infrastructures re et la mobilisation des finance-
orientation plus forte des ressources déjà existantes. ments durera jusqu'au 30 juin 1998,

.4h

El Jadida (cité portugaise).

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


la construction de l'autoroute durera dessus. Il prévoit en effet la conces-
33 mois, l'objectif étant d'arriver à la sion d'une infrastructure déjà exis-
mise en service en septembre 2001. tante. Par ailleurs, la saturation du
Pour éviter les risques de concurren- port actuel de Tanger étant prévue
ce déloyale, le concessionnaire auto- pour 2002-2003, l'Etat marocain
routier marocain ADM (Autoroutes du aurait dû dès le prochain exercice
Maroc, société à capital détenu par budgétaire inscrire une dépense pu-
le secteur public à environ 90 %) n'a blique de 300 millions de dirhams,
pas été autorisé à participer à la ce qui est légèrement supérieur
concurrence. à l'effort budgétaire annuellement
Le recours au privé se justifie ici par le consenti pour l'extension et la main-
fait que la société concessionnaire ma- tenance de l'ensemble des infra-
rocaine a atteint aujourd'fiui les limites structures portuaires du Maroc. Du
d'absorption de nouvelles sections reste, cette extension n'aurait consti-
autoroutières (3) étant donné que sa tué une solution qu'à l'échéance
capacité de mobiliser des finan- 2006 au-delà de laquelle la solution
cements est essentiellement liée aux d'un nouveau port se serait avérée
augmentations de capital que fait indispensable. Par ailleurs, la pers-
l'Etat ainsi que les garanties qu'il ac- pective de recettes en devises, dimi-
corde aux prêts contractés par cette nuant d'autant le risque de change,
favorisait les chances de succès de
société. Le programme autoroutier
ce projet à réaliser dans le cadre
qui prévoit la construction de 100 km
de réduire les coûts de passage por- d'une concession au secteur privé.
par an d'autoroutes jusqu'en 2004 ne
tuaire et d'économiser les temps Ainsi, la solution retenue permet
peut donc être réalisé sans le finan-
pour les lignes maritimes Amérique de soulager le budget de l'Etat
cement privé de certaines sections.
du Sud - Nord de l'Europe et Afrique d'une dépense de 300 millions de
- De même pour les infrastructures
du Sud et de L'Ouest - Nord de l'Eu- dirhams, d'anticiper correctement
portuaires, un concours international
rope. Cette fonction d'éclatement et de résoudre définitivement le
pour la concession, également de
portera sur les trafics potentiels de problème de la saturation du port
type BOT, d'un nouveau port en eau
conteneurs et de vracs céréaliers et de Tanger et enfin de s'équiper
profonde sur la façade atlantique de
oléagineux. Le trafic d'éclatement re- pour capter le trafic d'éclatement
Tanger a été lancé. Le coût estimé
tenu dans l'étude est de l'ordre de jusqu'ici inexistant.
du projet est de 2 700 millions de 1 million de tonnes à l'écliéance 2015. Le département des travaux publics
dirhams (300 millions de US $). L'appel d'offres prévoit la possibi- recherche aussi la participation du
Ce port a pour premier objet d'éviter lité de concéder au secteur privé le secteur privé dans des opérations de
la saturation du port actuel de Tan- port actuel de Tanger - infrastruc- moindre envergure, qui concernent
ger, la croissance moyenne du trafic ture dont l'exploitation actuelle est des infrastructures existantes afin de
global étant de 13,3 % sur les 5 der- rentable - dans le cadre d'une rendre aussi plus réaliste la partici-
nières années. Selon les prévisions concession globale visant la réali- pation des entreprises et surtout du
de trafic du port actuel, à l'Iiorizon
sation et l'exploitation d'un com- capital marocain à la constitution des
2010, le trafic atteindra selon les plexe portuaire regroupant le port groupements.
fiypothèses entre 3,2 et 4 millions deactuel sur la Méditerranée et le Cela porte sur :
tonnes. port avenir sur l'Atlantique. Cette - la concession en cours de négo-
Le second objectif de cette infra- disposition constitue un attrait sup- ciation par l'ODEP (4), l'ONE (5) et
structure est de constituer simultané-plémentaire au projet. En effet, en ABB/CMS du terminal charbonnier
ment, avec des quais atteignant plus de l'aspect financier, elle évite de Jorf Lasfar, permettant à ce der-
- 15,0 m iiydro, un port d'éclatement la concurrence entre les deux ports nier de contrôler l'amont de l'alimen-
pour le trafic international pouvant et permettra de répartir au mieux les tation de la centrale thermique (6)
décongestionner les ports de l'Euro- trafics en recherctiant la meilleure qui lui sera concédée par l'ONE,
pe du Sud. Il permettra notamment optimisation de l'utilisation de l'infra- - l'appel d'offres lancé le 9 janvier
structure. Dans cette perspective, les 1997, pour la concession du port de
activités de pêcfie et de plaisance plaisance d'Agadir. Les difficultés
ainsi que le trafic de passagers se- liées au statut foncier des terrains
(3) ADM dispose d'un réseau concé- raient affectés à l'actuel port alors relevant du domaine public de l'Etat
dé d'environ 500 l<m, dont 210 (Ca- que le trafic commercial (hydrocar-
sablanca - Rabat et Rabat-Kénitra - bure, céréales, conteneurs, RO-RO,
Larache) sont en exploitation. Le res- etc.) serait quant à lui affecté au nou-
te est constitué de sections récem- veau port de Tanger Atlantique.
ment concédées ou en cours de
Le recours au secteur privé pour
construction parmi lesquels l'auto- (4) L'Office d'Exploitation des Ports.
route Rabat-Meknès-Fès qui sera li- cette opération est quelque peu dif- (5) L'Office National d'Electricité.
vrée à la fin de l'année 1998. férent du cas de l'autoroute cité ci- (6) Voir page suivante.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1 9 9 7

33
seront résolues par la cession d'une velle dynamique que connaît la re- • Un nouveau métier dans l'ad-
parcelle attenante d'une superficie cherche de partenaires privés pour ministration : les techniques de
de 10 hectares pour permettre des la réalisation et la gestion des infra- concessions font appel à des com-
opérations de promotion touristique structures au Maroc. pétences nouvelles d'une part. D'au-
et immobilière associée et accroître tre part, même quand elles sont dis-
l'attrait d'un tel projet, ponibles, elles ne sont pas regrou-
- des études de préparation sont en pées autour des mêmes hommes ou
cours afin de permettre la mise en 3. Rôle de l'Etat des mêmes structures. Il s'agit en
particulier des compétences relati-
concurrence dans de bonnes condi-
tions de certaines activités d'exploi- dans les concessions ves à l'ingénierie financière, au droit
tation portuaire. Il est à signaler que
plusieurs de ces activités sont déjà à
au secteur privé et notamment droit international en
plus des compétences plus tradition-
la charge d'opérateurs privés, princi- nelles sur les plans techniques et
Il est cependant indispensable de
palement marocains. économiques. Ces techniques font
préciser que ces solutions, encore
Dans les autres secteurs, notamment aussi appel à une ingénierie d'un
théoriques et non testées au Maroc,
celui de la production de l'énergie nouveau type qui cherche à conce-
jusqu'au début de l'année 1996 avec
électrique et de la distribution de voir la meilleure solution en l'absence
le lancement des opérations de la
l'eau, deux projets ont marqué l'ac- de référence empirique d'une part et
centrale thermique de Jorf Lasfar et
tualité en 1996 : de Code législatif ou réglementaire
de la distribution de l'eau et de
- la concession par l'ONE au grou- d'autre part.
l'électricité de la ville de Casablanca,
pement ABB-CMS des tranches I et
de l'autoroute de Casablanca-EI • Une cohésion dans l'action de
Il de la centrale thermique de Jorf
Jadida et enfin du Port de Tanger l'administration : plus que jamais
Lasfar. Le concessionnaire devra
Atlantique, apparaissaient comme dans ce type de projet, les structures
construire les tranches II! et IV et
des solutions qu'on pourrait qualifier concernées de l'administration sont
exploiter les 4 tranches de la centra-
de solution "miracle" désengageant appelées à fonctionner ensemble, à
le, la production concessionnelle
en totalité l'Etat, faciles à mettre en rechercher simultanément la solution
étant achetée par l'ONE qui garde le
oeuvre et pour lesquelles il suffisait de consensus et la réactivité dans
monopole sur le transport de l'éner-
de décider l'octroi d'une concession l'analyse des différentes variantes,
gie électrique. Dans le même sec-
pour que le capital privé national ou ainsi que de leurs impacts, proposés
teur, les négociations sont en cours
international se dispute le bénéfice par les soumissionnaires.
concernant la construction et d'ex-
d'être le concessionnaire choisi.
ploitation d'un parc éolien d'une • Un partenariat réel entre l'Etat et
La réalité est toute autre comme le
puissance de 50 MW dans la région le concessionnaire : ce partenariat
montrent les premiers retours d'ex-
deTétouan, se traduit par un partage des risques
périence des cas cités plus haut,
- la distribution de l'eau et l'assainis- ainsi que l'expérience internationale. entre les deux parties. La couverture
sement de la ville de Casablanca En effet, si les expériences réussies des différents risques peut revêtir
dont la concession, en cours de fina- existent, les échecs ne sont pas plusieurs formes qui constituent l'en-
lisation, sera confiée à la Lyonnaise moins nombreux de par le monde. gagement de l'Etat et du concession-
des Eaux, Le recours au capital privé par le naire. Ce partage se négocie pour
- enfin, le secteur des télécommuni- biais de concession d'un service pu- chaque concession en fonction no-
cation connaîtra une réforme en pro- blic pour des infrastructures lourdes tamment de la rentabilité financière
fondeur et sera ainsi ouvert à la peut en effet se traduire par un du projet. Plus cette dernière sera
concurrence. Il sera aussi doté d'un désengagement budgétaire, quoique élevée, moins l'habillage et l'effort
cadre juridique et réglementaire per- partiel de l'Etat. Cependant, ce dé- d'accompagnement de l'Etat devront
mettant d'encourager les initiatives sengagement a une contrepartie. être soutenus. En revanche, pour des
privées pour étendre les réseaux et Celle-ci peut être résumée à travers projets à rentabilité financière insuffi-
les services et permettre aux opéra- les 4 conditions de réussite, non sante, les facilités, garanties et sub-
teurs économiques d'être dans une exhaustives que doit présenter l'Etat ventions apportées par l'Etat devront
position concurrentielle. Cette réfor- et surtout son administration, qui sont être présentes afin de conserver au
me favorisera l'émergence de ces décrites sommairement ci-après : projet une attractivité globale.
nouveaux métiers. Les services à va- Cette proposition s'illustre particuliè-
leur ajoutée seront attribués par ap- • Environnement global attrayant : rement quand un écart important en-
pel d'offres à lancer prochainement il est d'autant plus important que l'in- tre la rentabilité dite économique,
pour la sélection de nouveaux opéra- vestisseur est en général étranger. dont bénéficie la collectivité, et la
teurs. L'opérateur national, initiale- L'investissement étranger doit trou- rentabilité financière, dont bénéficie
ment établissement public, devient ver les réelles conditions d'implanta- l'investisseur, apparaît. Ce type de
société anonyme. tion favorable. Certains outils ont été situation justifie une subvention de
Ces commentaires rapides sur les mis en place à cet égard : charte l'Etat permettant de restituer au pro-
projets cités plus haut donnent une des investissements, guichet unique, jet une rentabilité financière au moins
idée de l'accélération et de la nou- incitations fiscales, etc. égale à la rentabilité économique.

PCM — Œ PONT — FEVRIER 1997

34
La subvention peut être fixée comme FIN V|f|-f iNttmitaM PH RVSU
étant -VANfinancière (TF^Iéconomique) • CettS
approche donne à la subvention la -ECO
signification de la compensation de
l'écart entre la rentabilité écono-
mique et financière. Ce montant est
pris à l'année 0 de la concession.
Le graphique ci-contre explicite cette
approche :
A (R) : traduit la différence, à un taux
donné, entre la rentabilité écono-
mique et la rentabilité financière. Elle
représente la valeur des avantages
perçues par la collectivité mais non
perçus par le promoteur du projet.
S : est le montant de la subvention,
versée à l'année "0", qui permet de
hisser le TRI-financier au niveau du
TRI-économique, toutes choses étant
égales par ailleurs.
Dans le cas des concessions auto-
routières, il est proposé dans ce qui
suit un modèle de partage de ces
risques, par la description d'une
matrice qui constitue l'architecture
principale du partenariat entre l'Etat
et le concessionnaire. Celle-ci peut - risque de gestion : c'est le risque le concessionnaire pour fixer le prix
être aisément généralisée au cas de dépassement des coûts de fonc- de vente de sa prestation,
d'autres infrastructures. tionnement, de non-performance - risque pays : il porte sur les ris-
L'inventaire des différents risques (7) dans la gestion de la société d'ex- ques liés au respect des engage-
à couvrir ou formes de participation ploitation, de gestion des ressources ments de l'Etat, autorité concédante.
de l'Etat se présente comme suit ; humaines et le coût social associé. Des organismes internationaux tels
quand c'est nécessaire un commen- • Financement que le Groupe Banque Mondiale
taire explicatif accompagne chaque - montage financier : c'est la res- peuvent aider à couvrir ce risque,
item : ponsabilité de réunir les moyens né- - cadrage fiscal et économique : ils
• Construction cessaires en fonds propres, en en- portent sur la TVA sur les travaux, la
- expropriation et acquisition de dettement, de négocier les condi- TVA sur les péages, ainsi que la ré-
l'emprise, tions d'emprunts etc., glementation en matière de calcul
- subvention à la construction, - risque de change : les emprunts des dotations aux amortissements
- participation au capital de la so- contractés par la société conces- pour les travaux neufs ainsi que les
ciété concessionnaire, sionnaire étant pour une grande par- provisions pour la réparation et pour
- risque de dépassement du coût tie accordés en devises, les rem- les travaux de maintenance, les
des travaux, boursements sont à faire en devi- droits de timbres etc. Il porte aussi
- risque de dépassement du délai ses. Les recettes sont perçues en sur les évolutions législatives que
des travaux. dirhams. Une dévaluation du dirham peut décider le pays et qui ont un
• Exploitation se traduit par une charge supplé- impact important sur le résultat net
- risque lié au trafic : c'est l'écart en- mentaire. Celui qui couvre ce risque de la société concessionnaire (aug-
tre les prévisions de trafic et les ni- est responsable de cette charge, mentation importante du carburant,
veaux mesurés. Cet écart impacte - risque de remboursement des em- augmentation du SMIG, etc.).
directement les cash-flows de la so- prunts : celui qui le couvre garantit La matrice de la page suivante pro-
ciété concessionnaire. aux organismes qui financent le pro- pose les différents risques et un
jet, le remboursement des emprunts mode de partage entre l'Etat et le
que la société concessionnaire a concessionnaire :
(7) Cette analyse des risques est ins- contractés (intérêt + principal) en Les expériences en cours, notam-
pirée des cas en cours de la conces- cas de défaillance de cette dernière. ment l'autoroute d'EI Jadida-Jorf
sion de l'autoroute Casablanca-EI Ce risque contient le hsque - de taux Lasfar et le port de Tanger Atlanti-
Jadida et du port de Tanger Atlan- - lié à la variation du taux des em- que sont très importantes. C'est du
tique d'une part, et d'autre part, de
prunts (lorsqu'il est variable), degré de leur réussite que dépen-
l'ouvrage "f^inancement privé des
équipements publics" sous la direc- • Risques Divers dra la continuation du processus
tion de C. Martinand, 1993, Economi- - liberté tarifaire des péages : il défi- d'ouverture vers le privé non seu-
ca, pp. 84-86. nit le degré de liberté dont bénéficie lement pour ce type d'infrastructures

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r^F,
Matrice de partenariat public-privé

Type(l)
Object du risque Rôle de l'Etat Rôle du concessionnaire
D A

CONSTRUCTION

Expropriation et acquisition X L'Etat met en oeuvre la procédure et prend à sa charge


de l'emprise le montant de l'emprise

Subvention à la construc- Quand la rentabilité financière du projet est insuffisante, A l'exception des éventuelles parts prises
tion, ou participation au l'Etat doit participer à hauteur du montant permettant de par l'Etat, le concessionnaire finance la
capital restituer au projet une rentabilité financière satisfaisante, totalité du capital
sous forme d'une subvention à la construction

Risque de dépassement du X X Le concessionnaire le prend en charge


coût des travaux

Risque de dépassement du X X Le concessionnaire prend à sa charge le


délai de travaux manque à gagner dû au retard de livraison
ainsi que les pénalités éventuellement pré-
vues dans le cahier des charges de
concession

EXPLOITATION

Risque lié au trafic X Pas de garantie par l'Etat Le concessionnaire supporte ce risque. Il
est inhérent au méfier de la concession
autoroutière

Risque de gestion X X Pas de subvention d'exploitation par l'Etat Le concessionnaire supporte ce risque.

FINANCEMENT

Montage financier Pour les seuls cas de sections à faible rentabilité finan- A la charge, en totalité, du concessionnai-
cière, l'Etat doit apporter un soutien par les formules de re
conversions de dettes ou de prêts concessionnels

Risque de change X Au-delà du montant couvert par le concessionnaire, Le concessionnaire couvre ce risque en
l'Etat couvre le risque de change ; il correspond à ce constituant une provision prélevée sur le
moment à une dévaluation décidée par l'Etat faisant par- péage (ex. 1 cts/km). Sa couverture se
tie de la politique économique du Pays limite à cette provision.

Remboursement des emprunts Pas de garantie des emprunts A la charge du concessionnaire

DIVERS

Liberté tarifaire du péage Les tarifs de péage et leur évolution sont régis par le Les tarifs de péage et leur évolution sont
cahier des charges de la concession régis par le cahier des charges de la
concession

Risque pays X Pas de garantie par essence A la charge du concessionnaire, certains


organismes internationaux proposent des
outils facturés à cet effet Nécessité dans
ce cas de la contre-garantie de l'Etat vis-
à-vis de l'organisme en question

Cadrage fiscal et économique X A garantir par l'Etat : les formules de report des évolu-
tions sont à définir dans le cahier des charges

(1) Nature : Présentant une composante majoritaire déterministe (D) ou majoritaire aléatoire (A).

mais aussi dans d'autres secteurs. formes possibles pour permettre la faut donc attirer de manière à com-
Le recours à ce type de partena- réalisation de ces projets (facilités penser cette carence.
riat, s'il se traduit par un désengage- fiscales, octroi de garanties particu- C'est à ces seules conditions que
ment budgétaire total ou partiel de lières, conversion de la dette quand ces projets réussiront et auront un
l'Etat, doit être accompagné d'un c'est possible, acquisition des ter- effet d'entraînement, donnant les
engagement plus important vis-à-vis rains, subvention à la construction possibilités concrètes de diminuer
de l'investisseur privé. L'Etat doit être etc.). sur le plan des agrégats macro-éco-
en effet au moins autant présent Ce soutien de l'Etat est d'autant plus nomiques le volume des investisse-
dans le cadre de projets concédés important pour les premiers investis- ments publics en infrastructures afin
au secteur privé que de projets qu'il seurs, qui n'ont pas devant eux des de financer le déficit budgétaire, tout
réalise directement. Cet accompa- exemples d'expériences réussies au en maintenant la croissance écono-
gnement doit prendre toutes les Maroc et dans leur secteur, et qu'il mique. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


QC
14 milliards de m' ; d'un réseau rou-
Des infrastructures tier de plus de 60 000 km ; de

face 26 ports ; d'une capacité de produc-


tion de 800 millions de m^ d'eau
au développement potable par an et de 13 millions de
Méga Wattheures pour ne donner
L'évolution démographique, le déve- que des exemples.
loppement urbanistique et économi- L'importance de ces équipements et
que ainsi que l'accroissement des leur complexité ont nécessité certes
M.-J. BENJELLOUN éctianges avec les partenaires étran- des moyens financiers importants
PC 83 gers qu'a connu le Maroc durant les mais surtout des compétences tech-
Directeur des Affaires Techniques quatre décennies ont eu pour consé- niques élevées et diversifiées. De ce
1983-1989 : Ctief du Service d'Etu- quence un accroissement continu
des Spéciales et Industrielles - Socié- fait, le cadre, notamment l'ingénieur
té Marocaine d'Etudes Spéciales et des besoins en équipement et en a été dès le début considéré comme
Industrielles - Groupe OCP Casa- infrastructure. la clé de voûte de la réussite de
blanca Aussi, durant cette période, le déve- cette politique.
1989-1990 : Ingénieur au CIH loppement et la maintenance des in-
1990-1991 : Directeur du Développe- En effet, de l'idée de la conception,
frastructures considérés comme vec- de l'étude à la réalisation et de l'ex-
ment à l'ODEP
1991-1993 : Directeur d'Exploitation teurs indispensables à la croissance ploitation à l'entretien, les empreintes
du Port de Tanger des différentes branches de l'écono- de l'ingénieur omniprésentes témoi-
11.11.1993 au 12.04.1995 : Mis à la mie nationale et conditions incontour- gnent de sa contribution voire de son
disposition du ministère des Travaux nables pour l'amélioration de la com-
Publics et chargé de la fonction de rôle phmordial dans tout le proces-
pétitivité, a-t-il constitué une des sus de production des projets d'in-
Directeur de Cabinet de M. le Minis-
tre priorités des pouvoirs publics qui ont frastructure et dans leurs différents
Du 29.05.1995 à ce jour : Directeur consenti des efforts importants pour aspects techniques, économiques,
des Affaires Techniques la satisfaction des besoins infrastruc- environnementaux ou autres.
turels condition et objectif du déve- Conscients de ce rôle et soucieux
loppement économique et social, d'assurer au pays la maîtrise de la
La politique menée à cet effet a ainsi technologie nécessaire à son déve-
permis de doter le pays d'équipe- loppement et la sécurité technolo-
ments nécessaires dans les divers gique garant de sa pérennité, les
secteurs tels que l'hydraulique, l'eau décideurs ont toujours parié sur l'in-
potable, les voies de communication, génieur national, sur sa formation de
les télécommunications, l'énergie et base, sur son évolution et son ouver-
autres. ture sur les technologies mondiales.

Des infrastructures Une politique


complexes pour la formation
Aujourd'hui le pays est doté de plus
de 80 barrages dont environ 30
d'ingénieurs
considérés comme réservoirs d'une Afin d'assurer les besoins des ingé-
capacité de stockage dépassant les nieurs dans les différentes entités

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

_32L
L'orientation et la formation de l'ingé-
nieur adaptées à la demande du
marché du travail étaient dominées
par l'intervention de l'Etat, principal
investisseur et employeurs, en l'ab-
sence d'un secteur privé développé
en parallèle.
De ce fait, les administrations, les
offices et les établissements publics
se sont dotés d'un encadrement
technique suffisant pour leur per-
mettre d'assurer leurs missions.

De nouveaux besoins
pour le secteur privé
Toutefois, l'effectif d'ingénieur reste
encore faible pour satisfaire les exi-
gences du secteur privé en émer-
gence et pèse de tout son poids sur
les capacités d'encadrement tech-
nique de ce secteur vital de l'écono-
mie nationale.
Les six mille étudiants orientés vers
les sciences de l'ingénieur représen-
tent à peine 3 % de l'ensemble des
effectifs en formation au niveau natio-
nal. La comparaison avec des pays
développés permet de constater le
retard enregistré en matière de for-
mation d'ingénieurs. En effet le
nombre d'ingénieurs par 10 000 ha-
bitants qui est de 7 au Maroc, atteint
Entrée de l'Ecole des Ponts, 28, rue des Saints-Pères à Paris - coll. ENPC. 40 en Jordanie, 64 en France, 380 en
économiques du pays et dans les particulièrement orientées vers le Suède ou encore 540 au Japon.
différents secteurs de développe- secteur des infrastructures. Le désengagement de l'Etat qui s'est
ment, un intérêt particulier a été ac- Le nombre d'ingénieurs en exercice effectué d'une manière progressive,
cordé à la formation des cadres, et est estimé à 23 000 dont 18 000 sont d'abord par un transfert des compé-
des ingénieurs en particulier, dans des lauréats d'établissements natio- tences et de certains investisse-
toutes les spécialités auxquelles font naux et 5 000 formés dans des éta- ments à des établissements publics
effet ces technologies en cernant un blissements étrangers (dont environ et sociétés d'Etat, et ensuite par un
dispositif de formation national et en 250 à l'ENPC) programme de privatisation en cours
facilitant l'accès d'autres candidats Grâce à cette politique le pays est de réalisation, d'une part et la néces-
aux écoles d'ingénieurs étrangères. aujourd'hui doté d'un encadrement sité de l'affrontement des défis qui
Par ailleurs, la formation continue technique de bon niveau permettant découlent de la globalisation de
des ingénieurs a bénéficié elle aussi de répondre en nombre et en com- l'économie mondiale et de l'ouverture
d'une attention particulière dans l'ob- pétence aux besoins de l'administra- des frontières d'autre part exige
jectif d'assurer une veille technolo- tion. De nombreuses branches du des entreprises de se doter de
gique et une présence dans ce secteur des infrastructures sont lar- moyens d'action dont particulière-
domaine caractérisé par sa perpé- gement couvertes par l'ingénierie ment l'encadrement et des pouvoirs
tuelle évolution. nationale qui, intégrée dès le début publics une nouvelle approche pour
Au niveau national, le secteur de la dans la réalisation des grands pro- l'ajustement des capacités de forma-
formation des cadres compte à pré- jets d'infrastructure du pays, a capi- tion des ingénieurs et l'adaptation
sent une trentaine d'établissements talisé une expérience et un savoir qui systématique des filières à l'évolution
dont 50 % concernent la forma- la qualifient à relever le défi du futur. technologique mondiale, ce qui par
tion d'ingénieurs. De ces écoles, Et dans des secteurs à forte com- ailleurs confirme et renforce le rôle
l'Ecole Hassania des Travaux Publics plexité tels que les barrages par de l'ingénieur non seulement dans le
(EHTP), l'Ecole Mohammedia des exemple, les études, la réalisation, le secteur des infrastructures mais
Ingénieurs (EMI) et l'Ecole Nationale contrôle et l'évaluation sont entière- dans les différentes branches de
des Industries Minières (ENIM) sont ment l'œuvre de l'ingénieur national. l'économie. •

PCM — Œ PONT — FEVRIER 1997


pas 3,5 % en 1996. Les réserves de
1 • Situation change ont été reconstituées, repré-

économique sentant près de 5 mois d'importation


de biens et services non facteurs à
et sociale

fin 1996.
L'encours de la dette extérieure, qui
Le Maroc a entrepris un vaste pro- représentait 128 % du PIB en 1985, a
gramme de réformes depuis le milieu baissé à 69 % en 1995 pour tendre
des années 80 ayant permis de mo- vers 60 % en 1996. Cependant, la
Mohammed KABBAJ derniser le système fiscal, de déré-
X65-PC 69 charge de cette dette qui absorbe
glementer la plupart des prix, de li-
plus du quart des recettes courantes
Ministre des Finances béraliser le commerce extérieur et in-
et des Investissements Extérieurs de la balance des paiements conti-
térieur, d'assouplir fortement le régi-
Fonctions gouvernementales nue de peser sur l'économie maro-
- Nommé en novembre 1981, Minis- me de change, de dynamiser le sec-
caine.
tre de l'Equipement, reconduit au teur financier, d'harmoniser le dispo-
même poste en 1984 et en 1988 L'amélioration, dans l'ensemble, des
sitif d'encouragement aux investisse-
- Nommé le 27 février 1995 Ministre ments, d'améliorer la gestion des en- équilibres fondamentaux a permis
des Finances et des Investisse- d'établir la convertibilité du dirham
treprises publiques, de lancer un
ments Extérieurs pour les transactions courantes en
Activités professionnelles vaste programme de privatisation, et
- Directeur de la Délégation des Tra- de moderniser la législation sur les 1993 et de cesser le recours à des fi-
vaux Publics de Têtouan de 1969 sociétés. nancements exceptionnels, notam-
à 1972 ment le rééchelonnement de la dette
Grâce à ces mesures et réformes, le
- Directeur de la circonscription des extérieure.
Travaux Publics du Nord de 1972 déficit budgétaire et celui de la ba-
à 1973 lance des paiements courants ont Cependant, l'activité économique
- Directeur des Routes et de la cir- été fortement réduits, se situant en continue à dépendre étroitement de
culation routière au ministère des moyenne, respectivement, à 3,7 et l'aléa climatique. L'expérience des
Travaux Publics de 1973 à 1980 dernières années a montré que l'effet
3 % du PIB pour la période 1993-
- Chargé de Mission au Cabinet
Royal, chargé du Projet liaison fixe 1996 alors qu'ils dépassaient 11 % de la pluviométrie sur la croissance
entre l'Europe et l'Afrique à travers en 1983. L'inflation a été ramenée à économique peut atteindre 5 points
le Détroit de Gibraltar depuis 1980 5,5 % l'an en moyenne durant la du PIB,
période 1993-1995 et ne dépasse Sur le plan social, certains indica-

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


teurs se sont améliorés durant la pé- capital humain et un développement duction sensible du déficit budgé-
riode d'ajustement structurel (1983- rural intégré. taire.
1992). Le nombre de personnes vi- La stratégie des pouvoirs publics est
vant en dessous du seuil de pauvre- axée sur trois priorités essentielles ; 2.4 - Amélioration
té a diminué de moitié entre 1984 et • La maîtrise du déficit public en vue de l'environnement général
1991 tandis que le taux de mortalité d'accroître l'épargne publique pour de l'entreprise
infantile a été réduit d'un tiers. Les financer une part plus importante Les actions entreprises dans ce ca-
inégalités sociales se sont par ail- des investissements de l'Etat, et de dre ont consisté à moderniser le dis-
leurs atténuées. Le rapport des parts réduire l'effet d'éviction du Trésor. positif juridique et institutionnel régis-
respectives dans la dépense globale • L'accélération des réformes struc- sant l'entreprise et à l'adapter aux
des ménages les plus riches et de turelles destinées à améliorer l'envi- normes internationales.
ceux les plus pauvres a reculé de ronnement de l'entreprise, à accroî- C'est ainsi qu'il a été procédé à la re-
16,1 en 1985 à 13,9 en 1991. tre l'épargne privée et à stimuler l'in- fonte du Code de commerce et du
Toutefois, le monde rural accuse un vestissement productif national et droit des sociétés, ainsi qu'à la mise
retard important par rapport au mi- étranger. en place des tribunaux de commer-
lieu urbain pour ce qui est de l'accès ce.
• La mise en œuvre d'une stratégie
aux équipements et aux services de sociale permettant la valorisation du Cette refonte globale sera, prochai-
base. capital humain et l'amélioration de la nement, complétée par la révision du
compétitivité économique. Code du travail et des textes relatifs
à la concurrence, aux prix et à la
2 • Stratégie 2.3 - Assainissement des finances protection de la propriété industrielle.
publiques
de développement L'assainissement des finances publi- 2.5 - Politique sociale
ques est une composante essentielle La stratégie de développement so-
économique de la stratégie économique et socia- cial a pour but de résorber les re-
et social le et constitue un préalable fonda-
mental à la stabilité du cadre macro-
tards accumulés en matière d'éduca-
tion, de santé, de logement et de
2.1 - Vision à moyen terme
économique. Il sera opéré à court protection sociale, en particulier
Une stratégie économique et sociale terme en poursuivant la politique dans le milieu rural.
à moyen terme s'impose pour bais- budgétaire rigoureuse entamée en Les actions prévues dans ce cadre
ser le taux de chômage, réduire les 1995, et à moyen et long termes par visent à ;
vulnérabilités et les insuffisances de une réforme de l'administration publi- • réformer le système d'enseigne-
l'économie nationale, et préparer celle- que. ment et de formation professionnelle
ci au contexte de libre échange décou-
Le redressement des finances publi- en vue de leur adaptation aux nou-
lant de la signature de l'accord d'as-
ques passe par une consolidation velles exigences d'une économie
sociation avec l'Union Européenne.
des recettes fiscales et non fiscales, moderne,
Son objectif premier est d'assurer
une restructuration et une déconcen- • développer le logement social et
une croissance forte et durable, tirée
tration de l'administration publique, améliorer les conditions de l'habitat
par les exportations et par la deman-
un renforcement du suivi de la per- rural,
de intérieure et assurant le maintien
formance financière globale du sec- • renforcer les équipements de base
des équilibres économiques et so-
teur public, une redéfinition du rôle au profit des populations défavori-
ciaux.
des entreprises publiques et une ra- sées dans le domaine de l'eau pota-
2.2 - Les grandes options tionalisation de leur gestion. ble, de l'électricité, du téléphone et
Les grandes options de la stratégie Les mesures visant l'accroissement des routes,
sont la stabilisation macro-écono- et l'amélioration du rendement de • étendre et améliorer la qualité des
mique, la promotion d'un secteur pri- l'impôt et des recettes fiscales, l'ac- soins de base, assurer une couvertu-
vé dynamique et performant appelé célération des privatisations, la ratio- re médicale minimale à de larges
à devenir l'opérateur principal de la nalisation et la normalisation de la couches de la population et renfor-
croissance économique au sein dépense publique, la modernisation cer l'efficacité des filets de sécurité,
d'une économie ouverte sur l'exté- de l'administration des finances, la • intégrer la femme au processus de
rieur, la mise en oeuvre d'une straté- gestion active de la dette, sont au- développement économique et so-
gie sociale visant la valorisation du tant d'éléments permettant une ré- cial du pays. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

An
E SECTEUR
e Secteur Bancaire est organisé par la Loi Bancaire du 6 juillet 1993. Sa physionomie
actuelle est le résultat de l'évolution progressive qu'il a connue depuis le milieu des an-
nées 80. Cette évolution s'est particulièrement accélérée au cours des années 90 et n'est
sans doute pas achevée.

L'implantation bancaire couvre près Le total des actifs bancaires s'élève à


L'organisation de 163 localités et dispose d'un ré- 186 827 millions de dirhams en 1995.
du secteur bancaire seau de 1 368 agences (dont 8 gui-
chets périodiques et un guichet ins-
Le résultat net du système bancaire
est aux alentours de 2 milliards de
marocain tallé dans la zone franche).
Le système bancaire marocain est
dirhams.

Le secteur bancaire marocain a été représenté à l'étranger par le biais


réorganisé par la loi bancaire de
1993 autour des principes suivants :
de 7 filiales, 3 succursales, 15 agen- Les principales
• Unification du cadre juridique en
ces, 15 délégations et 25 bureaux de
représentation. Ce qui traduit une vo-
réformes bancaires
vue de l'introduction d'une concur-
rence égale entre les différents éta-
lonté d'ouverture vers l'extérieur.
Le secteur bancaire emploie 24 078
et financières
blissements de crédit. salariés dont plus de 30 % de per- Les réformes du système bancaire et
• Elargissement de la concertation sonnel féminin et 25 % de cadres. financier s'articulent autour des axes
à travers la mise en place de trois suivants :
institutions de consultation (Conseil L'activité dépôt et crédit
National de la Monnaie et de l'Epar- Les dépôts collectés par les banques
gne, Comité des Etablissements de primaires s'élèvent à 135 695 millions
• la déréglementation de l'ac-
Crédit, Commission de Discipline deDHSen 1995.
tivité bancaire,
des Etablissements de Crédit). L'encours des crédits accordés
• la réduction des emplois
• Protection des déposants et des par les banques primaires est de
obligatoires des banques,
emprunteurs grâce à des moyens 85 216 millions de dirhams et celui
• l'encouragement d'une meil-
de contrôle adaptés et à un régime des anciens Organismes Financiers
leure concurrence entre les
approprié de sanctions disciplinaires Spécialisés est de 39 781 millions de
établissements bancaires et fi-
et pénales. dirhams en 1995.
nanciers,
Par ailleurs, le Groupement Profes- Ces encours permettent de porter la
• la mise en place en parallèle
sionnel des Banques du IVIaroc, contribution du système bancaire au
de règles prudentielles confor-
association professionnelle repré- financement de l'économie natio-
mes aux standards internatio-
sentant les intérêts des banques nale à près de 125 000 millions de
naux,
agréées, constitue l'interlocuteur ex- dirhams.
• la transformation et la mo-
clusif des autorités pour les actions Les fonds propres et la rentabilité dernisation du marché bour-
de concertation avec la profession des banques sier,
des banques. Les fonds propres cumulés des ban- • la réforme du marché moné-
ques primaires représentent 16 285 taire,
La physionomie millions de dirhams en 1995. Ceux
des anciens OFS se sont élevés à
• la modernisation des instru-
ments de la politique moné-
du secteur bancaire 3 778 millions de dirhams à fin 1995, taire,
portant ainsi le niveau des fonds
marocain propres du système bancaire à près
• la gestion collective de l'épar-
gne,
Le secteur bancaire regroupe de 20 milliards de dirhams, ce qui • la mise en place du marché
actuellement 20 banques commer- traduit l'effort de capitalisation ac- des changes.
ciales. compli par le secteur.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

£L
1 - La déréglementation de division des risques fixé à 10 % • l'amélioration des performances
de l'activité bancaire sur les engagements bancaires. du capital humain en profitant du
Le désencadrement du crédit, sur- Des règles très sévères sont, égale- Know How des Européens dans les
venu en 1991, a initié une réelle ment, appliquées en matière de pro- domaines où ils nous ont précédés
concurrence entre les banques ; les visionnement des créances douteu- et ce, dans le cadre de programmes
Autorités Monétaires ne fixant plus à ses et contentieuses. ambitieux devant permettre d'assimi-
l'avance le montant des crédits à dis- ler les différentes réformes entrepri-
5 - La modernisation
tribuer, les banques développaient ses,
des instruments d'intervention
ainsi différentes stratégies commer- de la Banque Centrale • la modernisation technique et
ciales pour la conquête de nouvelles Depuis juin 1995, Banque Al Maghrib technologique des procédures de
parts de marchés. a mis en place de nouvelles modali- gestion et de distribution des ser-
tés d'intervention reposant sur la pri- vices bancaires et financiers afin
2 - L'encouragement d'une meilleure se en pension à l'initiative soit de la de les rendre plus compétitifs à la
concurrence entre les banques Banque Centrale soit des Banques. veille de l'ouverture de notre pays
par la libéralisation intégrale Les deux taux directeurs ainsi mis en sur la concurrence extérieure.
des taux d'intérêt place fixent, désormais, les marges
Les niveaux des taux d'intérêt obéis- de fluctuation du taux interbancaire.
sent désormais à la loi de l'offre et de
la demande. 6 - Le marché de change
Conclusion
Cette libéralisation est intervenue Il s'agit d'un marché interbancaire Depuis l'indépendance, le Système
graduellement depuis 1986. Aujour- fermé où seules les banques maro- Bancaire marocain a connu une évo-
d'hui elle est totale. Celle-ci permet caines peuvent intervenir. Elles peu- lution si rapide et profonde que l'on
dorénavant aux banques d'opérer de vent s'échanger en continu, des de- pourrait parler de mutations fonda-
véritables rating des clients et d'offrir vises dans le cadre de fourchettes mentales.
à chaque catégorie d'entre eux des de taux de change définis par la D'ici l'an 2000 le secteur bancaire
concours financiers à des taux adap- Banque Centrale. marocain sera exposé à la concur-
tés comme cela se pratique dans Ce marché a introduit trois innova- rence internationale. Les termes de
d'autres pays. tions : la concurrence actuelle vont chan-
• les cours de devises sont connus, ger. Elle se mesurera au degré
3 - Réduction des emplois aujourd'hui, au jour j de l'opération des compétences humaines, en
obligatoires des banques alors qu'il fallait attendre, auparavant moyens technologiques, et surtout
Les autorités monétaires ont procédé 48 heures, en moyens financiers.
à une réduction significative de ces • les cours peuvent fluctuer toute la La mise en place de nouveaux ins-
emplois, en les ramenant de 55 % à journée en tenant compte de la réali- truments financiers constitue donc
13 % des exigibilités des banques et té des marchés extérieurs, un ensemble de défis à relever par le
ce, en vue de permettre à ces der- • les banques peuvent détenir, ac- système bancaire marocain.
nières de procéder a une allocation tuellement, des positions en devises La prochaine étape dans la recom-
de leurs ressources en fonction des à l'achat comme à la vente et couvrir position du Système Bancaire sem-
le risque commercial à court terme. ble être la concentration en grandes
conditions du marché.
banques perspective qui marquera
4 - Les nouvelles règles
prudentlelles
Mesures peut-être une étape décisive dans la
recomposition du paysage bancaire
La libéralisation s'est accompagnée d'accompagnement marocain (nous avons déjà assisté à
l'absorption de la SBC par la BCM, et
par le renforcement des règles pru-
dentlelles qui se sont largement ins- des réformes récemment l'UNIBAN par la WAFA-
pirées des règles usitées dans les BANK).
Pour permettre aux banques de
pays de l'OCDE. s'adapter à ces évolutions, une mise Pour ce qui est de l'activité, les li-
Le ratio Cooke est appliqué par les à niveau est prévue avec l'Union Eu- gnes de mutation futures s'appuient
banques marocaines depuis 1992. ropéenne. Les besoins du secteur sur 3 axes : l'ouverture sur l'interna-
Outre ce ratio, les banques marocai- bancaire se situent notamment au tional, les métiers de la finance et le
nes sont assujetties à un coefficient niveau de : "private banking". •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

^2_
ECONOMIQUE
n marché financier dynamique et efficace constitue une condition nécessaire pour une
mobilisation optimale et une affectation rationnelle des ressources financières et, par
conséquent, un facteur important de développement et de croissance économique.
C'est la raison pour laquelle une réforme radicale a été engagée, depuis 1993, pour dynami-
ser le marché des capitaux, dans ses deux composantes, marché financier et marché moné-
taire.

té des intermédiaires de bourse et Par ailleurs, des avantages fiscaux


La réforme exercice de la profession dans le ca- ont été accordés en vue de dévelop-
dre d'entités juridiquement indépen- per davantage le marché des capi-
du marché financier dantes (agrément de sociétés de taux, en particulier, l'institution d'une
En tant que complément indispen- bourse). taxe libératoire de 15 % sur les plus-
sable de la réforme du secteur ban- 3 - Exigence d'une plus grande values des cessions de valeurs mo-
caire, la réforme du marché financier transparence des entreprises faisant bilières et d'un régime privilégié pour
a permis la mise en place d'un cadre appel public à l'épargne. les OPCVM.
juridique moderne répondant aux
4 - Création du Conseil Déontologi- Performances de la Bourse
conditions nécessaires au bon fonc-
que des Valeurs Mobilières (CDVM), de Casablanca
tionnement de toute place financière,
organe chargé de veiller au bon La mise en place du nouveau cadre
à savoir la transparence du marché,
fonctionnement des marchés de va- juridique régissant le marché des
son intégrité, la diversité des pro-
leurs mobilières. valeurs mobilières et le lancement
duits financiers qu'il offre et la pro-
5 - Mise en place du cadre juridique du programme de privatisation, en
tection de l'épargnant.
régissant l'activité des SICAV et des 1993, ont donné un véritable coup
Innovations apportées Fonds Communs de Placement. de fouet au marché boursier comme
par cette réforme Cette réforme a été, récemment, en témoigne l'évolution remarquable
1 - Transfert de la gestion de la Bour- complétée par de nouvelles disposi- enregistrée par les principaux indica-
se des Valeurs de Casablanca, éta- tions légales visant à mettre la Bour- teurs du marché. C'est ainsi que la
blissement public dont l'origine re- se des Valeurs de Casablanca à la capitalisation boursière, le volume
monte à 1929, (date de la création hauteur des standards internatio- des transactions ont été multipliés
d'un organisme privé appelé Office naux, notamment par : respectivement par 8,6 et 9,4 de
de Compensation des Valeurs Mobi- • le renforcement du marché centrai 1990 à 1996. De même, l'indice gé-
lières) à une société privée consti- et l'institution d'un marché secondai- néral des cours a connu durant
tuée par les professionnels eux-mê- re pour les PME, la même période une progression
mes. La société concessionnaire a • la création d'un organisme déposi- moyenne de l'ordre de 20 % par an.
pris effectivement en charge la ges- taire central des titres et le passage L'accueil très enthousiaste réservé
tion du marché boursier à compter à un régime dématérialisé de déten- par les investisseurs, aussi bien na-
du 1"' août 1995, conformément aux tion des titres, tionaux qu'étrangers, aux opérations
dispositions d'un cahier des charges • et la mise en place d'un système d'offres publiques de ventes, d'une
approuvé par le ministre des Finan- permettant l'automatisation des pro- part, et les performances remarqua-
ces et des Investissements Exté- cédures de cotation et l'amélioration bles réalisées par les organismes de
rieurs. de la sécurité et de la rapidité des placement collectif en valeurs mobi-
2 - Elargissement du champ d'activi- transactions. lières qui ont pu mobiliser, en un an

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

43
d'existence seulement, une épargne d'un dispositif destiné à améliorer la créance négociables, un corps inter-
d'un montant de 2,8 milliards de DH, liquidité de ces titres, une fois émis, médiaire en valeurs du Trésor a été
d'autre part, montrent, à l'évidence, • la diversification des titres du mar- mis en place.
que le marché financier recèle des ché monétaire, avec l'introduction
ressources potentielles importantes. des billets de trésorerie, des certifi-
Le niveau des performances ainsi cats de dépôt et des bons des socié- Le développement
réalisées a amené, récemment, la
SFI à intégrer 13 valeurs cotées à la
tés de financement.
L'objectif recherché par ces actions
de l'épargne
Bourse de Casablanca dans son in-
dice général pour les pays émer-
est triple : institutionnelle
• permettre au Trésor de se financer Compte tenu du rôle fondamental
gents. aux conditions avantageuses que que joue l'épargne dans la relance
peut procurer un marché ouvert et li- de l'investissement et de la croissan-
quide, ce, un vaste programme de réforme
La réforme • mettre à la disposition des opéra- a été lancé à la fin de l'année derniè-
teurs économiques aussi bien des re. Ce programme a pour objectif
du marché monétaire sources de financement que des ins- une plus grande mobilisation de
Cette réforme s'est fixée les objectifs truments de gestion de trésorerie, l'épargne domestique. Le plan d'ac-
ci-après : • permettre à la Banque Centrale de tion arrêté à cet effet vise, notam-
• la dynamisation du marché des mettre en œuvre une politique moné- ment, la modernisation du secteur
adjudications de bons du Trésor, à taire basée sur des instruments indi- des assurances, la dynamisation du
travers d'une part l'aménagement de rects. rôle de la Caisse de Dépôts et de
la procédure d'émission et l'élargis- Par ailleurs, et pour animer les mar- Gestion et de la Caisse d'Epargne
sement de l'éventail des souscrip- chés primaire et secondaire des Nationale ainsi qu'une meilleure via-
teurs et d'autre part, la mise en place valeurs du Trésor et des titres de bilité des organismes de retraite. •

\J TEME D'INCITATIONS ATTRAYA


DOUR LES INVESTISSEURS ETRANGERS

a loi-cadre formant charte de l'investissement adoptée, le 3 octobre 1995, par la


Chambre des représentants vise à répondre aux nouvelles exigences de développement
économique et social du pays et aux aspirations des opérateurs économiques tant nationaux
qu'étrangers. Elle fixe le cadre général de l'investissement au Maroc ainsi que la politique d'in-
citation pour les dix années à venir.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

44^
réaliser dans les 24 mois qui suivent,
Philosophie et principes Les bénéfices • réduction de 50 % (2,5 % au lieu

de la Charte et revenus de 5 %) sur les actes d'acquisition


des terrains destinés à la promotion
La Charte de l'investissement qui Plusieurs actions sont prévues : immobilière,
remplace les neufs codes d'investis- • réduction du taux d'imposition de • la constitution des sociétés ainsi
sement en vigueur auparavant, fixe l'impôt sur les sociétés à 35 %, que les augmentations du capital ne
"les objectifs fondamentaux de l'ac- • zménagement du barème de l'IGR seront passibles que du taux réduit
tion de l'Etat en matière de dévelop- avec un taux plafond de 41,5 %, de 0,5 %.
pement pour les dix années à venir". • duppression de la participation à
la solidarité nationale,
Parmi ces objectifs, on peut citer :
• la réduction de la charge fiscale • traitement préférentiel en faveur Les activités
sur les biens d'équipement nécessai-
re à l'investissement,
des entreprises exportatrices sous
forme d'exonération durant les cinq
professionnelles
• l'octroi d'un régime préférentiel en premières années et une réduction La charte accorde une exonération
faveur du développement régional, de 50 % pour les cinq années qui totale, au titre de l'impôt sur la paten-
• la promotion des places financières, suivent. Cette dernière réduction pro- te et la taxe urbaine, et ce à l'ensem-
• la promotion de l'emploi, fite également aux entreprises artisa- ble des activités, y compris celles
• la promotion des exportations, nales et aux entreprises qui décident exercées par les professions libéra-
• la réduction des coûts de l'inves- de s'implanter dans des régions dont les et à l'ensemble des biens d'équi-
tissement, le niveau d'activité économique exi- pements y compris ceux financés
• la protection de l'environnement. ge un encouragement, par le leasing.
• constitution de provisions pour in-

Simplification,
vestissement, dans la limite de 20 %
du bénéfice fiscal, avant impôt, en
La fiscahté locale
vue de financer les investissements
harmonisation en biens d'équipement. Toutefois
La charte dans son article 14, annon-
ce qu'il sera procédé à une simplifi-
et généralisation ces provisions ne doivent pas dé-
passer 30 % de l'investissement pro-
cation et à une harmonisation des
taux maximums et des assiettes des
Quant aux principes, ils se résument jeté. impôts locaux.
en une simplification de la procédure
administrative en une harmonisation
et une généralisation des mesures
Les biens Organes de promotion
incitatives.
La simplification des procédures ad-
d'équipement des investissements
La charte de l'investissement accor-
ministratives est assurée par la sup- En plus de la mesure visant à suppri-
de une exonération totale de la TVA
pression du visa de conformité. Elle mer le visa de conformité, la charte
et du PFI (Prélèvement Fiscal à l'Im-
supprime également la conditionnali- prévoit la création d'une agence qui
portation) aux biens d'équipement,
té d'octroi des avantages aux sec- sera chargée de l'accueil, de la pro-
matériel et outillages, pièces déta-
teurs de la pêche côtière et de l'arti- motion et de l'assistance des inves-
chées et leurs accessoires. Ces
sanat à la marocanité de l'entrepnse tisseurs.
biens bénéficient d'un aménagement
bénéficiaire. Un fond de promotion des investisse-
des droits de douane par fixation du
La charte accorde les avantages à ments est prévu par la charte afin de
taux minimal du droit à l'importation à
tous les équipements nécessaires à permettre à l'Etat de prendre en
2,5 % et d'un taux maximal de 10 %.
l'investissement quelle qu'en soit sa charge une partie des coûts de l'in-
Les biens fabriqués localement sont
finalité. vestissement (terrain, formation pro-
exclus des listes éligibles à ces taux.
Tous les avantages font partie du fessionnelle, dépenses d'infrastructu-
droit commun, et donc tous les sec- re externe) d'une part, et de financer
teurs d'activité deviennent éligibles :
industrie, artisanat, mines, exporta-
Les actes juridiques une partie des zones industrielles
dans les régions qui sont sous-équi-
tions, tourisme, immobilier... mais accomplis pées, d'autre part.
aussi la santé, l'enseignement, les
travaux publics, le sport, etc.
par les entreprises
Les droits d'enregistrement exigibles Garantie
Les avantages fiscaux lors de l'accomplissement des for-
malités juridiques par les entreprises
de transfert
accordés se présentent comme suit :
• exonération totale des actes d'ac-
La charte accorde la libre convertibi-
lité et la liberté de transférer les bé-
lis intéressent aussi bien le potentiel quisition des terrains destinés à la néfices, les profits et les plus-values
des entreprises que leurs bénéfices réalisation d'un projet d'investis- sans limitation de montant ni de du-
et profits. sement mais sous condition de le rée. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

4S
La charte de l'investissement
Art. 22. Allégement des procédures administratives Art. 21. Accueil et assistance Identification d'une Art. 13. Taxe urbaine
II est procédé à un allégement et à la simplifica- Il est Institué un organe administratif chargé de activité sur un marctié En sont exonérés les constructions nouvelles, les
tion des procédures administratives liées à la réa- l'accueil, de l'orientation, de l'information et de porteur au Maroc additions de construction ainsi que les appareils
lisation des investissements. Dans tous les cas
où le maintien d'une autorisation administrative
pour l'octroi d'avantages prévus par la présente
l'assistance des investisseurs ainsi que de la pro-
motion des investissements. i
Création
Art. 5. Droits d'enregistrement
Taux = 0,5 % pour les apports société
(constitution ou augmentation de capi-
faisant partie intégrante des établissements de
production de biens ou de services (6), (8).

loi-cadre s'avère nécessaire, cette autorisation de l'entreprise tal).


est censée être accordée lorsque l'administration Art. 15. Droits d'enregistrement
aura gardé le silence sur la suite à réserver à la Exonérés pour les actes d'acquisition de terrains
demande la concernant pendant un délai de destinés à la réalisation d'un projet d'investisse-
Constitution Art. 19. Zones industrielles
soixante jours à compter de la date de dépôt de ment.
du capital Dans les provinces ou préfectures dont
ladite demande. Art. 18. Fonds de promotion des investissements Taux 2,5 %. Pour les actes d'acquisition de ter-
le niveau de développement écono- rains destinés à la réalisation d'opérations de
Il est créé un compte d'affectation spécial destiné
mique justifie une aide particulière de lotissements et de construction.
à comptabiliser les opérations afférentes à la
Choix du site l'Etat, celui-ci prend en charge une par-
prise en charge par l'Etat du coût des avantages
(Achat du terrain) tie du coijt d'aménagement des zones
accordés aux investisseurs dans le cadre du
Art. 17. Prise en charge par l'Etat industrielles qui y seront implantées. Art. 8. Impôt général sur le revenu
régime des contrats d'investissement ainsi qu'aux
o de certaines dépenses dépenses nécessitées par la promotion des Le taux d'imposition maximum = 41,5 %.
2 investissements. Avantages pouvant aller jusqu'à exonération tota-
Les entreprises dont le programme d'investisse-
ment est très important (10). peuvent conclure Importation Art. 3. Droits de douane (1) le (5), (1).
avec l'Etat des contrats particuliers leur accor- du matériel nécessaire Réduction de 50 % de l'impôt (7).
Droits d'importation : (2).
dant, outre les avantages prévus, une exonéra- à l'activité 2,5 % < Taux < 10%.
O
tion partielle des dépenses ci-après : de l'entreprise Exonération du PFI (2), (3). Art. 7. Impôt sur les sociétés (9)
- Dépenses d'acquisition de terrain nécessaire à Art. 4. Exonération de la TVA (4)
Le taux est ramène à 35 %.
la réalisation de l'investissement.
Exonération de l'IS pour les entreprises exporta-
- Dépenses d'infrastructure externe. Art.16. Réglementation des changes
< Art. 6. Participation à la solidarité nationale trices (1), (6).
- Frais de formation professionnelle.
- Garantie de transfert des bénéfices nets d'im- Réduction de 50 % de l'impôt (1), (7).
Phase Suppression de la PSN lié à l'IS
pôts sans limitation de montant ni de durée. d'exploitation En cas d'exonération totale de l'IS, le
- Garantie du transfert du produit de cession ou
PSN est de 8,7%. Art. 9. Amortissements dégressifs
Art. 20. Zones industrielles de liquidation totale ou partielle.
Application des amortissements dégressifs pour
Chaque zone industrielle, dont l'importance de la les biens d'équipement.
superficie le justifie, est dotée d'un comité de ges-
tion composé des utilisateurs de la zone et du pro- Art. 10. Provisions pour investissement Art. 11. Taxe sur les profits immobiliers
moteur, personne publique ou privée, et chargé
Constitution par les entreprises d'une provision Exonération pour les logements à carac- Art. 12. Impôt des patentes
de veiller à la gestion et à la maintenance de l'en-
annuelle allant à 20 % du bénéfice fiscal avant tère social lors d'une première cessation Suppression de la taxe variable
semble de la zone, à la surveillance et au main-
impôt devant représenter au maximum 30 % de à usage d'habitation. Exonération pour toute personne physique ou
tien de la sécurité à l'intérieur de la zone ainsi
l'Investissement projeté. morale exerçant une activité professionnelle
qu'à la bonne application des clauses du cahier
des charges liant le promoteur et les utilisateurs. industrielle ou commerciale (6), (8).

(1) Au prorata du chiffre d'affaires réalisé à l'export. (8) Sont exclus les établissements stables des sociétés et entreprises n'ayant pas leur siège au Maroc, attributaires
(2) Les biens d'équipement, matériel et outillage ainsi que leurs parties pièces détachées et accessoires. de marchés de travaux, de fournitures ou de services, les établissements de crédit, les entreprises d'assurances et
(3) Tenant compte des intérêts de l'économie nationale. les agences immobilières.
(4) Biens d'équipements matériels et outillage à inscrire dans un compte d'immobilisation. (9) En ce qui concerne les entreprises exportatrices de services (toute opération exploitée ou utilisée à l'étranger),
(5) Entreprises exportatrices de produits ou de services l'exonération et la réduction ne s'appliquent qu'au chiffre d'affaires réalisé en devises.
(6) Pendant les cinq premières années de l'entreprise. (10) En raison de son montant, du nombre d'emplois stables à créer, de la région dans laquelle il doit être réalisé de
(7) Au-delà de cinq ans d'activité. la technologie dont il assurera le transfert ou de sa contribution à la protection de l'environnement.
I / \\J

s ACTEURS ECONOMIQUES
ntré en vigueur le 3 octobre 1996, le nouveau Code de commerce est venu compléter
les réformes législatives et réglementaires engagées pour moderniser l'entreprise et son
environnement. L'objectif recherchié est de rehausser le droit marocain des affaires au niveau
des normes et pratiques internationales.
Dans cette optique, le Code constitue une pièce maîtresse de tout un édifice comportant
notamment, la réforme du statut des sociétés, la réorganisation de la profession des experts-
comptables, la réforme du marché financier et boursier.
S'inspirant des principes en vigueur dans les pays les plus avancés en la matière, le Code du
commerce se caractérise par la souplesse des procédures, la transparence et le renforce-
ment des garanties dans les transactions commerciales.

d'octroyer la qualité du commerçant tre de chèques postaux. Il est égale-


Simplification aux personnes exerçant toute nou- ment appelé à tenir une comptabilité.

et souplesse velle activité pouvant être assimilée à


celles énumérées dans le Code.
Cette transparence est renforcée par
'obligation pour le commerçant de
des procédures La nouvelle loi a donc unifié et homo-
généisé la qualité de commerçant.
se faire immatriculer au registre du
commerce qui sera désormais sou-
Avant l'adoption du nouveau Code, Elle l'a également étendu à d'autres mis à une plus large publicité.
les textes qui régissaient la matière personnes morales et physiques no- Sur un autre plan, tout paiement entre
commerciale étaient nombreux et tamment aux femmes mariées, grâce à commerçants et pour faits de com-
éparpillés. la levée de l'interdiction maritale et aux merce d'une valeur supérieure à
Les textes régissant la vente et le nan- étrangers par l'assouplissement des 10 000 DH doit avoir lieu par chèque
tissement des fonds de commerce, les règles relatives à l'âge de la majorité. barré ou par virement. Le créancier et
magasins généraux, le registre central le débiteur étant solidairement tenus
du commerce, l'immatriculation des
commerçants sur le registre de com-
Une transparence de se conformer à cette obligation.

merce, les paiements par chèques,


le nantissement de l'outillage et du
accrue dans l'exercice Renforcement
matériel d'équipement sont désor- de l'activité
mais abrogés et remplacés par la loi
commerciale des garanties accordées
n° 15-95 formant Code de commerce.
Par ailleurs la qualité de commerçant Afin de garantir la transparence dans aux intervenants dans
s'acquiert par l'exercice de l'une des
activités dont le législateur a expres-
les transactions, tout commerçant est
tenu d'ouvrir pour les besoins de son
le commerce
sément précisé la nature. Celui-ci a commerce un compte dans un éta- - Le nouveau Code prévoit de nom-
de plus laissé au juge l'opportunité blissement bancaire ou dans un cen- breuses garanties au profit des

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

47
créanciers du fonds de commerce : - En matière de preuve et de pres- la faillite a été remplacé par la
c'est le cas notamment en matière cription le Code de commerce étend procédure de redressement judiciai-
de réalisation du gage, lorsqu'un l'application du droit commercial aux re, dans laquelle le juge jouera un
commerçant envisage de déplacer actes entre commerçants et non rôle de garant des intérêts réci-
son fonds de commerce, il est tenu commerçants. Ce qui contribuera à proques des créanciers et des entre-
d'en informer à l'avance ses créan- assurer un règlement rapide des af- prises en difficulté. La liquidation
ciers dans les 15 jours au moins, à judiciaire n'étant que l'étape d'un
faires litigieuses.
défaut, les créances garanties par le processus qui donne toutes les
fonds de commerce deviennent de chiances à l'entreprise pour redres-
plein droit exigibles. ser sa situation.
En outre, le recouvrement des créan-
ces détenues par les bénéficiaires
Responsabilisation Ce dispositif a été récemment
complété par la création des tribu-
de cfnèques a été assorti de nom-
breuses garanties.
accrue naux de commerce ainsi que par la
préparation d'une loi sur la concur-
La durée d'interdiction d'émettre des des commerçants rence et les prix que le gouverne-
chèques a notamment été portée ment compte faire adopter prochai-
à 10 ans. En matière de gestion le régime de nement. •

Le service des

531 r

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TRAVAUX PUBLICS
est assuré par

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Agréée par arrêté ministériel du 6 avril 1937 (J.O 9 avril 1937)

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PCM — LE PONT — FEVRIER 1 9 9 7


RIAGE DE L'
E"
e séjour que je viens de faire au Maroc, à l'invitation de mon collègue Meziane Belfkih,
ministre des Travaux Publics, m'a permis de constater non seulement la chaleur de l'hos-
pitalité marocaine, qui se manifeste en chaque occasion, mais également la qualité d'une
coopération ayant réussi le mariage de l'histoire et de l'amitié.

Car les liens historiques qui unis- L'ambition des projets qui m'ont
sent ie Maroc et la France, qui été présentés, leur volonté de sa-
ont conduit nos deux pays à tis- tisfaire les besoins essentiels de
ser des relations bilatérales parti- la population, m'ont également
culièrement intenses, vont bien séduit. J'en veux pour preuve le
au-delà des simples relations programme du ministère des Tra-
commerciales. vaux Publics d'adduction d'eau
Dans le domaine intéressant mondans les zones rurales, entamé
Bernard PONS ministère, ces relations privilé- en 1996 et qui devrait permettre
Ministre de l'Equipement,
du Logement, des Transports giées seront illustrées en 1997 à terme à 11 millions de maro-
et du Tourisme par le deux cent cinquantième cains, répartis dans 31 000 vil-
anniversaire de la création de lages, de bénéficier de la res-
l'Ecole Nationale des Ponts et source en eau qui leur fait cruel-
Chaussées, qui sera une excel- lement défaut.
lente occasion de renforcer les Une nouvelle forme de coopéra-
liens entre ingénieurs français et tion est en train de se mettre en
marocains - et ils sont nombreux place, par l'intermédiaire du ju-
- formés dans cette école. Les melage entre des services dé-
manifestations qui se déroulerontconcentrés du ministère maro-
à cette occasion permettront en cain des Travaux Publics et des
effet de valoriser non seulement Directions Départementales de
les techniques mises en œuvre l'Equipement Françaises. Elle ré-
mais également la grande qualité pond au souhait de nos amis ma-
de tous les ingénieurs passés par rocains de favoriser la proximité
l'Ecole. Les cadres marocains quides services publics et des usa-
en proviennent sont, aujourd'hui, gers, par le biais de la déconcen-
de hauts responsables contri- tration, afin de mieux satisfaire les
buant à promouvoir le renom de besoins individuels et collectifs
l'Ecole. de la population.
La coopération franco-marocaine Je souhaite donc une pleine
reflète, de manière exemplaire, laréussite à toutes ces initiatives,
profonde modernisation des ser- qui doivent permettre de contri-
vices publics. Lors de mon sé- buer à la poursuite et au dévelop-
jour, j'ai été frappé de constater pement de nos excellentes rela-
la très grande qualité des infra- tions. Et n'oublions pas que 1999
structures marocaines, telles quesera l'année du IVIaroc en Fran-
la direction de la météorologie ce... IVIon ministère mettra, pour
nationale. Je suis très fier que no-sa part, tout en œuvre pour que
tre ministère y ait participé de fa- cet événement connaisse tout le
çon particulièrement active. succès qu'il mérite. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


\J
POUR LA
onnaissant un nouvel élan depuis la visite du Président de la République au Maroc les
19 et 20 juillet 1995, suivie par celle du Roi Hassan II en France les 6 et 7 mai de cette
année, les relations bilatérales franco-marocaines sont particulièrement dynamiques. Le
Maroc est le premier bénéficiaire des engagements publics français en matière de coopéra-
tion. Cet effort est de l'ordre de 2 milliards de francs par an, comprenant l'ensemble de nos
actions de coopération économique, militaire, scientifique techinique et éducative ainsi que
l'accueil d'environ 23 000 étudiants marocains dans les universités et grandes écoles fran-
çaises. La logique globale de cette coopération vise à la modernisation des services de l'Etat,
indispensable au développement économique.

lent outil dont le haut potentiel tech-


Une coopération nologique lui permet d'être aujour-
technique efficace d'hui un partenaire attractif pour cer-
tains programmes de recherche,
La coopération dans les domaines - programmes de coopération plu-
de compétence du ministère de riannuelle dans les domaines des
l'Equipement, du Logement, des routes (convention entre la direction
Transports et du Tourisme est à des routes du ministère de l'Equipe-
l'image de ce climat général : effica- ment, du Logement, des Transports
Claude MARTINAND
ce, très présente et s'inscrivant dans et du Tourisme, et la direction des
IGPC 69
la durée. Elle aura permis à certaines routes et de la circulation routière
Directeur des Affaires Economiques
et Internationales institutions marocaines de se situer marocaine), de l'eau avec le ministè-
ou de parvenir à un très haut niveau re français de l'Environnement, étant
de technologie : à l'origine chaque année d'échanges
- l'Ecole Hassanla des Travaux Pu- nombreux.
blics est aujourd'hui la première
école d'ingénieurs du IVIaroc (le clas-
sement repose sur le choix des étu- Un nouvel élan donné
diants en sortie de classes prépara-
toires). Chacun s'accorde à recon-
par la coopération
naître le poids déterminant qu'a joué
la coopération française dans cette
déconcentrée
réussite. La possibilité pour les meil- Issu d'une volonté commune de dé-
leurs éléments de poursuivre leur velopper la coopération liée à la dé-
cursus en France (et notamment à concentration des services du minis-
l'ENTPE et à l'ENPC) en constitue un tère des Travaux Publics, un jume-
des points clés, lage entre deux DRDE (Aquitaine et
- Maroc-Météo ; des relations soute- Languedoc-Roussillon), cinq DDE
nues avec Météo France (et l'atten- (Dordogne, Gard, Landes, Lozère et
tion personnelle du Roi Hassan II) ont Pyrénées-Orientales) a fait l'objet
permis de doter le Maroc d'un excel- d'une convention cadre, signée le

PCkA — I F PDMT — FFVPIFP 1 0 0 7


16 septembre dernier par M, Jilali Chaque jumelage fait l'objet d'une en oeuvre dans beaucoup de pays
Quarroum, Directeur des Affaires du convention spécifique, précisant les en développement ou émergents, la
Personnel et de la Formation du mi- thèmes de coopération qui doivent coopération déconcentrée semble
nistère des Travaux Publics et M. Gil- s'inscrire dans la convention cadre. promise à un bel avenir. Cependant,
bert Santel, Directeur du Personnel D'ores et déjà, des premiers échan- outre le problème des moyens finan-
et des Services. Les CETE Sud- ges permettent de mieux connaître ciers qu'elle implique, cette forme
Ouest et Méditerranée sont égale- les contextes respectifs, préalable de coopération est fortement
ment associés à cette opération. Les indispensable à l'identification des conditionnée par l'aptitude des
axes prioritaires, dans lesquels devra problèmes et à la détermination des services déconcentrés du ministè-
s'inscrire le partenariat entre services objectifs. re de l'Equipement à y faire face,
français et marocains sont les sui- en termes de disponibilité et d'effi-
vants : cience.
• organisation et gestion des ser-
vices (en matière notamment de dé-
La coopération Au Maroc, ce dispositif a permis de
franchir un nouveau palier dans notre
concentration et de communication), déconcentrée : partenariat. Il n'a été possible que
• gestion des ressources humaines
et formation (cartographie des em- un modèle parce que la coopération franco-
marocaine s'inscrit dans la durée
plois, développement de la gestion
personnalisée des cadres, mise en
à développer ? et que la structure technologique
et institutionnelle du Maroc est,
place d'un schéma directeur de la Face aux politiques de déconcentra- pour des raisons historiques, pro-
formation...). tion, voire de décentralisation, mises che de la nôtre. •

La S.F.E.R.B.,
Section des Fabricants d'Emulsions Routières de Bitume,
organise deux manifestations en 1997

• Le 12 avril à LYON
Une réunion de promotion des techniques à base d'emulsion de bitume regroupera les décideurs et res-
ponsables techniques des Communes, Départements et DDE des régions Rhône-Alpes, Bourgogne et
Auvergne. Au cours de cette journée, seront présentés les développements récents des diverses tech-
niques utihsant de l'émulsion, ainsi que des sujets comme la normahsation européenne, la sécurité, la
qualité et la certification.
Cette réunion fait suite à celles réalisées en 1996 à La Baule et Colmar ; et en 1995 à Toulouse et Cha-
malières.

• Le 22 septembre 1997 à BORDEAUX


(Veille de l'ouverture du 2^ Congrès Mondial de l'Emulsion)

2^ symposium mondial des fabricants d'emulsions routières de bitume.


Cette manifestation a lieu tous les 4 ans. Elle regroupe les fabricants de plus de trente pays producteurs
et utilisateurs d'emulsion de bitume pour faire le point sur :
l'évolution du marché mondial, les techniques en développement et les problèmes de normalisation, de
sécurité, de qualité et de certification.

PCM — LE PONT — FFVRIFR 1997


n
SEPROB
SOCIETE D'EXPLOITATION DES PROCEDES BOUSSIRON

FICHE TECHNIQUE HISTORIQUE DOMAINES D'ACTIVITE

Avec plus de 50 ans d'exis- Premier constructeur d'ouvrages d'art au


VOCATION tence, la société SEPROB est Maroc, SEPROB possède un vaste savoir-
ENTREPRISE DE BATIMENT
incontestablement l'une des faire dans les domaines les plus variés de
plus anciennes entreprises la construction.
ET TRAVAUX PUBLICS
de BIP au Maroc. A son actif figure la réalisation de grands
PREMIER CONSTRUCTEUR ouvrages d'art (utilisant des procédés
MAROCAIN D'OUVRAGES Ancienne filiale d'entre- technologiques avancés tels que pous-
prises françaises, ouverte sage, encorbellement, préfabrication et
D'ART.
aux capitaux nationaux en lancement de poutres précontraintes et
1963, la société a connu en- ponts à caissons), des barrages, des sta-
FORME JURIDIQUE
suite d'autres transforma- tions de pompage et de traitement, le
tions juridiques durant les génie civil de grands ensembles indus-
S.A.
trois dernières décennies. triels, les bâtiments fonctionnels et à
usage d'habitation, des réservoirs, des
CAPITAL SOCIAL silos, des travaux portuaires et mari-
Aujourd'hui, elle est entière- times, e t c . .
10 600 000,00 DHS ment détenue par le GROU- De même que SEPROB occupe le rang
PE OMAR LARAQUI, connu de leader au Maroc en matière de la
CHIFFRE D'AFFAIRES 1996 par sa forte présence dans le mise en oeuvre de la précontrainte par
domaine de la construction l'exploitation de procédés tels que BBR-
97 000 000,00 DHS HT et de l'industrie. B, C C L C O N A M U L T I BBR.

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Pont Al Fida sur Oued Bouregreg - Tablier réalisé en poutres préfabriquées en béton précontraint.
Ecole des Ponts et Chaussées fête cette année le 250' anniversaire de sa fondation.
C'est une commémoration importante à laquelle le Maroc va être associé.

Mustapha PARIS
PC 59
Président-Directeur Général
de la BMCI
- Ingénieur responsable de l'exploi-
tation du Port de Casablanca, de l'in-
frastructure et des Grands Equipe-
ments de la zone nord du Maroc, des
travaux de sauvetage, de déblaie-
ment et de réparation de la ville
d'Agadir, après le séisme de février
1960
- Directeur de l'Equipement puis Di-
recteur Général Adjoint de l'Office
National de l'Irrigation (ONI), organis-
me chargé de la conception, de l'étu-
de et de la réalisation des grands - Ministre des Finances - Depuis août 1984 et pour un
périmètres d'irrigation à travers tout - Président-Directeur Général de la second mandat, Président-Directeur
le pays Banque Nationale pour le Développe- Général de la Banque Nationale pour
- Directeur de l'Hydraulique, chargé ment Economique le Développement Economique
de la réalisation des grands ouvrages - Ministre de l'Agriculture et de la - Président Délégué de la Banque
hydrauliques Réforme Agraire Marocaine pour l'Afrique et l'Orient
- Secrétaire d'Etat auprès du Pre- - Vice-Président Directeur Général (BMAO)
mier ministre, chargé du Plan et du de la Banque Arabe et Internationale
Développement Régional d'Investissement à Paris

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


Les premiers diplômés marocains plupart des fonctionnaires français,
sont sortis de l'Ecole il y a près de en poste au Maroc au moment de La grande aventure
cette étape importante de l'histoire
40 ans. Mon ami Imani, aujourd'hui
disparu, a été en 1957 ie premier du pays, ont vécu cette période de de la zone Nord
lauréat de l'Ecole. Je fais partie de la
deuxième promotion avec mes 5 ca-
transition et de cohabitation avec
leurs collègues marocains, avec in-
du Maroc
marades suivants qui ont tous eu des telligence, compétence et avec L'unification des deux anciennes zo-
carrières prestigieuses dans l'Admi- beaucoup de sentiments d'amitié et nes de protectorats français et espa-
nistration des Travaux Publics et ren- de sympathie pour le pays et pour gnol imposait une mise à niveau
du également d'éminents services à ses habitants. J'ai eu la chance per- complète des infrastructures et des
la collectivité nationale ; Mohamed sonnellement de vivre cette période équipements de base de la zone
Belhaj (Haut Commissaire à la Re- et d'apporter avec mes camarades Nord "espagnole" par rapport à celle
construction d'Agadir), Abdelaziz français et marocains une modeste du Sud dotée à l'époque de réseaux
Benjelioun (ministre et ambassa- contribution à ce climat d'entente, de de communications et d'équipe-
deur), Ahmed Lasky (membre du collaboration et de coopération ex- ments de qualité, assez uniques en
Gouvernement et député à la Cham- ceptionnel. Afrique. Un très gros programme de
bre des Représentants), Moussa Le gros des équipes d'ingénieurs grands travaux était alors lancé par
Moussaoui (directeur général de l'Of- (mon ami Jacques Deschamps m'a le Maroc dès 1956 pour permettre à
fice National des Chemins de Fer) et rappelé avec humour que les cama- la zone Nord de disposer d'infra-
Saïd Benali (directeur général de rades français des Ponts se quali- structures de qualité dans tous les
Royal Air Maroc). fiaient entre eux comme membres domaines.
Les promotions suivantes ont toutes d'une sorte d'Afrika Korps) était Je fus affecté en 1959 à l'arrondisse-
été des viviers de cadres de très affecté dans les grandes directions ment de Têtouan avec la charge et la
haut niveau (Bouayad, Chami, Ghis- du ministère des Travaux Publics, ce responsabilité de la mise en oeuvre
sassi, Hakimi, Layachi, Kabbaj, Me- ministère ayant, à l'époque, de très de programmes de grands travaux.
ziane, Benzekri, Benmoussa...) qui vastes compétences en matière rou- Mon ingénieur en chef était Edouard
ont tenu et tiennent encore des posi- tière, portuaire, aéroportuaire, hy- Krau, secondé par mon ami Jacques
tions ciés dans les rouages de l'Etat draulique, urbanisme et habitat. Les Brunei. J'étais moi-même assisté par
et dans les différents secteurs éco- premières promotions d'ingénieurs un excellent Adjoint Fouquet, TPE
nomiques. marocains ont tout naturellement français, et des ingénieurs TP maro-
intégré ces contingents et ont partici- cains et espagnols (Bouzoubaa à
Quelques camarades français et ma-
pé activement à la poursuite et Larache, Lahrichi à Tanger, Usan à
rocains m'ont demandé d'apporter
à l'accélération des programmes Têtouan et Victoriano à Al Hoceima).
un témoignage sur l'amitié et la
d'équipement. Il fallait d'urgence doter les différents
coopération franco-marocaine qui
Je voudrais rappeler ici, à travers services et directions de personnel
prévalaient entre anciens élèves de
quelques étapes, la qualité et la pro- qualifié, rompu aux techniques mo-
notre Ecole et dans le cadre de nos
fondeur des relations entre ingé- dernes de construction et de gestion,
relations professionnelles et person-
nieurs français et marocains, en par- intégrer et unifier les procédures,
nelles. Ce témoignage a une touche
ticulier entre ceux sortis de notre adapter les règlements, étendre les
personnelle et n'est pas exempt de
prestigieuse Ecole. législations du Sud au Nord...
subjectivité et peut comporter des
oublis et des erreurs. Loin de res-
pecter la chronologie des faits ou de
traiter de profil de carrières des uns
ou des autres, je voudrais focaliser
mon propos sur certains points et
étapes marquants de cette coopéra-
tion franco-marocaine.
Il y a plus de 4 décennies, le Maroc
recouvrait son indépendance. La
transition devait donc se faire entre
une Administration structurée à la
française, celle du Protectorat, et la
nouvelle Administration marocaine
qui prenait en charge la gestion du
pays. Cette transition, contrairement
à ce qui se passait ailleurs, s'est faite
de manière souple et tranquille, par
étapes, avec des relèves assurées
mais étalées dans le temps et une
sagesse tout à fait remarquable. La Rabat - Mausele Mohamed V.

pr-^A . I p pnMT - FFUPIFP 1 0 0 7


En vue de réduire les nombreuses recherche d'itinéraires nouveaux, de
disparités Nord-Sud, plusieurs ac- moyens de désenclavement de toute
tions avaient été entreprises : cette région où la présence espa-
- Le chantier de la route de l'Unité gnole ne s'était manifestée que par
reliant le Nord et le Sud où, grâce à des équipements militaires et les
l'appel de Sa Majesté Mohammed V, routes d'accès de fortune. r
une mobilisation générale de la jeu- C'est dans pareilles circonstances et
nesse a été décrétée et une parti- occasions que la coopération, les
cipation bénévole aux travaux de échanges mutuels de connaissances
construction de la route a été de- et d'expériences se développent et
mandée aux différents mouvements que se forgent et se nouent des ami-
syndicaux et de jeunesse, encadrés tiés solides.
par les Responsables de l'Adminis-
tration civile, par les Départements
Techniques et par l'Armée.
- La modernisation et l'amélioration Séisme d'Agadir SM^B^K.,
de la grande rocade du Nord, la RP
39, une véritable épine dorsale du Rif Le 29 février 1960, un violent trem-
marocain où des dizaines de chan- blement de terre détruit la ville en
de secours et de recasement des si-
tiers étaient simultanément ouverts pleine nuit. Les dégâts constatés au
nistrés. Ce fut une époque formida-
avec des moyens considérables. matin sont considérables ; plus de
ble où toutes les énergies ont été
- L'agrandissement du Port de Tan- 18 000 morts, toutes les infrastructu-
mobilisées, où tout le monde a tra-
ger et l'étude de l'implantation d'une res détruites ; l'eau et l'électricité
vaillé la main dans la main avec un
première zone franche. coupées ; la voirie urbaine défon-
grand dévouement, un oubli de soi et
- Des programmes d'habitat et de cée ; la ville n'était plus qu'un champ
de ruines. Seuls quelques infimes une efficacité remarquables. La part
construction de logements et de
bâtiments et logements ont échappé prise par les Ingénieurs des Ponts
bureaux.
à la destruction totale ; ceux qui ne (français et marocains) au niveau
- Et enfin des travaux de réparation
se sont pas effondrés sont dange- des opérations d'urgence, du dé-
et de modernisation d'anciens barra-
reusement lézardés et fissurés. blaiement de la ville, du rétablisse-
ges et réseaux hydrauliques (barra-
L'appel d'urgence en faveur de l'aide ment des infrastructures de base, de
ge Nakhia, alimentation en eau de la
a été lancé et entendu. Tout ce que l'eau et de l'électricité, du recase-
ville de Tanger, petits réseaux d'irh-
le Maroc comptait comme engins, ment des sinistrés et de la réparation
gation...).
moyens matériels, camions et surtout des installations portuaires, a été très
- D'autres actions de moindre en-
moyens humains a été dépêché sur importante. Je voudrais citer, et je
vergure étaient également en chan-
place, appuyé en cela par un mou- m'excuse si ma mémoire me fait dé-
tier. Il serait fastidieux de toutes les
vement de solidarité formidable à faut, mon camarade Paul Clos, ingé-
citer mais elles ont aussi mobilisé
l'échelle internationale. De nombreux nieur en chef de la circonscription du
l'ensemble du personnel du ministè-
pays amis ont envoyé hommes, ma- Sud, qui a supervisé ces travaux
re des Travaux Publics.
tériels, vivres et médicaments pour d'urgence et mes autres camarades
- La participation à toutes ces tâ- aider aux opérations de sauvetage. Belhaj, Benjelloun, Brunet, Dadi,
ches des ingénieurs des Services
Centraux du ministère a été très ap-
préciable à travers les Bureaux tech-
niques du ministère, principalement
sous l'impulsion et la direction de
Jacques Deschamps et avec la parti-
cipation de nombreux ingénieurs
(Nicolas, Karst...) et à travers l'action
de coordination de la circonscription
du Nord dirigée par Edouard Krau.
Cette action a été relayée par les
échelons locaux dépendant de l'ar-
rondissement à Têtouan même, à
Tanger, Larache, Al Hoceima et Na-
dor.
Je me remémore particulièrement la
tenue de réunions marathons et l'or-
ganisation de tournées de plusieurs
jours dans le paysage tourmenté du
Rif avec mon camarade Brunet à la

PCM — tE PONT — FEVRIER 1997

KK
Deschamps, Paul-Louis Girardot et nements et Premier ministre, et à la l'Hydraulique et de l'Electricité et qui
Lasky qui ont pris également une mobilisation de l'ensemble de l'Admi- a été transférée presque au complet
participation active à ces travaux. nistration civile et militaire à Agadir. au nouvel Office créé à l'effet d'inten-
Une fois la phase d'urgence de quel- Agadir a permis que se nouent des sifier l'équipement hydro-agricole et
ques semaines terminée, un Haut amitiés, que se crée et s'enracine un la mise en valeur des périmètres irri-
Commissariat à la reconstitution respect mutuel entre ceux qui ont gués : l'Office National des Irriga-
d'Agadir a été mis en place et confié participé à ces tâches exaltantes et tions "ONI". C'est mon ami Claude
à notre regretté camarade Mohamed qui ont oeuvré pour l'intérêt général Rattier d'abord en tant qu'ingénieur
Imani, alors secrétaire général du et pour le bien-être de la population, en chef de la Circonscription de l'Hy-
ministère des Travaux Publics en rai- Agadir a aussi été le champ d'expé- draulique aux Travaux Publics, puis
son de sa connaissance du milieu (il riences enrichissantes, un bon exem- comme directeur de l'Equipement à
avait démarré sa carrière à Agadir), ple de la manifestation de la solidari- l'Office National des Irrigations, qui a
de son intelligence, de ses nombreu- té internationale et une formidable dirigé une équipe technique de haut
ses qualités humaines et de son démonstration de la capacité d'un niveau qui a relevé plusieurs défis et
"ancienneté" par rapport à nous. pays à relever de ses ruines toute réalisé d'importants travaux. Dans
J'étais moi-même son délégué à une ville et à construire une cité qui toutes les tâches qu'il a accomplies,
Agadir et en cette qualité, respon- est redevenue très rapidement pros- Claude Rattier a beaucoup donné et
sable de la coordination de l'ensem- père et tournée vers l'avenir. s'était fait remarquer par son intelli-
ble des travaux d'urgence en plus de gence, son dévouement à la chose
mes fonctions de chef de l'Arrondis- publique, sa rigueur morale et intel-
sement pour la gestion du service lectuelle et son humour incisif.
ordinaire des Travaux Publics dans Les aménagements La direction de l'ONI a été confiée à
Mohamed Tahiri, brillant ingénieur
les provinces d'Agadir et de Tar-
faya.
hydro-agricoles agronome, ayant occupé de hautes
Cette période d'Agadir a été aussi un et la modernisation fonctions dans l'Administration de
l'Agriculture et au Gouvernement et
moment très fort de la collaboration
entre ingénieurs français et maro- de l'agriculture qui était capable par son énergie, sa
compétence et sa foi dans le déve-
cains. Cette collaboration a été éten-
Pour ce secteur vital de l'économie loppement du pays par l'agriculture,
due à d'autres corps de métiers qui
marocaine, la contribution des ingé- de mobiliser l'action et de coordon-
ont apporté leurs précieux concours ner le travail d'équipes multidiscipli-
nieurs a été très importante. Elle s'est
et aides. Je veux parler des urba- naires, composée d'ingénieurs de
manifestée à travers les nombreuses
nistes Pierre Mas et Chalet, des génie civil, du génie rural, d'agro-
études et réalisations d'aménage-
architectes Azagury et Benmbarek, nomes, d'hydro-géologues, de socio-
ment de bassins, de grands ré-
des géologues et hydrogéologues logues et de juristes. Cette période a
seaux d'irrigation et de drainage et
comme Jean Soldini, des ingénieurs été très intense. Au départ de Moha-
de grands ouvrages hydrauliques.
de l'Habitat sous la conduite d'Ar- med Tahiri de l'Office, fin 1962, c'est
L'un des éléments essentiels du dis-
naud Marin de Montmarin, ingénieur notre camarade Imani qui l'a rempla-
positif technique mis en place était
en chef, secondé par l'architecte cé.
constitué au ministère des Travaux
Abdessiam Faraoui, à l'époque res- Publics par la Circonscription de J'ai eu également la chance de vivre
ponsable de l'Urbanisme et par Pier-
re Watel. L'étape d'urgence s'est
déroulée dans d'excellentes condi-
tions. Mohamed Imani ayant été ap-
pelé à de hautes fonctions a été rem-
placé par notre camarade Mohamed
Belhaj comme Haut Commissaire à
la Reconstruction d'Agadir. Celui-ci a
entrepris avec courage, abnégation
et dévouement, un travail de recons-
truction et d'aménagement de la ville "^^
qui fait aujourd'hui honneur au Ma-
roc. Le mérite en revient d'abord aux ^-^,-
hautes Autorités du pays sous l'im-
pulsion, la direction et la participation
effective de Sa Majesté Hassan II,
alors Prince Héritier, au Gouverne-
ment, à l'énergie extraordinaire dé-
ployée par feu le Docteur Mohamed
Benhima, Gouverneur de la Province
et futur membre de plusieurs gouver- Parcelle de betteraves à sucre.

PCM — tE PONT — FEVRIER 1997

Cfi
cette aventure. J'ai succédé en effet
à Claude Rattier, nommé inspecteur
général, et pris la Direction de l'Equi-
pement où j'ai travaillé en harmonie
et en collaboration avec mes cama-
rades Jacques Brunei, Raymond Au-
brac, Henri Boumendil, Dimitri Ca-
vassilas, André Vallette et Robert Or-
sini.
Je voudrais faire une mention spé-
ciale pour les ingénieurs marocains
qui ont également participé à l'ONI,
mes camarades Benisty, Bensous-
san, Dadi et Chaoui, et pour les
autres responsables tels que Hari-
ki, directeur administratif, Guigui,
directeur du Personnel, le brillant
sociologue Paul Pascon, David Ber- ^^a^aiHKiA''
dugo, directeur des Etudes Géné-
ments en aval et de la mise en valeur Les différents souvenirs que je viens
rales et Kabbaj, chargé de la Direc-
agricole proprement dite au ministè- d'évoquer concernent essentielle-
tion des Ressources en Eau, après la
re de l'Agriculture intervenant direc- ment la collaboration, la coopération
mort en mission dans un accident
tement par le biais de ses Grandes et les relations fructueuses et ami-
d'avion de Roger Hazan, eminent
Directions Centrales (génie rural et cales entre anciens camarades fran-
hydro-géologue. Je voudrais égale-
mise en valeur) ou par les Offices çais et marocains de la même Ecole,
ment ne pas oublier le travail formi-
Régionaux de Mise en Valeur Agrico- appartenant à un cercle limité et à
dable accompli par les autres ingé-
le, Cette politique des grands bar- une époque qui remonte déjà à quel-
nieurs et techniciens, les respon-
rages a aussi accentué et fortifié l'ef- ques décennies. Tout au long de ma
sables administratifs, les projeteurs
fort de coopération franco-marocain carrière et dans toutes les fonctions
dessinateurs et m'excuser de ne pas
au niveau, en particulier, de la pres- que j'ai occupées, j'ai continué à
les citer nommément tant la liste entretenir et à renforcer ces liens très
tation de personnel (une équipe
serait longue. complète nous avait été détachée solides d'amitié et de fidélité avec
L'ONI a depuis éclaté en Offices par EDF), des études des grands mes camarades. Chacun d'entre
Régionaux de Mise en Valeur, mais il barrages (mon ami Hassan Chami a nous, dans son environnement pro-
a réalisé d'importantes tâches et pré- développé par ailleurs un bon exem- fessionnel et personnel, a fait de
paré de très nombreuses études sur ple de coopération franco-marocaine même. Les ingénieurs plus jeunes et
les actions de modernisation de sur le plan technique : celui de la moins jeunes, qui nous ont succédé
l'agriculture et qui ont été à la base collaboration et de l'association Ingé- à de très nombreux postes de res-
de toutes les actions concrètes et ef- ma - Coyne et Bellier), d'échanges ponsabilité, maintiennent ces liens
ficaces menées à ce jour en faveur d'expériences et d'expertise et de forts et amicaux à travers les pro-
du développement de l'agriculture prestations de personnel, en particu- grammes de formation continue de
marocaine. lier avec la SCET-Coopération Inter- l'Ecole, les échanges d'expertise et
Une autre étape où la collaboration a nationale, filiale de la Caisse de d'expériences, la participation à des
été intense entre ingénieurs des Dépôts et Consignations française. manifestations techniques organi-
Ponts marocains et français a été en Pendant cinq ans, le responsable de sées en France et au Maroc et la
1967 la création de la Direction de SCET Maroc a été mon ami Jacques présence simultanée à de nombreux
l'Hydraulique au ministère des Tra- Bourdillon (il évoque par ailleurs congrès et symposiums internatio-
vaux Publics, après l'éclatement de dans ce bulletin son expérience ma- naux. Cette exemplarité des relations
l'Office des Irrigations et la création rocaine). Je voudrais insister sur les entre anciens élèves de la même
des Offices Régionaux de Mise en tâches eminentes qu'il a entreprises, Ecole est assez unique.
Valeur Agricole "les ORMVA", Cette sur le rôle capital joué par la SCET et Mon souhait, en cette année du
entité, dont je fus le premier direc- sur la qualité des hommes que cette 250° anniversaire de notre Ecole, est
teur, était en charge d'un vaste pro- Entreprise a mis à la disposition du que la qualité des relations que nous
gramme de grands aménagements Maroc au moment du séisme d'Aga- avons nouées et renforcées durant
hydrauliques pour accélérer le pro- dir, pour les grands aménagements toutes ces nombreuses années
cessus d'équipement des grands de bassins, la construction des bar- puisse toujours continuer à servir
périmètres irrigués et pour concen- rages et pour la politique de l'Urba- d'exemple et que, d'une façon géné-
trer dans les Directions techniques nisme et de l'Habitat (André Vallette rale, les relations franco-marocaines,
organisées l'ensemble des tâches et François Serre à l'ONI, Henry excellentes à plus d'un titre, puissent
permettant cette accélération, lais- Maziol au barrage de Mechraa Kli- toujours s'améliorer, se renforcer et
sant la responsabilité des aménage- la...). se développer. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

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se administration marocaine (où les


Souvenirs 1960-1965 fonctionnaires français sont encore
1) L'accueil nombreux). Quelques mois plus tard,
Le 16 novembre 1955, Mohammed V je serais rejoint par René Guichez,
est de retour au Maroc, les protecto- mon adjoint qui est aussi mon suc-
rats français et espagnols prennent cesseur, et qui nous sera enlevé très
fin le 2 mars 1956. Une nouvelle for- vite des suites d'une cruelle maladie.
me de coopération franco-marocaine J'ai reçu partout un accueil excep-
doit être trouvée, la Caisse des Dé- tionnellement amical. Au ministère
Jacques BOURDILLON pôts et Consignations se propose de des TP, Mohamed Imani et Jacques
IGPC 50 contribuer à cette transition, j'accep- Deschamps m'assurent qu'ils feront
Ex-P-DG de Scet International te d'en être un élément aussi actif tout pour m'aider, ils tiendront parole,
Président d'Aminter que possible. J'arrive donc à Rabat je leur en suis toujours reconnais-
en septembre 1959, mandaté par sant, à l'hydraulique, Claude Rattier
François Blocfi-Lainé, Léon-Paul Le- et Henri Boumendil attendent de moi
roy et François Valiron avec un ob- la mise en place de deux missions :
jectif clair : créer l'agence de la Scet l'une à Béni Mellal, dans le TadIa
coopération, (filiale de la CDC créée pour assister Abdelaziz Benjelloun,
en 1959 et dissoute en 1987 après l'autre pour contrôler les travaux du
avoir rempli ses missions), la mettre barrage de Mechra-Klilla, au Plan,
au service de la nouvelle et ambitieu- Small Mahrough a besoin de consul-

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

KQ
tants (Joseph Klatzmann...), à l'in- François Bloch-Lainé à Raymond Au-
dustrie, Mohamed Benkirane et Ray- brac, j'étais à plusieurs titres au ser-
mond Aubrac me demandent d'orga- vice de nouveaux donneurs d'ordre
niser une cellule-conseil, à l'ambas- (notamment Raymond Aubrac, Clau-
sade de France, je découvre une de Rattier, Mustapha Fans...).
équipe d'une exceptionnelle qualité Il fallait continuer pour le compte
entièrement au service du dévelop- de l'Onl les missions que m'avait
pement du Maroc ; l'ambassadeur, confiées la Direction de l'Hydrauli-
Alexandre Parodi, bientôt remplacé que ; le contrôle du barrage de Mé-
par Roger Seydoux, le conseiller à la chra Klilla, confié à Henry Maziol sur
coopération technique, Jacques Viot la Moulouya, une mission conseil à
(futur ambassadeur à Londres) à qui Benl-Mellal, dans le Tadia.
succède Jean-François Poncet (futur Mais l'uni me confiait déjà de nou-
ministre des Affaires Étrangères), velles missions ; prestation de per-
son adjoint Pierre-Louis Blanc (futur sonnels de haut niveau à la nouvelle
ambassadeur auprès des Nations Direction de l'Equipement, et par ail-
Unies) puis Christian Graef (futur leurs 4 études régionales pluridisci-
ambassadeur à Beyrouth Tripoli et plinaires sur de nouveaux périmè-
Téhéran), le conseiller juridique Mar- tres : très vite ; Loukkos et Haouz de
ceau Long (futur vice-président du Chênes-lièges de la forêt de Maâmora.Marrakech, plus tard, Doukkala et
Conseil d' Etat et Président-Directeur rirrigation dans le "pays du million Souss.
Général d'Air France), à qui succède d'hectares irrigables". Les acteurs • La recherctie agronomique :
Jacques Fournier (futur Président- de ce beau projet sont connus : Noureddine EIghorfi, Directeur de la
Directeur Général de la SNCF). Mohammed Tahiri, Mohammed Ima- Recherche Agronomique (futur sous-
ni, Mustapha Paris, Aubrac, Rattier, secrétaire d'Etat à l'Agriculture avait
2} Quatre événements majeurs Dutard et bien d'autres... besoin d'une aide pour organiser
Pendant ces 5 années passées au l'édition des résultats de la recher-
• Lamortdel\flohammedV(28 2 61),
Maroc, j'ai vécu quatre événements che, je réussis à créer une équipe
que j'ai sentie comme une catas-
majeurs restés profondément ancrés dont la direction fut confiée à Fran-
trophe nationale : j'ai appris la nou-
dans ma mémoire ; çois Monnier assisté de Jacques
velle par mon chauffeur, Driss, qui
• La route de l'unité : le nouveau Mahieu.
m'a dit d'une voix éteinte ; "le Malik
Maroc indépendant veut affirmer sa • L'habitat : Arnaud Marin de
est mort", je suis allé à mon bureau,
cohésion retrouvée : le symbole de la Montmarin et ses adjoints (Faroul et
avenue du Père-de-Foucauld (deve-
réunification entre les anciennes zo- Watel) souhaitaient bénéficier du
nue depuis Charil Alaouylne) je n'ai
nes des protectorats français et es- savoir-faire de la caisse des Dépôts
pas pu me mettre au travail, j'ai pré-
pagnol était le chantier d'une nouvel- en matière de logement : la première
féré pendant des heures regarder
le route à travers le Rif, entre Fès et mission qui nous fut confiée permit
défiler une véritable marée humaine,
Ketama, dite de 'TUnité" dont l'ani- de mettre en place Claude Vignaud,
et je me suis senti soudain très pro-
mateur était le gouverneur Chbicheb. un jeune urbaniste de talent. Plus
che de ces hommes et de ces fem-
• Le tremblement de terre d'Aga- tard, Jean-Paul Garcia (64, futur dé-
mes proches du désespoir, je n'ou-
dir, 29.2.60 ; c'est un matin de légué général de la FNPC) monta un
blierai pas.
bonne heure que j'ai appris la terrible centre de recherche sur l'habitat qui
nouvelle. Le drame avait eu lieu la 3) Modestes contributions fut unanimement apprécié.
nuit précédente. J'appris par la suite au grand chantier du Maroc • Gara Djebilet, (un projet mort-né) :
qu'un hydrogéologue, Robert Am- (années 60) pour exporter le minerai de fer de
broggi, avait prévu la possibilité d'un • La reconstruction d'Agadir : Gara-Djebilet (en Algérie nouvelle-
tel sinistre à l'échelle des temps géo- deux opérations furent confiées à ment indépendante) il fallait construi-
logiques. Un jeune ingénieur des Scet international : évaluation des re sur la hamada une voie ferrée jus-
Ponts en poste à Têtouan. Mustapha dommages : une cellule placée au- qu'au port marocain d'Hassi Tantan,
Paris est aussitôt nommé à Agadir près de Mohammed Bel-Hadj, Haut le projet nous fut confié par la Sermi,
pour coordonner le déblaiement et le Commissaire à la Reconstruction (di- héritière de l'ancien BIA, il fut dirigé
rétablissement d'urgence des infra- rigée pendant 6 ans par François Ja- par André Bouzy (54) et Alfred
structures de base de la ville. nin) ; le nouveau plan d'urbanisme ; Costes (56), nous avions l'appui de
• La création de l'Office National je proposai d'intégrer Pierre Mas Louis Armand, de Karim Lamrani et
des Irrigations : (septembre 1960) : (déjà à la disposition du ministère du BRPM, l'accord maroco-algérien
prévisible depuis quelque temps, ce des TP) à une équipe de jeunes fut obtenu, mais jamais ratifié.
fut une décision politique ; après des architectes-urbanistes marocains.
années de guerre larvée, mettre en- Son rôle eminent fut unanimement 4) L'amitié franco-marocaine
fin en commun les moyens des Ponts reconnu. J'ai donc contribué pendant 5 ans
et Chaussées et du génie rural, don- • L'Office National des Irrigations : avec enthousiasme et dans un climat
ner surtout une priorité nationale à conformément à une promesse de exceptionnellement amical aux ef-

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

an
forts d'équipement et de modernisa- 90, j'ai été amené à renouer avec le Scetauroute, devenue une ingénierie
tion du Maroc dans de nombreux do- Maroc de multiples façons. des transports de réputation mondia-
maines : je n'oublierai jamais ce mer- J'ai eu le plaisir et l'honneur d'ac- le), le développement du tourisme, la
veilleux pays, où se trouve toujours compagner Mohammed Kabbaj croissance équilibrée mais impres-
une partie de mon cœur, et que j'ai- (alors ministre des Travaux Publics, sionnante des villes, la poursuite des
me pour ses paysages, ses villes, sa de la Formation Professionnelle et irrigations dans les périmètres auto-
culture, sa cuisine... mais aussi et des Cadres), et son épouse à une nomes issus de l'Oni, la construction
surtout parce que, j'y ai vécu une visite du Tunnel sous la Manche le de la grande mosquée de Casablan-
amitié véritable qui vient de notre 10 janvier 1990. ca, etc..
formation commune à l'Ecole des J'ai été Invité 8 fols, sur des thèmes J'ai été Impressionné aussi par l'arri-
Ponts, et aussi de notre adhésion à variés, à contribuer à des colloques : vée au pouvoir de camarades plus
des objectifs communs, tous liés • à la demande d'amis marocains : jeunes et remarquablement efficaces
au développement du l\/laroc. Cette Rabat : les 26 et 27 janvier 1989 : fi- que je n'avais pas connus (et pour
amitié s'est développée au niveau nancement des projets d'infrastructu- cause), je pense au ministre des
d'ingénieurs, jeunes et moins jeunes re, Fès les 26 et 27 novembre 1992 : Finances, Mohammed Kabbaj, au
dont beaucoup n'avalent pas connu l'autoroute Transmaghrébine, Marra- ministre des Travaux Publics de la
le protectorat, il est impossible de kech, mai 1990 et Seville, mai 1995 Formation Professionnelle et des Ca-
tous les citer, je m'y risquerai pour- (le lien fixe par Gibraltar), dres, Abdelaziz Meziane, à l'ex-di-
tant : les Marocains : Bel Hadj, Ben- • à l'initiative de Claude Martlnand recteur des routes devenu Secrétaire
jelloun, Paris, Benisty, Lasky, Mous- (DAEI du ministère des Transports) : Général de la Primature, Chakib, Ben
saoul, etc.. et les Français : Aubrac, Paris janvier 1990 : colloque Banque Moussa, au secrétaire général de la
Boumendil, Brunei, Cavasilas Des- Mondiale sur les transports, puis Sned, Jillali Chafik, je ne prendrai
champs, Girardot, Montmarin, Rat- Marseille les 12 et 13 juin 1995 : défi- pas le risque de tenter de les citer
tier, Vallette, Watel etc.. tous rentrés nition des corridors terrestres en tous, je rappellerai que j'en ai comp-
en France au milieu des années 60. Méditerranée Occidentale. té 250 sur l'annuaire de l'école.
Nos relations d'amitié n'ont pas souf- 11 s'agit bien de retrouvailles, j'ai été 1997 sera donc à la fols l'année du
fert de cette inévitable séparation. impressionné par l'extraordinaire dé- 250° anniversaire de l'Ecole Natio-
veloppement réalisé en 30 ans : le nale des Ponts et Chaussées, et
Maroc a su accélérer cette moderni- l'année du lUIaroc en France, c'est
sation à laquelle nous avions modes- pour nous l'occasion " 0 combien
Les retrouvailles : tement contribué au début des an- agréable" de contribuer à deux nu-

la dynamique nées 60.


Il faut saluer d'abord l'effort excep-
méros spéciaux de notre revue :
"PCM-Le Pont", je remercie Musta-
des années 90 tionnel fait dans le domaine des in- pha Paris et Christophe de Charente-
nay d'avoir accepté d'être les coordi-
frastructures, notamment autoroutiè-
Après 25 années d'absence (mais res, (avec d'ailleurs la contribution nateurs de ce numéro consacré au
non d'oubli), au début des années d'une héritière de Scet international : Maroc. •

Mohamed Bel Hadj Soulami lors d'une visite du groupe Marocain en France.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


61
- La concentration de la population
1. La plaine du Souss dans l'agglomération d'Agadir laisse
prévoir une augmentation importante
en 1972 des besoins en eau potable dont la
1.1 Un grand dynamisme satisfaction prioritaire viendra aggra-
économique ver les prélèvements souterrains.
- Une agriculture exportatrice à for-
1.3 Des ressources sous-exploitées
te valeur ajoutée. Le Souss en 1972
- Les ressources en eau de la plaine
produit 25 % des exportations d'agru-
Jean-Michel DANIEL sont pourtant globalement sous-ex-
mes et 46 % des exportations de to-
Chef de la mission d'études ploitées. Les prélèvements annuels
d'aménagement du Souss mates du Maroc.
sur le réservoir souterrain évalués à
- L'amorce d'un développement tou- 85 millions de m^ sont insignifiants
ristique prometteur. par rapport aux 100 milliards de m^ de
- Le développement rapide de la réserves (50 % prouvées et 50 % pro-
pêche industrielle. bables). Seule la concentration des
- Une conurbation en pleine expan- pompages est une menace pour l'ex-
sion autour d'Agadir dans la dyna- ploitation. On estime par ailleurs que
mique de la reconstruction après le sur les 680 m^ d'eau apportés an-
tremblement de terre. nuellement par les bassins versants
1.2 Des déséquilibres du Haut Atlas 430 m^ sont perdus.
préoccupants - Les 170 000 hectares de superfi-
- Le dynamisme est concentré dans cie agricole utile sont également sous-
la partie aval de la plaine. L'agricul- utilisées puisque seuls 55 000 hec-
ture moderne y produit 48 % de la tares sont actuellement irrigués.
valeur ajoutée sur 20 % des superfi- - Il y avait donc en 1974 des poten-
cies cultivées. tialités importantes dont la mobilisa-
- La partie amont de la plaine est tion nécessiterait un effort d'investis-
affectée par l'exode rural qui renfor- sement important : le plus significatif
ce les déséquilibres : migrations vers devant être la construction d'un bar-
la côte, stagnation de la ville de rage dont la localisation restait à dé-
Taroudant. terminer.
- Ces déséquilibres conduisent à
des exploitations très concentrées
des ressources en eau par pompa- 2. Le plan directeur
ge, provoquant des baisses du ni-
veau des eaux souterraines et mena-
d'aménagement
çant de ruine 2 000 hectares de ver- 2.1 L'élaboration du plan
gers en pleine production autour de d'aménagement
Culed Teima. Il s'est déroulé de 1972 à 1974,

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


après un inventaire approfondi des truction d'un barrage écrêteur de concernée. Il a surtout permis à la
potentialités de la plaine par les crue sur le site d'Aoulouz serait donc plus haute autorité politique du
agences des Nations Unies : PNUD - inutile sans ce rabattement préa- Royaume de se prononcer en défini-
FAO. lable. tive sur le choix stratégique de la lo-
- A la même époque l'administration - Les principales pertes à la mer calisation du premier barrage à
marocaine créait l'office régional de proviennent des crues de l'Oued construire.
mise en valeur du Souss et du Massa Issen : priorité devra donc être don- - Ce processus de décision s'est
(ORMVASM) qui constituait ainsi l'in- née à la construction du barrage sur appuyé sur deux outils de recherche
terlocuteur direct de l'équipe du pro- cet oued (principal affluent de l'Oued opérationnelle :
jet. Souss.) • un modèle de simulation du réser-
- La FAO responsable de l'élabora- voir souterrain (analogie électrique)
2.2 Une stratégie de mobilisation
tion du plan directeur (sur finance- permettant de tester un grand nom-
concertée et à long terme
ment PNUD) confiait l'étude à SCET bre d'hypothèses d'exploitation,
Cette stratégie s'articule autour des
International et au GERSAR. • un modèle mathématique par pro-
étapes suivantes :
- Le projet était dirigé par un Comité grammation linéaire (simulation de
- Construction du barrage sur
International investi de pouvoirs de combinaisons de systèmes d'exploi-
l'Oued Issen qui concourt à l'objectif
décision étendus qui a permis l'éla- tation agricole à l'échelle de la
de sauvegarde à court terme du ver-
boration et l'adoption du Plan direc- Plaine.
ger d'Oued Teima et aux besoins
teur dans les délais prévus. Des dos-
prioritaires d'Agadir en eau potable.
siers de faisabilité accompagnaient
le plan en vue du financement du
projet par la Banque Mondiale no-
- Allégement corrélatif des pompa-
ges sur la partie aval du réservoir
3. Les grandes
tamment.
souterrain (avec réalimentation par-
tielle par les pertes sur irrigation pro-
recommandations
2.1 Une approche intégrée
venant du barrage). du plan directeur
- Accroissement des superficies irri-
et innovante Elles proposaient les actions sui-
guées par pompage sur la partie
- L'originalité de la démarchie adop- vantes :
amont, afin de procéder à la vidange
tée a consisté dans une approche - extension des superficies irriguées
partielle du réservoir souterrain.
globale intégrée de la mobilisation sur 20 000 hectares, 10 000 à l'amont,
Décision de construire ultérieurement
des ressources en eau souterraine et 10 000 à l'aval,
le barrage écrêteur de crue d'Aou-
de surface. - modernisation progressive de
louz à une date à fixer par les obser-
- Les deux objectifs centraux du 31 000 hectares d'irrigations tradi-
vations du niveau des eaux souter-
projet étaient de limiter les effets né- tionnelles,
raines sous l'effet de l'exploitation.
gatifs de la concentration des pom- - pour cela : mobilisation des 180 mil-
Cette séquence devrait sur la base
pages et d'autre part de limiter aussi lions de m^ supplémentaires à raison
des hypothèses initiales s'étendre
les volumes de pertes à la mer en de 105 millions par le barrage de
sur une durée de l'ordre de 30 ans.
augmentant les superficies irriguées. l'Oued Issen, 75 millions pompés sur
La principale innovation a été la sui- 2.3 Un processus de décision les réserves souterraines,
vante : la nappe d'eau souterraine efficace - le réservoir souterrain serait vidan-
n'est plus considérée comme le siè- (Utilisant des outils de recherche gé d'un volume global de 5,4 mil-
ge d'un flux régularisé (donc d'un opérationnelle performants) liards de m^ en 33 ans,
débit à ne pas dépasser dans les - L'optimisation de l'exploitation d'un - au terme de cette étape : cons-
prélèvements), mais comme un ré- système aussi complexe ne peut pas truction d'un barrage écrêteur de
servoir. être le fruit d'un simple calcul techni- crue à Aoulouz (compte tenu du ni-
Ce réservoir pour jouer pleinement que, ni économique. Encore faut-il veau des eaux souterraines à cette
son rôle régularisateur doit être par- tenir compte de contraintes multiples époque),
tiellement vidangé pour pouvoir ac- (contraintes sociales) et des volontés - la diminution des pertes à la mer
cueillir ultérieurement des apports politiques s'exprimant dans des stra- est dans cette perspective évaluée à
supplémentaires provoqués par une tégies nationales d'aménagement et 130 m^ soit 30 % des pertes ac-
meilleure infiltration des crues (écrê- de développement. tuelles, les pertes qui subsisteront ne
tées par un barrage moins coûteux - Le processus de décision interactif représenteront plus que 44 % des
qu'un barrage réservoir). Le rabatte- instauré entre les propositions de apports contre 63 % actuellement.
ment préalable de son niveau initial l'équipe du projet et le Comité Inter- L'étape ultérieure d'écrêtage des
est donc nécessaire (généralisé et le ministériel a conduit à l'adoption crues à Aoulouz permettra de limiter
plus homogène possible). La cons- d'une solution optimale à la date encore plus ces pertes. •

PCM — tE PONT — FEVRIER 1997

63
\J

ays sec, mais riche de ressources en eau provenant des précipitations et des chutes de
neige sur les reliefs, le Maroc a fait de l'hydraulique agricole l'une des composantes
majeures du développement rural. Scet International a eu la chance de pouvoir contribuer à
ce développement par de nombreuses études et réalisations en diverses régions du pays,
notamment dans les Doukkala.

La région des Doukkala se situe en ment Casablanca, Safi et Jorf Lasfar.


bordure de l'Atlantique, à une centai- Elle est bordée au nord par la vallée
ne de kilomètres au sud-ouest de Ca- de l'Oum er R'Bia, second fleuve du
sablanca. Ouverte sur plusieurs cen- Maroc par l'importance de ses ap-
tres urbains côtiers importants (El Ja- ports hydrauliques, ce qui a conduit,
dida, Safi, et maintenant Jorf Lasfar, dès les années 1940, à en démarrer
port phosphatier majeur), elle com- la mise en valeur grâce à la cons-
prend trois zones plus ou moins pa- truction d'une galerie de dérivation
rallèles à la côte : une frange littorale bétonnée de 16,7 km partant du bar-
Baudouin PANNEAU DE LA HORIE étroite cultivée en maraîchage inten- rage hydroélectrique d'Im Fout, et
Ingénieur du Génie Rural sif associé à un élevage bovin, un prolongée par un canal en terre de
des Eaux et des Forêts
sahel rocailleux formé de rides du- 111 km dit de bas service, destiné à
naires fossiles consolidées, domaine l'irrigation des plaines et à l'approvi-
de l'élevage ovin transhiumant, et un sionnement en eau de la ville de Safi.
ensemble de plaines intérieures, d'al- 27 000 hectares ont ainsi été aména-
titude comprise entre 100 et 200 m, à gés entre 1952 et 1975, dont 26 000
dominante de céréales. Cette plaine en irrigation gravitaire à partir de ca-
est caractérisée par un climat aride naux portés, et 1 000 en aspersion
(300 mm/an d'octobre à mars) et par sur les sols sableux de la région de
une population rurale dense (plus de Boulaouane.
100 habitants/km^) attirée par les Du fait de l'envasement progressif de
centres urbains environnants, notam- la retenue d'Im Fout et de l'accrois-

Elevage bovin.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1 9 9 7

64
surélevés, la réalisation des réseaux
de distribution d'eau, d'assainisse-
ment et de circulation, la création
d'une ferme semencière, de centres
de collecte de lait, d'unités de trans-
formation industrielle (laiterie, sucre-
rie, usines de concentré de tomates),
l'équipement de base de 20 nou-
veaux villages, et le renforcement de
rORFvIVAD (Office Régional de Mise
en Valeur des Doukkala) pour lui per-
mettre de répondre à l'extension de
ses activités.
Ces études ont été conduites en
16 mois en concertation étroite avec
les Directions Techniques du ministè-
re de l'Agriculture et du ministère des
Travaux Publics, et avec la super-
Elevage ovin. vision du Centre d'Investissement
FAO-BIRD. Et dès 1975 ont été entre-
sèment très rapide des besoins en structures existantes et de l'évolution pris les travaux de construction du
eau urbains, industriels et énergéti- prévisible des besoins pondérés par grand barrage d'EI Massira, tandis
ques, la question s'est alors posée leur degré de priorité, les taux de dé- que, parallèlement, Scet International
de réaliser un ou plusieurs nouveaux fection admissibles, et les résultats se voyait confier les études d'exécu-
ouvrages de régularisation sur l'Oum économiques à en attendre. Des mé- tion et rétablissement des dossiers
er R'Bia en amont d'Im Fout. thodes originales ont été mises en d'appels d'offres pour la réalisation
A partir d'octobre 1973, Scet Interna- œuvre à cette occasion, faisant ap- des 32 000 ha prévus. En outre, dans
tional, qui bénéficiait d'une forte im- pel à la programmation linéaire sous le cadre d'un second marché, une
plantation techinique locale et d'une contraintes, à l'analyse des risques, équipe de 5 techniciens de Scet Inter-
longue expérience en matière d'hy- et à l'actualisation en temps continu. national était mise en place auprès
draulique agricole au Maroc, s'est vu - D'autre part une étude d'avant- de l'ORMVAD pour assurer la coordi-
confier une double étude avec l'ap- projet et de faisabilité d'une nouvelle nation et la supervision des travaux.
pui d'un financement de la BIRD : tranche d'irrigation de 32 000 hec- Fruit d'une démarche cohérente et
- D'une part un plan directeur hy- tares en aspersion dans la plaine volontariste associant les divers
draulique, dit de "la branche Oum er des Douk(<ala. Cette étude prévoyait partenaires concernés depuis la
R'Bia" consistant à définir les carac- le recalibrage du canal bas service, conception jusqu'à la mise en œu-
téristiques dimensionnelles et dates la construction de trois nouveaux ca- vre, l'ensemble du programme
optimales de mise en service de naux bétonnés à commande par d'aménagement des 32 000 nou-
nouveaux ouvrages de régularisation l'aval, la construction de 12 stations veaux hectares a pu ainsi être mené
du fleuve, compte tenu des infra- de pompage avec des réservoirs à bien entre 1977 et 1986. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


L_ \\J l _ W

\J N0 uVI PARTENARIAT PUBLIC/PRIVE


N NOUVEAU
e tissu économique marocain s'est développé depuis les années 50, dans le cadre
d'une économie libérale sur le plan intérieur mais protégée de la concurrence internatio-
nale par les droits de douane importants.
1971 à 1976 : Vice-Président de la Les deux acteurs essentiels de ce
Chambre de Commerce Franco- développement économique et, par
Arabe
voie de conséquence du tissu entre-
Depuis 1976 : Création de plusieurs
entreprises nouvelles appelées à preneurial marocain avec chacun un
contribuer au transfert de technologie rôle parfaitement défini, sont ;

1 È

Hassan CHAMI
PC 61
M^ vers le Maroc
Entre autres :
- MARGEC:
Entreprise de Génie Civil spéciali-
sée dans les ouvrages complexes
- FORASOL:
- L'Etat, à travers la définition des
règles du jeu ; environnement légal
et social, protection accordée aux
produits fabriqués au Maroc, niveau
de la taxation et des prélèvements à
Entreprise de forage et de fonda- opérer sur le produit intérieur brut.
Vice-président de la Confédération tions profondes
des Entreprises du Maroc - FACEMAG : - Les opérateurs privés, appelés à
et président du Comité France Maroc Entreprise de production de car- investir dans un cadre tracé à l'avan-
1961 à 1963 : Ingénieur Chef de l'Ar- reaux de revêtement sols et murs ce, avec une visibilité à long terme et
rondissement des Travaux Publics de - INGEMA : des encouragements effectifs (codes
Meknès Bureau d'études qui assure la
1963 à 1965 : Chef d'exploitation du d'investissements, exonération de
conception et la surveillance de
Port de Casablanca et Directeur de la l'exécution des barrages au Maroc droits de douane sur du matériet im-
RAPC par des Ingénieurs Marocains porté, exonération fiscale pour les
1965 à 1969 : Directeur Général des - MULTIPLEX: secteurs exportateurs et les exploita-
Ports de Casablanca et Mohamme- Entreprise intégrée de textiles, tions industrielles dans certaines ré-
dla comprenant une filature, un tissage
1969 à 1970 : Directeur Général de et un finissage gions du Maroc).
l'Hydraulique Dans ce cadre, le Maroc a connu un
1970 à 1971 : Ministre des Travaux développement économique régulier
Publics et des Communications
qui a vu la naissance d'un tissu en-
1971 à 1976 : Directeur Général de
l'Office de Commercialisation et d'Ex- trepreneurial constitué en grande
portation majorité de PME, PMI.

PCM — tE PONT — FEVRIER 1997

RR
être entrepris au cours de ces 10 an-
nées et le tandem public/privé ne
peut plus fonctionner comme aupa-
ravant, dans un cadre Administration
protectrice/opérateurs économiques
protégés.
Le Maroc, dans son ensemble, doit
être compétitif et la relation public/
privé doit être une relation de com-
plémentarité, la compétitivité du pro-
duit Maroc étant tributaire de la com-
pétitivité des différents composants
du tissu économique marocain.
L'ambition aujourd'hui est de bâtir un
couple performant qui puisse soute-
nir la comparaison avec les écono-
mies des pays concurrents du Ma-
roc.
Le tandem public/privé doit être per-
formant face à tous les tandems in-
ternationaux. Pour qu'il gagne, il faut
que les efforts se conjuguent et se
démultiplient
L'Etat doit veiller à la mise en place
des règles du jeu qui favorisent l'ini-
tiative privée et facilitent la compétiti-
vité du produit Maroc.
Ces règles sont juridiques, écono-
miques et sociales. Elles doivent être
toutes caractérisées par leur libéra-
lisme et leur souci de faire en sorte
que les différentes composantes de
la formation de la compétitivité du
Maroc soient les plus performantes.
Cela concerne, bien évidemment, la
formation des hommes, leurs rela-
tions sociales et économiques et les
facilités d'accès à l'acte d'entre-
prendre.
Le rôle des entrepreneurs profitant
de ce cadre nouveau est de créer le
Marrakech - La Koutoubia. maximum de richesses possibles
pour assurer l'emploi et le bien-être
de la population du Maroc et faire en
sorte que le Maroc compétitif sorte
Ce cadre Maroco-Marocain accep- bien sur le plan interne qu'externe vainqueur de ce défi de modernité
tait une compétitivité réduite, compa- avec la production internationale. qui l'attend dans les années à venir.
rativement avec la production inter- Cette libéralisation va prendre un L'entreprise doit alors opérer une
nationale, compte tenu des barrières rythme plus accentué depuis la révolution sur tous les plans de sa
protectrices (droits de douane, prix signature, par le Maroc, des Accords gestion : management des hommes,
plancher à l'importation). Il pouvait de Marrakech portant organisation management des relations sociales,
tolérer des prélèvements importants mondiale du commerce et de l'ac- management des rapports de la pro-
sur les intrants économiques, des cord d'association avec l'Union Euro- duction, le tout tendant vers la pro-
distorsions de la législation sociale, péenne qui prévoit la mise en place duction de biens et services compé-
des distorsions de la législation sur d'une zone de libre échange, à l'hori- titifs, par rapport à l'environnement
les entreprises. zon de 2010. international. C'est une entreprise ci-
La politique d'ajustement structurelle, Les entreprises marocaines ressenti- toyenne et responsable, face à une
mise en place dans les années 80, a ront alors de plein fouet la compéti- Administration efficace et transpa-
entraîné une libéralisation progressi- tion des produits extérieurs. rente.
ve des échanges qui met la produc- Un effort important de mise à niveau Ce sera le tandem gagnant de de-
tion marocaine en compétition, aussi du tissu économique marocain doit main.

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^ßTL
explique le caractère exceptionnel une durée d'au moins une année. Ils
INGEMA des réussites, si bien qu'elles méri- étaient tous considérés et traités au
Coyne et Bellier tent d'être rapportées et commen-
tées.
même titre que tout autre cadre de
COB, sans aucune restriction.
Une expérience Le présent article en relate dans le
domaine de l'ingénierie des bar-
En 1983, la direction de la société et
la présidence du Conseil d'adminis-
réussie rages, considérée comme technique tration devinrent marocaines (deux
de pointe, une expérience réussie ingénieurs de l'ENPC).
Le "Transfert de technologie" revient entre le bureau français Coyne et L'Administration marocaine ayant
souvent dans les discours chaque Bellier (COB) et le bureau marocain. constaté les actions menées par
fois qu'il s'agit d'une coopération ou Société Maghrébine d'Ingénierie (IN- COB considéra qu'il fallait l'encoura-
collaboration Nord-Sud. Il ne peut GEMA). ger en lui confiant un certain nombre
cependant réussir que sous cer- L'histoire commence en 1973, lors- d'études de barrages, notamment le
taines conditions ; que COB, après plusieurs années de suivi des travaux du barrage Moulay
a) possession effective d'un savoir- présence au Maroc, décida de créer Hassan 1"'. Ce fut l'occasion du ren-
faire de haut niveau susceptible de une filiale marocaine, employant des forcement des équipes de Ingéma
faire l'objet du transfert, cadres expatriés. avec détachement de techniciens
b) existence d'une réelle volonté de Dès 1978, COB considéra que le dé- supérieurs de COB pour la formation
transmission du savoir, laquelle vo- veloppement de son activité au Ma- des dessinateurs.
lonté doit s'inscrire dans une straté- roc passait par l'embauche d'ingé- La part COB, dans les contrats trai-
gie à moyen et/ou long terme, nieurs marocains mais aussi par l'as- tés par le groupement des deux so-
c) partage d'une volonté au moins sociation de partenaires marocains ciétés, avait ensuite tendance à dimi-
égale par l'entité censée apprendre dans le capital de la filiale. nuer progressivement en passant de
ou recevoir le transfert tout en s'ins- L'embauche a été limitée à des ingé- 90 % en 1978 à moins de 10 % en
crivant également dans une stratégie nieurs de grandes écoles françaises 1990. En même temps l'expéhence
convergente, (Pont et Centrale), capables de d'Ingéma s'affirmait davantage, si
d) présence d'un environnement sti- mieux s'intégrer dans les équipes de bien qu'elle n'avait plus besoin de
mulant, projet de COB. Le partenariat a été soutien permanent d'ingénieurs ou
e) continuité en rapport avec la du- recherché parmi les anciens respon- de techniciens de COB.
rée minimum d'apprentissage. sables du département des barrages A partir de 1992, l'Administration ma-
Il s'agit là de conditions à caractère au sein de l'administration marocai- rocaine commença à confier la res-
général. D'autres plus spécifiques à ne. Ils sont plus à même de com- ponsabilité totale des études de bar-
chaque type d'activité sont égale- prendre l'objectif de COB pour l'ai- rages de toute taille et de tout type à
ment nécessaires. der à l'atteindre. Ingéma seule, à charge pour elle de
Le nombre de conditions à remplir Les premiers ingénieurs marocains ont faire appel à des expertises de COB
devient relativement important. Il été reçus en stage chez COB pour si cela lui semble nécessaire.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

aa
La collaboration entre les deux vaste programme de construction du lancement de l'expérience, est
sociétés a même dépassé les fron- des barrages au Maroc. manifestement positif pour toutes les
tières du Maroc. Ainsi, en 1989, L'Administration en charge de ce parties.
le groupement COB/Ingéma fut rete- programme considéra comme priori- D'abord, l'administration marocaine
nu par le gouvernement du Yémen té première la formation des cadres est pleinement satisfaite, puisqu'elle
pour des études de barrages. L'en- nationaux et perçut la collaboration peut désormais compter des compé-
couragement de certains fonds de entre COB et Ingéma comme répon- tences locales de haut niveau, pour
développement à l'ingénierie des dant parfaitement à cette priorité. la poursuite du programme de cons-
pays arabes et africains accentua Elle l'encouragea en confiant au truction des barrages et pour la
l'intérêt de partir ensemble dans ces groupement des deux sociétés des maintenance d'un parc de plus en
pays, la notoriété internationale de études de plus en plus nombreuses. plus nombreux.
COB et les coûts relativement faibles COB a ainsi vu ses efforts rapide-
des prestations Ingéma constituent ment récompensés. Ingéma est devenu le leader au Ma-
les atouts majeurs du groupement. Il convient de rappeler certaines réti- roc dans l'ingénierie des barrages et
En 1996, COB est le seul bureau cences notamment chez quelques commence à s'attaquer au marché
étranger qui continue à opérer au personnes de COB. La diminution extérieur, tout en étendant son activi-
Maroc à travers notamment de nom- avec le temps de la part de COB té à d'autres domaines.
breuses expertises concernant la était alors considérée comme un Enfin COB a réussi à maintenir sa
plupart des grands barrages en point négatif suffisamment sérieux présence au Maroc alors que plu-
cours d'exécution. pour justifier l'arrêt du processus. sieurs autres bureaux internationaux
Cette vision à très court terme allait à n'y exercent plus aucune activité. Il
Ingéma compte actuellement 65 per-
contresens de la volonté du client, peut également compter sur Ingéma
sonnes et opère naturellement dans
le domaine des barrages mais aussi d'une part et des ambitions des comme partenaire fiable pour l'ac-
dans ceux de l'eau potable et des cadres d'Ingéma, d'autre part. quisition de parts de marché dans
routes et autoroutes. Sa notoriété au Ce dernier point est particulièrement les pays arabes et en Afrique.
Maroc est bien établie et ses inter- important, car la prise en main de Il est essentiel d'insister, en conclu-
ventions à l'étranger se multiplient. responsabilités techniques de plus sion, sur l'importance dans la réussi-
La réussite de cette expérience vient en plus importantes constituait un te de cette expérience de l'apparte-
également du fait qu'elle a été me- facteur de motivation déterminant nance des cadres d'Ingéma et de
née dans un environnement particu- dans le maintien des ingénieurs ma- Coyne et Bellier au même vivier d'in-
lièrement favorable. Elle a en effet rocains. génieurs de l'Ecole Nationale des
été concomitante au lancement d'un Le bilan, après presque 20 années Ponts et Chaussées. •

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L_ \J\J \J ROC*
affaire de la betterave ne fut pas mon aventure personnelle. J'y ai joué mon rôle comme
membre d'une équipe et pas en première ligne, Si j'essaie de définir la fascination
qu'elle exerce dans mon souvenir, je citerai d'abord son exemplarité ; ce fut une expérience
complète : humaine, technique, politique, une expérience de sortie du sous-développement.
Cet office des irrigations, dont j'avais voulu la naissance pendant des mois, était le lieu idéal
où l'expérience pouvait réussir et réussit effectivement. Enfin, à quelques reprises, j'ai pu m'y
rendre utile. Voilà pourquoi je revendique, avec sans doute excès de prétention, ma part dans
l'aventure et dans sa réussite.
De nos jours encore, le pain avec le Casablanca (COSUMA) et Têtouan.
thé sucré est à la base du régime ali- Il n'est donc pas étonnant que la
mentaire des paysans marocains. Il culture de la betterave à sucre ait fait
n'est pas une famille où la cérémonie l'objet de nombreux essais dans les
du thé, saturé de sucre cassé en stations de la recherche agronomi-
morceaux et introduit dans la théière que.
de forme traditionnelle, ne soit le Au moment de la création de l'ONI,
symbole de la convivialité et de l'hos- on disposait des résultats d'essais
pitalité. Des plus pauvres aux plus betteraviers dans la plupart des zo-
Raymond AUBRAC riches, les Marocains reçoivent ainsi nes irriguées du pays et dans celles
PC 37
leurs hôtes autour du plateau circu- de culture "en sec" bénéficiant d'une
La production de sucre au Maroc re- laire, chargé de verres plus ou moins pluviométrie suffisante, essentielle-
monte à un passé ancien. Les ar- ouvragés. Le maître de maison pro- ment dans le Rharb. Rendements en
chéologues ont retrouvé dans la ré- cède à la fragmentation du pain de betteraves et taux de sucre étaient
gion de Marrakech des chantiers de sucre, place les morceaux dans la satisfaisants.
traitement de la canne à sucre, avec théière, et goûte le mélange jusqu'à Dès le début de 1961, le gouverne-
des fours, des marmites en cuivre, l'infusion convenable, avant de ver- ment marocain décida, sur proposi-
des moules à pain de sucre et les ser la liqueur verte et dorée dans les tion de l'ONI, de lancer la culture de
installations hydrauliques Arar, verres de ses hôtes, avec les feuilles la betterave et la fabrication du su-
La canne à sucre, venue d'Asie, fut de menthe quand la saison convient. cre.
apportée au Maghreb par la conquê- Ainsi, dès le dix-neuvième siècle, le L'application de cette décision se
te arabe, au septième siècle. Elle fut Maroc devint-il importateur de sucre, heurtait à trois difficultés, l'une tech-
produite dans le Souss et le Haouz car la production locale disparaissait nique, une autre socioculturelle, et
de Marrakech. Au seizième siècle, le petit à petit. une troisième économico-politique,
sucre marocain était exporté vers Tandis que la population marocaine La difficulté technique était liée au
l'Europe. Les souverains maghrébins s'accroissait, la consommation de climat. Au Maroc, en raison de la
payaient en sucre, à poids égal, le sucre par habitant augmentait rapi- température, le délai entre l'arracha-
marbre de Carrare dont ils ornaient dement : de quatorze kilos et demi ge de la betterave et son traitement
leurs palais. Au dix-huitième siècle,
par habitant et par an en 1949, elle en sucrerie est réduit à quarante-huit
la production dans les îles du Nou- atteignait trente-quatre kilos en 1958, heures sous peine d'assister à une
veau Monde vint concurrencer en dépassant celle de la Belgique et de inversion de la dextrose en lévulose,
Europe le sucre du Maghreb, dont la France. et une dégradation très rapide du
dès lors la production baissa. En 1960 la consommation annuelle rendement en sucre. C'est une
Cependant la consommation locale du Maroc était de trois cent soixante contrainte lourde dans la logistique
continua de croître, surtout quand au
mille tonnes, entièrement importées. du processus.
dix-neuvième siècle celle du thé prit
Le sucre était au premier rang des La difficulté socio-économique résul-
une importance grandissante. importations du Maroc, qui y consa- te de ce que les sucreries modernes
crait 10 % de ses ressources en sont construites pour traiter chaque
devises étrangères. jour de grands tonnages de bette-
* Extrait du livre de Raymond Aubrac
Environ 75 % du sucre était importé raves. Le Maroc avait besoin d'une
"où la mémoire s'attarde". Editions
Odile Jacob. brut, puis raffiné dans les usines de production moderne pour que ses

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

70
sieurs dîners furent organisés. Je
n'eu à subir que quelques allusions
prudentes. Le seul argument sérieux
était révocation du risque que la bet-
terave faisait peser sur l'emploi du
personnel abondant des raffineries.
Mais notre projet ne prétendait pas,
dans ses débuts, fournir plus de
10 % de la consommation de sucre
du pays.
Je reçus la visite de Michel Ponia-
towsl<i. Ce personnage à la rondeur
plutôt sympathique nous avait reçus
à notre arrivée au Maroc lorsqu'il
était conseiller économique et finan-
cier auprès de l'ambassade de Fran-
ce. Il avait quitté le Maroc pour pour-
suivre, dans le sillage de Valéry Gis-
card d'Estaing, une carrière rapide
qui le conduirait place Beauvau. Il
avait gardé de nombreuses relations
au Maroc et y revenait souvent.
11 n'y alla pas par quatre chemins.
"Vous avez entrepris, me dit-il, de fai-
re produire du sucre au Maroc ; il
faut arrêter cela. C'est contraire aux
intérêts de la France".
La discussion s'engagea. J'énumérai
les avantages de la culture de la bet-
terave pour l'agriculture marocaine et
pour l'économie du pays. La dé-
monstration n'était pas difficile : amé-
lioration du niveau de vie des pay-
sans, industrialisation à partir de
matière première nationale, améliora-
tion de la balance commerciale. Il
savait tout cela, bien entendu. Son
propos était simplement la défense
d'intérêts établis. Le mien tendait à
prix de revient soient comparables à culture qu'ils n'avaient jamais vue. démontrer que le véritable intérêt de
ceux du marclné international. Il lui Ce fut l'objet d'un effort d'information la France était le développement
fallait donc construire une sucrerie et de motivation sans précédent économique de son partenaire maro-
qui traiterait au moins deux mille cinq dans le pays. cain.
cents à trois mille tonnes par jour, Quant à la difficulté économico-poli- Cela dura des heures. Je fus traité
correspondant à l'arrachage journa- tique, elle résultait de l'ancien régi- de mauvais Français, presque de
lier d'une centaine d'hectares. L'usi- me, du protectorat. Pendant des dé- traître à mon pays. C'était dérisoire et
ne allait fonctionner environ cent cennies, l'importation du sucre, brut cela m'amusa.
jours par an, compte tenu du calen- ou raffiné, avait été une importante Je décidai de ne pas en rester là. Je
drier du cycle betteravier. C'est donc activité commerciale, assurée par préférai ne pas parler de l'algarade à
dix mille hectares qu'il fallait consa- des sociétés françaises. Le raffinage mes amis marocains, mais je vins la
crer chaque année à une culture du sucre brut était l'une des indus- raconter à Jean-François Poncet, qui
complètement ignorée du paysan tries les plus profitables. Ceux qui la était alors le chef de mission d'assis-
marocain. Nous savions, par l'échec contrôlaient allaient faire tout ce tance technique française au Maroc.
d'expériences dans des pays voi- qu'ils pourraient pour entraver la Avec un sourire plein d'indulgence
sins, qu'il était très difficile de nouvelle politique. pour son ami "Ponia", il me donna
convaincre et aucunement question Je ne sais pas quelles furent les entièrement raison.
de contraindre des paysans vivant interventions auprès du palais royal Les obstacles de principe étaient
au seuil de subsistance de consa- et du gouvernement marocain. Je donc écartés. Il restait à réussir
crer une partie importante de leurs sais seulement qu'elles échouèrent. l'opération dans laquelle notre jeune
terres, un quart dans l'hypothèse Dans les milieux d'affaires de Casa- institution avait investi tout son presti-
d'un assolement quadriennal, à une blanca où j'avais des relations, plu- ge.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

71
L'entreprise était complexe. L'achat La délégation polonaise arriva, diri- inévitables. Il fallait faire accepter par
de la sucrerie et la campagne qui gée par un vice-ministre et compo- les Polonais de lourdes pénalités
permit de mobiliser les agriculteurs sée d'une dizaine de spécialistes, journalières en cas de retard dans la
marocains en furent les points forts, des techniciens, des commerciaux, mise en marche de l'usine. En effet,
L'acfiat d'une sucrerie, à l'échelle du des financiers. nous conduisions une autre aventure
Maroc de 1960, était un investisse- Nous demandions au fournisseur pour décider les fellahs à entrepren-
ment important, de l'ordre de quatre- de l'usine quelques prestations an- dre la culture des betteraves, et tous
vingts millions de dirhams soit envi- nexes ; former chez eux des techni- nos efforts eussent été vains, et l'in-
ron huit milliards de centimes. ciens marocains, assurer la marche vestissement dilapidé si, à la date de
La région choisie était le Rharb où le de la sucrerie pendant la première mûrissement de ces betteraves, l'usi-
climat permettait de produire une campagne, se tenir prêts à venir ne n'avait pas été prête à les traiter.
partie des betteraves en sec, et une résoudre les problèmes techniques Enfin, le contrat de plusieurs cen-
partie dans le périmètre irrigué de des premières années. Ce fut accep- taines de pages fut rédigé. Il restait à
l'oued Beth. C'était une région de pe- té, et le premier contingent de jeunes y mentionner le prix global, puis à le
tites propriétés où les paysans, vi- Marocains se prépara à partir pour la signer.
vant au voisinage du seuil de subsis- Pologne. Avant cette dernière étape, Tahiri
tance, constateraient vite les bien- La préparation du contrat s'engagea. offrit un excellent dîner marocain à la
faits de cette nouvelle spéculation. D'abord, il fallut se mettre d'accord délégation polonaise. Après le dîner,
La réussite espérée permettrait sur la technologie adoptée, et les di- nous revînmes au bureau, le vice-
d'étendre la culture à l'ensemble des mensions de chaque composante. ministre polonais et un de ses assis-
zones favorables du Maroc. L'ensemble comportait en effet une tants, Mohamed Tahiri et moi. Jus-
Il fallait acquérir l'usine, nécessaire- zone de réception de la betterave et que-là aucune mention n'avait été
ment à l'étranger. Un appel d'offres des silos de stockage, les installa- faite du prétendu représentant maro-
fut donc lancé, dans les pays d'Euro- tions de fabrication du jus, qu'il faut cain, qui n'avait en rien participé à la
pe connus pour être les fournisseurs ensuite purifier et concentrer par négociation. Vers onze heures du
de sucreries. evaporation, puis faire cristalliser soir, dans son bureau, Tahiri brancha
Cinq constructeurs présentèrent avant séchage et mise en sac. son magnétophone et fit entendre,
leurs offres. Les meilleurs prix étaient Le complexe comportait aussi une en la traduisant, la conversation qu'il
ceux de CEKOP, société polonaise centrale thermique et des aires de avait enregistrée. Et il demanda au
qui fut déclarée adjudicataire. stockage du combustible et du cal- vendeur un rabais de 2 %, montant
Il fallut alors préparer le contrat. Les caire. de la commission. Le Polonais recon-
Polonais furent invités à faire venir Une bonne partie du chantier était nut immédiatement qu'il avait signé
leurs spécialistes. confiée à des entreprises marocai- ce contrat de représentation. Il invo-
Avant l'arrivée de la délégation polo- nes et françaises pour le génie civil qua les pratiques habituelles des af-
naise se produisit un incident qui me et l'aménagement des accès. Le site faires internationales et donna même
confirma l'estime que je portais à choisi, à Sidi-Slimane, était bien pla- quelques exemples. Il refusait le ra-
Mohamed Tahiri. cé vers le centre de gravité du péri- bais demandé. Commencée dans la
Il fut appelé au téléphone par un mètre betteravier, et ses soixante-dix plus grande courtoisie, la discus-
Marocain de ses amis, apparenté au hectares pouvaient être facilement sion devint violente. Tahiri démontra
plus haut niveau du royaume, et qui reliés aux réseaux routiers et ferro- qu'une telle commission n'était rien
souhaitait le rencontrer car, disait-il, il viaires. d'autre qu'un outil de corruption.
était le représentant de CEKOP au Pour discuter les problèmes de tech- Il était plus de deux heures du matin
Maroc. nique de sucrerie, nous fîmes appel quand le contrat fut signé. Le prix
Tahiri le reçut et apprit que son visi- à un ingénieur-conseil belge spécia- avait baissé de 2 %. Nous devions
teur, détenteur d'un contrat de repré- lisé dans ces opérations. apprendre quelques semaines plus
sentation, allait toucher une commis- Comme il s'agissait d'un contrat in- tard que l'intermédiaire marocain
sion s'élevant à 2 % du prix de l'usi- ternational, il était accompagné d'un avait quand même touché une com-
ne. Tahiri lui fit remarquer qu'il n'avait dispositif financier comprenant l'ou- mission. Ainsi fut lancée la construc-
joué aucun rôle dans la désignation verture et la libération d'accréditifs tion de la sucrerie de Sidi-Slimane.
de ses mandants et devait, dès lors, bancaires suivant un calendrier, d'un L'autre grand chapitre de la prépara-
abandonner sa commission. L'inter- dispositif juridique prévoyant les tion concernait les fellahs.
médiaire refusa de renoncer à son agréages et les dispositions de rè- Le premier problème tenait au fait
magot, mais offrit de le partager glement des contentieux. J'utilisai là qu'une bonne partie du polygone
avec Mohamed Tahiri, ainsi que le l'expérience que j'avais acquise lors betteravier était constituée par des
voulait l'usage, disait-il ; refus de no- de la négociation pour la vente du terres collectives. La propriété de
tre directeur général, qui congédia train de laminoir à large bande ache- ces terres, divisées en lots dont la
son visiteur. Mais il avait discrète- té par les Tchèques et bloqué aux culture était confiée chaque année
ment enregistré toute la conversation Etats-Unis. aux attributaires, échappait aux in-
par un magnétophone camouflé La négociation dura plusieurs semai- dividus. Ce système, qui assurait
dans son bureau. nes, avec les moments de tension l'équité du partage, présentait un

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

72
inconvénient majeur pour notre en- Des affiches avec le minimum de Sultan Mohamed V à son fils Has-
treprise, car la betterave intervient texte et un dessin parlant montraient san Il comme un héritage précieux,
dans un assolement, et sa culture a le fellah, la betterave, une usine et le bénéfique pour la patrie.
un impact important sur la récolte qui drapeau national dans un graphisme Les deux conteurs de souk furent si
la suivra, grâce aux engrais, et plus et des couleurs rappelant l'imagerie convaincants et convaincus que, pe-
encore à l'enhchissement du sol par naïve vendue sur les souks ou dans tits cultivateurs eux-mêmes, ils signè-
les résidus qu'on y enfouit. Il était les boutiques. L'ONI produisit aussi rent avec l'ONI le contrat de betterave.
donc important que le producteur de des séries de dessins ou de photos La principale réalisation audiovisuel-
betteraves pût bénéficier de ses ef- montrant les étapes de la culture et le fut la préparation d'un film. Son ti-
forts et gardât la même terre suffi- sa double conclusion : la fabrication tre était Wa Zaraou ech chamandar :
samment longtemps. Une négocia- du pain de sucre et la rémunération Et ils plantèrent la betterave.
tion porta la durée de jouissance de du paysan. Le film ne visait pas un objectif di-
un à huit ans. Une "carte de planteur de betterave" dactique ni de propagande. C'était
Le second problème était plus diffici- fut attribuée à chaque agriculteur, au un film de persuasion autour d'un
le. Il fallait décider ces fellahs à moment de la signature du contrat. scénario racontant l'histoire sim-
entreprendre une culture nouvelle, Une série d'émissions de radio qui ple d'un paysan pauvre se laissant
qu'ils ignoraient, sur une fraction touchaient le fellah le soir dans sa convaincre par un ami de s'engager
importante d'une terre suffisant tout famille lui expliquaient d'abord l'inté- dans l'aventure de la betterave. Au
juste à nourrir leur famille. rêt du contrat, puis les péripéties de passage, on peut y observer les ges-
A L'ONI, un groupe de collègues, la culture, en arabe avec accompa- tes de la culture, vécus par les fel-
marocains et français, connaissait gnement musical. lahs semblables à ceux auxquels le
fort bien les conditions de vie et la On mobilisa les conteurs de souk. film était destiné.
mentalité des fellahs. Nous savions C'est une tradition très ancienne,
C'était un film joué par des paysans
qu'aucun effort ne devait être épar- d'écouter sur le souk, quand les tran-
pour un public paysan dans le décor
gné pour réaliser une mutation béné- sactions sont finies, le conteur et sa
de leurs douars et de leurs champs.
fique dans leur mode de travail et de qarida. Ce poème chanté, accompa-
Le polygone betteravier, pour une
vie, et finalement dans leur condition gné de quelques instruments, a son
population totale d'environ cent mille
économique et sociale. Paul Pascon style, son vocabulaire, sa cadence. Il
personnes, comptait une centaine de
fut la cheville ouvrière de la réussite, interpelle le public avec gentillesse
douars. 90 % des habitants allaient
avec Mohamed Tahiri et quelques et fantaisie, et véhicule les messa-
voir le cinéma pour la première fois.
autres, comme Jean Scalabre, qui ne ges simples qui ont été concertés
On tira plusieurs copies du film et on
ménagèrent pas leurs efforts. avec ses promoteurs. Ainsi deux des
organisa les projections en plein air,
Paul Pascon, qui avait fait de bril- conteurs les plus appréciés visitè-
dans chacun des douars.
lantes études de sociologie, d'ethno- rent-ils chaque douar du périmètre
logie, de linguistique, avait à l'indé- J'ai assisté à l'une de ces séances
betteravier, les jours de souk, trans-
pendance choisi la nationalité maro- près d'un douar isolé. Au crépuscu-
mettant l'histoire de la betterave
caine. Il parlait arabe et berbère, et confiée, sur son lit de mort, par le le, le camion arnvait, guidé par un
connaissait le monde rural sur lequel agent du Centre de Mise en Valeur
il a laissé de nombreux écrits. Sa (CMV) voisin. On tendait l'écran entre
thèse de doctorat sur le Haouz de ses haubans, on installait le projec-
Marrakech fait autorité et le quali- teur et son groupe électrogène et,
fia pour enseigner à l'université de comme la nuit tombait, les specta-
Rabat. teurs s'approchaient. Les femmes,
assez peu nombreuses, se grou-
Cet homme de réflexion et d'étude
paient. Les enfants s'installaient aux
était aussi un homme de terrain. Grâ-
premiers rangs. Les hommes, derriè-
ce à lui, le programme de motivation
des fellahs fut établi et mené à bien. re, étaient quelques centaines. La
La campagne avait pour double ob- séance commençait par la projection
jectif de convaincre le paysan de si- d'un court documentaire. Suivait une
gner, avec l'ONI, un contrat de cultu- bande d'actualités, disparue de nos
re de la betterave, puis de lui per- cinémas depuis l'arrivée de la télévi-
mettre de conduire cette culture de sion, encore absente de la campa-
manière satisfaisante. gne marocaine.
Tout d'abord, la méthode d'autorité, J'avais remarqué un groupe d'une
l'emploi de contraintes furent écar- vingtaine de gamins, de huit à dou-
tés. Il fallait persuader. On ne pouvait ze ans, qui s'étaient installés sous
pas, dans un milieu largement anal- l'écran, assis à la turque comme tout
phabète, recourir aux articles de le monde, mais qui faisaient face au
journaux. Il fallait donc employer des public.
moyens visuels et le contact person- Tandis que l'opérateur chargeait ses
nel. bobines, un agent de l'ONI expliqua

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

73
rapidement pourquoi le film Chaman- L'un d'eux jouait son propre rôle : Le printemps de 1963 nous réserva
dar avait été préparé. promoteur de la betterave. Ses ca- une double surprise climatique.
Le film commença. Il était naturelle- marades s'étaient partagé les autres Au Maroc, des pluies diluviennes,
ment parlant et ponctué de musique, personnages : le vieux sage du villa- comme il s'en produit très rarement,
et j'avais assisté à de nombreuses ge, plutôt conservateur et prudent ; inondèrent la plaine du Rharb. Six
séances de préparation du scénario, l'opposant systématique qui accu- mille trois cents hectares avaient été
dont je connaissais bien les argu- mulait les objections ; le jeune épris semés. L'inondation en détruisit plus
ments. Ce que je ne comprenais de progrès qui était convaincu de la moitié. Trois mille hectares seu-
pas, c'étaient les courtes phrases d'avance, et les spectateurs qui lement survécurent.
lancées par ces gamins assis sous jouaient le choeur antique. Ainsi l'ar- En Pologne, l'hiver 1962-1963 fut
l'écran. Mon ami marocain m'expli- gumentation était-elle bien préparée particulièrement rigoureux, et les
qua ; les gosses venaient de douars et affinée. ports de la Baltique bloqués par les
voisins. Ils avaient vu le film et s'em- Les éléments techniques et écono- glaces. La fourniture des machines
ployaient à annoncer à l'auditoire ce miques du contrat avaient été élabo- de la sucrerie prit des retards de
qui allait se passer, séquence après rés par les ingénieurs : les presta- plus en plus alarmants.
séquence. tions de rONI étalent les semences, Au moment où je quittai le Maroc,
Après la projection s'ouvrait sponta- les engrais, certaines façons cultu- dans l'été 1963, on connaissait les
nément une discussion au cours de rales, et l'achat de toute la récolte à résultats de la campagne sucrière.
laquelle, me dit-on, les paysans inter- un prix intéressant. Les prestations La récolte des betteraves se dé-
rogeaient l'agent du CMV sur les sti- du cultivateur étalent son travail avec roula normalement, pour les champs
pulations du contrat, la nature des obligation de respecter les normes qui avaient survécu à l'inonda-
prestations. Comme partout, on ré- définies, jusqu'à l'arrachage et le tion. Elle fut d'environ soixante-dix
clamait d'autres séances. transport de la récolte en limite de sa mille tonnes, dont l'arrachage et les
Le rôle du film n'était pas de condui- propriété. transports furent effectués comme
re chaque fellah jusqu'à la signature Dans le jeu de présentation du prévu,
du contrat, mais de créer une atmo- contrat, nos stagiaires en analysaient La sucrerie entra en fonction à la mi-
sphère générale propre à l'introduc- tous les aspects. Leur connaissance juin. Ses installations et les réglages
tion d'une nouvelle culture. des conditions de la vie des paysans n'étaient pas tous terminés. Elle pro-
Pour convaincre le fellah de signer leur fit faire une découverte im- duisit pourtant environ sept mille ton-
son contrat de culture, nous avions portante : à un certain stade de la nes de sucre, autant de mélasse, et
choisi une autre méthode, celle du production, les paysans pauvres trois mille tonnes de pulpes sèches.
contact personnel. n'avalent plus de ressources et les Ces sous-produits allaient dévelop-
Pour réussir l'opération, il fallait pratiques établies allaient les condui- per un élevage bovin dont les pro-
d'abord convaincre dix mille cultiva- re à vendre leurs betteraves, avant la grammes avalent été établis.
teurs de signer le contrat, puis ies récolte, à des spéculateurs pour Quelques mauvais esprits prétendi-
conseiller, les guider, ies "encadrer" franchir cette passe difficile. Pour rent que les inondations du Rharb
pour apprendre et réussir les façons éviter ce qui priverait le paysan du avaient sauvé la face des Polonais,
culturales de la nouvelle spéculation. plus clair de son "bénéfice", on sti- dont l'usine cette année-là n'aurait
Or, les moniteurs, les agents d'enca- pula dans le contrat le versement pas pu traiter un tonnage double. Je
drement, ies vulgarisateurs des CMV d'une avance récupérable sur la n'en sais rien. Ce que je sais, c'est
ne connaissaient pas mieux que les récolte, et payée dans la période cri- qu'on ne peut espérer, la première
fellahs la culture de la betterave. tique. année, dans une entreprise aussi
L'ONI recruta donc environ trois Les agents de contact ainsi formés complexe, des performances calcu-
cents nouveaux agents de vulgarisa- partirent avec leurs familles vivre lées sur la base de rendements théo-
tion, qui allaient être chargés, répar- dans les douars, à raison de trois par riques.
tis dans les cent douars, de convain- douar, et entreprirent la campagne Le Maroc considéra que l'opération
cre les paysans de signer le contrat, de persuasion qui allait assurer la était positive, puisqu'elle fut le pilote
puis de leur montrer comment cultiver. réussite de l'aventure. d'une politique étendue maintenant à
Groupés dans un camp de toile, cha- Le contrat d'achat de la sucrerie de l'ensemble du pays, avec plus d'une
cun reçut un petit lopin de quelques Sidi-Slimane fut signé avec CEKOP douzaine de sucreries achetées à
mètres carrés et fit, du semis à la en mars 1962 et l'usine devait rece- des fournisseurs divers - y comprjs
récolte, l'apprentissage de son nou- voir ses premières betteraves au l'industrie française.* •
veau métier. Cela dura plusieurs début de l'été 1963, Les agents
mois, la durée du cycle de végéta- de contact vinrent s'établir dans
tion. les douars durant l'été 1962. Les
Leur premier travail serait la signatu- contrats devaient être signés à
re du contrat, et ils s'y préparèrent. temps pour que les premiers semis
J'assistai à l'une de ces séances de fussent faits en novembre 1962. * © "Où la mémoire s'attarde" avec
préparation. C'était à la veillée, en L'ensemble de l'opération se dérou- l'aimable autorisation des Editions
forme de psychodrame. lait en une vingtaine de mois. Odile Jacob.

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

74
\J \J
Ton premier livre "Les dents du to- vaillé à l'Office Chérifien des Phos-
pographe" édité par Julliard a été phates, puis en 1989 j'en suis parti.
salué par la critique au Maroc J'ai travaillé un an à la CEE, à Bruxel-
(dans la Vie Economique) et en les, et cinq ans à Amsterdam, com-
France (dans le Monde des Livres). me chercheur à l'université. En 1995
Qu'est-ce qui peut pousser un on m'a offert un poste à l'université
chercheur en économétrie à écrire de York, en Angleterre. J'y suis enco-
un roman ? re, pour le moment.
Fouad LAROUI L'économétrie est sans doute une
PC 82 En quoi l'Ecole des Ponts a-t-
discipline assez aride, écrire un ro-
elle marqué ta formation intellec-
man est une bonne façon de retrou-
tuelle ?
ver le goût de la vie, des choses
concrètes... plus sérieusement, je Outre l'enseignement lui-même, j'y
ne me suis pas assis un jour à une ai rencontré des enseignants qui
table en me disant : bon, aujourd'hui ne se contentaient pas de débiter
je vais écrire un roman. En fait, j'ai leurs cours mais qui se posaient des
toujours écrit des contes, des poè- questions méthodologiques sur leur
mes, des "choses vues"... C'était, propre pratique, sur la science, sur
selon le cas, soit une thérapie, soit les rapports avec la société, etc. Je
une catharsis, soit tout simplement ne veux pas citer de noms, mais il y
l'envie de fixer un souvenir, un per- avait là, par exemple, un professeur
sonnage intéressant. Et puis un jour d'économie assez extraordinaire, un
je me suis aperçu que plusieurs de autre de statistiques, je crois ; plus
mes histoires avaient un fil conduc- quelques jeunes passionnés par leur
teur, un thème similaire et qu'il y sujet, qui arrivaient presque à nous
avait une sorte d'intrigue, ou du faire croire qu'on ne peut compren-
moins de progression dramatique, dre la marche du monde sans la
qui leur donnait un sens lorsqu'elles méca "flu" ou la recherche opération-
étaient mises côte à côte. Alors je les nelle... Il y avait aussi Philippe Mah-
ai réunies et cela a donné "Les dents rer, dont on ne savait pas très bien
du topographe". ce qu'il faisait là, mais qui venait
bavarder avec nous sur à peu près
A-t-il était difficile de trouver un tous les sujets, et avec quel brio...
éditeur ?
Comme je n'avais aucun contact Plusieurs de tes personnages et
dans le monde de l'édition, je me en particulier le narrateur se cher-
suis procuré les adresses de quel- chent une identité entre le Ma-
ques éditeurs et je leur ai envoyé le roc, l'Europe, l'Amérique. Com-
manuscrit par la poste. Julliard a ment vois-tu évoluer les jeunes
réagi très vite, et j'ai signé un contrat marocains de ce point de vue ?
pour trois romans. Le problème non seulement subsis-
tera mais s'aggravera à cause de la
Quel a été ton itinéraire entre le diffusion de plus en plus rapide de
Maroc et l'Europe avant et après ta l'information. Les antennes paraboli-
formation à l'Ecole des Ponts ? ques et Internet font qu'une large
J'ai fait ma taupe au lycée Lyautey partie de la population peut avoir l'il-
de Casablanca. J'ai intégré les Ponts lusion de vivre "en temps réel" en
en 1979. Après avoir obtenu le diplô- Europe ou en Amérique... De ce
me, j'ai d'abord passé trois années point de vue, ou bien la société ma-
supplémentaires à Paris, à l'Ecole rocaine évoluera vers plus de démo-
des Mines, comme chercheur. Puis cratie, de flexibilité, de tolérance, et
je suis rentré au Maroc où j'ai tra- alors ça pourra encore aller ; ou bien

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

7F,
il y aura une crispation sous l'influen- D'autres l'on fait, certains l'ont payé Ce livre, n'est-ce pas aussi une fa-
ce de l'intégrisme et de la peur des cher. Mais pour cela il faut avoir du çon pour toi, comme Voltaire, de
grands vents, et alors il y aura tôt ou courage, voire de la témérité, et une revenir dans ton pays par l'écrit
tard des heurts violents. Espérons grande capacité d'abnégation. Le et de faire avancer certaines va-
que la première hypothèse se vérifiera. narrateur, peut-être sous l'influence leurs ?
de la culture française, est d'abord
L'ingénieur-narrateur est plusieurs Revenir dans son pays par l'écrit,
un observateur, quelqu'un qui cher-
fois désigné et rejeté en tant que c'est une belle formule... Ce n'était
che à comprendre, à analyser. Ce
nasrani. Faut-il le voir comme une pas le but mais en fait c'est bien
qui signifie le plus, ce sont d'abord
exclusion de nature religieuse ? ce qui s'est passé, je reçois du
les manquements à la logique, au
courrier (et même des e-mail) en
Non, pas vraiment. Etymologique- bon sens. Cette distance l'empêche
provenance du Maroc, des gens
ment, le mot nasrani signifie bien de s'engager véritablement.
qui m'écrivent parce qu'ils ont lu
"chrétien" (nazarethin) mais dans la dans mon roman ce qu'ils sentaient
langue de tous les jours il signifie Peux-tu nous parler du personna-
confusément sans toujours pouvoir
tout simplement "français". En fait ge du logicien ?
l'exprimer. Par ailleurs, si tout cela
traiter quelqu'un de nasran/n'est pas Le logicien fait ses études à Paris. Il contribue à faire avancer un tant soit
bien méchant, c'est plutôt ironique. rentre "chez lui" et se retrouve peu des valeurs auxquelles je crois
confronté à un problème insensé (on (par dessus tout, la tolérance et l'ac-
Le livre suggère que pour l'ingé- l'accuse d'avoir écrasé un policier) ceptation de l'autre, même et surtout
nieur-narrateur, la fracture se fait qui ne fait que s'aggraver à mesure s'il est différent), j'en suis très heu-
sur les valeurs de justice et de vé- que lui - le logicien - cherche à le reux.
rité. Pourtant il semble partager comprendre et le résoudre. Il s'en
ces valeurs avec la victime, le tire, de justesse, lorsque sa femme,
topographe, et son père (qui pro- plus pragmatique, lui conseille de Après "Les dents du topographe"
teste contre le licenciement). Est- renoncer à comprendre, il renonce, penses-tu continuer à écrire des
ce que son départ n'est plus plutôt en effet, et même, il renonce à tout romans ?
un abandon ? ce que Paris (l'Occident) lui a appris Oui, je viens d'envoyer mon second
Tout à fait. Le narrateur n'est pas un en fait de pensée... C'est une issue roman à mon éditeur. Le troisième
héros. Il aurait pu rester et se battre. possible. est en préparation. •

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PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

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NAISSANCES 1997. accidentellement à Bali (Indonésie) le
26 janvier 1997.
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font part de la naissance d'Aurianne, le 24 décembre 1996. - Joseph Elkouby (IGPC 50), le 11 dé-
3 décembre 1996. cembre 1996.
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- Anne-Charlotte et François-Daniel cembre 1996. - Jean l'Excellent (IPC), le 22 janvier
Migeon (IPC 93) font part de la naissan- 1997.
- Claude Pradon (ICPC 61), le 1" jan-
ce de Marie-Adeline, le 30 novembre - Pierre Guillot (PC 49), le 28 décem-
1996. vier 1997.
bre 1996.
- Jacques Villepelet (IPC 53), en 1996.
- Henri Laurent (PC 36), le 17 mai
RETRAITES 1996.
- Paul Pellecuer (IGPC 51), au mois de
- Albert Alezra (ICPC 79), le 4 janvier DECES décembre 1996.
1997.
- Maurice Peter (ICPC 67), au mois de
- Pierre Arribehaute (IGPC 32), le
- Maurice Bonfils (IGPC 20), le 18 dé- décembre 1996.
23 septembre 1996.
cembre 1996, dans sa 103° année.
- Yves Robert (IGPC 48), le 28 décem- - Claude Rousset (ICPC 72), au mois
bre 1996. - Roger Brissot (ICPC), le 4 juillet de janvier 1997.
1996.
- Jean-René Giraud (ICPC 77), le - Rousset Robert (PC 47), le 9 janvier
26 octobre 1996. - André Couard (PC 29). 1997.

fi \i. Ik
INTRODUCTION AUX EUROCODES
imm Yous
par J.-A. CALGARO, ICPC 72 {Presses des Ponts)
es Eurocodes intè- nelle la conception et le tion sur les planchers de mentation • Valeurs des

L grent la sécurité des


constructions dans le
cadre du format semi-
probabillste des justifica-
dimensionnement d'ou-
vrages manifestement si-
tués en dehors du champ
bâtiments • Les actions
du vent • Les actions de
la neige • Les actions
coefficients partiels
sécurité • Analyse des
aspects numériques de la
sécurité.
de

d'application usuel des dues au trafic sur les


tions. Cette introduction normes. ponts routiers • Les ac- Les principaux modèles
à la philosophie des Eu- Sommaire tions sismiques. d'actions définis dans les
rocodes explique l'appro- Le format semi-probabi- Eurocodes • Les char-
Les Eurocodes et la nor-
che semi-probabiliste de liste de vérification des ges d'exploitation sur les
malisation technique eu-
la sécurité et les bases de constructions • Introduc- planchers de bâtiments
ropéenne • Le cadre de
la théorie de la fiabilité. tion • L'approche proba- 3 Les charges dues au
la normalisation euro-
Les principales actions biliste de la sécurité des trafic routier • Les char-
affectant les ouvrages de péenne • Le système
normatif européen • Les constructions • Naissan- ges dues au trafic ferro-
génie civil sont décrites ce du semi-probabilisme viaire • Actions du vent
d'abord physiquement, Eurocodes • Etat d'avan-
cement des Eurocodes en • Les concepts du semi- • Les charges de neige
puis à travers les modè-
juin 1996 Q Autres nor- probabilisme • Le format • Les actions sismiques.
les proposés par les Eu-
rocodes. Une Interpréta- mes liées aux Eurocodes. semi-probabiliste des vé- 17x24, 208 pages. 220 F,
tion numérique des coef- Notions élémentaires de rifications. ISBN 2-85978-264-8. m
ficients partiels de sécuri- calcul des probabilités - Bases de la théorie de la
té est ensuite proposée, Applications dans le do- fiabilité • Position du
tenant compte des choix maine du génie civil problème • Interpréta-
effectués pour les valeurs • Définitions • Exemples tion géométrique • Va-
représentatives des ac- de lois de probabilités leurs de calcul des ac-
tions et des résistances. • Systèmes de variables tions et des résistances
Ce livre est particulière- aléatoires • Application • Généralisation • In-
ment destiné aux étu- du calcul des probabilités terprétation fiabiliste des
diants et aux ingénieurs à l'étude des actions va- coefficients de sécurité.
qui s'intéressent aux fon- riables et de leur combi- Aspects particuliers de
dements de la sécurité naison. l'Eurocode 1 partie 1
des structures dans des
normes appelées à deve-
Description des principa-
les actions affectant les
"Bases de calcul" - Inter- Introduction
prétation numérique de
nir prochainement des constructions • Rappels la sécurité des construc- dUX ^
standards universels ; la d'analyse dynamique des tions • Dispositions com-
connaissance de ces fon- structures • Les actions munes à tous les Euro- 'i(( iiii(( {k (on iuKlions
dements permet d'abor- dues au poids propre codes • Dimensionne- L1 lient (k I ' l l I .!( 11 lidbililo
der de façon plus ration- Q Les charges d'exploita- ment assisté par l'expéri-

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997


LE PLAN ROUTIER BRETON
Réalisé sous l'égide de la direction régionale de l'Equipement de Bretagne

A
partir de 1961, le et relier la ramure routiè- a complètement remode- ne s'est pas fait en un
désenclavement re bretonne à l'arbre eu- lé le paysage breton. jour • La conquête de
de la Bretagne était ropéen. Il y verra retracés le rôle l'Ouest • Le mille-feuille
à l'ordre du jour, avec C'est à l'histoire politi- et la persévérance des routier • Les grands ou-
la décision de réaliser que, teciinique et socio- différents acteurs qui ont vrages d'art • Que serait
l'électrification de la ligne économique de cette vas- participé à ce "grand œu- la Bretagne sans le PRB ?
SNCF jusqu'à Rennes et te entreprise que nous vre" et permis son déve- • Vous avez dit environ-
la construction de l'auto- invite cet ouvrage. loppement progressif au
route Paris-Le Mans. nement ? • Eternel PRB ?
Le lecteur y découvrira fil des années.
Mais il aura fallu un quart l'ampleur de cette réali- Cartonné 2T X 29,7, 160 pa-
de siècle à partir de cette sation, marquée par la Sommaire ges, nombreuses illustra-
époque pour réaliser un construction de plus de Une longue gestation tions. 250 F, ISBN 2-
réseau routier moderne 1 000 ouvrages d'art, qui • Le Plan routier breton 85978-242-7. •

BILLARD THEORIE DU JEU


Par Régis Petit
Préface de Michel Lambert, Président de la Fédération Française de Billard

D
e tout temps, le vient de paraître. Les bille, est étudié scientifi- Régis PETIT
billard a fasciné les réponses qu'il apporte quement.
néophytes et pas-
sionné les amateurs, car
sont issues de la théorie A partir de cette appro- BILLARD
mathématique du jeu de che théorique, l'auteur
il a toujours entretenu billard, qui permet de énonce un certain nom- Théorie du jeu
autour de lui une part de comprendre et de prévoir bre de résultats concrets
mystère. Les questions le mouvement des billes utiles au jeu du billard, et
que l'on se pose à son sur le tapis, et surtout clarifie ainsi la plupart
f
sujet sont nombreuses :
Pourquoi une bille décri-
d'en déduire rationnelle-
ment les réponses aux
des ambiguïtés, non-dits,
voire malentendus que
^^ 1
vant une droite se met- questions que l'on se l'on rencontre parfois
elle à dévier à angle droit pose. dans les ouvrages tech-
afin de contourner la Cet ouvrage constitue un niques consacrés au bil-
quille disposée par l'arbi- événement dans le milieu lard.
1
tre ? Pourquoi faut-il utili- du billard. Il propose une Dès sa parution, l'ouvra-
ser une queue plutôt lé- synthèse moderne, com- ge de Régis Petit s'an-
gère, et sans la serrer avec plète et originale de la nonce comme une réfé- r , • •'
fo.
la main, si l'on veut réus- théorie du jeu de billard, rence scientifique, un
sir un "rétro" ? Pourquoi reposant sur des bases complément indispen- guer dans ce sport mys-
faut-il incliner la queue à mathématiques solides. Il sable aux autres ou- térieux. Ce livre intéres-
moins de 79° sur un bil- étudie rigoureusement vrages techniques écrits sera aussi les scienti-
lard ordinaire, si l'on veut les mécanismes du par les grands cham- fiques passionnés par les
réussir un "piqué" ? billard, en particulier le pions. Tout joueur de problèmes de modélisa-
Voici quelques questions, mouvement et la trajec- billard en quête d'amé- tion de phénomènes phy-
parmi tant d'autres, aux- toire des billes. Chaque lioration personnelle y siques, les éditeurs de
quelles répond l'ouvrage type de choc : queue trouvera des explica- logiciels...
de Régis Petit "BILLARD, contre bille, bille contre tions rationnelles à tout Editions Chiron.
THEORIE DU JEU", qui bande et bille contre ce qui peut encore l'intri- 0143 25 37 52. •

2 5 0 ANS DE L'ECOLE DES PONTS EN CENT PORTRAITS


Sous la direction de Guy CORONIO (Presses des Ponts)

C
réée sous Louis XV, aient été grands bâtis- ge moins connue, moins Sous la direction de
la plus ancienne seurs ou aménageurs, institutionnelle aussi de OUVCOROMO

école civile d'ingé- inventeurs ou savants ou l'ingénieur des ponts et


nieurs du monde n'a ces- qu'ils se soient parfois chaussées, parce que
sé d'évoluer au cours des illustrés dans des domai- plus diverse, plus riche,
250 ans de son histoire. nes totalement étrangers plus ouverte.
250 ans de l'Ecole des à leur formation initiale, Elle devrait permettre de
ponts en cent portraits montre, au-delà du champ mieux connaître ce qu'est
retrace de manière vivan- professionnel "des ponts et ce que fut, au cours
te et richement illustrée et des chaussées", la va- des 250 ans dont on
cette histoire à travers les riété des carrières aux- célèbre aujourd'hui l'an-
portraits de quelques-uns quelles - hier comme niversaire, l'Ecole des
des ingénieurs éminents aujourd'hui - ils ont accé- ponts et chaussées qui
issus de l'Ecole, depuis dé après leurs études à les a formés.
l'origine jusqu'à nos jours. l'École. Une école fière de son
La diversité des destins A travers leur vie et leur passé, mais résolument
de ces hommes, qu'ils œuvre se dessine une ima- tournée vers l'avenir. •

PCM — LE PONT — FEVRIER 1997

7Q
OFFICE NATIONAL DE L'EAU POTABLE
Siège : 6 bis, rue Patrice-Lumumba - RABAT (Maroc)
Tél. : (212) 7 72 12 81 à 84 - Télex : PEPREI 31982 M
Telefax : (212) 7 73 13 55
ONEP

CREATION
L'ONEP, créé en 1972, est un établissement public à caractère industriel et commercial. 11 est
doté de la personnalité civile et de l'autonomie financière et est placé sous la tutelle du
Ministère des Travaux Publics et sous le contrôle financier du Ministère des Finances et des
Investisssements Extérieurs.

MISSIONS PRINCIPALES ACTIVITES


Planification de l'approvisionnement en Etudes de planification et programma-
eau potable du Royaume. tion des projets d'adduction d'eau.
Etudes, réalisation et gestion des adduc- Etudes d'exécution, suivi des travaux de
tions d'eau potable. réalisation des unités de production et de
Gestion des distributions pour le compte distribution d'eau.
des communes (à l'exception des grandes Exploitation et gestion des ouvrages et
villes où la distribution est assurée par réseaux de distribution.
des Régies).
Études et activités de surveillance de la
- Assistance technique en matière de sur- qualité des eaux, travaux de recherche
veillance de la qualité de l'eau.
appliquée, contrôle de pollution et assai-
- Contrôle de la pollution des eaux suscep- nissement.
tibles d'être utilisées pour l'alimentation
Formation du personnel.
humaine.
- Etudes et activités en matière de gestion
- Etudes, en liaison avec les Ministères in-
téressés, des projets de textes législatifs des abonnés et de tarification de l'eau.
et réglementaires nécessaires à l'accom- - Etudes d'analyse et de financement des
plissement de sa mission. investissements.

QUELQUES CHIFERES : 1995


• Capital 100% État
• Chiffres d'Affaires 1.164 Millions Dirhams (soit 683 Millions de Francs Français)
• Production 585 Millions m'
• Longueur du réseau ONEP 9.023 Km dont 5818 ré.scaux et 3205 adductions
• Abonnés -Gros abonnés : 16 régies municipales distribuant dans les
grandes villes du Royaume
- Abonnés particuliers directs : 454.000
• Employés 6.041 Agents
• Investissements 1.615 Millions Dirhams (soit 950 Millions de Francs Français)

AUTRES ACTIVI lES


— Études d'assainissement dans les centres oij il assume la distribution pour le compte des
communes (dispositions en cours pour prendre en charge la gestion de l'assainissement).
— Participation active aux études des Schémas Directeurs d'Assainissement des grandes villes
à l'échelle nationale.
— Contrôle — pour le compte des tiers — de la pollution des eaux susceptibles de servir à l'ali-
mentation humaine. m
44
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