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Risque radiologique et nucléaire :

notions de base et vue d’ensemble

D. CHAMPION – Directeur de
l’environnement et de l’intervention
12 janvier 2005
PLAN

• Notions de base sur la radioactivité et les effets des rayonnements ionisants

• Les sources naturelles et artificielles de radioactivité et de rayonnements ionisants

• Le risque nucléaire accidentel et l’approche de sûreté

• L’exposition des personnes aux sources de rayonnements ionisants

• Organisation du contrôle et de l’expertise du risque radiologique et nucléaire en


France

12 janvier 2006
La radioactivité

Transformation spontané du noyau d’un isotope instable, appelé radionucléide,


vers un état plus stable, avec émission d’énergie sous forme de rayonnements
ionisants

Rayonnement alpha Rayonnement bêta Rayonnement gamma

Emission α : noyau d’hélium Emission β : particule de faible Emission γ : rayonnement


constitué de 2 protons et de 2 masse de charge négative électromagnétique (photon) de
neutrons (électron) ou positive (positon) forte énergie (très faible
longueur d’onde)

Les rayonnements ionisants sont très énergétiques (≈ keV – MeV) et ont la


propriété d’ioniser (perte d’électron) les atomes de la matière qu’ils traversent

12 janvier 2006
Activité et décroissance radioactive

• Activité d’une substance radioactive : nombre de désintégrations de


radionucléides par unité de temps
• Unité : le becquerel (Bq) – 1 Bq = 1 désintégration par seconde
• Unités dérivées : activité rapportée à la masse (Bq/kg), au volume (Bq/m3 ou
Bq/l), à la surface (Bq/m2)

• Décroissance radioactive : diminution de l’activité d’une substance radioactive


au fil du temps, du fait de l’appauvrissement en radionucléides

La période radioactive (T) est le temps nécessaire


pour que l’activité initiale (A0) d’une substance
radioactive soit réduite de moitié
t
− ln( 2 )×
A(t ) = A0 × e T

T est une grandeur


caractéristique de chaque
radionucléide

12 janvier 2006
Les filiations radioactives

Filiation radioactive : succession de transformations d’un isotope père en un


isotope fils radioactif, jusqu’à obtention d’un noyau stable

Famille de l’uranium 238

12 janvier 2006
La fission nucléaire

Fission nucléaire : division d’un noyau d’atome lourd en deux ou plusieurs noyaux
plus légers, sous l’effet d’un flux de neutrons, avec émission d’énergie et de
plusieurs neutrons
Elément fissile : isotope d’un atome lourd ayant
la propriété de générer une fission nucléaire sous
l’effet de neutrons

Uranium 235 (235U) – naturel

Plutonium 239 (239Pu) – artificiel

Propriété de la fission nucléaire : possibilité de faire des


réactions en chaîne
•Réacteur naturel d’Oklo (Gabon)
•Bombes nucléaires (Hiroshima (U) et Nagasaki
(Pu))
•Réacteurs nucléaires (électrogènes, recherche)

12 janvier 2006
Interaction des rayonnements ionisants avec la matière

• Pouvoir de pénétration des rayonnements ionisants dans la matière :


• Rayonnement α : très faiblement pénétrant
• Rayonnement β : faiblement pénétrant
• Rayonnement γ : fortement pénétrant
• Neutrons : fortement pénétrant (selon énergie)

• Transfert d’énergie dans la matière : notion de dose absorbée


• Transfert d’énergie : dépôt de l’énergie du rayonnement dans la matière traversée
• Dose absorbée : énergie déposée par unité de masse
• Unité : le gray (Gy) – 1 Gy équivaut à 1 joule par kilogramme
• Débit de dose : dose absorbée par unité de temps (Gy/s)

12 janvier 2006
Effets biologiques des rayonnements ionisants

Altération des tissus irradiés : le dépôt d’énergie d’un rayonnement ionisant dans
des tissus vivants est susceptible d’altérer les composants moléculaires (radicaux
libres, ruptures d’ADN) des cellules, provoquant des effets biologiques :
• A forte dose et débit de dose : effets déterministes (dommages cellulaires et tissulaires apparaissant
à partir d’un seuil de dose et dont la gravité dépend de la dose)
• A faible dose : effets stochastiques (facteur de risque d’apparition d’un cancer, dont la gravité ne
dépend pas de la dose)

Les principaux facteurs influençant les effets biologiques :


• La dose absorbée (en Gy) et sa distribution dans le corps
• Les caractéristiques du rayonnement ionisant (α/β/γ/n ; énergie transportée)
• La sensibilité relative des différents tissus irradiés

Indicateur du risque d’effet stochastique :


• Dose efficace : dose absorbée par une personne, pondérée en fonction de la qualité du
rayonnement et du type de tissus irradiés
• Unité : le sievert (Sv) – Débit de dose efficace : Sv/s

12 janvier 2006
Les sources de radioactivité et de rayonnements ionisants

• Sources d’origine naturelle

• Production d’énergie nucléaire : le cycle du combustible nucléaire

• Utilisation diffuse de sources radioactives (industrie/médecine/recherche)

• Transport des matières radioactives : environ 300 000 colis transportés


annuellement sur le territoire (pour 2/3 : usage médical, pharmaceutique et
industriel)
• Activités nucléaires intéressant la Défense : armement nucléaire, propulsion
nucléaire (sous-marins, porte-avions)…
• Retombées atmosphériques globales de radionucléides

• Sites contaminés par des activités anciennes – Cas particulier de l’industrie


du radium
• Activités non nucléaires tendant à renforcer la radioactivité naturelle :
thermalisme, extraction de matières premières, cendres de combustion…

12 janvier 2006
Le risque nucléaire accidentelle

Principaux types de situations accidentelles


Les accidents de réactivité impliquant des matières fissiles (ou
accidents de criticité) :
• Une soixantaine d’accidents connus depuis 1945 : aux USA et en ex.
URSS – 1 accident en Europe (Grande-Bretagne)
• Cas des réacteurs nucléaires (électrogène ou de recherche) : perte de
contrôle de la réaction en chaîne d’un réacteur – Exemple :
Tchernobyl 1986
• Cas des usines du cycle du combustible : mauvaise gestion des matières
fissiles (quantités présentes en un lieu et géométrie) – Exemple :
accident de Tokaï Mura 1999

Les accidents de perte de refroidissement du réacteur :


endommagement du combustible puis fusion du cœur –
exemple : Three Misles Island 1979

12 janvier 2006
Le risque nucléaire accidentel (2)

Les accidents de perte de confinement des matières


radioactives :
• Incendie dans une installation nucléaire (ex. : Tokaï Mura 1997)
• Incinération d’une source radioactive (ex. : Algésiras 1997)
• Perte ou abandon , détérioration d’une source scellée de forte activité
(ex. : Goiania 1987)

Usine de Tokaï Mura - Japon Démolition de maisons


contaminées à Goiania -
Brésil Symptômes d’irradiation
aiguë après contact d’une
source de forte activité -
Goiania - Brésil
12 janvier 2006
Prévenir et limiter les conséquences d’un accident : la sûreté
nucléaire
Le concept de défense en profondeur

Limitation des conséquences radiologiques pour les


populations en cas de rejets importants
Limitation des dégradations de l’installation et
des conséquences en cas d’accident grave
Détection et maîtrise des défaillances
dans l’installation
Maintien dans le domaine
normal de fonctionnement
Prévention des
défaillances
Conception
robuste
Qualité de
construction
Régulation & contrôles
périodiques
Systèmes de sauvegarde et
procédures de conduite accidentelle
Procédures de conduite accidentelle
complémentaires & Plan d’urgence interne

Plans d’intervention d’urgence à l’extérieur du site

12 janvier 2006
Les voies d’exposition des personnes aux rayonnements ionisants

Irradiation externe
Source diffuse

Contamination externe

Source ponctuelle

12 janvier 2006
Les voies d’exposition des personnes aux rayonnements ionisants

Contamination interne

Air ambiant contaminé

Contamination par inhalation

Contamination par ingestion

Aliments contaminés

12 janvier 2006
Les circonstances de l’exposition

• Sur les lieux de travail où se trouvent les sources


de rayonnement :
• En France, environ 250 000 travailleurs potentiellement
exposés, dont près de 70 000 dans l’industrie nucléaire
• Surveillance dosimétrique spécifique des travailleurs et suivi
médical périodique
• Mesures de protection sur les lieux de travail (optimisation
et limitation des doses)

• Dans le cadre d’une exposition à des fins


médicales :
• Diagnostic (radiologie, traçage radioactif pour exploration
fonctionnelle, scintigraphie)
• Thérapie (radiothérapie, curiethérapie, etc.)

12 janvier 2006
Les circonstances de l’exposition (2)

• Dans l’environnement des activités nucléaires (population générale) :


Évaluation des doses fondée sur la connaissance des caractéristiques de la source d’émission et la
modélisation des différentes voies de transfert jusqu’à l’homme. Mesures directes sur l’homme
rarement pertinentes, sauf en situation post-accidentelles

REJETS
GAZEUX Chaîne
alimentaire
IRRADIATION EXTERNE
PAR LE PANACHE

INHALATION
REJETS
LIQUIDES Retombées INGESTION
Pluies, irrigation

IRRADIATION EXTERNE
PAR LE DEPOT

12 janvier 2006
Contribution relative moyenne des différentes sources

Exposition aux rayonnements ionisants


de la population en France
- Doses annuelles (mSv/an) -
0,03
0,8

1,4

0,2

0,3
0,5 Radon
Rayonnements telluriques

Total = 3,3 mSv/an Rayonnements cosmiques


Eaux et aliments
Médical
Autres (rejets installations, retombées des essais…)

12 janvier 2006
Organisation du contrôle et de l’expertise autour des activités
nucléaires

Autorités de sûreté Expertise et recherche

Demande d’évaluation

Avis
DSND

Autorisation/réglementation/contrôle
Demandes d’autorisation et dossiers de sûreté Echanges techniques

Exploitant d’une activité nucléaire


[Concepteurs / Constructeurs]

12 janvier 2006
Les sources de radioactivité et de rayonnements ionisants

Sources d’origine naturelle

Rayonnement cosmique

ââ
ââ
â

Chaîne alimentaire â
ââ
â
â
â â â
â â
â â
â â
â â
Radon â â
â â
â

â â â â
â â â
â
â â
â â
â

â â

â â
â
â
â â

Rayonnement tellurique

12 janvier 2006
Carte du rayonnement naturel ambiant

Moyenne du débit de dose mesuré par le


réseau TELERAY

12 janvier 2006
Carte des concentrations du radon dans l’habitat

Activité volumique du
radon dans l’habitat
Moyennes arithmétiques
départementales en Bq.m-3
0 – 50
51 – 100
101 – 150
> 150

12 janvier 2006
Le cycle du combustible nucléaire

COMURHEX

EURODIF
Centrale
Concentré d’oxyde d’uranium nucléaire EDF

Autunite

Site minier

12 janvier 2006
Carte d’implantation des installations nucléaires de base

GRAVELINES

PENLY

PALUEL CHOOZ
LA HAGUE
CATTENOM
FLAMANV ILLE
SACLAY
FONTENAY

NOGENT
AUBE

DAMPIERRRE
St- LAURENT FESSENHEIM

CHINON BELLEVILLE
VALDUC

REP
REACTEURS CIVAUX
900 Mwe 1300 Mwe 1400 Mwe

EN EXPLOITATION
BUGEY

(EN ROUGE) LABO/USINES


LE BLAYAIS St- ALBAN GRENOBLE

ROMANS

CRUAS PIERRELATTE

TRICASTIN
GOLFECH MARCOULE

CADARACHE

12 janvier 2006
Utilisation diffuse des sources radioactives

30 000 sources scellées utilisées en France

RADIONUCLÉID UTILISATIONS
ES

ACTIVITÉ

25% 45% 20% 10%


MBq GBq TBq

12 janvier 2006
Utilisation de radionucléides sous forme de sources non scellées

Suivi de l’activité de l’iode 131 dans le réseau d’assainissement de Toulouse

12 janvier 2006
Les retombées atmosphériques globales de 1959 à nos jours

Activité volumique du césium 137 particulaire dans l’air, mesurée par le


réseau d’observation OPERA

Tchernobyl

Tirs Chinois

Algesiras

Tirs Russes et
1er Tir Français Américains
au Sahara

Tir atmosphérique – Nevada - USA

Ces aérosols radioactifs sont retombés au sol, soit par voie sèche, soit par
voie humide, laissant un marquage des sols plus ou moins persistant

12 janvier 2006
Les usages anciens du radium

Découverte et extraction du radium 226

Extraction du radium
1898 – Découverte du radium Pechblende

Cadrans lumineux Cigarettes

Usages médicaux Paratonnerres

Usages cosmétiques

12 janvier 2006

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