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CHAPITRE II : La Radioactivité
1) - Définition
La radioactivité est le phénomène physique par lequel des noyaux atomiques instables (dits
radionucléides ou radioisotopes) se transforment spontanément en d'autres atomes (désintégration) en
émettant simultanément des particules de matière (électrons, noyaux d'hélium, neutrons, etc.) et de l'énergie
(photons et énergie cinétique).
La radioactivité fait partie de l’univers. Elle est présente partout que ce soit dans l’atmosphère ou
dans la croûte terrestre, dans l’eau ou dans les aliments.
L'émission de particules matérielles et immatérielles est appelée rayonnement, et l'énergie des
particules est suffisante pour entraîner l'ionisation de la matière traversée, d'où le nom de rayonnements
ionisants.
3) - Schéma de désintégration
Le schéma de désintégration d'une substance radioactive est une représentation graphique de toutes
les transitions survenues au cours de cette désintégration et de leurs relations , avec en ordonnée l'énergie
et en abscisse le numéro atomique Z.
- Les niveaux d'énergie des noyaux
père et fils y sont représentés par des
traits horizontaux.
- Les flèches indiquent les particules
émises.
- Si au cours d'une désintégration le
noyaux fils a un numéro atomique
supérieur de celui du père (cas de la
Radioactivité β-) , alors la flèche et
inclinée vers la droite; si par contre le
noyaux fils a un numéro atomique
inférieur de celui du père (cas de la
Radioactivité β+ et de la capture électronique (CE)), la flèche et inclinée vers la gauche. Au cas ou le
numéro atomique est conservé (cas de la désexcitation avec émission de photons (γ) ), la flèche est
verticale.
- Sur ces flèches peuvent être indiquées :
- L'énergie maximale de la particule
considérée (positon, électron, rayonnement γ),
qui correspond à la différence d'énergie entre
le niveau d'énergie du noyau père et celui du
noyau fils (sauf pour la particule β+ qui
possède un seuil de désintégration).
- La probabilité (%) de cette
désintégration.
(Remarque : Par convention l'état fondamental
est représenté avec une énergie de 0 eV)
- La Radioactivité naturelle est un phénomène qui existe depuis la création de l’univers. Elle a été
découverte par Henri Becquerel en 1896 dans le cas de l'uranium, et très vite confirmée par Pierre
et Marie Curie pour le radium. C'est cette dernière qui introduit à cette occasion les termes de
radioactivité et radioélément.
Exemple de radioactivité naturelle : La désintégration spontanée de l'uranium 238 qui se transforme
en thorium 234 en émettant une particule alpha ( 42He), suivant l’équation : 238 234
92U → 90Th + 2He
4
- La Radioactivité artificielle découverte par Irène et Fréderic Joliot-Curie en 1933. Elle est produite
par bombardement du noyau par des particules.
Afin d'éviter une possible confusion, la radioactivité dite artificielle est exactement le même phénomène
en soit que la radioactivité dite naturelle, à ceci près que ce sont les radioéléments considérés dans le cas
de la radioactivité artificielle qui sont produits de façon artificielle.
Exemple de radioactivité artificielle : Le bombardement de l'aluminium 27 avec une particule α. Il
produit le neutron et le phosphore 30 qui est instable et qui se désintègre pour donner le silicium 30. Selon
le schéma suivant :
27 30 30
13Al + 42He → 15P + 10n ensuite 15P → 30
14𝑆𝑖 + 01𝑒 + + 𝜈𝑒
1
Les rayons cosmiques sont des flux de particules qui sillonnent l'espace de notre galaxie et d'autres galaxies dans toutes les
directions. Ils sont composés essentiellement d'ions, repartis ainsi: noyaux d'hydrogène (85%), noyaux d'hélium (12,5%),
électrons (1,5%) et noyaux plus lourds (1%) allant jusqu’au fer. La conversion interne a lieu préférentiellement pour les
noyaux lourds (Z élevé)
6) – Caractéristiques de la désintégration Radioactive.
La désintégration radioactive est un phénomène :
- Aléatoire : Dans un échantillon de noyaux radioactifs, rien ne permet de prévoir lequel va d’abord se
désintégrer encore moins quand un noyau radioactif va se désintégrer (par contre le rythme de
désintégration d'un échantillon est bien connu tant que cet échantillon est important. (Voir la
loi de la désintégration et la loi de l’activité)
- Spontané : elle se déclenche seule, sans intervention extérieure ; elle est notamment indépendant de la
température, de la pression, de la nature et de la structure chimique du composé auquel il
appartient
- Irréversible : on ne peut ni l’enrayer ni le renverser
- Inéluctable : rien ne peut ralentir ou accélérer la cadence de désintégration d'un échantillon radioactif
- Indécelable par nos sens (inodore, inaudible, invisible)
La radioactivité étant indécelable par nos sens, elle ne peut donc être mise en évidence que par des
outils d’observation indirecte appelés des détecteurs : lorsque les particules de matière (électrons, noyaux
d'hélium, neutrons, etc.) ou les rayons γ émis par les corps radioactifs traversent un détecteur, celui-ci
produit un signal électrique.
Il existe trois types de détecteurs : les compteurs à ionisation, les scintillateurs, les semi-conducteurs
7) - Importance de la radioactivité
Quelques applications :
• énergétiques : centrales nucléaires à fission,
• médicales : utilisation de traceurs radioactifs pour les diagnostics et le traitement des cancers,
• biologiques / géologie : études in vivo à l’aide de marqueurs radioactifs, datation archéologique.
• militaires : bombes nucléaires à fusion ou à fission
• industrielle : contrôle de pièces manufacturées, contrôle des soudures, contrôle de l'usure
Bilan énergétique
𝑴𝑿 𝒄𝟐 = 𝑴𝒀 𝒄𝟐 + 𝑴𝜶 𝒄𝟐 + 𝑸𝜶
L’énergie 𝑸𝜶 libérée au cours de la réaction est partagée entre le noyau fils et la particule α.
𝑸𝜶 = (Σ masses particules initiales - Σ masses particules finales).c2
Soit 𝑸𝜶 = (MX - MY - Mα) c2
ce qui revient à : 𝑸𝜶 = Δmc2 = (mi - mf)c2
Une désintégration radioactive n'est possible que si 𝑸𝜶 > 0 . Il faut donc que l'énergie des particules
initiales (Ei = mi.c2) soit supérieure à l'énergie des particules finales (Ef = mf.c2)
𝟐𝟑𝟖 𝟐𝟑𝟒
Exemple : 𝟗𝟐𝑼 → 𝟗𝟎𝑻𝒉 + 𝟒𝟐𝑯𝒆
La figure ci-contre montre le schéma de désintégration a de l’ 𝟐𝟑𝟖
𝟗𝟐𝑼
L’énergie libérée au cours de la réaction est partagée entre le noyau fils et la particule α . Si le noyau
fils est obtenu dans son état fondamental, on a :
𝑸𝜶 = 𝑇𝑌 + 𝑇𝛼
1 2
(𝑇𝛼 = 2 𝑀𝛼 𝑉𝛼 )
𝑀𝑌 𝑀𝛼
𝑇𝛼 = 𝑸𝜶 et 𝑇𝑌 = 𝑸𝜶
𝑀𝑌 +𝑀𝛼 𝑀𝑌 +𝑀𝛼
1
On néglige l'énergie 𝑇𝑌 , puisqu'elle est très faible et 𝑸𝜶 = 𝑇𝛼 = 𝑀𝛼 𝑉𝛼2
2
Spectre en énergie
Un spectre en énergie est un graphe représentant le nombre de particules mesurées en fonction de
leur énergie.
Si l'on mesure l'énergie cinétique des particules alpha
émises, on observe expérimentalement que celle-ci possède une
valeur unique et bien définie. On parle de « spectre de raies ».
Explication : Le noyau fils ayant une masse plus importante que la particule α, c'est cette dernière
qui va emporter la presque totalité de l’énergie libérée par désintégration, (sauf, si le noyau fils est émis à
l'état excité, elle prendra l'énergie restante), la particule alpha est
dite mono-énergétique.
Du fait de la quantification de l'énergie dans le noyau, la
particule α ne peut prendre que certaines valeurs d'énergie. Leur
spectre énergétique est discret et compris entre 4 et 9 MeV. Plus
l’énergie de la particule alpha émise est forte, plus la demi-vie de
l'émetteur alpha est faible.
Les très longues durées de vie qui caractérisent la radioactivité
alpha et l'absence de rayons alpha en dessous de 4 MeV s'expliquent
par un mécanisme appelé effet tunnel2.
Structure fine
Lorsqu’un noyau se désintègre par émission α, on observe en général une particule α dont l’énergie
cinétique est bien déterminée : on dit que l’on a une raie α. Son énergie cinétique est donnée par l’équation
𝑴𝒀
ci-dessus 𝑬𝜶 = 𝑸𝜶 𝑴 +𝑴 . Pour certains noyaux, on observe plusieurs raies, c’est-à-dire des particules
𝒀 𝜶
ayant des énergies cinétiques différentes. C’est le cas du 226Ra par exemple.
Lorsque c’est le cas, il y a très souvent, en coïncidence avec la particule α (c’est-
à-dire en même temps), une émission d’un ou plusieurs photons γ. Cela vient du
fait que le noyau père conduit à des transitions α vers des états excités du noyau
fils. C’est en se désexcitant vers l’état fondamental que des photons γ sont émis
mais il peut également y avoir d’autres types de désintégration comme la
conversion interne3 par exemple.
La figure ci-contre montre le schéma simplifié de la désintégration 𝛼 du
226Ra. Pour ce noyau il peut aussi y avoir émission α vers des niveaux plus excités
Contrairement à la radioactivité bêta, l'émission d'un rayon alpha n'est généralement pas accompagnée
d'un rayon gamma de désexcitation. Quand c'est le cas l'énergie de ce rayon gamma est faible. C'est une autre
manifestation de l'effet tunnel.
2
Les noyaux lourds peuvent émettre spontanément des particules alpha. Alors même que des énergies gigantesques seraient
nécessaires pour vaincre l'attraction du noyau et éjecter un noyau d’hélium, on détecte tout de même ce phénomène. En
fait, cette émission est possible par effet tunnel, ne nécessitant pas ces énergies énormes.
3 La conversion interne correspond à la désexcitation du noyau via le transfert de l’énergie à un électron du cortège atomique qui est
éjecté. L’énergie de l’électron sera l’énergie de la transition nucléaire moins l’énergie de liaison de l’électron sur sa couche. La conversion
interne va être suivie d’un réarrangement du cortège atomique et donc d’une émission de rayons X
Spectre en énergie des électrons issus de la désintégration β
Contrairement à l’émission α, où l’énergie de la particule α, pour une transition donnée est fixée, on
constate que le Spectre en énergie des électrons (ou positrons) émis lors d’une désintégration β- (ou β+) est
continu et varie de zéro à une valeur maximale TMax.
8-2-1 Radioactivité β-
C'est une transformation d'un noyau instable au cours de laquelle une particule β- (électron :−𝟏𝟎𝒆− ) et
un antineutrino4 ( 𝜈 ) sont émis.
𝟎
L’équation de la désintégration β- s’écrit : 𝑨
𝒁𝑿 → 𝑨
𝒁+𝟏𝒀 + 𝟎 −
−𝟏𝒆 + 𝟎𝝂
Le noyau-fils possède le même nombre de nucléons que le noyau-père le nombre de masse A ne
change donc pas : la transition est dite isobarique.
Le noyau fils avance d’une case dans le tableau de classification périodique.
L’électron et l’antineutrino sont créés puisqu’ils ne préexistent pas dans le noyau.
La désintégration β− concerne les noyaux dont le nombre de neutrons est relativement élevé par
rapport à la zone de stabilité des noyaux.
Le neutron libre est émetteur β- et se transforme spontanément en proton plus stable, car la masse
du neutron est supérieure à celle du proton. La désintégration β- correspond en
définitive à la transformation d'un neutron en proton au sein du noyau, suivant
la réaction.
𝟏 𝟏 𝟎 − 𝟎
𝟎𝒏 → 𝟏𝒑 + −𝟏𝒆 + 𝟎𝝂
4L'antineutrino est l'antiparticule du neutrino. Le neutrino est une particule neutre de masse proche de zéro. Le taux d'interaction entre le
neutrino et la matière est extrêmement faible puisqu'on a calculé que son libre parcours moyen dans l'eau est de l'ordre de plusieurs
milliers d'années lumières. Le neutrino est la particule la plus abondante dans l'Univers. Chaque seconde, notre corps est traversé par
plusieurs milliards de neutrinos
Puisque ce partage est aléatoire, l'énergie emportée par un électron peut donc prendre n'importe
quelle valeur comprise entre zéro et une valeur maximale Tmax .
Tmax correspond à l'énergie maximale que peut libérer la
réaction de désintégration correspondante. Autrement dit elle sera
observée lors d'une réaction où la totalité de l'énergie fournie par la
désintégration β- est envoyée à la particule β- (et où par conséquent
aucune énergie n'est retenue par l'atome fils et aucune énergie n'est
envoyée à l’antineutrino).
Une statistique faite sur un grand nombre de désintégrations 𝜷−
permet de tracer le diagramme d'énergie des β- représentant son spectre
d'énergie. C'est un diagramme sur lequel on porte en abscisse l'énergie
T emportée par l'électron et en ordonnée le nombre d'électrons ayant une
énergie T. Le même diagramme peut être tracé pour l'antineutrino.
Comme le β- et l'antineutrino peuvent prendre toutes les valeurs d'énergie entre 0 et Tmax, on dit que
leur spectre est continu5 et compris entre 0 et Tmax.
𝐓𝐦𝐚𝐱
Ce spectre est généralement centré sur c’est-à-dire que la plupart des désintégrations se soldent
𝟐
par un partage équitable de l'énergie entre β- et l'antineutrino.
𝐓𝐦𝐚𝐱
Parfois, le spectre des β- n'est pas centré sur . Il est perturbé par un effet coulombien, dû au
𝟐
fait que, les protons du noyau, qui portent une charge positive, ont tendance à retenir les β-, et donc à
diminuer leur énergie cinétique, c'est-à-dire les ralentir. Le spectre des β- va donc se décaler vers la gauche
du graphique. Comme illustré à la figure ci-dessus. Elle est limitée à une valeur Tmax , appelé énergie
Tmax
maximum du spectre 𝛽 − . Le maximum d'intensité se situe vers T = appelé énergie moyenne.
3
Bilan énergétique
Étant donné qu’une source radioactive (SRA) est constituée d’atomes et non de noyaux : on
préférera écrire le bilan en fonction des masses atomiques M (et non plus en fonction des
masses nucléaires M, comme précédemment), afin de prendre en compte la désexcitation du
cortège électronique de l'atome fils.
Remarque: la masse atomique M d’un atome quelconque de numéro atomique Z est définie par :
𝜀z
M z = Mz + Zme – . où 𝜀z est l’énergie de liaison des z électrons du cortège électronique.
c2
𝑨 𝑨 𝟎 − 𝟎
Pour la désintégration 𝛽 − 𝒁𝑿 → 𝒁+𝟏𝒀 + −𝟏𝒆 + 𝟎𝝂
𝑴𝑿 𝒄𝟐 = 𝑴𝒀 𝒄𝟐 + 𝒎𝒆− 𝒄𝟐 + 𝒎𝝂 𝐜 𝟐 + 𝑸𝜷−
𝜺𝐳 𝜺𝐳+𝟏
(MX - Zme + 𝟐 ) 𝐜 𝟐 = (MY - (Z+1)me + ) 𝐜 𝟐 + 𝒎𝒆 − 𝒄𝟐 + 𝒎𝝂 𝐜 𝟐 +𝑸𝜷−
𝐜 𝐜𝟐
L’énergie 𝑸𝜷− libérée au cours de la réaction est partagée entre le noyau fils Y, la particule β- et
l’antineutrino. En admettant que 𝑚𝜈 = 0 , on a:
𝜀z 𝜀z+1
𝑸𝜷− = [(MX - Zme + 2 ) - (MY - (Z+1)me + 2 )- me]c2
c c
𝑸𝜷− 𝜀z 𝜀z+1
= (MX - MY) + ( 2 – 2 )
𝐶2 c c
5
Historiquement, c'est l'observation expérimentale de spectres continus pour la radioactivité bêta qui a conduit les physiciens à
postuler qu'il fallait qu'une autre particule intervienne dans la réaction de désintégration : le neutrino (ou l'antineutrino). Le
neutrino (et l'antineutrino) ont ainsi été postulés théoriquement bien avant d'avoir été observés expérimentalement.
𝜀z 𝜀z+1
La différence des énergies de liaison des électrons des atomes (
c2 – c2
) est la plupart du temps
−
négligeable comparée à l’énergie libérée lors de la réaction 𝛽 .
Aussi on la néglige et l’énergie libérée 𝑸𝜷− devient :
𝑸𝜷− = (MX - MY) 𝐶 2
Bilan énergétique
Ici aussi comme dans le cas de la désintégration 𝛽 − on préférera écrire le bilan en fonction des
masses atomiques M (et non plus en fonction des masses nucléaires M)
𝑨 𝟎 +
Pour la désintégration 𝛽 + 𝑨
𝒁𝑿 → 𝒁−𝟏𝒀 + +𝟏𝒆 + 𝟎𝟎𝝂
𝑴𝑿 𝒄𝟐 = 𝑴𝒀 𝒄𝟐 + 𝒎𝒆+ 𝒄𝟐 + 𝑚𝜈 c 2 + 𝑸𝜷+
𝜀z 𝜀z−1
(MX - Z𝒎𝒆− + 2 ) c 2 = ( MY - (Z-1) 𝒎𝒆− + ) c 2 + 𝒎𝒆 + c 2 + 𝑚𝜈 c 2 +𝑸𝜷+
c c2
On néglige une fois de plus la masse du neutrino, et on obtient :
𝜀z 𝜀z−1
[(
𝑸𝜷+ = MX - Zme- + 2 )-(
MY - (Z-1) 𝒎𝒆− + 2 )- 𝒎𝒆 ]c2
−
c c
𝑸𝜷 + 𝜀z 𝜀z−1
Soit = MX MY 2me- + 2 – 2
( - - ) ( )
𝐶2 c c
Comme on l’a fait pour la désintégration 𝛽 − , on peut négliger la variation d’énergie de liaison du
cortège atomique.
La condition énergétique pour qu’un noyau puisse se désintégrer par émission 𝛽 + est donc :
𝑸𝜷+ > 0 (MX - MY ) > 2me-
Une réaction β+ ne se produit que si la différence de masse entre atome père et atome fils est
supérieure ou égale à un seuil de 2. me-.c² = 1,022 MeV/c². Dans le cas contraire, la désintégration β+ est
impossible, il se produira alors à la place une capture électronique (voir plus loin).
Spectre de la désintégration 𝜷+
De même qu’on l’a dit avec la désintégration 𝜷− , la distribution de l'énergie est asymétrique, car la
répulsion entre le positon émis (particule β +) et le noyau qui sont de même signe favorise les énergies
hautes.
6
La capture électronique (CE) ou la conversion interne (CI), laisse une vacance dans le niveau d’énergie électronique d’où est
parti l’électron, les électrons externes de l’atome descendent en cascade pour remplir les niveaux atomiques inférieurs, et un
ou plusieurs rayons X caractéristiques sont généralement émis. Parfois, les rayons X peuvent interagir avec un autre électron
orbital, qui peut être éjecté de l’atome. Ce deuxième électron éjecté est appelé électron Auger.
La désintégration 𝛽 + est un processus à trois corps: un 𝑒 + et un 𝜈 qui sont émis et le noyau produit
qui recule. Compte tenu de sa masse, ce dernier emporte une
énergie négligeable ; l'énergie disponible se partage alors
aléatoirement entre le positon et le neutrino. Puisque ce partage
est aléatoire, l'énergie emportée par un positon peut donc prendre
n'importe quelle valeur comprise entre zéro et une valeur maximale
Tmax . Le spectre obtenu est continu et compris entre 0 et Tmax.
𝐓𝐦𝐚𝐱
Ce spectre est généralement centré sur c’est-à-dire que
𝟐
la plupart des désintégrations se soldent par un partage équitable
(moitié-moitié) de l'énergie entre β+ et le neutrino.
𝐓𝐦𝐚𝐱
Parfois, le spectre des β+ n'est pas centré sur . Il est perturbé par un
𝟐
effet coulombien, les protons du noyau, qui portent une charge positive, ont
tendance à repousser les positrons, et donc à les accélérer, à augmenter leur énergie
cinétique. Le spectre des β+ va donc se décaler vers la droite du graphique.
8-3 La Capture électronique (CE)
Certains noyaux ont une instabilité β+ (nombre de protons est relativement élevé par rapport à la zone
de stabilité des noyaux) mais ne peuvent s’affranchir du seuil de (MX - MY ) > 1,022 MeV. Ils vont
donc utiliser la capture électronique (CE).
Définition : La capture électronique est un mode de désintégration du noyau qui, pour se stabiliser, va
absorber un électron d'une couche profonde et renvoyer comme seule particule un neutrino
électronique. Le cortège électronique comporte alors une lacune et l'atome doit se désexciter
par fluorescence X ou émission d'un électron Auger 7.
Remarque : Les noyaux qui peuvent s’affranchir du seuil et faire du β+, peuvent également faire la CE.
Ceux qui ne peuvent s’affranchir du seuil ne pourront faire que de la CE.
Remarque : Un proton libre ne peut se désintégrer en neutron par capture électronique ; les protons et les neutrons
doivent faire partie d’un noyau
L'électron capturé par le noyau père X provient du nuage électronique de l'atome X. Ces électrons
ont une probabilité extrêmement faible, mais non nulle, de pénétrer à l'intérieur du noyau. Le noyau
capture avec la plus grande probabilité un électron de la couche K (électron le plus proche du noyau), puis
capture K
un électron L. Le rapport capture L est de l'ordre de 10 .
Dans la radioactivité par capture électronique, (tout comme pour la radioactivité bêta plus), le
noyau fils perd un proton et gagne un neutron par rapport au noyau père. Tout se passe comme si, à
l'intérieur du noyau, un proton avait absorbé un électron pour donner un neutron et un neutrino. Le noyau
père absorbe une particule légère (un électron) et émet une particule légère (un neutrino).
On peut le schématiser comme suit :
𝟏 𝟎 −
𝟏𝒑 + −𝟏𝒆 → 𝟏𝟎𝒏 + 𝟎𝟎𝝂
Le processus de la capture électronique s'applique à des noyaux trop riches en protons et entraîne
la transformation d'un proton en neutron avec émission d’un neutrino
Bilan énergétique :
7
La capture électronique (CE) ou la conversion interne (CI), laisse une vacance dans le niveau d’énergie électronique d’où est
parti l’électron, les électrons externes de l’atome descendent en cascade pour remplir les niveaux atomiques inférieurs, et un
ou plusieurs rayons X caractéristiques sont généralement émis. Parfois, les rayons X peuvent interagir avec un autre électron
orbital, qui peut être éjecté de l’atome. Ce deuxième électron éjecté est appelé électron Auger.
𝟎 − 𝑨
𝑨
𝒁𝑿 + −𝟏𝒆 → 𝒁−𝟏𝒀 + 𝟎𝟎𝝂
𝜀z 𝜀z−1
(MX - Zme + 2 ) c 2 + 𝒎𝒆 − 𝒄𝟐 = (MY - (Z-1) 𝒎𝒆− + ) c2+ 𝑚𝜈 c2+𝑸𝑪𝑬
c c2
𝜀z 𝜀z−1
𝑸𝑪𝑬 = (MX - Zme + 2 ) c 2 + 𝒎𝒆 − 𝒄𝟐 - (MY - (Z-1) 𝒎𝒆− + ) c 2 - 𝑚𝜈 c 2
c c2
On néglige une fois de plus la masse du neutrino, et on obtient :
𝜺𝐳 𝜺𝐳−𝟏
𝑸𝑪𝑬 = [(MX - Zme- + 𝟐 ) + (𝒎𝒆 ) - (MY
− - (Z-1) 𝒎𝒆− + )]𝐜𝟐
𝐜 𝐜𝟐
𝜺𝐳 𝜺𝐳−𝟏
𝑸𝑪𝑬 = [MX - Zme- + 𝟐 + (𝒎𝒆 ) - MY
− + (Z-1) 𝒎𝒆− - ]𝐜 𝟐
𝐜 𝐜𝟐
𝑸𝑪𝑬 𝜀 𝜀
Soit
𝐶2
= [MX- MY - Zme- + (Z-1) 𝒎𝒆 + 𝒎𝒆 + ( c2z – z−1
c2
−)] −
𝑸 𝜀z 𝜀z−1
𝑪𝑬
= [ M X - M Y - Zm e- + Z𝒎 𝒆 -𝒎 𝒆
+
𝒎 𝒆 +−( – 2 )] − −
𝐶2 c2 c
Comme on l’a fait pour précédemment, on peut néglige la variation d’énergie de liaison du cortège
atomique. On obtient :
𝑸𝑪𝑬
= [MX - MY ]
𝐶2
Rappelons les expressions de Q de réaction obtenues pour la radioactivité bêta plus et par capture
électronique :
𝑸𝑪𝑬 ⋍ (MX - MY ) 𝐶 2
Pour qu'une désintégration radioactive puisse avoir lieu, il faut que Q soit positif (car il s'agit d'une
réaction spontanée).
On retiendra donc que, si on considère deux noyaux père et fils X et Y, le bilan énergétique est plus
favorable pour la capture électronique que pour la désintégration (en effet ).
Par conséquent :
Si la différence de masse atomique entre X et Y est positive et plus élevée que la valeur
(soit 1022 keV) alors les deux types de radioactivité, bêta plus et capture électronique,
sont possibles et sont en concurrence l'une avec l'autre. La radioactivité bêta plus sera d'autant
plus prépondérante que la différence de masse atomique est élevée.
Si la différence de masse atomique entre X et Y est positive mais néanmoins plus faible que
(soit 1022 keV), la radioactivité par capture électronique pourra être possible alors
que la désintégration bêta plus sera interdite.
La transition par capture électronique, est permise chaque fois 𝑸𝑪𝑬 > 0 (MX - MY ) > 2me-
La transition par désintégration 𝛽 + est permise si 𝑸𝜷+ > 0 (MX - MY ) > 2me-
8-4 Émissions gamma (γ)
Définition: Pour un noyau, l'émission d'un rayonnement électromagnétique γ est une possibilité
de gagner en stabilité. Cette émission survient après un phénomène de désintégration 𝛼, 𝜷+ , 𝜷− ou de
capture électronique. On peut donc s'imaginer que lors de tels types de désintégration, la topologie des
nucléons dans le noyau n'est pas idéale et que le réarrangement de ces derniers s'accompagnera d'une
diminution d'énergie; cette dernière émise sous forme d'un ou de plusieurs photons γ.
𝑨 𝑨 𝒎 𝟎 − 𝟎
𝒁𝑿 → 𝒁+𝟏𝒀 + −𝟏𝒆 + 𝟎𝝂
𝑨 𝒎 𝑨
puis: 𝒁+𝟏𝒀 → 𝒁+𝟏𝒀 + 𝜸
où le m signifie "métastable" ou "isomère" (on utilise ce dernier terme lorsque l'émission du rayonnement
à lieu longtemps après la désintégration).
Remarque: "Isomère" veut dire que le noyau est excité. Il se désexcitera avec une période 𝑇1/2.
Généralement 𝑇1/2 est extrêmement petit et les photon(s) sont émis immédiatement après l'électron dans
le cas de notre exemple d'une désintégration 𝜷− . Nous parlons alors d'état métastable ou isomère. Notons
que ces radio-isotopes isomères sont particulièrement intéressants en imagerie médicale.
La conversion interne CI est un processus lié aussi à l'émission d'un photon 𝜸. En effet, il se peut
que l'énergie soit transmise directement à un électron du cortège électronique, généralement de la couche
K, qui se trouve éjecté de l'atome. Cet électron est appelé "électron de conversion". La lacune laissée dans
le cortège électronique est par la suite comblée par un électron des couches supérieures et ainsi de suite.
On a donc, comme dans le cas d'un processus de désintégration de capture électronique, un réarrangement
du cortège électronique caractérisé par l'émission de rayons-X caractéristique de l'élément Y.
L'énergie transmise vaut: 𝑇𝑒 − = 𝑇𝛾 − 𝑇𝑏
avec 𝑇𝑒 − étant l'énergie cinétique de l'électron émis, 𝑇𝛾 l'énergie du photon percutant l'électron, 𝑇𝑏 ,
l'énergie de liaison de l'électron considéré (K, L, M,...)
L'énergie du photon 𝜸 est transmise directement à un électron qui est éjecté, laissant une place vacante,
qu'un électron d’une couche de plus haute énergie peut venir remplir, causant un dégagement d’énergie.
Cette énergie peut causer l’émission d’un photon ( fluorescence X) ou être transmise à un électron
atomique qui sera éjecté de l’atome cet électron est appelé "électron Auger"
L'électron Auger éjecté provient principalement d'une orbitale externe et son énergie est l'énergie
caractéristique du rayon-X moins son énergie de liaison. L'énergie des électrons Auger est donc faible
(quelques [keV]) par rapport à une particule 𝜷− ou CI et sont souvent réabsorbés à l'intérieur de la
source. Le processus d'émission d'un électron Auger est favorisé pour des éléments à faible numéro
atomique à cause de leurs faibles énergies de liaison électronique.
Lors d'un réarrangement du nuage électronique tel que le passage d'un électron de la couche L à la couche
K, l'énergie du rayon-X émis vaudra 𝑇𝐾 − 𝑇𝐿 . Cette différence d'énergie étant supérieur à l'énergie de
liaison d'un autre électron se trouvant sur la couche L, ce dernier sera alors émis avec l'énergie cinétique:
(44.159)
A leurs tours, les 2 vacances laissées sur la couche L sont comblées par des électrons des couches
supérieures. Fluorescence et électron Auger sont en compétition. Il se peut même que plusieurs électrons
Auger soient émis lors de la désexcitation de l'atome. On parle alors de "cascade Auger" laissant l'atome
considéré fortement ionisé, ce qui peut le conduire à l'explosion coulombienne de la molécule dont il fait
partie.
𝑇=55,6 𝑠
87 87∗ −
35𝐵𝑟 → 36𝐾𝑟 + 𝛽
87∗ 86
36𝐾𝑟 ⟶ 36𝐾𝑟(𝑠𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒) + 𝑛
La fission nucléaire est l'éclatement d'un noyau instable en deux noyaux plus légers et quelques
particules élémentaires. Cet éclatement s'accompagne d'un dégagement de chaleur.
𝑛 + A∗ZX → A1
Z1PF1 + A2
Z2PF2 + 𝑥 neutrons + Energie
La fission induite de l'uranium 235 par absorption d'un neutron est la réaction de ce type la plus connue.
Voici deux exemples émettant respectivement 2 et 3 neutrons.
87
𝑛 + 235
92𝑈 →
236∗ 147
92𝑈 → 57𝐿𝑎 + 35𝐵𝑟 + 2𝑛
𝑛 + 235
92𝑈 →
236∗ 147 86
92𝑈 → 60𝑁𝑑 + 32𝐺𝑒 + 3𝑛
8-8 La fusion
La fusion nucléaire (ou thermonucléaire) est le processus dans lequel deux noyaux atomiques
s’assemblent pour former un noyau plus lourd. Cette réaction est à l’œuvre de manière naturelle dans le
Soleil et la plupart des étoiles de l'Univers, dans lesquelles sont créés tous les éléments chimiques autres
que l'hydrogène et la majeure partie de l'hélium.
La fusion nucléaire dégage une quantité d’énergie colossale par unité de masse, provenant de
l’attraction entre les nucléons due à l’interaction forte. La masse des produits d'une réaction de fusion
étant inférieure à la somme des masses des noyaux fusionnés, la différence est transformée en énergie
cinétique (puis en chaleur).
Considérons deux protons. Ceux-ci se repoussent selon la loi de Coulomb. Si ces protons se
rapprochent à une distance r ~ 10 fm, l’interaction forte domine (attraction entre les protons) et la réaction
nucléaire suivante peut intervenir.
1 1 2 +
1𝐻 + 1𝐻 ⟶ 1𝐻 + 𝑒 + 𝜐
2
Le noyau 1𝐻 = D est un noyau de deutérium, isotope de l’hydrogène qui intervient dans la
composition de l’eau lourde (D2O):
Un noyau de deutérium peut alors fusionner avec un noyau d’hydrogène suivant la réaction
suivante :
2 1 3
1𝐻 + 1𝐻 ⟶ 2𝐻 + 𝛾
où 𝛾 est un photon et 32𝐻 un isotope de l’hélium.
Enfin, une dernière réaction conduit au noyau stable d’hélium et d’hydrogène :
2 32𝐻𝑒 ⟶ 2 11𝐻 + 42𝐻𝑒
Le bilan de ces réactions est le suivant :
8
Les noyaux atomiques qui peuvent fissionner sont dits « fissiles » s'ils peuvent subir une fission avec des neutrons rapides
ou lents ou « fissibles » s'ils peuvent subir une fission avec seulement des neutrons rapides.
4 11𝐻 ⟶ 42𝐻𝑒 + 2 01𝑒 + + ⋯