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PHY244 ANNÉE 2021-2022 : INTRODUCTION A LA PHYSIQUE NUCLÉAIRE

Support de cours du Dr BONGUE DANIEL


https://coursbongue.blogspot.com/

CHAPITRE II : La Radioactivité
1) - Définition
La radioactivité est le phénomène physique par lequel des noyaux atomiques instables (dits
radionucléides ou radioisotopes) se transforment spontanément en d'autres atomes (désintégration) en
émettant simultanément des particules de matière (électrons, noyaux d'hélium, neutrons, etc.) et de l'énergie
(photons et énergie cinétique).
La radioactivité fait partie de l’univers. Elle est présente partout que ce soit dans l’atmosphère ou
dans la croûte terrestre, dans l’eau ou dans les aliments.
L'émission de particules matérielles et immatérielles est appelée rayonnement, et l'énergie des
particules est suffisante pour entraîner l'ionisation de la matière traversée, d'où le nom de rayonnements
ionisants.

2) Les modes possibles de désintégration


Lorsqu’un radionucléide appelé noyaux père se transforme en un autre nucléide appelé noyau fils,
il peut émettre simultanément :
- Soit un noyau d'hélium, on parle alors de désintégration alpha.
- Soit un électron, on parle alors de la désintégration β-
- Soit un positon, (positron est un terme anglais) on parle alors de la désintégration β+
- Chacune de ces trois désintégrations s’accompagne toujours de l’émission d’un photon gamma
(γ) très énergétique. Il n’existe pas de désintégration gamma à proprement parlé, mais par abus
de langage, on parle parfois de désintégration gamma.
Ainsi donc, on distingue classiquement les rayons α constitués de noyaux d'hélium (également
appelés particules α), les rayons β- constitués d'électrons (ou particules β-), les rayons β+ constitués de
positons (ou particules β+) et les rayons γ constitués de photons, auxquels il faut ajouter les neutrons qui
dérivent des fissions spontanées.

3) - Schéma de désintégration
Le schéma de désintégration d'une substance radioactive est une représentation graphique de toutes
les transitions survenues au cours de cette désintégration et de leurs relations , avec en ordonnée l'énergie
et en abscisse le numéro atomique Z.
- Les niveaux d'énergie des noyaux
père et fils y sont représentés par des
traits horizontaux.
- Les flèches indiquent les particules
émises.
- Si au cours d'une désintégration le
noyaux fils a un numéro atomique
supérieur de celui du père (cas de la
Radioactivité β-) , alors la flèche et
inclinée vers la droite; si par contre le
noyaux fils a un numéro atomique
inférieur de celui du père (cas de la
Radioactivité β+ et de la capture électronique (CE)), la flèche et inclinée vers la gauche. Au cas ou le
numéro atomique est conservé (cas de la désexcitation avec émission de photons (γ) ), la flèche est
verticale.
- Sur ces flèches peuvent être indiquées :
- L'énergie maximale de la particule
considérée (positon, électron, rayonnement γ),
qui correspond à la différence d'énergie entre
le niveau d'énergie du noyau père et celui du
noyau fils (sauf pour la particule β+ qui
possède un seuil de désintégration).
- La probabilité (%) de cette
désintégration.
(Remarque : Par convention l'état fondamental
est représenté avec une énergie de 0 eV)

4) - Radioactivité Naturelle et Radioactivité Artificielle


On distingue la radioactivité naturelle et la radioactivité artificielle:

- La Radioactivité naturelle est un phénomène qui existe depuis la création de l’univers. Elle a été
découverte par Henri Becquerel en 1896 dans le cas de l'uranium, et très vite confirmée par Pierre
et Marie Curie pour le radium. C'est cette dernière qui introduit à cette occasion les termes de
radioactivité et radioélément.
Exemple de radioactivité naturelle : La désintégration spontanée de l'uranium 238 qui se transforme
en thorium 234 en émettant une particule alpha ( 42He), suivant l’équation : 238 234
92U → 90Th + 2He
4

- La Radioactivité artificielle découverte par Irène et Fréderic Joliot-Curie en 1933. Elle est produite
par bombardement du noyau par des particules.
Afin d'éviter une possible confusion, la radioactivité dite artificielle est exactement le même phénomène
en soit que la radioactivité dite naturelle, à ceci près que ce sont les radioéléments considérés dans le cas
de la radioactivité artificielle qui sont produits de façon artificielle.
Exemple de radioactivité artificielle : Le bombardement de l'aluminium 27 avec une particule α. Il
produit le neutron et le phosphore 30 qui est instable et qui se désintègre pour donner le silicium 30. Selon
le schéma suivant :
27 30 30
13Al + 42He → 15P + 10n ensuite 15P → 30
14𝑆𝑖 + 01𝑒 + + 𝜈𝑒

5) Source de la radioactivité naturelle.


La radioactivité naturelle que l’on observe sur la Terre provient de deux sources :
- Le bombardement de l’atmosphère terrestre par des particules subatomiques d'origine cosmique
appelées rayons cosmiques1.
- La désintégration de quatre noyaux radioactifs primordiaux que sont : 235U, 238U, 232Th et 40K et
de leurs noyaux fils. Ces noyaux sont contenus dans la croûte terrestre, et le 40K migre parfois pour se
retrouver dans les eaux et les aliments que nous consommons.

1
Les rayons cosmiques sont des flux de particules qui sillonnent l'espace de notre galaxie et d'autres galaxies dans toutes les
directions. Ils sont composés essentiellement d'ions, repartis ainsi: noyaux d'hydrogène (85%), noyaux d'hélium (12,5%),
électrons (1,5%) et noyaux plus lourds (1%) allant jusqu’au fer. La conversion interne a lieu préférentiellement pour les
noyaux lourds (Z élevé)
6) – Caractéristiques de la désintégration Radioactive.
La désintégration radioactive est un phénomène :
- Aléatoire : Dans un échantillon de noyaux radioactifs, rien ne permet de prévoir lequel va d’abord se
désintégrer encore moins quand un noyau radioactif va se désintégrer (par contre le rythme de
désintégration d'un échantillon est bien connu tant que cet échantillon est important. (Voir la
loi de la désintégration et la loi de l’activité)
- Spontané : elle se déclenche seule, sans intervention extérieure ; elle est notamment indépendant de la
température, de la pression, de la nature et de la structure chimique du composé auquel il
appartient
- Irréversible : on ne peut ni l’enrayer ni le renverser
- Inéluctable : rien ne peut ralentir ou accélérer la cadence de désintégration d'un échantillon radioactif
- Indécelable par nos sens (inodore, inaudible, invisible)
La radioactivité étant indécelable par nos sens, elle ne peut donc être mise en évidence que par des
outils d’observation indirecte appelés des détecteurs : lorsque les particules de matière (électrons, noyaux
d'hélium, neutrons, etc.) ou les rayons γ émis par les corps radioactifs traversent un détecteur, celui-ci
produit un signal électrique.
Il existe trois types de détecteurs : les compteurs à ionisation, les scintillateurs, les semi-conducteurs

7) - Importance de la radioactivité

7-1) - La radioactivité dans la nature


La radioactivité est d’origine naturelle. L’intégralité des éléments présents sur Terre, y compris les
noyaux radioactifs, ont été formés :
• Dans la phase de nucléosynthèse aux premiers instants de l’univers, pour les éléments légers
(hydrogène et hélium),
• Dans les étoiles, pour les éléments jusqu’au fer,
• Lors de l’explosion des étoiles, marquant la fin de vie de celles-ci, (supernova) pour les éléments
au-delà du fer.
La radioactivité est à l’origine de l’apparition de la vie sur Terre.
C’est la chaleur qu’elle génère qui maintient le noyau terrestre sous forme liquide, et qui a permis
lors des éruptions volcaniques la formation de l’atmosphère primitive (protection contre les météorites et
les rayons cosmiques, effet de serre pour diminuer les écarts thermiques entre le jour et la nuit).
C’est aussi la radioactivité qui entretient la combustion au sein du soleil, par le biais des réactions
thermonucléaires où l’hydrogène est transformé en hélium.

7-2) La radioactivité et l’homme


Depuis plus d’un siècle, l’homme a découvert l’existence de la radioactivité. Il a su exploiter la
fabuleuse énergie cachée au cœur de la matière, avec plus ou moins de bonheur, et même créer de nouveaux
éléments qui n’existent pas naturellement sur la Terre !

Quelques applications :
• énergétiques : centrales nucléaires à fission,
• médicales : utilisation de traceurs radioactifs pour les diagnostics et le traitement des cancers,
• biologiques / géologie : études in vivo à l’aide de marqueurs radioactifs, datation archéologique.
• militaires : bombes nucléaires à fusion ou à fission
• industrielle : contrôle de pièces manufacturées, contrôle des soudures, contrôle de l'usure

8) - Les types de radioactivité :

8-1 Désintégration alpha


La désintégration alpha est un processus d’interaction forte qui conduit à la désintégration d'un
noyau ayant un nombre de nucléons et de protons trop élevé. C’est le mode de désintégration que l’on
observe souvent pour les noyaux lourds ayant un excédent de neutrons et de protons. Il s'agit d'une
transformation du noyau avec émission d'un noyau d'Hélium ( 42𝐻𝑒 ) encore appelé particule α. L’émission α
est alors le moyen le plus efficace pour gagner la vallée de stabilité. On connaît environ 450 noyaux émetteurs α.
Le bilan de la réaction s’écrit:
𝑨−𝟒
𝑨
𝒁𝑿 → 𝒁−𝟐𝒀 + 𝟒𝟐𝑯𝒆
𝑍−2𝑌 le noyau final. Le noyau d’ 2𝐻𝑒 est appelé particule alpha (α).
Avec 𝐴𝑍𝑋 le noyau initial et 𝐴−4 4

Bilan énergétique

𝑴𝑿 𝒄𝟐 = 𝑴𝒀 𝒄𝟐 + 𝑴𝜶 𝒄𝟐 + 𝑸𝜶

L’énergie 𝑸𝜶 libérée au cours de la réaction est partagée entre le noyau fils et la particule α.
𝑸𝜶 = (Σ masses particules initiales - Σ masses particules finales).c2
Soit 𝑸𝜶 = (MX - MY - Mα) c2
ce qui revient à : 𝑸𝜶 = Δmc2 = (mi - mf)c2
Une désintégration radioactive n'est possible que si 𝑸𝜶 > 0 . Il faut donc que l'énergie des particules
initiales (Ei = mi.c2) soit supérieure à l'énergie des particules finales (Ef = mf.c2)

La réaction 𝑨𝒁𝑿 → 𝑨−𝟒 𝟒


𝒁−𝟐𝒀 + 𝟐𝑯𝒆 n’est possible que si la masse
du premier membre est supérieure à la somme des masses du second
membre : MX > MY + Mα

𝟐𝟑𝟖 𝟐𝟑𝟒
Exemple : 𝟗𝟐𝑼 → 𝟗𝟎𝑻𝒉 + 𝟒𝟐𝑯𝒆
La figure ci-contre montre le schéma de désintégration a de l’ 𝟐𝟑𝟖
𝟗𝟐𝑼

La conservation de l'énergie voudrait que : MxC2 = MYC2 +TY +MαC2 +Tα


avec. Mx : masse du noyau X
MY : masse du noyau Y
Mα : masse du noyau d'Hélium
Tα : énergie cinétique du noyau d'Hélium
TY: énergie de recul du noyau Y

MxC2 =MYC2 +TY +MαC2 +Tα  (Mx - MY - Mα)C2 = TY +Tα


Donc 𝑸𝜶 = (Mx - MY - Mα)C2 = TY +Tα

L’énergie libérée au cours de la réaction est partagée entre le noyau fils et la particule α . Si le noyau
fils est obtenu dans son état fondamental, on a :
𝑸𝜶 = 𝑇𝑌 + 𝑇𝛼
1 2
(𝑇𝛼 = 2 𝑀𝛼 𝑉𝛼 )

En effet, à partir de la conservation de l’impulsion : 𝑀𝑌 𝑣𝑦 = 𝑀𝛼 𝑣𝛼 et de l’équation 𝑸𝜶 = 𝑇𝑌 + 𝑇𝛼 ,


on obtient pour les énergies cinétiques des noyaux dans la voie finale :

𝑀𝑌 𝑀𝛼
𝑇𝛼 = 𝑸𝜶 et 𝑇𝑌 = 𝑸𝜶
𝑀𝑌 +𝑀𝛼 𝑀𝑌 +𝑀𝛼

1
On néglige l'énergie 𝑇𝑌 , puisqu'elle est très faible et 𝑸𝜶 = 𝑇𝛼 = 𝑀𝛼 𝑉𝛼2
2
Spectre en énergie
Un spectre en énergie est un graphe représentant le nombre de particules mesurées en fonction de
leur énergie.
Si l'on mesure l'énergie cinétique des particules alpha
émises, on observe expérimentalement que celle-ci possède une
valeur unique et bien définie. On parle de « spectre de raies ».

Remarque : L'énergie des particules alpha émises est


spécifique du noyau père émetteur.

Explication : Le noyau fils ayant une masse plus importante que la particule α, c'est cette dernière
qui va emporter la presque totalité de l’énergie libérée par désintégration, (sauf, si le noyau fils est émis à
l'état excité, elle prendra l'énergie restante), la particule alpha est
dite mono-énergétique.
Du fait de la quantification de l'énergie dans le noyau, la
particule α ne peut prendre que certaines valeurs d'énergie. Leur
spectre énergétique est discret et compris entre 4 et 9 MeV. Plus
l’énergie de la particule alpha émise est forte, plus la demi-vie de
l'émetteur alpha est faible.
Les très longues durées de vie qui caractérisent la radioactivité
alpha et l'absence de rayons alpha en dessous de 4 MeV s'expliquent
par un mécanisme appelé effet tunnel2.
Structure fine
Lorsqu’un noyau se désintègre par émission α, on observe en général une particule α dont l’énergie
cinétique est bien déterminée : on dit que l’on a une raie α. Son énergie cinétique est donnée par l’équation
𝑴𝒀
ci-dessus 𝑬𝜶 = 𝑸𝜶 𝑴 +𝑴 . Pour certains noyaux, on observe plusieurs raies, c’est-à-dire des particules
𝒀 𝜶
ayant des énergies cinétiques différentes. C’est le cas du 226Ra par exemple.
Lorsque c’est le cas, il y a très souvent, en coïncidence avec la particule α (c’est-
à-dire en même temps), une émission d’un ou plusieurs photons γ. Cela vient du
fait que le noyau père conduit à des transitions α vers des états excités du noyau
fils. C’est en se désexcitant vers l’état fondamental que des photons γ sont émis
mais il peut également y avoir d’autres types de désintégration comme la
conversion interne3 par exemple.
La figure ci-contre montre le schéma simplifié de la désintégration 𝛼 du
226Ra. Pour ce noyau il peut aussi y avoir émission α vers des niveaux plus excités

mais leur probabilité est beaucoup plus faible.

Contrairement à la radioactivité bêta, l'émission d'un rayon alpha n'est généralement pas accompagnée
d'un rayon gamma de désexcitation. Quand c'est le cas l'énergie de ce rayon gamma est faible. C'est une autre
manifestation de l'effet tunnel.

8-2 Désintégration Bêta


L’interaction faible est responsable de la radioactivité bêta (β).
Il en existe deux sortes : La Radioactivité (β-) et la Radioactivité (β+).

2
Les noyaux lourds peuvent émettre spontanément des particules alpha. Alors même que des énergies gigantesques seraient
nécessaires pour vaincre l'attraction du noyau et éjecter un noyau d’hélium, on détecte tout de même ce phénomène. En
fait, cette émission est possible par effet tunnel, ne nécessitant pas ces énergies énormes.
3 La conversion interne correspond à la désexcitation du noyau via le transfert de l’énergie à un électron du cortège atomique qui est
éjecté. L’énergie de l’électron sera l’énergie de la transition nucléaire moins l’énergie de liaison de l’électron sur sa couche. La conversion
interne va être suivie d’un réarrangement du cortège atomique et donc d’une émission de rayons X
Spectre en énergie des électrons issus de la désintégration β
Contrairement à l’émission α, où l’énergie de la particule α, pour une transition donnée est fixée, on
constate que le Spectre en énergie des électrons (ou positrons) émis lors d’une désintégration β- (ou β+) est
continu et varie de zéro à une valeur maximale TMax.

8-2-1 Radioactivité β-
C'est une transformation d'un noyau instable au cours de laquelle une particule β- (électron :−𝟏𝟎𝒆− ) et
un antineutrino4 ( 𝜈 ) sont émis.
𝟎
L’équation de la désintégration β- s’écrit : 𝑨
𝒁𝑿 → 𝑨
𝒁+𝟏𝒀 + 𝟎 −
−𝟏𝒆 + 𝟎𝝂
Le noyau-fils possède le même nombre de nucléons que le noyau-père le nombre de masse A ne
change donc pas : la transition est dite isobarique.
Le noyau fils avance d’une case dans le tableau de classification périodique.
L’électron et l’antineutrino sont créés puisqu’ils ne préexistent pas dans le noyau.
La désintégration β− concerne les noyaux dont le nombre de neutrons est relativement élevé par
rapport à la zone de stabilité des noyaux.
Le neutron libre est émetteur β- et se transforme spontanément en proton plus stable, car la masse
du neutron est supérieure à celle du proton. La désintégration β- correspond en
définitive à la transformation d'un neutron en proton au sein du noyau, suivant
la réaction.
𝟏 𝟏 𝟎 − 𝟎
𝟎𝒏 → 𝟏𝒑 + −𝟏𝒆 + 𝟎𝝂

Le nombre de neutron diminue et la position relative du noyau-père et du noyau-


fils dans la carte des nucléides est indiquée à la figure ci-contre.
Remarque: Le neutron libre est radioactif, avec une période d’un peu moins de
15 minutes. Mais lié dans un noyau il est stable. Cela montre bien que les propriétés d’un nucléon lié
peuvent être différentes de celles d’un nucléon libre. Cela signifie en particulier que les sections efficaces
nucléon-nucléon libre qui peuvent être mesurées ne sont pas utilisables pour décrire les propriétés d’un
nucléon se trouvant dans un noyau.
Un exemple de désintégration 𝛽 − est montré dans la figure ci-
contre. Le molybdène-99 ( 99Mo) se désintègre essentiellement vers
l’état excité du Technétium-99 (99Tc∗). Cet état excité décroît par
émission γ.
On produit du 99Mo pour des applications médicales dans un
réacteur nucléaire. Il est utilisé pour fabriquer du 99Tc∗ qui sert
comme traceur en médecine nucléaire.
Le 99Tc dans son état fondamental est lui-même émetteur 𝛽 −
mais avec une très longue période.
Spectre de la désintégration 𝜷−
La désintégration 𝛽 − est un processus à trois corps: un 𝑒 − et un 𝜈 qui sont émis et le noyau produit
qui recule. Compte tenu de sa masse, ce dernier emporte une énergie négligeable ; l'énergie disponible se
partage alors aléatoirement entre l'électron et l'antineutrino. La plupart du temps, elle se répartit également:
moitié-moitié, mais il peut aussi arriver que le β- prenne plus d'énergie et l'antineutrino en prend moins, et
vice-versa. Ici, ni la particule β- ni l'antineutrino ne sont mono-énergétiques.

4L'antineutrino est l'antiparticule du neutrino. Le neutrino est une particule neutre de masse proche de zéro. Le taux d'interaction entre le
neutrino et la matière est extrêmement faible puisqu'on a calculé que son libre parcours moyen dans l'eau est de l'ordre de plusieurs
milliers d'années lumières. Le neutrino est la particule la plus abondante dans l'Univers. Chaque seconde, notre corps est traversé par
plusieurs milliards de neutrinos
Puisque ce partage est aléatoire, l'énergie emportée par un électron peut donc prendre n'importe
quelle valeur comprise entre zéro et une valeur maximale Tmax .
Tmax correspond à l'énergie maximale que peut libérer la
réaction de désintégration correspondante. Autrement dit elle sera
observée lors d'une réaction où la totalité de l'énergie fournie par la
désintégration β- est envoyée à la particule β- (et où par conséquent
aucune énergie n'est retenue par l'atome fils et aucune énergie n'est
envoyée à l’antineutrino).
Une statistique faite sur un grand nombre de désintégrations 𝜷−
permet de tracer le diagramme d'énergie des β- représentant son spectre
d'énergie. C'est un diagramme sur lequel on porte en abscisse l'énergie
T emportée par l'électron et en ordonnée le nombre d'électrons ayant une
énergie T. Le même diagramme peut être tracé pour l'antineutrino.
Comme le β- et l'antineutrino peuvent prendre toutes les valeurs d'énergie entre 0 et Tmax, on dit que
leur spectre est continu5 et compris entre 0 et Tmax.
𝐓𝐦𝐚𝐱
Ce spectre est généralement centré sur c’est-à-dire que la plupart des désintégrations se soldent
𝟐
par un partage équitable de l'énergie entre β- et l'antineutrino.
𝐓𝐦𝐚𝐱
Parfois, le spectre des β- n'est pas centré sur . Il est perturbé par un effet coulombien, dû au
𝟐
fait que, les protons du noyau, qui portent une charge positive, ont tendance à retenir les β-, et donc à
diminuer leur énergie cinétique, c'est-à-dire les ralentir. Le spectre des β- va donc se décaler vers la gauche
du graphique. Comme illustré à la figure ci-dessus. Elle est limitée à une valeur Tmax , appelé énergie
Tmax
maximum du spectre 𝛽 − . Le maximum d'intensité se situe vers T = appelé énergie moyenne.
3
Bilan énergétique
Étant donné qu’une source radioactive (SRA) est constituée d’atomes et non de noyaux : on
préférera écrire le bilan en fonction des masses atomiques M (et non plus en fonction des
masses nucléaires M, comme précédemment), afin de prendre en compte la désexcitation du
cortège électronique de l'atome fils.
Remarque: la masse atomique M d’un atome quelconque de numéro atomique Z est définie par :
𝜀z
M z = Mz + Zme – . où 𝜀z est l’énergie de liaison des z électrons du cortège électronique.
c2
𝑨 𝑨 𝟎 − 𝟎
Pour la désintégration 𝛽 − 𝒁𝑿 → 𝒁+𝟏𝒀 + −𝟏𝒆 + 𝟎𝝂
𝑴𝑿 𝒄𝟐 = 𝑴𝒀 𝒄𝟐 + 𝒎𝒆− 𝒄𝟐 + 𝒎𝝂 𝐜 𝟐 + 𝑸𝜷−
𝜺𝐳 𝜺𝐳+𝟏
(MX - Zme + 𝟐 ) 𝐜 𝟐 = (MY - (Z+1)me + ) 𝐜 𝟐 + 𝒎𝒆 − 𝒄𝟐 + 𝒎𝝂 𝐜 𝟐 +𝑸𝜷−
𝐜 𝐜𝟐
L’énergie 𝑸𝜷− libérée au cours de la réaction est partagée entre le noyau fils Y, la particule β- et
l’antineutrino. En admettant que 𝑚𝜈 = 0 , on a:
𝜀z 𝜀z+1
𝑸𝜷− = [(MX - Zme + 2 ) - (MY - (Z+1)me + 2 )- me]c2
c c
𝑸𝜷− 𝜀z 𝜀z+1
= (MX - MY) + ( 2 – 2 )
𝐶2 c c

5
Historiquement, c'est l'observation expérimentale de spectres continus pour la radioactivité bêta qui a conduit les physiciens à
postuler qu'il fallait qu'une autre particule intervienne dans la réaction de désintégration : le neutrino (ou l'antineutrino). Le
neutrino (et l'antineutrino) ont ainsi été postulés théoriquement bien avant d'avoir été observés expérimentalement.
𝜀z 𝜀z+1
La différence des énergies de liaison des électrons des atomes (
c2 – c2
) est la plupart du temps

négligeable comparée à l’énergie libérée lors de la réaction 𝛽 .
Aussi on la néglige et l’énergie libérée 𝑸𝜷− devient :
𝑸𝜷− = (MX - MY) 𝐶 2

La condition pour l’émission 𝛽 − s’écrit alors :


𝑸𝜷− > 0  (MX - MY) 𝐶 2
> 0  MX > MY
Pour qu’un noyau puisse se désintégrer par émission 𝛽 − , il suffit
donc que la masse atomique du noyau émetteur soit supérieure à celle
du noyau produit.
En général, les émetteurs 𝛽 − sont des noyaux riches en neutrons
c’est-à-dire situés à gauche de la vallée de stabilité comme il est indiqué
sur la figure ci-contre.
L’énergie libérée au cours de la réaction et qui est partagée entre
le noyau fils Y, la particule β- et l’antineutrino. Peut aussi être écrite de la manière suivante.
𝑸𝜷− = TY + 𝑇𝑒 − + 𝑇𝜐̅
Avec Te : énergie cinétique de l'élection
𝑇𝜈̅ : énergie cinétique de l'antineutrino
TY : énergie cinétique de recul de l'atome Y
A
Puisque le recule de Z+1Y est négligeable, on a alors :
𝑸𝜷−  𝑇𝑒 − + 𝑇𝜐̅ = Tmax
Schéma de désintégration 𝜷−
8-2-2 Radioactivité β+
C'est une transformation d'un noyau instable au cours de laquelle une particule β+ (positon : +𝟏𝟎𝒆) et un
neutrino (𝜈) sont émis .
La particule β+ est de l’antimatière, elle est l'inverse de l'électron β - : on l'appelle le positon (ou
positron). A peine émis, il va immédiatement être attiré par un électron ; ces deux vont, en se percutant,
s’annihiler créant ainsi 2 photons de 0,511 MeV chacun. (L’énergie des deux photons créés correspond à
la perte de deux masses de 0,511 MeV/c²). Les photons partent ensuite à 180° l'un de l'autre.

L’équation de la réaction de désintégration β+ s’écrit :


𝑨
𝑨
𝒁𝑿 → 𝒁−𝟏𝒀 + 𝟎𝟏𝒆+ + 𝟎𝟎𝝂
Le noyau-fils possède le même nombre de nucléons que le noyau-père le nombre de masse A ne
change donc pas : la transition est dite isobarique.
Le noyau fils recule d’une case dans le tableau de classification périodique.
Le noyau-père qui possède Z protons donne naissance à un noyau-fils ayant (Z-1) protons. Or le
cortège électronique n’est pas directement affecté par ce changement, dans ce cas l’atome-fils va avoir
temporairement un électron de trop.
Le positon et le neutrino sont créés puisqu’ils ne préexistent pas dans le noyau.
Le processus de la désintégration β+ s'applique à des noyaux trop riches en protons et entraîne la
transformation d'un proton en neutron avec émission d’un positron, et d’un
neutrino. On peut le schématiser comme suit :
𝟏 𝟏 𝟎 + 𝟎
𝟏𝒑 → 𝟎𝒏 + 𝟏𝒆 + 𝟎𝝂

Le nombre de proton diminue et la position relative du noyau-père et du


noyau-fils dans la carte des nucléides est indiquée à la figure ci-contre.
La masse du neutron est supérieure à la masse du proton (mn > mp) donc un proton libre ne peut pas
être émetteur β+ comme le neutron pouvait être émetteur β-.
La désintégration β+ concerne les noyaux dont le nombre de protons est relativement élevé par
rapport à la zone de stabilité des noyaux.

Bilan énergétique

Ici aussi comme dans le cas de la désintégration 𝛽 − on préférera écrire le bilan en fonction des
masses atomiques M (et non plus en fonction des masses nucléaires M)

𝑨 𝟎 +
Pour la désintégration 𝛽 + 𝑨
𝒁𝑿 → 𝒁−𝟏𝒀 + +𝟏𝒆 + 𝟎𝟎𝝂

𝑴𝑿 𝒄𝟐 = 𝑴𝒀 𝒄𝟐 + 𝒎𝒆+ 𝒄𝟐 + 𝑚𝜈 c 2 + 𝑸𝜷+
𝜀z 𝜀z−1
(MX - Z𝒎𝒆− + 2 ) c 2 = ( MY - (Z-1) 𝒎𝒆− + ) c 2 + 𝒎𝒆 + c 2 + 𝑚𝜈 c 2 +𝑸𝜷+
c c2
On néglige une fois de plus la masse du neutrino, et on obtient :
𝜀z 𝜀z−1
[(
𝑸𝜷+ = MX - Zme- + 2 )-(
MY - (Z-1) 𝒎𝒆− + 2 )- 𝒎𝒆 ]c2

c c
𝑸𝜷 + 𝜀z 𝜀z−1
Soit = MX MY 2me- + 2 – 2
( - - ) ( )
𝐶2 c c
Comme on l’a fait pour la désintégration 𝛽 − , on peut négliger la variation d’énergie de liaison du
cortège atomique.
La condition énergétique pour qu’un noyau puisse se désintégrer par émission 𝛽 + est donc :
𝑸𝜷+ > 0  (MX - MY ) > 2me-
Une réaction β+ ne se produit que si la différence de masse entre atome père et atome fils est
supérieure ou égale à un seuil de 2. me-.c² = 1,022 MeV/c². Dans le cas contraire, la désintégration β+ est
impossible, il se produira alors à la place une capture électronique (voir plus loin).

Que va devenir l'énergie libérée par la désexcitation ?


Elle se répartira, comme nous l'avons vu en introduction :
- en énergie cinétique des particules.
- en énergie de recul du noyau fils (négligée),
- en énergie d'excitation du noyau fils. Si le noyau fils
est émis à l’état excité; il se désexcitera soit par isomérisme
nucléaire, soit par conversion interne (CI), conduisant plus ou
moins à l’émission d’électron Auger6 suivi de photon X)

La figure ci-contre montre le schéma de la désintégration 𝜷+

Spectre de la désintégration 𝜷+

De même qu’on l’a dit avec la désintégration 𝜷− , la distribution de l'énergie est asymétrique, car la
répulsion entre le positon émis (particule β +) et le noyau qui sont de même signe favorise les énergies
hautes.

6
La capture électronique (CE) ou la conversion interne (CI), laisse une vacance dans le niveau d’énergie électronique d’où est
parti l’électron, les électrons externes de l’atome descendent en cascade pour remplir les niveaux atomiques inférieurs, et un
ou plusieurs rayons X caractéristiques sont généralement émis. Parfois, les rayons X peuvent interagir avec un autre électron
orbital, qui peut être éjecté de l’atome. Ce deuxième électron éjecté est appelé électron Auger.
La désintégration 𝛽 + est un processus à trois corps: un 𝑒 + et un 𝜈 qui sont émis et le noyau produit
qui recule. Compte tenu de sa masse, ce dernier emporte une
énergie négligeable ; l'énergie disponible se partage alors
aléatoirement entre le positon et le neutrino. Puisque ce partage
est aléatoire, l'énergie emportée par un positon peut donc prendre
n'importe quelle valeur comprise entre zéro et une valeur maximale
Tmax . Le spectre obtenu est continu et compris entre 0 et Tmax.
𝐓𝐦𝐚𝐱
Ce spectre est généralement centré sur c’est-à-dire que
𝟐
la plupart des désintégrations se soldent par un partage équitable
(moitié-moitié) de l'énergie entre β+ et le neutrino.
𝐓𝐦𝐚𝐱
Parfois, le spectre des β+ n'est pas centré sur . Il est perturbé par un
𝟐
effet coulombien, les protons du noyau, qui portent une charge positive, ont
tendance à repousser les positrons, et donc à les accélérer, à augmenter leur énergie
cinétique. Le spectre des β+ va donc se décaler vers la droite du graphique.
8-3 La Capture électronique (CE)
Certains noyaux ont une instabilité β+ (nombre de protons est relativement élevé par rapport à la zone
de stabilité des noyaux) mais ne peuvent s’affranchir du seuil de (MX - MY ) > 1,022 MeV. Ils vont
donc utiliser la capture électronique (CE).

Définition : La capture électronique est un mode de désintégration du noyau qui, pour se stabiliser, va
absorber un électron d'une couche profonde et renvoyer comme seule particule un neutrino
électronique. Le cortège électronique comporte alors une lacune et l'atome doit se désexciter
par fluorescence X ou émission d'un électron Auger 7.
Remarque : Les noyaux qui peuvent s’affranchir du seuil et faire du β+, peuvent également faire la CE.
Ceux qui ne peuvent s’affranchir du seuil ne pourront faire que de la CE.

L’équation de la réaction de capture électronique s’écrit :


𝟑,𝟏%
𝟎 − 𝑨
𝑨
𝒁𝑿 + −𝟏𝒆 → 𝒁−𝟏𝒀 + 𝟎𝟎𝝂 Exemple : 𝟏𝟖
𝟗𝑭 + 𝟎 −
−𝟏𝒆 → 𝟏𝟖
𝟖𝑶 + 𝟎𝟎𝝂

Le noyau-fils possède le même nombre de nucléons que le noyau-père le nombre de masse A ne


change donc pas : la transition est dite isobarique.
Le noyau fils recule d’une case dans le tableau de classification périodique.
Le noyau-père qui possède Z protons donne naissance à un noyau-fils ayant (Z-1) protons. Or le
cortège électronique n’est pas directement affecté par ce changement, dans ce cas l’atome-fils va avoir
temporairement un électron de trop.
Seul le neutrino est créé puisqu’il ne préexiste pas dans le noyau.
De même que pour l'émission β, le noyau résiduel peut être laissé dans un état excité.

Remarque : Un proton libre ne peut se désintégrer en neutron par capture électronique ; les protons et les neutrons
doivent faire partie d’un noyau

Origine de l’électron absorbé

L'électron capturé par le noyau père X provient du nuage électronique de l'atome X. Ces électrons
ont une probabilité extrêmement faible, mais non nulle, de pénétrer à l'intérieur du noyau. Le noyau
capture avec la plus grande probabilité un électron de la couche K (électron le plus proche du noyau), puis
capture K
un électron L. Le rapport capture L est de l'ordre de 10 .

Dans la radioactivité par capture électronique, (tout comme pour la radioactivité bêta plus), le
noyau fils perd un proton et gagne un neutron par rapport au noyau père. Tout se passe comme si, à
l'intérieur du noyau, un proton avait absorbé un électron pour donner un neutron et un neutrino. Le noyau
père absorbe une particule légère (un électron) et émet une particule légère (un neutrino).
On peut le schématiser comme suit :
𝟏 𝟎 −
𝟏𝒑 + −𝟏𝒆 → 𝟏𝟎𝒏 + 𝟎𝟎𝝂

Le processus de la capture électronique s'applique à des noyaux trop riches en protons et entraîne
la transformation d'un proton en neutron avec émission d’un neutrino

Bilan énergétique :

Reprenons l’équation de la réaction de capture électronique :

7
La capture électronique (CE) ou la conversion interne (CI), laisse une vacance dans le niveau d’énergie électronique d’où est
parti l’électron, les électrons externes de l’atome descendent en cascade pour remplir les niveaux atomiques inférieurs, et un
ou plusieurs rayons X caractéristiques sont généralement émis. Parfois, les rayons X peuvent interagir avec un autre électron
orbital, qui peut être éjecté de l’atome. Ce deuxième électron éjecté est appelé électron Auger.
𝟎 − 𝑨
𝑨
𝒁𝑿 + −𝟏𝒆 → 𝒁−𝟏𝒀 + 𝟎𝟎𝝂

𝑴𝒂𝒛𝑿 . 𝒄𝟐 + 𝒎 𝟎 − . 𝒄𝟐 = 𝑴 𝑨 . 𝒄𝟐 + 𝑚00𝜈 . c 2 + 𝑸𝑪𝑬


−𝟏𝒆 𝒁−𝟏𝒀

𝜀z 𝜀z−1
(MX - Zme + 2 ) c 2 + 𝒎𝒆 − 𝒄𝟐 = (MY - (Z-1) 𝒎𝒆− + ) c2+ 𝑚𝜈 c2+𝑸𝑪𝑬
c c2
𝜀z 𝜀z−1
𝑸𝑪𝑬 = (MX - Zme + 2 ) c 2 + 𝒎𝒆 − 𝒄𝟐 - (MY - (Z-1) 𝒎𝒆− + ) c 2 - 𝑚𝜈 c 2
c c2
On néglige une fois de plus la masse du neutrino, et on obtient :

𝜺𝐳 𝜺𝐳−𝟏
𝑸𝑪𝑬 = [(MX - Zme- + 𝟐 ) + (𝒎𝒆 ) - (MY
− - (Z-1) 𝒎𝒆− + )]𝐜𝟐
𝐜 𝐜𝟐
𝜺𝐳 𝜺𝐳−𝟏
𝑸𝑪𝑬 = [MX - Zme- + 𝟐 + (𝒎𝒆 ) - MY
− + (Z-1) 𝒎𝒆− - ]𝐜 𝟐
𝐜 𝐜𝟐
𝑸𝑪𝑬 𝜀 𝜀
Soit
𝐶2
= [MX- MY - Zme- + (Z-1) 𝒎𝒆 + 𝒎𝒆 + ( c2z – z−1
c2
−)] −

𝑸 𝜀z 𝜀z−1
𝑪𝑬
= [ M X - M Y - Zm e- + Z𝒎 𝒆 -𝒎 𝒆
+
𝒎 𝒆 +−( – 2 )] − −
𝐶2 c2 c

Comme on l’a fait pour précédemment, on peut néglige la variation d’énergie de liaison du cortège
atomique. On obtient :
𝑸𝑪𝑬
= [MX - MY ]
𝐶2

La condition énergétique d'une capture électronique :


𝑸𝑪𝑬 > 0  (MX - MY ) > 0  MX > MY (Pas de seuil comme pour β+ )

Comparaison entre capture électronique et désintégration bêta plus

Rappelons les expressions de Q de réaction obtenues pour la radioactivité bêta plus et par capture
électronique :

𝑸𝜷+ ⋍ (MX - MY - 2me-)𝐶 2

𝑸𝑪𝑬 ⋍ (MX - MY ) 𝐶 2

(en négligeant l'énergie de liaison de l'électron sur la couche K)

Par conséquent : 𝑸𝜷+ ⋍ 𝑸𝑪𝑬 − 2me-𝐶 2

Pour qu'une désintégration radioactive puisse avoir lieu, il faut que Q soit positif (car il s'agit d'une
réaction spontanée).

On retiendra donc que, si on considère deux noyaux père et fils X et Y, le bilan énergétique est plus
favorable pour la capture électronique que pour la désintégration (en effet ).
Par conséquent :

 Si la différence de masse atomique entre X et Y est positive et plus élevée que la valeur
(soit 1022 keV) alors les deux types de radioactivité, bêta plus et capture électronique,
sont possibles et sont en concurrence l'une avec l'autre. La radioactivité bêta plus sera d'autant
plus prépondérante que la différence de masse atomique est élevée.

 Si la différence de masse atomique entre X et Y est positive mais néanmoins plus faible que
(soit 1022 keV), la radioactivité par capture électronique pourra être possible alors
que la désintégration bêta plus sera interdite.

Compétition entre capture électronique et émission 𝛽 +

La transition par capture électronique, est permise chaque fois 𝑸𝑪𝑬 > 0  (MX - MY ) > 2me-
La transition par désintégration 𝛽 + est permise si 𝑸𝜷+ > 0  (MX - MY ) > 2me-
8-4 Émissions gamma (γ)

Définition: Pour un noyau, l'émission d'un rayonnement électromagnétique γ est une possibilité
de gagner en stabilité. Cette émission survient après un phénomène de désintégration 𝛼, 𝜷+ , 𝜷− ou de
capture électronique. On peut donc s'imaginer que lors de tels types de désintégration, la topologie des
nucléons dans le noyau n'est pas idéale et que le réarrangement de ces derniers s'accompagnera d'une
diminution d'énergie; cette dernière émise sous forme d'un ou de plusieurs photons γ.

Nous avons donc un schéma:

𝑨 𝑨 𝒎 𝟎 − 𝟎
𝒁𝑿 → 𝒁+𝟏𝒀 + −𝟏𝒆 + 𝟎𝝂

𝑨 𝒎 𝑨
puis: 𝒁+𝟏𝒀 → 𝒁+𝟏𝒀 + 𝜸

où le m signifie "métastable" ou "isomère" (on utilise ce dernier terme lorsque l'émission du rayonnement
à lieu longtemps après la désintégration).
Remarque: "Isomère" veut dire que le noyau est excité. Il se désexcitera avec une période 𝑇1/2.
Généralement 𝑇1/2 est extrêmement petit et les photon(s) sont émis immédiatement après l'électron dans
le cas de notre exemple d'une désintégration 𝜷− . Nous parlons alors d'état métastable ou isomère. Notons
que ces radio-isotopes isomères sont particulièrement intéressants en imagerie médicale.

L'énergie du photon 𝛾 vaut: 𝐐𝛄 = (𝐌𝐘∗ − 𝐌𝐘 )𝐜 𝟐


Il est évident que dans cet exemple, nous avons considéré le cas le plus simple; soit la désexcitation de
noyau 𝒀𝒎 en une seule étape avec émission d'un seul photon 𝜸 qui emporte toute l'énergie. De fait, selon
le radio-isotope, cette désexcitation peut s'effectuer avec de plusieurs photons 𝜸 en cascade.

8-5 Conversion interne

La conversion interne CI est un processus lié aussi à l'émission d'un photon 𝜸. En effet, il se peut
que l'énergie soit transmise directement à un électron du cortège électronique, généralement de la couche
K, qui se trouve éjecté de l'atome. Cet électron est appelé "électron de conversion". La lacune laissée dans
le cortège électronique est par la suite comblée par un électron des couches supérieures et ainsi de suite.
On a donc, comme dans le cas d'un processus de désintégration de capture électronique, un réarrangement
du cortège électronique caractérisé par l'émission de rayons-X caractéristique de l'élément Y.
L'énergie transmise vaut: 𝑇𝑒 − = 𝑇𝛾 − 𝑇𝑏

avec 𝑇𝑒 − étant l'énergie cinétique de l'électron émis, 𝑇𝛾 l'énergie du photon percutant l'électron, 𝑇𝑏 ,
l'énergie de liaison de l'électron considéré (K, L, M,...)

L'énergie du photon 𝜸 est transmise directement à un électron qui est éjecté, laissant une place vacante,
qu'un électron d’une couche de plus haute énergie peut venir remplir, causant un dégagement d’énergie.
Cette énergie peut causer l’émission d’un photon ( fluorescence X) ou être transmise à un électron
atomique qui sera éjecté de l’atome cet électron est appelé "électron Auger"

L'électron Auger éjecté provient principalement d'une orbitale externe et son énergie est l'énergie
caractéristique du rayon-X moins son énergie de liaison. L'énergie des électrons Auger est donc faible
(quelques [keV]) par rapport à une particule 𝜷− ou CI et sont souvent réabsorbés à l'intérieur de la
source. Le processus d'émission d'un électron Auger est favorisé pour des éléments à faible numéro
atomique à cause de leurs faibles énergies de liaison électronique.

Lors d'un réarrangement du nuage électronique tel que le passage d'un électron de la couche L à la couche
K, l'énergie du rayon-X émis vaudra 𝑇𝐾 − 𝑇𝐿 . Cette différence d'énergie étant supérieur à l'énergie de
liaison d'un autre électron se trouvant sur la couche L, ce dernier sera alors émis avec l'énergie cinétique:

(44.159)

A leurs tours, les 2 vacances laissées sur la couche L sont comblées par des électrons des couches
supérieures. Fluorescence et électron Auger sont en compétition. Il se peut même que plusieurs électrons
Auger soient émis lors de la désexcitation de l'atome. On parle alors de "cascade Auger" laissant l'atome
considéré fortement ionisé, ce qui peut le conduire à l'explosion coulombienne de la molécule dont il fait
partie.

8-6 Les émetteurs de neutrons


Il existe un petit nombre de nuclides provenant d’une désintégration β− qui émettent un neutron pour se
stabiliser. On appelle ces éléments des précurseurs. Le krypton 87 est un de ces éléments.

𝑇=55,6 𝑠
87 87∗ −
35𝐵𝑟 → 36𝐾𝑟 + 𝛽
87∗ 86
36𝐾𝑟 ⟶ 36𝐾𝑟(𝑠𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒) + 𝑛

Signalons également la relation de désintégration du béryllium qui permit à Chadwick de


mettre en évidence la présence du neutron en 1933 :
9 12
4𝐵𝑒 + 𝛼 → 6𝐶 + 𝑛

8-7 La fission spontanée et la fission induite

La fission nucléaire est l'éclatement d'un noyau instable en deux noyaux plus légers et quelques
particules élémentaires. Cet éclatement s'accompagne d'un dégagement de chaleur.

8-7-1 Fission nucléaire spontanée :


On parle de fission nucléaire spontanée lorsque le noyau se désintègre en plusieurs fragments sans
absorption préalable d'un corpuscule (particule subatomique). Ce type de fission n'est possible que pour
les noyaux extrêmement lourds. Dans ce cas les forces électrostatiques entre protons sont supérieures aux
forces nucléaires. L'énergie de liaison par nucléon est alors plus petite que pour les noyaux moyennement
lourds qui sont formés à l’issu de la fission.
L'uranium 235 (dans une très faible proportion cependant) est le seul élément naturel fissible8. Les
plutoniums 240 et 244 et surtout le californium 254 sont par exemple des noyaux artificiels spontanément
fissiles.
Au cours d’une fission nucléaire spontanée, le noyau se scinde en deux parties, appelées fragments
de fission, et émet un certain nombre de neutrons. Ce processus se note :
A∗ A1 A2
ZX → Z1PF1 + Z2PF2 + 𝑥 neutrons

8-7-2 Fission nucléaire induite :


La fission induite a lieu lorsqu'un noyau lourd est bombardé à l’aide d’une autre particule
(généralement un neutron) et que le noyau ainsi composé se désintègre alors en plusieurs fragments. C’est
sur ce processus que sont fondés les réacteurs nucléaires.
Cette réaction s’écrit :

𝑛 + A∗ZX → A1
Z1PF1 + A2
Z2PF2 + 𝑥 neutrons + Energie

La fission induite de l'uranium 235 par absorption d'un neutron est la réaction de ce type la plus connue.
Voici deux exemples émettant respectivement 2 et 3 neutrons.

87
𝑛 + 235
92𝑈 →
236∗ 147
92𝑈 → 57𝐿𝑎 + 35𝐵𝑟 + 2𝑛
𝑛 + 235
92𝑈 →
236∗ 147 86
92𝑈 → 60𝑁𝑑 + 32𝐺𝑒 + 3𝑛

Remarque : une réaction nucléaire 𝑋 + 𝑥 → 𝑦 + 𝑌


peut aussi s’écrire 𝑋(𝑥, 𝑦)𝑌 ou simplement
réaction(x,y).

8-8 La fusion
La fusion nucléaire (ou thermonucléaire) est le processus dans lequel deux noyaux atomiques
s’assemblent pour former un noyau plus lourd. Cette réaction est à l’œuvre de manière naturelle dans le
Soleil et la plupart des étoiles de l'Univers, dans lesquelles sont créés tous les éléments chimiques autres
que l'hydrogène et la majeure partie de l'hélium.
La fusion nucléaire dégage une quantité d’énergie colossale par unité de masse, provenant de
l’attraction entre les nucléons due à l’interaction forte. La masse des produits d'une réaction de fusion
étant inférieure à la somme des masses des noyaux fusionnés, la différence est transformée en énergie
cinétique (puis en chaleur).

Considérons deux protons. Ceux-ci se repoussent selon la loi de Coulomb. Si ces protons se
rapprochent à une distance r ~ 10 fm, l’interaction forte domine (attraction entre les protons) et la réaction
nucléaire suivante peut intervenir.
1 1 2 +
1𝐻 + 1𝐻 ⟶ 1𝐻 + 𝑒 + 𝜐
2
Le noyau 1𝐻 = D est un noyau de deutérium, isotope de l’hydrogène qui intervient dans la
composition de l’eau lourde (D2O):
Un noyau de deutérium peut alors fusionner avec un noyau d’hydrogène suivant la réaction
suivante :
2 1 3
1𝐻 + 1𝐻 ⟶ 2𝐻 + 𝛾
où 𝛾 est un photon et 32𝐻 un isotope de l’hélium.
Enfin, une dernière réaction conduit au noyau stable d’hélium et d’hydrogène :
2 32𝐻𝑒 ⟶ 2 11𝐻 + 42𝐻𝑒
Le bilan de ces réactions est le suivant :

8
Les noyaux atomiques qui peuvent fissionner sont dits « fissiles » s'ils peuvent subir une fission avec des neutrons rapides
ou lents ou « fissibles » s'ils peuvent subir une fission avec seulement des neutrons rapides.
4 11𝐻 ⟶ 42𝐻𝑒 + 2 01𝑒 + + ⋯

Quatre noyaux d’hydrogène dont l’énergie de masse est


4𝑚𝑝 𝑐 2 ≃ 3753, 2 MeV, fusionnent pour former un noyau d’hélium dont
l’énergie de masse est 3727, 4 MeV et deux positons de masse égale à
celle de l’électron (2𝑚𝑒 𝑐 2 ≃ 1,022 MeV):
On obtient Q = 3753,2 - (3727, 4 + 1,022) = 24; 778 MeV ≃ 25 MeV:

Lors de la fusion d’éléments légers en un élément lourd, l’énergie de


liaison par nucléon augmente : ces réactions sont donc exoénergétiques
(voir la figure ci-contre).

9 - Les lois de désintégration radioactive

La désintégration radioactive est un phénomène aléatoire. Tous les noyaux radioactifs ne se


désintègrent pas à la même vitesse. Chaque désintégration est un événement indépendant et on ne peut
pas prévoir à quel moment un noyau donné va subir une désintégration. Lorsqu’un noyau se désintègre, il
est transformé en un autre nucléide, qui peut être radioactif ou non.
La désintégration d'un nucléide est indépendante des conditions physiques (température,
pression, ...) dans lequel il se trouve et de son état chimique (libre ou combiné en molécules).

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