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La RADIOPROTECTION

BASES PHYSIQUES

1- CARACTERISTIQUES DES RADIO-ELEMENTS

1.1 Atome, isotope radioactif et sources


z L'atome est constitué d'un noyau chargé positivement autour duquel gravitent les électrons
chargés négativement.
Le noyau est composé de nucléons -protons chargés positivement
-neutrons
Le nombre d'électrons ( -) est égal au nombre de protons ( + ) et ces particules sont
reliées entre elles par des liaisons très fortes.

L'atome est électriquement neutre et stable A = Z + N


A nombre de nucléons ou nombre masse
Z nombre de protons ou nombre atomique
N nombre de neutrons

z L'isotope radioactif est la forme instable d'un même élément chimique où Z est identique et
N est différent.

Il a les mêmes propriétés chimiques mais est caractérisé par un certain nombre de propriétés
physiques dont il faut tenir compte en radioprotection.
Exemple : Iode 53I - 53120I -53121I -53123I - 53125I - 53126I -53131I
Lorsque les conditions d'équilibre (rapport proton/neutron) ne sont pas respectées, le nucléide
se transforme spontanément en émettant des rayonnements de nature corpusculaire ou
électromagnétique.
L'élément rendu instable en raison d'une énergie excédentaire est appelé radioélément ou radio
isotope.

z Une source scellée est constituée de substances radioactives solidement incorporées dans
des matières solides et effectivement inactives ou scellée dans une enveloppe inactive
présentant une résistance suffisante pour éviter dans les conditions normales d’emploi toute
dispersion de substance radioactive.
Une source non scellée est une source dont la présentation et les conditions normales
d’emploi ne permettent pas de prévenir toute dispersion de substance radioactive.

1.2 Caractéristiques physiques


1.2.1 Nature du rayonnement
α Ce type de désintégration ne s'observe que pour les atomes très lourds (Z > 82)
Une particule α est constituée de 2 protons et de 2 neutrons (soit le noyau d'hélium)
Les particules sont émises avec une très grande énergie ( de 1 à 10 MeV)
Très vite absorbées par la matière, elles ont un parcours et un pouvoir pénétrant faibles
Ex. : Radium, Plutonium, Uranium...(corps naturels)

β La particule émise peut être :


- un électron négatif ou négaton: il s'agit de désintégration β -
Il résulte de la transformation d'un neutron en proton -ex. : 32P- 131I- 137Cs
- un électron positif ou positon: il s'agit de désintégration β +
Il résulte de la transformation d'un proton en neutron -Ex. : 22Na- 58Co
L'énergie des particules β peut varier de 18 keV à 6 MeV
L'électron pénètre plus profondément la matière et son parcours moyen dépend de son
énergie

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Une particule β peut être déviée par interaction avec les électrons ou les noyaux des
atomes du milieu.

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γX Photons de nature électromagnétique analogues à ceux de la lumière (λ est plus
courte, E est plus grande), assimilés à des corpuscules sans charge
Les photons γ proviennent du réarrangement des nucléons par changement dans les
niveaux d'énergie, après une désintégration α ou β

Les photons X résultent :


- du ralentissement des électrons dans la matière (rayonnement de freinage)
- du changement de niveaux d'énergie des électrons sur une orbite interne
Les photons ont un parcours long et un pouvoir pénétrant. Ex. : 51Cr -137Cs –131I
L'absorption des rayonnements électromagnétiques se fait selon 3 modes :
- par effet photo-électrique: la totalité de l'énergie du photon est transférée à un électron
périphérique -le photon γ disparaît
- par effet Compton: une partie de l'énergie du photon est transférée à un l'électron
périphérique celui-ci est éjecté, l'énergie restante est émise sous forme de rayonnement
diffusé
- par phénomène de matérialisation: il y a formation de paires d'électrons de signe
opposé en s'annihilant, l'énergie perdue correspond aux 2 particules, se retrouve sous
forme de 2 photons émis à 180° l'un de l'autre

n neutrons sans charge, insensibles aux champs électriques intenses, ils perdent leur
énergie par collision avec les noyaux des atomes rencontrés. Ils traversent les métaux
lourds mais sont ralentis et absorbés par la matière contenant des atomes légers

1.2.2 L'énergie, E, d'un rayonnement émis, spécifique du radio-isotope.


C'est l'énergie cinétique acquise par un électron soumis à une différence de potentiel de 1 volt
L'unité est l'électron-Volt: eV 1 eV = 1,6. 10 -19 joule

L'énergie de liaison entre nucléons est considérable. Celle des électrons périphériques est
beaucoup plus faible
On est amené à utiliser les multiples: keV ou MeV

1.2.3 L'activité, A, pour une quantité donnée de radionucléide est le nombre de


transformations nucléaires spontanées, par unité de temps, à un temps donné.
L'unité est le Becquerel Bq I Bq = I transition par seconde ou I désintégration par seconde

I Bq = 0,27. 10-10 Ci I MBq = 0,27.10-4 mCi


I Ci = 3,7. 1010 Bq 1 mCi = 3,7.107 Bq

L'activité dépend de la constante radioactive λ, caractéristique d'un radionucléide donné, elle


exprime la probabilité de désintégration.
Il est ainsi possible de quantifier la matière radioactive présente.
Al t =A 10 .e - λ t A Activité
λ Constante radioactive
1.2.4 La période, T, période physique
C'est le temps au bout duquel l'activité du radionucléide a diminué de moitié.
Elle peut varier de quelques fractions de seconde à plusieurs milliards d'années.
ex: Polonium 212 T: 3. 10 -7 secondes Uranium 238 T: 4,5 milliards d'années.

La décroissance du phénomène est exponentielle.


La période varie en raison inverse de la constante λ .
Elle conditionne la radio toxicité du radionucléide.

A = ln2 x N / T

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1.3 Origine de la radioactivité
L’origine de la radioactivité peut être naturelle ou due aux activités humaines. Dans les
rayonnements d’origine naturelle, on distingue les rayonnements cosmiques et les
rayonnements telluriques. La dose efficace annuelle liée à cette exposition naturelle est estimée
à 2,4 mSv (40 % pour l’exposition externe, 60 %pour l’exposition interne).

1.3.1 Rayonnement cosmique


Les particules de haute énergie provenant de la galaxie ou du soleil interagissent en cascade
avec les constituants de l’atmosphère ; on estime la dose efficace annuelle à 0,38 mSv par an
Celle-ci varie principalement avec l'altitude et de façon moins importante avec la latitude.
D’autre part, les rayons cosmiques agissant sur les atomes de l'air (3H, 7Be, 14C, 22Na)
produisant des radionucléides cosmogéniques qui peuvent être incorporés par l’homme et
retrouvés à l'état de traces dans le corps humain.

1.3.2 Rayonnement tellurique


Il est produit par les radioéléments persistants dans la croûte terrestre depuis la formation de la
terre il y a 4,5 milliards d'années et leurs descendants, notamment l’uranium 238, le thorium
232, et le potassium 40.
L’exposition externe des individus résulte des émissions gamma émises lors de la
désintégration des radionucléides de la croûte terrestre ; la dose efficace annuelle est en
moyenne de 0,46 mSv mais peut varier significativement avec la quantité de radionucléides
naturels du sol.
Elle est minime par rapport à la part de l’exposition interne provenant de radionucléides
présents en petite quantité dans l’alimentation ou l’eau de boisson et surtout du radon (222Rn).
L’exposition au radon à l’air libre est faible et varie peu (valeur moyenne de 10 Bq.m-3) ; par
contre, l’exposition à l’intérieur des habitations est variable en fonction de la géologie du sol et
des caractéristiques de la construction (matériaux, ventilation…) ; la concentration moyenne
évaluée par les Nations Unies est de 40 Bq.m-3.

1.3.3 Exposition artificielle


Pour la population générale, le domaine médical en représente la plus grande part, suivi des
retombées consécutive aux essais nucléaires et très anecdotiquement des diverses sources de
la vie courante.

La dose délivrée concernant l’exposition médicale est due principalement au radiodiagnostic du


fait du nombre important d’examens pratiqués, de la variation des techniques employées et des
caractéristiques des appareils. La radiothérapie met en œuvre des doses beaucoup plus
élevées mais sur un nombre restreint de patients. Enfin, l’apparition dans les techniques
médicales de la radiologie interventionnelle participe également à ce type d’exposition. On peut
estimer que la dose efficace individuelle moyenne annuelle dans les pays développés est de
1 mSv.
Les expositions industrielles ou domestiques ne contribuent que pour une part infime de
l’exposition de la population générale.

1.3.4 Exposition professionnelle


L’exposition professionnelle touche environ 150 000 travailleurs ; il s’agit surtout d’exposition
externe, plus rarement interne lors d’utilisation de sources non scellées.
Les utilisations industrielles sont diverses ; parmi les personnes professionnellement les plus
exposées, on peut citer les membres des professions médicales, les travailleurs de centres de
recherche utilisant des substances radioactives, les travailleurs de l’industrie nucléaire et les
travailleurs de secteurs industriels utilisant des sources scellées ou non (radiographie
industrielle, irradiateurs agro-alimentaires, jauges radiométriques…).

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2 - VOIES D’EXPOSITION ET EFFETS

2.1 Exposition externe


Le mode d’exposition est fonction de la position de la source par rapport à la personne.
Lorsque la source du rayonnement est extérieure à l’organisme, il s’agit d’exposition externe.
La source peut se trouver :
• soit à distance (générateurs électriques ou de sources scellées ou non),
• soit au contact de la peau, lorsqu’elle est souillée par des substances radioactives sous
forme de sources non scellées.

2.2 Exposition interne


L’exposition interne est due au rayonnement de substances radioactives sous forme de sources
non scellées, incorporées à l’organisme après y avoir pénétré par une ou plusieurs des 4 voies
d’introduction possibles : inhalation, ingestion ,voie oculaire (gaz, aérosols…), voie percutanée
lors de toute altération cutanée ou plus rarement à travers une peau saine.

2.3 Mode d'action - effets biologiques


z Les mécanismes physiques d’interaction entre les particules et la matière sont variés et
complexes : ils dépendent principalement de la masse de la particule et de son énergie.

• L'action des rayonnements sur la matière, en cédant une partie W de leur énergie, lors
d'interactions avec les atomes rencontrés, conduit à 2 effets: l'excitation, l'ionisation.

Si West inférieure à l'énergie de liaison E1de l'électron rencontré, il y a excitation.


L'électron est projeté sur une couche périphérique -l'atome est devenu instable.
Il faut une énergie de 4 eV pour rompre une liaison C-H.

Si West supérieure à l'énergie E1, il y a ionisation.


L'électron est arraché à une couche périphérique.
L'ionisation est directe avec les rayonnements α ou .β.
L'ionisation est indirecte avec les rayonnements X γ ou neutroniques, c'est-à-dire lors
d'ionisations provoquées par les particules mises en mouvement au cours d'interactions
primaires.

• Lors de l’interaction d’un électron avec un noyau, il se produit un changement de


direction de l’électron. Celui-ci s’accompagne de l’émission d’un photon X dont l’énergie
est prélevée sur celle de l’électron incident, qui est donc ralenti; le rayonnement émis
est désigné sous le nom de rayonnement de freinage.

• Les effets des rayonnements ionisants sur l’homme résultent d’un transfert d’énergie à
la matière (proportionnel au T.L.E.) conduisant à des ionisations et excitations
électroniques.
Le TLE (transfert linéique d’énergie) permet de quantifier la distribution de la dose dans
le temps et dans l’espace ; il est le reflet de la densité des ionisations le long de la
trajectoire d’une particule.
La densité des dépôts d'énergie et la distribution des ionisations dépendent de la nature
du rayonnement.
Le TLE est exprimé en keV par micron.

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z Les effets biologiques

Réactions radio chimiques : Ionisations et excitations sont à l’origine de réactions radio


chimiques aboutissant à la formation de radicaux libres, essentiellement les produits de la
radiolyse de l’eau H . et OH . et plus accessoirement de solutés organiques, aggravée par la
présence d’O2 et en cas de T.L.E. élevé.

Lésions moléculaires
La principale cible moléculaire cellulaire est l’A.D.N. en raison de la gravité potentielle de
l’expression de ses atteintes lors des phases de réplication et transcription.

En fait, nombre de lésions, ruptures simple chaîne, lésions des bases, modification des sucres,
modifications structurales peuvent être réparées par les systèmes de réparation de l’A.D.N.
(excision-resynthèse, recombinaison post réplicative, réparation S.O.S.) ; seules les ruptures
double-chaînes sont difficilement réparables. Ces atteintes ont, en fait, de faibles conséquences
géniques en raison de l’importance de la proportion des introns dépourvus de traduction et du
faible nombre de gènes qui s’expriment.

Les atteintes cellulaires


Elles conduisent :
Š à des effets déterministes, obligatoires, à seuil, par mort cellulaire, immédiate ou différée à
l’une des 7 ou 8 mitoses suivant l’exposition ou par mutation conduisant à l’élimination des
cellules touchées par le système immunitaire ; ces effets sont quantifiés par la valeur de la
dose seuil (de l’ordre du gray) à partir de laquelle la prolifération cellulaire est insuffisante pour
compenser les morts cellulaires :

Š à des effets stochastiques, aléatoires, sans seuil, dus :


* à une mutation cellulaire somatique conduisant après initiation, promotion et
progression au développement de cancers et leucémies, quantifiables après étude de
populations exposées par un facteur de risque égal à 4,8 x 10-2 Sv-1.homme-1,

* et à une mutation cellulaire des cellules sexuelles se traduisant dans la descendance,


mal démontrée chez l’homme, mais estimable par un facteur de risque élaboré à partir
d’études animales de 1,5 x 10-2 Sv-1homme-1.

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3- EVALUATION DU RISQUE : GRANDEURS ET UNITES

• La dose absorbée D correspond à l’énergie communiquée par les rayonnements ionisants


à la matière. L’unité légale est le gray (Gy), dose absorbée dans une masse de matière de
1 kilogramme à laquelle les rayonnements ionisants communiquent en moyenne de façon
uniforme une énergie de un joule. Le débit de dose absorbée s’exprime en Gy s-1 h-1

• A dose absorbée égale, les effets biologiques peuvent être différents en fonction de
certains facteurs dont la nature du rayonnement et les conditions d’exposition. On a défini
une valeur WR dite facteur de pondération radiologique (anciennement appelé facteur
de qualité), qui est le reflet de la nocivité plus ou moins importante du rayonnement par ses
effets stochastiques. Ainsi, pour une même dose absorbée, les rayons α sont beaucoup
plus destructeurs que les rayons γ. Les rayons X (et photons γ) ont été pris comme
référence WR = 1 et on a estimé que pour les rayons α et neutrons, WR = 20, les rayons β,
WR = 1.

• La dose équivalente H reçue par un organe ne se mesure pas mais se calcule, elle est
égale au produit de la dose absorbée par le facteur de pondération :H = WR . D. L’unité est
le sievert (Sv) et les sous-multiples le milli sievert (mSv) et le micro sievert (µSv).

• La dose efficace est égale à la somme des doses équivalente délivrées aux différents
tissus et affectées d'un facteur de pondération tissulaire tenant compte de la radiosensibilité
propre à chaque organe.

• La dose engagée apprécie l'exposition interne reçue en 50 ans au niveau d'un organe,
d'un tissu ou de l'organisme entier par suite de l'incorporation de un ou plusieurs
radionucléides. Cette notion fait appel à la période biologique d'un élément.
On définit la période biologique Tb d'un élément donné comme le temps au bout duquel la
moitié de l'élément absorbé aura été éliminé de l'organisme, de l'organe ou du tissu.
La période effective Te d'un radioélément absorbé est la résultante de la période
radioactive Tr et de la période biologique ainsi déterminée :
3
Tr x Tb Exemple : H Tr 12,3 ans
Te = Thymidine Tb 10 jours
Tr + Tb Te 9,97 jours

Rappel des grandeurs utilisées en radioprotection

Grandeurs Unités Définitions


Energie E électronvolt (eV) 1 eV = 1,6.10 -9 joule
Activité A becquerel (Bq) Nombre de désintégrations par seconde
ancienne unité : curie (Ci)
1Ci = 3,7. 10 10 Bq
1 Bq = 2,7 10-11 Ci
Dose absorbée D gray (Gy) Energie communiquée à la matière par unité de
-1 masse
1Gy = 1 J.kg
Débit de dose gray/heure (Gy.h-1) Energie reçue par la matière exposée par unité
de masse et par unité de temps
Dose équivalente H sievert (Sv) Effet biologique sur les tissus exposés (irradiés)
Dose efficace E sievert (Sv) Effet biologique sur l’ensemble de l’organisme
3 6 9 12
Des multiples de ces unités sont fréquemment utilisés (kilo (k) = 10 ; méga (M) = 10 ; giga (G) = 10 ; téra (T) =10 )
-3 -6 -9 -12
ainsi que des sous-multiples (milli (m) = 10 ; micro(µ) = 10 ; nano (n) = 10 ; pico(p) = 10 ).

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RADIOPROTECTION

4- SITUATIONS A RISQUE

4.1 Dose reçue


• Elle est :
- proportionnelle à l'activité du radioélément, à l'énergie des particules, à la durée
d'exposition, à la période, à la nature du rayonnement
- inversement proportionnelle au carré de la distance l/d2. (pour les radionucléides
les plus couramment utilisés dans les laboratoires de recherche biologique).

• Elle dépend :
- des modalités d'exposition
exposition externe: sources situées en dehors de l'organisme (irradiation)
. à distance
. au contact de la peau
exposition interne: sources non scellées incorporées à l'organisme entraînant
une contamination par une des 4 voies de pénétration
. inhalation
. ingestion
. voie transcutanée
. voie directe (piqûre, brûlure, plaie, altérations cutanées. ..)

- de la forme physico-chimique du radioélément


De cette forme dépend en partie sa toxicité. En s'incorporant dans le corps humain, il
suit le métabolisme du même élément dans sa forme inactive. Son élimination suivra la
période effective

- des effets biologiques spécifiques sur la cellule

- de la radiosensibilité des tissus exposés.

4. 2 Situations à risques dans le laboratoire


Les radioéléments utilisés en biologie sont les isotopes des éléments présents dans la matière
vivante, soit H, C, S, P, I.... Sont donc souvent utilisés le 3H, 14C, 32P, 33P, 35S, 125I, 45 Ca...

Exposition externe, assez peu rencontrée compte tenu des radioéléments utilisés et de leur
faible activité à l’exception du 32P (40 kBq de 32P sur 1 cm² de peau délivre un débit
d’équivalent de dose de 70 mSv.h-1 )
Elle est quasiment nulle pour le 3H, 14C, 35S.
Exposition interne, la plus fréquente compte tenu des différentes manipulations nécessaires
au cours d’une expérimentation donnée.
Pour tous les radioéléments en sources non scellées, le risque d’exposition interne est constant
dans la mesure où le risque de dispersion sur le lieu de travail et dans l’atmosphère est toujours
possible lors d’une manipulation. Il sera d’autant plus important que le produit est volatil ou que
la manipulation génère des aérosols.
Le risque cumulé d’une exposition externe et interne n’est donc pas négligeable pour le
manipulateur et pour son environnement de travail.

4.3 Comparaison de quelques données:environnement-médical-laboratoire


Organisme humain 6000Bq 0,18 mSv/an
Eau de mer 13 Bq/l
Radio pulmonaire 1 mSv
A.R. Paris New York 0,02 mSv
Autour d’une centrale 0,01 mSv
Radon moyenne en France 1,3 mSv
Iodation 125I avec 18,5 MBq 0,10 mSv expo. interne
Manipulation de 32P 1850 kBq 1,3 mSv expo externe

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5- LIMITER LES EXPOSITIONS

5.1 Principe de radioprotection (ALARA)

Les fondements de la réglementation française en matière de radioprotection reposent sur les


recommandations de la Commission Internationale de Protection Radiologique CIPR . Celles-ci,
reconnues par l’ensemble de la communauté scientifique, présentent un caractère international.
Il appartient à chaque pays de mettre en place au moins cette réglementation sur un plan
technique et organisationnel.

Les principes généraux sont les suivants :


- la justification de l’emploi de radioéléments. Cela vise à réduire les utilisations inutiles et
oblige l’éventuel utilisateur à effectuer des demandes d’autorisation auprès des autorités
officielles (IRSN, DGSNR/CIREA, ICPE...)
- la limitation des activités a pour objectif de réduire le risque d’exposition et donc de faire
respecter les limites individuelles d’exposition dans la mesure où il est admis qu’à toute dose
correspond un effet stochastique
Ces limites sont quantifiées mais sont susceptibles d’être révisées en fonction des nouvelles
connaissances sur les effets, en particulier sur les effets à long terme
- l’optimisation a pour but d’inciter à mettre en oeuvre des activités de sorte que « les doses
soient les plus faibles possible que l’on puisse raisonnablement atteindre » (ALARA)
La limite fixée, pour l’exposition professionnelle ne constitue donc pas un « crédit de dose »
mais doit représenter la « borne ». Il faut tout mettre en oeuvre pour ne pas l’atteindre.

5.2 Réglementation
Le décret n° 86-1103 du 2 octobre 1986 modifié, transcription de la CIPR 29, est la
réglementation actuelle en vigueur.
Elle vise tous les établissements soumis aux dispositions en matière d’hygiène et de sécurité du
Code du travail, mais ne concerne pas les installations nucléaires de base (INB).
Les différents textes réglementaires portent sur :
- la classification du personnel
- les limites d’exposition
- les expositions exceptionnelles
- la formation et l’information du personnel
- les formalités administratives
- les mesures d’ordre technique
- la prévention médicale
- la protection de l’environnement

L’Union européenne a adopté les dernières recommandations de la CIPR 60 dans une


Directive 96/29 EURATOM du Conseil parue le 13 mai 1996. Les états membres se doivent
de la transcrire dans leur législation. La France ne l’a mise en œuvre que pour partie : la
protection du public et la nouvelle organisation de la radioprotection.
L’ordonnance du Président de la République de mars 2001 en a donné l’esprit. Seuls les
décrets et les arrêtés d’application permettront de prendre les mesures pratiques de
radioprotection.
Les grands principes de la directive sont les suivants :
z Obligation de déclaration et d’autorisation en fonction des quantités et concentrations
d’activité par unité de masse définis dans l’annexe 1 de la directive
z Limitation de dose efficace pour la population est de 1 mSv par an (ou moyenne de 1 mSv
par an sur 5 ans)
z Protection radiologique, en particulier nouvelles limitations de doses pour les travailleurs
exposés : les expositions doivent être maintenues à un niveau aussi faible qu’il est
raisonnablement possible
la dose efficace est de 20 mSv en moyenne annuelle - sur 5 ans (100 mSv sur 5 ans)
et 50 mSv au cours d’une année quelconque
la limite pour le cristallin est de 150 mSv par an
la peau 500 mSv
les extrémités 500 mSv
la limite grossesse 1 mSv (dose équivalente au fœtus pendant la grossesse)

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5.3 Organisation administrative
5.3.1 Autorisation
La détention et la manipulation de produits radioactifs en sources non scellées feront toujours
l’objet d’autorisation dans la nouvelle réglementation. Les modalités ne sont pas encore
connues. Actuellement et à titre provisoire, les dossiers d’autorisation sont toujours à adresser
à l’IRSN. Elle porte sur les radioéléments utilisés, les locaux, les moyens de protection et de
contrôle, la formation et le suivi médical du personnel, le contrôle des déchets.
Elle est subordonnée à la présence d’une personne compétente en radioprotection.

5.3.2 Personne compétente en radio protection PCR


Sa formation et ses fonctions sont définies dans un cadre législatif.
• Elle doit avoir suivi avec succès une formation par un organisme agréé par le Ministère du
Travail, de la Santé, de l'Agriculture et de l'Industrie, définie par l’arrêté du 25 novembre
1987.
• Elle est sous la responsabilité du "Chef de Service", et en liaison avec le C.H.S. et
l'ingénieur d 'hygiène et de sécurité.
• Elle a un rôle d'intervention, de contrôle, de formation.
• Elle doit tenir à jour le registre d’entrée et de sortie de matières radioactives
• Elle doit pouvoir :
- connaître toutes les qualités et quantités des radioéléments commandés
- effectuer l'analyse des postes de travail
- veiller au respect des mesures de radioprotection
- connaître le fonctionnement des appareils, les risques encourus et les mesures à
prendre pour les prévenir
- élaborer une consigne écrite qui devra être affichée dans les laboratoires
- gérer les déchets et leur prise en charge par l'A.N.D.R.A
- apporter une formation ponctuelle à tout nouvel arrivant et une information pour tout
problème précis, en particulier à la mise en oeuvre d'un nouveau protocole
- avertir les femmes enceintes des limites imposées par la législation

6 - REDUIRE LE RISQUE

6.1 Principe
Le principe essentiel est le confinement. Celui-ci revêt des caractéristiques spécifiques selon
- la nature de l’exposition (externe – interne )
- la source , scellée ou non scellée

6.1.1 Prévention de l’exposition externe


Le principe de confinement est différent en fonction des activités mises en jeu. Le choix de
travailler dans l’une ou l’autre zone appartient au manipulateur avec l’aide de la personne
compétente. Les différents moyens de prévention sont :

z La distance
Pour une source ponctuelle, le débit de dose équivalent obéit à la loi de l’inverse carré de la
distance.Si H1 et H2 sont les débits de dose équivalentes, respectivement aux distances l1 et l2
H1/l2 2 = H2/l1 2

Chaque fois que la distance à la source est doublée, l’équivalent de dose est divisé par 4.

" L’application de cette loi conduit à l’utilisation de pinces à longs bras, de pipette-aide, de
seringues protégées….

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z Les écrans
L’utilisation d’écrans interposés entre la source et le manipulateur est un des moyens de
radioprotection des plus efficaces. Le choix du matériau et de l’épaisseur de l’écran dépend de
la nature et des caractéristiques de la source.

Ecrans contre les rayonnements bêta


Les particules bêta sont absorbées totalement dans des écrans constitués de matériaux de
faible numéro atomique, Z, (plexiglas, plastique) afin d’éviter la production d’un rayonnement
X de freinage.

Ecrans contre les rayonnements X et γ


On atténue les rayonnements X et gamma en disposant autour des sources, des écrans dont
les caractéristiques dépendent de l’énergie du rayonnement et de l’activité de la source ; on
utilise en général des matériaux de numéro atomique élevé (plomb) afin de réduire
l’encombrement.

) On utilise, selon les applications, différents types d’écrans : feuilles ou briques de plomb,
hublots en verre au plomb, enceintes plombées, châteaux de stockage, protège-seringues,
poubelles plombées, feuille de plexiglas, etc...

z Le temps d’exposition
Pour un débit de dose donné, la dose absorbée par l’organisme ou un organe donné est
directement proportionnelle au temps d’exposition.
La rationalisation des opérations, l’utilisation d’équipements adaptés, une bonne coordination
des différentes phases des manipulations, l’entraînement en situation inactive permettent de
réduire au minimum la durée des manipulations.

)Les différents moyens de protection (distance, écrans, temps d’exposition) sont combinés
pour assurer une protection optimale. Dans tous les cas, le respect des bonnes pratiques est
une condition indispensable.

6.1.2 Prévention de l’exposition interne


elle consiste essentiellement dans :
- l’élaboration d’un protocole expérimental
- le choix des zones (surveillée- contrôlée) et des équipements
- les conditions de travail, environnement calme
- le respect des bonnes pratiques (cf. page 19)

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6.2 Manipulateurs
6.2.1 Classement
A partir des valeurs annuelles d’exposition (LA), il est possible de classer les manipulateurs en
2 catégories (décret 86-1103 du 2 octobre 1986 modifié ) :
- catégorie A : « travailleurs directement affectés à des travaux sous rayonnements :
personnels dont les conditions habituelles de travail sont susceptibles d’entraîner le
dépassement des 3/10° des LA (...) »
- catégorie B : « travailleurs non directement affectés à des travaux sous rayonnements :
personnes dont les conditions habituelles de travail sont telles qu’elles ne peuvent normalement
pas entraîner le dépassement des 3/10° des LA (...) »

6.2.2 Formation
Le code du travail impose la formation du personnel à la prévention des risques professionnels.
En conséquence, aucune manipulation avec des produits radioactifs ne peut être effectuée si la
personne n’a pas reçue une information et une formation préalables. Celles-ci peuvent être
dispensées par la personne compétente en radio protection. Il existe également des stages
spécifiques de bonne manipulation en laboratoire organisés.

6.2.3 Surveillance médicale


La prévention et la surveillance médicale du personnel sont définies par différents textes :
- les conditions d’utilisation du dosimètre sont fixées par l’arrêté du 18 avril 1968.
- les modalités d’application de la surveillance médicale, en particulier l’évaluation des
équivalents de doses, sont précisées dans les arrêtés des 31 juillet et 28 août 1991 ( carte de
suivi médical et fiches d’exposition).
En effet, depuis l'arrêté du 31 juillet 1991, la carte individuelle de suivi médical est obligatoire
pour le personnel de catégorie A. Cette carte nationale est remise par le médecin du travail,
seul destinataire des informations (dosimétrie et examen radio toxicologique) pour trois ans et
validée semestriellement.
- toutes les personnes manipulant des produits radioactifs doivent subir un examen médical
tous les ans, voire tous les 6 mois en cas d’exposition importante.
- les femmes enceintes doivent apprécier le risque de façon à ne pas exposer le fœtus à plus
d’1 mSv pendant la durée de la grossesse.
- les femmes allaitantes ne doivent pas manipuler les produits radioactifs.
Le médecin de prévention doit être informé de tout incident ou accident pour une étude de
poste ultérieure.

6.3 Locaux et équipements


6.3.1 Zone surveillée
Une zone surveillée est une zone dans laquelle un dixième des limites de dose annuelle fixées
pour les travailleurs est susceptible d’être dépassé et qui n’est pas considérée comme une
zone contrôlée.
Dans une zone surveillée un travailleur est susceptible de recevoir une dose comprise entre 1
et 6 mSv (Directive) en irradiation globale.
" La zone surveillée doit disposer de surfaces lisses, murs, plafonds, sols, paillasses et être
balisée.

6.3.2 Zone contrôlée


On entend par zone contrôlée toute zone dans laquelle les doses reçues en y travaillant sont
susceptibles de dépasser les trois dixièmes des limites de dose annuelle fixées pour les
travailleurs, soit entre 6 et 20 mSv selon la Directive (pour un horaire de 2.000 heures de
travail par an), en irradiation globale.

L’accès de la zone contrôlée est réglementé. Seuls, les travailleurs de la catégorie A sont
autorisés à y manipuler les radioisotopes de façon habituelle.

Radioprotection - septembre 2002 15


A l’intérieur de la zone contrôlée, les risques d’exposition externe ou interne doivent être
indiqués.
" La zone contrôlée doit faire l’objet d’une délimitation et d’une signalisation appropriées.
En plus des caractéristiques de la zone surveillée, la réglementation impose que ces zones
disposent d’une ventilation spécifique et indépendante (en dépression) et soit équipée d’un sas.
Les points d’eau doivent à commande non manuelle.

" Les consignes de sécurité


Les règles particulières d’hygiène et de sécurité, adaptées à la manipulation des sources non
scellées manipulées et visant à prévenir efficacement les contaminations, doivent être
précisées dans le règlement intérieur et affichées sur les lieux de travail à l’intérieur des zones.

6.3.3 Equipements
Le principe de ces équipements consiste à confiner le risque d’expositions externe et/ou
interne. Dans les laboratoires de biologie, les équipements les plus répandus sont :

- la boite à gants : enceinte ventilée en dépression permettant de manipuler des produits


volatifs. Elle doit être adaptée à la nature du radioélément et munie de filtres ; le contrôle et
l’entretien (changement de filtres) doivent être réalisés par des entreprises spécialisées.

- la sorbonne : elle permet la manipulation de certains produits radioactifs ou d’effectuer


certaines étapes d’une manipulation, évitant la dispersion dans l’atmosphère de la zone et
facilitant la dilution dans l’atmosphère sans risque pour l’environnement (exemple ouverture du
flacon de 35S en raison de l’effet de radiolyse, poursuite des opérations d’iodation).

- les boites en plexiglas pour les opérations de phosphorylation.

- les écrans adaptés au type de rayonnement : plexiglas pour la protection de rayonnements β


énergétiques et en plexiglas plombé pour les rayonnements γ X.

- les petits matériels, type portoirs, boites, conteneurs de source en plexiglas essentiellement
pour la manipulation de 32 P.

Radioprotection - septembre 2002 16


7 - MESURER LE RISQUE

7.1 Exposition du personnel


7.1.1 Dosimétrie : contrôle de l’exposition externe
Elle contrôle l'exposition aux rayonnements (externe et interne). Il en existe plusieurs types
z Le dosifilm
• réglementaire, il est à lecture différée
• il mesure les doses mensuelles de rayonnement
• il repose sur le noircissement produit par les rayonnements dans les émulsions
photographiques
• ce noircissement dépend de la nature et de l'énergie des rayonnements en cause
• des écrans de nature différente permettent d'identifier le rayonnement
• le noircissement mesuré par photomètre est comparé à celui de films ayant reçu une dose
connue
• il mesure l'ensemble des doses reçues
• il ne mesure pas les β tels que H C S
3 14 35

• le seuil de sensibilité est de 0,2 mSv


• il est sensible à la chaleur et à certains agents chimiques (vapeurs de Hg, NH OH) et à
l 'humidité

La durée d’utilisation du dosifilm peut varier de 1 mois à 2 voire 3 mois en fonction du nombre
de manipulations effectuées et des activités utilisées : c’est à l’appréciation de la personne
compétente.
Les résultats sont adressés au médecin de prévention, parfois également à la personne
compétente.

z Le stylodosimètre
Non réglementaire et fragile d'emploi, il permet une lecture en temps réel.
Il indique à chaque instant la dose de rayonnement γ ou X absorbée.
Une sensibilité et une précision trop faibles le rendent mal adapté aux activités de la recherche.

z Le dosimètre radiothermolunescent
Réglementaire depuis 1991, à lecture différée, il est intéressant pour l'étude de poste de travail.
La radio thermoluminescence est la propriété que possèdent certains matériaux à libérer,
lorsqu'ils sont chauffés, une quantité de lumière proportionnelle à la dose du rayonnement
ionisant à laquelle ils ont été soumis.
. le fluorure de lithium présente une réponse équivalente à celle des tissus humains pour les γ
et les X d'énergie < 10 keV.
. le dosimètre à radio thermoluminescence est souvent utilisé pour la mesure des doses des
extrémités des doigts.
. il présente l'avantage d'une lecture rapide, d'être valable dans une large gamme de doses et
insensible au débit de dose absorbé.
La venue de techniques nouvelles permet d'envisager une dosimétrie biologique pouvant
évaluer la gravité d'une exposition par la mesure de paramètres biologiques: indicateurs
hématologiques, cytogénétiques, cytologiques, biochimiques et biophysiques, données
intéressant le médecin lors d'incident ou d'accident radioactif.

z Le dosimètre opérationnel
Celui-ci est obligatoire pour toute exposition externe corps entier supérieure à 50 mSv.
Les activités radiologiques dans les laboratoires de biologie utilisant des sources non scellées
n’entraînent pas, dans les conditions normales une telle exposition.

Radioprotection - septembre 2002 17


7.1.2 Examen radio toxicologique : contrôle de l’exposition interne
Cet examen permet de contrôler la contamination interne éventuelle par les radioéléments en
sources non scellée manipulés. Il s'effectue essentiellement sur les urines mais peut être
pratiqué sur les selles également.
Il est réalisé par l’IRSN sur les urines de 24 heures.
Réglementairement, il est obligatoire pour les personnels de catégorie A tous les semestres,
mais dans le cadre des activités de recherche, cette organisation ne tient pas compte :
. de la période du radioélément (15 jours pour le 32P)
. du rythme irrégulier des manipulations
. des mouvements de personnels, en particulier des étudiants, stagiaires etc...
Il est donc recommandé d'avoir recours à une surveillance opérationnelle en fonction des
manipulations effectuées, à la demande, et à un contrôle exceptionnel en cas d'incident.
Les résultats de ces examens couverts par le secret médical sont adressés au médecin de
prévention.

7.1.3 Examens complémentaires (sur demande médicale)


z Examen anthropogammamétrique
Il est effectué par l’IRSN sur des personnes manipulant des activités d'iode >0,1 GBq
Il est toujours possible de vérifier une éventuelle contamination de la thyroïde pour l'iode à l'aide
d'une sonde SMIX hors des pièces "contrôlées".
z Examen hématologique
En irradiation aiguë, une dose de 0,3 Gy (0,3 Sv) peut entraîner une altération de la formule
sanguine.
Les modifications ne sont ni spécifiques, ni fidèles, d'autres causes interfèrent qui gênent
l'interprétation même en cas de cumul de faibles doses.

7.2 Matériels de contrôle de la contamination surfacique

7.2.1 Les détecteurs doivent présenter différentes qualités :


- la répétatibilité statistique
- la fidélité
- la justesse
- la sensibilité propre
Ils transforment le nombre d’impulsions en signalisation sonore ou optique.
Le choix des détecteurs s’effectue en fonction :
- de ses caractéristiques
- du radioélément recherché (nature et énergie du rayonnement)
- de l’activité mise en jeu
Afin d’estimer la gamme de mesure la mieux adaptée, il est préférable que la gamme de lecture
soit décimale et linéaire

Radioprotection - septembre 2002 18


7.2.2 Il existe 2 types de détecteurs :
- le compteur Geiger Muller
- la chambre d’ionisation
Ils permettent soit de contrôler les surfaces de travail, les mains, le matériel, soit de donner la
valeur du débit de dose, soit de mesurer une contamination volumique (liquide, atmosphère)
avec des efficacités variables, souvent sensibles aux conditions d’ambiance.

7.2.3 Pour interpréter un taux de comptage, plusieurs paramètres interviennent, dont les
principaux sont :
- le rendement de l’appareil
- la surface utile de détection
- le pourcentage d’émission du radioélément
- la gamme d’énergie couverte
- la sensibilité de l’appareil le rendement de l’appareil
L’expression graphique des différentes mesures en fonction de l’énergie se traduit par une
courbe de Gauss.
L’absence de réponse peut signifier : absence d’activité ou activité supérieure aux possibilités
de détection de l’appareil.

Il est admis qu’il y a contamination surfacique lorsque le nombre de coups détectés est
supérieur à 2 fois celui du bruit de fond de l’appareil de détection.

7.2.4 Exemples de détecteurs


z Le Polyradiamètre (type MIP 10 ) équipé :
d'une sonde S~ -G.M. (Geiger Muller) pour les β d'énergie > 30 keV
fenêtre de mica 2 mg/cm2
surface utile 6 cm2
rendement 8 %
d'une sonde S~ -G.M. pour les β d'énergie > 300 keV
fenêtre de verre 56 mg/cm2
d'une sonde SMIX -scintillateur INa (TI) pour les γ X d'énergie > 10 keV
fenêtre aluminium 0,025 mm
surface 8 cm2
d'une sonde SMIX -scintillateur INa (IT) pour les γ X d'énergie de 5 à 300 keV
fenêtre 2/10 mm Be -3 mm
surface 8 cm2
rendement 25 %

z Le radiamètre permet de contrôler une contamination de surface et de d'effectuer les


mesures de débit de dose.
La gamme de mesure varie de 200 à 0,5 µSv /h.
Certains peuvent être équipés de sondes β γ X.

z La babyline est un débitmètre à réponse linéaire qui permet la mesure du débit de dose
absorbée dans les tissus de l'organisme .
Ce détecteur est une chambre d'ionisation à paroi de 7 mg /cm2 pour un volume de 515 cm3,
il permet d'effectuer des mesures pour des photons d'énergie comprise entre 8 ke V et 2 Me V.

z Le contrôleur et mesureur CB11C permet de contrôler le 14C 35S 32P.


Ce détecteur est équipé d'un G.M. à fenêtre de mica 1,5 mg /cm2 , de surface 6 cm2.
Le rendement de détection des β est inférieur à 10 % et des γ de 0,3 %.

7.3 Contrôle des locaux


S'il est envisageable de contrôler une contamination de surface (paillasse, murs, sols...), c’est
une opération nettement plus délicate de contrôler la contamination du plafond d’une pièce
surveillée ou contrôlée. Aussi a-t-on recours à des sociétés spécialisées et habilitées lorsqu’il
s'agit de contrôler et de faire procéder à la décontamination d'une pièce. Il est toujours possible
de demander la visite de l’IRSN pour s’assurer de la conformité des installations.

La personne compétente, dans les milieux de recherche biologique, ne dispose pas du matériel
nécessaire pour effectuer des contrôles d'atmosphère.

Radioprotection - septembre 2002 19


Seul le collecteur de poussière ou d'aérosols radioactifs en suspension dans l’air à surveiller, à
l'aide d'une pompe, sur papier filtre, permet de mesurer l'activité cumulée.
Associé à un ichtomètre, il indique le niveau de contamination atmosphérique.

"Indépendamment de ces contrôles qui peuvent être effectués in situ, des organismes sont
habilités à procéder aux contrôles pour la protection des travailleurs contre les dangers des
rayonnements ionisants (liste publiée régulièrement au JO).

8 - MANIPULER

8.1 Manipuler - bonnes pratiques


z la préparation de la manipulation

s’informer auprès de la personne compétente


lire les consignes et les fiches techniques du radioélément
rechercher le radioélément le moins toxique
l’activité la plus faible
prévoir le matériel pour toute la manipulation
pour les déchets - sacs plastiques - poubelles
pour le contrôle - dosimètre, détecteur -
pour décontaminer - décontaminant - absorbant
établir un protocole
connaître le fonctionnement des appareils le rendement et les limites des
appareils de détection
se souvenir du principe - toute dose à un effet
effet de cumul pour de faibles doses à faible débit sur une
longue période
reconnaître les autres
risques associés chimiques - génotoxiques - biologiques - U.V. - électricité...

z le respect des bonnes pratiques de manipulation


se protéger porter blouse - gants - masques régulièrement renouvelés-
lunettes
adapter la protection dès la source
utiliser les écrans appropriés
manipuler sous une sorbonne -boîte à gants
diminuer le temps d’exposition
augmenter la distance travail-source (pinces)
baliser les locaux (zone surveillée - contrôlée)
la surface de travail - paillasse
le matériel, les préparations radioactives et tout objet contaminé
le stockage de la source - réfrigérateur - congélateur
confiner manipuler dans une zone convenablement ventilée
sur un plateau - sur du papier type Benchkote
sous la sorbonne -
boîte à gants en cas de manipulation d’aérosols ou de
radioisotopes volatils
contrôler les surfaces de travail - le matériel
les mains - blouse - thyroïde - sol - chaussures...
avant de quitter le travail et au moindre doute
gérer les déchets connaître les règles de tri, de conditionnement, d’évacuation, de
traitement
(décroissance ou enlèvement par l’ANDRA
NE JAMAIS manger - boire - fumer -
travailler seul
Radioprotection - septembre 2002 20
8.2 Exemples
32
P - Biologie moléculaire : molécule de (α32P) dCTP ou (α32P) ATP.
Marquage de sondes nucléotiques pour hybridation sur acides nucléiques par incorporation de
cette molécule sur une copie de gène (sonde). Celle-ci ne pourra s’hybrider qu’avec le gène
homologue. Le repérage et la quantification s’effectuent par les techniques d’hybridation :
Southern, Northern Blot.
Activité mise en oeuvre 2000 kBq (50 µCi) - détenue 40 MBq (1 mCi ).
35
S - Biologie moléculaire : molécule de (α35S) dATP.
Utilisation pour gels de séquençage d’ADN par la méthode enzymatique de Sanger.
Les fragments non incorporés sont séparés sur gel de polyacrylamide et leur détection se fait
par autoradiographie.
Activité mise en oeuvre 1500 kBq (40 µCi) - détenue 40 MBq (1 mCi).
- Mesure de la prolifération cellulaire : molécule de méthionine soufrée.
3
H - Mesure de la prolifération d’une population cellulaire en réponse à un stimulus donné :
molécule de thymidine tritiée (tritium porté par le groupement méthyle).
Le marquage des cellules est effectué en pièce de cultures (stérilité pour protéger les cultures)
Activité mise en oeuvre : 40 MBq (1 mCi) - détenue 600 MBq (15 mCi).

125
I - Iodation : molécule d’INa - marquage de protéines solubles
Activité mise en oeuvre de 20 à 80 MBq (0,5 mCi à 2 mCi) - dépôt sur colonne - élution et
fractionnement en aliquots.
- Radioimmunoanalyse, RIA.
Mise en évidence d’un antigène grâce à un anticorps connu dirigé contre un déterminant d’une
protéine soluble. L’antigène se fixe à l’anticorps et est révélé par un autre anticorps marqué
dirigé contre un second déterminant de l’antigène soluble.
Activité mise en oeuvre 400 à 600 kBq (10 à 15 µCi).
51
Cr - Test d’évaluation de la cytotoxicité.
Mesure du relargage du chrome par les cellules cibles marquées.
Le marquage a lieu dans une pièce de cultures pour protéger les cellules.
Activité mise en oeuvre : 4 MBq (100 µCi) - détenue 40 MBq (1 mCi).

14
C - Technique chloramphénicol acetyl transférase assay.
Le chloramphénicol est marqué au carbone 14. Les différentes formes acétylées de
chloramphénicol marqué sont séparées sur gel de silice et analysées par autoradiographie.
Activité mise en oeuvre 40 kBq.

9 - ELIMINER LES DECHETS


Rappels et consignes

• La circulaire du 9 juillet 2001 abroge l’arrêté du 6 juin 1970, prévoit un plan d’élimination des
déchets radioactifs par site, et interdit tout rejet dans l’environnement
• Un déchet radioactif reste une source de rayonnement ionisant
• Prévoir des récipients spéciaux, balisés, étiquetés et appropriés à la nature du produit
• Les déchets ne doivent pas être entreposés dans le laboratoire ou même le service, mais
déposés dans un local adapté dans l'attente de leur enlèvement par l'ANDRA
• Il est recommandé de contrôler l'activité des différents effluents lors de la première
manipulation pour un tri adapté aux activités
• Neutraliser les effluents au fur et à mesure car il n'est pas envisageable d'ajuster le pH d'un
volume de 30 L en raison du risque chimique
• En cas de cultures contaminées (virus, bactéries ) et radioactives ajouter de l'eau de javel
diluée à 7% de la solution concentrée
• Les animaux contaminés morts doivent être conservés congélés (congélateur fermé à clef et
balisé avant d'être enlevés par l'ANDRA)

Radioprotection - septembre 2002 21


Les déchets radioactifs peuvent être éliminés selon 2 modalités en fonction de la période des
radioéléments :
• par décroissance si la période est inférieure à 100 jours.
Les déchets, après décroissance, peuvent être évacués comme déchets ordinaires,
chimiques à condition qu'ils ne présentent aucun signe rappelant la radioactivité (trèfles,
étiquettes...).
On considère qu'il faut 10 périodes pour obtenir une décroissance quasi-totale (activité
résiduelle > 1/1000°) pour les activités manipulées en biologie.

• évacués par l’ANDRA pour les périodes supérieures à 100 jours.


des catégories de déchets sont définis, et doivent être respectées :
SP déchets solides
SL déchets mixtes
LA déchets aqueux
LS déchets organiques
SO cadavres d’animaux radioactifs

10 - EN CAS D’ACCIDENT
Malgré une bonne compréhension du risque, et une bonne information, la négligence,
l'inattention, la fatigue, le stress peuvent être cause d'incident.

" ne pas s'affoler, pour nos activités de recherche, il ne s'agit pas de doses létales
" faire prévenir la personne compétente qui estimera qui il y a lieu de prévenir, l’IRSN
le Médecin de prévention et qui analysera les circonstances de l'incident
" respecter les consignes, confiner le lieu précis de l'incident
L'expérience montre que personne n'est à l'abri d'une contamination.
On peut citer pour exemple quelques contaminations :
• au 32P due à des gants poreux, la personne n'en portait qu'une seule paire
• au 35S due à l'absence de gants sur des mains griffées lors de l'ouverture d'un
flacon de d CTP (35S) congelé sous une hotte à flux laminaire,sans plateau ni
papier Benchkote
• à 125I en fin de marquage, tubes renversés en raison d'une déconcentration au
moment de leur sortie de la boite à gants ou due à la génération d'aérosols par le bris
d'une ampoule en chambre froide. Pour éviter l'incident, il faut non seulement
connaître et respecter les règles de prévention mais également savoir apprécier ses
propres limites

10.1 Conduite à tenir en cas de contamination des lieux de travail

Il y a contamination radioactive lors de la présence indésirable, à un niveau significatif pour


l’hygiène, de substances radioactives à la surface ou à l’intérieur d’un milieu quelconque (décret
n° 66-450 du 20 juin 1966 modifié par le décret 88-521 du 18 avril 1988).
Elle peut résulter d’un incident ou de gestes mal adaptés à l’expérimentation (à l’insu du
manipulateur).

10.1.1 Nature de la contamination


La contamination de l’atmosphère résulte de la dispersion dans l’atmosphère de gaz
radioactifs, de produits volatils (iode par exemple) ou d’aérosols constitués de particules
radioactives.
Les gaz ou les aérosols de faible densité ont tendance à se disperser et donc à se diluer dans
l’air ambiant en fonction de la ventilation des locaux et, en dernière analyse, des conditions
météorologiques. Les particules lourdes retombent aux environs immédiats du point d’émission.
Elle est à l’origine d’une contamination secondaire des surfaces et des personnes.

La contamination des surfaces est un incident relativement fréquent lors de l’utilisation de


sources non scellées (bris de flacons, dispersion de solutions radioactives) lors des
manipulations.

Radioprotection - septembre 2002 22


La contamination peut être :
- non fixée, ce qui facilite la transmission par contact
- fixée : elle adhère fortement aux surfaces
La contamination des surfaces expose les travailleurs aux risques de contamination cutanée et
de radioexposition interne par inhalation de poussières radioactives remises en suspension ou
par ingestion, si les règles d’hygiène et de sécurité ne sont pas respectées.

10.1.2 Moyens de contrôle


Ce sont des détecteurs de rayonnement équipés de sondes adaptées au rayonnement en
cause : β- (au delà de 30 keV) ou γ.
Si une contamination est mise en évidence sur une surface de travail, un prélèvement sur frottis
doit être exécuté. Les frottis sont effectués sur papier filtre circulaire de cinquante millimètres
de diamètre, préalablement imbibé d’alcool ou d’un solvant volatil adapté à la présentation
chimique du radioélément en cause. La radio analyse du frottis doit comporter au moins
l’évaluation des activités totales β ou γ selon la nature du radionucléide.

10.1.3 Décontamination
Une décontamination doit être envisagée après détection de toute contamination.
z Localisation précise de la contamination à l’aide d’un détecteur convenable et délimitation de
la zone contaminée avec un feutre.

z Décontamination
Avant de procéder à la décontamination, faire sortir les personnes présentes après avoir
effectué un contrôle des mains, de la blouse, des chaussures afin d'éviter une dispersion du
produit radioactif et entraîner de nouvelles contaminations.
La décontamination doit être effectuée
• soit par aspiration des solides et adsorption des liquides
• de façon centripète pour ne pas étaler le produit
• ne pas utiliser d'éponge
• puis lavage avec un décontaminant dilué au 1/10ème contenant des agents tensio-
actifs qui, dissous ou dispersés dans un liquide, sont préférentiellement absorbés à
une interface et sont solubles aussi bien dans l’eau que dans l’huile ou les solvants
organiques ; leur intérêt réside dans leur pouvoir mouillant, solubilisant,
émulsionnant et détergent ; exemple, TFD4
• et recueil des objets contaminés (coton -papier -plastique) dans un sac marqué
destiné aux déchets radioactifs solides
• soit par dilution isotopique (acide phosphorique pour le phosphore 32) et recueil
dans les mêmes conditions

10.2 Conduite à tenir en cas de contamination humaine


La contamination cutanée est due à la présence de radionucléides sur les téguments et les
phanères résultant, soit, d’un dépôt direct, soit, d’un contact avec une surface contaminée.
C’est un incident fréquent dans les laboratoires utilisant des radionucléides en sources non
scellées, en général bénin. Cette contamination entraîne néanmoins une irradiation de la peau
(il suffit de quelques minutes pour que le produit traverse l'épiderme et le derme et génère une
contamination interne) et un risque de contamination interne par inhalation ou ingestion de
poussières radioactives présentes sur la peau ou remises en suspension dans l’air.

L’importance de l’irradiation de la peau dépend :


- des caractéristiques physiques du radionucléide en cause (nature et énergie du rayonnement
émis)
- de l’activité déposée
- du temps de contact avec la peau, donc de l’ancienneté de la contamination et de la précocité
de la décontamination

Radioprotection - septembre 2002 23


La présence de radioéléments sur les téguments est affirmée par l’examen avec un détecteur
de radioactivité qui localise la contamination, en apprécie l’importance et contrôle l’efficacité de
la décontamination.

En cas de contamination localisée, en cas de contact cutané ou oculaire, laver aussitôt,


abondamment à l'eau du robinet, 15 minutes minimum.

Pour éviter de transformer une simple contamination cutanée en contamination interne, les
narines, les yeux, la bouche doivent être protégés, la victime ne doit ni fumer, ni porter les
mains à la bouche.

L’intervention médico-chirurgicale prime la contamination radioactive. Soigner la plaie revient à


réduire la voie de pénétration.

En cas d'inhalation d'iode radioactif libre, contrôler une éventuelle contamination de la thyroïde,
consulter le médecin de prévention et/ou le service de médecine nucléaire et/ou tout autre
service compétent (Institut Curie, IRSN….).

CONCLUSION

Même s’il a été montré que dans la plupart des cas le niveau d'exposition pour le corps entier
en milieu de recherche est inférieur à 15 mSv, il est nécessaire d'avoir toujours présent à
l'esprit.

z Les bonnes pratiques de manipulation pour ne pas ajouter à l'exposition naturelle une
exposition inutile.

z TOUTE DOSE AUSSI FAIBLE SOIT-ELLE A UN EFFET.


l'effet est proportionnel à la dose même pour les très faibles doses. L'absence de seuil ne peut
que nous conduire à la prudence et à prendre en compte la dose efficace, notion servant à
l'évaluation des risques à long terme.

z Craindre l'automatisme qui peut nuire à la vigilance.

z Prendre avec mesure toute information médiatique dont l'objectif n'est pas la radioprotection
en laboratoire.

z Le risque radioactif ne doit être ni minimisé ni surestimé, ne pas le négliger parce que les
activités manipulées sont faibles, il existe un effet de CUMUL.
Le risque n'est jamais tout à fait connu. Il existe une marge d'incertitude, en particulier pour le
calcul du risque aux faibles doses, à faible débit sur une longue période.
Il n'existe aucun seuil démontré. Il existe par contre une sensibilité individuelle.
dans le cadre des expériences, en milieu de recherche, le risque radioactif est rarement isolé.
IL NE DOIT PAS MASQUER LES RISQUES CHIMIQUES, BIOLOGIQUES, GENOTOXIQUES
dont on ignore LES EFFETS SYNERGIQUES.

Radioprotection - septembre 2002 24


11- ANNEXES

11.1 Principaux textes réglementaires


Décret n° 86 6 1103 du 2 décembre 1986 relatif à la protection des travailleurs contre les
dangers des rayonnements ionisants
Arrêté du 23 mars 1999 précisant les règles de la dosimétrie externe des travailleurs affectés à
des travaux sous rayonnements en application des articles 20bis et 25-1 du décret du 28 avril
1975 modifié et des articles 31bis et 34-1 du décret du 2 octobre 1986 modifié
Décret n° 2001-215 du 8 mars 2001 modifiant le décret 66-450 du 20 juin 1966 relatif aux
principes généraux de protection contre les rayonnements ionisants
Rapport au Président de la République relatif à l’ordonnance 2001-270 du 28 mars 2001
relative à la transcription de directives communautaires dans le domaine de la protection contre
les rayonnement ionisants
Circulaire /SD7D/DHOS/E4/2001/323 du 9 juillet 2001 abroge l’avis du 6 juin 1970 en matière
de déchets radioactifs : zéro rejets et plan d’élimination radioactifs sur un site
Décret n° 2002-460 du 4 avril 2002 relatif à la protection générale des personnes contre les
dangers des rayonnements ionisants
Décret n° 2002-254 du 22 février 2002 relatif à la création de l’Institut de radioprotection et du
sûreté nucléaire (IRSN)
Décret n° 2002-255 du 22 février 2002 créant une direction générale de la sûreté nucléaire et
de la radioprotection (DGSNR)

11.2 Quelques radioéléments


z PHOSPHORE 32

- β énergénétique 1710 keV
- Période 14, 29 jours
- Groupe 3
- Parcours: dans l'air 6 m, dans l'eau 8 mm

Utilisation - effets
- Marqueur du DNA, RNA et des protéines complexes
- Activité spécifique de 8 500 à 9 000 Ci/mMole
- Le métabolisme du phosphore est complexe : 30 % sont rapidement éliminés -70 % sont
absorbés par l'appareil gastro-intestinal dont 35 % se fixeront sur le tissu osseux
- L'émission d'électrons de forte énergie dans toutes les directions entraîne une irradiation
secondaire non négligeable dite rayonnement de freinage
Cette émission de photons X due à la rencontre d'un électron avec un atome du milieu
ambiant est d'autant plus importante que le numéro atomique Z de l'atome est élevé
- Une contamination de 1 µCi de 32P sur 1 cm2 de peau délivre un débit de dose de 15 à 20
mS/h à l'ouverture d'un flacon contenant 1 mCi de 32P dans 1 ml liquide le débit de dose est
260 mSv/h au contact et sans protection

Protection Contrôle

Ecran : 4 mm de verre ou 8 mm de plexiglas arrêtent totalement les β
NE JAMAIS UTILISER D'ECRAN EN PLOMB (ou matériaux composés d'éléments de Z élevé
générateurs de rayonnement secondaire X)
Gants : le port de 2 paires de gants (peuvent être poreux) changés fréquemment prévient toute
contamination mais les gants ne représentent pas une barrière à l'irradiation
Matériel : utiliser des boîtes, des supports, des portoirs, des poubelles (de paillasse pour les
boites à aiguilles ou pour les pointes et de grandes tailles avec couvercle pour les déchets
solides et les effluents) en plexiglas
NE JAMAIS TRAVAILLER LE FLACON DE SOURCE OUVERT
Jouer sur la distance par rapport à la source en utilisant des pinces
Porter sur la poitrine un dosifilm
Contrôler régulièrement avec le détecteur les surfaces, le matériel, les écrans, les mains...
Utiliser une sonde β type SMIB du MIP 10 (fenêtre 5 cm2, paroi 2 mg/cm2)
Radioprotection - septembre 2002 25
z SOUFRE 35
β− 167,47 keV
Période 87,9 jours - Période Bio. 7 jours - Période Effective 6,5 jours
Groupe 4
Utilisation - effets
- Marqueur du DNA et RNA
- Activité spécifique 400 à 1 500 Ci/mMole
- Sa faible énergie n'entraîne pratiquement aucun risque d'irradiation
-Les composés inorganiques de soufre se concentrent dans le tissu cartilagineux et la moelle
osseuse, il peut y avoir une fixation au niveau des testicules, l'élimination urinaire est
importante jusqu'à 90%
- Une contamination de 1 µCi sur 1 cm2 de peau délivre un débit de dose de 15 mSv
- A l'ouverture des flacons (méthionine 35S ou de α thio d ATP 35S) il existe un risque de
contamination interne due à l'inhalation des produits de radiolyse quelles que soient l'origine
et la quantité de radioactivité (elle peut atteindre 35 à 60 kBq,)
Protection Contrôle

Ecran : il faut 0,2 mm de \'erre ou 0,3 mm de plexiglas pour arrêter totalement les β du soufre
Il faut prendre toutes les précautions vis à vis des fractions volatiles lors d'incubation ou de
lyophilisation
Gants : le port de 2 paires est nécessaire en raison de leur qualité irrégulière
Le port du dosifilm ne se justifie pas
Contrôler avec le détecteur approprié ou effectuer des frottis de surface qui seront comptés en
scintillation liquide
Utiliser une sonde de type SMIB du MIP 10 (fenêtre 9,l cm2, paroi 1,5 mg/cm)

z TRITIUM 3 H
β− 19 keV
Période 12,28 ans - Période Bio.(eau tritiée) 10jours -Période effective. 10jours
Groupe 4
Parcours dans l'air : 4, 7 mm

Utilisation - effets
- Marqueur -autoradiographie
- Activité spécifique de 25 à 200 Ci/mMole
- Sa faible énergie n'entraîne aucun risque d'irradiation
- Le tritium se répartit en 3 ou 4 heures dans l'organisme en suivant le métabolisme de l'eau. On
peut accélérer son élimination en activant la diurèse
Les composés de DNA tritiés sont plus toxiques que l'eau tritiée en raison du devenir de la
molécule. La thymidine tritiée a un facteur de risque 100 fois plus important et se fixe sur la
moelle osseuse

Protection Contrôle
Les écrans sont sans objet
Gants : le port de 2 paires est recommandé, en effet les composés tritiés pénètrent facilement
les gants et la peau
Travailler sous une sorbonne (ayant un vitesse d'air frontale de 1 m.s-l) chaque fois que la forme
chimique du tritium peut entraîner un dégagement gazeux tritié
Le port du dosifilm est inutile
Contrôler les surfaces par frottis comptés en milieu scintillant liquide

Radioprotection - septembre 2002 26


z IODE 125
γ 35,5 keV -X 28 keV -e- 4 keV
Période 60,2 jours - Période Biologique 138 jours - Période Effective 42 jours
Groupe 2

Utilisation - effets
- Marqueur de protéines, de stéroïdes, d'hormones, autoradiographie
- Activité spécifique généralement utilisée : 1000 à 2000 Ci/mMole
- Corps particulièrement volatil
- La thyroîde est l'organe cible du métabolisme de l'iode: 30% d'une solution d'iode sont
accumulés dans la thyroïde et l'élimination varie selon le poids de la thyroïde
La limite de dose recommandée par la CIPR 26 est de 0,3 Sv/an
1 µCi d' 125I (INa) fixé sur la thyroïde délivre un équivalent de dose de 55 mSv
- Une source de 1 mCi d'125I délivre un débit de dose à 1 cm de 14 mSv -à 10 cm de 0,13 mSv
- Les solutions d'1251 doivent être conservées à température ambiante (le froid et les solutions
acides favorisent la propriété de se volatiliser) dans des containers en plomb de 3 mm
d'épaisseur

Protection Contrôle
Ecran: pour atténuer les photons d'un facteur 100 il faut 5 mm de verre 1 mm de plomb
• Pour manipuler des quantités de l'ordre du mCi, (marquage avec l'iode sous forme INa),
il faut IMPERATIVEMENT une boite à gants en dépression, munie d'un filtre à charbon actif
pour piéger l'iode et d'un filtre absolu pour stopper les aérosols, reliée sur l'extérieur dans des
locaux adaptés
• Pour manipuler des quantités q 10 < q µ.Ci < 100 ,(molécules marquées) il faut
travailler sous une sorbonne (vitesse 0,5 m/s)
Gants : Le port de 2 paires est nécessaire, il est recommandé de changer régulièrement la
seconde certains composés iodés pénètrent facilement les gants et la peau
Le retrait des gants de la boite à gants, dans le but de faciliter l'expérimentation, est strictement
interdit
Tenir compte de la distance et de la durée de I’exposition
Porter un dosifilm sur la poitrine
Contrôler régulièrement le matériel, les surfaces et sa thyroïde (dans une pièce voisine)
Utiliser une sonde type SMIX du MIP 10 (surface de détection 8 cm2) Prévoir une poubelle
plombée à pédale pour les déchets solides
Les centrifugeuses, les armoires réfrigérées, le matériel pour HPLC, doivent être dans la pièce
contrôlée

z CARBONE 14
13- 156 keV
Période 5 730 ans - Période Biologique 0,4 jours - Période Effective 0,4 jours
Groupe 3

Utilisation - effets
- Marqueur
- Sa très faible énergie n'entraîne aucune irradiation à distance
- L'organisme tout entier est concerné par le métabolisme du carbone
Sous forme de molécules marquées le carbone 14 suit le devenir de la molécule en cause
En général, une grande part est éliminée sous forme de 14CO2. Une partie peut s'incorporer
dans des structures à renouvellement lent comme le collagène

Protection Contrôle
- Ecran est sans objet
- Gants: n est recommandé de porter 2 paires afin d'empêcher toute contamination
- Le dosifilm ne se justifie pas
- Contrôler les surfaces par frottis comptés en milieu scintillant liquide

Radioprotection - septembre 2002 27


z CHROME 51
γ 320 keV -X 5 keV -e- 4,5 keV
Période 27,8 jours - Période Biologique 125 jours - Période Effective 22,8 jours
Groupe 4

Utilisation - effets
- Le métabolisme du chrome dépend de son état de valence et l'efficacité du traitement d'une
contamination est fonction de son état physico-chimique (sous forme de cation ou d'anion)
- Les poumons et le tractus gastro-intestinal sont les organes cibles du chrome
- Une source de 37 MBq de 51Cr donne un débit de dose de 18 µSv/h à 10 cm

Protection Contrôle
Gants : Le port de 2 paires est recommandé
Ecran : l'atténuation des photons d'un facteur 10 s'obtient avec 0,6 cm de plomb
Porter un dosifilm
Contrôler les surfaces, les mains .à l'aide de la sonde type SMIG du MIP 10 (surface 8 cm2)
Ne pas sous-estimer la toxicité chimique du chrome

z CALCIUM 45
β- 257 keV
Période 165 jours
Groupe 3

Utilisation - effets
- Traceur
- Il n'y a pratiquement pas de risque d'irradiation

Protection Contrôle
Ecran : il faut 0,4 mm de verre ou 0,6 mm de plexiglas pour arrêter les β-
Gants : IL est recommandé d'en porter 2 paires
Le port d'un dosifilm ne se justifie pas
Contrôler les surfaces à l'aide d'une sonde type SMIB du MIP 10

Radioprotection - septembre 2002 28


11.3 Bibliographie

ACADEMIE DES SCIENCES


Cancérogenèse par les faibles doses de radiations ionisantes et normes de sécurité, mars 1988
ACADEMIE DES SCIENCES
Rapport n° 23- novembre 1989
Risques des rayonnements ionisants et normes de radioprotection
ACTES DU COLLOQUE -MONTAUBAN
Nucléaire -santé -sécurité 1988
AUBERT B.
Aspects pratiques de la surveillance de l'exposition professionnelle dans le domaine médical et
les laboratoires de recherche
Radioprotection 1991 -volume 263 481 -491
CHAPTINEL y .,DURAND F.,PIECHOWSKI J.,MENOUX
Dosimétrie et Thérapeutique des contaminations cutanées.
Rapport CEA R.5441 1988
DEMERS C., VEZINA N. MESSING K.
Le travail en présence de rayonnements ionisants dans les laboratoires universitaires
Radioprotection GEDIM 1991 volume 26 2 387- 395
DU PONT DE NEMOURS and CO
Responsible Promotion of Nuclear Safety and Education
NEN Radionuclide -Boston 1989
EDF -COMITE DE RADIOPROTECTION
Irradiation par l'iode radioactif- Fév. 1992 N° 7
GALLE P., PAULIN R.
Radiobiologie, Radiopathologie, MASSON, Paris, 1997 2-ème édition
JOURNAL OFFICIEL DE LA REPUBUQUE FRANCAISE
Décret n ° 86 6 1103 du 2 décembre 1986 relatif à la protection des travailleurs contre les
dangers des rayonnements ionisants
JOURNAL OFFICIEL DES LA REPUBLIQUE FRANCAISE
Protection contre les rayonnements ionisants n° 1420
LATARJET R.
Réflexions sur la radio cancérogènese
Radioprotection GEDM 1990 Vol. 25 .4 385- 400
METIVIER H.
Principes et normes de la radioprotection -IPSN sept. 1991
ROBERT A. ZOON
Safety with 3~ and 35 S Labels Compounds
SIMONNET F. SIMONNET G
Contamination atmosphérique par les produits de radiolyse des solutions aqueuses de
méthionine 35S
Radioprotection GEDIM 1990 Vol. 25 .3 273 -277
SOCIETE FRANCAISE DE RADIOPROTECTION
Colloque sur la surveillance de l'exposition individuelle Paris 1990
TUBIANA M. ,BERTIN M.
Radiobiologie Radioprotection 1989
GAMBINI D.J. – GRANIER R.
Manuel pratique de radioprotection – Lavoisier 1997 2ème édition
DELACROIX D. –GUERRE J.P. – LEBLANC P.
Radionucléides & radioprotection – éd. CEA – centre de Saclay 1994
ZOON Robert A.
Safety with 32P and 35S Labels Compounds

Radioprotection - septembre 2002 29

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