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Université Abdelmalek Essaadi

Faculté des sciences et techniques Al Hoceima


Département de Physique

Cours : Interaction rayonnement matière

Module M15

Pr. I. El Aouadi

Master : Information Quantique : Modélisation et Applications


IQAM
(2023-2024)
1
Bibliographie
➢ Interaction du rayonnement avec la matière, Pierre CHEVALIER,
technique de l'ingénieur, 1986.
➢ les rayonnements ionisants, Daniel Blanc, , Masson, Paris, 1990-1997
➢ Electromagnétisme : Fondements et applications, José-Phillippe Pérez,
Robert Carles et Robert Fleckinger, 2009 Edition Dunod
➢ Physique nucléaire Des quarks aux applications, Claude le Sech, Christian
Ngo – 2e édition en 2010
➢ Optique géométrique, Nicolas RIVIERE – Département Optique
Théorique et Appliquée IPSA Toulouse.

➢ Radiation Detection and Measurement, G. F. KNOLL, John Wiley & Sons,


Inc, 1999

➢ Lumière, Matière, Rayonnement & leurs interactions, A. NOUGAOUI, al


joussour, 2015.

2
« The benefits of science are not only material ones. The truths that the science
teaches are of a common interest the world over. The language of science is
universal, and is powerful force in bringing the peoples of the world closer
together ».

Arthur H. Compton’s speech at the Nobel Banquet in Stockholm, December 10,


1927

3
Chapitre I :

Rappel sur la structure du noyau atomique et les énergies de liaison

Introduction

L’interactions rayonnement-matière, est un domaine fascinant et crucial de la physique moderne


qui trouve des applications dans diverses disciplines telles que la physique atomique et moléculaire,
la chimie quantique, la biophysique, et la science des matériaux, ainsi que des implications pratiques
en médecine, recherche spatiale, télécommunications, et bien plus encore.
Ce domaine multidisciplinaire forme le cœur battant de nombreuses sciences naturelles et
appliquées, englobant les principes fondamentaux de la physique atomique et nucléaire, les mystères
de la spectroscopie, et les applications pratiques allant de la médecine nucléaire à la préservation de
l'environnement.
L'histoire de l'interaction entre le rayonnement et la matière est aussi ancienne que l'univers lui-
même. Depuis les premiers instants du Big Bang, où la matière et le rayonnement étaient
indissociables, jusqu'à la formation des étoiles, des planètes et de la vie telle que nous la
connaissons, ces interactions ont été primordiales. Au niveau le plus fondamental, les interactions
rayonnement-matière décrivent comment la lumière - qu'elle soit sous forme de rayons gamma
énergétiques, de lumière visible ou de ondes radio - interagit avec les atomes, les molécules et les
matériaux condensés.

I- Structure du noyau atomique


1- Atome
Au début du XXème siècle, avec la découverte de la radioactivité et le développement d’accélérateurs
de particules, on commence à dévoiler la structure de la matière à l'échelle subatomique

L'atome comprend deux parties : un noyau (lourd et dur) en son centre, et des électrons (1830 fois
plus légers), en mouvement rapide autour de ce noyau.

• Le noyau : est constitué de protons et de neutrons.

• Le cortège électronique : Il est constitué d'électrons qui gravitent autour du noyau.

4
Figure 1: Première photographie de l’orbital de l’atome d’Hydrogène obtenue en 2013 par A. S. Stodolna

1.1 Noyau atomique


Le noyau occupe une toute petite région au centre de l’atome. Les protons et neutrons qui le
constituent sont appelés collectivement nucléons. La charge d'un proton (+e = 1.602.10-19 C) est
positive, égale et opposée à la charge d’un électron (-e). Un atome électriquement neutre a donc autant
de protons dans le noyau que d’électrons en orbite.

Figure 2: Dimension d'un atome

1.1.1 Structure des noyaux


Le noyau (ou nucléide) est caractérisé par son nombre de protons ou numéro atomique Z et nombre
de neutrons N. Le nombre total de nucléons est appelé nombre de masse A = Z + N.

A
Si X est le symbole chimique de l'élément, le noyau est représenté par le symbole général Z X .

Figure 3: Noyau

5
Un élément chimique est déterminé par son nombre de protons Z (qui détermine le nombre d'électrons
pour un atome neutre et donc la structure électronique).

A
Il est d'usage de noter un élément X possédant Z protons et A nucléons par Z X.
4
La plupart du temps on remplace le symbole X par son symbole chimique. On a par exemple : 2 He
238
, 92 U . On précise parfois le nombre de neutrons en haut à droite
A N
(Z X ) mais ce n'est pas nécessaire car N = A - Z. Il arrive que l'on n'indique pas le numéro atomique
40
Z puisque le symbole chimique permet de le déterminer. Ainsi on peut écrire Ca
Les noyaux sont presque sphériques, souvent ellipsoïdaux et allongés. La distribution de la densité
de charge et de masse est presque la même, ce qui montre que les neutrons et les protons sont
distribués à peu près de la même façon.

I.1.2 Rayon

Le rayon du noyau R est souvent défini comme la distance du centre au point où la densité diminue
de moitié. La densité de masse ρ est quasiment indépendante de A, ce qui veut dire que le nombre de
nucléons contenus dans un noyau (supposé sphérique) est proportionnel à son volume. Ainsi A est
proportionnel à R3 soit R ∝ A1/3 :

1
R = R0 A 3

Ou R0 = 1,2.10−15 m = 1.2 fm.


I.1.3 densité
La densité de matière nucléaire est la masse divisée par le volume, soit :
m
= 2.3.1017 kg.m −3
4
 R3
3

Qu’est 1014 fois plus élevée que celle de l’eau.

I.2 Niveaux d’énergie


I.2.1 Hydrogénoïdes
Les hydrogénoïdes sont des atomes ou ions qui ne possèdent qu’un seul électron. L’énergie de cet
électron, en plus d’être négative, est discontinue (varie par paliers). On parle d’énergie quantifiée
Un tel système nécessite une description quantique car la mécanique classique ne permet pas
d'expliquer l'existence des niveaux d'énergie discrets observés expérimentalement. En effet, l'électron
de l'atome pourrait prendre des valeurs négatives et continues de l'énergie mais il tomberait vite sur

6
le noyau car, avec une trajectoire circulaire, il perdrait peu à peu son énergie par rayonnement. En
revanche, la mécanique quantique prédit, comme cela est observé expérimentalement, que seules
certaines valeurs de E sont permises. Les états d'énergie sont quantifiés et ne peuvent prendre que les
valeurs :
13, 6 2
En = − Z
n2
Dans cette expression, n est un entier strictement positif appelé nombre quantique principal,
et Z le numéro atomique de l’atome
I.2.2 Atome d’Hydrogène
L'état fondamental de l'atome d'hydrogène correspond à n = 1 et vaut En = −13, 6eV . Les états

d'énergie supérieurs sont appelés états excités et correspondent à n  1 . Pour un état d'énergie
donnée, En , on a plusieurs configurations possibles correspondant aux nombres quantiques l, m, s, sz
qui obéissent aux lois suivantes:
- 0  l  n −1, l est le nombre quantique secondaire. il est lié au moment angulaire orbital de
l’électron
- −l  m  +l , m est le nombre quantique magnétique. Il est lié à la projection du moment
angulaire orbital sur l’axe z.
1
- s= est le nombre quantique se spin. Il n’a pas d’équivalent classique même si l’on peut lui
2
associer l’image d’une rotation intrinsèque de la particule autour d’un axe de symétrie
1 1
- −  sz  + . sz est le nombre quantique lié à la projection du spin sur l’axe z, ce nombre ne
2 2
peut varier que par saut d’une unité, il ne peut prendre que deux valeur : +1/2 ou -1/2
Remarque :
- Le problème d’un atome contenant Z électrons est compliqué si on veut le résoudre
exactement. Pour décrire complètement l’atome à un moment donné, il faudrait résoudre
l’équation de Schrodinger indépendante du temps.
- L’expression de l’énergie de liaison de l’électron a été établie à partir de l’interaction
attractive électron-noyau. Or, autour d’un noyau de charge Ze, gravitent Z électrons. Aussi
devons-nous tenir compte des interactions répulsives de l’électron avec (Z-1) autres électrons
dans l’expression énergétique. L’expression correcte de l’énergie de liaison s’écrit

(Z − )
2

E = −13.6 , la constante d’écran  est déterminée expérimentalement. Cette


n2
constante est d’autant plus grande que n augmente

7
II Masse et énergie de liaison
II.1 Unités de la masse
La valeur de ces masses est extrêmement petite aussi utilise-t-on souvent l'unité de masse atomique
(u). Celle-ci est définie comme 1/12 de la masse de l'atome de carbone.
La masse d'un atome de carbone vaut donc 12 u. Le nombre d'Avogadro, N est défini comme le
nombre d'atomes de 12C contenus dans 12g de carbone, c'est-à-dire dans une mole. On a :
N = 6,0221367 x 1023 ce qui donne :
1 u = 1,660538782.10-27 kg
Si l'on utilise comme unité le MeV /c2 , l'unité de masse atomique vaut :
1u = 931, 494028MeV / c 2 931,5MeV / c 2

II.2 Energie de liaison


Lorsqu'on a une force attractive entre particules, celles-ci vont tendre à former des systèmes liés.

Exemples : noyaux et électrons (atomes), protons et neutrons (noyaux).

Il faut fournir de l'énergie a une particule pour la libérer du système. L'énergie à fournir pour que la
particule devienne libre est appelée énergie de liaison. La particule va d'elle-même tendre à trouver
un état d’énergie plus faible et ce faisant va dégager de l’énergie. A un moment donné les particules
ne peuvent pas se rapprocher plus : elles ont trouvé l'état d’énergie le plus bas, appelé état
fondamental. Les états liés d’énergie plus élevée que le niveau fondamental sont appelés états excités.

Masse et énergie sont équivalentes par la fameuse relation d’Einstein :

E = mc 2
Avec : c=3.108m.s-1
Il en résulte qu’une particule même au repos possède une énergie intrinsèque proportionnelle à sa
masse.
Exemple : Calculer l’énergie de 2g des noyaux de deutérium, sachant que sa masse est :
mD = 3,3445172.10-27 kg
La masse du proton : mp= 1,6726219.10-27 kg,
La masse du neutron : mn= 1,6749095.10-27 kg
Le nombre d’Avogadro :Na= 6,022 140 76 × 1023 mol−1
Masse molaire de deutériume : M= 2,014 101 777 8 g. mol−1
Réponse
Le noyau de deutérium est 12 H , il est composé d’un proton et d’un neutron :
mp+mn= 3,3475314.10-27kg > mD = 3,3445172.10-27 kg
m = - 0,0030142.10-27 kg

8
Pour un atome
l = E = 2,71278.10-11 J
Pour 2g de deutérium
l = E =1,6330935.1013 J
Remarque
Un système de particules liées se trouve dans un état d’énergie potentielle inférieur à celui des
particules prises séparément (si ce n'était pas le cas, le système se désintègrerait de lui-même). Donc,
selon l'équivalence masse énergie, un système lié possède une masse inferieure a la somme des
masses individuelles des particules (libres) qui le composent. La différence de masse est équivalente
à l’énergie de liaison des particules du système. La force nucléaire implique des énergies de liaison
particulièrement élevées !

9
Chapitre II :

Notions générales sur le rayonnement

Généralités et historique
Les premières théories relatives à la nature de la lumière furent énoncées au cours du XVIIème
siècle. Deux théories apparemment contradictoires virent le jour, l'une développant l'aspect
corpusculaire, l'autre s'appuyant sur le mécanisme ondulatoire. Elles soulevèrent une controverse
qui dura jusqu'au début de notre siècle. En effet, chacune de ces théories s'appuyait sur un certain
nombre d'expériences mais laissait inexpliqués d'autres phénomènes physiques ou même semblait
être mise en défaut par ces phénomènes.
La théorie corpusculaire avancée par Newton considère la lumière comme un ensemble de
corpuscules (dont il ne précisait pas la nature) lancés à grande vitesse par l'objet lumineux dans un
milieu appelé " éther ", qui y produisent des perturbations et qui viennent frapper le fond de l'oeil
(théorie de l'émission). La diversité des couleurs est ainsi expliquée par des différences de grosseur
des corpuscules. Descartes avait également expliqué les lois de l'optique par des images empruntées
à une cinématique corpusculaire et décrit la lumière comme étant "une tendance au mouvement" qui,
par l'intermédiaire d'un milieu, "se redouble par petites secousses ". Cette théorie laisse inexpliquée
les phénomènes d'interférences. C’est-à-dire le fait que, dans certains cas, la superposition de "
lumières " peut produire l'obscurité.
La théorie ondulatoire est proposée en 1665 par Hooke pour expliquer des phénomènes
d'interférences. Cette théorie est reprise ensuite par Huygens qui considère que tout point d'une
surface lumineuse émet une onde sphérique qui se propage à vitesse finie dans l'éther. Young puis
Fresnel la complèteront en expliquant les interférences des ondes lumineuses et en associant la
fréquence des ondes à leur couleur. Cette théorie est incapable d'expliquer, entre autres, les échanges
d'énergie entre rayonnement et matière tel que l'effet photoélectrique c'est-à-dire l'expulsion
d'électrons dans une plaque métallique soumise à un rayonnement lumineux.
Chacune de ces théories n'explique qu'une partie des phénomènes physiques relatifs à la
lumière. En fait, la lumière est une entité propre qui a un double comportement : un comportement
ondulatoire et un comportement corpusculaire, on parle alors de dualité onde-corpuscules.

10
Un peu d’histoire…
Les premiers travaux d'optique pratique concernent la mise au point de lentilles et semblent remonter
aux anciens Égyptiens et Babyloniens. Puis, c'est au Moyen Âge, dans les sociétés arabo-
musulmanes, qu'on commence à penser « le rayon lumineux comme indépendant de l'oeil humain »
- Ibn al-Haytham (Alhazen) 965-1039:. Le grand savant Arabe dans ce domaine est Ibn al-
Haytham, plus connu sous le nom d'Alhazen. On a pu le qualifier de « père de l'optique ». Comprend
le premier que l’œil n’émet pas de rayon venant « scruter» les objets mais que ceux-ci, éclairés par
des sources, sont à l’origine de rayons lumineux rectilignes
- Lippershey 1587-1619 : Invention de la lunette astronomique ou télescope par réfraction
(1608)
- Lois de Snell (1621, non rendues publiques) -Descartes (1637) : réflexion et réfraction pour
une onde plane incidente sur un dioptre (surface de séparation entre deux milieux).
- Principe de Fermat 1657 : un rayon lumineux entre 2 points est stationnaire.
- Hooke et Grimaldi 1665 : réalisent les premières expériences d’interférence et de diffraction
« aspect ondulatoire de la lumière »
- Newton 1666 : la lumière blanche peut être décomposée, notion de couleur. 1704 publication
d'un traité d'optique dans lequel il explique la complexité de la lumière blanche. Celle-ci serait formée
de corpuscules : grains de nature imprécise lancés à toute vitesse par l'émetteur. Il explique ainsi la
coloration de l'arc-en-ciel.
- Römer 1675 : vitesse finie de la lumière (éclipse de satellite de Jupiter)
- Principe d’Huygens 1678 : tout point de l’espace se comporte comme une source d’ondes
secondaires. Notion de polarisation et d’onde transverse de la lumière.
- Young 1802 : Effectue la première mesure de longueur d'onde à partir de ses célèbres fentes.
Il découvre aussi l'accommodation du cristallin et les interférences lumineuses
- Théorème de Malus 1808 : les rayons lumineux sont normaux aux surfaces d’ondes.
- Fresnel 1818 : Fresnel réussit à décrire le principe d’interférence dans un langage
mathématique qui lui permet de réfuter l’objection majeure de Newton à la théorie ondulatoire.
- Maxwell 1876 : la lumière est une onde électromagnétique qui vibre à une fréquence de
5.1014 Hz et se propage dans le vide à la vitesse c=3.108 ms-1.
- Planck 1900 : rayonnement du corps noir, la couleur d’un corps chauffé est une indication de
sa température
- Einstein 1905 : montre que les lois de l’effet photoélectrique établies par Philip Lenard (1862-
1947) ne peuvent s’interpréter que si on introduit de façon beaucoup plus radicale que ne l’avait fait
Planck un corpuscule, le photon, auquel il associe une énergie cinétique et une quantité de mouvement

11
- Entre 1945 et 1950, R. Feymann, S.I. Tomonaga et J. Schwinger développent la théorie de
l’électrodynamique quantique qui, même exposée simplement, permet une interprétation cohérente
des phénomènes ondulatoires et corpusculaires, et décrit comment la lumière et la matière
interagissent.
I- Onde électromagnétique
I.1 Expression du champ électromagnétique
De façon simple on peut identifier trois grands types de sources de champs impliqués dans les ondes
électromagnétiques :
i. Les charges électriques immobiles, qui créent des champs électriques E (r )
ii. Les charges électriques en mouvement uniforme (courant électrique uniformes ou
permanents), qui créent des champs magnétostatiques B(r )
iii. Les charges électriques animées de mouvements variables dans le temps, qui créent des
champs électromagnétiques caractérisés simultanément par un champ électrique et un champ

magnétique interdépendant et variable dans le temps E (r ), B(r ) . La dépendance entre ces

deux champs est décrite par les équations de Maxwell.

Le rayonnement électromagnétique est caractérisé par : la fréquence, l’amplitude, la polarisation, le

déphasage de E et B

I.1.1 Equations de Maxwell dans le vide

En régime variable, le champ électromagnétique ( E , B) dans un milieu matériel linéaire et isotrope,


de permittivité diélectrique ε et de perméabilité magnétique μ, vérifie les équations suivantes dites
de Maxwell

B
rot E (1) Equation de Maxwell Faraday
t
r
divE (2) Equation de Maxwell Gauss
e
divB 0 (3) Equation de Maxwell T hom son
E
rot B mj me (4) Equation de Maxwell Ampère
t
 étant la densité de charges électriques et j la densité de courant électrique. La première de ces
équations est dite équation de Maxwell-Faraday, la deuxième équation de Maxwell-Gauss et la
quatrième équation de Maxwell-Ampère. La troisième équation traduit la conservation du flux du

12
champ magnétique. Contrairement aux équations (1) et (3), dites structurelles, les équations (2) et (4)

relient les champs électrique E et magnétique B aux sources  et j qui leur ont donné naissance.

Remarque : Les équations de Maxwell montrent qu’un champ électrique oscillant génère un
champ magnétique oscillant et réciproquement.

Si maintenant on se place loin des zones de charges (=0) et des sources de courant ( j 0 ), les
équations de Maxwell s’écrivent :

B B
rot E ou E (1')
t t
divE 0 ou •E 0 (2')
divB 0 ou •B 0 (3')
E E
rot B m0 e0 ou B m0 e0 (4')
t t
1
Dans ces expressions 0 = 4 .10−7 SI et  0 = .10−9 SI
36

est l'opérateur nabla, en coordonnées cartésiennes dans un repère (e x , e y , e z ) :

ex ey ez
x y z

Remarque : En absence de sources de charge et de courant, les deux équations (2) et (4) sont
homogènes.

I.2 – Equation de propagation du champ


I.2.1 Champ électrique
Les deux équations (1’) et (4’) sont couplées et sont comparables aux équations obtenues
pour les ondes acoustiques. Essayons de la même façon de découpler ces équations, prenons par
exemple le rotationnel de la première équation (1’) :

B
rot (rot E ) rot ( ) (rot B)
t t
Où l’on a permuté les dérivations partielles par rapport à x, y et z du rotationnel avec celle relative
au temps. Comme :

rot (rot E ) grad (divE ) E


Et à l’aide des équations (2’) et (4’) de Maxwell on peut écrire :

13
E
E ( m0e0 )
t t
Soit :
2
E
E m0 e0 0
t2
2
1 E
E
c2 t2
Cette expression représente une équation d’onde où la vitesse de propagation est :
1
c
m0 e0

Remarque : pour le vide e0 et m0 4.p.10 7 H .m 1 , cette vitesse vaut


12 1
8,8542.10 F .m
c 2,9979.108 m.s 1 qui n’est autre que la célérité c de la lumière.
I.2.2 Champ magnétique
Pour établir l’équation aux dérivées partielles pour le champ magnétique, calculons le rotationnel de
chacun des membres du théorème d’Ampère-Maxwell (4’) :

E
rot (rot B) grad (divB) B rot (m0e0 )
t

B
Avec : divB 0 et rot E
t
2
B
Donc : B m0e0 0
t2
Remarque : de même on peut établir les équations de propagation des potentiels électromagnétiques (V, A)

En général, l’écriture de l’équation d’onde peut être condensée en introduisant l’opérateur


d’Alembertien . On a alors formellement :

1 2
( E, B, A ou V ) = (0 ou 0) avec
c2 t 2

I.3 Ondes Planes


I.3.1 Relation de dispersion
L’onde plane progressive sinusoïdale est définie, par :
E (r , t ) E0 cos( wt k .r )
En notation complexe :
E (r , t ) E0 ei ( wt k .r )

14
Cette onde est solution de l’équation d’onde. Cette solution est caractérisée par les paramètres
suivants.
- Son amplitude E0. On verra que l’énergie transportée par l’onde en dépend.
- Sa pulsation w (rad.s-1) qui est liée au nombre  de cycles d’oscillations par seconde, qu’on
appelle la fréquence (Hz). On a la relation :
w
 =
2
- Son vecteur d’onde k qui indique sa direction de propagation. Sa norme k est liée à la pulsation.
En effet, l’onde plane harmonique vérifie :

2
E k 2E et E
w2 E
t2
L’équation de propagation s’écrit alors sous la forme :
w2
k2 E 0
c2

à condition de poser :
w
k=
c

I.3.2 Structure de l’onde uniforme plane


L’onde plane progressive sinusoïdale doit également satisfaire le théorème de Gauss. On montre
aisément que pour une onde plane progressive sinusoïdale :

div( E) 0 est équivalente à i.k .E 0

Soit encore k .E 0 ; ce qui revient à dire que le champ électrique E est perpendiculaire à la

direction de propagation donnée par le vecteur d’onde k . Le champ électrique est dit transversal.

Figure 4 : Onde ELM Plane

15
I.3.4 Ondes planes sinusoïdales
En se plaçant suffisamment loin de sa source, une onde peut être considérée comme plane. Du fait
de la linéarité des équations de propagation on cherchera des solutions de la forme d’ondes planes
harmoniques. Dans le cas d’une onde progressive on écrira :

E ( x, y , z , t ) E0 cos( wt k .r )

Avec :
w : Pulsation de la fonction sinusoïdale
w
k : Constante appelée nombre d’onde
c
k : Vecteur d’onde perpendiculaire au plan d’onde
wt k .r : Phase instantanée
L’onde électromagnétique est caractérisée par une double périodicité :
2p 1
➢ Une périodicité temporelle : T ou une fréquence f
w T
➢ Une périodicité spatiale : à un instant donnée t, le champ varie sinusoïdalement en fonction
2p
des coordonnées spatiales : l
k
λ est appelée la longueur d’onde. On peut remarquer que la longueur d’onde λ est égale à la
distance parcourue par l’onde pendant une période.
I.4 Relations entre les champs
Les composantes du champ magnétique sont déterminées à l’aide des équations de Maxwell. Pour les

opérateurs de dérivation on a: jw et j.k


t

En injectant dans les équations de Maxwell, on obtient :

k E
B
w
c2k E
E
w
k .E 0
k .B 0

➢ Les deux champs E et B sont en phase


➢ Les deux champs sont orthogonaux au vecteur d’onde k  Onde transversale
➢ (k , E , B) Forment un trièdre direct

16
E
➢ Les modules des champs sont proportionnels B
c
I.5 Polarisation de l’onde harmonique
Dans ce paragraphe, pour simplifier, nous orientons le référentiel d’étude (O, x,y, z) de sorte que la
propagation de l’onde ´électromagnétique ait lieu selon l’axe Ox. Le vecteur d’onde s’écrit alors

k k .ex . Compte tenu de la transversalité de l’onde les composantes cartésiennes du champ

électrique devient :

Ex 0
i ( wt kx j y )
Ey E0 y e
kx j z )
Ez E0 z ei ( wt

Où E0y et E0z sont les modules des amplitudes complexes E0 y et E0 z , et j y et j z leurs arguments.

Choisissons l’origine du temps de façon qu’à t=0, jy 0 et posons jz j . Les deux dernières

composantes s’expriment alors en notation réelle :

Ey E0 y cos( wt kx)
Ez E0 z cos( wt kx j)

D’où l’on a :

Ey
cos( wt kx)
E0 y Ey Ez
cos(j ) sin( wt kx) sin(j)
Ez E0 y E0 z
cos( wt kx) cos(j ) sin( wt kx) sin(j)
E0 z

D’où :
2 2
Ey Ez E y Ez
2 cos(j ) sin 2 (j)
E0 y E0 z E0 y E0 z

Ainsi, l’extrémité du vecteur E décrit parallèlement au plan Oyz une ellipse inclinée. En posant
a E0 y et b E0 z , et en admettant que a b , le grand axe de l’ellipse est incliné d’un angle a tel
que :
2ab cos(j )
tg (a )
a 2 b2

17
Figure 5: differents types de polarisarion d'une Onde
Remarque :
- Polarisation circulaire : C’est un cas particulier de la polarisation elliptique, on a ici :
p
j (+ : polarisation droite et - : polarisation gauche), et E0 y E0 z
2

Figure 6: Polarisation circulaire

➢ Polarisation rectiligne : C’est un cas particulier de la polarisation elliptique, on a ici :


j 0 ou j p

18
Figure 7: Propagation rectiligne d'une onde ELM

I.6 Aspects Energétique


I.6.1 Densité d’énergie électromagnétique. Vecteur de Poynting
En un point M dans le milieu de propagation, repéré par le vecteur position r , la densité d’énergie
électromagnétique s’écrit :

P .ds
S

Avec est le vecteur de poynting :


1
E B
m0

I.6.2 Exemple d’une onde plane


Soit une onde plane polarisée rectilignement suivant u z , le champ électrique est donné par :

E0 x cos( wt kz jx ) E0 y cos( wt kz j y )
1
E E0 y cos( wt kz jy ) et B E0 x cos( wt kz jx )
c
0 0

E0 x cos( wt kz jx ) E0 y cos( wt kz j y )
1 1 1
E B E0 y cos( wt kz jy ) E0 x cos( wt kz jx )
m0 cm0 c
0 0

1
E02x cos 2 ( wt kz jx ) E02y cos 2 ( wt kz jy ) uz
cm0

La moyenne temporelle :

19
E02x E02y E2 B2
uz uz c uz
2cm0 cm0 m0

I.6.3 Intensité d’une onde électromagnétique


La valeur moyenne du flux élémentaire du vecteur de Poynting à travers une surface d 2 S sur une
2p
période T s’exprime :
w
ec.d 2 S T
d f(r , t )
2
ec E (r , t ) d S
2 2
E 2 (r , t )dt
T 0

Et la valeur moyenne sur une période vaut :


1 2
E 2 (r , t ) ( E0 x E02y E02z )
2
On définit l’éclairement de la surface d 2 S par :

d 2f E 2 (r , t ) E02
m0c 2m0c
v
d 2S
il représente l’énergie électromagnétique interceptant, par unité de temps, l’unité de surface
1
perpendiculaire à la direction de propagation. Le coefficient de proportionnalité est une
2m0 c

constante que l’on omet en général quand on ne s’intéresse qu’à la répartition de l’éclairement dans
un plan.
On introduit alors l’intensité I de l’onde électromagnétique, proportionnelle à l’éclairement :
2
I 2m0cEv E02 E 2 E 2 (r , t )

Remarque : Calcul de la moyenne temporelle :


1 T 1 T 1
cos 2 ( wt k .r ji )dt 1 cos 2( wt k .r ji ) dt
T 0 2T 0 2
Avec : i= x, y ou z

II. Physique générale des rayonnements


II.1 Définitions
On appelle rayonnement ou radiation le processus d’émission ou de transmission d’énergie sous la
forme d’ondes électromagnétiques ou de photons.
Certains rayons sont capables de traverser la matière, donc les tissus biologiques. C’est ce qui permet
de les utiliser pour obtenir des images diagnostiques (radiographie des os scintigraphie, ect…).

20
Certains rayons ont également la capacité de détruire les cellules ou de les empêcher de se multiplier ;
c’est pourquoi on les utilise dans certains traitements (radiothérapie, laser…ect).
II.2 Classification des rayonnements :
- Selon leur effet sur la matière : ionisants, non ionisants

- Selon leur nature : électromagnétique ou corpusculaire

Remarque : les radiations  , p ,  + ,  − , les ions lourds sont directement ionisants, alors que les

neutrons, les rayons X et ; sont indirectement ionisants, seuls leurs effets produisent des interactions

secondaires
II.2.1 Rayonnements ionisants et non-ionisants
On dit qu’un rayonnement est ionisant s’il peut provoquer des ionisations dans le milieu qu’il traverse
II.2.2 les grandeurs caractérisant le Rayonnement Electromagnétique
- Vitesse : les REM se déplace à une vitesse v qui dépend du milieu traversé. Dans le vide cette vitesse
est égale à la constante c=3.108m.s-1 que l’on appelle célérité de la lumière.
- Période, fréquence et longueur d’onde
v 1
= =
 T
 : Fréquence de l’OEM [Hz]

21
 : Longueur d’onde [m]
T : Période [s]
➢ Energie :
L’énergie d’un REM est :
E = h
h est la constante de Planck (h=6,62.10-34 J.S)
v c
E=h =h
 nm
n : indice de réfraction du milieu
m : Longueur d’onde dans le milieu considéré

II.2.3 Quantités de mouvement


h
P=

E E
P= =n
v c
II.2.4 Spectre d’un rayonnement
Le spectre d’un rayonnement est la représentation graphique de la contribution de chaque
radiation constituant le rayonnement à l’intensité, de ce rayonnement en fonction de l’énergie,
fréquence ou longueur d’onde… ect de chacune de ces radiations.

22
Figure 8: Spectre du rayonnement solaire

II.4.1 Spectre continu


Lorsque le spectre étudié est constitué de radiations ayant des longueurs d’onde continues dans un
certain intervalle et où elles varient de façon continue, alors on dit que c’est un spectre continu

Figure 9: Lampe Led

II.4.2 Spectres de raies


Si le rayonnement étudié ne contient qu’un nombre déterminé de radiations ayant des longueurs
d’ondes discrètes alors le spectre obtenu sera discontinu ( Figure 10) est composé de pics étroites et
séparés les uns des autres

23
Figure 10: Spectre d'émission d’une lampe à vapeur de Mercure

II.5 Spectre électromagnétique


Le spectre électromagnétique représente la répartition des ondes électromagnétique en fonction de
leur longueur d’onde, et de leur fréquence ou encore de leur énergie

Figure 11:Spectre des ondes électromagnétiques

III Rayonnement dans l’atmosphère


III.1 Rayonnement solaire
Hormis le rayonnement cosmique, le rayonnement solaire est la seule, source d’énergie externe
de notre planète. C’est uniquement de manière radiative que celle-ci peut dégager de l’énergie vers
l’espace. Les échanges énergétiques interviennent principalement dans deux domaines de longueurs
d’onde, liés aux deux sources de rayonnement en présence : le Soleil et la terre. Le premier, par sa
température d’environ 6000K, rayonne principalement dans le visible et le proche infrarouge (de 0.3
µm à 1.2 µm). Le flux incident varie avec :
• La valeur de la constante solaire (1370 W/m2 à une distance d’une UA) dépendante de
l’activité solaire (ces variations sont inférieures à 1%).
• La distance Terre-Soleil (de 1325 W/m2 en Juillet à 1415 W/m2 en Janvier).
• La variation de l’angle d’incidence, dépendant de l’heure, de la latitude et de la saison.
Le rayonnement solaire est divisé en deux principales parties :
Partie principale : Elle est constituée par une gamme à peu près continue de radiation de longueur
d'onde λ dans la gamme [0,13-24µm]. Le spectre d'intensité de cette partie principale est

24
voisin de celui du corps noir à 6000 °K supposé émis par la surface du soleil, sauf dans
l'ultraviolet (Figure II.2).
Radiation supplémentaire : Cette partie se classe en deux groupes :
▪ Des radiations UV extrêmes : radiation Lyman α de l'hydrogène neutre centrée à la
longueur d'onde 0,1216 µm.
▪ Des rayons X (10 Å < λ < 100Å) et des ondes radio-éléctriques courtes (10 cm < λ < 100
cm). L'énergie de cette partie supplémentaire ne représente qu'une très faible fraction
(10-5%) de celle de l'ensemble du rayonnement solaire, presque totalement dû à la
radiation Lyman α.
III.2 Rayonnement tellurique
La portion des radiations solaires qui ne sont pas absorbées durant leur passage à travers
l'atmosphère, qui arrivent au sol et causent un réchauffement de l'air adjacent, l'eau, la végétation et
le sol. Les radiations émises par la terre sont dans le spectre IR. De même que pour le rayonnement
solaire les radiations IR sont absorbées et diffusées par l'atmosphère qui représente un bon absorbant
pour ces types de radiations (λ < 0,75 µm).
Notre planète, de température moyenne beaucoup plus faible que le soleil, rayonne surtout dans
le domaine infrarouge (de 1,5 µm à 100 µm). Ces deux types de rayonnement rassemblent toute
l’énergie que la terre peut échanger avec son environnement.

Figure 12: Spectre d'intensité réduite du rayonnement solaire. A: spectre en coordonnées logarithmique. N: spectre d’un corps
noir à 6000 °K [Queney, 1974].

IV caractéristiques d’un rayonnement (électromagnétique et particulaires)

Type de Rayonnement

25
Electromagnétique Particulaire
Classique Relativiste
v<0.1c v>0.1c
Masse m=0 m0=ctes m=m0
Quantité de p=h/ p=mv p=mv=m0v
mouvement p=E/v=nE/c p=h/ p=h/
Energies E=h=hc/n Ec=1/2mv2 E0= m0c2
E(eV)=12400/n(A°) Ec=qU Ec=(-1) E0
Ec=qU
E=Ec+E0=m0c2=mc2
Relation entre p et E E=p.c/n Ec=p2/2m E2=(pc)2+E02
P=E/v=nE/c P=(2mEc)1/2 1
p= ( E 2 − E02 )
P=(2mqU)1/2 c
1
p= Ec ( Ec + 2 E0 )
c
1
p= qU (qU + 2 E0 )
c

m0
➢ m= =  m0 :c’set la masse inertielle qui caractérise la résistance d’un corps au
2
v
1−
c2
mouvement.
1
➢  = est appelé facteur de Lorentz
v2
1− 2
c
➢ E0 l’Energie au repos

➢ L’energie du photon est reliée à sa fréquence  et à sa longueur d’onde  par :

hc 1240 1, 240.10−6
E = h =  E (eV ) = =
  (nm) 

26
Chapitre III :

Interaction photon matière

I- Interaction Rayonnement -matière


Lorsqu’un rayonnement traverse la matière, il en ressort atténué par suite des différentes
interactions (ionisation ou excitations) des rayons électromagnétiques avec les atomes de la matière
traversée. Cette atténuation ne s’accompagne pas d’une diminution de l’énergie individuelle du
photon, phénomène différent du ralentissement des particules matérielles qui correspond à une
diminution de leur énergie sans variation de leur nombre.
I.1 Etude du phénomène global
I.1.1 Loi d’atténuation
Supposons N0 photons monochromatiques tombant normalement sur la surface d’un matériau
absorbant. Le nombre de photons atténué par unité de longueur est proportionnel au nombre de
photons incidents
d ( N0 − N ) d (N )
= N soit − =  dx
dx N

N = N 0 .e −  x : c’est la loi d’atténuation global

 appelé coefficient linéaire global d’atténuation, dépend de l’énergie du rayonnement incident

et de la nature de la matière traversée. Il s’exprime en cm-1 si x est donné en cm.


1
La quantité correspondant à une épaisseur atténuante 37% des photons incidents

N
( = e −1 = 0,37 ) est appelée Libre Parcours Moyen des photons.
N0

I.1.2 Couche de demi-atténuation (C.D.A.)


C’est l’épaisseur x 1 nécessaire pour atténuer la moitié des photons incidents.
2

N0 −  x1 1 Ln 2
Pour x = x 1 : N=  e 2
= Soit : x1 =
2 2 2 2 
Ln 2
Remarque : remplaçons dans la loi d’atténuation globale la constante  par sa valeur , nous
x1
2
Ln 2
− x
x1 N0
obtenons : N = N 0 .e = N 0e − nLn 2 = N 0e − Ln 2
n
2
 N=
2n
x
Avec n = nombre de C.D.A.
x1
2

27
I.1.3 Coefficient massique d’atténuation

On démontre que le coefficient  dépend de l’état physique de la matière traversée. Aussi



préfère-t-on utiliser le coefficient m = indépendant de l’état physique (  masse volumique de

l’absorption)
La loi d’atténuation s’écrit alors :

− x
N = N 0 .e 
= N 0 e − m . X

avec X =  x exprimé en g.cm-2


Remarque : ne pas confondre absorption et atténuation. Cette dernière fait intervenir l’absorption
et la diffusion relatives aux différents processus d’interaction.
II Différents processus d’interaction
L’atténuation d’un rayonnement monochromatique X ou  traversant un matériau résulte
essentiellement de trois processus d’interaction : l’effet photoélectrique, l’effet Compton et la
« production des paires » selon la nature du matériau et l’énergie du photon.
Le coefficient linéaire d’atténuation peut se mettre sous la forme d’une somme de trois termes :
 = + + 
 : coefficient linéaire d’atténuation par effet photoélectrique
 : coefficient linéaire d’atténuation par effet Compton
 : coefficient linéaire d’atténuation par effet production des paires
Remarque : il existe d’autre processus d’interaction photon matière (diffusion de Rayleigh et
interaction photon nucléaire) moins importants que les trois processus cités. Dans la diffusion de
Rayleigh (élastique), le photon est simplement réorienté par un petit angle pratiquement sans perte
d’énergies. Les interactions photon-nucléaires sont seulement significatives pour des énergies du
photon au-dessus de quelques MeV.
II.1 Effet Photoélectrique
Le photon incident entre en collision avec un électron lié (des couche K ou L) et disparait
totalement (éjecté).
Appliquons le principe de la conservation de l’énergie :
E photon = W + Ec

E photon = h : Energie du photon incident

W : Energie de liaison de l’électron


1
Ec = mv 2 : Énergie cinétique de l’électron éjecté (photoélectron) a une vitesse v
2

28
Figure 13: Effet photoélectrique

La lacune électronique laisse l’atome dans un état excité, un électron d’une couche plus externe
comble le trou et ainsi de suite jusqu’à réarrangement électronique complet. Chacune des transitions
est accompagnée d’une émission d’un photon de fluorescence (spectre de raies X).

Il arrive qu’un photon de fluorescence entre en collision avec un électron des couches supérieures et
l’expulse avec une énergie cinétique suffisante. On l’appelle alors électron d’Auger.

Propriétés :

➢ La probabilité d’interaction par effet photoélectrique est d’autant plus grande que l’énergie du
photon incident est voisine de l’énergie de liaison de l’électron K ou L.
➢ L’effet Auger est d’autant plus important que Z est faible
➢ L’effet photoélectrique est un phénomène d’absorption totale
 a
=
 
Le photon incident disparait totalement
➢ Le coefficient massique d’atténuation par effet photoélectrique varie suivant la loi de Bragg
et Pierce :
 Z3
= f( 3)
 
➢ Les photoélectrons sont émis dans la direction du photon incident aux grandes énergies. La
déviation est d’autant plus importante que l’énergie du photon incident est faible

29
a- Section efficace :
On considère un électron K d’un atome hydrogénoïde de numéro atomique Z, c-à-d ne
comportant qu’un seul électron. La section efficace différentielle non relativiste de photo-absorption
d s’exprime par :
2 7
4 2Z 5  1  e4  me c 2  2 2
d = 4   4   sin  cos  (14 cos  )d 
2

137  4 0  me c  h 
v0
e et me sont respectivement la charge et la masse de l’électron  = est la constante de structure
c
2 e2
fine. Elle représente le rapport de la vitesse v0 = de l’électron sur la première orbite de Bohr
4 0 h
de l’hydrogène de rayon a0 et de la célérité de la lumière dans le vide c.
1
a0 = = 0, 0529nm ; v0 = 2, 2.106 m.s −1
4 0 me e 2

La direction définie par le faisceau de photons et la direction de la vitesse de l'électron éjecté sont
représentées par l'angle    0,   . L'angle   0, 2  décrit la rotation autour de l'axe Oz du faisceau

incident (figure 13) et d  = sin  d d .


L’électron est éjecté principalement dans la direction de la polarisation du champ électrique du
photon, c'est-à-dire dans la direction perpendiculaire au faisceau incident de photons, et non pas dans
sa direction. En intégrant sur les angles  et , et en négligeant le terme en , on obtient un facteur
4
. La section efficace totale de photo-absorption pour un électron est donnée par  :
3

16 2 Z 5 1 2 e4 me c 2 7 2
= ( ) ( )
3 1374 4 0 me4 c 4 h

La section efficace  augmente rapidement avec la charge Z du noyau, comme Z5, et décroît avec
l'énergie (hv)-7/2 . On peut retenir que la section efficace de l'effet photoélectrique est proportionnelle
à Z5 / (hv)3,5

Par exemple, la contribution de l'effet photoélectrique est sensiblement la même pour des photons
d'énergies respectives de 0,15 MeV et 2 MeV dans l'aluminium (Z = 13) et le plomb (Z = 82). Dans
les éléments légers comme C, O, N, l'interaction se fait principalement avec les électrons des couches
K.

30
II.2 Effet Compton

C’est une interaction entre un photon h0 et un électron libre ou faiblement lié de la cible dont
l’énergie de liaison et l’énergie cinétique sont négligeables devant l’énergie du photon. Lors de cette
interaction qui peut être décrite comme une collision, l’électron, dit électron Compton, acquiert une
énergie cinétique Te et un photon diffusé est émis avec une énergie h1 dans une direction, faisant un
angle  avec la direction du photon incident.

Figure 14: effet Compton

La collision ‘’élastique ’’ obéit à la loi de conservation de la quantité de mouvement et de


l’énergie.
➢ En mécanique relativiste :
Conservation de l’énergie :
h0 + m0c 2 = h1 + E p Où E p = m0c 2 + Te (1)

 h0 = h1 + Te
Te : l’énergie cinétique de l’électron
m0 masse de l’électron au repos
me masse inertiel de l’électron
Conservation de la quantité de mouvement :
 h0 h1
 c = c cos  + pe cos  (2)
p 0 = p1 + pe  
0 = h1 sin  − p sin  (3)
 c
e

31
➢ En mécanique classique :
Pour l’énergie :
h0 = h1 + Te (1’)

Pour la quantité de mouvement :

 h0 h1
h0 h1  = cos  + mv cos  (2 ')
 c
= + mv  
c
c c 0 = h1 sin  − mv sin  (3')

 c

On exprime l'énergie totale Ep d'une particule de masse me par son énergie au repos mec2 et par sa
quantité de mouvement pe au moyen de la relation utilisée en relativité restreinte (conservation de
la norme du quadrivecteur énergie impulsion) :
1
pe = Te (Te + 2m0 c 2 ) Et E p2 − pe2 c 2 = m02 c 4
c
Pour l'électron de recul de masse m0 = me. Si Te désigne l'énergie cinétique de l'électron et pe sa
quantité de mouvement, cette relation devient :

(T + m c 2 )2 = T 2 + 2m c 2T + m 2c 4
 e
E p = Te + m0c 2
e e e e e
 2 et
 E p = pe c + me c
2 2 2 4

 pe2c2 + me2c4 = Te2 + 2mec2Te + me2c4

 pe2c2 = Te2 + 2mec2Te


La conservation de la quantité de mouvement et de l'énergie du système photon plus électron,
considéré comme isolé, donne les relations en projection sur les axes Ox et Oy (figure 14):
h0 h1 h1
= cos  + pe cos  , sin  = pe sin  et h0 = h1 + Te
c c c
En combinant les deux premières équations ci-dessus et en tenant compte des relations :

pe2 c 2 = T 2 + 2me c 2T et T = h0 − h1

( h0 − h1 ) + 2m h − h
2
T2
p = 2 + 2meT = e( 1)
2
e 0
c c2
il vient:

( h0 − h1 ) + 2m h − h
2
 h0   h1  2h 01 cos 
2 2 2

 +
   − = pe2 = e( 0 1)
 c   c 
2
c c2

32
1 − cos  1  c c 
=  − 
me c h  1 0 

On obtient :
➢ L’énergie du photon diffusé :
−1
 h0  me c 2
2 (
h1 = h0 1 + 1 − cos  )  Ou h1 =
 me c  me c 2
(1 − cos  ) +
h0

➢ Le déplacement Compton :
h
 = 1 − 0 = (1 − cos  ) = c (1 − cos  )
m0 c

c = 0,0243 Å Longueur d’onde Compton

➢ L’énergie cinétique de l’électron Compton :


1
Te = m0 v 2 = ( m − m0 ) c 2 = h − h1
2

(h ) (1 − cos  )
m0 c 2 (h ) 2
Te = h = (1 − cos  )
1 + (h ) (1 − cos  ) m0 c 2 + h (1 − cos  )
m0 c 2

Remarque :

➢ Pour  =  ,  = 2c le déplacement Compton est maximal, la collision est frontale. Le

photon diffusé ou photon de rétrodiffusion se déplace suivant une direction opposée.



➢ Pour  = ,  = c la collision est tangentielle.
2
➢ L’énergie transférée à l’électron est donnée par la relation précédente. Elle est maximale
lorsque  =  :
(h ) 2
Te,max =
1
h + m0 c 2
2
Propriétés :
➢ La probabilité d’interaction par effet Compton augmente avec l’énergie du photon projectile
➢ Le coefficient massique d’atténuation par effet Compton est pratiquement indépendant de la
nature de la substance
➢ L’atténuation par effet Compton n’est pas un phénomène d’absorption vraie.

33
 a 
= + d
  
absorption diffusion

➢ Aux faibles énergies correspondant à des longueurs d’onde comprises entre 0.1 et 0.6 Å, la
longueur d’onde du photon diffusée est voisine de celle du photon incident. L’électron heurté
vibre en phase avec le champ électrique associé au photon projectile : c’est le phénomène de
‘’diffusion Thomson’’ sans changement de longueur d’onde.
➢ L’électron Compton est toujours projeté « vers l’avant » par rapport à la direction du photon
incident, mais les photons de recul peuvent éventuellement être émis « vers l’arrière ».
➢ La probabilité de la diffusion Compton par atome de l’absorbant dépend du nombre des
électrons disponibles, et augmente linéairement avec Z.
➢ La distribution angulaire des rayonnements diffusés is prédite par la formule de Klein-Nishina
d
pour la section efficace de diffusion :
d

  1 + cos 2    
2
d  1  2 (1 − cos  ) 2
= Zr02     1 + 
d  1 +  (1 − cos  )     (1 + cos  ) 1 +  (1 − cos  )  
2
2

h 1 e2
Avec  = et r0 = le rayon classique de l’électron.
m0 c 2 4 0 mc 2
La figure 15 montre la forte tendance de la diffusion vers l’avant pour les grandes énergies
des photons gamma.

Figure 15: Diffusion de Compton en fonction de l'énergie des photons incidents

34
II .3 Effet création de paires
La création de paires électron-positron réalise la matérialisation de l 'énergie du photon incident. Le
photon incident doit obligatoirement interagir avec un noyau atomique et avoir une énergie supérieure
2
à l'énergie du seuil de création d'une paire électron-positron soit 2m0 c , où m0 désigne la masse de

l'électron (et du positron) au repos et c la célérité de la lumière dans le vide.


Lors de l’interaction d’un photon très énergétique avec le champ coulombien d’un noyau lourd, une

paire d’électrons ( (  ,  ) prend naissance : c’est le phénomène de matérialisation de l’énergie.


+ −

Appliquons le principe de conservation de l’énergie :

h = m+c2 + m−c2 = 2m0c2 + Ec+ + Ec−

Ec+ et Ec− : Energie cinétique du  + et  − respectivement

La réalisation de la production de pair exige une énergie seuil à 2m0 c = 1, 02 MeV .


2

La distribution des énergies cinétiques entre le positron et l’électron (positon et le négaton) dépend
de l’énergie h du photon incident.
Ec+
Aux faibles énergies, le rapport − reste voisin de l’unité. Pour des énergies supérieures à 15 ou
Ec

Ec+
20 MeV, augmente d’autant plus rapidement que l’énergie du photon augmente.
Ec−
L’électron cède son énergie cinétique par excitation et ionisation des atomes de la matière traversée ;
en fin de parcours, il se retrouve à l’état libre. Il en est de même pour le positon qui ne peut rester
dans cet état. Il s’associe à un électron libre de la matière pour donner naissance à deux photons de

même énergie h0 = m0c = 0,51MeV émis dans deux directions opposées.
2

Figure 16: Processus de l’effet création de paires

35
La ‘‘Production de paires’’ n’est pas un phénomène d’absorption varies :
 a d
= +
  
absorption diffusion

Le coefficient  augmente avec h et varie proportionnellement au numéro atomique Z du



matériau irradié.
Remarque :
➢ Le photon doit passer nécessairement au voisinage d'un noyau atomique. En effet, la
matérialisation de photons dans le vide n'est pas possible.
➢ Le positron ainsi créé dans la matière va ralentir et s'annihiler, alors qu'il est pratiquement
au repos, avec un électron pour donner deux photons de 0,511MeV chacun qui seront
émis dans des directions opposées afin de conserver la valeur initialement nulle de la
quantité de mouvement du système positron plus électron.
➢ Dans la pratique, le processus de création de paires électron-positron ne devient
2
important que pour des énergies supérieures à 4m0 c .
II.4 Probabilités comparées des trois processus
A basse énergie, l’effet photoélectrique domaine, alors qu’à haute énergie, la production des
paires domaine. Pour les énergies intermédiaires, la diffusion Compton est l’effet dominant.
➢ Pour E = h  0, 5MeV , l’effet photoélectrique qui domine. Mais section efficace diminue
quand l’énergie augmente :
1
 EPE 
E3
➢ Pour 0, 5  E = h  3MeV l’effet Compton domine
➢ Pour E  1, 02 MeV Effet Compton et Création de paires en concurrence
➢ Pour E  3MeV Effet Création de paires domine
La section efficace de la CP est proportionnelle à Z2 et augmente avec E, contrairement à

l’effet photoélectrique et l’effet Compton  CP  Z .E


2

36
Figure 17:Domaines représentant l'importance relative des trois modes d'interaction des photons avec la matière en fonction du
numéro atomique Z de la matière et de l'énergie des photons. Les lignes de séparation représentent les couples de valeurs de Z
et de l'énergie pour lesquelles deux effets sont égaux.

Tableau 1: Interaction photon matière

Effet Photoélectrique Diffusion Compton Création de paire


Partie impliquée de Electron du niveau Electron du niveau Noyau
l’atome interne externe
Energies des photons Faible (<1MeV) Moyenne (0.2 to 5 Elevée (>1.02 MeV)
MeV)
Z de l’absorbant Augmente avec Z5 Augmente avec Z2 Augmente avec Z

Conséquences Ejection d’un électron Ejection d’un électron Production de paires


du niveau interne de du niveau externe de électron positron subit
l’atome l’atome. Le photon l’annihilation pour
diffuse avec une former deux photons
énergie réduite de 0.51MeV

37
Chapitre IV :

Interaction des particules chargées avec la matière

Introduction
L'étude de la pénétration des particules chargées dans la matière a commencé au début du siècle
avec les travaux de THOMSON et RUTHERFORD. L'intérêt pour ce sujet s'est réveillé avec la
découverte de la fission des noyaux lourds en deux fragments de masses comparables, éjectés avec
des énergies cinétiques de l'ordre de 100 MeV, et l'élargissement conséquent des domaines
d'investigation

Lorsque des particules matérielles dotées de masse au repos, acquièrent de l’énergie cinétique,
elles constituent un rayonnement particulaire qui se comporte comme un faisceau de « projectiles ».
Les particules traversant la matière cèdent leur énergie cinétique par suite de collisions (excitation et
ionisation) avec les atomes de l’absorbant.

Les particules chargées sont essentiellement ralenties par interaction coulombienne avec les électrons
des atomes du milieu traversé.

On distingue deux types d’interaction selon la nature du projectile :

➢ L’interaction "obligatoire" ou coulombienne : une particule chargée lourde (, proton,


deutons) ou légère (+,-) inter-réagit avec les atomes de l’absorbant sans qu’il y ait
nécessairement collision par suite de forces coulombiennes existant entre projectile et cible
(électrons périphériques ou noyau).
➢ L’interaction aléatoire : une particule neutre n’interagit avec la matière qu’a deux conditions :
- Le projectile passe très près de la cible (l’interaction est alors de très faible portée)
- Le projectile entre en collision avec un électron périphérique ou le noyau de la cible.
I Particules chargées lourdes

Les particules chargées lourdes telles que les protons, les particules  et les autres noyaux
produits lors des réactions nucléaires. Ces particules peuvent interagir avec des noyaux, et plus
probablement avec les électrons des atomes.

1- Interactions des particules chargées avec la matière

Le processus dominant dans la perte d’énergie d’une particule chargée qui traverse la matière
(gaz, liquide ou solide) est l’ionisation, c’est-à-dire le transfert d’énergie de la particule chargée

38
incidente à un électron d’une couche atomique. Si cet électron a acquis suffisamment d’énergie pour
être libéré on parle d’ionisation. S’il reste lié à l’atome mais sur une autre couche orbitale, on parle
d’excitation. Dans le cas des particules incidentes légères comme les électrons ou les positrons, la
production de photons par rayonnement de freinage, ou Bremsstrahlung, est également très
importante et dans le cas des positons, il faut de plus considérer le cas des annihilations électron-
positon.

2- Perte d’énergie par ionisation pour une particule massive

L’ionisation est l’effet dominant pour toute particule chargée qui traverse la matière, sauf pour
les électrons/positons et dans le cas extrême des énergies ultrarelativistes.

Remarques :
L’excitation/ionisation d’un milieu matériel constitue le processus principal de perte d’énergie
des particules chargées lourdes lorsqu’elles traversent la matière. L’utilisation des électrons
d’ionisation du milieu (en les accélérant à l’aide d’un champ électrique intense) a permis de
développer différents détecteurs de particules (Geiger-Muller, streamer tubes…).

3- Pouvoir d’arrêt ou de ralentissement :

Lors du passage d’une particule dans un milieu elle va subir un certain nombre d’interactions dont
chacune correspond à une perte d’énergie très faible. Soit dE cette perte d’énergie de la particule.
On appelle pouvoir d’arrêt ou de ralentissement S du milieu traversé pour des particules d’énergie
considérée, la perte d’énergie subie par ces particules dans ce milieu par unité de longueur de la
trajectoire.

 dE 
➢ Pouvoir d’arrêt linéaire S = −   et s’exprime en MeV/cm
 dx  x

 dE  1  dE 
➢ Pouvoir d’arrêt massique S = −   =−   s’exprime en MeV .cm /g
2
 dx m   dx x
 : masse spécifique
Remarque : Pour des particules de charges données, S augmente avec la diminution de la vitesse des
particules.

39
4- Formule classique de Bohr :
Dans une première étape, utilisons l’approche classique de Bohr de 1913, reposant sur les
approximations suivantes :

- la masse de l’électron est négligeable : mc  me c


2 2

- l’électron est libre ( El 0 ) et au repos


- la modification du champ électrique due au déplacement de l’électron est négligée.
Dans cette approche classique, le lien entre l’énergie cinétique de l’électron et son impulsion
est donné par :
pe2
E = (4.1)
2me

Le paramètre d’impact, soit la distance minimum entre la particule incidente et l’électron, est notée
b et la particule incidente se déplace suivant l’axe x :

Figure 18: étude de l’effet Coulombien d’une particule incidente sur un électron d’une orbital atomique

L’énergie E transférée à l’électron lors d’une collision de la particule de masse M avec l’électron

peut être comprise entre zéro et une valeur Emax (observée dans un choc frontal). En effet, si b=0

(choc frontal), à partir des lois de conservation de l’énergie cinétique et de l’impulsion :

1 1 1 me 2
➢ Conservation de l’énergie : Mv02 = MV12 + me v12  V12 = v02 − v1 (4.2)
2 2 2 M
➢ Conservation de la quantité de mouvement :
 Mv0 = MV1 cos  + me ve cos 
Mv0 = MV1 + me ve   (4.3)
0 = MV1 sin  − me ve sin 
On obtient :
12
 4M .me cos 2  
V1 = v0 1 −  (4.5)
 ( M + me ) 2 

40
2 Mv0 cos 
ve = (4.6)
M + me
Si cos  = 1 :
M − me
- V1 est minimale : V1min = v0
M + me
2M
- ve est maximale : ve max = v0
M + me
L’énergie maximale transférée à l’électron sera :
4me MT0
Emax = (4.7)
(me + M ) 2
T0 l’énergie cinétique et M la masse au repos de la particule incidente, me la masse au repos de
l’électron.

L’effet du champ électrostatique de l’électron n’induit pas de variation d’impulsion à la


particule incidente, par symétrie, dans la direction x :
Classiquement on peut calculer dE/dx de la façon suivante. D’abord on calcule l’impulsion p fourni
par la particule incidente à un électron atomique à travers la force de Coulomb :
+ + ze 2 dx
p = pt =  Fy (t )dt =  sin  , (4.8)
− − 4 0 r 2
dv

1  sin  
2
b , b
Avec : =  , x= dx = − d
r 2
 b  tg sin 2 

 ze 2 sin  ze 2
p= d  = (4.9)
0 4 0 r 2 vb 2 0 vb

Où z, v, b sont la charge, la vitesse et le paramètre d’impact de la particule, respectivement. On


calcule puis dans une approche non-relativiste l’énergie transmise à l’électron :
p2 z 2 e4
dEe = = 2 2 (4.10)
2me 8  0 me v 2 b 2

Qui ne dépend donc pas de la masse de la particule incidente, mais de sa charge au carré (notez
l’indépendance par rapport au signe de la charge) et sa vitesse au carré.
En admettant une distribution uniforme des électrons, le nombre des "collisions" que la particule subit
avec des électrons situés à un paramètre d’impact compris entre b et b+db, et dans une épaisseur dx
est :
NA
dN e = (2 b.dbdx)  ( )Z (4.11)
A
Qui engendre un transfert d’énergie :

41
z 2 e4 N
dTe = dN e dEe =  A Zdbdx (4.12)
4 0 v bme
2 2
A
La perte d’énergie par unité de distance est donc :
dE bmax dT (b) N z 2 e4 b 
− = e
= AZ ln  max  (4.13)
dx bmin dx A 4 0 v me  bmin 
2 2

L’intégrale diverge, on doit en limiter les bornes en utilisant des arguments un peu qualitatifs.
Par la suite, « quelques approximations » vont être faites afin d’estimer au mieux cette équation.
Remarque : Si au lieu de considérer l’interaction avec un électron on envisage celle avec le noyau,
de charge Z et de masse M, on obtient :
4Z 2 z 2 e4
EZ = (4.14)
Mv 2 b 2
Ce qui montre que l’effet relatif du champ du noyau est négligeable :
Z 1
Eelectrons me me 2m p (4.15)
=  4000
Enoyaux Z 2
Z me
M 2Z .m p

Où l’on a supposé que le nombre atomique A= 2Z et que la masse du noyau est M=Amp.

Conclusion : les transferts sur les noyaux sont négligeables.

4.1- Estimation de bmin :


La valeur minimale du paramètre d’impact est fixée par l’énergie cinétique maximale que peut
acquérir l’électron au cours d’une telle interaction. D’un point de vue classique, en conservant
l’impulsion et l’énergie cinétique (choc élastique) et en prenant comme énergie cinétique maximale

la limite de diffusion à l’avant (c’est-à-dire l’angle de diffusion e → 0 ), on obtient facilement la


vitesse finale de l’électron :
2m
ve = v 2v (4.16)
me + m

1
Donc : max
Ecin = me (2v) 2 = 2me v 2 (4.17)
2

En tenant compte des effets relativistes, cette relation devient :


max
Ecin = 2me  2 v 2 (4.18)

Et en utilisant la relation (4.10), on trouve donc :


1 ze 2
bmin = (4.19)
4 0  me v 2

42
4.2- Estimation de bmax
Jusqu’ici on a supposé que l’électron était libre. Or les électrons sont liés aux noyaux. Le
transfert d’énergie est plus petit que l’énergie moyenne d’ionisation I des électrons et le processus
n’est plus efficace.
On demandera donc que : E  I c.-à-d. :
1 2 z 2 e4
dEe = =I (4.20)
(4 0 ) 2 bmax
2
v 2 me
Donc :
1 ze2 2
bmax = (4.21)
4 0 v me I

En introduisant  = 1 (limite non relativiste), On obtient ainsi la formule de Bohr :


dE 2 Zz 2 re2 me c 4 N A  2me v 2
− = ln( ) (4.22)
dx v2 A I
e2
1
Avec : re = le rayon classique de l’électron.
4 0 me c 2
I : Constante d’ionisation ou le potentiel moyen d’excitation des atomes du milieu.

La relation (4.22) obtenue par Bohr, n’est qu’approximative. C’est une bonne approximation pour
autant que m >> me, ce qui est valable pour des masses à partir des noyaux d’hélium, mais ne l’est
pas pour un pion ou un proton. Une meilleure approximation est fournie par la formule de Bethe-
Bloch.
5- Formule de Beth
Bohr et ensuite Bethe et Bloch en mécanique quantique relativiste améliorent la précision du
calcul en incluant différentes corrections. L’équation encore généralement utilisée aujourd’hui est
établie en 1953 :
dE  1  1 2me c 2  2  2Tmax  C
− = Kz 2 Z 2 
ln − 2 − −  (4.23
dx A  2 I 2
2 Z
K = 4 N A re2 me c2 = 0.307MeV .g −1.cm2
e2
re = : Rayon classique de l’électron (2.8fm)
me c 2
1 v
 = : facteur de Lorentz avec  =
1−  2 c

Tmax = 2me c2  2 2 : Energie cinétique maximale transférée à l’électron pour (m>>me)


I = (10  1).Z eV : pour les éléments de Z au-delà de l’oxygène

43
Les différentes corrections sont :
• La correction relativiste en  2 est due aux déformations du champ électrique ( E y →  E y ).
• La correction C/Z (Shell correction) tient compte des effets de liaison des électrons. Elle
contribue au niveau de 1% quand  = 0.3 (par exemple pour un pion de 6 MeV) et décroît
fortement avec l’énergie.
• La correction de densité  / 2 est due au fait que le champ électrique de la particule incidente
polarise les atomes près de sa trajectoire. Cette polarisation réduit l’effet du champ électrique
sur les électrons plus éloignés (effet d’écrantage). Cela réduit la perte d’énergie
− dE (parce que > 0). Cet effet augmente avec l’énergie (le champ électrique est plus
dx
étendu), ou si la densité du matériau est plus élevée (liquides et solides).

La formule de Bethe-Bloch décrit la perte d’énergie moyenne par unité de longueur d’une particule
chargée et massive avec une précision de quelques pourcents dans le domaine 0.05 < < 500. Elle
est illustrée en fonction du produit  pour un pion chargé traversant du cuivre, à la figure 19.
Une particule incidente de haute énergie ( = p/m > 3) commence par perdre une quantité
d’énergie relativement faible et presque constante (la courbe tend vers un plateau aux hautes
impulsions). Peu à peu la particule perd de l’énergie jusqu’à atteindre le minimum de perte vers
 = 3-4 que l’on appelle le minimum d’ionisation (ou MIP pour Minimum Inonizing Particle), qui
pour les protons vaut 1.9 GeV. Ensuite la perte augmente et devient dominée par le terme non
5
relativiste que l’on peut approximer par − dE
dx


3 (provient du  −2 modifié par le facteur

logarithme). A très basse énergie,  <0.05, la perte d’énergie se fait sous forme d’agitation thermique
(recul des noyaux) et les phénomènes de capture deviennent important (Shell correction). Il n’y a pas
de théorie satisfaisante pour la décrire.
Remarque : En tenant compte que l’énergie maximale transférée dans une collision Tmax (équation
4.18), la formule de Bethe devient approximativement :
dE n z2  2me c 2  2  2  C
− = (4 me c 2 re2 ) e 2 ln( ) − 2 − −  (4.25)
dx   I 2 Z

Z  NA
ne = : densité des électrons atomiques.
A
Le potentiel moyen d’excitation et d’ionisation de l’absorbant I, il est déterminé expérimentalement
pour chaque élément. L’équation précédente est généralement valable pour différents types de
particules chargées à condition que leurs vitesses restent grandes par rapport aux vitesses de l’électron
orbital dans les atomes absorbants.

44
La variation de la perte d'énergie spécifique pour un certain nombre de différentes particules
chargées est illustrée à la figure 19 et 20 pour une large gamme d'énergie. Cette figure montre que la
valeur de dE/dx pour de nombreux différents types de particules chargées s'approche d'une valeur
minimale quasi constante pour des énergies supérieures à plusieurs centaines de MeV.

Figure 19: Perte d'énergie moyenne par unité de longueur en fonction du produit  pour un pion chargé dans le cuivre. La
courbe rouge correspond à la formule de Bethe-Bloch

Figure 20: variation of the specific energy loss in air versus energy of the charged particles shown

45
A des faibles énergies, la formule de Bethe devient no applicable, où l'échange des charges entre
la particule et l'absorbeur devient important. La particule chargée positivement aura alors tendance à
capter les électrons de l'absorbeur, ce qui réduit efficacement sa charge et la perte d'énergie linéaire
qui en résulte. Au bout de sa trajectoire, la particule a accumulé z électrons et devient un atome neutre.
La valeur de dE/dx au minimum est presque identique pour les différentes particules de même charge
dans un même milieu. De plus, il est presque constant, de 1 à 2 MeV g-1 cm2, pour la plupart des
matériaux (figure 21) :

3.5 ( Z = 7) 
  1 − 2 MeV cm .g
2 −1

3.0 ( Z = 100) 

Figure 20: Perte d’énergie moyenne par unité de longueur pour un pion chargé dans différents milieux

Le potentiel d’ionisation dépend de la charge totale du noyau mais aussi des propriétés du cortège
électronique, c’est une valeur difficile à calculer. Elle a été mesurée pour différents matériaux et
paramétrée en fonction de Z (figure 21) :

I
 = 9.76 + 58.8Z −1.2 eV pour Z  13
Z

 I = 12 + 7 eV pour Z  13

Z Z

Cependant I a des irrégularités locales dues aux fermetures des couches atomiques. Pour les gaz
et les corps légers celles-ci sont importantes et les formules empiriques données ci-dessus ne sont
plus valables.

46
Pour un milieu composé de différents éléments, le potentiel d’ionisation moyen se calcule comme
la moyenne des potentiels d’ionisation de chaque constituant.

Figure 21: Potentiel d’ionisation mesurés pour différents matériaux

4.6- Parcours des particules chargées lourdes et courbe de Bragg :


6.4.1- Parcours moyen
Un des moyens qui permettent d’estimer l’énergie cinétique de la particule, est la détermination
du parcours de la particule chargée dans un matériau, qui représente le trajet nécessaire pour que cette
particule perde complètement son énergie cinétique dans ce matériau.

En générale chaque particule incidente Pi a un parcours individuel Ri, les particules


individuelles diffèrent et fluctuent autours d’une valeur moyenne appelée « parcours moyenne », qui
est défini comme l’épaisseur de l’absorbeur qui réduit le nombre de particules d’un facteur deux par
rapport au nombre de particules incidentes.

Remarque : la trajectoire de la particule chargée est pratiquement rectiligne (les interactions


avec les noyaux sont rares). Les particules ne sont pas arrêtées par une même épaisseur d’écran, il y
a une certaine dispersion des parcours, cette fluctuation est appelée straggling ( de forme gaussienne).

La relation entre le parcours et le pouvoir d’arrêt :

T0 −1
 dE 
R
R =  dx =   −  dE
0 
0
dx 

Dans le cas des particules chargées lourd d’énergie inférieur à quelque GeV, et en prenant en
compte que la perte d’énergie par ionisation et excitation (approximation valable dans le cas
d’énergie faible), le parcours s’écrit :

M
R= g (v0 )
z2

47
Avec g (v0 ) est fonction uniquement de v0, M et z sont la masse et l’état de charge de la particule
incidente respectivement.

Figure 22 : Représentation du parcours des particules de même énergie initiale dans la matière.

6.4.2- courbe de Bragg


On appelle courbe de Bragg (du nom du nom du physicien Britannique W. H. Bragg du début
du 20e siècle) la relation entre la distance parcourue et le pouvoir d’arrêt. Un exemple (figure 23)
est donné pour des particules  dans l’air.

La courbe de Bragg est caractérisée par l’existence d’un maximum très prononcé précédent une
chute brutale, montrant ainsi que le dépôt d'énergie est très localisé.

Figure 23 : courbe de Bragg typique pour des particules alpha.

48
6.5- Transfert d’énergie linéique (TEL)
On appel transfert linéique d’énergie la quantité d’énergie transférée au milieu par la particule

incidente par unité de longueur de trajectoire son unité est keV . m


−1
. Pour des particules de faible
vitesse par rapport à celle de la lumière TEL est donné par :

dE
T .L.E. = = w.I S
dx

w : énergie moyenne de ionisation, qui représente l’énergie nécessaire pour créer une paire d’ion
IS : ionisation spécifique ou densité d’ionisation linéaire (D.I.L)

II Interaction des particules chargées légères avec la matière :


Pour l’électron, trois processus jouent un rôle important dans l’interaction des électrons avec la
matière. Il s’agit :

- La diffusion inélastique sur les électrons atomiques


- La diffusion élastique sur les noyaux
- La diffusion inélastique sur les noyaux (Breamstrahlung)

1- Diffusion inélastique sur les électrons atomiques :

Elle en principe similaire à la diffusion étudiée pour les particules chargées lourdes, la
description des collisions faite précédemment est aussi valable pour les électrons. Cependant, la
formule de Bethe-Bloch, doit être modifié pour deux raisons. La première est la petite masse des
électrons (trajectoire change lors de la collision). La deuxième raison et que la collision a lieu
maintenant entre deux particules identiques et nous devons prendre en considération leur
indiscernabilité. La formule de Bethe-Bloch devient :

dE  1  1 2me c 2  2  2Tmax  C
− = Kz Z
2
2 
ln − 2 − − 
dx A  2 I 2
2 Z

2- Diffusion élastique sur les noyaux


2.1- Rayonnement de freinage
Les électrons interagissent différemment avec la matière des particules chargées lourdes, ils
sont relativistes dès que leur énergie cinétique est supérieure à 50 keV, alors que les protons et les
particules alpha doivent avoir une énergie cinétique supérieure à 90 MeV et 350 MeV pour avoir un
comportement relativiste, et leur masse est la même que les particules rencontrées puisqu'elles sont
identiques. Suivant l’énergie des électrons, le ralentissement dans la matière s'opère de deux manières

49
différentes. Les électrons de basse énergie sont ralentis par ionisation et excitation des atomes du
milieu, à cause des interactions coulombiennes identiques à celles des particules lourdes. Alors que
pour les électrons de grande énergie, le ralentissement est dû principalement aux radiations
électromagnétiques émises par ceux-ci

D’après les résultats de l'électromagnétisme, toute particule chargée et accélérée rayonne de


l’énergie. Une charge électrique Z1e (en pratique un électron) ayant une énergie cinétique assez
grande pour pénétrer dans le nuage électronique de l'atome et venir à proximité du noyau de charge
Z2, sera accélérée par la force coulombienne exercée par le noyau et rayonnera de l’énergie. C'est le
rayonnement de freinage « en allemand, Bremstrahlung ». L’accélération est proportionnelle à Z2/ M
où M désigne la masse de la particule chargée accélérée. Le rayonnement de freinage est
proportionnel au carré de l'accélération, ce qui implique que seules les particules légères comme les
électrons pourront contribuer de façon significative au rayonnement de freinage. Le rayonnement de
freinage est un rayonnement continu qui présente un seuil en énergie correspondant au transfert
complet de 1' énergie de l’électron incident sous forme rayonnée.

Figure 24: Rayonnement de freinage émis par un électron rapide dévié par l'interaction
avec un noyau atomique

La perte d’énergie totale est la somme des deux contributions :

dE dE dE
= +
dx tot dx ion dx brem

La masse de l’électron n’étant plus négligeable devant celle de la particule incidente, l’énergie
cinétique maximale transférée devient :

me c 2 ( − 1)
Temax =
2
L’expression de la perte d’énergie par ionisation doit donc être modifiée. Elle devient :
dE Z 1  me c 2  2 2Temax 
− =K 2 
ln + F ( ) 
dx ion A  2I 2

50
où le terme F() diffère pour les électrons et les positons.

Figure 25:Illustrations du rayonnement de freinage ou Bremsstrahlung

De façon analogue à l’effet d’un aimant de courbure sur un faisceau d’électron (rayonnement
synchrotron) un électron de haute énergie dans le champ d’un noyau émet un rayonnement de
freinage, Il s’exprime comme :
dE Z2 2 183
− = 4 N A re E ln 1
dx brem A Z 3

2.2 Effet Cerenkov :


La vitesse de la lumière dans le vide c’est une limite universelle, mais sa vitesse dans un milieu
transparent n’est plus que de c/n où n est l’indice de réfraction de ce milieu. Ainsi il est possible
d’avoir des particules traversant ce milieu à des vitesses dépassant cette limite : ces particules vont
provoquer l’émission d’un rayonnement : le rayonnement Cherenkov. La lumière bleutée
caractéristique de l’effet Tcherenkov a été observée pour la première fois par Marie Curie, dès 1910,
dans ses solutions de radium concentrées et on a pensé à l’époque que la fluorescence était à l’origine
de ce phénomène. A la fin des années 30, le radiologue français, Lucien Mallet, nota la continuité
spectrale de ce rayonnement, éliminant par la même la théorie de la fluorescence. Les premières
explications satisfaisantes de ce phénomène vinrent quelques années plus tard avec les travaux du
physicien Russe Pavel Cherenkov. Il fournit un modèle classique en bon accord avec les théories
dérivées de l’électromagnétisme classique.

Dans ce modèle, l’émission de ce rayonnement trouve son origine dans un phénomène


électromagnétique. Le champ électromagnétique, crée par une particule chargée animée d’une vitesse
vp = βc traversant un milieu matériel, engendre une polarisation locale des molécules constituant ce
milieu. Après l’éloignement de la particule, la dépolarisation des molécules engendre une émission
d’ondes électromagnétiques sphériques se propageant à une vitesse vl = c/n, vitesse de phase de la
lumière dans le milieu.

Deux cas sont alors à envisager :

51
• vp < vl : la particule va moins vite que la vitesse de la lumière dans le milieu. Dans ce cas, les fronts
d’onde ne peuvent interférer, si bien qu’aucune émission de lumière n’est observée.

• vp > vl : la particule va plus vite que la vitesse de la lumière dans le milieu. Dans ce cas les fronts
d’onde émis interfèrent constructivement dans une direction faisant un angle θph par rapport à la
trajectoire de la particule. Si le milieu est transparent au rayonnement émis, on observe alors une
émission de photons dans cette direction avec un spectre en 1/λ (λ la longueur d’onde). En prenant en
compte les coupures spectrales des matériaux transparents classiques, le rayonnement correspond
plutôt au domaine bleu, proche ultraviolet figure 27.

Figure 26: Illustration du processus Cherenkov. L’électron incident (sortant) est dessiné en bleu (rouge),
et le photon émis en vert.

La radiation Čerenkov est émise dans une direction  ph donnée par la relation :
1
cos  ph = avec  =
v
n. c

Remarques :

- La mesure de  ph permet d’avoir la vitesse v de la particule incidente


- Pour que l’effet Čerenkov puisse avoir lieu :
1 c
cos  ph  1    v
n n

- Cet effet est observable à l’œil nu au voisinage d’un cour du réacteur nucléaire

52
- Ce rayonnement n’a pas une grande importance dans le bilan de l’énergie d’une particule
chargée puisqu’il ne représente que 0,1% de la perte d’énergie totale, mais il a une
importante application dans la détection des particules d’énergie élevée.

53

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