Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
La radioactivité résulte de l’instabilité d’un noyau atomique qui se désintègre. Elle a été
découverte par Wilhelm Röntgen, Henri Becquerel et Marie Curie à la fin du XIX ème siècle. Si
la radioactivité a donné lieu à des applications technologiques (méthodes de datation, énergie
nucléaire civile, armes nucléaires), elle présente souvent un danger pour les organismes vivants
en raison des rayonnements ionisants qu’elle produit.
La désintégration d’un noyau peut prendre différentes formes :
Radioactivité : elle correspond à l’émission, par un noyau instable, d’une particule
, qui est en réalité un noyau d’hélium 24 He . Le noyau d’hélium qui contient 2 protons
On s’intéresse à la radioactivité .
La demi-vie d’un isotope radioactif représente la durée au bout de laquelle la population de
238
noyaux radioactifs a été divisée par un facteur 2. Pour le noyau U , elle est de 4,5 109 années,
92
varie sur autant d’ordres de grandeur. Construire un modèle théorique rendant compte de ces
variations gigantesques se présente comme un véritable défi.
a) Résultats expérimentaux
Dans l’étude de la radioactivité , l’approche expérimentale a précédé la modélisation
théorique. Les demi-vies de différents isotopes radioactifs et l’énergie cinétique de la particule
émise ont été mesurées. Le tableau ci-dessous recense différentes valeurs.
noyaux radioactifs
plus faible. Dès 1911, Geiger et Nuttal avaient remarqué cette dépendance et établi la loi
empirique :
B
ln 1/ 2 A (1)
E
avec r0 1, 2 10 15 m .
La particule est traitée comme une particule quantique dont le mouvement est
unidimensionnel (on note x la variable de position). Elle est soumise à une énergie potentielle
résultant des effets suivants :
Pour x R : la particule est essentiellement soumise à l’interaction forte qui assure la
cohésion du noyau. C’est une interaction à très courte portée et qui se limite aux
nucléons plus proches voisins, dont le nombre reste à peu près le même tant que la
particule reste dans le noyau. Dans ce modèle, l’énergie d’interaction de la particule
est donc constante, indépendante de sa position. On modélise donc l’intérieur du
noyau comme un puits de potentiel où la particule est dans un état lié.
Pour x R : comme l’interaction forte est à très courte portée, on la suppose
Gurney et Condon. La référence d’énergie potentielle est choisie nulle lorsque la particule
est infiniment éloignée du noyau.
2 Rc 2 Z e 2
nT
h R
2 m
4 0 x
E dx
(2)
RVm 2m V m
potentiel. Les calculs donnent la relation : ln T 2R m (3)
h E h
2Z e 2
où Vm
4 0 R
Compte tenu de son énergie cinétique, la particule fait des aller-retour dans le noyau et ne
cesse de « rebondir » contre la barrière de potentiel. A chaque collision sur la barrière de
potentiel, la particule a une probabilité T d’être transmise au-delà du noyau. Autrement dit, il
1
lui faut en moyenne collisions pour sortir du noyau. Si l’on note 0 la durée de traversée du
T
0
noyau, le temps moyen que la particule passe dans le noyau vaut . Un modèle
T
statistique permet ensuite de montrer que la demi-vie 1/ 2 se déduit simplement de :
1/ 2 ln 2 . (4)
La relation (4) exprimant 1/ 2 , s’accorde assez bien avec la loi de Geiger-Nuttal et valide les
idées developpées par Gamow, Gurney et Condon. S’il est bien sûr possible d’améliorer la
modélisation théorique, il n’en reste pas moins que le mérite de ce modèle est de montrer que
la radioactivité résulte d’un effet purement quantique : l’effet tunnel. C’est la grande
sensibilité de la probabilité de transmission par effet tunnel à la masse et à l’énergie de la
particule qui est responsable des variations importantes de la demi-vie des noyaux radioactifs
sur plusieurs ordres de grandeur.
De même qu’il est possible qu’une particule s’échappe du noyau par effet tunnel,
réciproquement, on peut envisager qu’un proton, par exemple puisse, pénétrer dans un noyau
par effet tunnel pour former un nouveau noyau. De fait, l’effet tunnel joue un rôle important
dans les réactions nucléaires faisant intervenir des particules chargées.