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RADIONUCLEIDES
Cette section contient une brève revue des faits intéressants sur la radioactivité, i.e. le phénomène de
décroissance nucléaire, et sur les réactions nucléaires, la production de nucléides. Pour plus de détails,
le lecteur se reportera aux livres spécialisés de physique nucléaire et de radiochimie, et sur les
applications de la radioactivité dans les Sciences de la Terre (cf. liste bibliographique).
avec
La désintégration du noyau parent produit un noyau fils qui est généralement dans un état excité.
Après un temps extrêmement court, le noyau fils perd son énergie d’excitation au travers de l’émission
de un ou plusieurs rayons γ (gamma), radiation électromagnétique de très petite longueur d’onde,
équivalente à l’émission de lumière (radiation également électromagnétique, mais de plus grande
longueur d’onde), par des atomes qui ont été amené dans un état d’excitation. Dans quelques cas,
toutefois, la décroissance ß est directement liée à l’état de base du noyau fils, sans émission de
radiation γ. La Fig.5.2 montre les divers schémas de décroissance de quelques nucléides familiers.
67
Chapitre 5
La décroissance la plus commune est la décroissance ß−, qui implique l’émission d’un électron négatif,
un négatron ou particule β− (bêta) en raison de la transformation à l’intérieur du noyau d’un neutron
en proton:
n → p+ + β− +⎯ν + Q (5.3)
Ceci produit un noyau fils avec un A équivalent et le passage d’un nombre atomique Z à Z+1, avec
l’émission d’un électron et d’un anti-neutrino. L’(anti)neutrino est une particule ayant principalement
une masse relativiste, i.e. une masse due à son mouvement (Les neutrinos et les négatrons ont leur spin
anti-parallèle à leur direction de déplacement et les anti-neutrinos et positrons parallèle à cette
direction).
Ce type de transformation nucléaire implique l’émission d’un positron ou particule ß+ (bêta plus) en
tant que résultat d’une transformation à l’intérieur du noyau, d’un proton en un neutron:
p+ → n + e+ + ν + Q (5.4)
et, après son ralentissement, le positron réagit vite avec les électrons présents partout:
e+ + e − → 2γ (5.5)
Ici, deux masses d’électron sont transformées en énergie. Le processus est appelé annihilation, et
l’énergie libérée énergie d’annihilation. Avec la masse de l’électron,
me = 5.4858026×10−4 (5.6)
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Décroissance et Radiation Nucléaire
Fig.5.1 Différents modes de décroissance radioactive représentés sur un secteur du tableau des
nucléides (cf. Fig. 1.2). N est le nombre de neutrons, Z le nombre de protons.
l’énergie résultante est de 1.022 MeV, ce qui est représenté par deux particules γ de direction opposée
et de 511 keV chacune. Ce type de décroissance est connu, par exemple, lors de la formation naturelle
de 40K (Fig.5.2).
p+ + e− → n + ν + Q (5.7)
Suivant le bouclier atomique d’origine de l’électron capturé par le noyau, la capture de l’électron est
appelé Capture K, Capture L, et ainsi de suite. La décroissance β+ et la CE laissent le nombre de
masse A du noyau inchangé tandis que Z devient Z-1 (Fig.5.1). L’atome est laissé dans un état excité
et retourne à son état initial en émettant une radiation électromagnétique de courte longue d’onde, i.e.
rayons γ de basse énergie ou rayons X. Comme pour les modes de désintégration précédents, l’état
excité du noyau cause l’émission d’un ou plusieurs rayons γ.
A A−4 4
ZX → Z − 2Y + 2 He (5.8)
69
Chapitre 5
Ce type de désintégration se produit en premier lieu à l’intérieur d’éléments lourds tels que ceux de la
série de l’uranium et du thorium. L’émission d’une particule α lourde coïncide pratiquement avec
l’émission de rayons γ de relativement haute énergie.
Parce que, comme dans tous les cas, l’énergie de réaction Q est partagée entre les atomes Y et He
selon les deux lois de conservation, le cas de l’émission α est spécial. Comme avec un pistolet de tir,
pour lequel le tireur sent une très forte énergie d’impulsion contre son épaule, le noyau fils reçoit ce
que l’on appelle un recul relativement fort. Ceci est particulièrement important quand l’énergie de
recul est assez grande pour arracher le noyau fils de son lien chimique. Ce phénomène est la base des
études de l’abondance naturelle des désintégrations des noyaux de la série de l’uranium et du thorium.
En Part.5.3, nous présenterons quantitativement cette énergie de recul.
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Décroissance et Radiation Nucléaire
Fig.5.3 Après la désintégration radioactive, le noyau fils M et la plus petite particule émise m
(par exemple, une particule α) se déplacent en directions opposées, portant ensemble
l’énergie de désintégration en tant qu’énergie cinétique.
tandis que le principe de conservation de l’énergie nécessite que l’énergie de désintégration soit égale
à la somme des deux énergies cinétiques:
1 1 1 m
EM = MV 2 = M2V2 = m2v2 = Em (5.11)
2 2M 2M M
Avec l’Eq.5.10:
⎛ m⎞
Edésintégration = ⎜1 + ⎟ Em
⎝ M⎠
71
Chapitre 5
M m
Em = Edésintégration et EM = Edésintégration (5.12)
M +m M +m
238
Dans le cas de la désintégration α de U avec une énergie de désintégration d’environ 4.2 MeV, le
234
noyau fils, Th, reçoit une énergie de recul de [4/(234+4)] × 4.2 MeV = 71 keV, plus que suffisante
pour casser le lien chimique entre l’atome de Th et les atomes environnants dans le minéral (voir
Part.12.14 et Volume 4 sur les Eaux Souterraines pour une discussion des conséquences).
36
Ar + n → p + 36Cl ou 36
Ar(n,p)36Cl
40
Ca + n → α + 37Ar ou 40
Ca(n.α)37Ar (5.13)
40
Ar + n → 2n + 39Ar ou 40
Ar(n,2n)39Ar
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Décroissance et Radiation Nucléaire
des rayons cosmiques dans l’atmosphère. Le fait est qu’une partie des particules primaires
entrantes sont déviées loin de la Terre par le champ magnétique terrestre, qui n’a pas été constant
à travers les temps géologiques. Le champ magnétique variable du soleil s’ajoute aussi au champ
magnétique terrestre et donc dans la capacité de bouclier (=protection) de la Terre contre les
particules cosmiques.
Les radiations cosmiques produisent des noyaux radioactifs dans l’atmosphère principalement au
travers de deux types différents de réactions:
(i) les réactions de haute énergie par des particules secondaires telles que protons, neutrons et
noyaux d’He bombardant les noyaux atmosphériques (N, O, Ar); ces réactions sont à
l’origine de l’abondance dans l’atmosphère de noyaux tels que 3H, 7Be, 26Al, 32Si, 39Ar et
85
Kr;
(ii) les réactions de basse énergie provoquées par des neutrons thermiques, et dont la production
de 14C dans l’air est l’exemple le plus connu.
Ces réactions seront discutées plus loin, en même temps que le traitement spécifique de différents
isotopes (Chapitres 8 et 12).
1) Les bombes à fission, basées sur les réactions de fission de l’uranium et du plutonium, induites
par des neutrons:
235
U + n → noyau avec A ≈ 85 −100 + noyaux avec A ≈ 130 −145 + neutrons
et
239
Pu + n → noyau avec A ≈ 95 −105 + noyau avec A ≈ 132 −142 + neutrons
Des exemples bien connus de nucléides radioactifs en tant que produits de la distribution
asymétrique de masse de produits de fission à longue période de demi-vie sont 93Zr et 99Tc d’une
part, et 129I et 137Cs d’autre part. Les activités industrielles concernant la production d’énergie
73
Chapitre 5
2) Plus spécialement lors des explosions nucléaires, la densité des neutrons dans l’air ambiant était
suffisamment élevée pour provoquer l’apparition de nucléides radioactifs qui sont également
produits par la nature elle-même:
14
N + n → 12C + 3H or 14
N(n,3H)12C
et
14
N + n → 14C + 1H or 14
N(n,p)14C
3
H (tritium) et 14C (radiocarbone), et d’autres isotopes produits de façon cosmogénique aussi bien
qu’anthropique seront discutés en détails dans les chapitres 8 et 12.
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