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PHYSIQUE NUCLEAIRE S5 – Pr J.

TAJMOUATI

CHAPITRE 2

LA RADIOACTIVITE NUCLEAIRE

I) GENERALITES :
La radioactivité est la propriété que possèdent certains corps
simples ou éléments de se transmuter spontanément en d’autres corps
simples, en émettant divers types de rayonnements (noyaux instables)

1) Les différentes désintégrations radioactives

a) Désintégration α ( 4
2 He )

Le noyau « père » est un noyau qui a trop de nucléons. Les forces de


répulsion électrostatiques ne sont plus négligeables devant les forces
de cohésion nucléaire.
La radioactivité α est caractérisée par la transition suivante entre
noyaux : ZA X  Y  
A 4
Z 2

Exemple de noyaux émetteurs α :


Le Radium , l’Uranium, le Plutonium , le Polonium (
210
84 Po  210
82 Pb    5,4 MeV )

b) Désintégration β-
Il s’agit de l’émission d’électrons e- . Le noyau « père » est un
noyau ayant trop de neutrons.
Elle a pour base la transformation : n  p + e- +  ( antineutrino)
C’est une transition « isobarique » : atome A
Z X  ion A
Y   e- 
Z 1

1
La charge du noyau augmente d’une unité : Z  Z +1
Il y a changement de la nature de l’élément :

Exemple :
135
54 Xe  135
55 Cs  e -   ; 60
27 Co  60
28 Ni  e -  

c) Désintégration β+

Il s’agit de l’émission de positons β+ = e+ . Le noyau « père » est un


noyau ayant trop de protons .
Elle a pour base la transformation : p  n + e+ + ν
C’est une transition « isobarique » : atome A
Z X  ion A
Y   e  
Z 1

La charge du noyau augmente d’une unité : Z  Z -1


Exemple :
12
7 N  12
6 C  e 

d) Emission γ

La désignation « désintégration » est impropre , puisque le


rayonnement est sans masse et sans charge. Ce rayonnement est un
photon caractérisé par son énergie, comme les rayonnements
électromagnétiques. Les transitions par émission γ sont dues à des
forces du type électromagnétique et s’effectuent au bout de temps
généralement inobservables directement mais très longs à l’échelle
nucléaire : 10-18 s ≤  ≤ 10-10 s
Il est émis lors de la désexcitation d’un noyau consécutive à une
désintégration α ou β , ou à la suite d’une capture.
2
Exemple : 60
27 Co  60
28 Ni *  e -  
60
28 Ni *  60
28 Ni  

(excité) (fondamental)

e) Transition isomérique T.I

Il arrive que le noyau excité par une transformation nucléaire soit


métastable, c'est-à-dire qu’il reste à l’état excité un certain temps qui
peut être long : le retour à l’état fondamental, par émission de photons
constitue une radioactivité γ seule, appelée transition isomérique.
Ce noyau métastable, à l’état excité est dit « isomère » du noyau à
l’état fondamental, on le représente par le symbole A
Z Xm .

Remarque : La conversion interne C.I :


La transition isomérique s’accompagne souvent du phénomène de
conversion interne : certains γ émis par T.I provoquent , par effet
photoélectrique, l’éjection d’électrons du cortège du noyau (surtout
couche K ou L) ; ces électrons de conversion ont une énergie bien
déterminée ; la lacune ainsi créée dans la couche K ou L , provoque un
réarrangement du cortège électronique , avec émission d’un
rayonnement X caractéristique de l’élément A
Z X.

f) Capture électronique C.E

Le noyau absorbe un e- du cortège ( souvent couche k) transformant


un proton en un neutron : A
Z X + e-  A
Z -1 X + Q
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Le réarrangement du cortège électronique s’accompagne d’émissions
de rayons X caractéristiques du noyau A
Z -1 X .
C.E : p + e-  n+ν (ν : neutrino)

Remarque : Effet AUGER


Les photons X émis par réarrangement du cortège électronique (C.I
, C.E) peuvent provoquer , par effet photoélectrique, l’éjection
d’électrons des couches externes de l’atome : c’est l’effet AUGER.

2) Radioactivité naturelle – radioactivité artificielle

a) Noyaux stables , noyaux instables

Les noyaux naturels sont extrêmement stables. Seules quelques


espèces de noyaux naturels, très lourds sont instables : ce sont les
nucléides radioactifs naturels.
En bombardant des noyaux avec des particules telles que α , p , d , n
, γ ( réactions nucléaires provoquées) , on obtient des noyaux en
général instables. Ce sont les nucléides radioactifs artificiels .

b) Radioactivité naturelle

1°) Chaîne 4n : celle du thorium :


236
U ( T = 2,39.107 ans ) 
208
Pb (stable)
232
Th ( T = 1,39.1010 ans) 
208
Pb(stable)

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2°) Chaîne 4n+1 : celle du neptunium :
237
93 Np (T = 2,2.106 ans)  233
U 
209
Bi (stable)

3°) Chaîne 4n+2 : celle de l’uranium-radium:


238
U(T=4,5.109ans)  226Ra  222Rn  206 Pb

4°) Chaîne 4n+3 : celle de l’uranium-actinium:


235
U(T=7,18.108 ans) 
227
Ac 
207
Pb

c) Radioactivité artificielle

Les réactions nucléaires provoquées : bombardement de noyaux par


des particules , α , p , d , n , γ , fissions de noyaux d’uranium ou de
plutonium , produisent des noyaux le plus souvent radioactifs :
1°) On a pu créer des radioéléments artificiels très lourds ,
analogues aux radioéléments naturels . Exemple : 232
90 Th (d,7n) 227
91 Pa

Le protactinium-227 est à la tête d’une chaîne 4n+3, se


terminant au plomb-207 (les périodes sont toutes très courtes : minutes
ou secondes
2°) Mais la plupart des radioéléments artificiels sont légers

d) Radioactivité du neutron :

n  p + e- ;  = 19 minutes

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II) ETUDE QUANTITATIVE

1°) Formule fondamentale


La désintégration ayant un caractère probabiliste, désignons par λ la
probabilité de désintégration d’un noyau par seconde : sur un très
grand nombre N de noyaux identiques présents, statistiquement, λN se
désintégreront au bout d’une seconde et λNdt au bout de dt secondes.
N subit donc, au bout de dt secondes, un accroissement négatif dN,
tel que : dN = - λNdt
En intégrant et en désignant par No le nombre de noyaux présents à
l’instant 0 , on obtient le nombre de noyaux intacts N à l’instant t :
N(t) = No e-λt
λ : constante radioactive

Remarque : cette loi est une loi statistique

2°) Vie moyenne d’un noyau


A l’instant t , il subsiste N(t) = No e-λt noyaux ; sur ces N
noyaux , λNdt vont se désintégrer dans l’intervalle de temps infiniment
petit dt, soit Noλ e-λtdt ; ce sont là les noyaux ayant eu une durée de vie
égale à t à dt près ; leur durée de vie cumulée est : Noλ t e-λtdt
Or , la vie d’un des No noyaux initiaux peut à priori varier de 0 à
l’infini ; la durée de vie cumulée des No noyaux est donc :
 No

0
N 0 λte  λt dt =
λ
1
Et la durée de vie moyenne d’un des No noyaux est :
λ

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3°) Période d’un radioélément :

No ln2
2  T=
N λ

4°) Activité d’une matière


On appelle activité d’une matière radioactive, le nombre de
désintégrations par seconde qui se produisent dans sa masse ( ce n’est
pas nécessairement le nombre de particules émises par seconde). Elle
s’exprime en s-1
Cas d’un radioélément :
N étant le nombre de noyaux présents d’un radioélément, son
activité propre est à chaque instant, par définition :
dN(t)
A=  = λN(t) = λNo e-λt = Ao e-λt
dt

Ao : activité initiale

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Remarque : Le nombre de noyaux contenus dans une masse m de
m
radioéléments pures est donné par : N = N Av atomes ou N=
A


N Av atomes/cm3 NAv = 6,022.1023
A

L’activité est généralement exprimée en curie (Ci).

1 Ci est défini comme l’activité d’un gramme de radium-226 pur (T=


1620 ans) , il équivaut à 3,7.1010 désintégrations par seconde.

Le Becquerel (Bq) = 1 des/s = 27.10-12 Ci.

5°) Cas des nucléides à plusieurs voies de désintégration


a) constantes radioactives partielles
Dans le cas des nucléides à plusieurs voies de
désintégration, on peut définir une constante radioactive partielle λi
pour chaque voie : c’est la probabilité pour qu’un noyau se désintègre
par cette voie , par seconde.
Sur un grand nombre N de noyaux présents λiN se
désintègreront par cette voie au bout d’une seconde. Le rapport ki de
ce nombre au nombre de noyaux λN qui se désintègreront par toutes
les voies au bout d’une seconde est statistiquement constant, et

s’exprime en % : ki = λi N λi ; λ =  λi ki : rapport de

λN λ

branchement
λiN = ki λN = kiA A : activité

Remarque :

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Le % en question restant constant d’une seconde à l’autre, reste
valable pour tout intervalle de temps . Ainsi, comme le nombre total de
noyau désintégrés depuis l’instant 0 jusqu’à l’instant t est donné par :
Ao
N’ = No – N(t) = No (1- e-λt ) = (1- e-λt )

Le nombre de noyaux désintégrés par la voie i de 0 à t , s’écrit :


Ao
N’i = ki No (1- e-λt ) = ki (1- e-λt )

b) Périodes partielles
On appelle souvent « période partielle pour la voie i : Ti
ln 2 T
= =
i ki

Sans signification physique réelle , c’est une valeur appréciative .


1 1
On a 
T Ti

6°) Problème à deux corps

a) Formule générale
N1 
λ1
N2 
λ2

dN1 = - λ1N1dt
dN2 = λ1N1dt – λ2N2dt
Pour t = 0 : N1 = No et N2 = 0
 N1 = N0 e-λ1t
λ1
N2 = N0 (e-λ1t - e-λ2t)
λ 2  λ1

Et pour les activités :


A1 = A0 e-λ1t
λ2
A2 = A0 (e-λ1t - e-λ2t)
λ 2  λ1
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b) Interprétation
A1 = A0 e-λ1t
λ2
A2 = A0 (e-λ1t - e-λ2t)
λ 2  λ1

A2 λ2
Pour t ≥ 10 T2  : équilibre radioactif
A1 λ 2  λ 1

de régime
A2
Si T1 >> T2 ( λ1 << λ2 )  1 : équilibre
A1

radioactif séculaire
1
ln
A2 2
Si  1 pour tm = : équilibre idéal
A1 1   2

7°) Problème à trois corps

a) Formule générale
λ3
N1 
λ1
N2 
λ2
N3 

Pour t = 0 : N1 = No et N2 = N3 = 0
A1 = A0 e-λ1t
λ2
A2 = A0 (e-λ1t - e-λ2t)
λ 2  λ1
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Quant au petit_fils : dN3 = λ2N2dt – λ3N3dt

La solution est de la forme :


N3 = k1 e-λ1t + k2e-λ2t + k3e-λ3t et A3 = b1 A0 e-λ1t + b2 A0 e-λ2t + b3 A0 e-λ3t

λ2 λ3 λ2 λ3 λ2 λ3
Avec : b1 = ; b2 = ; b3 =
λ 2  λ1 λ 3  λ1 λ 3  λ 2 λ1  λ 2 λ 2  λ 3 λ1  λ 3

On a bien : b1 + b2 + b3 = 0 puisque pour t = 0 , A3 = 0

b) Interprétation

1er CAS : T1 est la plus grande des trois périodes

Au bout d’un certain temps , supérieur à 10T2 et 10T3 ,


deux exponentielles deviennent négligeables et on peut écrire :
λ2 λ2 λ3
A1 = A0 e-λ1t ; A2  A0 e-λ1t ; A3  A0 e-λ1t
λ 2  λ1 λ 2  λ1 λ 3  λ1

A2 λ2
 le fils est en équilibre de régime avec le père.
A1 λ 2  λ1

A3 λ2 λ3
On voit que :  équilibre de régime
A1 λ 2  λ1 λ 3  λ1

A2 A3
Si T1 est très grande, on a  1 et  1 équilibre
A1 A1

séculaire

2ième CAS : T2 est la plus grande des trois périodes :

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Au bout d’un certain temps , supérieur à 10T1 et 10T3 ,
deux exponentielles deviennent négligeables et on a :
λ2 λ2 λ3
A1  0 ; A2  A0 e-λ2t ; A3  A0 e-λ2t
λ1  λ 2 λ 3  λ 2 λ1  λ 2

A3 λ3
 équilibre de régime .
A2 λ3  λ2

A3
Si T2 est très grande, on a  1 équilibre séculaire
A2

3ième CAS : T3 est la plus grande des trois périodes :


Au bout d’un certain temps , supérieur à 10T1 et 10T2,
deux exponentielles deviennent négligeables et on a :
λ2 λ3
A1  0 ; A2  0 ; A3  A0 e-λ3t
λ 2  λ 3 λ1  λ 3

8°) Problème à n corps


N1 
λ1
N2 
λ2
N3 λ3
 …………. Nn-1 λ
n -1
Nn 
λn

à t=0 N1(t=0) = N10 et N2 = N3 = ………..= Nn = 0


dN n
= λn-1Nn-1 – λnNn
dt

La solution de Nn sera alors :

Nn = N10 (h1 e-λ1t + h2e-λ2t + h3e-λ3t + …………+ hne-λnt )


Où :
λ1 λ2 λ3 λ n -1
h1 = ………………………
λ n  λ1 λ 2  λ1 λ 3  λ1 λ n -1  λ 1

λ1 λ2 λ3 λ n -1
h2 = ………………………
λ1  λ 2 λ n  λ 2 λ3  λ2 λ n -1  λ 2

:
λ1 λ2 λ3 λ n -1
hn-1 = ………………………
λ 1  λ n -1 λ 2  λ n -1 λ 3  λ n -1 λ n  λ n -1

λ1 λ2 λ3 λ n -1
hn = ………………………
λ1  λ n λ2  λn λ3  λn λ n -1  λ n
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