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La

radioactivité
Y Définition :
La radioactivité résulte de désintégrations spontanées de noyaux
atomiques instables (radioactifs). Cette désintégration radioactive
s’accompagne de l’émission de particules α, β-, β+ ou γ.

•  Désintégration spontanée : ne nécessite aucune intervention


extérieure. Elle ne dépend pas de l’environnement dans lequel se
trouve le noyau (chimique, extérieur …)
•  Noyau radioactif : radioactivité naturelle # radioactivité artificielle
•  α : noyau 4He ; β- : e- (électron) ; β+ : e+ (positron)
γ : photon (rayonnement électromagnétique)
D. BENCHEKROUN 1
Y Lois de conservation :
Une désintégration s’effectue suivant le passage d’un état initial I vers un état
final F.

Etat initial : noyau père ; Etat final : noyau résiduel (fils) + rayonnement émis

D Conservation de la charge Z et du nombre de nucléons A : Loi de Soddy


A A
Z𝑋 → A1 2
Z 1 𝑌 + Z 2 𝑊

Conservation de A : A = A1 + A2
Conservation de la charge : Z = Z1 + Z2

D Conservation de l’énergie totale :


L’énergie totale est la somme de l’énergie cinétique et de l’énergie équivalente à
la masse au repos :
𝐸to t = 𝐸C + 𝑀𝑐 2

D. BENCHEKROUN 2
A 2
La conservation de l’énergie s’écrit : ZA 𝑋 → A1
Z 1 𝑌 + Z 2 𝑊

Noyau X au repos : 𝑀X 𝑐 2 = 𝑀Y 𝑐 2 + 𝑀W 𝑐 2 + 𝐸C 𝑌 + 𝐸C (𝑊)

On définit la quantité Q (chaleur de désintégration) par :


Q = 𝑀X 𝑐 2 − 𝑀Y 𝑐 2 − 𝑀W 𝑐 2

Q = différence des énergies de masse entre l’état initial et l’état final


Désintégration spontanée → Q > 0

Lors d’une désintégration, il y a diminution de l’énergie de masse. Cette


énergie se transforme en énergies cinétiques des particules dans la voie
finale. ! ! !
D Conservation de la quantité de mouvement : PX = PY + PZ
! ! !
D Conservation du moment cinétique : J = L + S

D. BENCHEKROUN 3
Radioactivité α
Y Définition :
Un noyau est radioactif α s'il émet des noyaux d'hélium 24 𝐻𝑒 :
A𝑋 → A- 4 4
Z Z - 2𝑌 + 2𝐻𝑒
La radioactivité α concerne les noyaux lourds : A > 200
Noyau père : ZA𝑋 ; noyau fils : A- 4
Z - 2 𝑌

Exemples :
226
88 𝑅𝑎 → 222
86𝑅𝑛 + 24 𝐻𝑒

222
86 𝑅𝑛 → 218
84𝑃𝑜 + 4
2 𝐻𝑒

238 𝑈 → 234 𝑇ℎ 4 𝐻𝑒
+ 2
92 90

D. BENCHEKROUN 4
Y Energie cinétique des particules α :

Chaleur de désintégration α : 𝑄𝜶 = 𝑀X 𝑐 2 − 𝑀Y 𝑐 2 − 𝑀𝜶𝑐 2

Conservation de l’énergie (noyau père au repos) : 𝑄𝜶 = 𝑇Y + 𝑇𝜶

Conservation de la quantité de mouvement : 𝑃Y = 𝑃𝜶

En combinant les deux relations, on obtient :

𝑸𝜶 𝑴𝒀 𝒄𝟐
𝑻𝜶 = = 𝑸𝜶
𝟏+ 𝑴 𝜶 𝒄𝟐
𝑴 𝒀 𝒄𝟐 + 𝑴 𝒄𝟐
𝜶
𝑴𝑿 𝒄𝟐

D. BENCHEKROUN 5
Si le noyau Y est produit dans un état excité (E*) :
2
M c
( )
Tα = Qα − E * Y

M Y c2 + M α c2
Qα ainsi que les masses sont fixes :
è Le spectre des α est un spectre discret
è Spectre monoénergétique si le noyau Y est produit dans
son état fondamental
è Spectre de raies si on a différents états excités








D. BENCHEKROUN 6
Pour pouvoir sortir du noyau, la particule α doit vaincre la barrière de
4
potentiel nucléaire. Le noyau 2𝐻𝑒 doit se détacher des autres nucléons (effet
de colle) pour être repoussé hors du noyau par la répulsion coulombienne
→ effet tunnel (quantique)

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Diagramme énergétique d’une désintégration α

D. BENCHEKROUN 8
Radioactivité β

Y Désintégration β- :
Elle concerne certains nuclides
possédant un excès de neutrons :
A
Z
X → Z+1AY + e − + ν e

→ transformation d’un neutron en


un proton à l’intérieur du noyau

Exemple : 146 C → 146 N + e − + ν e

D. BENCHEKROUN 9
Introduction du neutrino et de l’antineutrino :
•  Spectre en énergie des électrons : spectre continu
•  Violation de la conservation de l’impulsion et du moment cinétique dans la
désintégration : 13 H → 23 He + e −

•  Emission des électrons issus de la désintégration du


! ! !
3H dans toutes les

directions : contradictoire avec PY + Pe = 0


1 1 1
→ ⊕ : impossible + ½ (antineutrino)
•  Moment cinétique :
2 2 2

è Introduction du neutrino par Pauli en 1931 avec m ≈ 0
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Critère énergétique de la désintégration β- :
•  Désintégration possible si :

(
Qβ − = m(A,Z ) − m(A,Z +1) − me − mυ .c 2 ≥ 0
e
)
•  En fonction des masses atomiques :

( M (A,Z ) − M (A,Z +1) .c 2 ≥ 0


)

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D. BENCHEKROUN
Y Désintégration β+ :
→ transformation d’un proton en un neutron à l’intérieur du noyau
→ transition isobarique
A A
Z𝑋 → Z - 1𝑌 + 𝑒+ + 𝜗e

Condition sur les masses atomiques de l’émission β+ :

MX 𝐴, 𝑍 − 𝑀Y 𝐴, 𝑍 − 1 𝑐 2 ≥ 2𝑚e 𝑐 2

Exemple : 30𝑃 → 30 𝑆𝑖 + 𝑒 + + 𝜗
15 14 e

Remarque :
Les positrons (e+) s’annihilent avec les électrons (e-) selon la réaction :
𝑒 + + 𝑒 - → 𝛾 + 𝛾 : rayonnement électromagnétique

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Y Capture électronique :

→ Capture par le noyau d’un électron atomique (couche K) :


A - A
Z 𝑋 + 𝑒 → Z - 1 𝑌 + 𝜗e
→ Atome Z - A 1𝑌 produit dans un état excité : transitions électroniques
accompagnées d’émission de rayons X.

Condition sur les masses atomiques de la capture électronique :


MX 𝐴, 𝑍 − 𝑀Y 𝐴, 𝑍 − 1 ≥ 𝐸L(𝐾)

EL(K) : énergie de liaison de l’électron de la couche K

Si l’émission β+ est possible, la capture électronique l’est également

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Emission γ – conversion interne

→ Noyaux excités se désexcitent par émission d’un rayonnement γ (photons)

→ Noyaux père et fils identiques, ne différent que par l’énergie d’excitation :


A𝑋 ∗
Z → AZ 𝑋 + 𝛾

X*
γ Eγ ≈ M*c2 - Mc2
X

Conversion interne : énergie transmise à un électron de la couche K, qui va


être éjecté de l’atome

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Emission β- du 36Cl Emission β+ et CE (ε)

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Lois générales de la radioactivité
Y Lois des décroissances radioactives :
Décroissance radioactive : noyau père → noyau fils + rayonnement
A𝑋 → A 𝑌 (𝑠𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒) + 𝑟𝑎𝑦𝑜𝑛𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡
Z Z

t = 0 N0 0 0

Entre t et t+dt : 𝑑𝑁 = − 𝜆 𝑁 𝑡 𝑑𝑡
Nombre de noyaux X présents à l’instant t donné par : NX(t)= 𝑁0 𝑒 - 𝜆 t

Pour les noyaux Y : 𝑁Y 𝑡 = 𝑁0 (1 − 𝑒 - 𝜆 t )

λ : constante radioactive (s-1) – probabilité de désintégration/seconde


→ caractéristique d’un type de noyau pour la désintégration étudiée

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Demi-vie ou période radioactive :

→ temps au bout du quel la moitié des noyaux se désintègre :

𝑇 = ln 2 ≈ 0,693
𝜆 𝜆
Exemple : 99mTc → λ = 3,209.10-5 s-1 ;; T ≈ 6 h : utilisé en scintigraphie
Produit par activation neutronique du 98Mo

Vie moyenne d’un noyau : τ = 1/λ



Activité d’un échantillon radioactif :
Activité A : nombre moyen de désintégrations par unité de temps
Unité : Becquerel (Bq) → 1 Bq = 1 dés/s

𝐴 𝑡 = − d N = 𝜆 ∙ 𝑁 𝑡 = 𝐴 𝑒 - 𝜆t avec 𝐴 0 = 𝜆 𝑁 0
dt 0

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NO
Après n périodes : 𝑁 =
2n

A O
Après n périodes : A=
2n

Exemples :
D On considère 1 g de 226Ra, calculer l’activité de cet échantillon.
La période du 226Ra est T = 1620 années.
→ A = 3,7.1010 des/s
D Pour 1g de 3H (T = 12 ans) : A ≈ 3,7.1014 des/s
On utilise comme unité de l’activité, le Curie (Ci) :
1 Ci = 3,7.1010 des/s = 3,7.1010 Bq
D En médecine nucléaire : mCi ou µCi (1 mCi = 37 MBq)
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Y Décroissances multiples :
Noyau pouvant décroitre suivant plusieurs processus indépendants :

λ1 Y
X 𝝀 = 𝝀𝟏 + 𝝀𝟐
λ2 Z

λ1
: probabilité de désintégration suivant la voie 1
λ
λ2
: probabilité de désintégration suivant la voie 2
λ
− ( λ1 + λ2 ) t
N X (t ) = N 0 e
λ1
N Y (t ) =
λ1 + λ2
N 0 1− e
−( λ
( 1 + λ2 )t
)
λ2
N Z (t ) =
λ1 + λ2
N 0 1− e
−( λ
( 1 + λ2 )t
)
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Y Séries radioactives :

•  Lois générales :
λ1 λ2
On considère la série radioactive : A → B → C (stable)

Source pure : N1(t=0) = N0 ; N2(t=0) = 0 et N3(t=0) = 0

Evolution des nombres de noyaux des espèces A, B et C :

dN1 dN 2 dN 3
= − λ 1 N1 ; = λ1 N1 − λ2 N 2 ; = λ 2 N2
dt dt dt
λ1
N1 (t) = N 0e
− λ1t
; N 2 (t) =
λ2 − λ1
( −λ t −λ t
N0 e 1 − e 2 )
λ1λ2 ⎛ 1− e − λ1t 1− e 2 ⎞
−λ t
N 3 (t) = N 0 ⎜⎜ − ⎟⎟
λ2 − λ1 ⎝ λ1 λ2 ⎠
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2
0
•  Activité maximale pour l’espèce B :

⎛λ ⎞
ln ⎜ 1

⎝ λ 2⎠
tm =
λ1 − λ2

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•  Exemple du Technétium 99 :
utilisé en médecine nucléaire
99
42 𝑀𝑜 → 99m
43𝑇𝑐 → 99 99
43 𝑇𝑐 → 44 𝑅𝑢
67 h 6 h 2,5,105 ans

D. BENCHEKROUN 22
D Cas particuliers :

Y T1 << T2 : tout se passe comme si le noyau père n’a jamais existé :


Y 𝑁2 𝑡 ≈ 𝑁0 𝑒 - AZ t
Y T1 >> T2 : Après un temps long, on atteint un équilibre séculaire
𝐴1 ≈ 𝐴2
≈ 30 ans ≈ 2,5 min
Exemple : 137𝐶𝑠 → 137m 𝐵𝑎 → 137 𝐵𝑎 (𝑠𝑡𝑎𝑏𝑙𝑒)
232 𝑇ℎ → 228 𝑅𝑎 → 229𝐴𝑐
1,4,1010 ans 5,75 ans

D. BENCHEKROUN 23
Radioactivité naturelle
•  Il existe dans la nature autour de 60 noyaux radioactifs
naturels : la plupart avec 81 < Z < 92
•  Possibilité de produire des milliers de noyaux radioactifs en
laboratoire
•  Explication : durée de vie des ces noyaux << âge de la terre
•  4 chaînes connues : Thorium, Neptunium, U-Ra, U-Ac
+ Autres radionucléides (sans filiation) : 40K, 87Rb …

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Radioactivité Artificielle

.
/Principe :
En plus des noyaux naturels instables, il est possible de synthétiser des noyaux
artificiels instables
→ utilisation de réactions ou transmutations nucléaires

Réaction nucléaire : a (projectile) + A (cible) → b (noyau léger) + B (noyau lourd)


Exemple de réaction nucléaire : 4𝐻𝑒 + 14𝑁 → 1𝐻 + 17 𝑂
2 7 1 8

.
/Découverte de la radioactivité artificielle : Joliot-Curie (1934)
4 27
2 𝐻𝑒 + 13 𝐴𝑙 → 10𝑛 + 30
15 𝑃
30 𝑃 → 30 𝑆𝑖 + 𝑒 + + 𝜗 e
15 14

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.
/Exemples de réactions de transmutations :
1𝑝 + 197𝐴𝑢 → 1𝑛 + 197𝐻𝑔 197 197
1 79 0 80 notée 79𝐴𝑢(p, n) 80 𝐻𝑔

1𝑝 + 197𝐴𝑢 → 1𝑛 + 1𝑝 + 196𝐴𝑢 197 197


1 79 0 1 79 notée 79𝐴𝑢(p, pn) 80 𝐻𝑔

.
/Réactions induites par neutrons :

Avantage des neutrons :


Les neutrons ne sont pas repoussés par les noyaux et la probabilité de
réaction est donc augmentée.
→ Un grand nombre d’éléments radioactifs, couvrant toute la classification
périodique ont été découverts par bombardement de neutrons

23
Exemples : n + 13 𝐴𝑙 → 42𝐻𝑒 + 24
11 𝑁𝑎
n+ 1 05𝐵 → 42𝐻𝑒 + 7
3 𝐿𝑖

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Applications de la radioactivité
.
/Utilisation des radioéléments en médecine nucléaire :
Marquage radioactif : Une molécule est marquée quand un atome, sous
forme d’un isotope stable, est remplacé par un isotope radioactif du même
élément. On peut suivre l’évolution de la molécule dans l’organisme.

→ Etudes de métabolisme des médicaments et de fonctionnement


des organes
→ Radio-isotopes les plus utilisés : 18F, 14C, 131I, 24Na, 3H …..
→ émetteurs γ consécutivement à une émission β
Exemples:
•  24Na administré sous forme NaCl (sel) → étude du flux sanguin dans le
corps
24 𝑁𝑎 → 24 𝑀𝑔∗ + 𝑒 - + 𝜗 ; 24𝑀𝑔∗ → 24𝑀𝑔 + 𝛾
11 12 e 12 12

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•  L’iode 131, administré sous forme de NaI : mesure de la vitesse
d’absorption de l’iode 131 par la glande thyroïdienne.

•  L’iode 123 : circulation du sang dans le cerveau

D. BENCHEKROUN 28
Datation par le Carbone 14

•  Les végétaux et animaux vivants assimilent le gaz carbonique de


l'atmosphère : ce dernier contient une faible quantité de 14C supposée
constante dans le temps, et que l'on retrouve en proportion identique dans
tout organisme vivant.

•  A sa mort, le 14C n'est plus renouvelé et s A (t) décroît dans le temps


selon une loi exponentielle

•  On trouve alors pour l'âge t : t = ln (A0 / At) *18,5. 103 ans (T ==5730 ans)

•  Origine du Carbone 14 : Certains protons cosmiques, en provenance de


galaxies, sont déviés par le champ magnétique terrestre. Ils donnent, par
choc sur des molécules d'oxygène ou d'azote de l'air, des neutrons. Après
ralentissement, ces neutrons redonnent, sur l'azote de l'air, du carbone et
de l'hydrogène :

14 14 1
n+ 7
N → 6
C + 1
H
14 14
6
C → 7
N + e− + υe

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Datation par 40K, 87Rb , 238U

•  Cas des roches et météorites : utilisation de radionucléides de période plus


longue

•  Couple père-fils, le fils est stable



Exemple : 87Rb/87Sr 87 Rb → 87 Sr(stable) : T = 4,8.1010 années
Si la roche contient initialement du Sr :

N (87 Sr)(t0 ) + N (87 Rb)(t0 ) = N (87 Sr)(t1 ) + N (87 Rb)(t1 )

N ( 87
Sr)(t1
) = N ( 87
(
Rb)(t1
)
1
e 0
)
λ (t −t )
−1 + N ( 87
Sr)(t0 )

•  N(Sr)(t0) n’est pas connu; on utilise le rapport N(87Sr)/N(86Sr) qui est
constant et le même pour les roches de même origine
•  On trace N(87Sr)/N(86Sr) en fonction de N(87Rb)/N(86Sr) pour plusieurs


(
échantillons à droite de pente : p = e ( 1 0 ) −1
λ t −t

D. BENCHEKROUN
) 30
Méthode 238U/ 235U : Voir TD


238 206

92
U → 82 Pb + 6β + 8α −

235 207
92
U → 82 Pb + 4β + 7α −


Si la roche ne contenait pas initialement de 206Pb et 207Pb :


λ235t
N (207) N (235) e −1
=
N (206) N (238) e λ238t −1


Connaissant le rapport U(235)/U(238), la mesure du rapport
Pb(207)/Pb(206) permet de déterminer le temps t

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