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L'âge de la Terre
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Jacques Treiner
LIED/PIERI Université Paris-Diderot
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L’âge de la Terre ?
1
La question du début
2
L’âge de la Terre comporte donc une indétermination
liée à la durée du processus. Mais ce flou offre un avantage.
Puisque tous les événements ayant pris place au cours de la
formation du système solaire sont contemporains, l’âge de la
Terre est aussi celui de tous les objets célestes qui forment la
famille du Soleil : non seulement Mercure, Vénus, La Terre,
Mars, Jupiter, Saturne, Uranus, Neptune et Pluton ; mais aussi
la ceinture des astéroïdes, vestiges d’une planète ratée entre
Mars et Jupiter, d’où nous viennent la plupart des météorites ;
et encore, plus loin, un peu au-delà de Neptune, la ceinture de
Kuiper, sur une étendue allant de 20 à 50 fois la distance
Terre-Soleil, anneau de petits corps célestes bien plus
nombreux que la ceinture des astéroïdes, comprenant
plusieurs milliers d’objets de diamètre supérieur à 100 km et
dont Pluton, pense-t-on aujourd’hui, est issu ; et enfin le
nuage d’Oort, réservoir de comètes aux trajectoires
s’allongeant presque jusqu’à mi-distance de l’étoile la plus
proche du Soleil, Alpha du Centaure, à 4,2 années de lumière.
3
plus fiable de dater des météorites venues des régions les plus
lointaines du système solaire – et l’on trouve d’ailleurs qu’elles
ont toutes à peu près le même âge.
4
Comment la question de l’âge de la Terre
5
périodique (par exemple dans la cosmogonie indienne), qui se
prolongent par une genèse de l’espèce humaine.
6
se demander : Comment tombe une pierre ? Comment l’eau
coule-t-elle dans un tube ? Quel est le cours du sang dans le
corps ? » Très vite, cette démarche, a priori moins ambitieuse
que l’autre, contredit ce que disaient les mythes, et notre
sujet, l’âge de la Terre, fut un exemple de ce type de conflit. En
effet, dès que certains savants, au 17ème siècle, eurent l’idée
de rechercher des chronomètres dans les phénomènes
naturels, des contradictions apparurent avec les estimations
basées sur la Bible – si nous nous référons à ce grand texte
fondateur.
7
Spinoza, dans son Traité théologico-politique, est peut-
être celui qui a exprimé avec le plus de force logique la
nécessité d’interpréter le texte religieux (jusqu’à souligner les
difficultés liées à la traduction). Il propose de considérer la
Bible comme une œuvre littéraire, qui, comme toute œuvre
littéraire, parle de la société dans laquelle vivent ceux qui l’ont
conçue et pour qui, selon Spinoza, le « style poétique » était
d’un effet plus fort que « la manière des historiens
politiques ». Il est donc vain de chercher dans le Texte une
histoire du monde. Utilisons la Raison qui, elle, se trouve sous
le feu permanent de la critique, et permet de corriger les
éventuelles erreurs.
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qu’elle est en grande partie fausse, car d’autres mécanismes
entrent en jeu pour expliquer la quantité de sel contenu dans
les mers, mais la démarche est exemplaire.
9
siècles. Des globes de différentes tailles étaient portés au
rouge, et l’on observait le temps de refroidissement. Comme il
ne disposait pas de thermomètre, Buffon procéda par
toucher : il mesura le temps qu’il fallait pour qu’il fût possible
de toucher le globe sans se brûler, puis le temps pour
atteindre la température ambiante. L’extrapolation au globe
terrestre (dont la taille est connue depuis Eratosthène, au 3 ème
siècle avant JC) était sans doute hasardeuse, mais toujours est-
il qu’elle lui donna l’échelle de la centaine de milliers d’années.
Le conflit Kelvin-Darwin
10
temps pouvait apporter, estimait cet âge dans une fourchette
allant de quelques dizaines à quelques centaines de millions
d’années. Darwin et les géologues de son temps ne
disposaient pas d’échelle de temps précise, mais ils étaient
convaincus que l’évolution des espèces, les dépôts
sédimentaires, l’érosion des massifs montagneux etc.
s’étalaient sur des échelles de temps bien supérieures. Ils
avaient raison, mais sans pouvoir le prouver, et Darwin
mourut en 1882 sans le savoir. Kelvin vécut assez longtemps (il
mourut en 1907) pour être témoin de la découverte de la
radioactivité, laquelle fournit, comme nous le verrons plus
loin, un chronomètre meilleur que les siens, et permit à la
physique et la géologie de se réconcilier.
15
plus : non seulement le temps n’est pas éternel, mais, de plus,
il n’est pas très long.
17
thermique actuel est compatible avec un âge de la Terre de
plusieurs milliards d’années !
18
Les déterminations modernes
de l’âge de la Terre
19
protons, on trouve dans la nature des noyaux avec différents
nombres de neutrons : c’est ce qu’on appelle les isotopes de
l’élément. Ainsi, le noyau de carbone, le plus abondant,
comporte 6 protons et 6 neutrons, c’est ce qu’on appelle le
carbone-12 (12 = 6 + 6), mais il existe aussi, en beaucoup plus
faible quantité (environ 1 sur un million de millions), le
carbone-14, dont le noyau comporte 6 protons et 8 neutrons
(14 = 6 + 8). Dans le cas de l’uranium, on trouve des isotopes
avec un nombre de neutrons compris entre 134 et 148, soit
depuis l’uranium-226 (226 = 92 + 134) jusqu’à l’uranium-240
(240 = 92 + 148).
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Des chronomètres pour toutes les échelles de temps
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logique de penser qu’une partie de ce plomb résulte de la
désintégration de l’uranium (du plomb dit radiogénique) et
s’est accumulé dans la roche au cours du temps. Et comme on
connait la loi de désintégration, on peut calculer le temps
écoulé depuis la fermeture de la roche, c’est-à-dire le moment
où elle a cessé tout échange de matière avec son
environnement.
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plomb-204, avec 82 protons et 122 neutrons, qui n’est pas
radiogénique (c’est-à-dire qui ne provient pas de la
désintégration de l’uranium). Enfin, pour des raisons
techniques, ce sont des rapports de concentration que l’on sait
mesurer : Pb-207/Pb-204 et Pb-206/Pb-204. La question est
donc : quelles étaient les valeurs de ces deux rapports lors de
la formation du système solaire et de la Terre ?
Astuce
Chance
27
Questions ouvertes
Plus de doute ?
28
2) étaient-elles les mêmes il y a 4,5 milliards
d’années ?
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lois de la physique (lente, car si elle était rapide, on l’aurait
remarquée depuis longtemps). Mais à ce jour, aucun indice
expérimental n’a été trouvé à l’appui de cette idée. C’est cette
constance des lois de la physique qui met l’âge de la Terre à la
portée d’une approche expérimentale d’aujourd’hui.
31
Glossaire
32
Bibliographie
33
Table des matières
La question du début 2
Le conflit Kelvin-Darwin 11
La datation au carbone-14 21
Questions ouvertes 27
Glossaire 31
Bibliographie 32
34