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Erika Wehrel

Histoire de la Terre et de la vie

Tome 1 – L’Hadéen

Tranche de météorite ferreuse. C’est un fragment du


noyau d’un astéroïde, comprenant du fer et une quantité
moindre de nickel. Son traitement à l’acide nitrique fait
apparaître des structures dites de Widmanstätten.

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Avant-propos

L’objet de ce livre est de donner une synthèse assez détaillée de l’histoire de la Terre et de
la vie. Mais que veut dire exactement « assez détaillée » ? Le choix des évènements que je
relate ne peut être que subjectif. Disons simplement que je vais m’efforcer de ne rater aucune
étape essentielle. Je ne rentrerai pas trop dans les détails parce que je souhaite que l’ouvrage
soit d’une longueur raisonnable.
Je m’efforcerai de présenter des faits plutôt que des théories. Il est important d’effectuer la
distinction entre les deux. Parmi les faits, se trouvent avant tout les résultats directs de
l’observation et de l’expérimentation, qu’il n’est pas possible de remettre en question. Dire
que la Terre est une boule de 6 370 km de rayon (un peu aplatie toutefois) qui tourne sur elle-
même et autour du Soleil, c’est aussi présenter un fait. Il y a une époque de l’histoire de
l’Humanité, pas si ancienne, où c’était une théorie contestée par les religieux, mais cette
époque est fort heureusement révolue. Une théorie qui a été suffisamment prouvée peut être
considérée comme un fait. Il n’est pas exact de dire que la science n’énonce que des théories
qui peuvent toutes se révéler fausses. Le progrès scientifique existe a été très important
surtout à partir du XIXe siècle. La somme des acquis est vaste, si bien qu’aujourd’hui, nul ne
peut prétendre tout savoir. La tectonique des plaques n’est plus une théorie. Il est également
inexact de parler de « théorie de l’évolution ». Les espèces végétales et animales se
transforment au cours du temps, c’est un fait que seuls quelques fanatiques peuvent encore
remettre en question. Toutefois, les mécanismes de l’évolution doivent encore être précisés.
Les zones d’ombre restent grandes. Autant le dire tout de suite : on ne sait pas comment la
vie est apparue sur notre planète. Il n’est même pas possible de présenter une seule théorie qui
tienne vraiment la route. Je ne me lancerai donc pas dans de longs exposés sur le matériel
génétique ou le métabolisme des bactéries pour tenter de cerner le problème. Mais la situation
n’est pas tout à fait désespérée. Je m’aventurerai à dire où la vie est apparue et pour quelle
raison cela s’est passé à cet endroit. Je présenterai également les plus anciens fossiles
d’organismes vivants : des fossiles microscopiques qui font remonter la vie jusqu’à 3,5
milliards d’années. D’autres auteurs ont avancé ce chiffre depuis longtemps, mais les indices
étaient indirects et contestables. Il s’agit de roches supposées construites par des bactéries, les
stromatolites. On sait aussi, depuis peu, que des organismes multicellulaires ont vécu il y a 2,1
milliards d’années. Ce sont autant de progrès remarquables pour notre connaissance de
l’histoire de la vie.
Mais il faut tenir compte de l’environnement dans lequel elle s’est développée. On ne
devrait pas parler de la vie sans parler de la Terre, parce qu’elle ne peut s’épanouir que dans
certaines conditions. J’ai choisi de commencer ce livre par un paragraphe sur les autres corps
du Système solaire, planètes ou satellites, pour montrer qu’ils sont pour la plupart
inhospitaliers. Je reviens ensuite sur notre planète.
La connaissance de la géologie est aussi nécessaire parce que l’histoire de la vie se lit dans
les roches. Elles en conservent la mémoire, et bien sûr, elle nous parlent aussi de l’histoire de
la Terre. C’est étonnant ce qu’il est possible de lire en elles ! La géologie a des aspects
pratiques. Elle aide par exemple les industriels à trouver des minerais. Mais c’est avant tout
une science historique. Le caillou que l’on ramasse sur un chemin, en France, peut être âgé de

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300 millions d’années et avoir « connu » l’époque où notre territoire était proche de
l’équateur, couvert de hautes montagnes et de bassins marécageux où vivaient des fougères
arborescentes et des insectes géants.
Je suis plus tournée vers la géologie que vers la biologie. Cela se verra. Mais il n’est pas
possible d’étudier la géologie sans acquérir de solides connaissances en paléontologie, c’est-
à-dire en histoire de la vie. Un bon géologue est capable de dater certaines roches
sédimentaires du premier coup d’œil, parce qu’elles contiennent des fossiles qu’il reconnaît.
Cet ouvrage est diffusé en numérique, ce qui présente des avantages et des inconvénients.
Il est possible de faire des mises à jour pour y inclure de nouvelles découvertes. Dans la
présente édition, j’ai utilisé des publications de 2016. À l’avenir, il y en aura sans doute
d’autres de 2017 et des années suivantes. En revanche, le format epub n’est pas vraiment
conçu pour la mise en page avec illustrations. J’en ai donc mis peu, presque toutes trouvées
dans la banque d’images Fotolia.
Un site très bien illustré et regorgeant d’informations, intitulé L’Histoire du Temps, traite
du même sujet que le présent ouvrage. Je vous conseille de vous y rendre :

http://histoiredutemps.free.fr/terrestre/index.htm

Mais si les illustrations sont belles et parlantes, les informations sont à prendre avec
prudence. L’auteur a fait appel à une série de documentaires américains intitulés Animal
Armageddon et diffusés par La 5. On peut les trouver sur Dailymotion. Mais elle est entachée
d’approximations et d’erreurs. Par exemple l’extinction des espèces du Dévonien supérieur, il
y a 372 millions d’années, est confondue avec celle de la fin du Permien, il y a 252 millions
d’années. Elles sont toutes les deux expliquées par l’arrivée d’un panache géant sous la
Sibérie : une montée de roches chaudes provenant des profondeurs du manteau, provoquant
un intense volcanisme. Si cette explication est valable pour la fin du Permien, je n’avais
encore jamais rien lu de tel pour le Dévonien supérieur. Les causes suspectées sont tout autres.
On y voit pourtant s’exprimer des scientifiques comme Peter D. Ward de l’université de
Washington. Je ne sais pas quoi en penser. Les auteurs du documentaire ont-ils changé ses
propos de contexte ? Il y a dedans des approximations qu’aucun scientifique ne peut valider.
Les informations du présent livre viennent d’ouvrages universitaires, de publications dans
des revues scientifiques ainsi que de livres de vulgarisation écrits par des spécialistes. Je peux
citer Le Soleil, la Terre… la vie, La quête des origines publié en 2009 par Belin – Pour la
Science, écrit par deux astrophysiciens, un géologue, une biologiste et un chimiste, un livre
très détaillé mais difficile d’accès pour qui n’a pas certains prérequis. Vous les trouverez dans
ce livre. Il ne demande aucune connaissance préalable en géologie et en biologie, ce qui me
conduira à présenter les bases de ces disciplines, en commençant par la première. Ainsi, dans
le premier tome, on trouvera une présentation générale des roches, de la structure de la Terre,
de la subduction et de l’érosion. Cela me semble indispensable pour bien comprendre
l’histoire de notre planète. Je demande seulement au lecteur d’avoir des notions élémentaires
de chimie : savoir ce qu’est un atome, un ion (mais c’est rappelé au paragraphe 4) et une
molécule. Je souhaite qu’une formule comme CaCO3, celle du calcaire, soit compréhensible.
J’ai voulu donner une importance égale aux quatre éons qui constituent l’histoire de la
Terre : l’Hadéen, l’Archéen, le Protérozoïque et le Phanérozoïque. Le dernier, commencé il y
a 541 millions d’années, est l’ère des animaux de grande taille, ou au moins, visibles à l’œil
nu. C’est également durant cet éon que les plantes sont parties à la conquête des continents.
Les données géologiques sont nombreuses, si bien que j’aurais pu lui consacrer les neuf
dixièmes du livre alors qu’il ne constitue que 11 % de l’histoire de la Terre. Mais je ne

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donnerai que les grandes lignes de l’évolution des plantes et des animaux, avec des
explications sur les périodes d’extinction d’espèces, sans oublier la description du
déplacement des continents.
L’Hadéen, l’éon durant lequel la Terre s’est constituée, est beaucoup moins bien connu
malgré une longueur de 540 millions d’années presque égale à celle du Phanérozoïque. On ne
peut que se baser que sur des corps étrangers à notre planète, comme les météorites, et sur de
petits cristaux de zircon. Malgré cela, il y a pas mal de choses à dire. Il est suivi de l’Archéen,
pour lequel on dispose enfin de roches, puis du Protérozoïque, deux éons qui occupent une
durée de 3,49 milliards d’années. La vie est présente, mais à quelques exceptions près durant
ce très long intervalle de temps, elle reste à l’état unicellulaire.
Voici donc les épisodes du feuilleton auquel je vous convie.

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