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Météorites
Vitesse et énergie
La vitesse des météorides entrant dans l’atmosphère terrestre varie entre 11 et 72 km/s. Le
plus souvent, elle avoisine 20 km/s, soit 72 000 km/h. Ces vitesses correspondent à celles des
corps qui tournent autour du Soleil. L’énergie cinétique dépend de la masse (m) et de la vitesse
(v) d’un objet suivant la formule EC = ½ mv2. Un météoride de 1 tonne animé d’une vitesse
de 20 km/s a une énergie cinétique de EC = ½ mv2 = ½ ×1 000 × (20 000)2 = 2 ×1011 J
(200 milliards de joules). Par comparaison, une voiture de même masse animée d’une vitesse
de 72 km/h (20 m/s) a une énergie cinétique 1 million de fois moins importante (2 × 106 J).
En raison des énergies considérables des météorides, on utilise souvent comme terme de
comparaison l’énergie dégagée par l’explosion de 1 tonne de TNT (4,2 ×109 J) ou de la bombe
d’Hiroshima (6,3 ×1013 J). Un météoride de 300 tonnes (quelques mètres de diamètre) animé
d’une vitesse de 20 km/s suffit pour libérer dans l’atmosphère une énergie comparable à
l’explosion d’Hiroshima.
Le phénomène lumineux, connu sous le nom de météore (cf. Ill. 29 3), est
dû à l’intense frottement du météoride contre les molécules d’air qui porte
les météorides à incandescence. La couleur du météore dépend de sa
composition, de même que la couleur d’une flamme dépend de la nature de
la matière brûlée. On a vu des météores bleus, d’autres rouges, certains sont
verts. D’après les témoins, le météore d’Orgueil 4 aurait été d’un beau rouge
orangé.
FIGURE 1.2. Ellipse de chute de la météorite d’Homestead (Iowa, États-Unis, 1875). Les fragments
de météorites les plus massifs se trouvent à l’extrémité la plus éloignée (dans le sens de la trajectoire)
de l’ellipse. La carte a été redessinée d’après le croquis du géologue Oliver Cummings Farrington,
conservateur de la collection de météorites du Field Museum of Natural History à Chicago de 1894
à 1904.
La météorite de Tcheliabinsk
Le 15 février 2013, en Oural (Russie), des milliers de personnes ont aperçu un météore au
lever du jour. Il a été filmé par les caméras embarquées dans les véhicules des particuliers
(pour se prémunir de la corruption policière), entre autres au-dessus de la ville industrielle de
Tcheliabinsk. Le météoride a explosé à environ 40 km d’altitude, relâchant quelques dizaines
de grammes de météorites qui ont été trouvées autour du lac Tcherbakoul. Très rapidement, à
partir des films, des enregistrements sismiques et des données satellitaires, les scientifiques ont
estimé qu’il s’agissait d’un objet de 17 m environ, pesant 10 000 tonnes et animé d’une vitesse
préatmosphérique de 15 km/s.
Si l’on ne recense que deux animaux tués par des météorites, la palme de
la malchance revient à un chien, touché par une météorite martienne à
Nakhla, dans le nord de l’Égypte, le 28 juin 1911 ; un comble quand on sait
que les météorites martiennes représentent moins de 0,1 % des chutes
météoritiques. L’histoire n’a pas retenu le nom de ce malheureux. L’autre
infortuné animal est une vache qui aurait été heurtée par une chondrite
ordinaire, ce qui est moins insolite puisque les chondrites ordinaires
représentent plus de 80 % des chutes de météorites (cf. chapitre 7).
Quant aux dégâts matériels causés par les météorites, ce sont ceux de
Tcheliabinsk qui ont établi un record en endommageant plus de 3 000
appartements et presque 1 000 bâtiments publics. Avant février 2013, le
dégât le plus remarquable a été causé par la météorite de Peekskill (États-
Unis), tombée le 9 octobre 1992 sur le phare arrière gauche d’une Chevrolet
Malibu rouge. La propriétaire de la voiture a su tirer profit de cet
événement extraordinaire puisqu’elle a revendu dix mille dollars un
véhicule acheté trois cents quelques jours plus tôt. La voiture a été
présentée au public en de nombreux endroits dans le monde, dont le
Muséum national d’histoire naturelle, à Paris, à l’occasion de l’exposition
« Météorites ! » en 1996.
L’atmosphère terrestre agit donc comme un coussin protecteur. En
consumant les météorides, en les ralentissant et en les fragmentant 6, elle a
pour conséquence que les météorites tombent rarement sur Terre ou alors à
relativement basse vitesse. Mais l’atmosphère ne peut pas tout. Si le corps
arrive trop vite ou est trop massif, l’atmosphère n’est pas assez dense pour
le freiner et il (on parle alors de bolide) arrive au sol à hypervitesse.
2
Le danger des impacts extraterrestres
FIGURE 2.1. Arbres de la forêt sibérienne couchés par l’explosion du bolide de la Toungouska
(longitude 101°57’E, latitude 60°55’N) en 1908. Photographie prise en 1927 lors de la seconde
expédition de Koulik.
Les seules victimes de cette énorme explosion ont été des rennes, sans
qu’on en connaisse précisément le nombre. Si le bolide était arrivé cinq
heures plus tard, il aurait explosé au-dessus de Saint-Pétersbourg (du fait de
la rotation de la Terre). La capitale de l’empire russe, qui comptait alors
1 700 000 habitants, aurait probablement été rasée. Difficile de mieux
illustrer la nature hasardeuse des impacts des bolides extraterrestres qui
tombent n’importe où, n’importe quand et sans prévenir. Les effets
dévastateurs produits par un événement du type Toungouska demeurent
cependant circonscrits et concernent uniquement leur environnement
proche.
Ceux des corps les plus massifs qui parviennent au sol sans exploser dans
l’atmosphère créent des cratères d’impact 1. Grâce à des travaux théoriques
et à des études de terrain, mais aussi à l’analyse des effets des explosions
nucléaires, les mécanismes de formation des cratères d’impact sont
désormais relativement bien connus (cf. figure 2.3). Lorsque le météoride
touche le sol à sa vitesse cosmique, son énergie cinétique est transmise à la
roche via une onde de choc pouvant atteindre 100 GPa (lire gigapascals 2).
C’est la propagation de cette onde qui creuse le cratère et lui donne sa
forme circulaire au cours d’un phénomène explosif qui dure une fraction de
seconde. Le diamètre d’un cratère d’impact est environ vingt fois celui du
bolide incident. Le météoride est en général presque entièrement vaporisé et
on ne retrouve à proximité du cratère que quelques fragments de météorites.
Pour les impacts les plus importants, des tectites 3 peuvent être envoyées
jusqu’à des milliers de kilomètres de distance.
Les dégâts causés aux roches par les impacts sont considérables. Une
partie d’entre elles sont choquées, broyées et deviennent de nouvelles
roches appelées impactites (ou brèches d’impact) pouvant contenir une
faible proportion de matériau extraterrestre. Certaines impactites ne
contiennent pas de composante météoritique, mais sont constituées
uniquement de matériau terrestre fragmenté, puis rassemblé. D’autres
roches ont été tellement compressées par l’onde de choc qu’elles forment
des cônes de percussion (cf. Ill. 33). Il s’agit de roches coniques dont les
fractures s’étendent radialement depuis le sommet du cône selon un angle
de 75 à 90 degrés. On n’en trouve cependant pas autour de tous les cratères
puisqu’ils se forment préférentiellement dans des terrains sédimentaires. En
se plaçant à plus petite échelle, on peut aussi observer les effets du choc sur
la structure de certains minéraux, comme le quartz. On parle alors de quartz
choqués. Ces effets sur les roches sont des moyens d’identification des
cratères (des dépressions circulaires peuvent être créées par bien d’autres
phénomènes).
FIGURE 2.3. Mécanisme de formation d’un cratère simple (créé par un bolide de diamètre inférieur
à 4 km). Phase de compression : le projectile extraterrestre parvient au sol à hypervitesse. Une onde
de choc se propage dans le sol et compresse la roche cible. Phase d’excavation : la roche mère
est vaporisée en surface et fondue en profondeur. Elle est entraînée à grande vitesse avec le projectile,
qui est complètement
vaporisé. Une cavité transitoire est formée par le passage de l’onde de choc. Phase d’ajustement :
les bords du cratère s’effondrent, résultant en un comblement partiel de la cavité transitoire.
Les brèches d’impact sont un mélange de roches cibles fondues, vaporisées et fracturées
et de matériau extraterrestre. L’ensemble du processus dure seulement quelques minutes. Dans
le cas d’un cratère complexe (créé par les bolides de diamètre supérieur à 4 km), un pic central –
dû à la compression puis au relâchement des roches cibles – est formé. (D’après French [1998]
et Brandstätter et al. [2013].)
Les effets d’un tel impact vont au-delà de la modification des roches et
dépassent l’échelle locale. Le bolide a probablement provoqué un
tremblement de terre et de gigantesques glissements de terrain. Des millions
de mètres cubes de poussière ont été arrachés du sol, fondus et envoyés
dans des lieux très éloignés du point d’impact, provoquant à leur retombée
des incendies qui auraient pu toucher l’ensemble du continent nord-
américain, lequel, rappelons-le, n’était pas encore peuplé d’hommes il y a
cinquante mille ans 6. La faune et la flore ont en revanche été certainement
extrêmement perturbées par l’impact. On estime qu’il a fallu un siècle à
l’environnement pour en effacer les stigmates.
FIGURE 3.1. Météore photographié par le réseau européen de surveillance des météores (European
Fireball Network), analogue au réseau canadien qui a permis de mesurer le flux de météorides
sur Terre. (Crédit : Pavel Spurný [Ondrejov Observatory].)
Le flux d’objets de taille centimétrique à décimétrique est déterminé en
photographiant et en dénombrant les météores traversant une région du ciel
bien circonscrite. La masse desdits météorides est calculée à partir de
l’intensité lumineuse des météores (cf. figure 3.1). Cette approche a été
développée par le programme canadien de surveillance du ciel baptisé
MORP (Meteorite Observation and Recovery Program), dont les quatre
caméras ont scruté onze années durant (de 1974 à 1985) 1 300 000 km² du
ciel. Le nombre de météorides annuels de masse supérieure à 1 kg (diamètre
d’environ 8 cm) parvenant sur l’atmosphère terrestre est estimé à 35 000 et
celui de météorides de masse supérieure à 10 kg (diamètre d’environ
20 cm) à 5 000.
Pour les corps de diamètre compris entre un mètre et une dizaine de
mètres, on ne peut se fonder sur l’observation des météores par des
caméras, car ils sont trop rares. Afin d’estimer leur fréquence d’impact, on a
recours à des satellites dont le champ d’observation couvre une plus grande
partie du ciel : cinquante météorides de taille métrique tomberaient sur
Terre chaque année et un météoride de taille décamétrique tous les dix ans.
Flux de (micro)météorites
En raison des phénomènes d’ablation et de fragmentation dans l’atmosphère ( cf.
chapitre 1, p. 18-19), le flux des (micro)-météorites est plus faible que celui des
(micro)météorides. Des méthodes de comptage permettent de le déterminer. Pour ce qui est
des micrométéorites, on détermine leur nombre dans un volume de neige ou de glace donné.
Ces expériences s’effectuent en Antarctique, car les poussières terrestres y sont très rares et
parce que le taux d’accumulation de la neige y est bien connu. Le flux mesuré dans les glaces
antarctiques est de l’ordre de quelques milliers de tonnes sur toute la Terre, ce qui correspond
très approximativement à une micrométéorite de 0,2 mm parvenant sur 1 m2 de sol tous les
dix jours. Pour les météorites de plus grande taille, on se rend dans les déserts chauds ( cf.
annexes, p. 188-191) et on compte le nombre de météorites tombées sur une surface donnée
d’âge connu. Ce travail a été effectué dans plusieurs déserts, en particulier dans celui du
Nullarbor, en Australie. Il conduit au chiffre de 3 à 7 tonnes par an sur l’ensemble du globe
dans le domaine de masse [10 g - 1 kg]. En termes de nombre de météorites, cela correspond à
environ 3 000 météorites de plus de 1 kg par an sur la surface terrestre.
Les objets dont le diamètre dépasse 10 m sont si rares qu’on ne peut plus
mesurer directement leur flux. On est contraint de se tourner vers l’espace
et d’évaluer la fréquence d’impact à partir du nombre d’astéroïdes 1 croisant
à proximité de la Terre. Cette méthode peut s’appliquer jusqu’aux tailles les
plus élevées, c’est-à-dire une centaine de mètres. On estime à dix mille ans
le temps moyen entre deux chutes d’un objet de 100 m de diamètre.
Pour des corps de diamètre supérieurs à 100 m, on compte le nombre de
cratères existants, on les classe selon leur diamètre (proportionnel à celui
des bolides) et on évalue une fréquence de chutes en fonction de leur âge
respectif. Un corps de 1 km de diamètre tomberait tous les 5 millions
d’années tandis qu’un corps de 10 km de diamètre tomberait tous les
100 millions d’années.
La méthode de comptage des cratères ne peut s’appliquer à des corps de
diamètre inférieur à 100 m. Il y a trois raisons à cela : la première est que,
comme nous l’avons vu, au-dessous d’une centaine de mètres de diamètre
les astéroïdes de pierre explosent en général dans l’atmosphère et seuls les
astéroïdes de fer (minoritaires) forment des cratères ; la deuxième est due
au fait que les cratères les plus petits sont très facilement comblés par des
sédiments ou effacés par l’érosion (notre recensement des petits cratères est
donc extrêmement incomplet) ; enfin, il existe certainement un grand
nombre de cratères qui n’ont pas encore été découverts car ils sont
dissimulés par la végétation.
FIGURE 3.2. Fréquence des impacts de corps extraterrestres sur Terre en fonction du diamètre
des bolides. Pour des raisons de simplicité, nous n’avons pas porté sur ce graphe la fréquence
de chute des objets de diamètre inférieur à quelques mètres. Il apparaît clairement que les corps
les plus massifs sont ceux qui tombent le plus rarement. (D’après Defending Planet Earth [2010].)
Cette classification est bien sûr en grande partie arbitraire. Elle dépend de
modèles et de l’appréciation de risques auxquels l’espèce humaine n’a
jamais dû faire face. Le seuil de catastrophe globale est mal défini : à partir
de quelle taille peut-on dire que la production agricole mondiale est
détruite ? À partir de quel seuil parle-t-on d’extinction massive des
espèces ? Il est d’ailleurs troublant qu’on n’ait attribué qu’une seule
extinction massive à un impact extraterrestre. Si le temps de récurrence de
l’impact qui a provoqué l’extinction crétacé-tertiaire est de cent millions
d’années, on aurait dû compter plusieurs extinctions massives causées par
un bolide extraterrestre depuis l’explosion cambrienne 3 il y a 540 millions
d’années. Les traces de ces extinctions ont-elles été effacées des
enregistrements sédimentaires ? Ou notre estimation de la récurrence des
impacts est-elle fausse ? Il est également possible que tous les impacts de
corps décakilométriques et au-delà ne provoquent pas les mêmes effets que
l’impacteur de Chicxulub.
On peut aller plus loin et tenter d’estimer le risque « absolu » de
succomber à un impact extraterrestre, de manière à comparer ce risque à
d’autres causes de décès naturels (accidents de la route, attaques de
requins…). Pour ce faire, on a calculé le nombre de morts annuels causés
par des impacts extraterrestres, en effectuant bien sûr une moyenne sur des
centaines de millions d’années (fréquence de chute des impacteurs les plus
massifs). Il est comparable au nombre de morts par piqûre de méduse et
inférieur au nombre de morts par piqûre d’abeille ou de frelon.
Méduses 50
Impact extraterrestre 90
Abeilles/frelons 400
Tremblement de terre 36 000
Astéroïdes géocroiseurs
On appelle géocroiseurs la fraction des astéroïdes dont la trajectoire autour du Soleil (ou
orbite) approche celle de la Terre sans nécessairement la rencontrer ( cf. figure 4.1). Quant à
ceux dont l’orbite croise celle de la Terre, ils ne heurteront pas obligatoirement notre planète.
On peut faire une analogie avec les trains. Ce n’est pas parce que deux voies ferrées se croisent
que les trains qui les empruntent vont entrer en collision. Pour qu’il y ait collision, il faut
qu’ils passent au même endroit au même moment. Il en va de même des astéroïdes
géocroiseurs et de la Terre : il faut qu’ils aient « rendez-vous » pour que la collision ait lieu.
Le Catalina Sky Survey peut d’ailleurs se vanter d’être pour le moment
l’unique programme de surveillance à avoir détecté un corps dans l’espace
avant sa chute sur Terre. Le 6 octobre 2008, l’astronome Richard Kowalski
découvre, du Mount Lemmon Observatory, un objet de 3 à 4 m de diamètre.
À 14 h 59 UTC 2, le Minor Planet Center (« Centre des petites planètes »)
publie un communiqué laconique : « D’après la trajectoire nominale
calculée, l’astéroïde 3 2008 TC3 entrera dans l’atmosphère terrestre le
7 octobre 2008 à 2 h 46 UTC au-dessus du nord du Soudan. » En clair, un
impact extraterrestre aura lieu dans dix-neuf heures. L’astéroïde 2008 TC3
est alors étudié en détail par les astronomes jusqu’à ce qu’il entre dans
l’ombre de la Terre, le 7 octobre à 1 h 49 UTC. L’impact, observé en direct
par le satellite Meteosat, a eu lieu le 7 octobre à 2 h 45 min 54 s UTC.
L’erreur sur le moment de l’impact a été de 6 secondes et celle sur sa
localisation inférieure à un kilomètre. L’énergie d’impact a été estimée à
6,5 ×1012 J, c’est-à-dire un dixième de l’énergie libérée par la bombe
atomique d’Hiroshima. L’objet s’est fragmenté à une altitude de 37 km,
libérant environ 600 météorites de masses comprises entre 0,2 et 379 g. Au
total, 10,7 kg de la météorite appelée Almahata Sitta ont été retrouvées par
les différentes équipes de recherche.
L’exemple (unique) de 2008 TC3 ne doit pas dissimuler les difficultés
que rencontrent les astronomes cherchant à recenser les astéroïdes
géocroiseurs. Certains astéroïdes sont difficilement détectables. Il est, par
exemple, plus facile pour une taille et une distance au Soleil données de
détecter un astéroïde d’albédo 4 élevé (brillant) qu’un astéroïde de faible
albédo (sombre). En outre, il est important d’avoir à l’esprit que les
astéroïdes se trouvant entre nous (la Terre) et le Soleil sont presque
impossibles à détecter en raison de l’effet éblouissant de l’astre du jour.
Le 25 juin 2013, le dix millième astéroïde géocroiseur découvert a pris le
nom de 2013 MZ5. Bien que 859 astéroïdes géocroiseurs d’un diamètre
supérieur à 1 km aient été dénombrés 5, 7 astéroïdes de diamètre supérieur à
1 km ont été détectés en 2012, ce qui prouve qu’il reste du pain sur la
planche. De fait, à partir de modèles, on estime qu’il y aurait 940 astéroïdes
géocroiseurs plus grands que 1 km : 90 % d’entre eux auraient donc été
détectés, comme l’attendait le Congrès américain. Si ce premier objectif a
été atteint, celui visant à détecter 90 % des astéroïdes de diamètre supérieur
à 140 m à l’horizon 2020 a été récemment jugé irréaliste par la commission
mise en place par la NASA pour examiner les stratégies de défense des
impacts extraterrestres 6. Cette même commission recommande en
revanche qu’un effort de financement soit fait pour l’atteindre en 2030. Elle
demande également qu’une attention particulière et nouvelle soit portée aux
objets de 30 à 50 mètres de diamètre, dans la mesure où il devient de plus
en plus évident qu’ils représentent les objets les plus menaçants dans l’état
actuel de nos connaissances (cf. supra, p. 47).
Lorsqu’un géocroiseur a été identifié, il importe d’établir précisément sa
trajectoire afin d’évaluer sa probabilité d’impact avec la Terre. La
détermination de l’orbite d’un astéroïde et de son évolution dans le temps
n’est pas aisée. Cela passe d’abord par l’identification de sa trajectoire
actuelle. Il faut ensuite, grâce à des observations répétées et des calculs,
estimer quelle sera l’évolution de sa trajectoire avec le temps. Il n’est pas
toujours évident de suivre le mouvement d’un astéroïde autour du Soleil. Ils
peuvent être déviés par leur passage à proximité d’une planète comme la
Terre ou Vénus, ou subir des collisions susceptibles de les fragmenter et de
les rendre trop petits pour être détectés. Il arrive enfin que des astéroïdes
soient tout simplement perdus de vue par les télescopes parce qu’ils sont
sortis de leur champ d’observation. Les déterminations de trajectoire des
astéroïdes nécessitent donc du temps et des moyens d’observation
importants.
Grâce à ces suivis de trajectoire, on peut identifier des astéroïdes
potentiellement dangereux (potentially hazardous asteroids, PHAs), qui
sont, d’après la définition de la NASA, les astéroïdes de diamètre supérieur
à 100 m pour lesquels la distance minimale entre leur orbite et celle de la
Terre est vingt fois inférieure à la distance Terre-Lune. Le choix de cette
distance « de sécurité » est arbitraire. Elle peut paraître petite, mais ce n’est
pas le cas : la Lune est assez éloignée de la Terre (380 000 km) et un grand
nombre d’astéroïdes (potentiellement dangereux) passent à des distances
bien moindres tout en demeurant totalement inoffensifs. C’est par exemple
le cas de l’astéroïde 2012 DA14, d’un diamètre de 40 à 45 m, qui est passé
à 28 000 km de la Terre dans la nuit du 15 au 16 février 2013 7.
Le nombre d’astéroïdes potentiellement dangereux représente environ
20 % du total des astéroïdes géocroiseurs : on en compte donc environ deux
mille. Ce sont eux qu’il faudrait « caractériser physiquement » pour mieux
préparer les actions de protection de la planète. La caractérisation physique
des PHAs est en effet indispensable pour développer une stratégie de
défense efficace. Les différents télescopes tentent de déterminer les formes,
les périodes de rotation, la porosité, la masse, la nature, ainsi que la taille
exacte des astéroïdes placés sous surveillance. Pour ces mesures, on fait
beaucoup appel à des antennes radars comme celle située à Arecibo, à
Porto-Rico. Lorsque l’astéroïde est suffisamment proche et suffisamment
gros, la résolution des images radars peut atteindre 7,5 m par pixel. Rien ne
remplace cependant les missions spatiales d’exploration, qui permettent
d’obtenir des images de très grande résolution (on pourra comparer l’image
d’un astéroïde prise du sol [cf. Ill. 23] avec celle d’astéroïdes observés par
des missions spatiales [cf. Ill. 20-22]). Dans le cas des astéroïdes
potentiellement dangereux, il faudrait pouvoir mettre sur pied une mission
de caractérisation extrêmement rapidement, en tout cas dans un temps
inférieur au temps de préavis.
L’astéroïde 2004 MN4 a été l’objet d’une surveillance toute particulière.
Également baptisé Apophis, en l’honneur du dieu égyptien de l’obscurité et
du chaos, il a été découvert dans la nuit du 19 juin 2004 par le Bok
Telescope de l’observatoire Kitt Peak. Peu après sa détection, les
astronomes l’ont perdu de vue. C’est un autre observatoire, celui de Siding
Spring, qui le redécouvrit le 18 décembre 2004. Fin décembre 2004, sa
probabilité d’impact pour le 13 avril 2029 fut estimée à 2,7 %, ce qui
conduisit la NASA à placer l’astéroïde au niveau 4 de l’échelle de Turin
(cf. l’encadré suivant et la figure 4.2), créant un certain émoi dans les
médias. Mais, en 2006, une analyse plus approndie des données écarta la
possibilité d’un impact en 2029 et la reporta en 2036 avec une probabilité
de 1/45 000, abaissée à 1/250 000 en 2009. À l’occasion du passage
d’Apophis à proximité de la Terre en janvier 2013, de nouvelles mesures
ont été réalisées et l’estimation de la taille 8 ainsi que la trajectoire de
l’astéroïde ont été affinées. Le risque d’impact est désormais écarté et
Apophis placé au niveau 0 de l’échelle de Turin.
FIGURE 4.1. Orbite de l’astéroïde géocroiseur Apophis. La couronne de points figure la position
de la ceinture d’astéroïdes. L’étoile au centre indique le Soleil. (Données orbitales :
http://neo.jpl.nasa.gov/orbits/.)
FIGURE 4.2. Échelle de Turin imaginée par Richard Binzel, du MIT (Massachusetts Institute
of Technology), et présentée pour la première fois en 1995 à une conférence internationale à Turin
(Italie).
Échelle de Turin
Une échelle a été proposée pour évaluer semi-quantitativement le niveau de dangerosité des
impacts extraterrestres. L’échelle de Turin est graduée de 0 à 10. Elle se fonde sur la
probabilité de collision et l’énergie dégagée (proportionnelle à la taille du corps) par l’impact
envisagé. Le niveau 0 correspond à des objets dont la dangerosité est virtuellement nulle, soit
parce qu’ils sont trop petits pour parvenir au sol sans être détruits, soit parce que leur
probabilité de collision est trop faible. Les niveaux 8 à 10 correspondent à des objets dont la
collision est certaine. Seuls deux astéroïdes ont dépassé le niveau 1 et atteint le niveau 2
(collision improbable mais trajectoire proche) depuis la création de l’échelle : 2004 VD17 et
Apophis. Ils sont depuis repassés au niveau 0. L’évolution dans le temps du niveau sur
l’échelle de Turin s’explique facilement : dès qu’un astéroïde passe au niveau 1 et a fortiori au
niveau 2, il est activement surveillé. Son observation répétée permet de mieux contraindre sa
trajectoire et donc sa probabilité de collision, mais aussi sa taille. Jusqu’à maintenant,
l’affinement des trajectoires a toujours permis de diminuer le niveau d’alerte.
Bien qu’il n’y ait pas, à l’heure actuelle, d’astéroïde menaçant, une
réflexion est d’ores et déjà en cours sur les moyens nécessaires pour se
protéger d’un impact extraterrestre catastrophique. La « mitigation » est
définie comme « l’ensemble des moyens visant à protéger la Terre et ses
habitants des effets d’un impact imminent par un astéroïde géocroiseur ».
L’expression même de « mitigation », qui signifie atténuation ou
adoucissement, traduit la difficulté de mettre en place un véritable
programme de protection des impacts catastrophiques.
5
Protection planétaire
Sécurité civile
Cette méthode peut s’appliquer à tous les objets dont le diamètre est
inférieur au seuil de catastrophe globale, c’est-à-dire environ 1 km. Elle
consiste à évacuer les zones menacées par l’impact et à protéger les
populations des conséquences physiques, sociales et politiques générées par
une catastrophe inédite dans l’histoire de l’humanité. Une telle évacuation
est décrite par Éric Pessan dans son roman Les Géocroiseurs, publié à La
Découverte en 2004. L’évacuation des populations menacées et leur
protection sont possibles dans la mesure où le point d’impact peut être
prédit avec suffisamment de précision (comme cela a été le cas pour
l’astéroïde 2008 TC3) et suffisamment à l’avance (comme cela n’a pas été
le cas pour le même astéroïde).
Le déploiement de mesures de protection civile dépendra également de
notre capacité à comprendre les effets des impacts en fonction des lieux
d’explosion (atmosphère, terre ou mer) et à nous adapter à la spécificité de
chaque situation. On pourra tirer profit de l’expérience acquise au cours
d’autres catastrophes naturelles (inondations ou éruptions volcaniques, par
exemple). Il est évident que plus le temps de préavis sera long et l’astéroïde
petit (donc avec des effets circonscrits dans l’espace), plus cette méthode
sera facile à mettre en œuvre. Pour ce qui est des comètes dites de Oort 1,
les temps de préavis sont malheureusement très courts puisque ces comètes
arrivent sans prévenir des zones les plus lointaines du système solaire,
comme nous le verrons dans le chapitre suivant. Heureusement, les impacts
cométaires représenteraient seulement 1 % environ des impacts astéroïdaux.
Rendez-vous raté
La méthode dite du rendez-vous raté serait opérationnelle pour les
astéroïdes dont le diamètre est inférieur à 100 m (cf. figure 5.1). Elle
consiste à modifier l’orbite de l’astéroïde en lui appliquant une force
constante, de telle façon que l’astéroïde arrive en retard ou en avance à son
« rendez-vous » avec la Terre. On estime qu’un astéroïde doit passer à plus
de 15 000 km de la Terre (un peu plus de deux rayons terrestres) pour que le
risque soit nul 2. Il y a trois façons de mettre en œuvre ce rendez-vous raté,
c’est-à-dire d’appliquer une force suffisante pour dévier l’astéroïde de
15 000 km. La première consiste à vaporiser les éléments volatils 3 contenus
dans l’astéroïde : la projection de gaz dans l’espace exercerait alors une
force de réaction sur l’astéroïde suffisamment intense pour en modifier la
trajectoire. Il y a pour le moment deux obstacles majeurs à cette méthode :
le premier est qu’elle ne fonctionnerait que pour les rares astéroïdes riches
en éléments volatils ; le second est qu’il n’existe pas pour le moment de
technologie capable de provoquer l’évaporation d’éléments volatils à la
surface des astéroïdes. Des miroirs focalisant la lumière du Soleil à la
surface de l’astéroïde afin de la chauffer et d’expulser les éléments les plus
volatils ont été envisagés par divers groupes de recherche, mais cette
technologie est encore loin d’être opérationnelle.
Une autre façon d’appliquer une force constante serait d’amarrer un
vaisseau spatial à l’astéroïde. Bien que considérablement moins massif que
l’astéroïde, ce vaisseau agirait comme un remorqueur agit sur un
gigantesque porte-conteneurs. Cette méthode est peu réaliste en raison des
périodes de rotation des astéroïdes (quelques heures en général), qui sont
trop rapides pour permettre un amarrage durable.
Une dernière possibilité consisterait à mettre en orbite autour de
l’astéroïde un vaisseau spatial exerçant sur lui une force gravitationnelle.
Comme les forces mises en jeu sont relativement faibles (pour des masses
de vaisseaux et des quantités de carburant réalistes), le vaisseau spatial
devrait passer beaucoup de temps (des dizaines d’années) à proximité de
l’astéroïde. Le temps nécessaire serait d’autant plus long que l’astéroïde
serait massif. Cette méthode n’est donc envisageable que pour des temps de
préavis suffisamment longs et/ou des astéroïdes peu massifs (cf. figure 5.1).
On estime qu’il faudrait environ vingt ans pour dévier de 15 000 km, grâce
à ce « tracteur gravitationnel », un astéroïde de 100 m de diamètre.
Impact cinétique
Il s’agit là de percuter l’astéroïde menaçant à l’aide d’un vaisseau spatial
suffisamment massif pour modifier sa vitesse et donc sa trajectoire. Les
vitesses d’impact envisagées vont de quelques km/s à 10 km/s. Cette
méthode sera d’autant plus efficace que l’énergie d’impact sera utilisée pour
expulser la matière de l’astéroïde, l’efficacité minimale ayant lieu lorsque
toute l’énergie de l’impact est absorbée par l’astéroïde cible sans qu’il y ait
expulsion de matière. La réaction de l’astéroïde à l’impact dépend de sa
nature (fer, pierre…), de sa forme et de sa porosité. Des calculs estiment
que, dans le cas le plus favorable, un impacteur de 10 tonnes animé d’une
vitesse de 50 km/s pourrait dévier des 15 000 km requis un astéroïde de
700 m de diamètre. Dans le cas plus défavorable d’un astéroïde poreux et
moins dense qui absorberait l’essentiel de l’énergie communiquée et d’un
vaisseau animé d’une vitesse d’impact plus réaliste (de 5 km/s), seuls des
objets de moins de 200 m de diamètre seraient déviés. Cette méthode à
l’allure quelque peu brutale serait, dans l’état actuel de nos connaissances,
plus facile à mettre en œuvre que le « rendez-vous raté » et permettrait – en
envisageant une série d’impacts sur un même astéroïde et en se plaçant dans
l’hypothèse la plus optimiste – de dévier des astéroïdes de 1 km de diamètre
(cf. figure 5.1).
Détonation nucléaire
L’emploi d’une bombe nucléaire a été envisagé uniquement pour faire
face aux astéroïdes les plus massifs (de diamètre supérieur à 500 m), pour
lesquels les autres options seraient inopérantes. Contrairement aux idées
reçues, il ne s’agit pas de faire exploser l’astéroïde, mais de le dévier,
comme dans les deux méthodes précédentes. L’énergie nucléaire a
l’avantage d’être une technologie qui, à défaut d’être parfaitement
maîtrisée, est suffisamment ancienne pour autoriser les projets de déviation
d’astéroïdes géocroiseurs. Le principe en est simple : faire exploser la
charge nucléaire à proximité de l’astéroïde-cible de manière à en chauffer la
surface et à en faire s’évaporer la matière. La force de réaction aurait pour
effet de changer la vitesse de l’astéroïde et donc de le dévier. Cette méthode
est plus efficace que celle de Bruce Willis consistant à faire exploser la
charge dans l’astéroïde lui-même 4.
Planche à voile cosmique
Le Soleil émet en permanence des particules chargées (majoritairement,
des protons et des électrons) qui se propagent à haute vitesse (jusqu’à
plusieurs centaines de km/s) dans l’espace interplanétaire. On appelle ce
flot de particules le « vent solaire » : il résulte de la combinaison de
l’activité magnétique du Soleil et de sa rotation sur lui-même (en vingt-six
jours à l’équateur). C’est l’interaction du vent solaire avec le champ
magnétique terrestre qui est responsable des aurores boréales et australes.
Ce sont aussi des sursauts particulièrement intenses de cette activité
magnétique qui provoquent occasionnellement des perturbations dans les
systèmes de télécommunication. Pour ce qui est de la déviation des
astéroïdes, l’idée est simple et belle : elle consiste à équiper l’astéroïde-
cible d’une voile et à orienter celle-ci de telle sorte que le vent solaire
pousse l’astéroïde et le dévie de sa trajectoire. La question de la fixation de
la voile sur l’astéroïde n’a pas encore été étudiée en détail.
Peinture
Cette méthode vise à modifier l’intensité d’une force additionnelle (par
rapport à la seule force gravitationnelle exercée par le Soleil) ressentie par
les astéroïdes et appelée force de Yarkovksy 5, du nom du scientifique russe
qui l’a mise en évidence. L’intensité de cette force dépendant de la
conductivité thermique et de l’albédo (cf. p. 51) de l’astéroïde, deux
solutions sont envisageables : recouvrir le corps d’un matériau augmentant
sa conductivité thermique (il ressemblerait alors aux installations de l’artiste
Christo) ou le peindre en blanc pour augmenter son albédo. La surface d’un
astéroïde sphérique de 100 m est de l’ordre de 124 000 m2. À raison de
10 m2 par peintre et par jour, il faudrait une équipe de 33 peintres à pied
d’œuvre pendant un an, sans tenir compte des congés payés. La question du
transport, du gîte et du couvert des peintres n’est pas résolue.
L’Univers, dont les dimensions ne sont pas très bien connues, est rempli de vide et
de galaxies, elles-mêmes constituées de gaz et d’étoiles. Les galaxies, dont le
diamètre caractéristique est de 50 000 années-lumière (cf. l’encadré suivant), sont
séparées les unes des autres par des millions d’années-lumière. Il y aurait dans
l’Univers 100 milliards de galaxies qui, chacune, contiendrait 100 milliards d’étoiles.
Notre Soleil est une étoile parmi d’autres dans la Galaxie 1. Situé à environ 25 000
années-lumière du centre galactique occupé par un trou noir, il est en quelque sorte
un banlieusard. L’étoile la plus proche, Proxima du centaure, se trouve à la distance
de 4,2 années-lumière du Soleil. Seulement 52 étoiles sont à moins de 15 années-
lumière du Soleil. Ces distances vertigineuses sont considérables par rapport à
l’étendue de notre système solaire (un dixième d’année-lumière), défini comme
l’ensemble des corps liés gravitationnellement au Soleil
FIGURE 6.1. Place du système solaire dans la Galaxie « vue de haut ». Les trois nébuleuses sont des régions
de formation d’étoiles dans lesquelles sont en gestation d’innombrables étoiles semblables à notre Soleil
(cf. chapitre 10).
Distances astronomiques
Étant donné les distances auxquelles ils ont affaire, les astronomes utilisent des unités un peu
particulières. L’année-lumière est, par définition, la distance parcourue par la lumière en un an, elle vaut
environ 10 000 milliards de kilomètres. L’unité astronomique (UA) est, par définition, la distance
moyenne entre le Soleil et la Terre, elle vaut 150 millions de kilomètres. L’année-lumière est la distance
caractéristique entre les étoiles, tandis que l’unité astronomique est la distance caractéristique séparant les
corps du système solaire. Une année-lumière vaut 63 300 UA.
FIGURE 6.2. Architecture du système solaire où apparaissent les orbites des huit planètes, la ceinture
d’astéroïdes (entre Mars et Jupiter) et la ceinture de Kuiper (au-delà de Neptune). En raison de la vue plongeante,
l’échelle est approximative. Bien évidemment, les planètes ne sont jamais exactement alignées. (D’après
Brandstaëtter et al. [2013].)
Le Soleil est entouré de huit planètes, qui sont, par ordre de distance croissante :
Mercure, Vénus, Terre, Mars (cf. Ill. 24), Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Tandis
que les six premières planètes sont visibles à l’œil nu et donc connues depuis
toujours, Uranus a été découverte au XVIIIe siècle et Neptune au XIXe siècle 3. Les
quatre premières planètes ont une masse plutôt faible comparée à celle des planètes
dites géantes : Jupiter, Saturne, Uranus et Neptune. Chacun le sait, Pluton n’est plus
considéré comme une planète depuis août 2006. Nous reviendrons sur cette
spectaculaire exclusion dans un instant.
Certaines planètes ont des satellites. C’est le cas de la Terre, bien sûr, qui est
accompagnée dans son mouvement autour du Soleil par la Lune, mais aussi de Mars,
qui possède deux satellites, Phobos (la Crainte, cf. Ill. 25) et Deimos (la Terreur). Les
satellites les plus massifs de Jupiter (Europe, Io, Callisto et Ganymède, tou(te)s des
amant[e]s du dieu Jupiter) ont été découverts une nuit d’hiver 1610 par Galilée, qui
avait eu la bonne idée de braquer vers le ciel une lunette jusqu’alors utilisée sur les
champs de bataille et dans les salons. On connaît maintenant 67 satellites jupitériens.
Saturne, Uranus et Neptune ont respectivement 200, 27 et 14 satellites connus. Le
diamètre des satellites est variable. Si la Lune, Ganymède ou Titan (satellite de
Saturne) sont massifs et approchent la taille de Mars (respectivement 13, 23 et 20 %
de la masse de la planète rouge), Phobos et Deimos ont un diamètre inférieur à
100 km. Certains satellites de planètes géantes ont un diamètre de l’ordre du
kilomètre.
Continuons notre inventaire des habitants du système solaire avec les petits corps.
C’est une classe un peu fourre-tout qui regroupe approximativement tout ce qui n’est
ni planète ni satellite. En s’éloignant du Soleil, les premiers petits corps rencontrés
sont les astéroïdes. L’essentiel de ces petits corps se trouve concentré dans une
ceinture située entre 2 et 3,3 UA, c’est-à-dire approximativement entre Mars et
Jupiter (cf. figure 6.2). On ne trouve pas d’astéroïdes au-delà de Jupiter. Le plus
massif d’entre eux, Cérès, a une masse de 1021 kg (un millième de la masse de Mars)
et un diamètre de 1 000 km. Certains astéroïdes ont des satellites, c’est le cas de
l’astéroïde Ida, autour duquel tourne Dactyl, une lune miniature de 1,4 km de
diamètre.
C’est en raison de la petite taille des astéroïdes (relativement aux planètes) qu’il a
fallu attendre 1801 pour que le premier d’entre eux, Cérès, soit découvert par
l’astronome palermitain Giuseppe Piazzi. Il y aurait plus de 1 million d’astéroïdes
d’un diamètre supérieur à 1 km. Deux cents astéroïdes ont un diamètre supérieur à
100 km. La masse totale des astéroïdes est estimée à 4 % de celle de la Lune, Cérès
représentant à lui seul un tiers de cette masse. Un certain nombre d’astéroïdes se
trouvent sur des orbites qui s’approchent de celle de la Terre, ce sont les astéroïdes
géocroiseurs (cf. chapitre 4).
La région située entre Jupiter et Saturne contient très peu de petits corps. À partir
de Neptune, c’est-à-dire au-delà de 30 UA, on rencontre les objets transneptuniens.
Une première concentration de corps forme la ceinture dite de Kuiper, située entre 30
et 55 UA. En raison de leur éloignement, le premier objet de Kuiper (sans tenir
compte de Pluton, voir infra) a été découvert en 1992. On estime à 1 milliard le
nombre d’objets de Kuiper d’un diamètre supérieur à 1 km, pour une masse totale
qui serait de l’ordre d’un dixième de la masse de la Terre. Le plus gros d’entre eux,
Éris (la Discorde), a un diamètre de 2 326 12 km, légèrement supérieur à celui de
Pluton (2 306 10 km).
C’est la découverte d’Éris qui a conduit à la révision de la définition d’une planète
et à la dégradation de Pluton. En effet, le diamètre d’Éris étant légèrement supérieur
à celui de Pluton, son découvreur a revendiqué pour Éris le statut de dixième planète
du système solaire, ce qui lui aurait permis d’entrer dans les livres d’histoire. Un
certain nombre d’astronomes se sont alors inquiétés. Grâce au développement
régulier des méthodes d’observation n’allait-on pas découvrir indéfiniment des corps
lointains de plus en plus massifs auxquels on serait contraint d’octroyer le statut de
planète ? Cette possible inflation compliquerait la tâche des enseignants et ferait du
nombre de planètes du système solaire un chiffre susceptible de varier avec le temps.
Au terme d’un vote houleux qui a eu lieu lors de la 26e assemblée générale de
l’Union astronomique internationale (UAI), à Prague, en août 2006, il a donc été
décidé de changer la définition d’une planète.
Une planète est désormais un objet qui satisfait aux caractéristiques suivantes : 1)
il est en orbite autour du Soleil, 2) il est rond sous l’effet de sa propre gravité, 3) il a
éliminé les autres corps de masse comparable à sa propre masse du voisinage de son
orbite, 4) il n’est pas un satellite. Les objets qui satisfont tous les critères à
l’exception du troisième sont appelés des « planètes naines ». Tous les autres corps
sont appelés des « petits corps ». La nouvelle définition permet de fixer
définitivement le nombre de planètes à 8 et exclut de facto Pluton, qui devient une
planète naine. Bien que l’exclusion de Pluton puisse à première vue sembler
arbitraire, elle est justifiée par son orbite particulière (il n’appartient pas au plan de
l’écliptique) et par sa composition, similaire à celle des objets de la ceinture de
Kuiper et distincte de la huitième planète, Neptune. Si le découvreur d’Éris n’est pas
entré dans les livres d’histoire, Clyde Tombaugh, qui le premier avait observé Pluton
en 1930, en est sorti.
Avec cette définition, le système solaire contient cinq planètes naines : Cérès,
Pluton, Makemake, Haumea et Éris. La première est située dans la ceinture
d’astéroïdes tandis que les quatre dernières sont situées dans la ceinture de Kuiper. Il
est peu probable que ce concept de planète naine (qui a permis de consoler les
partisans de Pluton) passe l’épreuve du temps. Il rassemble des corps de nature
physique différente et éloignés les uns des autres (par exemple, Cérès et Éris). En
outre, la condition n° 3, qui a servi à dégrader Pluton, est pour le moins vague. On
continue en général d’utiliser les vieilles appellations d’astéroïde (pour Cérès) ou
d’objet de Kuiper (pour Pluton, Éris, Haumea et Makemake), quand bien même ces
définitions sont également imparfaites.
Plus loin encore se trouvent les objets du nuage de Oort. Situé à des dizaines de
milliers d’unités astronomiques, le nuage de Oort est en quelque sorte la frontière
externe du système solaire. Il contiendrait 50 milliards d’objets dont le diamètre est
supérieur à 1 km (les plus massifs auraient un diamètre de quelques milliers de
kilomètres). Le nuage de Oort n’a jamais été observé directement ; son existence est
connue par des méthodes indirectes (cf. infra). Il s’agirait, comme son nom
l’indique, d’une coquille sphérique plutôt que d’une ceinture.
Après cette présentation rapide de la géographie du système solaire, revenons sur
la composition et la nature de tous ces corps. Commençons par le Soleil, autour
duquel tous les autres corps gravitent. Le Soleil est, comme toutes les étoiles, une
gigantesque boule de gaz (son diamètre est 109 fois celui de la Terre). Sa
composition chimique est connue depuis le XIXe siècle : il est composé
majoritairement d’hydrogène (73,5 % en masse) et d’hélium (24,8 %). Les quatre-
vingt-dix autres éléments qui existent dans l’Univers sont présents dans le Soleil
mais sous forme de traces (si on les compare à l’hydrogène) 4. Le Soleil tire son
énergie de la fusion nucléaire de l’hydrogène en son centre, où la température atteint
15 millions de degrés (pour quelques milliers de degrés à sa surface). Le Soleil est le
seul corps du système solaire à briller par lui-même. Les autres corps du système
solaire (planètes, satellites, petits corps) brillent car ils réfléchissent la lumière du
Soleil.
Les planètes du système solaire sont très différentes les unes des autres, par leur
taille, bien sûr, mais aussi et surtout par leur composition et leur structure interne. Il
existe une ligne de partage essentielle entre le système solaire interne (en deçà de
Jupiter) et le système solaire externe (au-delà de Jupiter). Les planètes internes
(Mercure, Vénus, Terre, Mars) sont solides, on les appelle aussi les planètes
telluriques, du latin tellus, terre. Les planètes externes (Jupiter, Saturne, Uranus,
Neptune) sont composées majoritairement de gaz d’hydrogène.
Bien qu’appartenant à une même classe, on observe une grande variabilité parmi
les planètes telluriques. Mars et Mercure sont plus petites que Vénus et la Terre. La
Terre et Vénus ont des atmosphères épaisses, contrairement à Mercure et Mars.
L’atmosphère de Vénus est faite de dioxyde de carbone (97 %) et d’azote (3 %),
tandis que l’atmosphère de la Terre (cent fois moins massive) est composée d’azote
(78 %) et d’oxygène (20 %). Mercure possède un noyau métallique qui occupe 75 %
de son volume, tandis que ce même noyau est beaucoup plus petit pour les autres
planètes telluriques. La Terre est l’unique planète tellurique à posséder des océans.
FIGURE 6.3. Orbites des comètes de Hale-Bopp (type de Oort) et de Wild 2 (type Jupiter). La couronne
de points figure la position de la ceinture d’astéroïdes. L’étoile au centre indique le Soleil. (Données orbitales :
http://neo.jpl.nasa.gov/orbits/.)
Les orbites des objets transneptuniens les moins massifs peuvent être modifiées
par une cascade d’interactions gravitationnelles avec les planètes géantes (en
commençant par Neptune et en finissant par Jupiter) qui ont pour effet de les
envoyer dans le système solaire interne. Lorsqu’ils s’approchent du Soleil, les
grandes quantités de glace (d’eau et de monoxyde de carbone) qu’ils contiennent
sont vaporisées et forment une chevelure (coma, en grec) qui se développe en une
queue 6 pouvant s’étendre sur des centaines de milliers de kilomètres (cf. Ill. 27) :
c’est en raison de cette chevelure qu’on les nomme comètes. Elles ont été observées
par les hommes depuis toujours (cf. encadré). Ces comètes, dites de Jupiter (car leur
orbite finit par être contrôlée par la planète géante, cf. figure 6.3), ont une période de
révolution de l’ordre de la dizaine d’années. Au bout de quelques milliers de
passages à proximité du Soleil, elles épuisent leur glace de surface et deviennent
inactives 7. Elles ressemblent alors à des astéroïdes de type C.
Les comètes
Aristote parlait déjà des comètes dans sa physique. Elles appartenaient selon lui à l’atmosphère
terrestre. En dépit de cette tentative de rationalisation, l’apparition de comètes a longtemps été considérée
comme un bon (ou mauvais) présage. C’est le grand astronome danois Tycho-Brahé qui a prouvé en 1577
que les comètes étaient des objets célestes. En utilisant la mécanique newtonienne, Edmond Halley a
montré à la fin du XVIIe siècle que la comète aperçue en 1531, 1607 et 1682 était le même objet revenant
à proximité de la Terre tous les soixante-quinze ans. Depuis le XIXe siècle et les premières mesures de la
composition de la chevelure, les comètes sont devenues des objets de science.
Les objets du nuage de Oort sont, pour certains, envoyés dans le système solaire
interne parce qu’ils ressentent l’influence gravitationnelle de l’ensemble des étoiles
de la Galaxie. Ils deviennent alors des comètes dites de Oort. Cette influence
gravitationnelle (on parle de marée galactique) est suffisamment puissante pour
envoyer dans le système solaire interne des corps pouvant atteindre 50 km de
diamètre (taille de la comète de Hale-Bopp passée à proximité de la Terre en 1997).
Les comètes de Oort ont une période de révolution très élevée (jusqu’à des dizaines
de milliers d’années), étant donné leur provenance lointaine (cf. figure 6.3). En
raison de leur orbite très allongée, la vitesse des comètes de Oort est très élevée lors
de leur passage dans le système solaire interne. Cela explique pourquoi on ne peut
les détecter que quelques années avant leur passage à proximité de la Terre
(cf. chapitre 5).
Ce sont les comètes de Oort qui, en déboulant dans le système solaire interne,
nous ont révélé l’existence du nuage de Oort et sa forme sphérique (les comètes de
Oort n’appartiennent pas au plan de l’écliptique mais proviennent de toutes les
directions de l’espace). Les comètes de Oort sont en général beaucoup plus actives
que les comètes de type Jupiter. L’activité de la comète Hale-Bopp était par exemple
de 200 tonnes d’eau par seconde et de 1 000 tonnes par seconde de poussières, tandis
qu’on pouvait à peine détecter la chevelure de la comète de Jupiter Wild 2, cible de
la mission Stardust (cf. infra).
Les corps du système solaire sont donc nombreux et divers. Même si certains
d’entre eux ont été visités par des sondes spatiales, les météorites restent un moyen
unique de connaître leurs propriétés en détail. Encore faut-il faire le lien entre les
différents groupes de météorites et les corps du système solaire.
7
Les différents types de météorites
Roches et minéraux
Les roches sont formées de minéraux, eux-mêmes composés d’arrangements d’atomes
reproduisant un motif régulier dans l’espace. Un minéral se caractérise donc par sa
composition chimique et ce qu’on appelle sa structure cristallographique. Il existe sur Terre
des milliers de minéraux différents, plusieurs centaines dans les météorites. Les minéraux les
plus communs des météorites sont des silicates : des combinaisons de silicium, d’oxygène et
de différents éléments (cations) comme le fer, le magnésium ou le calcium. L’olivine de
composition (Mg,Fe)2SiO4 et le pyroxène de composition (Mg,Fe,Ca)SiO3 sont deux des
silicates les plus communs des météorites. Leur teneur relative en magnésium (Mg), fer (Fe) et
calcium (Ca) dépend de leurs conditions de formation. On trouve aussi des éléments à l’état
métallique, c’est-à-dire non combiné avec l’oxygène : c’est le cas du fer, par exemple (un abus
de langage consiste à dire « métal » pour « fer métallique »).
Les chondrites
Les chondrites sont des roches uniques. Comme leur nom l’indique, elles
sont formées essentiellement de chondres 2, qui sont de petites (entre 0,1 et
1 mm) billes de silicates et de métal (cf. Ill. 13-15). Il y a une grande
diversité de chondres qui obéissent également à une classification
complexe, hors de propos dans le présent ouvrage. Les principaux minéraux
des chondres sont l’olivine et le pyroxène (cf. l’encadré ci-dessus). Ils
contiennent également du verre et des grains de métal. Certains chondres
sont faits exclusivement de métal.
On trouve également dans les chondrites des composants plus rares, des
inclusions blanches formées de minéraux calciques et aluminiques (cf.
Ill. 14, 17). Surnommées CAIs (de l’anglais Calcium-, Aluminium-rich
Inclusions), ces objets dont le diamètre varie entre quelques centièmes et
quelques dizaines de millimètres peuvent avoir des formes compactes ou
encore amiboïdales. Parce qu’elles se sont formées à très haute température,
les inclusions blanches prennent également le nom d’inclusions réfractaires.
Découverts en 1967 par la minéralogiste française Mireille Christophe
Michel-Lévy, les inclusions réfractaires seraient les premiers solides du
système solaire à s’être formés, comme nous le verrons dans le chapitre 11.
FIGURE 7.2. Chondrite carbonée de Leoville (1961, Kansas, États-Unis [trouvaille]). Les inclusions
réfractaires sont les rares objets blancs. Les chondres sont les objets circulaires plus abondants.
(Crédit : Sara Russell [NHM].)
Élément Abondance
Radioactivité
Un élément est dit radioactif lorsqu’il se transforme spontanément en un autre. Cette
désintégration s’effectue plus ou moins rapidement selon les éléments. On appelle « période »
le temps caractéristique de désintégration d’un élément donné (c’est le temps qu’il faut pour
que la moitié des atomes de départ se soient désintégrés). Lors de la désintégration radioactive,
des particules ionisantes sont émises, qui déposent de l’énergie (chaleur) dans le corps où elles
sont relâchées. Un bon exemple d’élément radioactif est le carbone-14 (14C), qui se
transforme en azote-14 (14N) avec une période de 5 730 ans. Certains éléments radioactifs ont
des périodes de désintégration extrêmement courtes (nanoseconde), tandis que d’autres ont des
périodes très longues (plusieurs milliards d’années). Les éléments qui ne sont pas radioactifs
sont dits stables. C’est la désintégration des éléments radioactifs à longue période (comparée à
l’âge du système solaire), comme le potassium-40 (40K, période 1,25 milliard d’années), qui
est la source de l’énergie interne de la Terre. L’aluminium-26 (26Al), radioactivité de courte
période (période 0,7 million d’années), serait quant à lui responsable de l’élévation de
température des petits corps pendant les premiers millions d’années du système solaire.
Un petit corps qui ne connaît pas d’élévation de température reste
inchangé. Il conserve les propriétés qu’il a acquises au moment de sa
formation. En revanche, un gros corps peut atteindre des températures qui
dépassent la température de fusion des minéraux (de l’ordre du millier de
degrés Celsius). Une fois le corps fondu, le fer, plus dense que les silicates,
plonge alors vers son intérieur. Ce phénomène de séparation du métal des
silicates s’appelle la différenciation. Il conduit à la formation d’un corps
stratifié composé d’un noyau riche en fer métallique, d’un manteau et d’une
croûte riches en silicates. La Terre est un bon exemple de corps différencié.
FIGURE 7.3. Structure d’un corps différencié. Le noyau est composé de fer à l’état métallique, tandis
que le manteau et la croûte sont constitués de roches (silicates). [D’après Brandstätter et al. (2013).]
FIGURE 8.1. Vue d’artiste d’une collision entre deux astéroïdes conduisant à la formation d’une
famille d’astéroïdes. (Crédit : NASA.)
Histoires de météorites
Pendant longtemps les météorites ont été considérées comme des pierres magiques. Elles
faisaient l’objet d’un culte, en particulier en Orient. En 219, Héliogabale, jeune prêtre du
Soleil de la ville d’Emèse (aujourd’hui Homs), a même apporté une météorite de la Syrie
jusqu’à Rome après son élection à la dignité d’empereur des romains. Jusqu’à la Renaissance,
on a attribué aux chutes de météorites un pouvoir oraculaire, comme dans le cas de la
météorite d’Ensisheim, dont la chute a décidé Maximilien de Habsbourg à entrer en guerre
contre les Français en 1492. Au XVIIIe siècle, il n’était pas rare que les savants, qui peinaient
à identifier l’origine extraterrestre des pierres qu’on leur apportait, raillassent les paysans qui
disaient avoir assisté à une chute de météorites. La première analyse chimique d’une météorite
a été effectuée par Antoine Lavoisier et deux autres chimistes en 1769. Utilisant des
techniques d’analyse rudimentaires, ils ont conclu qu’il s’agissait d’un grès frappé par la
foudre. Il fallut attendre 1794 pour qu’un savant allemand, Ernst Florens Friedrich Chladni,
défendît l’origine extraterrestre de ces pierres qu’on disait « de tonnerre » ou « de foudre ».
Son petit livre de soixante-trois pages publié simultanément à Leipzig et Riga rencontra un
accueil contrasté. En 1802, le jeune chimiste anglais Edward C. Howard détecta du nickel (un
élément, nous l’avons dit, très rare sur Terre) dans quatre météorites et se rallia à l’hypothèse
de Chladni. Il fallut cependant attendre la chute de milliers de pierres à L’Aigle, survenue en
Basse-Normandie le 26 avril 1803, pour que l’ensemble de la communauté scientifique se
convainquît de l’origine extraterrestre des pierres tombées du ciel. Ce changement d’attitude
fit suite à la publication d’un rapport rédigé par Jean-Baptiste Biot intitulé « Relation d’un
voyage fait dans le département de l’Orne pour constater la réalité d’un météore observé à
L’Aigle le 6 floréal an XI ». Dans ce rapport, Biot établit la réalité de la chute, démontra que
les pierres tombées du ciel n’ont rien à voir avec l’orage ou les volcans et légitima les
témoignages des observateurs en arguant que « toutes ces personnes, de professions, de
mœurs, d’opinions si différentes, n’ayant que peu ou point de relations entre elles, sont tout à
coup d’accord pour attester un même fait (la chute de pierres) qu’elles n’ont aucun intérêt à
supposer 1 ». Les météorites étaient devenues des objets scientifiques.
On ne connaît pas l’origine des aubrites ni des angrites. Bien que certains
scientifiques aient évoqué Mercure, cette association est difficile à
démontrer. Il est également possible qu’elles proviennent d’un astéroïde
différencié qui n’aurait pas encore été identifié par spectroscopie.
Régulièrement, des achondrites étranges sont présentées par leurs
découvreurs comme des roches provenant de Mercure. Cette obsession
récurrente n’est que l’écho de notre relative ignorance des propriétés de
cette planète.
Les météorites de fer proviendraient d’astéroïdes de type spectral M que
l’on retrouve dans toute la ceinture d’astéroïdes. Les météorites de fer
provenant du noyau de corps différenciés, la partie supérieure de leurs corps
sources (manteau et croûte) a été complètement détruite. Cela n’est pas
surprenant dans la mesure où les météorites de pierre sont beaucoup plus
fragiles que les météorites de fer. Il est en revanche plus étonnant que les
météorites provenant des manteaux de ces astéroïdes soient absentes de nos
collections. Cela signifie que la destruction des corps a eu lieu très tôt dans
l’histoire du système solaire et que les fragments des manteaux ont fini par
être réduits en poussière. Quant aux pallasites et aux mésosidérites, on n’a
pas identifié à ce jour leurs astéroïdes parents.
La situation est à la fois plus simple et plus compliquée pour les
chondrites. En raison de leur primitivité, on sait qu’elles viennent de petits
corps, comme les astéroïdes ou les comètes. Cette hypothèse est confirmée
par la détermination des orbites de dix-sept chondrites de tous types à l’aide
de réseaux de caméras dédiés (comme celui qui a permis de mesurer le flux
de météorites sur Terre), mais aussi par la capture fortuite de météores par
des caméras d’amateur ou de vidéosurveillance. Toutes les orbites mesurées
entre 1959 (chondrite de Příbram) et 2012 (chondrite de Sutter Mill)
indiquent une origine astéroïdale pour les chondrites (cf. figure 9.2), quel
que soit leur type.
FIGURE 9.2. Orbites des chondrites de Peekskill (1992, New York, États-Unis, chondrite ordinaire
H), Neuschwanstein (2002, Allemagne, chondrite à enstatite) et Tagish Lake (2000, Canada,
chondrite carbonée). La couronne de points figure la position de la ceinture d’astéroïdes. L’étoile
au centre indique le Soleil.
La mission Stardust
Le vaisseau spatial Stardust a décollé de Cap Canaveral le 7 février 1999 à bord d’une
fusée Delta avec pour cible la comète Wild 2. La rencontre a eu lieu presque cinq ans après, le
2 janvier 2004. La petite sonde spatiale (385 kg) a alors déployé une sorte de raquette
composée de parallélépipèdes d’aérogel, un matériau de faible densité développé par la
NASA. Les poussières relâchées par la comète à des vitesses de 6,1 km/s ont pu être capturées
par ce matériau particulier sans qu’elles soient détruites. La raquette d’aérogel chargée de son
précieux butin a ensuite pris le chemin de la Terre où elle est revenue le 15 janvier 2006.
Quelques semaines plus tard, la NASA distribuait des échantillons à des laboratoires
sévèrement sélectionnés, dont le Laboratoire de minéralogie et de cosmochimie du Muséum. À
la fin de l’année 2006, sept articles paraissaient dans la revue Science synthétisant les
propriétés des premiers échantillons extraterrestres rapportés par une mission spatiale depuis la
dernière mission Apollo en 1972.
Notre histoire commence avec celle du Soleil, sans lequel il n’y aurait
pas de planètes. Comme n’importe quelle étoile, notre Soleil est né et
mourra. Âgé de 4,6 milliards d’années environ, il a commencé son
existence 8,8 milliards d’années après la formation de notre Galaxie. Des
centaines de milliards d’étoiles sont nées avant lui dans notre Galaxie, dont
la majorité sont encore bien vivantes 1.
Notre Soleil est une étoile assez banale. Ni trop grosse ni trop petite, elle
est dans la moyenne. La masse du Soleil est quinze fois supérieure à celle
des plus petites étoiles (cf. l’encadré suivant) et cent fois inférieure à celle
des plus grosses étoiles. Le Soleil mourra dans 5 milliards d’années, après
être passé par une phase dite de géante rouge durant laquelle il gonflera et
perdra de gigantesques quantités de matière (cf. Ill. 35). Il englobera alors la
Terre, qui sera entièrement vaporisée. Après avoir perdu une partie de sa
masse, le Soleil deviendra une naine blanche, un objet compact (de
quelques milliers de kilomètres de diamètre), peu lumineux (un millième de
la luminosité du Soleil actuel), très dense (dix mille fois plus que la Terre),
composé essentiellement de carbone et d’oxygène.
Le Soleil lui-même a conservé peu de traces de sa naissance. Pour
comprendre les conditions de sa formation, on s’appuie sur certaines
propriétés des météorites et sur les observations astronomiques des régions
de formation d’étoiles. Certaines de ces régions sont tellement fécondes
qu’on a parlé à leur propos de pouponnières : les plus proches, celles
d’Orion et du Taureau (situées respectivement à 1 000 et 400 années-
lumière), sont de gigantesques nuages de gaz froid (– 250 °C) atteignant des
tailles de centaines de milliards de kilomètres et des masses des dizaines de
milliers de fois plus élevées que celle du Soleil (cf. Ill. 36, 38). On les
appelle nuages moléculaires, car leur composant majoritaire (l’hydrogène)
existe sous forme de molécule (H2).
Outre l’hydrogène, le gaz des nuages moléculaires est constitué d’hélium
et des 90 autres éléments chimiques existants dans l’Univers. Ces éléments
ont été synthétisés dans les milliards d’étoiles qui nous ont précédées dans
la Galaxie et ont été relâchés dans le milieu interstellaire lors de leur mort
(cf. l’encadré suivant). Les nuages moléculaires contiennent également
environ 1 % de poussières, pour l’essentiel formées dans l’atmosphère de
géantes rouges ou lors d’explosions de supernovae. On retrouve d’ailleurs
dans les météorites des « poussières d’étoiles » qui ont survécu à la
formation du système solaire. Ces poussières d’étoiles, appelées grains
présolaires, se trouvent dans les chondrites les plus primitives
(cf. figure 10.1). L’étude au laboratoire des grains présolaires permet de
mieux comprendre les réactions nucléaires qui ont lieu dans le cœur des
étoiles, et donc l’évolution chimique de la Galaxie.
Si on regarde d’un peu plus près ces protoétoiles émergeant de leur cocon
de gaz, on observe qu’elles sont systématiquement entourées d’un disque de
gaz circumstellaire de quelques centaines d’unités astronomiques de
diamètre (cf. Ill. 37). Depuis leur découverte, il y a environ vingt ans, les
disques circumstellaires (dont la masse représente environ 1 % de la masse
de l’étoile) sont observés à toutes les longueurs d’onde (UV, visible,
infrarouge, radio). Jusqu’à maintenant on avait accès principalement aux
régions externes, où est concentré l’essentiel du gaz. Avec le
développement d’un radiotélescope géant (appelé ALMA), situé dans le
désert d’Atacama et combinant les signaux de 66 antennes montées en
parallèle, on pourra bientôt obtenir des images des zones internes du disque
où, pense-t-on, se forment les planètes.
Les disques circumstellaires sont avant tout des disques d’accrétion :
c’est par leur intermédiaire que la protoétoile reçoit en quelques millions
d’années les 20 % de masse qui lui manquent pour finir de se construire. Il
faut les imaginer comme de gigantesques tapis roulants apportant la matière
en spirale jusqu’à l’étoile (cf. figure 10.2) : c’est parce qu’ils sont en
permanence alimentés en gaz depuis le nuage moléculaire ambiant qu’ils
peuvent nourrir la protoétoile.
La température des disques protoplanétaires varie en fonction de la
distance à l’étoile. Les régions les plus internes sont les plus chaudes, tandis
que les régions externes sont les plus froides. Au-delà d’une certaine
distance de l’étoile centrale (quelques unités astronomiques), le froid dans
le disque est tel que l’eau ne peut demeurer sous forme de vapeur et se
condense. La distance à l’étoile à partir de laquelle la vapeur d’eau se
transforme en glace est appelée « ligne de neige ». C’est une frontière
essentielle à l’intérieur des disques circumstellaires (nous y reviendrons au
chapitre suivant). Il existe également d’immenses écoulements de gaz,
appelés jets moléculaires, qui prennent naissance à la frontière entre le
disque et l’étoile, et s’étendent sur plusieurs années-lumière. Ils
résulteraient de l’interaction des champs magnétiques du disque et de
l’étoile. Jusqu’à 30 % de la matière du disque peut être emportée par ces
jets, en particulier lors du premier million d’années de son existence.
FIGURE 10.2. Schéma d’un disque d’accrétion autour d’une protoétoile. Le gaz se déplace
des régions externes vers les régions internes. Bien que les poussières soient difficiles à observer,
en raison de leur sédimentation dans le plan médian du disque, des minéraux comme l’olivine
ou le pyroxène1 (similaires à ceux observés dans les météorites) ont été détectés dans l’atmosphère
de plusieurs disques protoplanétaires. La position de la ligne de neige (cf. supra) coïncide
approximativement avec l’orbite de Jupiter. Au-delà de la ligne de neige, les poussières sont
couvertes de glaces.
FIGURE 11.1. Temps caractéristiques de formation des différents corps à l’origine des planètes.
La formation des inclusions réfractaires définit le « temps 0 » du système solaire. La frontière
à 5 millions d’années correspond à la disparition du gaz du disque protoplanétaire. Comme nous
le verrons dans le chapitre suivant, la Lune s’est formée tardivement et très rapidement.
La forme sphérique des chondres est due au fait qu’ils sont restés durant
plusieurs jours à l’état liquide (fondus) dans un champ de gravité très
faible 3. La formation des chondres résulterait du passage, dans la ceinture
d’astéroïdes, d’ondes de chocs extrêmement puissantes qui auraient conduit
à la fusion et à l’agglomération des poussières interstellaires du disque. La
source de ces ondes de chocs – qui aurait perduré des millions d’années –
demeure mystérieuse.
Il existe une grande variété de chondres, chaque groupe de chondrites
possédant sa propre population. Puisqu’on n’observe aucune différence
d’âge entre, par exemple, la population des chondres des chondrites
carbonées et celle des chondrites ordinaires, on suppose que cette variabilité
est due à des différences d’environnement physico-chimiques dans le
disque plutôt qu’à l’évolution temporelle de ce dernier. Il semble que les
chondres des chondrites ordinaires se soient formés plus près du Soleil que
les chondres des chondrites carbonées, ce qui est en accord avec
l’observation selon laquelle les astéroïdes de type C se trouvent en moyenne
plus loin du Soleil que les astéroïdes de type S.
Les composants des chondrites s’agglomèrent ensuite en planétésimaux,
dont la formation a longtemps été mal comprise. On pense désormais
qu’elle s’effectue par effondrement gravitationnel quasi instantané. De
gigantesques tourbillons joueraient le rôle de berger et rassembleraient dans
le disque les inclusions réfractaires, les chondres, la poussière interstellaire
qui n’a pas été détruite par la formation des chondres et la glace. Une fois
une concentration critique atteinte, cet assemblage s’effondrerait sous son
propre poids et formerait des corps d’environ 100 à 1 000 km de diamètre.
La formation des planétésimaux chondritiques a certainement eu lieu autour
de 4 millions d’années après le « temps 0 ». En effet, ce mécanisme ne peut
avoir lieu sans les chondres, dont la production, nous l’avons vu,
s’interrompt environ 3 millions d’années après le « temps 0 » et avant la
disparition du disque, qui aurait eu lieu autour de 5 millions d’années après
le « temps 0 ».
Au-delà de la ligne de neige, de la glace d’eau était présente en grande
quantité dans le disque protoplanétaire. On ne retrouve pas cette glace dans
les chondrites, mais elles en portent la trace. Certaines chondrites sont en
effet riches en argiles, formées par l’action de l’eau (cf. l’encadré suivant).
Ces minéraux se trouvent en particulier dans quelques groupes de
chondrites carbonées, confirmant que ces dernières se sont formées plus
loin du Soleil que les chondrites ordinaires (là où il y avait davantage de
glace). On estime que les planétésimaux dont sont issues les chondrites
carbonées CM et CI contenaient jusqu’à 50 % de glace.
Suivant l’endroit où ils se sont agglomérés, les différents groupes de
chondrites ont incorporé des proportions variables d’inclusions réfractaires,
de chondres, de poussières interstellaires et de glace. Étant donné les
différentes conditions dans lesquelles se sont formés ces composants, on
appelle parfois les chondrites des conglomérats cosmiques.
C’est en 1975 (trois ans après la dernière mission Apollo) qu’est avancée
l’idée qu’un impact géant aurait été à l’origine de la Lune (cf. figure 12.1).
L’impacteur, parfois appelé Théia, aurait eu une masse comparable à celle
de Mars (10 % de la masse de la Terre actuelle). Comme la Terre, il aurait
été différencié, c’est-à-dire composé d’un noyau métallique et d’un manteau
rocheux. La collision aurait eu lieu de façon oblique à une vitesse
« modérée », de l’ordre de quelques kilomètres par seconde. La Terre aurait
été formée environ à 90 % au moment de l’impact et c’est l’impacteur qui
aurait apporté l’essentiel de la masse manquante à notre planète.
FIGURE 12.1. Formation de la Lune à la suite d’un impact géant entre la Terre et un impacteur
de la taille approximative de la planète Mars.
Immédiatement après l’impact, un disque de débris se serait formé autour
de la Terre. Il aurait été composé principalement de matière ayant
originellement appartenu au manteau de Théia, avec une petite proportion
de matériau arraché au manteau terrestre. Le noyau métallique de Théia
aurait plongé vers le centre de la Terre et se serait mélangé au noyau
terrestre. La Lune se serait formée à partir du disque de débris en quelques
heures ou en quelques siècles, selon les modèles. Le modèle de l’impact
géant explique donc assez naturellement à la fois la taille de la Lune
(comparable à celle de l’impacteur) et l’absence de noyau métallique
(puisqu’elle est composée d’un mélange des manteaux de la Terre et de
Théia).
Le modèle de l’impact géant résout en outre le problème de la formation
tardive de la Lune (50 millions d’années après le « temps 0 » 4). Ce
« jeune » âge est paradoxal si on cherche à expliquer la formation de la
Lune par les mécanismes usuels de construction planétaire, l’essentiel des
corps de la taille de la Lune (les embryons planétaires) s’étant formés très
tôt dans l’histoire du système solaire 5. Ce jeune âge se comprend mieux si
la Lune est le résultat d’un impact au cours de la phase collisionnelle qui
s’étend approximativement entre 3 et 100 millions d’années après le
« temps 0 ».
Toutefois, ce modèle traditionnel d’impact rend difficilement compte de
l’identité de composition isotopique entre la Lune et la Terre. En effet, la
Lune est issue du disque de débris formé à la suite de la collision et
composé essentiellement du matériau provenant du manteau de l’impacteur.
Or il n’y a aucune raison que l’impacteur ait eu la même composition
isotopique que la Terre. Par conséquent, dans le modèle d’impact géant, la
Terre et la Lune devraient avoir une composition isotopique différente.
Un nouveau modèle présenté en 2012 par une équipe de l’université
Harvard propose une solution à ce problème. Les chercheurs considèrent un
impact entre une Terre déjà formée et un impacteur légèrement moins
massif que dans les précédents modèles (la moitié ou le quart de la masse
de Mars). L’impact aurait eu lieu de face et à grande vitesse (20 km/s). Dans
leur modèle, la Terre a la particularité de tourner extrêmement vite sur elle-
même (la durée du jour n’excédant pas quelques heures). Ces conditions
auraient eu pour effet de créer un disque de débris composé essentiellement
de matériau terrestre (90 % au moins). Cette version du modèle d’impact
géant dans laquelle la Lune n’est autre qu’un fragment de Terre est proche
de la vieille conception de formation par fission 6 proposée pour la première
fois en 1879 par George Darwin, le fils de Charles. Ce modèle produit une
Lune – tournant autour de la Terre plus vite qu’à l’heure actuelle – qui
aurait pu être ensuite ralentie par des forces de marée exercées
ultérieurement par la Terre.
Bien que nous ne disposions pas de roches terrestres datant de la période
qui a suivi la formation de la Lune, on suppose que la Terre était alors
entièrement ou partiellement couverte d’un magma de roches fondues à
l’intérieur duquel l’eau et les autres éléments volatils étaient dissous. Ce
magma se serait rapidement refroidi, permettant la libération de l’eau et des
autres éléments volatils, et donc l’apparition des premiers océans et de
l’atmosphère 7.
On a retrouvé en Australie des minéraux, les zircons, formés 290 millions
d’années seulement après le « temps 0 ». La formation de ces zircons
nécessitant de l’eau liquide, cela signifie que des océans couvraient la Terre
avant cette date. Certains chercheurs estiment même que le magma aurait
pu se refroidir suffisamment rapidement pour que des océans soient
présents à la surface de la Terre 130 millions d’années après le « temps 0 ».
Deux cents millions d’années environ après le « temps 0 », on a donc une
Terre dotée d’une Lune, d’une atmosphère et d’un océan 8 (même si toutes
ces caractéristiques ont depuis considérablement évolué). Ce sont les traits
essentiels de notre planète, essentiels en particulier à la vie, comme nous le
verrons dans le chapitre suivant. On peut donc considérer comme achevée
la construction de la Terre. Mais qu’en est-il des planètes telluriques
voisines ?
On comprend que les autres planètes telluriques n’aient pas de satellite
comparable à la Lune au vu de la nature hasardeuse de sa formation. Il a
fallu un impact très particulier (en termes de vitesse et d’angle d’impact)
pour qu’elle apparaisse 9. Mais les impacts géants ont laissé bien d’autres
traces sur les planètes. C’est un impact géant qui serait responsable de la
rotation rétrograde de Vénus (contrairement aux autres planètes, Vénus
tourne sur elle-même dans le sens opposé à celui de sa révolution) et de
l’inclinaison de l’axe de rotation d’Uranus (son pôle nord se situe au niveau
de l’équateur des autres planètes). C’est aussi un impact géant qui permet
d’expliquer la faible épaisseur du manteau de Mercure (et donc
l’importance relative de son noyau). D’après les derniers modèles, Mercure
serait entré en collision avec une autre planète (probablement Vénus), aurait
perdu l’essentiel de son manteau et se serait ensuite éloignée à toute vitesse
de sa cible (ce type de collision est appelé en anglais hit & run).
Pour ce qui concerne l’eau et l’atmosphère, il existe à l’évidence une
grande différence entre les planètes telluriques. Mercure ne possède ni l’une
ni l’autre. Vénus ne semble pas contenir d’eau, tandis que Mars en a une
petite quantité piégée dans le sol, ou à l’ombre de cratères dans des calottes
polaires (cf. Ill. 26). De nombreux indices laissent à penser que l’eau
martienne était cependant plus abondante et à l’état liquide par le passé ;
une partie se serait échappée avec l’atmosphère de la planète il y a environ
4 milliards d’années, d’après des mesures effectuées sur les météorites
SNC. Cette disparition est probablement liée à celle du champ magnétique
de la planète rouge. Les champs magnétiques planétaires forment en effet
un bouclier de protection contre le vent solaire. En l’absence de ce bouclier,
les particules ionisantes du vent solaire dissocient les molécules de
l’atmosphère et les transforment en atomes (plus légers), lesquels finissent
par échapper à la gravité de la planète. La disparition du champ magnétique
serait due, quant à elle, à l’arrêt de la dynamo dans le cœur martien. C’est
aussi la perte de l’atmosphère qui serait responsable du passage de l’état
liquide à l’état solide de l’eau martienne 10. Pour ce qui est de Vénus, il
semble que sa proximité avec le Soleil ait provoqué l’emballement de
l’effet de serre et l’évaporation de son eau dans l’espace. Sans météorites
vénusiennes à notre disposition, il est difficile de dater ce processus.
On a cependant peu de certitudes sur les concentrations en eau initiales
(après la fin de la période collisionnelle) des planètes telluriques autres que
la Terre. Mars, que certains identifient à un embryon planétaire plutôt qu’à
une planète, n’a peut-être pas reçu son eau selon les mêmes mécanismes
que la Terre. Sur Vénus, la quantité d’eau initiale a pu être différente de
celle de la Terre (plus élevée ou plus faible). Comme on l’a vu, l’apport
d’eau dépend d’une chaîne de processus hasardeux dont le déroulé est sans
aucun doute différent d’une planète à une autre. Il n’y a, par exemple,
aucune raison pour que Vénus ait reçu le même nombre d’embryons riches
en eau que la Terre.
Disons-le d’emblée, aucune forme de vie n’a été trouvée à ce jour dans
les météorites, nonobstant plusieurs annonces aussi spectaculaires que
fantaisistes. Si la matière carbonée présente dans les météorites est, dès le
milieu du XIXe siècle, comparée à la matière carbonée issue de la
dégradation des organismes vivants terrestres, il faut attendre la fin du
même siècle pour que des savants croient apercevoir des formes de vie
fossiles dans les météorites.
En 1880, Otto Hahn 1, avocat de profession et géologue amateur, publie
un recueil de photographies de chondres (dont l’essentiel provient de la
météorite de Knyahinya, tombée en 1866 en Ukraine) qu’il identifie comme
étant des éponges, des coraux et des crinoïdes fossiles. Un zoologiste
allemand, David Weinland, confirme les élucubrations de Hahn et pousse la
complaisance jusqu’à donner le nom de Hahna meteoritica à l’un des
coraux fossiles. En dépit de la beauté de leurs reproductions, ils ne
convainquent pas grand monde et leurs travaux tombent rapidement dans
l’oubli.
FIGURE 13.1. « Eléments organisés » découverts dans la météorite d’Orgueil en 1962 et associés –
à tort – à de la matière vivante. La barre d’échelle correspond à 10 millièmes de millimètre. (D’après
la revue Nature.)
Panspermie
La panspermie est une théorie scientifique proposant que des germes de vie ou la vie elle-
même aient pu être apportés sur Terre en provenance d’autres mondes. Si le mot
« panspermie » est utilisé par Aristote dans ses commentaires des ouvrages d’Anaxagore de
Clazomènes et de Démocrite, ce sont Hermann von Helmoltz et William Thomson, au
XIXe siècle, qui les premiers formulent la possibilité d’un ensemencement de la Terre par des
germes de vie venus d’ailleurs. Le terme de panspermie lui-même est popularisé par le savant
suédois Svante Arrhenius au début du XXe siècle. Pour les partisans de la panspermie, les
germes de vie peuvent avoir été présents dans des météorites tombées sur Terre
(lithopanspermie) ou être arrivés directement de l’espace, où ils flottaient librement. Dans ce
dernier cas, il est difficile de concevoir des organismes survivant à de longs voyages
interplanétaires en raison des multiples champs de radiation présents dans l’espace. Dans le
cas de la lithopanspermie, les organismes vivants auraient pu être protégés par l’enveloppe de
pierre. Différentes expériences semblent montrer qu’il serait en outre possible à des bactéries
de survivre aux températures élevées qu’elles rencontreraient lors de leur entrée
atmosphérique.
Acides aminés 60
Cétone 17
Hydrocarbures 40
Alcools 11
Amines 8
Bases azotées 1
TABLEAU 13.1. Abondance de quelques composés organiques dans la chondrite carbonée
de Murchison (Australie, 1969). Les ppm sont des parties par million : 10 000 ppm correspondent
à 1 %. (D’après Martins1 [2011].)
FIGURE 14.1. Zone habitable circumstellaire. Outre la zone habitable du système solaire (dans
laquelle se trouve la Terre), on a indiqué en gris la zone habitable de Gliese 667, étoile autour
de laquelle un exosystème planétaire (figuré sur le diagramme) a récemment été découvert.
L’Antarctique est le plus vaste (14 millions de km2) et un des plus arides
déserts de la Terre (30 mm de précipitations par an dans les régions
centrales). Véritable continent (parfois appelé « sixième continent »),
puisque la calotte polaire repose sur un socle rocheux, son statut juridique
particulier est régi par un traité international signé en 1961, qui gèle toute
revendication territoriale et réserve l’Antarctique à des activités
scientifiques, dont la chasse aux météorites.
FIGURE A.2. Météorite trouvée en Antarctique. On aperçoit au loin les montagnes transantarctiques.
(Crédit : Luigi Folco [Università di Pisa]/PNRA.)
Ce sont donc les déserts chauds, plus nombreux et plus accessibles, qui
se prêtent le mieux à la chasse aux météorites. Les collectes systématiques
n’ont véritablement débuté que dans les années 1960 dans le désert de
Nullarbor (Australie) et dans celui de Roosevelt County, au Nouveau-
Mexique (États-Unis). L’exploration du Sahara commence dans les années
1980. Mais la ruée vers l’or céleste a lieu en 1996, après l’annonce de la
découverte d’une forme prétendument fossile dans une météorite martienne,
ALH84001. L’écho médiatique est énorme et le public se passionne tout à
coup pour les météorites. Leur prix grimpe en flèche, suscitant bien des
vocations d’amateurs.
Nommer une météorite dans un désert
En raison du grand nombre de météorites collectées dans les régions désertiques (cela peut
aller jusqu’à plusieurs dizaines d’objets par kilomètre carré dans certaines zones du Chili), on
a dû adapter la règle en vigueur concernant le nom des météorites. Pour chaque zone
d’accumulation (appelée DCA pour Dense Collection Area), on donne aux météorites un nom
de toponyme suivi d’un numéro. Par exemple, au Chili, on parlera de San Juan 014, la
14e météorite trouvée dans la zone d’accumulation de San Juan. En Antarctique, en raison du
très grand nombre de météorites trouvées, on précise l’année de la trouvaille. ALH84001 est la
première météorite trouvée en 1984 sur le site de Alan Hills.
FIGURE A.4. Météorite découverte dans le désert d’Atacama lors de l’expédition de 2012 organisée
par le CEREGE (CRNS-Université d’Aix-Marseille). [Crédit : Jérôme Gattacceca (CNRS).]
Depuis peu, de nouveaux déserts sont prospectés, en particulier dans la
péninsule arabique. De nombreuses météorites ont été trouvées dans la zone
du Dhofar, dans le sud du sultanat d’Oman. Ce désert particulièrement aride
est tout à fait approprié à la recherche de météorites. Il s’est révélé très
favorable à la découverte de météorites lunaires et martiennes. Leur croûte
de fusion étant légèrement différente de celle des chondrites, leur
identification est « aisée » dans ce désert pauvre en roches. Les lois sont
cependant plus sévères en Oman que dans les pays du Maghreb et,
récemment, un marchand américain y a été arrêté et emprisonné au motif
d’opérations minières illégales.
Dans le désert d’Atacama (dans le nord du Chili), où près de 350
météorites ont été collectées ces dernières années par une équipe franco-
chilienne, la situation est différente. Le désert étant riche en pierres, les
météorites se repèrent grâce à la couleur rouille de leur surface extérieure.
Dans ce désert, il est donc presque impossible de trouver des météorites
lunaires ou martiennes, qui sont pauvres en métal. Les météorites de fer,
particulièrement reconnaissables, ayant été ramassées par des prospecteurs 6
dès le XIXe siècle, on y trouve essentiellement des chondrites.
La technique de collecte adoptée dans le désert d’Atacama est simple.
Elle consiste à marcher lentement en regardant attentivement le sol. Cette
attention est dite « vague » puisqu’on ne saurait examiner chaque caillou.
On essaie de travailler dans les meilleures conditions d’éclairement
possibles, c’est-à-dire lors du printemps austral, lorsque le Soleil n’est pas
trop haut dans le ciel (et qu’il ne fait ni trop chaud ni trop froid).
Bien qu’il y ait en moyenne entre 1 et 10 millions de cailloux terrestres
pour une météorite, la vision d’une pierre extraterrestre ne laisse guère de
doutes (cf. figure A.2) et l’on peut trouver plusieurs météorites par jour et
par personne. Les surfaces sont d’autant plus riches en météorites qu’elles
ont été peu modifiées par des mouvements de terrain ou des écoulements
d’eau (bien que l’Atacama soit un désert très sec, des pluies occasionnelles
y forment des barrancas, des sortes de ravins). L’action du vent a un effet
positif sur l’accumulation des météorites puisqu’il emporte le sable et
permet aux roches (dont les météorites) d’être exposées en surface
(phénomène de déflation).
Temps de résidence terrestre
Il est possible de connaître l’âge terrestre – c’est-à-dire la durée pendant laquelle elles ont
résidé sur terre – des météorites (des « trouvailles ») en dosant des éléments radioactifs qui
sont produits par le rayonnement cosmique galactique dans les météorites pendant leur voyage
dans l’espace. Une fois la météorite sur Terre, ces éléments radioactifs se désintègrent à un
rythme connu. Leur abondance dans la roche à un moment donné est donc directement liée au
temps que la météorite a passé sur Terre. En Atacama, le temps de résidence moyen des
météorites est de quelques dizaines de milliers d’années. Il est plus court dans les déserts plus
humides comme le Sahara.
Les recherches de météorites ont mené l’homme plus loin encore que
l’Atacama ou l’Antarctique. On ne saurait rêver désert plus exotique que la
surface de la planète Mars. Alors que Mars a possédé une atmosphère
épaisse et connu des épisodes de circulation d’eau qui ont laissé des traces
morphologiques et minéralogiques, il semble que la planète rouge soit
dominée par un climat désertique depuis environ 3,8 milliards d’années
(correspondant à la fin de l’ère géologique martienne du noachien). En
janvier 2005, le robot d’exploration martienne Opportunity a identifié grâce
à son spectromètre X une météorite de fer de la taille d’un ballon de rugby.
Cette météorite a été officiellement approuvée par la Meteoritical Society
(Meteoritical Bulletin, nº 90) en dépit de l’absence de spécimen type dans
une collection terrestre. On lui a donné le nom de Meridiani Planum,
endroit de la surface martienne où elle a été découverte (00°10’ Nord
02°30’ Ouest). Depuis, cinq autres météorites (Block Island, Shelter Island,
Mackninac Island, Oiléan Ruaidh et Ireland) ont été découvertes par
Opportunity au cours de sa traversée de 25 km de Meridiani Planum. Elles
ont entre 30 et 60 cm de diamètre et reposent sur des sédiments riches en
sulfates. Il s’agit exclusivement de météorites de fer.
Remerciements
Ce travail n’aurait pas été possible si je n’avais été soutenu par un grand
nombre de collègues et d’amis. Thomas Bourgeois et Dominique Lecourt
m’ont encouragé à écrire cet ouvrage. Franck Selsis, Pierre Venazza,
Alessandro Morbidelli, Thierry Montmerle, Philippe Claeys, Pascal Tassy,
Patrick Michel, François Robert, Madeleine Selo, Sébastien Charnoz,
Jérôme Gattacceca et Alexandra Roussopoulos m’ont fait l’amitié de relire
tout ou partie du manuscrit. Leurs corrections et suggestions ont été très
précieuses. Ce livre a également bénéficié de photographies uniques
amicalement fournies par Christine Fiéni, Luigi Folco, Pavel Spurný, Anton
Kearsley, Sara Russell, Larry Nittler, Lise Deharveng, Peter Jenniskens,
Marat Akhmetvaleev et Laurence Garvie. Je remercie tout particulièrement
Louis-Dominique Bayle pour m’avoir permis d’utiliser les magnifiques
clichés qu’il a pris de la collection de météorites du Muséum. J’ai
également sollicité de nombreux collègues à propos d’une question
scientifique précise ou pour obtenir une figure que je n’ai en définitive pas
utilisée. Que chacun trouve ici l’expression de ma profonde gratitude.
Michel Serrano m’a grandement aidé dans la préparation des figures. Merci
à lui et à l’ensemble du personnel du laboratoire de minéralogie et de
cosmochimie du Muséum pour leur soutien sans faille. Je suis reconnaissant
à Sylvie Fenczak et Cédric Weis, des éditions Flammarion, de la confiance
qu’ils m’ont accordée. J’ai bénéficié au printemps 2013 de l’hospitalité du
domaine des Treilles. La Fondation des Treilles, créée par Anne Gruner
Schlumberger, a notamment pour vocation d’ouvrir et de nourrir le dialogue
entre les sciences et les arts afin de faire progresser la création et la
recherche contemporaines. Elle accueille également des chercheurs et des
écrivains dans le domaine des Treilles (Var) (www.lestreilles.com).
Bibliographie sélective
Monographies en français
CARION A. (1997), Les Météorites et leurs impacts, Masson, 222 p.
GOUNELLE M. (2009), Les Météorites, PUF, coll. « Que sais-je ? », 128 p.
LUMINET J.-P. (2012), Astéroïdes. La Terre en danger, Le Cherche-Midi,
262 p.
MAURETTE M. (1994), Chasseur d’étoiles, Hachette, 171 p.
PELÉ P.-M. (2005), Les Météorites de France. Guide pratique, Hermann,
336 p.
ZANDA B. & ROTARU M. (1996), Les Météorites, Bordas et Muséum
national d’histoire naturelle, 128 p.
Monographies en anglais
BRANDSTÄTTER F ., FERRIÈRE L. & KÖBERL C. (2013), Meteorites. Witnesses
of the Origin of the Solar System, Lammerhuber, 272 p. (bilingue allemand-
anglais).
BURKE J. G. (1991), Cosmic Debris : Meteorites in History, University of
California Press, 455 p.
CLANCY P., BRACK A. & HORNECK G. (2009), Looking for Life, Searching
the Solar System, Cambridge University Press, 484 p.
FRENCH B. M. (1998), Traces of Catastrophe, Lunar and Planetary Institute,
120 p.
GRADY M. M. (2000), Catalogue of Meteorites, Cambridge University
Press, 696 p.
HEIDE F. & WLOTZKA F. (1995), Meteorites. Messengers From Space,
Springer, 231 p.
MAURETTE M. (2006), Micrometeorites and the Mysteries of Our Origins,
Springer, 330 p.
MCSWEEN H. Y. (1999), Meteorites and Their Parent Planets, Cambridge
University Press, 310 p.
NORTON O. R. (2002), Rocks from Space. Meteorites and Meteorite
Hunters, Mountain Press Publishing Company, 467 p.
ROTHERY D., MCBRIDE N. & GILMOUR I. (2011), An Introduction to the
Solar System, Cambridge University Press, 418 p.
SMITH C., RUSSELL S. S. & BENEDIX G. (2009), Meteorites, The Natural
History Museum, 112 p.
TAYLOR S. R. (2012), Destiny or Chance Revisited. Planets and their Place
in the Cosmos, Cambridge University Press, 313 p.
WASSON J. T. (1985), Meteorites. Their Record of Early Solar System
History, W. H. Freeman, 267 p.
Liens Internet
Meteoritical society : http://meteoriticalsociety.org
The Meteoritical Bulletin database : http://tin.er.usgs.gov/
meteor/metbull.php
Orbites des astéroïdes et des comètes : http://neo.jpl.nasa.gov/ orbits
Matériaux extraterrestres à la NASA : http://curator.jsc.nasa.gov
Laboratoire de minéralogie et de cosmochimie du Muséum :
http://www.mnhn.fr/lmcm
NASA Exoplanet archive : http://exoplanetarchive.ipac.caltech. edu
Recensement des cratères d’impact : www.passc.net/EarthImpactDatabase
Articles scientifiques
Les principaux journaux publiant les actes de recherche concernant les
météorites sont Meteoritics & Planetary Sciences, Geochimica &
Cosmochimica Acta, Earth & Planetary Science Letters, The Astrophysical
Journal, Icarus, Planetary & Space Sciences, Nature, Science, Proceedings
of the National Academy of Sciences.
Une liste d’articles scientifiques utilisés dans ce livre pourra être trouvée à
l’adresse suivante : www2.mnhn.fr/hdt205/leme/ gounelle.php
Crédits des illustrations (cahier central)
Vitesse et énergie
La météorite de Tcheliabinsk
Les cratères sur Terre
Impacts de fer, impacts de pierre
Flux de (micro)météorites
Astéroïdes géocroiseurs
Échelle de Turin
La mission Deep Impact
Distances astronomiques
Composition et structure des corps célestes
Les comètes
Roches et minéraux
Radioactivité
Temps d’exposition des météorites
Histoires de météorites
Le prix des météorites
La mission Stardust
Évolution des étoiles
Altération des chondrites
Les rapports isotopiques, ADN des corps célestes
Matière carbonée des météorites
Panspermie
Le grand bombardement tardif
Giordano Bruno et l’infinité des mondes
Déclarer une météorite
Nommer une météorite dans un désert
Temps de résidence terrestre
CAHIER PHOTOS
TABLE
Du même auteur
Introduction
I - La menace extraterrestre
1 - Tombées du ciel
2 - Le danger des impacts extraterrestres
3 - Un risque mesuré
4 - Surveiller le ciel
5 - Protection planétaire
II - La fabrique des météorites
6 - Le système solaire et ses habitants
7 - Les différents types de météorites
8 - Collisions et transport
9 - Les corps sources des météorites
III - Histoire de nos origines
10 - Comment naissent les étoiles
11 - L’origine des planètes
12 - Histoires d’eau et de Lune
13 - L’émergence de la vie
14 - D’autres Terres ?
Conclusion
Annexes
Remerciements
Bibliographie sélective
Crédits des illustrations (cahier central)
Table des figures
Table des encadrés
Notes
1. Il y a deux types principaux de météorites : les fers et les pierres. Les
premières sont faites de fer presque pur ; les secondes contiennent en
général une quantité importante de fer métallique.
2. On a aussi évoqué une origine extraterrestre pour la pierre noire de La
Mecque.
3. C’est ainsi qu’on nomme les météorites dont la chute n’a pas été
constatée, pour les distinguer des chutes proprement dites (les météorites
qu’on a vu tomber).
4. Voir par exemple le numéro de mars/avril 2008 de la revue Esprit.
5. Il s’agit ici de l’origine du système solaire, né il y a 4,6 milliards
d’années, et non de l’origine de l’Univers, qui aurait commencé dans un big
bang il y a 13,8 milliards d’années.
6. Il est bien sûr impossible dans un tel livre de rendre compte de tous les
travaux et débats scientifiques actuels. Le choix que j’ai fait de présenter tel
ou tel aspect est fondé sur une appréciation personnelle de l’état de la
discipline. En dépit de l’effort d’objectivité qui anime les scientifiques, il ne
saurait en être autrement.
Notes
1. En toute rigueur, une pierre extraterrestre ne prend le nom de météorite
qu’une fois parvenue au sol. Tant que la pierre est dans l’espace ou qu’elle
traverse l’atmosphère, on parle de météoride. Le mot de météore s’applique
uniquement au phénomène lumineux. Je commettrai parfois un abus de
langage et utiliserai le mot météorite pour météoride, comme le veut l’usage
commun et scientifique. Dans certains cas, l’ambiguïté entre les deux
termes est due à la rapidité de la traversée de l’atmosphère : les météorides
deviennent très vite des météorites.
2. A. Daubrée [1864], Note sur les météorites tombées le 14 mai aux
environs d’Orgueil (Tarn-et-Garonne), Comptes rendus acad. sci., Paris, 58,
p. 984-990.
3. Cette codification renvoie aux illustrations du cahier couleur.
4. On donne à une météorite (et à son météore associé) le nom du lieu de sa
chute ou de sa trouvaille.
5. On peut entendre les sons (et voir le météore) produits par la météorite de
Peekskill (New York, États-Unis, 1992) en tapant « Peekskill meteorite »
dans un moteur de recherche.
6. Dans le cas de la météorite de Revelstoke tombée en 1965 en Colombie-
Britannique (Canada), un seul fragment de 1 g a été retrouvé, alors même
que la masse initiale du météoride a été estimée à 100 tonnes.
Notes
1. Le diamètre au-delà duquel l’atmosphère ne joue plus son rôle protecteur
dépend de la nature du corps. Il serait d’environ 100 mètres pour les pierres
et d’une dizaine de mètres pour les fers.
2. Le gigapascal (GPa) vaut un million de pascals. Rappelons que la
pression atmosphérique est de 105 Pa environ, c’est-à-dire un dix millième
de GPa et qu’une roche enfouie à 30 km de profondeur subit une pression
de 1 GPa.
3. Les tectites sont des petits objets vitreux de taille centimétrique. Elles se
forment par solidification de billes de roche fondue produites par l’impact
et projetées dans l’atmosphère à des vitesses élevées. Elles ont une forme en
bouton de culotte ou en larme.
4. Bien que l’âge du cratère ne soit pas précisément connu, les auteurs ont
pu en donner une borne inférieure grâce à un raisonnement particulièrement
astucieux. Ils ont observé que les fragments de météorites recouvraient un
sentier préhistorique. Les hommes ayant cessé d’occuper cette région il y a
cinq mille ans, cela signifie que le cratère est postérieur à cette date.
5. Bien que les Indiens d’Amérique aient utilisé très tôt les fragments de la
météorite de Canyon Diablo pour fabriquer des artefacts, elle n’a été
redécouverte par les colons blancs qu’en 1891.
6. Les premiers hommes seraient arrivés il y a environ 15 000 ans sur le
continent américain depuis l’Asie, après avoir traversé le détroit de Béring,
pris par les glaces. Il est peu probable que les hommes qui peuplaient déjà à
l’époque les continents européen et africain aient souffert de cet impact,
bien qu’ils aient probablement aperçu le météore associé.
7. Le diamètre exact d’un cratère fortement érodé comme celui de
Chicxulub est difficile à déterminer.
8. Les oiseaux sont considérés par les paléontologues comme des
dinosaures. Les oiseaux ont survécu à l’extinction crétacé-tertiaire.
Notes
1. À partir de 10 m de diamètre, on parle plus volontiers d’astéroïdes que de
météorides, et ce par convention, les météorides n’étant après tout que des
fragments d’astéroïdes.
2. L’énergie libérée dépend linéairement de la masse du bolide et
quadratiquement de sa vitesse (cf. l’encadré, chapitre 1, p. 16).
3. L’explosion cambrienne est dans l’histoire géologique un moment de
grande diversification des espèces, en particulier des espèces animales,
végétales et bactériennes. Elle a été mise en évidence à partir de l’étude des
schistes de Burgess, au Canada.
Notes
1. J’ai pris précédemment comme seuil pour une catastrophe régionale un
diamètre de 100 m. Ce n’est pas du tout contradictoire dans la mesure où les
seuils sont assez arbitraires. On est de fait incapable de différencier les
effets causés par l’impact d’un corps de 100 m et ceux causés par un corps
de 140 m (qui correspond à 500 pieds, un chiffre rond pour les Américains).
2. UTC désigne le temps universel coordonné. Cette appellation a remplacé
l’ancien temps moyen de Greenwich (GMT pour Greenwich Mean Time).
3. La procédure d’attribution des noms des astéroïdes est complexe. Si,
pour les premiers astéroïdes, toute liberté était donnée aux découvreurs, il
existe désormais des règles plus contraignantes. Ils reçoivent lors de leur
détection un nom provisoire, par exemple 2007 VK184, qui fonctionne
comme une plaque d’immatriculation. Une fois leur orbite établie, ils
prennent un nom définitif composé d’un numéro d’ordre placé entre
parenthèses et, parfois, d’un nom propre, qui peut être une personnalité
scientifique, un héros littéraire (Beowulf, Odysseus…) et/ou
cinématographique (James Bond).
4. L’albédo d’un corps est la mesure de sa capacité de réflexion de la
lumière. Un corps complètement réfléchissant (blanc) a un albédo de 1. Un
corps absorbant toute la lumière (noir) a un albédo de 0.
5. http://neo.jpl.nasa.gov/stats.
6. Un comité ad hoc constitué d’une quarantaine de spécialistes américains
a remis en 2010 à l’Académie des sciences américaine un rapport intitulé
« Defending Plant Earth : Near-Earth Object Surveys and Hazard
Mitigation Strategies ».
7. Contrairement à ce qui a été dit, le passage de cet astéroïde est sans lien
avec la chute de la météorite de Tcheliabinsk, le même jour.
8. Apophis s’est approché le 9 janvier 2013 à 15 millions de kilomètres de
la Terre. Son diamètre, initialement estimé à 270 60 m, a été remesuré par le
télescope spatial Herschel. Il serait de 325 15 m, ce qui place Apophis dans
la gamme des corps susceptibles de causer une catastrophe régionale.
Notes
1. On distinguera dans le chapitre 6 les comètes de Oort des comètes de
Jupiter.
2. Ce choix de la « distance de sécurité » nominale est arbitraire.
3. Un élément volatil est un élément qui a une affinité plus grande pour
l’état gazeux que pour l’état solide.
4. Dans le film Armageddon (Michael Bay, 1998), Harry Stamper (incarné
par Bruce Willis), spécialiste des forages pétroliers en conditions extrêmes,
est chargé par la NASA d’aller placer une charge nucléaire dans un
astéroïde menaçant de s’écraser sur la Terre dans dix-huit jours.
5. La force de Yarkovsky est due à la réémission, sous forme de chaleur, de
la lumière visible solaire absorbée par la surface de l’astéroïde. Cette
réémission s’effectue de façon asymétrique en raison du mouvement de
rotation du corps sur lui-même induisant une force que l’on pourrait
comparer à celle qui fait décoller une fusée expulsant son gaz propulseur.
6. Le programme américain Sentry (sentinelle en anglais), porté par le Jet
Propulsion Laboratory (Pasadena), effectue la même tâche. Les deux
programmes n’utilisant pas tout à fait les mêmes méthodes de calcul des
trajectoires, ils sont complémentaires.
7. On donne généralement aux comètes le nom de leur découvreur. Dans le
cas de découvertes multiples par un même individu, on ajoute un numéro au
nom propre.
Notes
1. On met une majuscule à notre galaxie pour la distinguer des autres.
2. C’est en 1618 que Johannes Kepler formule la relation quantitative
reliant la distance au Soleil d’un corps et sa période de révolution on
l’appelle la troisième loi de Kepler (les deux premières concernent la nature
elliptique des orbites des corps en révolution autour du Soleil).:
3. Un corps céleste est d’autant plus facile à détecter (et à observer) qu’il est
proche de la Terre et massif.
4. L’immense majorité de ces éléments ont été formés par des générations
d’étoiles antérieures à la nôtre. Je reviendrai sur cette question dans le
chapitre 10.
5. Les astéroïdes se trouvant relativement proches du Soleil, leur glace de
surface est volatilisée par la chaleur qu’il émet. La glace mise en évidence
sur une poignée d’astéroïdes a probablement été récemment exposée à la
surface par un impact.
6. La queue de la comète est double. Une partie est composée de gaz ionisé,
tandis qu’une autre est composée de poussières.
7. L’activité d’une comète est la quantité de gaz et de poussière libérée en
fonction du temps.
Notes
1. Il est préférable de se fonder sur les météorites qu’on a vues tomber (les
« chutes ») plutôt que sur les météorites qu’on ramasse dans les déserts (les
« trouvailles »). En effet, suivant leur nature, les météorites résistent plus ou
moins bien à l’action de l’atmosphère, conduisant à une sur- ou à une sous-
représentation de certains groupes parmi les « trouvailles ».
2. Ce nom provient du grec ancien χόνδρος qui signifie petit grain (de sel,
de céréale, d’encens…).
3. K. Lodders [2003], « Solar System abundances and condensation
temperatures of the elements », The Astrophysical Journal, 591, p. 1220-
1247.
4. Les acronymes H, L, LL se rapportent à la teneur en fer des chondrites
ordinaires. Celle-ci peut être importante (high), faible (low) et très faible
(low low).
5. Il est difficile de dissimuler que les météorites lunaires proviennent de…
la Lune. Nous nous intéresserons à elles plus en détail au chapitre 9.
6. C’est d’ailleurs pour fabriquer du fer métallique, plus solide que le fer
oxydé, que l’homme a inventé la métallurgie, qui consiste à séparer le fer de
l’oxygène avec lequel il est combiné. Avant l’invention de la métallurgie, la
source unique de fer forgeable était… les météorites. On a retrouvé dans de
nombreux sites archéologiques des outils et des armes de fer fabriqués avec
du métal météoritique.
7. Certaines météorites, comme les lodranites, les brachinites ou encore les
acapulcoites, ne sont ni véritablement primitives ni véritablement
différenciées… On les regroupe sous le terme d’achondrites primitives.
8. Selon le contexte, l’usage du mot planète est donc différent (dans le
chapitre précédent, nous évoquions les planètes d’un point de vue
astronomique, non géologique).
Notes
1. Fort logiquement, plus une surface planétaire est ancienne, plus elle a été
longtemps exposée au flux de météorides. La rareté des cratères sur la
surface de la Terre, comparée par exemple à celle de la Lune, est une
indication de la jeunesse de la surface de notre planète qui continue à
évoluer en raison de son activité géologique. Le dénombrement des cratères
sur une surface planétaire permet de déterminer approximativement son
âge. C’est ainsi qu’on date les différentes régions de Mars, par exemple.,
2. Bien qu’il existe certainement sur la Lune ou sur Mars des météorites
terrestres, celles-ci sont probablement très rares.
3. Dans certains cas, il peut « spiraler » en direction des régions externes du
système solaire.
4. Il faudrait donc à un météoride situé à 2 UA 500 millions d’années pour
parvenir au niveau de l’orbite terrestre, à 1 UA.
5. Un exemple de résonance est la résonance dite orbitale, qui a lieu
lorsqu’un corps tourne autour du Soleil avec une période qui est une
fraction entière de celle de la planète. Par exemple, un météoride qui ferait
deux fois le tour du Soleil pendant que Jupiter en ferait trois est dit dans une
résonance 3:2 avec Jupiter. C’est cette résonance qui fournit l’essentiel des
météorites arrivant sur Terre depuis la ceinture d’astéroïdes.
6. Les météorites de fer dont les temps d’exposition sont supérieurs à
1 milliard d’années proviennent d’astéroïdes éloignés des résonances.
L’absence de météorites de pierres avec des temps d’exposition aussi longs
est due à leur moins grande résistance mécanique.
7. On pense, par exemple, que la famille de Flora est la source unique des
chondrites ordinaires de type LL.
Notes
1. A. von Humboldt [1845], Cosmos, trad. fr., H. Faye, Paris, Gide et Cie,
1846.
2. J.-B. Biot [1803], « Relation d’un voyage fait dans le département de
l’Orne pour constater la réalité d’un météore observé à L’Aigle le 6 floréal
an XI », Paris, Baudouin, 47 p.
3. Si l’apport soviétique peut paraître dérisoire, il est essentiel pour infirmer
la théorie du complot déniant l’exploration de la Lune par les Américains.
En effet, les Soviétiques comme les Américains ont distribué leurs
échantillons à la communauté scientifique internationale. L’identité des
roches rapportées par les deux pays rivaux et leur différence avec les roches
terrestres attestent de la réalité des voyages Terre-Lune (on imagine mal que
Nikita Khrouchtchev et Richard Nixon aient de concert décidé de fabriquer
de fausses roches lunaires) et de la présence d’astronautes américains sur la
Lune (une sonde automatique n’aurait pas pu collecter 380 kg de roches).
4. Voici l’une des descriptions précises du passage du météore transmise à
Auguste Daubrée par M. Piaulet, régent de mathématiques à Montauban :
« Le bolide a été vu d’abord dans la direction du sud-ouest ; après avoir
traversé la constellation du Lion, il a passé à gauche (à l’est) de Saturne et
de l’Épi de la Vierge, et a éclaté un peu au-dessous de Jupiter », in
A. Daubrée [1864], « Nouveaux renseignements sur le bolide du 14 mai
1864 », Comptes rendus acad. sci., Paris, 58, p. 1065-1072.
5. Il y aurait une exception notable qui demande cependant à être
confirmée. Un scientifique russe a proposé que la mystérieuse chondrite de
Kaidun (Yémen, 1980), qui contient des inclusions de météorite martienne,
provienne du satellite de Mars, Phobos (cf. Ill. 25).
6. Les missions Apollo, dont la dernière a eu lieu en 1972, ont permis un
développement sans précédent des sciences planétaires et des études de
météorites. C’est aussi le rôle des missions de retour d’échantillons que de
stimuler la recherche au moyen d’investissements qui, sans elles, n’auraient
pas été réalisés.
Notes
1. Parce que cette idée est plaisante et apparemment paradoxale, on pense
souvent qu’une proportion importante des étoiles que nous observons
(plusieurs milliers à l’œil nu) sont mortes. Cette idée est fausse. L’immense
majorité des étoiles sont bien vivantes, même si leur lumière met beaucoup
de temps à nous parvenir en raison de leur éloignement.
2. On ne voit évidemment pas les poussières individuelles, qui sont bien
trop petites. C’est à partir des propriétés globales des disques (température,
densité…) que l’on peut, grâce à des modèles, déduire la taille moyenne des
poussières.
3. On retrouve ces silicates un peu partout, car ce sont les minéraux les plus
simples qui puissent se former à partir du silicium, du fer, du magnésium et
de l’oxygène, quatre des éléments les plus importants dans l’Univers
(cf. tableau 7.1).
Notes
1. L’existence d’un disque protoplanétaire avait été déduite, au XVIIIe siècle,
de la coplanarité des orbites des planètes par trois grands pionniers de la
planétologie : Emanuel Swedenborg, Emmanuel Kant et Pierre-Simon
Laplace.
2. On mesure l’âge des météorites et de leurs composants en utilisant des
éléments radioactifs, un peu comme on le fait en archéologie avec le
carbone-14.
3. Rappelez-vous le whiskey du capitaine Haddock dans On a marché sur
la Lune. C’est parce que le capitaine se trouve dans l’espace que son
whiskey prend la forme d’équilibre d’un liquide en gravité zéro : la sphère.
4. Ils se seraient formés à partir de corps primitifs qui n’auraient pas été
préservés.
5. Peut-être l’atmosphère d’azote de Titan, le satellite de Saturne, est-elle un
exemple d’une atmosphère primitive qui aurait perduré.
6. Les satellites de Jupiter (ainsi que Titan, satellite de Saturne) se seraient
formés en même temps que leur planète hôte, dans un « sous-disque » de
gaz. Pour ce qui est des satellites des autres planètes géantes, ils se seraient
formés ultérieurement, à partir d’anneaux issus du bris de comètes
capturées.
Notes
1. La vitesse seuil (entre collision destructive et collision érosive) dépend
de la masse des objets se percutant, ainsi que de leur nature, de leur période
de rotation, de l’angle d’impact… Pour deux embryons de la taille de Mars,
on estime que la collision est constructive si leur vitesse relative est
inférieure à quelques kilomètres par seconde.
2. Un débat concernant la nature astéroïdale ou cométaire des corps ayant
apporté l’eau sur Terre a longtemps agité la communauté scientifique. Cette
question perd de sa pertinence depuis qu’on a démontré qu’il existait un
continuum entre comètes et astéroïdes (cf. chapitre 9).
3. Bien qu’occupant plus de 80 % de sa surface, les océans représentent une
faible fraction en masse ou en volume de notre planète. La proportion d’eau
dans les océans s’élèverait à 0,01 % de la masse de notre planète. Une
quantité similaire se trouverait sequestrée dans les minéraux du manteau,
pour une masse totale de 1021 kg.
4. L’âge de formation de la Lune n’est pas connu avec précision, mais
l’analyse au laboratoire des roches Apollo et des météorites lunaires permet
d’en donner une limite inférieure.
5. Mars, qui est dix fois plus massive que la Lune, se serait par exemple
formée moins de 10 millions d’années après le « temps 0 », selon des
mesures récentes faites sur les météorites SNC.
6. Ce modèle avait été écarté, car il impliquait un positionnement de l’orbite
lunaire dans le plan équatorial de la Terre, contrairement à ce qui est
observé.
7. C’est en raison de cette apparition tardive, après que des proto-
atmosphères eurent été soufflées par des impacts géants, dont celui qui
aurait donné naissance à la Lune, qu’on parle pour l’atmosphère terrestre
d’atmosphère secondaire. Probablement dominée par le CO2, sa
composition était très différente de la composition de l’atmosphère actuelle
résultant de la libération d’O2 par des organismes vivants et de la
séquestration du CO2 dans les sédiments.
8. Dans l’état actuel de nos connaissances, on suppose que la Terre était
alors couverte d’un océan unique, duquel émergeaient de rares continents.
9. Des travaux récents montrent qu’une planète tellurique sur deux cents
subit un impact pouvant conduire à la formation d’un satellite tel que notre
Lune.
10. Pour que l’eau subsiste à l’état liquide à la surface d’une planète, il faut
que la pression atmosphérique soit suffisamment élevée.
Notes
1. À ne pas confondre avec le célèbre chimiste allemand Otto Hahn, lauréat
du prix Nobel en 1944.
2. F. Wöhler, [1860], « Neuere Untersuchungen über die Bestandtheile des
Meteorsteines vom Capland », Sitzungsberichte Akademie der
Wissenschaften in Wien, 41, p. 565-567.
3. La revue Planète, publiée entre 1961 et 1971, dont le motto était « Rien
de ce qui est étrange ne nous est étranger ! », était une revue à succès
promouvant le réalisme fantastique.
4. Comme nous le verrons en détail un peu plus loin, on considère que l’eau
liquide est indispensable à l’émergence de la vie.
5. Une annonce récente ne doit pas semer le trouble dans l’esprit du lecteur.
Des chercheurs ont prétendu en janvier 2013 avoir découvert des diatomées
fossiles dans une météorite tombée au Sri Lanka. Publiés dans la revue
électronique Journal of Cosmology, qui ne soumet pas ses publications à la
critique scientifique, ces résultats sont probablement fantaisistes.
6. Les archées forment avec les bactéries et les eucaryotes les trois grandes
divisions du vivant.
7. Un atome est tétravalent s’il peut se combiner avec un nombre maximal
de quatre atomes.
8. La concentration de ces éléments augmentant dans la Galaxie au cours du
temps (puisqu’ils sont libérés dans le milieu interstellaire par des étoiles en
fin de vie), la vie n’aurait probablement pas pu apparaître dans un système
planétaire formé au début de l’histoire galactique.
9. Le kérogène est la fraction insoluble qui reste dans les sédiments marins
après la dégradation de la matière organique d’origine biologique.
10. Z. Martins [2011], « Organic chemistry of carbonaceous chondrites »,
Elements, 7, p. 35-40.
11. Le lieu de formation de ces molécules organiques est débattu. Elles ont
pu s’assembler dans le nuage moléculaire parent du système solaire ou dans
les zones externes du disque circumsolaire. Leur apport par les météorites
rend en tout cas superflue (mais pas impossible) leur synthèse dans
l’atmosphère, comme l’avaient envisagé les géochimistes Harold Urey et
Stanley Miller au XXe siècle.
12. Les molécules carbonées asymétriques existent sous deux formes (deux
énantiomères) qui sont l’image l’une de l’autre dans un miroir. On parle de
forme droite ou gauche. La vie n’utilise qu’une de ces formes, droite pour
les bases azotées et gauche pour les acides aminés.
13. La présence d’eau liquide sur les astéroïdes, d’après les dernières
datations effectuées sur les météorites, aurait duré au plus une dizaine
de millions d’années.
Notes
1. Une exoplanète avait été détectée en 1992 autour du pulsar
PSR B1257+12. En raison de la nature insolite de l’étoile hôte (un pulsar
est une étoile à neutrons tournant très vite sur elle-même), cette planète ne
nous apprend pas grand-chose sur les mécanismes de formation et
d’évolution planétaire.
2. On donne aux exoplanètes le nom de leur étoile suivi d’une lettre
minuscule (à partir de b).
3. On peut comparer un transit photométrique à une mini-éclipse.
4. Les perturbations de mouvement d’une étoile dues à une compagne sont
en effet beaucoup plus importantes que celles engendrées par une planète et
ne peuvent donc être confondues avec cette dernière.
5. Les limites de la zone habitable dépendent des propriétés des planètes
(diamètre, masse et composition de l’atmosphère…). Elles ne sont pas aussi
bien délimitées que pourrait le laisser penser la figure 14.1.
6. Certains organismes vivants, appelés endolithes, ont été découverts dans
des roches à plus de trois kilomètres de profondeur.
7. Il y a quelques années, un groupe de dynamiciens français a montré que
la Lune stabilisait l’axe de rotation de la Terre, favorisant indirectement le
développement de la vie. Bien que cette conclusion dépende de la vitesse de
rotation initiale de la Terre – qui est mal connue –, elle illustre la possible
complexité de la notion d’habitabilité d’une planète.
Notes
1. Les différentes planètes d’un même système planétaire sont distinctes les
unes des autres, et chacun de ces systèmes semble unique.
Notes
1. Fondée en 1933, cette société savante revendique près de mille membres,
scientifiques professionnels ou amateurs enthousiastes.
Notes
1. Des travaux récents suggèrent que les zones équatoriales seraient
légèrement favorisées, avec un excès de 20 % par rapport aux pôles.
2. On parle ici des chutes observées, c’est-à-dire des météorites qui ont été
vues tomber.
3. La collection du Muséum à Paris est une des plus riches du monde. Plus
de 1 300 météorites, dont 515 « chutes » (les météorites dont la chute a été
observée) sont conservées au Jardin des Plantes. Seules les collections de la
Smithonian Institution à Washington et du Natural History Museum à
Londres comptent davantage de « chutes ».
Notes
1. www.lpi.usra.edu/meteor/metbull.php.
2. Certaines météorites « survivent » des dizaines de milliers d’années dans
les déserts chauds.
3. Le névé est de la neige qui n’est pas encore compactée en glace.
4. Ces vents, particuliers à l’Antarctique, sont accélérés par la gravité en
dévalant la pente et se déplacent des régions centrales vers la côte.
5. Le mécanisme d’accumulation de météorites ne fonctionne pas au
Groenland, l’autre « continent » polaire, en raison de l’absence de vents
catabatiques et de taux de précipitations trop élevés.
6. L’Atacama, extrêmement riche en minerais de toutes sortes, est exploité
depuis le XIXe siècle.
Table of Contents
Identité
Copyright
Couverture
Du même auteur
MÉTÉORITES
Introduction
I - La menace extraterrestre
1 - Tombées du ciel
2 - Le danger des impacts extraterrestres
3 - Un risque mesuré
4 - Surveiller le ciel
5 - Protection planétaire
II - La fabrique des météorites
6 - Le système solaire et ses habitants
7 - Les différents types de météorites
8 - Collisions et transport
9 - Les corps sources des météorites
III - Histoire de nos origines
10 - Comment naissent les étoiles
11 - L’origine des planètes
12 - Histoires d’eau et de Lune
13 - L’émergence de la vie
14 - D’autres Terres ?
Conclusion
Annexes
A - Comment reconnaître une météorite ?
B - Des chutes dans le monde entier
C - Des trouvailles dans les déserts
Remerciements
Bibliographie sélective
Crédits des illustrations (cahier central)
Table des figures
Table des encadrés
Cahier photos
Table