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El MRABET
Chapitre II
Structure du noyau
I-Introduction
Dans ce chapitre, nous présentons les caractéristiques de la structure du noyaux dans le domaine
de la physique nucléaire. Nous insistons, en particulier, sur quelques traits fondamentaux de la
force permettant à un noyau de rester stable à savoir l’interaction forte. Le modèle classique
(modèle de la goutte liquide) permettant d’interpréter la stabilité des noyaux atomiques fera
également partie de ce cours ainsi que les différentes idées qui ont conduit à son utilisation.
-Rutherford envoi un faisceau de particules énergétiques (particules émises par des substances
naturellement radioactives) sur une fine feuille de métal et il regarde la diffusion de ces par le
métal considéré.
-Ces expériences ont permis de découvrir la répartition des charges électriques dans les atomes :
-charge positive concentrée dans un noyau de petite dimension
-cortège électronique
-entre les deux beaucoup de vide
-Ce modèle contredit celui de Thomson (1904) qui prédit que l’atome neutre est une enveloppe
de matière positive dans laquelle baignent des charges négatives (électrons).
Suite à ces expériences plusieurs questions se posent alors :
1-Pourquoi les électrons dans les atomes n’occupent que certaines orbites d’énergies bien
déterminées ?
2-Pourquoi les atomes n’émettent-ils sans cesse des ondes électromagnétiques ?
3-Si ce n’est que la force électrostatique qui permet de maintenir l’atome lié, alors pourquoi le
noyau formé uniquement de charges positive ne se dissocie pas ?
La réponse aux deux premières questions relève du cours de physique atomique et c’est le
physicien Niels Bohr en 1913 qui apportera la réponse en introduisant deux postulats permettant
d’expliquer les spectres de l’hydrogène et des hydrogénoïdes par la théorie quantique. La
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troisième question fera l’objet du cours de physique nucléaire, ce chapitre ainsi que les suivants
tenteront d’y répondre.
L’équipe de Rutherford découvrit par la suite que ce noyau renferme presque toute la masse de
l’atome. En 1920, on démontrait que la masse du noyau d’hélium est quatre fois supérieure à
celle de l’hydrogène mais que sa charge électrique n’est que deux fois supérieur à celle de H.
D’autres expériences ont confirmé ce fait. Le noyau de H est appelé alors proton, le noyau
d’hélium s’il avait 4 protons alors l’atome serait chargé (He a seulement deux électrons). En
1932, Chadwick étudiant de Rutherford découvrit l’existence du neutron.
Un noyau de nombre de masse A et de numéro atomique Z est l’assemblage de Z protons et N
neutrons tel que :
A= Z + N
Les constituants du noyau (protons et neutrons) sont appelés nucléons et A représente leur
𝑨
nombre. Ce noyau est noté : 𝒁𝑿
R =r0A 1/3
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Remarque :
Par abus de langage on donne souvent, en physique nucléaire, les masses en MeV mais il faut
garder à l'esprit qu'il s'agit de MeV/c2. Ce point peut être important dans certaines applications.
Isotopes, Isobares, Isotones :
*isobares : c’est les noyaux qui ont le même nombre de nucléons A ( 146𝐶 et 147𝑁)
*isotopes : c’est les noyaux ayant le même Z ( 146𝐶 et 126𝐶 )
*isotones : c’est les noyaux ayant le même N ( 136𝐶 et 147𝑁)
Les noyaux de Z pair ont souvent beaucoup plus d' isotopes stables que les noyaux de Z
impairs.
Energie
Nucléons
Energie libérée
E𝑙 ( AZX)
Noyau lié
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En effet, la masse d’un noyau AZX notée M(A,Z) est inférieure à la somme des masses des nucléons
qui le forment à l’état séparé:
M(A,Z) < Zmp +(A - Z) mn
Cette différence est appelée défaut de masse du noyau. Il est habituellement compté positivement
alors qu'il correspond à une diminution par rapport à la somme des masses des nucléons libres.
Ce défaut de masse est proportionnel à l'énergie de liaison du noyau El . Le défaut de masse est
défini par:
∆𝐌(𝐀, 𝐙) = 𝐙𝐦𝐩 + (𝐀 − 𝐙)𝐦𝐧 − 𝐌(𝐀, 𝐙)
noyaux naturels (résolus par la spectroscopie de masse) par la courbe ci-dessous appelée courbe
d’Aston.
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Cette énergie n’est pas la même pour tous les noyaux. Elle est faible pour les noyaux légers et
croit rapidement pour atteindre son maximum (autour de 8.8 MeV) dans la zone des noyaux
moyens (A ≈ 60), elle décroit légèrement jusqu’à (7.6 MeV) pour les noyaux lourds.
Cette courbe montre également que les noyaux moyens sont les plus liés et que pour récupérer
(libérer) de l’énergie il faut soit transformer deux noyaux légers en un noyau moyen (réaction de
fusion), soit transformer un noyau lourd en deux noyaux moyens (réaction de fission). Ces
réactions nucléaires libèrent des énergies énormes, en moyenne 8 MeV par nucléon, qui sont
106 fois supérieures à celles produites par les réactions chimiques. Ce résultat est très intéressant,
dans la mesure où on peut récupérer, par exemple, par une réaction de fusion (quelques grammes
de matière nucléaire) ce qui est produit par des tonnes de matière condensée. Cet ordre de
grandeur de l’énergie de liaison nucléaire confirme également l’impossibilité d’avoir cette
énergie en considérant seulement les interactions habituelles (gravitationnelles ou
électrostatique), en effet les seules particules chargées du noyau sont les protons et leurs
interactions sont répulsives (elles tends à écarter les protons l’un de l’autre), ce qui donne une
autre confirmation de l’existence de l’interaction nucléaire forte qui lie les nucléons du noyau
entre eux.
La masse atomique ℳ(A, Z) d'un atome dont le noyau est AZX est la masse totale de celui-ci
(noyau+ électrons). Comme pour la masse du noyau dont nous avons parlé dans la section
précédente, il faut tenir compte de ce que les électrons du cortège électronique (Z électrons) sont
liés et non pas libres. On a donc :
Comme pour 1'énergie de liaison des nucléons, nous avons compté positivement l' énergie de
liaison des électrons. La masse atomique est donc définie par la relation suivante :
𝓔𝐥 (𝐙)
𝓜(𝐀, 𝐙) = 𝐌(𝐀, 𝐙) + 𝐙𝐦𝐞 −
𝐜𝟐
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L'énergie de liaison des électrons est beaucoup plus faible que l' énergie de liaison des noyaux.
Une estimation grossière de l'énergie de liaison des électrons dans 1es atomes peut être obtenue
dans le cadre d'un modèle statistique de l'atome basé sur l'approximation de Thomas-Fermi.
L'énergie de liaison totale d'un atome est alors donnée par:
7
ℰl (Z)(𝑒𝑉) = 15,7 𝑍 3
∆𝓜(𝐀, 𝐙) = 𝓜(𝐀, 𝐙) − 𝑨
Cette quantité n' a rien à voir avec le défaut de masse dont nous avons parlé plus haut, lié à l'
énergie de liaison du noyau. L' excès de masse n' est qu' un autre moyen d'exprimer la valeur
de la masse atomique d'un noyau en changeant d'origine pour l'évaluer. Il n' a pas de
signification physique et peut être positif ou négatif.
Pour le 161
66D𝑦 l'énergie de séparation du dernier neutron vaut S𝑛 (l6l, 66) = 6,454 MeV et celle
du dernier proton S𝑝 (161 ,66) = 7 ,507 MeV . Physiquement cela représente l'énergie
nécessaire pour extraire un neutron ou un proton du noyau de 161
66D𝑦 .
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V(r)
Potentiel nucléaire
0.3 2
r(fm)
Ce potentiel est attractif jusqu’à 0.3fm, il devient répulsif en dessous de cette valeur et au-delà
de 2 fm il n’a plus d’effet. La forme du potentiel nucléaire rappelle aussi la forme du potentiel
de Van-der-Waal qui s’exerce entre 2 molécules et qui présente une décroissance très rapide en
r-6, un minimum vers 0.5Ǻ et répulsif en dessous de cette valeur.
noyaux ayant A ≥ 16 ce qui incite à comparer le noyau à une goutte liquide dans laquelle les
nucléons jouent le rôle de molécules. Dans une goutte liquide, les nucléons sont en contact les
unes avec les autres, et pour les séparer par exemple par évaporation d’un nombre n, il faut une
énergie de l’ordre de E = kn (k est une constante) donc par molécule l’énergie nécessaire est E/n.
𝟐 𝐙 (𝐙 − 𝟏) ( 𝐍 − 𝐙)𝟐 −𝟑
𝐄𝒍 ( 𝐀𝐙𝐗) = 𝓪𝓿 𝐀 − 𝓪𝓼 𝐀𝟑 − 𝓪𝓬 𝟏 − 𝓪𝓪 + 𝛆 𝓪𝓹 𝐀 𝟒
𝐀
𝐀𝟑
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Sur la figure ci-dessous on voit la contribution de chaque terme de cette formule à l’énergie de
liaison, les paramètres 𝒶𝓋 , 𝒶𝓈 , 𝒶𝒸 , 𝒶𝒶 et 𝒶𝓅 sont ajustés de manière à reproduire l’expérience,
ils sont indépendants de A, N et Z et ont des valeurs bien déterminées :
𝒶𝓋 = 15.56es, 𝒶𝓈 = 17.23, 𝒶𝒸 = 0.7, 𝒶𝒶 = 23.6 et 𝒶𝓅 = 11.2.
Terme surfacique
Les nucléons sont reliés par l’interaction forte, on peut facilement constater que les nucléons de
surface n’ont pas les mêmes proches voisins que ceux enfouis dans le volume et sont par
conséquent soumis à moins d’interactions nucléon-nucléon (interactions : flèches, nucléons :
rond). Le schéma ci-dessus montre bien que l’énergie de volume à elle seule surestime l’énergie
de liaison.
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Le nombre d’interactions perdues est proportionnel au nombre de nucléons surfaciques qui est
aussi proportionnel à la surface elle-même :
𝟐
Bs = - 𝓪𝓼 𝐀𝟑
Terme Coulombien
Le noyau contient des particules chargées, les protons qui s’exercent des répulsions
coulombiennes et qui deviennent de plus en plus déstabilisantes avec l’augmentation de leur
nombre. On peut supposer que le noyau est sphérique de charge Q. L’énergie potentielle de cette
distribution de charge s’écrit :
3 1 Q2
V= ( )
5 4𝜋𝜀0 R
En effet chaque proton va interagir avec les (Z-1) protons restants donc la charge du noyau est
Z(Z-1)e2 et R est proportionnel à A1/3 ce qui donne une contribution coulombienne de la forme :
Z (Z−1)
Bc = - 𝒶𝒸 1
A3
Pour les noyaux lourds (Z-1) ≈ Z et ainsi la contribution coulombienne à l’énergie de liaison
𝒁𝟐
devient proportionnelle à Z2 : Bc = - 𝓪𝓬 𝟏
𝐀𝟑
Terme d’asymétrie
Nous avons déjà vu que les noyaux naturels lourds sont favorisés par excès de neutrons afin que
l’interaction forte attractive de ses particules contrebalance l’attraction coulombienne répulsive
des protons chargés positivement pour mieux stabiliser les noyaux. Donc tenir compte de
l’asymétrie entre le nombre de neutrons et protons est important.
( 𝐍−𝐙)𝟐
Ba = - 𝓪𝓪
𝐀
Le signe – indique que les noyaux ayant N > Z sont moins stables que ceux ayant N = Z.
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Terme d’appariement
Le terme d’asymétrie ainsi que le terme d’appariement ne peuvent être expliqué que par une
étude quantique. On observe expérimentalement une sur-stabilité des noyaux pairs-pairs(N pair
et Z pair). Pour ces noyaux les nucléons (protons et neutrons) se regroupent par paires dans des
couches semblables à celles atomiques. Ce terme s’écrit :
−𝟑
Bp = 𝛆 𝓪𝓹 𝐀 𝟒
Avec :
V-Conclusion
Le modèle semi-empirique de Bethe et Weizsäcker permet de rendre compte de plusieurs traits
de l’énergie de liaison. Il est cependant incapable d’expliquer les effets de stabilité des noyaux à
couches fermées (pair-pair) appelés noyaux magiques (ressemblance avec les gaz rares en
chimie) et les effets d’appariements. Un traitement quantique est nécessaire à leur compréhension
ce qui ne fait pas l’objet de ce cours.
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