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CHAPITRE I : Le noyau atomique

CHAPITRE I : Le noyau atomique


I) Généralités :

L’atome est la plus petite quantité de matière pouvant exister dans une molécule. Sa
dimension est de l’ordre de 10−10 mètre et dont la masse est de l’ordre de 10−24 gramme.

Il a fallu attendre le début du 20è𝑚𝑒 siècle avant que les savants abandonnent l’idée
que l’atome pourrait être un simple point matériel et commence à entrevoir sa véritable
nature : l’atome est constitué de particules plus petites appelées « particules
élémentaires », il est formé d’électrons e- et de protons p et de neutrons n.

1) L’électron

C’est une particule qui possède une charge élémentaire de signe négatif.

−𝑒 = − 1,602 × 10−19 𝐶

L’expérience de Thomson (1897) donne le rapport entre la charge de l’électron et


sa masse :

𝑒
= 1,76. 1011 𝐶. 𝐾𝑔−1
𝑚𝑒

Celle de Millikan (1911) donne la valeur de la charge de l’électron :

−𝑒 = − 1,602 × 10−19 𝐶

De ces deux valeurs, on peut en déduire la valeur de la masse de l’électron au repos :

𝑚𝑒 = 9,102. 10−31 𝐾𝑔

2- Le noyau

La découverte du noyau de l’atome est attribuée à Ernest


Rutherford, Hans Geiger et leur étudiant Ernest Marsden.
Leurs mesures eurent lieu en 1909 à Manchester. L’expérience
consistait à mesurer la diffusion des particules alpha
(c’est-à-dire des noyaux d’hélium) par une feuille d’or.
Rutherford avait observé que l’image, enregistrée sur
une plaque photographique d’un faisceau de particules alpha passant
à travers une feuille mince, était diffuse. Il pensait que l’étude de ce
phénomène le renseignerait sur des propriétés des atomes.

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CHAPITRE I : Le noyau atomique

Ils observèrent que la tache sur l’écran fluorescent gardait la même intensité avec ou
sans feuille d'or interposée ! La plupart des particules traversaient donc la feuille
métallique. Certaines particules α étaient légèrement déviées, comme en témoignaient les
impacts fluorescents sur l’écran. Quelques rares particules α, une sur 20 à 30 000,
subissaient de grandes déviations (supérieures à 90 degrés) et étaient donc renvoyées
vers l'arrière.
Rutherford en déduisit (mais cela lui prit 2 ans de réflexion), que l’atome est constitué
d’un noyau très petit par rapport à la taille de l’atome et qui concentre l’essentiel de la
masse et toutes les charges positives, et d’un cortège électronique dont le volume est
celui de l’atome.
En 1919, Rutherford bombarda de l’azote avec des particules α et observa ensuite des
traces d’hydrogène dans l’azote. Il en conclut que des noyaux d’hydrogène, aujourd’hui
appelés protons, avaient été expulsés des noyaux d’azote et que ceux-ci étaient donc faits
de protons. Plus tard, on s’aperçut que les noyaux ne pouvaient être faits entièrement de
protons, car la masse de ces derniers était insuffisante pour expliquer les masses
atomiques qu’on mesurait. Les noyaux devaient donc contenir d’autres particules,
électriquement neutres, en plus des protons. En 1932, James Chadwick parvint à expulser
ces neutrons de différents noyaux.

Le noyau donc est composé de particules appelées nucléons. Il existe deux types de
nucléons: Les protons et les neutrons

2-1 Le proton

Sa charge est égale à la valeur absolue de celle de l’électron

𝑞𝑝 = +𝑒 = 1,602. 10−19 𝐶

La masse du proton vaut 1832 fois celle de l’électron :

𝑚𝑝 = 1,6726 . 10−27 𝐾𝑔

2-2 Le neutron

C’est une particule sans charge électrique, sa masse est légèrement supérieure à celle
du proton.

𝑞𝑛 = 0 𝐶
𝑚𝑛 = 1,6749 × 10−27 𝐾𝑔

II- Etude du noyau atomique :

Le noyau atomique occupe un très petit volume au centre de l’atome. Ses


constituants sont les protons (leur nombre Z) et les neutrons (leur nombre N).

Le nombre de nucléon A d’un noyau est la somme des protons et des neutrons.

𝐴=𝑍+𝑁

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Le rayon du noyau est 𝑅 = 𝑅0 𝐴3 avec 𝑅0 = 1,5 𝑓𝑚 = 1,5. 10−15 𝑓𝑚.

fm est le Fermi.

Un nucléide ou (nuclide) est un noyau dont Z et A sont déterminés.

Le symbole de nucléides : 𝐴𝑍𝑋, par exemple des nucléides 1


1𝐻 ; 42𝐻𝑒 , 126𝐶 , … … ….

- Nomenclature des noyaux atomiques :

Les isotopes d’un élément sont l’ensemble des atomes qui ont le même numéro
atomique Z mais dont les noyaux sont différents par le nombre de neutrons N. Les
isotopes ont des propriétés chimiques identiques mais des propriétés physiques
différentes.

Exemples : 11𝐻 ; 21𝐻 𝑒𝑡 31𝐻, comme les isotopes de l’hydrogène, du Carbone et de l’Uranium.

Les isotones ont le même nombre de neutrons mais pas le même nombre de protons
13 14 17
6𝐶 ; 7𝑁 ; 8𝑂

Les isobares ont le même nombre de nucléons A, par exemple 14


6𝐶 ; 147𝑁

III- les caractéristiques du noyau atomique :

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Le noyau est supposé sphérique, donc V  R
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La masse est proportionnelle au volume (densité constant)

A 4
 (R  r0 A1/3 )  V  r03A Avec : r0= 1.2 fermi (1.2 10-13 cm) , mnucléon ~1.66 10-24g
V 3
→ ρ ~ 1038 nucléons.cm-3

Densité nucléaire : grande masse dans un petit volume

a) - les forces mises en jeu dans un noyau

Il existe trois types de force dans les noyaux :

● L'interaction électromagnétique, s'applique à toute particule ayant une charge


électrique (protons). Intensité relative=10-2. Interaction coulombienne répulsive.

● L'interaction forte permet de lier les quarks entre eux pour former des hadrons
(protons, neutrons). (Electrons, photons, neutrinos ne sont pas des quarks et sont
insensibles à l'interaction forte). Elle a la plus forte intensité. Ir=1. Elle est attractive et
s'oppose à la répulsion électrostatique. Elle permet de confiner les protons dans le petit
volume qu'est le noyau ~10-15m. Portée~10-15.

● L'interaction faible : de faible intensité Ir~10-7. Agit à l'intérieur des nucléons en


transformant un nucléon en un autre avec émission β de portée~ 10-18m. (Ir. grav=10-36)

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La stabilité d'un noyau dépend de la compétition entre ces trois forces. Au-dessus d'un
certain nombre de protons (92) les noyaux sont instables, ils sont artificiels et inconnus
dans la nature. Dans le tableau de Mendeleïev, les éléments naturels s'arrêtent a 92238
U
Les noyaux avec 84 ≤ Z ≤ 92 sont naturels et radioactifs, ceux avec Z ≤ 83 sont naturels
et stables.

b) - Défaut de masse d’un noyau :

Les mesures expérimentales des masses de protons et de neutrons et noyau montre que
la masse d’un noyau est inférieure à la somme des masses de ses constituants lorsqu’ils
sont isolés.

Si M’ est la masse d’un noyau comprenant Z protons et N neutrons, l’expérience montre


que :

𝑀′ < 𝑍 𝑚𝑝 + 𝑁𝑚𝑛

On appelle le défaut de masse du noyau la perte de la masse ∆𝑚 tel que :

∆𝑚 = 𝑍 𝑚𝑝 + 𝑁𝑚𝑛 − 𝑀′

La formation d’un noyau atomique à partir de de ses constituants isolés s’effectue avec
une perte de masse. Chaque nucléon a donc perdu une partie de sa masse en se liant avec
∆𝑚
les autres nucléons ; la perte de masse de chaque nucléon est en moyenne 𝐴
.

On appelle défaut de masse atomique, la perte de masse due à la liaison noyau- Z


électrons pour former l’atome de masse M :

∆𝑚𝑒 = 𝑀′ + 𝑍𝑚𝑒 − 𝑀 → 𝑀 = 𝑀′ + 𝑍𝑚𝑒 − ∆𝑚𝑒


→ 𝑀 = 𝑍 (𝑚𝑒 + 𝑚𝑝 ) + 𝑁𝑚𝑛 − ∆𝑚𝑒 − ∆𝑚

Or 𝑀𝐻 = 𝑚𝑒 + 𝑚𝑝 est la masse de l’atome de l’hydrogène et N = A – Z, généralement ∆𝑚𝑒


est négligeable devant ∆𝑚 . La masse d’un atome s’écrit :

→ 𝑀 = 𝑍 (𝑀𝐻 ) + (𝐴 − 𝑍)𝑚𝑛 − ∆𝑚

c) Energie de liaison

1) Energie de liaison d’un noyau

L’énergie de liaison d’un noyau est l’énergie équivalente à son défaut de masse ∆𝑚.
D’après le principe d’équivalence masse énergie d’Einstein, ∆𝑚 est transformée en
énergie de liaison entre tous les nucléons du noyau.

𝐵 = ∆𝑚𝑐 2

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Pour décomposer le noyau en protons et neutrons libres il faut fournir une énergie
∆𝑚
égale à de manière que chaque nucléon récupère la masse 𝐴
perdue au moment de la
formation du noyau.

2) Energie de liaison par nucléon :

𝐵 ∆𝑚𝑐 2
𝑏= =
𝐴 𝐴
b représente l’énergie moyenne qu’il faut fournir au noyau pour lui arracher un
nucléon ; elle est équivalente à la perte de masse d’un nucléon au moment de sa liaison
avec les autres nucléons du noyau. Dans ce cas la masse d’un nucléon lié est inférieure à
sa masse quand il est libre et isolé.

𝑀𝑖𝑠𝑜𝑙é > 𝑀𝑙𝑖é


∆𝑚
𝑀𝑖𝑠𝑜𝑙é = 𝑀𝑙𝑖é + en unité de masse
𝐴
∆𝑚𝑐 2
(𝑚𝑐 2 )𝑖𝑠𝑜𝑙é = (𝑚𝑐 2 )𝑙𝑖é + en unité d’énergie
𝐴

Remarque :

𝐵(𝐴, 𝑍)𝑐 2 = [𝑍𝑚𝑝 + 𝑁𝑚𝑛 − 𝑀′(𝐴, 𝑍)]𝑐 2


On appelle énergie de séparation S(A, Z), jouant un rôle analogue à l'énergie
d'ionisation d'un atome . C’est l’énergie qu’il faut fournir au noyau pour lui arracher un
proton, un neutron……………..etc

Pour un neutron, l’énergie de séparation 𝑆𝑛 (𝐴, 𝑍)𝑐 2 est :


𝑆𝑛 (𝐴, 𝑍)𝑐 2 = [𝑀𝑛 + 𝑀′ (𝐴 − 1, 𝑍) − 𝑀′(𝐴, 𝑍)]𝑐 2
Finalement,

𝑆𝑛 (𝐴, 𝑍)𝑐 2 = [𝐵(𝐴, 𝑍) − 𝐵(𝐴 − 1, 𝑍)]𝑐 2


Pour un proton l’énergie de séparation est 𝑆𝑃 (𝐴, 𝑍)𝑐 2 :
𝑆𝑝 (𝐴, 𝑍)𝑐 2 = [𝑀𝑝 + 𝑀′ (𝐴 − 1, 𝑍 − 1) − 𝑀′(𝐴, 𝑍)]𝑐 2
𝑆𝑝 (𝐴, 𝑍)𝑐 2 = [𝐵(𝐴, 𝑍) − 𝐵(𝐴 − 1, 𝑍 − 1)]𝑐 2

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IV- Modèle de la goutte liquide et la formule semi-empirique de


Von Weizsäcker

Nous savons aujourd’hui que les noyaux sont composés des protons

et neutrons liés par la force nucléaire, qui n’est que le résiduel de la force
forte entre les quarks qui les constituent. Mais nous n’avons pas encore une théorie

fondamentale de la force nucléaire. La force forte étant beaucoup plus complexe que la

force Coulomb, déjà l’approximation perturbative ne s’applique plus au système des quarks

du nucléon. Au lieu d’une théorie fondamentale, on doit recourir aux modèles

phénoménologiques, qui tentent, et se limitent, à expliquer certaines observations

expérimentales.

1 – Modèle de la goutte liquide (1935)


Ce modèle, principalement classique, est une des premières réussites des modèles

nucléaires qui ont été construits pour expliquer le comportement de l’énergie de liaison.

Il se base sur le fait que les noyaux sont approximativement sphériques, avec des rayons

proportionnels à A1/ 3 ce qui suggère que la densité nucléaire est quasi indépendante de A

. La matière nucléaire est donc incompressible, comme une goutte de liquide. On imagine

que les nucléons, comme les molécules dans une goutte de liquide, interagirent uniquement

avec les voisins proches (saturation). Chaque nucléon contribue donc de la même quantité

( 16 Mev) à l’énergie de liaison, sauf ceux qui se trouvent en surface, qui contribuent

moins puisque ils ont moins de nucléons voisins. Cette diminution est proportionnelle à

l’aire de surface, donc A2 / 3 . L’énergie de liaison peux s’écrire comme

E  av A  as A2/3
L
2- Corrections au modèle de la goutte liquide.

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CHAPITRE I : Le noyau atomique

Les termes de volume et de surface correspondent bien au comportement général

de EL . Les observations montrent aussi de nombreuses déviations, dont certaines peuvent

être expliquées en introduisant une correction au modèle de base.

Effet Coulomb. La répulsion Coulomb entre les protons entraîne une


diminution de EL . Cette correction peut être calculée comme l’énergie potentielle de Z

protons distribués uniformément sur une sphère de rayon R. Le résultat est :

Ec Z (Z 1) / R ou Ec   ac Z 2 A1/3

Effet d’asymétrie. On voit dans la ligne de stabilité que les noyaux légers qui
ont N =Z sont particulièrement stables, ce qui veut dire que leurs EL sont plus grandes.

Il s’agit, qualitativement, d’un effet quantique de statistique de spin. En revanche, les

noyaux lourds contiennent de plus en plus de neutrons pour compenser, en partie, la

répulsion Coulomb de plus en plus importante. Cet effet d’asymétrie est représenté par

le terme

( N  Z )2
Ea   aa
4A

Effet d’appariement. On observe aussi une plus grande stabilité pour les
noyaux avec N et Z pair-pair (166 nuclides stables), vis-à-vis des noyaux impair-impair (5

nuclides stables). De nouveau cet effet est moins important pour les noyaux lourds. On

introduit donc un terme E p  a p A1/ 2 ou

a p > 0 pour les noyaux pair-pair, a p < 0 pour impair-impair

a p =0 pour A impair (55 stable pour Z pair, 51 pour N pair).

3- La formule de Weizsäcker

Mettant tous les termes au dessus ensemble:

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CHAPITRE I : Le noyau atomique

N Z 
2


E  aV A  aS A  aC Z A
2/3 2 1/3
 aa 
 a p A1/2
L 4A
Cette formule est semi-empirique puisque les constantes sont déterminées
expérimentalement. Une suite des valeurs est:

aV  15.67 , aS = 17.23 , aC = 0.714 , aa =23.6 , a p = 11.2

Les contributions relatives de ces termes sont montrées dans la Figure 1.

fig .1 : Les contributions relatives à l’énergies de liaison par nucléon en fonction du nombre de
masse A

4- Insuffisances du modèle de la goutte liquide

- Pour les noyaux légers (l’image de la goutte liquide n’est pas bien adaptée) ;

- au voisinage des couches fermées (nombres magiques), cette fermeture entraine une
plus grande stabilité du noyau qui n’est pas reflétée par la relation de Bethe et
Weizsäcker ;

- pour les noyaux très lourds ( A>240) pour lesquels la forme n’est plus sphérique, ce qui
inclue un terme correctif important.

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