Vous êtes sur la page 1sur 25

UNIVERSITE

 DE  LOME  

LOME  -­‐  TOGO  


 

FACULTE  DES  LETTRES  ET  SCIENCES  HUMAINES  

(FLESH)  
 

DEPARTEMENT  DE  PHILOSOPHIE  

FORMATIONS  DOCTORALES  
 

PROJET  DE  THESE  

L'EVOLUTION  DU  CONCEPT  DE  MATIERE  DANS  LE  


PASSAGE  DE  LA  MECANIQUE  CLASSIQUE  A  LA  
MECANIQUE  QUANTIQUE  
 

OPTION  :  HISTOIRE  ET  PHILOSOPHIE  DES  SCIENCES    

Présenté  par  :                 Sous  la  direction  de  :  

MAMAN  DAN  IRA  Tanimoune               Pr.  Yaovi  AKAKPO  


Professeur  titulaire  
Epistémologie  
Université  de  Lomé  
 
Juin  2014  

1  
 
Le Thème de notre recherche est : « L’évolution du concept de matière dans le passage de la
mécanique classique à la mécanique quantique. »

Après ma première inscription en année de thèse en mars 2013, je me suis lancé dans
la recherche documentaire sur la base d’une bibliographie provisoire arrêtée en commun
accord avec mon Directeur de thèse. J’ai continué cette activité de recherche jusqu’en juin
2014, soit sur une durée de 15 mois. Parmi les ouvrages lus, on peut citer quelques uns.

1. Liste des ouvrages lus

Auffray J-P., L'atome, Paris, Flammarion, 1997.


Bachelard G., La formation de l'esprit scientifique : contribution à une psychanalyse de la
connaissance objective, Paris, Vrin, 1986.
Bachelard G., La philosophie du non : essai d'une philosophie du nouvel esprit scientifique,
Paris, PUF, 2002.
Balibar F., Einstein : La joie de la pensée, Paris, Editions Sociales, 1993.
Balibar F., Galilée, Newton lus par Einstein, Paris, Editions Sociales, 1999.
Balibar F., (dir.) Albert Einstein, Œuvres choisies, Paris, Seuil-CNRS, 1989-1993.
Balibar F., Lévy-Leblond J. M. et Lehoucq R., Qu'est-ce que la matière?, Paris, Le Pommier,
2005.
Baton J-P. et Cohen-Tannoudji G., L'horizon des particules, Paris, Gallimard, 1989.
Baton J-P., Complexité et élémentarité dans l'univers quantique, Paris, Gallimard, 1989.
Ben-Dov Y. Invitation à la physique, Paris, Seuil, 1995.
Biezunski M. Histoire de la physique moderne, Paris, La Découverte, 1993.
Bohr N., Physique atomique et connaissance humaine, Paris, Gallimard, 1991.
Born M., Structure atomique de la matière - Introduction à la physique quantique, Paris,
Armand-Colin, 1971.
Brun J., Les présocratiques, Paris, PUF, 1973.
Cavedon J-M., La radioactivité, Paris, Flammarion, 1996.
Claude N., Matière et énergie, Paris, Editions Sociales, 1996.
Cohen-Tannoudji G. et Spiro M., La matière-espace-temps, Paris, Fayard, 1986.
Crozon M., La matière première : la recherche des particules fondamentales et de leurs
interactions, Paris, Seuil, 1987.
Crozon M., L'univers des particules, Paris, Seuil, 1999.
Crozon M. et Vanniccu F., Les particules élémentaires, Paris, PUF, 1993.
Cuny H., Heisenberg, Paris, Seghers, 1996.
2  
 
D’Espagnat B., A la recherche du réel, Paris, Gautier-Villars, 1979.
D’Espagnat B., Le Réel voilé : analyse des concepts quantiques, Paris, Fayard, 1994.
De Broglie L., Ondes, Corpuscules – mécanique ondulatoire, Paris, Albin Michel, 1935.
De Broglie L., Matière et lumière, Paris, Albin Michel, 1937. Un exposé général sur le
progrès de la physique contemporaine.
De Broglie L., La physique nouvelle et les quanta, Paris, Flammarion, 1990.
Désit-Ricard I., La physique, Évolution et Enjeux, Paris, Les Essentiels de Milan, 1998.
Dugas R., Histoire de la mécanique, Paris, Editions du Griffon, 1950.
Duquescne M., Matière et Antimatière, Paris, PUF, 1982.
Einstein A., Réflexions sur l'électrodynamique, l'éther, la géométrie et la relativité, Paris,
Gauthier-Villars, 1972.
Einstein A. et Infeld L., L’évolution des idées en physique, des premiers concepts aux théories
de la relativité et des quanta, Paris, Flammarion, 1983.
Felden M., La physique et l'énigme du réel, Paris, Albin Michel, 1998.
Feynman R., Lumière et matière, Paris, Seuil, 1992.
Gabriel V., Gravitation, relativité, mécanique quantique : La grande synthèse est-elle
proche ?, Paris, Leçons inaugurales du Collège de France, 2005.
Gribbin J., Le chat de Schrödinger : physique quantique et réalité, Paris, Flammarion, 1994.
Heisenberg W., Les principes physiques de la théorie des quanta, Paris, Gallimard 1994.
Heisenberg W., La nature dans la physique contemporaine, Paris, Gallimard, 2000.
Hoffman B. et Paty M., L’étrange histoire des quanta, Paris, Seuil, 1981.
Hoffman B. et Dukas H., Albert Einstein, Créateur et rebelle, Paris, Seuil, 1975.
Kastler A., Cette étrange matière, Stock, 1976.
Klein E., La physique quantique, Paris, Flammarion, 1996.
Klein E., Petit voyage dans le monde des quanta, Paris, Flammarion, 2004.
Klein E. et Lachièze-Rey M., La quête de l'unité. L'aventure de la physique, Paris, Albin
Michel, 1996.
Koyré A., Études Galiléennes, Paris, Hermann, 1966.
Koyré A., Études newtoniennes, Paris, Gallimard, 1968.
Koyré A., Du monde clos à l’univers infini, Paris, Gallimard, 1973.
Koyré A., Études d’histoire de la pensée scientifique, Paris, Gallimard, 1973.
Pierre L., Physique quantique, Paris, Hazan, 1989.
Lévy-Leblond J-M. et Balibar F., Quantique : rudiments, Paris, Masson, 1998.
Lochak G., La géométrisation de la physique, Paris, Flammarion, 1994.

3  
 
Loqueneux R., Histoire de la physique, Paris, PUF, 1987. (Idem)
Loqueneux R., Newton et la relativité, Paris, Editions Sociales, 1986.
Lucrèce, De la nature, Paris, Flammarion, 1964.
Maitte B., La lumière, Paris, Seuil, 1981. (Idem)
McCormack R., Pensées nocturnes d’un physicien classique, Paris, Londreys, 1986.
Meyerson E., Réel et déterminisme dans la physique quantique, Paris, Hermann, 1993.
Noël E. (sous la direction), La matière aujourd'hui, Paris, Seuil, 1981.
Ortoli S. et Pharabod J-P, Le Cantique des quantiques : le monde existe-t-il ?, Paris, La
Découverte, 1998.
Perrin J., Les atomes, Paris, PUF, 1970.
Pétroff Y. Les rayons X, De l’astrophysique à la nanophysique, Paris, Flammarion, 1998.
Planck M., Initiation à la physique, Paris, Flammarion, 1993.
Rival M., Les grandes expériences scientifiques, Paris, Seuil, 1996.
Romer A., La Découverte de l’atome, trad. J. Métadier, Payot, Paris, 1962.
Rolan C., Histoire mondiale des sciences, Paris, Seuil, 1988.
Segré E., Les physiciens classiques et leurs découvertes, Paris, Fayard, 1987.
Selleri F., Le Grand débat de la théorie quantique, Paris, Flammarion, 1986.
Séralini G-E., L'évolution de la matière, Paris, Pocket, 1994.
Valentin L., L'Univers mécanique, Paris, Kaléidoscope, 1995.

C’est sur la base de cette recherche documentaire que mon projet de recherche a été
revu et approfondi. La problématique qui en ressort est la suivante :

4  
 
2. Problème et problématique
2. 1. Problème
La question de cette recherche porte sur la place de l’évolution du concept de matière dans
le passage de la mécanique classique à la mécanique quantique. Il s’agit de voir comment
l’évolution du concept de matière a pu discréditer la mécanique newtonienne et
l’électromagnétisme de Maxwell au point de les ramener au stade de mécanique classique
pour rendre ainsi possible l’avènement inédit et singulier de la mécanique quantique. En
d’autres termes, il est question de voir comment lire le passage de la mécanique
classique à la mécanique quantique à partir de l’évolution du concept de matière.
2.2 Problématique
Au vu de cette question centrale, des interrogations majeures se posent. Car pour lire
le passage de la mécanique classique à la mécanique quantique à partir du concept de matière,
un détour par ce qui caractérise la conception de la matière dans la mécanique classique
s’impose. La mécanique classique est l’ensemble des théories physiques admises jusqu’à la
fin du XIXe siècle. Elle est d’abord caractérisée par la mécanique newtonienne. La mécanique
newtonienne est la première expression d’une conception scientifique de la matière qui a
d’ailleurs exclusivement dominée les XVIIe et XVIIIe siècles. Elle est fondée sur
l’introduction des notions de masse, de force, d’inertie et de gravitation. C’est une théorie
corpusculaire qui explique le mouvement de la matière par l’interaction des masses de matière
qu’on appelle justement gravitation.
Mais il y a un autre type de mouvement qui n’est pas mouvement de la matière, mais
plutôt mouvement dans la matière. Ce nouveau type de mouvement s’observait déjà au XVIIe
siècle dans l’étude de certains phénomènes tels que la lumière. Newton avait assimilé ce
phénomène à un mouvement de la matière en le confinant dans une explication corpusculaire
contrairement à Huygens qui l’appréhendait comme un mouvement dans la matière. Cette
nouvelle approche de Huygens consacrait l’inauguration de l’approche typiquement
ondulatoire du mouvement. Néanmoins, une telle approche ne connut alors aucun succès. Or
si Newton, du fait de son prestige, avait fait triompher la théorie corpusculaire de la lumière
au XVIIe siècle en ombrageant la théorie ondulatoire de Huygens, le XIXe siècle allait plutôt
trancher en faveur d’une théorie ondulatoire de la lumière avec Thomas Young, Augustin
Fresnel et Fizeau. Cette théorie ondulatoire de la lumière fut définitivement admise en
optique. De surcroît, elle allait être renforcée par les découvertes de Faraday et de Maxwell

5  
 
qui unifient l’électricité et le magnétisme et découvrirent que ces phénomènes sont également
des mouvements dans la matière : ce sont des ondes électromagnétiques, tout comme la
lumière. Aussi, les études des phénomènes de lumière, d’électricité et du magnétisme ont-ils
révélé les limites de la théorie corpusculaire : ils se sont émancipés de la mécanique
newtonienne pour se constituer en une nouvelle branche autonome appelée
électromagnétisme. Alors, comment se fait-il que la mécanique newtonienne, fondée sur
les notions de masse, de force, d’inertie et de gravitation, n’est pas parvenue à expliquer
l’ensemble des propriétés de la matière et du mouvement ? Ou alors comment
appréhender l’évolution du concept de matière dans le passage de la mécanique newtonienne
à l’électromagnétisme et comment expliquer ce passage d’une théorie physique à l’autre ?
Cette question, qui est le point d’entrée à la question principale, nous permettra de voir
les limites de la mécanique newtonienne à travers lesquelles se justifie la naissance de
l’électromagnétisme et de voir comment s’est opéré ce passage d’une physique à l’autre. Il
convient de noter que la mécanique newtonienne et l’électromagnétisme étaient les deux
théories physiques qui expliquaient l’ensemble des propriétés de la matière jusqu’au XIXe
siècle : l’une expliquait le mouvement de la matière (théorie corpusculaire) et l’autre
expliquait le mouvement dans la matière (théorie ondulatoire). Notons que ces explications
sont respectivement exclusives. Les deux théories s’excluaient mutuellement à travers la
dichotomie ondes-corpuscules. Bachelard souligne qu’ « Ainsi les deux images corpuscules et
ondes n’arrivent pas vraiment à se rejoindre. Elles ne sont claires que si elles sont isolées.1 »
Or à partir du XXe siècle, d’autres propriétés étranges de la matière ont été découvertes. Elles
se relèvent tantôt des approches ondulatoires, tantôt de celles corpusculaires. De ce fait, de
telles propriétés de la matière ne s’expliquent ni par la théorie corpusculaire de newtonienne
qui exclut toute approche ondulatoire, ni par la théorie ondulatoire de Maxwell qui exclut
toute approche corpusculaire.
D’où la nécessité d’un dépassement de l’approche exclusivement corpusculaire de la
mécanique newtonienne et de celle exclusivement ondulatoire de l’électromagnétisme de
Maxwell. Ces deux théories qu’on pensait naguère achevées, vont alors tomber en disgrâce et
être désignées par le terme de « mécanique classique ». Cela nous conduit à notre deuxième
interrogation : comment expliquer ces phénomènes qui sont tantôt mouvement de la
matière, tantôt mouvement dans la matière ? Ou encore, quels bouleversements, ces

                                                                                                                     
1
G. Bachelard, Le nouvel esprit scientifique, Paris, PUF, 1978, p. 95.

6  
 
nouvelles propriétés de la matière qui s’interprètent tantôt comme ondes, tantôt comme
corpuscules, vont-elles introduire en physique ?
Cette question nous permettra de voir pourquoi la mécanique newtonienne et
l’électromagnétisme ne pouvaient permettre d’expliquer ces nouvelles propriétés de la
matière. Ce sont plutôt deux nouvelles théories physiques qui les remplacent : la théorie de la
relativité et la mécanique quantique. A partir de cet instant, on pourra parler du passage de la
mécanique classique à la mécanique quantique. Il s’agira alors pour nous de nous demander
dans notre troisième interrogation : qu’est-ce qui est en œuvre dans le passage de la
mécanique classique à la mécanique quantique ? Cette troisième question nous permettra
de voir le rôle joué par le concept de matière dans ce passage d’une physique à l’autre.
Au vue d’une telle problématique, l’approche méthodologique adoptée est la suivante :

3. Approche méthodologique
Le concept de matière est au cœur des préoccupations philosophiques,
épistémologiques et scientifiques. Les réflexions épistémologiques sur ce concept le situe à
l’intérieur de la physique qui est toute entière une quête de la matière, son objet d’étude.
Divers auteurs, épistémologues, physiciens, historiens et/ou philosophes des sciences ont fait
de ce concept la préoccupation centrale de leur recherche. Les historiens des sciences mettent
l’accent sur les étapes chronologiques, sans se préoccuper de la question de savoir comment
on passe d’une étape à l’autre et quel sens recouvre ce passage. C’est l’histoire des sciences
des historiens, elle est évènementielle. Tandis que les scientifiques mettent l’accent sur ce
qu’ils font, sans s’interroger sur le sens et la portée de cette activité.
C’est précisément une telle interrogation qui fait la spécificité de l’épistémologie.
Comme le note Yaovi Akakpo, « L’épistémologie a pour objet, non pas le fait scientifique,
mais la science elle-même, ses méthodes, les contextes de son élaboration, ses aventures, ses
idées, ses effets.2 »
En effet, en épistémologie et en histoire et philosophie des sciences, il s’agit non
seulement de voir comment les concepts scientifiques changent de sens dans leur parcours
mais aussi le sens que ce changement instaure. C’est ainsi qu’il y a des auteurs comme Yoav
Ben-Dov qui, dans Invitation à la physique, exposent globalement l’histoire de la physique :
la matière, l’énergie, l’espace, le temps, la gravitation, le champ, la lumière, la mécanique
                                                                                                                     
2
Y. Akakpo, La recherche en philosophie. De l’intuition du thème à la soutenance de la thèse, Paris,
L’Harmattan, 2012, p. 17.

7  
 
newtonienne, la thermodynamique, l’électromagnétisme, la relativité, la mécanique quantique,
etc. Tel est aussi l’approche que l’on retrouve dans l’Histoire de la physique de Robert
Loqueneux, La quête de l’unité. Une aventure de la physique d’Etienne Klein, l’Histoire de la
physique moderne de Michel Biezunski, La lumière de Bernard Maitte. Néanmoins ces
auteurs ne se sont pas spécifiquement intéressés à la question de savoir comment comprendre
le passage de la mécanique classique à la mécanique quantique à partir du concept de matière.
Ils exposent plutôt l’ensemble des théories physiques.
Pour sa part, Koyré, en particulier dans Etudes d’histoire de la pensée scientifique, met
l’accent sur l’étude de la pensée scientifique et le processus de la naissance de la science
moderne ancré dans la jonction de la physique terrestre et de la physique céleste au XVIIe
siècle. Il montre comment on est passé du monde clos et hiérarchisé de la physique antique
grecque et de la pensée médiévale à l’univers infini de la pensée moderne. Koyré insiste sur la
rupture décisive opérée par Galilée : « la transition du « monde de l’à-peu-près à l’ « univers
de précision », l’élaboration de la notion et des techniques de mensuration exacte, la création
des instruments scientifiques qui ont rendu possible le passage de l’expérience qualitative à
l’expérimentation quantitative de la science classique (…) 3» Son intime conviction est que
« l’histoire de cette grande époque doit éclairer les périodes plus récentes (…)4 » En outre,
Koyré met l’accent sur l’apport des idées philosophiques, métaphysiques et religieuses dans
ce processus d’élaboration de la pensée scientifique.
Chez Bachelard également, la réflexion épistémologique ne met pas clairement au
centre des préoccupations le concept de matière. Dans Le nouvel esprit scientifique, son but
est plutôt de mettre en évidence la complexité qui caractérise la physique contemporaine,
domaine où les notions simples cartésiennes viennent à manquer de place. Bachelard
s’intéresse aux conditions psychologiques de la connaissance qu’il appréhende en termes
d’obstacles épistémologiques.
D’autres auteurs mettent exclusivement l’accent sur la mécanique quantique qu’ils
exposent avec brio : Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod dans Le cantique des quantiques,
Etienne Klein dans La physique quantique, Michel Crozon dans L’univers des particules, etc.
Quant aux réflexions de Françoise Balibar, Jean Marc Lévy-Leblond et Roland Lehouq dans
Qu’est-ce que la matière ?, elles mettent l’accent sur le concept de matière, dont elles
cherchent à appréhender les changements et le sens que ces changements instaurent : « L’idée
de matière a connu des changements radicaux au cours des siècles, passant d’une notion
                                                                                                                     
3
A. Koyré, Etude d’histoire de la pensée scientifique, Paris, Gallimard, 1973, p. 14.
4
A. Koyré, op. cit., p. 15.

8  
 
commune vague à un concept élaborée. Un considérable effort fut nécessaire pour penser la
matière, en précisant des termes comme ceux de substance, de forme, de masse, d’atome ou
de vide. 5»
Les auteurs de Qu’est-ce que la matière ? exposent les différentes conceptions de la
matière depuis les présocratiques jusqu’à la physique du XXe siècle. Ils constatent d’entrée de
jeu qu’ « A la lumière de l’évolution du concept de matière nous découvrons que le travail
scientifique se caractérise non seulement par la maitrise d’un appareil technico-
mathématique mais surtout par le fait que « l’essentiel de son activité consiste à se déprendre
de catégories familières, à reformer son appareillage conceptuel pour mieux comprendre le
réel.6 »
Dans leur approche, Françoise Balibar, Jean Marc Lévy-Leblond et Roland Lehouq
analysent et exposent le concept de matière de la physique antique à la physique moderne,
chez Galilée et Newton. Puis ils passent au concept d’onde qu’ils opposent à celui de
corpuscule. Ils exposent également, de façon claire, la matière quantique, la matière relativiste
et enfin la matière en astrophysique, domaine de l’infiniment grand. Mais Françoise Balibar,
Jean Marc Lévy-Leblond et Roland Lehouq ne se sont spécifiquement préoccupés de la
question de savoir comment on est passé de la mécanique classique à la mécanique quantique
à partir du concept de matière.
Le présent travail tient précisément sa singularité du fait qu’il ne porte ni
exclusivement sur le concept de matière, ni exclusivement sur la mécanique classique et
encore moins exclusivement sur la mécanique quantique. Il s’agira plutôt pour nous de lire le
passage de la mécanique classique à la mécanique quantique à partir du concept de matière.
Cela nous conduira à voir comment la conception corpusculaire s’est imposée avec la
mécanique newtonienne dont les limites ont permis l’émergence de la théorie ondulatoire de
la lumière de Huygens avec Young, Fresnel et Fizeau. Nous verrons comment cette théorie
ondulatoire s’est définitivement imposée avec l’électromagnétisme de Maxwell. L’opposition
entre ondes et corpuscules dans les théories newtonienne et maxwellienne sera le maillon
faible de la mécanique du XIXe siècle à partir duquel l’évolution du concept de matière va
nous permettre de lire le passage à la mécanique quantique.
Nous appréhenderons ce passage d’un point de vue chronologique et logique. Car
l’idée de progrès scientifique fait que l’histoire des sciences est nécessairement rétrospective.
C’est ce qui fait dire à Yoav Ben-Dov que « Pour mieux comprendre la physique
                                                                                                                     
5
F. Balibar, J. M. Lévy-Leblond et R. Lehouq, Qu'est-ce que la matière ?, Paris, Le Pommier, 2005.
6
F. Balibar, J. M. Lévy-Leblond et R. Lehouq, op. cit., p. 6.

9  
 
d’aujourd’hui, et peut être celle de demain, il est nécessaire d’aborder ses théories dans une
perspective historique.7 » Pour sa part, Bachelard précise que « L'esprit scientifique...juge son
passé historique en le condamnant. Sa structure est la conscience de ses fautes historiques.»8
Nous nous inspirerons d’une telle démarche qui intègre le chronologique au logique. Mais il
ne s’agira pas pour nous de verser dans un récit évènementiel. Il s’agira plutôt de voir
comment le concept de matière change de sens et de contenu en passant d’une physique à
l’autre et comment il a rendu possible ce passage.
Les hypothèses de recherche qui découlent de la problématique ci-haut évoquée sont les
suivantes :

4. Hypothèses de recherche
Le travail à faire repose sur les hypothèses suivantes :
Hypothèse principale : Le passage de la mécanique classique à la mécanique
quantique se lit à partir du concept de matière compris comme domaine (au stade) de
l’infiniment petit, c’est-à-dire à l’échelle de l’atome où tout s’appréhende dans la dualité
ondes-corpuscules.
Hypothèse spécifique 1. -La théorie corpusculaire fondée sur l’introduction des
notions de masse, de force, d’inertie et de gravité permet d’expliquer le mouvement de la
matière, mais elle ne permet pas de rendre compte du mouvement dans la matière.
Hypothèse spécifique 2. Le mouvement dans la matière et le mouvement de la
matière s’explique par la dualité ondes-corpuscules comprise à la fois dans le sens de
l’irruption de la discontinuité dans le rayonnement continu des ondes et de la continuité
dans le mouvement discontinue des particules.
Hypothèse spécifique 3. Ce qui est en œuvre dans le passage de la mécanique
classique à la mécanique quantique, c’est le processus d’évanouissement de la matière
(c’est l’étude de la matière à l’échelle atomique et subatomique) exclusivement
appréhendé dans le cadre de la physique nucléaire et de celle des particules
élémentaires.

                                                                                                                     
7
Y. Ben-Dov, Invitation à la physique, Paris, Seuil, 1995, p. 7.
8
G. Bachelard, Le nouvel esprit scientifique, Paris, PUF, 1978, p. 177.

10  
 
5. Plan détaillé

Ce travail étant ainsi postulé, la position provisoire de la thèse est réorientée autour de
trois grandes parties que traverse d’un bout à l’autre l’évolution du concept de matière. Ainsi
articulé, ce plan détaillé nous permettra de lire le passage de la mécanique classique à la
mécanique quantique à partir du concept de matière. Il s’agit pour nous de montrer comment
cette évolution du concept de matière a déterminé le passage de la mécanique classique à la
mécanique quantique :

Première partie : La mécanique classique : du mouvement de la matière au mouvement


dans la matière ou de la théorie corpusculaire à la théorie ondulatoire
La mécanique classique est l’ensemble des théories physiques valables jusqu’au XIXe
siècle, en particulier la théorie corpusculaire de Newton et la théorie ondulatoire de Maxwell.
Elle se caractérise par la dichotomie ondes-corpuscules.
Chapitre I : L’explication du mouvement de la matière : La naissance et le triomphe de la
théorie corpusculaire de Newton
Dans ce premier chapitre, nous aborderons la question de la naissance de la science
moderne qui contient la première expression d’une conception scientifique de la matière.
Nous mettrons en exergue la façon dont Newton est parvenu à la grande synthèse de la
mécanique terrestre de Galilée et de celle céleste de Kepler pour expliquer le mouvement de
la matière par une même loi : celle de la théorie de la gravitation universelle. Nous verrons
comment Newton a fondé la mécanique ou science du mouvement en introduisant des
nouveaux concepts tels que ceux de masse et de force qui ont donné lieu à une évolution
considérable dans la conception de la matière. Chez lui, la matière a essentiellement deux
propriétés : l’inertie et la gravité qui ouvre la voie à une théorie corpusculaire de la matière.
Cette théorie corpusculaire a permis d’étudier l’ensemble des propriétés de la matière
appréhendées comme mouvement de la matière aux XVIIe et XVIIIe siècles. Mais au XIXe
siècle, d’autres propriétés de la matière vont apparaître. Ces propriétés échapperont à
l’explication de la mécanique newtonienne et révéleront les limites de la théorie corpusculaire
de la matière. Cela nous conduira à notre deuxième chapitre.

11  
 
Chapitre II : Les limites de la théorie corpusculaire de la matière : du mouvement de la
matière au mouvement dans la matière, vers la naissance et le triomphe de la théorie
ondulatoire de l’électromagnétisme de Maxwell
L’étude de la lumière est appréhendée par Descartes et surtout Newton comme étant un
mouvement de la matière. Mais pour Huygens, il s’agissait plutôt d’un mouvement dans la
matière, c’est-à-dire d’un phénomène typiquement ondulatoire. En dépit de toutes les
objections, comme le remarque justement Etienne Klein, Huygens a « …longtemps gardé le
dernier mot : c’est une onde « à la ressemblance de celles que l’on voit se former dans l’eau
quand on y jette une pierre.9 » Sa théorie ondulatoire n’a pas pu s’imposer dans le contexte
des XVIIe et XVIIIe siècles marqués par l’hégémonie de la théorie corpusculaire. Mais au
XIXe siècle la théorie de Huygens a été réintroduite par Thomas Young qui relança la
polémique sur la véritable nature de la lumière : est-elle un mouvement de la matière comme
le soutenait avec éclats Newton ou un mouvement dans la matière comme le défendait sans
succès Huygens ? Des « expériences cruciales » faites par Fresnel et Fizeau indépendamment
l’un de l’autre, ont permis de trancher en faveur de la nature ondulatoire de la lumière à partir
de 1849. Ce fut le premier grand revers pour la théorie corpusculaire, au grand dam des
savants du XIXe siècle majoritairement newtoniens.
Le second échec de la théorie corpusculaire est venu de l’électricité et du magnétisme.
Les tentatives pour étudier ces phénomènes en termes de mécanique newtonienne ont échoué.
Car comme l’écrit Michel Biezunski, « L’électricité est mouvement, certes, mais ce n’est plus
là son trait dominant, c’est en terme de zone d’influence, de champ donc pour utiliser le
terme aujourd’hui consacré, qu’elle peut le mieux être décrite.10» C’est justement en
interprétant l’électricité en termes de zone d’influence que Faraday a pu renouveler la façon
de poser le problème : il le détache du cadre newtonien. Ce faisant, il introduit le concept de
champ qui sera central dans l’étude des propriétés de la matière.
Cependant, c’est à Maxwell que reviendra le mérite d’avoir unifié électricité et
magnétisme avec ses recherches qui culminent dans ce qu’on appelle les « équations de
Maxwell » où il formule l’expression mathématique des liens entre électricité et magnétisme.
Mais comme le note Bernard Maitte, pour y parvenir, Maxwell s’est également détacher du
cadre newtonien : « Il libère son esprit de la réduction qu’imposent les modèles, il rompt avec

                                                                                                                     
9
E. Klein et M. Lachièze-Rey, La quête de l’unité. L’aventure de la physique moderne, Paris, Albin Michel,
1996, p. 86.
10
M. Biezunski, Histoire de la physique moderne, Paris, La Découverte, 1993, p. 55-56.

12  
 
la tradition de vouloir décrire le monde en termes de mécanique. 11» Mais Maxwell ne se
limita pas à l’unification de l’électricité et du magnétisme. En partant de certaines
caractéristiques communes entre les ondes électromagnétiques et les ondes lumineuses, il
affirme « … qu’il nous est difficile de ne pas conclure que la lumière est constituée par des
ondes transversales traversant le même milieu qui produit les phénomènes électriques et
magnétiques.12 » Aussi, Maxwell rattacha-t-il toute l’optique qui étudie la lumière à sa
synthèse des phénomènes électriques et magnétiques. Comme le soutient Michel Biezunski,
« lumière, électricité et magnétisme se fondirent en une seule entité physique, le champ
électromagnétique, qui s’enrichit bientôt, des ondes radio, avec Hertz, puis de la radioactivité
gamma et des rayons X. 13» C’est sur ce processus de passage de la théorie corpusculaire à la
théorie ondulatoire que va s’appesantir le présent chapitre. Il vise à montrer comment des
nouvelles propriétés de la matière ont permis de relever les limites de la théorie corpusculaire.
Ce chapitre nous permettra de mettre en exergue la spécificité des ondes qui nous font passer
du mouvement de la matière au mouvement dans la matière :
(…) c’est donc le mouvement d’un état de la matière et non celui de la matière elle-même (…) elles
communiquent leur mouvement aux particules voisines ; de proche en proche, le mouvement vibratoire se
transmet, du centre d’ébranlement à la périphérie. L’onde est donc de l’énergie qui se propage par
l’intermédiaire de la matière. 14

La physique du XIXe siècle est donc fondée sur deux concepts centraux : ondes et
corpuscules. Or, ces deux concepts n’ont pas fait bon ménage dans la physique de cette
période : ils ont coexisté dans une dichotomie irréductible. Cette relation conflictuelle nous
conduit au troisième chapitre de notre travail.

Chapitre III : La dichotomie ondes-corpuscules : les deux pôles contradictoires de la


mécanique classique
Le concept de corpuscule est au cœur de la mécanique newtonienne. C’est une
idéalité mathématique issue de l’observation de certains objets concrets tels que les cailloux.
C’est sur ce concept qu’est fondée l’explication de l’ensemble des mouvements de la matière
en mécanique newtonienne. Quant aux ondes, elles sont des mouvements dans la matière qui
s’observent dans les phénomènes de la lumière, de l’électricité, du magnétisme, etc.
qu’étudient l’électromagnétisme de Maxwell. La rupture entre les deux concepts est donc

                                                                                                                     
11
B. Maitte, La lumière, Paris, Seuil, 1981, p. 256.
12
B. Maitte, op. cit., p. 261.
13
M. Biezunski, op. cit., p. 56.
14
B. Maitte, op. cit., p. 153.

13  
 
décisive et détermine la ligne de démarcation infranchissable entre mécanique newtonienne et
électromagnétisme.
Dès lors, la dichotomie ou l’opposition entre ondes et corpuscules paraissait
indépassable en mécanique classique. La mécanique newtonienne explique exclusivement le
mouvement de la matière en se fondant sur le concept de corpuscule, tandis que
l’électromagnétisme explique exclusivement le mouvement dans la matière en utilisant le
concept d’onde. Or c’est justement de l’irréductibilité de l’opposition entre les deux concepts
que naîtra la difficulté insurmontable dans le cadre de la mécanique classique. Le présent
chapitre nous permettra de mettre en relief une telle opposition entre les deux théories qui
détermine d’ailleurs le dépassement de cette mécanique dans le cadre des théories quantiques.
C’est ce que remarque, à juste titre, Sven Ortoli :
Bien assise sur cette dichotomie, la physique dite « classique » (par opposition à ce qui deviendra la
physique « quantique ») fonctionnait à la satisfaction générale, à quelque rares détails près. Or, c’est
justement un de ces détails qui allait provoquer la première fissure dans le bel édifice de la physique
traditionnelle.15

Ces détails, ainsi que leur conséquence, qui est la naissance de la mécanique
quantique fondée sur la dualité ondes-corpuscules, feront l’objet de la deuxième partie de
notre thèse.
Deuxième partie : La mécanique quantique : la dualité ondes-corpuscules
La dualité ondes-corpuscules est le résultat de l’introduction de la discontinuité dans le
rayonnement continu des ondes électromagnétiques des grains d’énergie de Planck, aux grains
de lumière d’Einstein et aux orbites discrètes de Bohr. C’est Louis de Broglie qui a parlé de
cette dualité pour la première fois en 1923. Schrödinger fonde la mécanique ondulatoire sur la
base des travaux de de Broglie, tandis que Heisenberg part des orbites discrètes de Bohr et
fonde la mécanique matricielle. La synthèse de ces deux mécaniques a donné naissance à la
mécanique quantique en 1927.
Cette deuxième partie aborde donc la question de l’apparition de faits nouveaux non
explicables dans le cadre de la dichotomie ondes-corpuscules. Ce sont « les deux points noirs
de la physique » qui contrastent avec le sentiment quasiment unanime d’achèvement de la
physique à la fin du XIXe siècle. Ces problèmes sont relatifs à l’invariance de la vitesse de la
lumière et au problème du corps noir. C’est le problème du corps noir qui intéresse notre
travaille. Ce problème conduira Max Planck à introduire l’hypothèse de la discrétion ou de la
discontinuité dans la continuité qui caractérise le rayonnement des ondes électromagnétiques :
                                                                                                                     
15
S. Ortoli et J-P. Pharabod, Le Cantique des quantiques. Le monde existe-t-il ?, Paris, La Découverte, 1984, p.
23.

14  
 
les fameux quanta ou grains d’énergies. Cette hypothèse fera tâche d’huile chez Einstein et
Bohr. Cette partie a pour objectif d’analyser un tel processus qui a conduit à la dualité ondes-
corpuscules et à la naissance de la mécanique quantique :

Chapitre I : L’introduction de la discontinuité dans le rayonnement continu des ondes


électromagnétiques : des grains d’énergie de Planck aux grains de lumière d’Einstein et aux
orbites discrètes de Bohr
Ce premier chapitre de la deuxième partie de notre thèse nous permettra de mettre en
relief le problème de l’hypothèse des quanta ou grains d’énergie émise par Planck pour
résoudre la contradiction entre la théorie du rayonnement de l’électromagnétisme et les
résultats de l’expérience. Cette contradiction est liée à la dichotomie ondes-corpuscules. En
effet, l’irruption de la discontinuité dans le rayonnement continu des ondes signifie qu’il
existe également des corpuscules pour la lumière dont aucun physicien ne doutait de la nature
exclusivement ondulatoire depuis le XIXe siècle. Alors, la question qui tourmentait les
physiciens du début du XXe siècle était de savoir comment la lumière pouvait être onde et
corpuscule à la fois ?
Mais Planck, lui-même, n’était pas du tout conscient de la portée décisive de sa
découverte. Il tentait plutôt d’éliminer la contradiction (l’hypothèse de la discontinuité dans
la continuité des ondes) pour conserver le résultat conforme à l’expérience. C’est Einstein qui
a pu mettre en évidence ces contradictions, en tirant toutes ses conséquences. Il généralisa
l’hypothèse des grains d’énergie de Planck à la lumière dans l’étude du phénomène appelé
« effet photo-électrique ». Einstein parlait alors de grains de lumière dont l’interprétation, tout
comme celle des grains d’énergie, n’était possible que si on admettait l’existence de
corpuscules pour la lumière et le rayonnement. Mais comme le remarque justement Bernard
Maitte :
Il y a une différence essentielle entre les articles de Planck et d’Einstein : chez le premier, le concept de
quantum d’énergie apparaît comme un artifice permettant de surmonter les difficultés de calcul ; chez le
second, ce même concept engage à rechercher une nouvelle théorie de la structure de la lumière (…)
Einstein décide de franchir le pas et d’adopter la position paradoxale selon laquelle la lumière est formée
de particules (…) il s’applique à démontrer que l’effet photo-électrique trouve une interprétation
rationnelle dès que l’on admet dans la lumière l’existence de particules ayant une énergie égale au
quantum.16

Cette hypothèse d’Einstein a été prouvée par Robert Millikan en 1916 et par Arthur
Compton en 1923. Mais L’introduction de la discontinuité dans la continuité des ondes ne
s’est pas limitée à l’énergie et à la lumière. Elle a pu affecter le domaine de l’atome avec
                                                                                                                     
16
B. Maitte, op. cit., p. 285-286.

15  
 
Niels Bohr. Celui-ci est parti du modèle atomique de Rutherford dont il tentait d’éliminer les
contradictions. « Pour cela, écrivent Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod, il introduit à son
tour la discontinuité au sein même de l’atome.17 » Ainsi, on se rend compte que des
phénomènes typiquement ondulatoires tels que le rayonnement de la chaleur, la lumière et
l’émission de lumière par les atomes ne peuvent être interprétés que dans un cadre
corpusculaire.
En conséquence, cette introduction de la discontinuité dans le rayonnement continu
des ondes électromagnétiques, de Planck à Bohr, en passant par Einstein, impose la nécessité
de dépasser la dichotomie ondes-corpuscules pour une dualité ondes-corpuscules. C’est dans
ce cadre que s’inscrivent la mécanique ondulatoire de Louis de Broglie et de Schrödinger et la
mécanique des matrices de Heisenberg. Ces théories consacrent le dépassement de la
dichotomie ondes-corpuscules et la naissance de la mécanique quantique. C’est à cette
évolution décisive que sera consacré le deuxième chapitre de cette deuxième partie.

Chapitre II : De la mécanique ondulatoire de de Broglie et de Schrödinger à la mécanique


des matrices de Heisenberg : le dépassement de la dichotomie ondes-corpuscules et la
naissance de la mécanique quantique
Le présent chapitre porte sur les conséquences des ruptures qu’impose l’introduction
de la discontinuité par Planck, Einstein et Bohr. Dans cette optique, pour rendre
rationnellement compte du modèle atomique de Bohr, de Broglie suppose un comportement
ondulatoire pour tout corpuscule par symétrie au comportement corpusculaire des ondes
lumineuses démontré par Einstein. Pour autant paradoxale qu’elle paraissait, cette idée a été
expérimentalement démontrée. Comme le précise Michel Rival :
Au moment de la publication de la théorie de De Broglie, il n’existait aucune preuve de la nature
ondulatoire des particules. Celle-ci allait être donnée en 1927 par les physiciens américains Clinton
Davisson et Lester Germer, qui ignoraient alors tout de la théorie de De Broglie et qui cherchaient
seulement à étudier la dispersion d’électrons lents par des surfaces métalliques lisses.18

Ainsi donc, d’une part, la nature corpusculaire de la lumière ne faisait plus aucun
doute et d’autre part, la nature ondulatoire de corpuscules tels que l’électron s’était
définitivement imposée. Mais si depuis Planck, Einstein et Bohr la mécanique classique ne
parvenait plus à rendre compte de certaines propriétés de la matière, il restait à formuler la
théorie générale qui puisse rendre compte de ces propriétés. C’est un tel objectif que se sont
fixé Schrödinger et Heisenberg. Pour ce faire, Schrödinger part de l’onde d’atome de de
                                                                                                                     
17
S. Ortoli et J-P. Pharabod, op. cit., p. 29.
18
M. Rival, Les grandes expériences scientifiques, Paris, Seuil, 1996, p. 159.

16  
 
Broglie, tandis que Heisenberg part des orbites discrètes de Bohr : « Ainsi, comme l’écrit
Robert Locqueneux, en quelques années, deux mécaniques sont élaborées de manière
indépendante : la mécanique ondulatoire résulte des travaux de de Broglie et de Schrödinger,
la mécanique quantique, des travaux de Bohr, Heisenberg et Dirac.19 » La synthèse de ces
deux théories consacre la naissance de la mécanique quantique dans le dépassement de la
dichotomie ondes-corpuscules. Cette nouvelle théorie est fondée sur des principes qui la
distinguent radicalement de la mécanique classique. Le troisième chapitre de cette deuxième
partie sera consacré à l’analyse de ces principes.

Chapitre III : Analyse des principes de la mécanique quantique : Le principe de


complémentarité de Bohr, le principe d’incertitude de Heisenberg et la fonction d’onde de
Schrödinger
Le présent chapitre porte sur les principes qui font la spécificité de la mécanique
quantique, du moins un certain nombre d’entre eux, tels que le principe de complémentarité
de Bohr, le principe d’incertitude de Heisenberg et la fonction d’onde de Schrödinger. Ils
peuvent être considérés comme étant les piliers de la mécanique quantique, comme le
soutiennent Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod : « Les piliers sur lesquels repose cette
nouvelle physique sont : les matrices et le principe d’incertitude Heisenberg, l’onde de De
Broglie et celle de Schrödinger, le principe de correspondance et le principe de
complémentarité de Bohr.20 » Nous monterons comment ces principes fondent une nouvelle
conception de la matière diamétralement opposée à celle de la mécanique classique. Cette
nouvelle conception de la matière fera justement l’objet de la troisième partie de notre thèse.

Troisième partie : La matière quantique comme domaine de l’infiniment petit


Cette troisième partie de notre travail porte sur la matière quantique qui se définit
comme domaine de l’infiniment petit, c’est-à-dire de l’atome et de ses constituants. La
physique nucléaire et celle des particules élémentaires sont des résultats éclatants de cette
approche quantique de l’infiniment petit.
C’est une partie très décisive, car elle est une réponse à l’hypothèse de recherche,
c’est-à-dire la réponse provisoire qui est la position provisoire de notre thèse. Rappelons que
cette hypothèse principale est la suivante : le passage de la mécanique classique à la
mécanique quantique se lit à partir du concept de matière compris comme domaine de
                                                                                                                     
19
R. Locqueneux, Histoire de la physique, Paris, PUF, 1987, p. 109.
20
S. Ortoli et J-P. Pharabod, op. cit., p. 40.

17  
 
l’infiniment petit, c’est-à-dire à l’échelle de l’atome où tout s’appréhende dans la dualité
ondes-corpuscules. Ici, il s’agira de trouver les fondements scientifiques de cette hypothèse.
Pour ce faire, nous allons montrer comment la mécanique classique devient inefficace,
inopérante aux portes de l’atome. D’où l’obligation d’utiliser la mécanique quantique pour
appréhender les propriétés de la matière à l’échelle atomique. Nous verrons que cette nouvelle
théorie rompt avec le sens commun, la réalité quotidienne et les concepts auxquels nous a
habitué la mécanique classique. Comme le remarque justement Etienne Klein :
Refusant de prendre modèle sur la réalité telle qu’on la voit, elle fait son miel d’entités abstraites, mettant
du même coup en faillite les concepts familiers. Des notions apparemment indiscutables viennent à
manquer de sens aux portes de l’atome, contraignant le sens commun au dépôt de bilan ; des
idées évidentes au point de sembler refléter la pure logique se révèlent (…) sans grande portée théorique.
Décidément, nous voilà bien (…)21

C’est donc lorsque les physiciens sont « descendus » à l’échelle atomique et


subatomique que l’on passe nécessairement de la mécanique classique à la mécanique
quantique que Gaston Bachelard appelle à juste titre « la physique de l’infiniment petit ». La
mécanique quantique regorge de difficultés théoriques et autres paradoxes aux conséquences
incroyables liés à la nouvelle conception de la matière. Ce sont notamment la réduction du
paquet d’ondes, le chat de Schrödinger, le problème de mesure quantique qui pose la question
de l’existence objective de la matière, le formalisme extrêmement compliqué et surtout le
problème du manque de fondements conceptuels. C’est l’ensemble de ces questions et leurs
conséquences que nous voulons appréhender en trois chapitres.

Chapitre I : La matière quantique et la réduction du paquet d’ondes ou le problème de


mesure quantique : la question de l’existence objective de la matière
Ce chapitre nous permettra de voir la spécificité de la matière quantique, c’est-à-dire
ce qui la distingue de la matière classique. Cet aspect nous permettra également de lire le
passage de la mécanique classique à la mécanique quantique. Ces caractéristiques spéciales de
la matière quantique sont liées au problème de l’évanouissement de la matière. Nous verrons
que, contrairement à la matière classique, la matière quantique ne peut plus être considérée
comme une « chose en soi ». Par exemple, un arbre existe avec toutes ses propriétés
indépendamment de toute observation. Tel est aussi le cas des objets de la mécanique
classique (la mécanique newtonienne et l’électromagnétisme de Maxwell). Mais avec la
mécanique quantique, Etienne Klein nous met en garde :

                                                                                                                     
21
E. Klein, La physique quantique, Paris, Flammarion, 1996, p. 12-13.

18  
 
Les objets quantiques, eux, ne peuvent plus être considérés de la sorte. Ils ne sont pas des objets en soi
puisque leurs propriétés ne peuvent plus être définies antérieurement à l’observation. Cette dernière se
voit ainsi dotée d’un statut et d’un rôle qu’on ne lui connaissait pas en physique classique. Désormais, le
fait d’élaborer des énoncés sur les « particules elles-mêmes », en dehors de tout contexte expérimental,
devient affaire délicate. 22

En effet, seule une mesure permet de déterminer les propriétés d’une particule avec la
réduction du paquet d’ondes. Cela pose le problème de l’existence objective de la matière.
D’ailleurs, nous verrons avec Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod que la mécanique quantique
va jusqu’à remettre en cause l’existence objective de l’espace et du temps. Ces remises en
cause ne sont que des conséquences de la réduction du paquet d’ondes et du problème de
mesure quantique. Ce sont ces problèmes de remise en cause de la réalité extérieure qui vont
conduire Einstein à émettre des réserves vis-à-vis de la mécanique quantique dont il était
pourtant l’un des pères fondateurs. Ces objections et bien d’autres difficultés de la mécanique
quantique feront l’objet de notre deuxième chapitre.

Chapitre II : Des difficultés théoriques au problème des fondements conceptuels de la


mécanique quantique et aux objections d’Einstein (EPR) sur le problème de l’existence
objective de la matière
La mécanique quantique est une théorie opératoire, c’est-à-dire que ses prédictions
sont tout à fait conformes à l’expérience. Mais il lui manque des fondements conceptuels. En
outre, certains de ses principes, tels que le principe d’incertitude et le problème de l’existence
objectif de la matière qu’elle pose, dépassent les cadres de la physique classiques. Rien
d’étonnant, si donc les principes de la mécanique quantique ont divisé les physiciens en deux
camps qui allaient s’affronter à la cinquième conférence de physique de l’Institut de Solvay,
en 1927. En particulier, Einstein qui fut pourtant l’un des principaux fondateurs de la
mécanique quantique, voyait en elle une description incomplète de la réalité. Il rejette le
principe d’une mesure qui détermine l’objet et s’élève aussi contre l’introduction du hasard
dans la science. C’est dans ce sens qu’il faut comprendre sa mise en garde à l’égard de Bohr
lorsqu’il lui disait que Dieu ne joue pas aux dés. Einstein utilisait le mot Dieu au sens de la
nature et voulait simplement dire que ce jeu de hasard, qu’illustrent les dés, est étranger à
l’étude des phénomènes de la nature. Peu de temps avant sa mort, il écrivait à Louis de

                                                                                                                     
22
E. klein, op. cit., p. 58.

19  
 
Broglie : « Je dois ressembler à une autruche qui sans cesse cache sa tête dans le sable pour
ne pas faire face aux méchants quanta.23 »
Mais l’histoire a donné tort au père de la relativité. Car non seulement l’expérience
d’Alain Aspect (conduite en 1982) a infirmé les hypothèses d’Einstein mais aussi la
mécanique quantique a connu des succès éclatants dans l’étude de l’infiniment petit.
L’élucidation de cette victoire de la mécanique quantique fera l’objet de notre dernier
chapitre.

Chapitre III : Le triomphe de l’approche quantique de l’infiniment petit : de la physique


nucléaire à la physique des particules élémentaires
Dans ce dernier chapitre de la thèse, nous voudrions montrer comment la mécanique
quantique s’est imposée par ses résultats probants, comme étant la physique de l’infiniment
petit. De l’exploration de l’atome dont elle détient exclusivement les clés, la mécanique est
passée à l’échelle subatomique. Puis, elle s’est lancée dans la quête des particules dites
élémentaires dont on se demandait si elles étaient vraiment élémentaires, tant on découvrait
progressivement d’autres éléments constitutifs de ces particules. Comme le note si bien
Michel Crozon :
Elémentaires (…) mais pas si simples à décrire. En dépit de leur indéniable matérialité, elles ont une
façon bien à elles de se manifester (…) la mécanique quantique a permis d’en donner une représentation
mieux adaptée que la bonne vieille mécanique classique, celle qui traitait d’orbites et de trajectoire, de
planètes et de boulets de canon.24

Cette nouvelle méthode est à vrai dire aux antipodes de celles que connaissaient les
physiciens. Il ne s’agit plus de voir pour croire comme Saint Thomas et comme le voulaient
les physiciens jusqu’au début XXe siècle. Il s’agit plutôt de croire sans avoir vu, dit Michel
Crozon qui cite un passage de la bible, Jean 20, 29 : « Mais que veut dire voir une particule ?
Comment voir des objets tellement petits qu’ils échappent à la lumière visible ? La réponse,
paradoxale, est venue de la mécanique quantique : seules des particules peuvent éclairer
d’autres particules. 25»
A l’évidence, l’efficacité opératoire de la mécanique quantique est incontestable, de la
physique des particules à l’astrophysique en passant par l’électronique, la physique atomique,
comme le relève Etienne Klein. Nous verrons avec la physique nucléaire, comment la bombe
atomique est « (…) « une invention quantique », tant par sa base théorique que par la
                                                                                                                     
23
E. klein, op. cit., p. 66.
24
M. Crozon, L'univers des particules, Paris, Seuil, 1999, p. 25.
25
M. Crozon, op. cit., p. 57.

20  
 
personnalité de ses inventeurs.26 » Toutes les étapes de ce processus ont été réalisées dans le
cadre de la mécanique quantique : de la découverte du proton en 1920, à celle de la fission
nucléaire par Otto Hahn, Lise Meitner et Fritz Strassmann en 1938, en passant par les
découvertes du neutron en 1932 par James Chadwick et de la radioactivité par Irène Curie et
Frédéric Joliot-Curie en 1934. En parlant de la fission nucléaire, il convient de préciser que
cette découverte est le dernier jalon sur la piste menant à l’énergie nucléaire. Comme le note
Michel Biezunski :
Les forces agissant au sein d’un noyau d’uranium entre les protons font qu’ils se repoussent parce qu’ils
sont tous positifs. Le fait qu’un noyau d’uranium contienne 92 protons augmente cette force, la rendant
presque équivalente aux forces nucléaires à courte portée qui assurent la cohésion de l’atome. Il suffit
donc d’un apport d’énergie relativement faible pour « casser » le noyau en deux morceaux. Cette
« fission » s’accompagne de la libération d’une énergie considérable, dans une explosion spectaculaire.
Conscients de l’extrême importance de cette découverte, Meitner et Frisch la communiquèrent à Niels
Bohr qui se préparait à partir aux Etats-Unis pour un bref séjour.27

En outre la première réaction en chaîne contrôlée a été produite en 1942 sous la


direction d’Enrico Fermi. Sven Ortoli et Jean-Pierre Pharabod relèvent que « la conception et
la mise au point de la bombe ont été, pour l’essentiel, le fait de génies de l’abstraction : Niels
Bohr, Enrico Fermi (…) D’autres avaient été écarté par l’âge (Max Planck) (…) Finalement,
de tous les grands théoriciens, seul l’autrichien Wolfgang Pauli (…) a refusé sciemment toute
participation. 28»
Dans ce domaine du nucléaire tout comme dans celui de l’électronique, la mécanique
quantique a bouleversé le monde. Elle a consacré une alliance solide entre le savant et le
politique. C’est cette relation nouvelle entre le savoir et le pouvoir politique que Jean Jacques
Salomon appelle technonature. A ce propos, Yaovi Akakpo souligne que :
Le rôle majeur, joué par les ordinateurs dans la recherche balistique à des fins militaires, a donné à des
scientifiques mobilisés une position éminemment politique. Au point qu’il est difficile de dire qui du
scientifique ou du militaire ou du politique joue le rôle de premier plan dans la décision et la stratégie de
guerre. Ce qui fut appelé aux USA « the matter of Robert J. Oppenheimer » est un autre exemple plus
expressif de cette confusion de rôle et de responsabilité entre le scientifique et le politique.29

En bref, il s’agira pour nous dans ce chapitre de montrer comment le domaine de


l’infiniment petit est par définition celui de la mécanique quantique. Pour ce faire, nous nous
appesantirons sur les succès éclatants dans le domaine de la physique nucléaire. En physique
des particules élémentaires, la traque des particules continue encore aujourd’hui. La dernière
particule détectée est le boson de Higgs ce mercredi 4 juillet 2012. C’est elle qui permet

                                                                                                                     
26
S. Ortoli et J-P. Pharabod, op. cit., p. 120.
27
M. Biezunski, Histoire de la physique moderne, Paris, La Découverte, 1993, p. 146-147.
28
S. Ortoli et J-P. Pharabod, op. cit. p. 122.
29
Y. Akakpo, L’horizon des sciences en Afrique, Bern, Peter Lang, 2009, p. 111.

21  
 
d’expliquer le fait que certaines particules ont une masse et que d’autres n’en ont pas. Les
physiciens étaient à sa recherche depuis vers 1970. La mécanique quantique est entrain de
réussir là où la mécanique classique a échoué.
Mais le véritable défi auquel font face les physiciens à l’heure actuelle est celui de
l’unification de cette physique de l’infiniment petit et de celle de l’infiniment grand qui est la
théorie de la relativité d’Einstein. On se demande si on n’est pas dans une situation analogue à
celle du XVIIe siècle où il y avait la physique terrestre de Galilée d’une part et la physique
céleste de Kepler d’autre part. Newton, dans sa vaste synthèse a pu unifier ces deux physiques
dans une conception unitaire de la matière qu’explique la loi de la gravitation universelle.
Aujourd’hui encore, les physiciens travaillent pour parvenir à un pareil résultat en unifiant
mécanique quantique et théorie de la relativité. Peut-être qu’un autre génie de la trame de
Newton y parviendrait un jour.
Ce plan détaillé de notre travail, qui est aussi le plan de rédaction issu des recherches
documentaires, peut être résumé comme suit :

Première partie : La mécanique classique : du mouvement de la matière au mouvement


dans la matière ou de la théorie corpusculaire à la théorie ondulatoire
Chapitre I : Le mouvement de la matière : La naissance et le triomphe de la théorie
corpusculaire de Newton
1.1.1. La matière d’Aristote à Galilée, entre dettes et mérites : de la physique qualitative
à la physique mathématique
1.1.2. La naissance de la théorie corpusculaire de la matière : la synthèse newtonienne de
la science moderne
1.1.3. Le triomphe et l’hégémonie de la théorie corpusculaire de la matière

Chapitre II : Les limites de la théorie corpusculaire de la matière : du mouvement de la


matière au mouvement dans la matière, vers la naissance et le triomphe de la théorie
ondulatoire de l’électromagnétisme de Maxwell
1.2.1. Les polémiques sur la nature de la lumière : mouvement de la matière ou
mouvement dans la matière?
1.2.1. De la lumière à l’électricité et au magnétisme ou les limites de la théorie
corpusculaire : du mouvement de la matière au mouvement dans la matière ou la
naissance de l’électromagnétisme
1.2.3. Le triomphe de la théorie ondulatoire

22  
 
Chapitre III : La dichotomie ondes-corpuscules : les deux pôles contradictoires de la
mécanique classique
1.3.1. Spécificité et fondements théoriques du concept de corpuscule
1.3.2. Spécificité et fondements théorique du concept d’onde
1.3.3. La dichotomie irréductible : ondes ou corpuscules?

Deuxième partie : De la dichotomie ondes-corpuscules à la dualité : genèse de la


mécanique quantique
Chapitre I : L’irruption de la discontinuité dans le rayonnement continu des ondes
électromagnétiques : des grains d’énergie de Planck aux grains de lumière d’Einstein et aux
orbites discrètes de Bohr
2.1.1. Le problème du corps noir et l’hypothèse des grains d’énergie de Max Planck : le
drame de l’identité des contraires.
2.1.2. L’effet photo-électrique et l’hypothèse des grains de lumière d’Albert Einstein :
l’existence de corpuscules pour les ondes lumineuses
2.1.3. Les orbites discrètes de Niels Bohr et la généralisation de l’hypothèse des quanta
lumineux
Chapitre II : Des ondes de matière de de Broglie à la mécanique ondulatoire de
Schrödinger et à la mécanique des matrices de Heisenberg : le dépassement de la dichotomie
ondes-corpuscules et la naissance de la mécanique quantique
2.2.1. L’onde de matière de de Broglie et la dualité ondes-corpuscules : du
comportement corpusculaire des ondes au comportement ondulatoire des corpuscules
2.2.2. Des ondes de matière de de Broglie à la mécanique ondulatoire de
Schrödinger
2.2.3. De la mécanique ondulatoire de Schrödinger à la mécanique matricielle de
Heisenberg : la naissance de la mécanique quantique
Chapitre III : Analyse des principes de la mécanique quantique : Le principe de
complémentarité de Bohr, le principe d’incertitude de Heisenberg et la fonction d’onde de
Schrödinger
2.3.1. Les principes de correspondance et de complémentarité de Niels Bohr
2.3.2. La fonction d’ondes de Schrödinger
2.3.3. Le principe d’incertitude ou d’indétermination de Heisenberg
Troisième partie : La matière à l’échelle atomique et subatomique comme domaine
exclusif de la mécanique quantique

23  
 
Chapitre I : Le problème d’interprétation de la mécanique quantique : la réduction du paquet
d’ondes ou le problème de mesure quantique
3.1.1. Le chat de Schrödinger et la réduction du paquet d’ondes ou le problème de
mesure quantique
3.1.2. Spécificité de la matière quantique : l’existence objective de la matière mise en
question
3.1.3. De la négation de l’existence objective de la matière à la négation de l’existence
objective de l’espace et du temps et à celle du monde extérieur : le problème de
l’interprétation en mécanique quantique

Chapitre II : Des difficultés théoriques au problème des fondements conceptuels de la


mécanique quantique et aux objections d’Einstein (EPR) sur le problème de l’existence
objective de la matière
3.2.1. Les paradoxes de la nouvelle conception de la matière : la mécanique quantique
entre physique et métaphysique
3.2.2. Des difficultés théoriques aux problèmes des fondements conceptuelles de la
mécanique quantique
3.2.3. Les objections EPR (Einstein, Podolsky et Rosen) contre la nouvelle conception de
la matière
Chapitre III : Le triomphe de l’approche quantique de l’infiniment petit : de la physique
nucléaire à la physique des particules élémentaires
3.3.1. La physique nucléaire comme stade d’appréhension de la matière comprise
comme domaine de l’infiniment petit à l’échelle atomique dans le passage de la
mécanique classique à la mécanique quantique
3.3.2. La physique des particules élémentaires comme ultime stade d’appréhension de la
matière comprise comme domaine de l’infiniment petit à l’échelle atomique dans le
passage de la mécanique classique à la mécanique quantique
3.3.3. La matière aujourd’hui : vers des nouvelles perspectives ?

24  
 
6. La recherche au stade actuel

Au mois de juin passé mon Directeur de thèse, après avoir demande l’état d’avancement de
mes recherches, m’a donné le feu vert pour commencer la deuxième phase de la recherche qui
est celle de la rédaction. Pour mener à bien cette rédaction, j’ai parachevé la révision critique
de mes notes de lectures et leur classement durant ce mois de juillet. Au stade actuel, je viens
d’entamer la rédaction de la première partie que je compte boucler en fin octobre, puis je
consacrerais les mois de novembre et décembre pour la rédaction de la deuxième partie et
ceux de janvier et février pour la rédaction de la troisième partie.

J’ai présenté l’état d’avancement de ces travaux à un atelier d’encadrement organisé par notre
Laboratoire ( le Laboratoire d’Histoire, de Philosophie et de Sociologie des Sciences et
Technologie) à l’attention des étudiants du Master et des Doctorants du 03 au 04 juin au CIC
de l’Université de Lomé. Cet atelier a été dirigé par le Professeur Yaovi AKAKPO, son
Assistant Mr Akué et un missionnaire venu spécialement de l’Université de Brazaville, le
Professeur Charles Bowao.

25  
 

Vous aimerez peut-être aussi