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Sommaire

Maturité suisse - Physique DF ................................................................................ A

Electrostatique .......................................................................................................... 1

1. Notions élémentaires concernant les atomes ...................................................................................1


2. Electrisation .........................................................................................................................................2
3. La loi de Coulomb................................................................................................................................7
4. Le champ électrique .............................................................................................................................8
5. Tension et potentiel électrique..........................................................................................................11
6. Mouvement d'une particule chargée dans un champ uniforme......................................................14
Exercices : Electrostatique....................................................................................................................16
Document : La foudre .............................................................................................................................18

Electrocinétique ...................................................................................................... 20

1. Courant électrique .............................................................................................................................20


2. Loi d'Ohm ...........................................................................................................................................23
3. Facteurs dont dépend la résistance électrique................................................................................23
4. Transformations d'énergie dans un circuit électrique .....................................................................26
5. Loi de Joule........................................................................................................................................27
6. Générateurs électriques ....................................................................................................................29
7. Ampèremètre et voltmètre ................................................................................................................30
Exercices : Electrocinétique ..................................................................................................................31
Document : L'électrocution .....................................................................................................................34

Electromagnétisme................................................................................................. 37

1. Objets possédant des propriétés magnétiques ...............................................................................37


2. Propriétés magnétiques ....................................................................................................................38
3. Champs magnétiques .......................................................................................................................39
4. Action d'un champ magnétique sur un courant ...............................................................................42
Exercices : Forces magnétiques ..........................................................................................................45

© Alain Plantefol - 2011


Ma tu rité s u iss e - P hys iqu e D F

Examen suisse de maturité - Directives applicables dès 2012

Objectifs : voir polycopié « Mécanique » page A.

Programme 2012

3. Electricité La candidate, le candidat est capable de :

Charge électrique et tension énoncer et calculer la force électrostatique (loi de Coulomb) ;


définir le champ électrique E = F/q et le représenter de
manière qualitative avec ses lignes de champ ;
définir et calculer la tension électrique (différence de
potentiel électrique) dans le cas d’un champ uniforme ;
énoncer et calculer la force électrique sur une charge dans un
champ électrique ;
expliquer la relation entre tension électrique, travail et
énergie ;
Intensité du courant expliquer l’intensité du courant et définir ses unités de
mesure ;
Résistance électrique utiliser la loi d’Ohm dans un circuit simple et à plusieurs
boucles ; dessiner le schéma d’un circuit électrique avec les
symboles corrects, calculer avec la résistivité ;
Effets du courant déterminer la puissance transformée dans une portion de
circuit ;
Champ magnétique décrire le champ magnétique produit par un courant
rectiligne et l’appliquer à l’électroaimant ;
Effets du champ magnétique décrire les effets du champ magnétique sur un courant et
donner des applications.

Autres chapitres de la physique DF :

1. Mécanique* 2. Phénomènes thermiques*

4. Optique géométrique et ondes* 5. Noyau de l’atome*

* Voir détail du programme dans les fascicules correspondants.

Electricité DF A Alain Plantefol


El e c tro sta tiqu e

1. Notions él émentai res conce rnant les ato mes

La matière est composée d'atomes minuscules dont le diamètre est de l'ordre de 10–10 m (dans
un seul petit millimètre, on peut loger côte à côte dix millions d'atomes), aussi dans le
moindre fragment de matière les atomes sont-ils très nombreux : 12 g de carbone contiennent
N = 6,02 · 1023 atomes (nombre d'Avogadro).

Il existe environ une centaine d'éléments chimiques (chacune des cases du tableau de
classification périodique utilisé en chimie) qui comportent chacun en moyenne trois isotopes
stables.
Le modèle atomique actuellement accepté est le modèle
planétaire où des électrons gravitent autour d'un noyau
He
massif constitué de protons et neutrons. Par exemple
neutron proton l'atome d'hélium ci-contre, 4He, possède 2 électrons
rangés sur une couche et un noyau constitué de 2
protons et 2 neutrons ; le cuivre 63Cu possède 29
électron électrons répartis sur quatre couches et un noyau
noyau
constitué de 29 protons et 34 neutrons.

Les particules élémentaires sont principalement


caractérisées par leur masse et leur charge électrique :

Électron : me = 9,1 · 10– 31 kg qe = – 1,6 · 10–19 C = – e

Proton : mp = 1,6 · 10–27 kg qp = 1,6 · 10–19 C = e

Neutron : mn = 1,6 · 10–27 kg qn = 0 C

Remarquons qu'un électron et un proton ont la même charge en valeur absolue, c'est-à-dire
une charge électrique élémentaire notée e, et que la quasi totalité de la masse de l'atome est
celle de son noyau. Toutefois le noyau est très petit, environ 100 000 fois plus petit que
l'atome lui-même. En supposant que le noyau prenne la taille d'une pomme de 10 cm de
diamètre, alors l'atome aurait un diamètre de 10 km ; la plus grande partie de l'atome est vide.

Comme la matière dans son état fondamental est électriquement neutre,


on en déduit qu'un atome possède autant de charges positives que négatives,
donc autant de protons que d'électrons.

Les atomes peuvent se lier chimiquement entre eux pour constituer des molécules ou des
réseaux ioniques. Rappelons qu'un ion est un atome ou groupement d'atomes ayant perdu ou
gagné un ou plusieurs électrons ; par exemple :

Na+, tome de sodium ayant perdu 1 électron,

SO42 – , ion sulfate ayant gagné 2 électrons.

Electricité DF 1 Alain Plantefol


2. El ectrisation

2.1 Electrisation par frottement

Si on frotte une baguette de matière plastique avec un chiffon de laine, on peut constater que
la baguette attire à elle de menus objets, poussières, fragments de papier, ..., un filet d'eau.
Cette force à distance est appelée force électrique. Les Grecs de l'Antiquité connaissaient
cette expérience qu'ils réalisaient non pas évidemment avec un morceau de résine synthétique
(plastique), mais avec une résine naturelle fossile: l'ambre (elecktron). Étymologiquement
l'électricité est donc la propriété de l'ambre.

Il existe beaucoup d'autres substances qui présentent des propriétés électriques lorsqu'on les
frotte : le verre, la cire à cacheter, le soufre, le fer (si on le tient avec une poignée isolante,
(voir plus loin ce mot), la soie, la fourrure de chat, le coton, etc.

2.2 Les deux espèces d'électricités

Deux baguettes en matière plastique ou en verre électrisées se repoussent tandis que si l'une
est en plastique et l'autre en verre, elles s'attirent. Quelles que soient les substances électrisées,
les forces électriques sont ou attractives ou répulsives. On a convenu d'appeler l'électricité
résineuse électricité négative et l'électricité vitreuse électricité positive. Bien entendu on
aurait pu tout aussi bien permuter ces appellations.

+ + – – + –

Deux électricités de même signe se repoussent, tandis que deux électricités


de signes contraires s'attirent.

Electricité DF 2 Alain Plantefol


2.3 Interprétation électronique de l'électrisation
Tous les phénomènes d'électrisation par frottement sont dus à des transferts plus ou moins
importants d'électrons. La valeur de la charge électrique portée par l'objet électrisé est
évidemment en proportion avec le nombre de particules électrisées qui la constituent.
Rappelons que les protons et neutrons des noyaux atomiques sont très solidement arrimés par
des forces nucléaires de liaison et que pour vaincre cette liaison il faut mettre en action des
énergies considérables que les frottements sont très loin d'atteindre.
Les électrons étant négatifs, l'objet
qui accepte un excès d'électrons
devient conséquemment négatif
tandis que l'objet qui a fourni ces
électrons présente alors un défaut
d'électrons qui le rend positif.

Ci-contre (fig. A) on frotte avec un


textile ou une fourrure une tige.

Soit des électrons sont transférés du textile à la tige (fig. B1), soit des électrons sont transférés
de la tige au textile (fig. B2).
• Matière dans son état fondamental neutre : autant d'électrons que de protons.

• Matière électrisée négativement : plus d'électrons que de protons.

• Matière électrisée positivement : moins d'électrons que de protons.

2.4 Conservation de la charge - unité SI de charge


Ainsi l'électrisation ne crée pas d'électricité, mais provoque seulement un transfert de
particules électrisées. D'autres expériences, notamment la création et l'annihilation de paires
de particules et d'antiparticules (dans l'accélérateur du CERN par exemple), ont montré que
s'il apparaissait de l'électricité par exemple négative quelque part, il apparaissait
corrélativement la même quantité d'électricité positive à proximité. D'où le principe de la
conservation de la charge :

Dans un système isolé la charge électrique totale est constante

Electricité DF 3 Alain Plantefol


L'interprétation des phénomènes électriques a conduit les physiciens à admettre d'une part le
caractère granulaire de l'électricité portée par des particules, d'autre part l'aspect quantifiable
de la charge. On aurait pu mesurer une charge par comparaison avec celle d'un électron,
toutefois on utilise dans le système d'unités SI une unité provenant de l'étude des courants
électriques et ayant pour nom le coulomb (symbole : C). La charge de l'électron vaut en
valeur absolue :
1,6 · 10– 19 C = e

Charge d'un électron = – e = – 1,6 · 10–19 C Charge d'un proton = + e = +1,6 · 10–19 C

2.5 Isolants et conducteurs

Quand on frotte du plastique ou du verre la charge électrique reste localisée là où elle a été
produite : ces matériaux sont appelés isolants. Par contre si on frotte un métal la charge se
répartit sur toute sa surface : les métaux sont dits conducteurs.

extrémités
frottées
fil isolant fil isolant
plastique cuivre

La différence microscopique entre isolants et conducteurs est que ces derniers possèdent en
eux-mêmes des charges mobiles. Ainsi les métaux ont des électrons de conduction ou
électrons libres, les solutions électrolytiques des ions mobiles.

Si une substance ne possède pas de charges mobiles internes, ions ou électrons libres, il s'agit
d'un isolant. Toutefois une substance peut être plus ou moins bonne conductrice ou isolante,
la conductivité constituant une échelle ; par exemple les transistors sont réalisés à partir de
semi-conducteur tel le silicium.

Le corps humain est un peu conducteur. Ce qui


a pour inconvénient majeur qu'il peut donc
subir une électrocution. La photo. ci-contre
montre une jeune fille qui touche un
générateur électrostatique. La charge
électrique se répartit en surface et ses cheveux
chargés du même signe s'écartent les uns des
autres.

2.6 Structure particulière des métaux

Les atomes métalliques perdent statistiquement au plus 1 électron par atome, cet électron
libre pouvant circuler librement entre les interstices du réseau cristallin. A cause de l'agitation
thermique, à une température usuelle, la vitesse des électrons libres est de l'ordre de 100 km/s
(les électrons sont beaucoup plus légers que des molécules) et la distribution en direction est
totalement aléatoire. En quelque sorte les électrons libres constituent un "gaz électronique"
qui baigne les ions métalliques du réseau cristallin (voir schéma page suivante).

Electricité DF 4 Alain Plantefol


ion métallique positif électron libre au
ayant libéré un électron mouvement chaotique

2.7 Electroscope. Electrisation par contact et influence

plateau métallique Un électroscope est un appareil très


simple constitué d'une tige métallique
reliée à un plateau dans sa partie
supérieure et terminée par une
aiguille mobile autour d'un axe
aiguille métallique passant à proximité de son centre de
axe
gravité (à la place de cette aiguille, on
peut souder deux fines feuilles d'or).
Quand l'électroscope est chargé
tige métallique électriquement l'aiguille pivote (ou
les feuilles d'or se repoussent) sous
l'action des forces électriques de
support isolant répulsion. Quand on décharge
l'électroscope, l'aiguille se replace en
position verticale (ou les feuilles d'or
retombent).

Electrisation par contact

Si on met en contact une baguette chargée négativement avec le plateau, un certain nombre
d'électrons passent dans l'électroscope et le chargent négativement par contact. Si la baguette
est chargée positivement, un certain nombre d'électrons passent dans la baguette depuis
l'électroscope, celui-ci se charge alors positivement.

L'électroscope L'électroscope se charge au L'électroscope


n'est pas chargé contact de la baguette. est chargé.

Pour décharger l'électroscope chargé il suffit de le toucher. La charge excédentaire s'écoule


alors par le corps vers le sol.

Electricité DF 5 Alain Plantefol


Electrisation par influence

Si on approche une baguette chargée négativement du


plateau d'un électroscope initialement déchargé, on constate
une répulsion des feuilles alors qu'il n'y a pas encore eu
contact. Cette électrisation par influence s'explique par un
reflux d'un certain nombre d'électrons libres du plateau
repoussés électriquement vers le bas de la tige et les feuilles.
Le nombre d'électrons repoussés est limité par leur propre
répulsion électrique. Quand on éloigne la baguette, les
feuilles retombent.

C'est par une électrisation d'abord par influence puis par contact que s'explique le
comportement de la petite boule légère et métallisée d'un pendule électrostatique. Quand
on approche une baguette chargée négativement de la boule initialement neutre, celle-ci
se charge d'abord par influence et est attirée vu que sa charge positive est plus proche de
la baguette que sa charge négative opposée. Puis la boule s'étant chargée par contact,
elle est repoussée par le bâton.

Polarisation

La molécule d'eau H2O est globalement neutre, mais cette


molécule est fortement polaire. Cela signifie que le centre de
H H gravité des électrons ne coïncide pas avec le centre de gravité
+ des protons des noyaux. En effet, les électrons de liaison, dans
leur mouvement autour des atomes d'hydrogène et d'oxygène,
O sont plus souvent proches de l'oxygène que des hydrogènes. Il
s'ensuit que la molécule d'eau équivaut à un petit dipôle
– électrique. On appelle ainsi l'ensemble de deux charges
molécule d'eau dipôle électriques de signes opposés, séparées par une courte
distance. Une molécule polaire est un dipôle électrique.
Quand on approche une baguette électrisée, par exemple négativement, d'un filet d'eau, les
molécules dipolaires s'orientent et ainsi la face du filet d'eau en vis-à-vis de la baguette
devient positive, la face opposée devenant négative. Mais la face positive étant plus proche de
la baguette que la face négative, l'attraction électrique est plus forte que la répulsion, le filet
est globalement attiré par la baguette. Ce phénomène d'orientation des dipôles est appelé
polarisation.

attraction répulsion

matière
polarisée

Electricité DF 6 Alain Plantefol


Le cas de l'attraction par une baguette électrisée de petits morceaux de papier initialement
neutres, dont les molécules ne sont pas polaires, s'explique par un phénomène de polarisation
induite. Quand on approche une charge électrique, par exemple négative, d'une substance non
polaire, les noyaux des atomes sont attirés par la charge, mais par contre les électrons sont
repoussés. Il y a donc une déformation des atomes et des molécules qui les transforme
momentanément en dipôles. On est alors revenu au même cas que l'attraction du filet d'eau.

3. La loi de Coulomb

Rappelons que deux charges de même signe se repoussent tandis que deux charges de signes
contraires s'attirent.
q1 > 0 → → q2 < 0
F2/1 F1/2
Par exemple :
+ –
r

D'après le principe de l'action et de la réaction, ces forces sont égales en norme mais
→ →
opposées en sens : F2/1 = – F1/2 .

La loi de Coulomb1 précise la norme de la force électrique s'exerçant entre deux charges
selon une loi très ressemblante à la 4e loi de Newton concernant la gravitation.

|q ||q |
1 2
Loi de Coulomb F2/1 = F2/1 = k . r2
Unités SI : F en N , q en C , r en m.
La force électrique d'interaction entre deux charges est
proportionnelle au produit des charges et à l'inverse du carré de
la distance qui les sépare.

Dans le vide ou l'air, on a : k0 = 9 · 109 N · m2 · C–2.

Influence du milieu isolant séparant les charges

La force électrique dépend aussi de l'isolant, appelé encore diélectrique, qui sépare les
charges ; par exemple si ce diélectrique est du plexiglas la force électrique est moindre d'un
facteur de 3,2. La valeur de k indiquée ci-dessus n'est valable que pour le vide et à la rigueur
pour l'air sec.

Forces électriques et forces gravitationnelles

L'analogie de forme mathématique entre les formules de la loi de Coulomb et de la loi de la


m1 m2
gravitation de Newton, F = G r2 , suggère une éventuelle analogie de nature. En fait
jusqu'à ce jour il s'est avéré que ces forces étaient de natures totalement différentes comme

1 Charles Auguste de Coulomb (1736-1806); physicien français, inventeur de la balance de torsion pour
mesurer des faibles forces électromagnétiques.

Electricité DF 7 Alain Plantefol


l'illustre l'énorme disproportion des valeurs de ces forces entre par exemple l'électron et le
proton d'un atome d'hydrogène (modèle de Bohr, r ≈ 53 pm) :

|q1| |q2| (1,6 · 10–19)2


Fé = k0 . r2 = 9 · 109 (53 · 10–12)2 ≈ 8,2 · 10–8 N

m1 m2 9,1 · 10–31 × 1,7 · 10–27


et Fg == G 2 = 6,7 · 10–11 ≈ 3,7 · 10–47 N
r (53 · 10–12)2

Fé 8,2 · 10–8 N
d'où Fg = 3,7 · 10–47 N ≈ 2 · 1039 ! Il va alors de soi que

le poids et toute force gravitationnelle peuvent être négligés devant les forces
d'interaction électriques entre particules.

Une autre différence essentielle entre forces gravitationnelles et électriques est que ces
premières ne sont qu'attractives alors que les secondes sont tantôt attractives tantôt répulsives.
Schématiquement on peut dire que les forces gravitationnelles, faibles et attractives,
maintiennent l'édifice céleste (satellites, planètes, soleils, galaxies,...), les forces électriques,
nettement plus fortes et tantôt attractives tantôt répulsives, maintiennent la cohésion de la
matière (atomes, ions et molécules), et enfin les forces nucléaires, encore plus fortes et
attractives à courte portée, maintiennent les noyaux contre notamment l'éclatement électrique
(les protons positifs se repoussent).

Toutefois l'analogie formelle mathématique entre les formules de la loi de Coulomb et de la


loi de Newton nous permet logiquement de prévoir que certaines propriétés des forces
gravitationnelles se retrouveront pour les forces électriques. En effet, les forces électriques
sont elles aussi conservatives, c'est-à-dire que leur travail ne dépend pas du chemin suivi
mais seulement des positions initiales et finales. Il sera donc possible de définir une énergie
potentielle électrique comme nous le ferons dans un chapitre qui suit.

4. Le champ é l ectriqu e

4.1 Définition
On appelle champ électrique toute zone de l'espace où une charge électrique est soumise à
une force électrique.
→ → →
E' F Le vecteur champ électrique, noté E , qui
– q' < 0
→ caractérise le champ en un point est par
→ E définition le quotient de la force électrique par
F' la valeur de la charge en ce point :
+ q>0

+ → F
E= q



F =q E

Q>0 Unités SI : F en N , q en C , d'où E en N · C–1 ou


Les charges q et q' testent le champ plutôt en V · m–1 (volts par mètre).
électrique qui entoure la charge Q.

Electricité DF 8 Alain Plantefol


→ → → →
m La formule F = q E est analogue à P = m g . Tout

→ comme g qui ne dépend pas de la masse m mais de sa
→ g →
P position par rapport à la Terre, le vecteur champ E ne
dépend pas de la charge test q mais uniquement de sa
position par rapport à la charge Q. Bien remarquer

également que le sens de E ne dépend pas du signe de
Terre → →
la charge test. Si la charge test est positive F et E sont

Analogie : la masse m teste le de même sens, le champ électrique E "fuit" la charge
champ de pesanteur de la Terre → →
Q. Si la charge test est négative F et E sont de sens

contraires et le champ E fuit encore la charge Q.
Le champ électrique qui entoure une charge positive est radial divergent. Au contraire, si la
charge Q avait été négative, on aurait constaté que son champ électrique est aussi radial mais
convergent.
4.2 Principe de superposition vectorielle des champs électriques

F1 En se référant à l'exemple schématisé ci-contre,
→ on a :
E1 →
F
→ → → → → →
F = F1 + F2 = q E1 + q E2 = q E

E
(test) q > 0 + → → →
→ d'où E = E1 + E2
E2
Plus généralement si on a une distribution

+ F2 – spatiale de charges Q1, Q2, ... , Qn, le champ E

Q1 > 0 Q2 > 0 résultant en un point est la somme vectorielle des


→ → →
champs E1, E2, … , En correspondant à chacune
des charges :
→ →
E = Σ Ei

4.3 Topographies de quelques champs électriques simples



F Champ d'une charge ponctuelle isolée

E
Afin de faciliter la visualisation de leur champ électrique, on
+ représente autour des charges un certain nombre de lignes de
q>0 champ, qui sont des lignes dont en tout point le vecteur
champ électrique est tangent et qui sont fléchées dans le
+ même sens. L'ensemble des lignes de champ autour des
charges s'appelle un spectre électrique.
Q>0
Dans le cas d'une charge ponctuelle isolée le champ est
radial (rayonnant) et divergent si la charge est positive,
convergent si la charge est négative.

Electricité DF 9 Alain Plantefol



La norme de E en un point situé à une distance r de Q peut être facilement calculé à partir de
la loi de Coulomb :

F |Q| |q| |Q|


E = |q| et F = 9 · 109 r2 ⇒ E = 9 · 109 r2

On constate que le champ est proportionnel à la charge ponctuelle qui le produit et à l'inverse
du carré de la distance à cette charge. On peut aussi remarquer que le champ est plus intense
là où les lignes de champ sont proches et serrées. C'est une remarque valable quelle que soit la
topographie du champ.

Champ d'une distribution de charges

La topographie du champ devient vite compliquée quand le nombre de charges augmente. On


a représenté ci-dessous le cas encore assez simple de deux charges de même valeur absolue.

Là aussi le champ est d'autant plus intense que les lignes de champ sont proches et serrées.

Il existe un moyen simple pour


réaliser des spectres électriques.
On saupoudre à la surface d'un
bac rempli d'huile de paraffine
des grains de semoule, et l'on
immerge deux électrodes. Par
polarisation, les grain de
semoule s'orientent et se collent
les uns aux autres en constituant
des chaînettes dont les formes
sont celles des lignes du champ
électrique.

Electricité DF 10 Alain Plantefol


Champ uniforme

Un champ est uniforme quand tous les vecteurs champs


sont égaux ; les lignes de champs sont alors parallèles et
équidistantes puisque l'intensité du champ est constante.
C'est un cas important car bien des calculs sont facilités
dans un tel champ.

Pratiquement on réalise un champ électrique uniforme en


mettant en vis-à-vis deux plaques planes conductrices,
appelées armatures, chargées de signes contraires, à l'aide
d'une pile par exemple, et séparées par un isolant, air,
paraffine, etc. Ce dispositif s'appelle un condensateur
plan. Si on néglige une légère distorsion sur les bords, le
champ est pratiquement uniforme entre les armatures et
quasiment nul à l'extérieur.

La photo. ci-dessus montre le spectre électrique, obtenu au moyen du procédé décrit


précédemment, entre deux électrodes parallèles.

5. Tension et pot entiel é l ectriqu e

5.1 Rappel concernant le poids en tant que force conservative

Nous avons vu en mécanique que le poids d'un objet avait une importante particularité :
la valeur du travail du poids d'un objet qui est déplacé depuis une position initiale A
jusqu'à une position finale B est conservée quel que soit le trajet emprunté par l'objet.
Le poids est conséquemment appelé force conservative.

h
En effet dans le champ de pesanteur considéré comme
A uniforme le travail W du poids a pour expression :
hA
W = – mg ∆h = mg hA – mg hB
m On peut constater que ce travail ne dépend que des
altitudes initiale et finale hA et hB, le trajet emprunté
→ n'apparaît pas.
P
B
hB L'énergie potentielle de pesanteur Ep d'une masse
située à une altitude h quelconque est définie comme
h=0 égale au travail que fournirait son poids si elle se
déplaçait de cette altitude jusqu'à une altitude de
La masse m peut être soumise référence nulle h = 0 (choisie arbitrairement). En
à d'autres forces que son appliquant la formule de W on obtient :
poids, mais ici on ne se
préoccupe que de son poids. Ep = m g z

On peut alors reformuler l'expression du travail du poids W comme une différence d'énergie
potentielle :
W = m g hA – m g hB = EpA – EpB

Electricité DF 11 Alain Plantefol


Nous allons maintenant introduire une grandeur inutilisée habituellement en mécanique, mais
qui nous sera très utile en électricité : le potentiel. Par définition appelons potentiel de
pesanteur, noté V, l'énergie potentielle par unité de masse d'un objet situé à une altitude
quelconque :
Ep mgh
V= m = m =gh
Exemple numérique

Un contre-poids de masse 45 kg est situé à une altitude h = 4 m. Son énergie potentielle de


pesanteur vaut 45 kg × 10 m · s–2 × 4 m = 1 800 J; à cette altitude, le potentiel de pesanteur est
de 10 m · s–2 × 4 m = 40 J/kg.

Les formules précédentes peuvent maintenant être réécrites sous la forme :

Ep = m V ⇒ W = EpA – EpB = m VA – m VB = m (VA – VB)

Finalement le travail du poids est égal au produit de la masse m qui se déplace par la
différence de potentiel VA – VB franchie pendant ce déplacement.

Nous aurons une formule tout à fait analogue pour le travail des forces électriques.

5.2 Le travail des forces électriques est aussi conservatif

A →
F
+ + + + + + + +
A q + – +
A q
q
+ +
+ –
→ + →
F F

+ B –
B – – – – – – – – – + B

Sur les schémas ci-dessus on a représenté une charge qui se déplace depuis un point A jusqu'à
un point B. Cette charge est soumise, entre autres forces non représentées, à une force
→ →
électrique F . Cette force F est due à la présence d'un champ électrique créé par une charge
ponctuelle (schéma de gauche), d'un champ uniforme (au centre), d'un champ résultant d'une

distribution quelconque de charges (à droite). Le travail de la force électrique F , calculé à
partir de la loi de Coulomb (ce calcul n'est pas donné car sans intérêt ici), ne dépend que des
positions A et B et non du trajet suivi par la charge qui se déplace. Les forces électriques sont
donc conservatives.

Les forces électriques sont conservatives. Leur travail ne dépend que des positions
initiale et finale de la charge qui se déplace et non du trajet suivi.


D'après la loi de Coulomb, on sait que l'intensité de la force électrique F est proportionnelle à

la valeur de la charge q qui se déplace. Donc le travail de la force électrique F est aussi
proportionnel à la valeur de q.

Electricité DF 12 Alain Plantefol


5.3 Energie potentielle et potentiel électrique - tension

De la même manière que l'on a défini l'énergie potentielle de pesanteur, l'énergie potentielle
électrique Ep d'une charge q située en un point quelconque d'un champ électrique est définie
comme égale au travail que fourniraient la force électrique à laquelle elle est soumise si elle
se déplaçait de ce point jusqu'à un point de référence où l'on pose l'énergie potentielle nulle
(ce point est choisi arbitrairement). Et puisque le travail de la force électrique est
proportionnel à la valeur de q, on peut donc poser Ep = qV, le facteur V restant à être défini.

Toujours de la même manière que l'on a défini le potentiel de pesanteur, par définition nous
appellerons potentiel électrique, noté V, l'énergie potentielle par unité de charge d'une charge
située en un point quelconque d'un champ électrique.

Par définition du potentiel électrique V, l'énergie potentielle


électrique Ep d'une charge q a pour expression :

Ep = qV

Unités SI : Ep en J , q en C , V en J·C-1 = V , volt2.

Le volt est donc la valeur du potentiel électrique en point tel qu'une charge de 1 coulomb y a
une énergie potentielle de 1 joule.

Quand une charge q se déplace d'une position initiale A jusqu'à une position finale B, le
travail W de la force électrique qu'elle subit est égal à la différence de son énergie potentielle
électrique initiale et de son énergie potentielle électrique finale (voir § 5.1).

W = EpA – EpB = qVA – qVB = q (VA – VB)

La différence VA – VB est appelée la différence de potentiel (sigle : ddp) entre les points A
et B, ou encore la tension électrique entre ces points, notée souvent UAB ou plus
simplement U. Evidemment une tension se mesure, comme les potentiels électriques, en volts.

Le travail de la force électrique qui agit sur une charge qui se déplace est égal au
produit cette charge par la tension qu'elle franchit

W = q U = q (VA – VB)

Unités SI : W en J , q en C , U en V .

2 Alessandro Volta (1745-1827), né à Côme, physicien italien. Il est notamment l'inventeur de la première pile
électrique, constituée par une pile de rondelles d'argent, de drap imbibé d'acide et de zinc.

Electricité DF 13 Alain Plantefol


Exemple 1
Soit le champ électrique qui entoure une charge
→ positive Q. On appelle lignes et surfaces
A F
équipotentielles des lignes ou surfaces constituées
de points tous au même potentiel. (Dans le cas
+ q simple du champ de pesanteur où V = gh, un
potentiel constant correspond à une altitude
Q constante : tout plan horizontal est équipotentiel.)
B
Autour de Q, les surfaces équipotentielles sont des
+ sphères. Le point où V = 0 est arbitrairement choisi
très loin de Q, à l'infini.
12 V Supposons que la charge q vaille par exemple 2 C, le

travail W de la force électrique répulsive F vaut :
7V
W = q (VA – VB) = 2 C (7 V – 12 V) = – 10 J

Il est normal que cette valeur soit négative car le travail est résistant.

Exemple 2
Soit un condensateur plan connecté à une pile de 6V.
+ + + + + + + + Supposons qu'une charge q valant encore 2 C parte de
l'armature positive et aille directement sur l'armature

q + négative. Le travail W de la force électrique F vaut :

→ W = q U = 2 C · 6 V = 12 J
F
Il est normal que cette valeur soit positive car le travail est
– – – – – – – – moteur.
Si d est la distance séparant les armatures et en tenant
Pile de 6V → →
compte que F = q E , on a :

U
W=qU=Fd=qEd ⇒ U=Ed ⇔ E= d

Cette dernière relation justifie l'unité V · m–1 pour le champ électrique (voir § 4.1)

6. Mouvement d'une particul e cha rgé e dans un champ uniforme

→ →
D'après la deuxième loi de Newton l'on a F = m → a , où F est la résultante des forces et →
a
l'accélération. Comme nous l'avons déjà signalé on peut négliger le poids de la particule

chargée devant la force électrique et, si le milieu est le vide, F ne représente donc que cette
→ →
seule force électrique. En tenant compte de la relation F = q E , il vient :

→ → → q →
m a = qE ⇒ a =m E

Electricité DF 14 Alain Plantefol


L'accélération de la particule est proportionnelle au champ électrique. Si le champ électrique
est uniforme le vecteur accélération est constant, et si de plus le vecteur vitesse a même
direction que le champ alors le mouvement est rectiligne uniformément accéléré (MRUA).

1
Le théorème de l'énergie cinétique dit que la variation de l'énergie cinétique, Ec = 2 m v2 , est
égale au travail des forces : ∆Ec = W. Ici le travail de la force électrique vaut W = q U, la
tension U étant celle franchie par la particule. D'où

1
∆( 2 m v2 ) = q U

L'électronvolt : en physique des particules l'unité d'énergie joule est trop grande, aussi la
remplace-t-on par une unité plus adaptée l'électronvolt, symbolisé eV, qui est l'énergie
cinétique gagnée par une particule portant une charge élémentaire, e = 1,6 · 10–19 C, qui
franchit une tension d'un volt :

1 eV = 1,6 · 10–19 C · 1 V = 1,6 · 10–19 J

Electricité DF 15 Alain Plantefol


Ex ercic es : El ectrostatique

1. Lorsqu'on approche un corps d'un électroscope chargé positivement, on constate que les
feuilles de l'électroscope se rapprochent. Le corps approché porte-t-il une charge
positive, négative ou nulle ?

2. Quelle est la force d'interaction entre deux charges ponctuelles respectivement de 1 C et


2 C distantes de 1 km ? Entre deux électrons distants de 1 nm ?

3. Deux boules portant la même charge ont leurs centres situés à 3 cm l'un de l'autre et se
repoussent avec une force de 4 · 10–5 N. Que vaut cette charge ?

4. Des charges de + 2, + 3 et – 8 µC sont placées aux sommets d'un triangle équilatéral de


10 cm de côté. Déterminer la force électrique qui s'exerce sur la charge de – 8 µC.

5. L'atome d'hydrogène comprend un proton autour duquel gravite un électron. En


admettant que la trajectoire de l'électron soit circulaire et que la distance entre les deux
particules vaille à 5,3 · 10–11 m, déterminer

5.1 la force attractive entre le proton et l'électron,

5.2 la vitesse de l'électron et le nombre de tours par seconde qu'il effectue.

6. Trois charges ponctuelles sont alignées. On donne :

q2 = + 2 · 10–7 C ; q3 = – 1 · 10–7 C ; d1;2 = 10 cm et d2;3 = 5 cm


q1 q2 q3

d1;2 d2;3

6.1 Quel doit être le signe de q1 pour que la résultante des forces exercées sur q3 par
q1 et par q2 soit nulle ? Justifier par une phrase.

6.2 Calculer la valeur de q1 q1 q2 q3


pour que la résultante des
forces exercées sur q3 par d1;2 d2;3
q1 et par q2 soit nulle.

6.3 On déplace maintenant q3 en lui faisant décrire un arc de


cercle de 90º. Dessiner la résultante des forces que q1 et q3
exercent sur q2 .

Electricité DF 16 Alain Plantefol


7. Que vaut le travail de la force électrique qui agit sur un électron qui franchit une tension
de 6V ?

8. Déterminer la vitesse acquise dans le vide par un électron, initialement au repos, qui est
soumis à une tension de 1500 V.

9. Un champ électrique uniforme règne dans la portion d'espace vide comprise entre deux
plaques parallèles chargées de signes opposés d'un condensateur plan. Un électron,
lâché depuis la plaque négative, va frapper 15 ns après la plaque positive qui est distante
de 2 cm. Calculer :

9.1 la vitesse et l'énergie cinétique (en joules et en eV) acquises par l'électron quand il
frappe la plaque positive,

9.2 l'intensité du champ électrique et la tension entre les plaques.

10. Un électron est lancé à la vitesse de 500 km/s parallèlement à un champ électrique de
200 V/m orienté de façon à le ralentir. Quelle distance rectiligne parcourt l'électron
jusqu'à son arrêt ? Combien de temps a duré le freinage ?

11. Quelle est l'accélération d'un électron dans un champ de 1 MV/m ? Combien de temps
met cet électron, initialement immobile dans le vide, pour atteindre le dixième de la
vitesse de la lumière ?

12. Quelle distance doit parcourir un électron dans un champ électrique uniforme de 20
kV/m pour acquérir une énergie cinétique de 20 eV ?

13. Dans un éclair normal la tension entre les points de décharge est de l'ordre du milliard
de volts et la quantité d'électricité constituant la décharge d'environ 30 C. Calculer :

13.1 l'énergie électrique de cet éclair,

13.2 sa puissance si la durée de la décharge est de 1/1000 de seconde,

13.3 la quantité de glace à zéro degré que cette énergie pourrait faire fondre.

Réponses

1. négative 2. ≈ 18 kN ; 2,3 · 10–10 N 3. ≈ 2 · 10–9 C

4. ≈ 31,4 N 5. ≈ 8,2 · 10–8 N ; ≈ 2,18 · 106 m/s ; ≈ 6,5 · 1015

6. négative ; 1,8 · 10–6 C 7. 9,6 · 10–19 J = 6 eV 8. ≈ 2,3 · 107 m/s

9. ≈ 2,6 · 106 m/s ; 3,1 · 10–18 J = 19,2 eV ; 960 V/m ; 19,2 V

10. ≈ 3,6 mm ; 14 ns 11. ≈ 1,76 · 1017 m/s2 ; 17 ns

12. 1 mm 13. 30 GJ ; 30 TW ; ≈ 91 t

Electricité DF 17 Alain Plantefol


Document : La foudre

Les orages
Les orages sont fréquents dans les zones équatoriales et
inexistants dans les zones polaires. En effet, les orages se
constituent dans une masse d'air humide et chaude qui s'élève
rapidement (poussée d'Archimède). Lors de cette ascension
cette masse d'air se refroidit par détente adiabatique, mais alors
l'humidité se condense et la chaleur latente produite réchauffe
l'air qui continue ainsi de monter. La forme des nuages
constitués est caractéristique des cumulus ou des cumulo-
nimbus, épais et bourgeonnants, à base comprise entre 1500 et
2000 m d'altitude, s'élevant jusqu'à 7000 m et plus.
Les orages ne durent pas très longtemps. En moyenne, la durée
d'un orage est d'environ cinq à trente minutes. Ils se déplacent environ entre 30 km/h et 60
km/h. Un orage se déplaçant plus lentement déversera beaucoup plus d'eau sur une région
qu'un orage se déplaçant rapidement.

Electrisation des nuages


Plusieurs phénomènes électrisants se déroulent simultané-
ment.
• La Terre est toujours chargée positivement car des fuites
d'électricité négative se produisent vers la haute atmosphère.
Par influence, la base des nuages devient négative et leur
sommet positif.
• Les turbulences intenses dans le nuage fractionnent les
gouttes primitivement chargées par l'action des rayons
cosmiques, des UV et de la radioactivité naturelle. En général
les petites gouttelettes sont chargées positivement et elles sont
entraînées vers le haut, le sommet du nuage se charge donc positivement. Tandis que les
grosses gouttes négatives tombent vers le bas du nuage. Il s'opère ainsi une sorte de tri.

Eclair
Des décharges d'éclair peuvent se produire entre les nuages et
le sol, entre les nuages eux-mêmes, et entre les nuages et l'air
limpide de la haute atmosphère.
On peut distinguer 3 phases dans un éclair.
• Les prédécharges
Les prédécharges consistent en la formation par à coup d'un
tube d'éclair, souvent ramifié, dont le diamètre vaut de 5 à 30
cm. Le tube d'éclair est constitué par de l'air fortement ionisé
et il servira de canal à la décharge guide. Ces prédécharges ne
se produisent que si la tension électrique entre le nuage et le sol est suffisante, c'est-à-dire
environ 10 à 20 millions de volts.Les prédécharges se succèdent au rythme de une tous les

Electricité DF 18 Alain Plantefol


millièmes de seconde, et elles peuvent partir soit du nuage soit du sol (en particulier depuis
des objets élevés et pointus, paratonnerre).
• Décharge guide
Quand le tube d'éclair est formé, une relativement faible quantité d'électricité, quelques
dizaines de coulombs, traverse rapidement, en 1/1000 de seconde ou moins, ce tube.
L'intensité est donc très élevée, quelques dizaines de milliers d'ampères !
• Décharges en retour
La décharge guide est suivie d'une dizaine de décharges en retour. La durée totale de l'éclair
est de l'ordre d'une demi-seconde.
(Le phénomène de "foudre en boule" n'étant pas encore élucidé, nous n'en parlerons donc
pas.)
Vitesse : 40000 km/s
Quelques données sur Tension : peut atteindre 100 millions de volts
les éclairs : Longueur : de 50 m à 25 km
Épaisseur : environ 3 cm
Température à proximité de l'éclair : 30000ºC
Effets des éclairs
Bien qu'une centaine d'éclairs frappent chaque seconde la Terre, la quantité d'électricité est
trop faible et l'intensité trop forte pour être utilisable.
• Sonores Les décharges s'accompagnent d'une onde sonore de forte intensité, appelée
tonnerre. Le roulement du tonnerre est dû à l'existence de plusieurs explosions, de plus l'écho
au sol et dans les nuages entretient le roulement. On peut calculer la distance à laquelle tombe
un éclair au moyen de la formule d ≈ 340 t, où 340 m/s est la vitesse du son dans l'air.
• Mécaniques Une onde de choc puissante est formée là où tombe l'éclair : arrachement
d'arbres, crevaison de toitures, etc.
• Calorifiques La forte température des éclairs provoque souvent des incendies.
• Chimiques Formation de nitrites à partir de l'azote de l'air, ces nitrites devenant des
engrais utiles au sol.
• Lumineux Très lumineux, les éclairs sont riches en UV.

Fulguration (foudroiement)
Pour l'éviter il faut se mettre à l'abri dans une habitation ou dans une automobile, mais surtout
pas sous un arbre !
La gravité d'une fulguration dépend de la quantité d'électricité reçue et de la partie du corps
atteinte. Les principaux effets sont : spasmes musculaires, brûlures, arrêt respiratoire ou
cardiaque (faire une réanimation), inconscience, coma, mort. Si la décharge frappe un
membre, bras ou jambe, la personne foudroyée peut n'être que brûlée ou commotionnée, mais
si la décharge frappe le cœur ou le cerveau elle est alors mortelle.

Electricité DF 19 Alain Plantefol


El e c tro cin é tiqu e

1. Courant él ectriqu e

On appelle courant électrique un déplacement ordonné de charges électriques. On obtient un


tel courant en soumettant des charges à un champ électrique qui les accélère dans sa direction.
Dans la grande majorité des cas, les charges appartiennent à un milieu conducteur (métal,
électrolyte, gaz ionisé) qui présente entre deux pôles une tension électrique, on parle alors de
courant de conduction.

1.1 Cas des métaux

Rappelons que les atomes métalliques perdent statistiquement au plus 1 électron libre par
atome, cet électron circulant librement entre les interstices du réseau cristallin. A cause de
l'agitation thermique, à une température usuelle, la vitesse des électrons libres est de l'ordre de
100 km/s et la distribution en direction est totalement aléatoire.

Mais si on applique une tension U (= VA – VB > 0) entre les extrémités d'un fil métallique, il
s'établit à l'intérieur du fil un champ électrique et les électrons libres acquièrent alors une
vitesse de dérive qui se superpose à leur agitation thermique. D'une part, cette vitesse de
dérive est de sens contraire au champ puisque les électrons sont négatifs, et d'autre part pour
des courants usuels cette vitesse n'est que de l'ordre de quelques dixièmes de millimètre par
seconde ! Il faut éviter, comme c'est souvent le cas, de confondre la vitesse de dérive des
électrons libres constituant le courant et la vitesse à laquelle s'établit le champ électrique qui
est pratiquement égale à 3 · 108 m/s (vitesse de la lumière dans le vide).

A B

Ci-dessus on voit les électrons libres qui ont acquis une petite vitesse de dérive vers la gauche
se superposant à leur vitesse thermique (bien entendu, ce genre de schéma approximatif n'a
qu'un but explicatif et ne rend évidemment pas compte de la complexité réelle de la matière).

1.2 Cas des électrolytes et des gaz ionisés

Ce sont alors les ions qui se déplacent sous l'action du champ électrique, dans le même sens
s'ils sont positifs et dans le sens contraire s'ils sont négatifs.

1.3 Sens conventionnel du courant

Avant la fin du siècle dernier on ignorait que les courants dans les métaux correspondaient au
déplacement d'électrons négatifs, et l'on avait adopté comme sens arbitraire du courant le sens
du champ électrique, c'est-à-dire dans le sens des potentiels décroissants. Cette orientation

Electricité DF 20 Alain Plantefol


arbitraire est indiquée par une petite flèche au-dessus du fil conducteur, mais il ne faut pas
perdre de vue que ce sens conventionnel est contraire au déplacement des charges négatives,
notamment à celui des électrons de conduction.
courant
+ –
1.4 Intensité du courant

De même qu'un courant fluvial est caractérisé par son débit volumique (en m3/s), un courant
électrique est caractérisé par son débit de charge électrique appelé intensité du courant.

Par définition l'intensité d'un courant électrique constant,


notée I, est le rapport de la charge Q qui passe à travers une
section droite d'un conducteur par le temps t :

Q
I= t

Unités SI : Q en C, t en s, I en C· s-1 = A, ampère3.

Par exemple une ampoule de puissance 100 W sous une tension de 220 V est parcourue par
un courant d'environ 0,5 A.

L'ampère est une unité fondamentale au même titre que le mètre, le kilogramme, etc., et le
coulomb est une unité dérivée de l'ampère : C = A·s. Le choix de l'ampère plutôt que du
coulomb comme unité fondamentale tient à ce que l'intensité des courants est facilement
mesurable grâce aux forces magnétiques qui s'exercent entre eux.

1.5 Courants continus et courants variables


Intensité sinusoïdale Si l'intensité d'un courant est constante,
on dit alors que ce courant est
temps continu ; c'est ce qui se produit quand
l'alimentation électrique d'un circuit est
0 1 assurée par des piles ou accumulateurs.
50 s
Par contre la tension présente aux
prises électriques des habitations et qui
Puissance est délivrée par l'industrie est une
fonction sinusoïdale du temps de
fréquence 50 Hz, conséquemment les
courants qui traversent les ampoules et
temps les appareils électroménagers sont
aussi sinusoïdaux et de même
0 1 fréquence. Le mouvement des électrons
50 s libres dans les fils métalliques est

3 André-Marie Ampère (1775-1836) né près de Lyon, professeur à l'Ecole Polytechnique puis membre de
l'Institut. Ses travaux contribuèrent à créer l'électromagnétisme. Ampère fut grand aussi par sa simplicité et son
complet désintéressement.

Electricité DF 21 Alain Plantefol


constitué d'une succession d'allers et retours.

On peut remarquer sur les diagrammes de la page précédente que l'intensité du courant
s'annule tous les 1/100 de seconde. Il s'ensuit que la puissance par exemple d'une ampoule
s'annule (s'éteint) également tous les 1/100 de seconde. Cette fluctuation rapide de la
luminosité n'est cependant pas perceptible par l'œil humain à cause de la rémanence
rétinienne, mais peut toutefois être décelée par des effets stroboscopiques.

1.6 Mesure de l'intensité d'un courant

L'intensité d'un courant se mesure au moyen d'un ampèremètre. C'est un appareil qui indique
la valeur de l'intensité du courant qui le traverse ; une aiguille se déplace devant un cadran ou
plus récemment par affichage à cristaux liquides. Cet appareil est donc toujours branché en
série. On le symbolise par A dans les schémas des circuits.
ampoule I
A Par exemple dans le circuit ci-contre sont branchés en série au
moyen de fils de connexion une pile, une ampoule et un
ampèremètre. Cet ampèremètre indique la valeur de l'intensité
+ – I qui est débitée par la pile et qui traverse l'ampoule. Il est tout
pile à fait égal que l'ampèremètre soit branché avant ou après
l'ampoule.

Un appareil électrique ne consomme pas du courant (c'est-à-dire des électrons


de conduction) mais de l'énergie électrique !

En effet, c'est le potentiel électrique qui chute entre l'entrée et la sortie de l'ampoule et non
l'intensité du courant. Cette chute de potentiel étant tout simplement la tension à laquelle est
soumise l'ampoule.

1.7 Loi des nœuds

Si plusieurs conducteurs sont reliés au même point ou nœud d'un circuit, d'après le principe
de la conservation de la charge électrique, le nombre d'électrons qui arrivent en un temps
donné au nœud est égal au nombre d'électrons qui en partent.

La somme des intensités qui arrivent à un nœud


2A 3A est égale à la somme des intensités qui en partent.

6A
4A Par exemple sur le schéma ci-contre la somme des
1A
nœud intensités qui arrivent au nœud vaut 2 A + 6 A = 8 A, et la
somme des intensités qui en partent vaut aussi 8 A = 1 A +
3 A + 4 A.

Electricité DF 22 Alain Plantefol


2. Loi d'Ohm

Soit un conducteur aux extrémités duquel est appliquée une tension U. Les mesures
successives des intensités I1, I2 , ..., In, correspondant aux valeurs U1, U2, ..., Un, de la
tension U montrent que le rapport U / I est constant pour un conducteur donné :
I
+ – U1 U2 Un
I1 = I2 = ... = In = R
U

La valeur R de ce rapport est la résistance électrique du conducteur et ne dépend que des


caractéristiques de celui-ci. Cette appellation "résistance" se justifie par le fait que pour une
tension donnée le courant est d'autant plus faible que la résistance est grande.

La proportionnalité entre tension aux bornes d'un conducteur donné et intensité du courant qui
le traverse a été découverte par le physicien G. S. Ohm et constitue une loi qui porte son nom.

Loi d'Ohm4 : la différence de potentiel entre les extrémités


d'un conducteur donné est égale au produit de sa résistance
électrique par l'intensité du courant qui le traverse :

U=RI

Unités SI : U en V , I en A , R en V/A = Ω , ohm*

* Le "O" grec Ω a été retenu pour l'unité ohm afin d'éviter la confusion avec 0, zéro.

La plupart des conducteurs usuels suivent la loi d'Ohm dans la mesure où leur température
reste constante malgré le passage du courant (cf. plus loin l'effet Joule), ces conducteurs sont
qualifiés d'ohmiques.

Dans les circuits, les résistances sont souvent représentées par


un des schémas ci-contre.

3. Facteurs dont dép end la rés istance él e ctriqu e

3.1 Résistance équivalente


I1
I I Soit un groupement quelconque de résistances,
I2 on appelle résistance équivalente le rapport R
de la tension U appliquée aux bornes du
groupement par l'intensité I du courant
U
U
principal : R= I
Autrement dit la résistance équivalente est la résistance unique qui, soumise à la même
tension que le groupement, serait traversée par le même courant.

4 Georg Sigmund Ohm (1787-1854), né à Erlangen, physicien et mathématicien allemand.

Electricité DF 23 Alain Plantefol


3.2 Groupement en série

En série les résistances sont toutes parcourues par la même intensité et


la tension aux bornes du groupement est la somme des tensions aux
bornes de chacune des résistances.

I I Le schéma ci-contre représente 2 résistances en série.


R1 R2 I
On a :
U = U1 + U2
U1 U2
En appliquons la loi d'Ohm à la résistance équivalente
U et à chacune des résistances :
U = R I et U1 = R1 I et U2 = R2 I
Par substitution dans la première égalité il vient :
R I = R1 I + R2 I ⇒ R = R1 + R2

Ce résultat peut être à un nombre quelconque n de résistances en série.

La résistance équivalente d'un groupement de résistances en série


est égale à la somme des résistances.

R = R1 + R2 + … + Rn

3.3 Groupement en parallèle

En parallèle les résistances sont soumises à la même tension et le courant principal


qui entre dans le groupement est la somme des courants dérivés dans chacune des
résistances (loi des nœuds).

I1 R1 Le schéma ci-contre représente 2 résistances en série.


On a :
I I I = I1 + I2

I2 En appliquant la loi d'Ohm et par substitution il vient :


R2
U U U 1 1 1
U R = R1 + R2 ⇒ R = R1 + R2

Ce résultat se généralise aussi à un nombre quelconque n de résistances en parallèle.

L'inverse de la résistance équivalente à un groupement de résistances en parallèle


est égale à la somme des inverses des résistances.

1 1 1 1
R = R1 + R2 + … + Rn

Remarques

1. La résistance équivalente d'un groupement en parallèle est toujours plus faible que la plus
faible des résistances du groupement. Par exemple soit deux résistances de 10 Ω et 100 Ω en

Electricité DF 24 Alain Plantefol


parallèle, en appliquant la formule il vient :

1 1 1 1
R = 10 + 100 = 0,11 ⇒ R = 0,11 ≈ 9,09 Ω

Si on branche deux résistances identiques en parallèle, la résistance équivalente est la moitié


de l'une des résistances, pour trois le tiers, etc. En effet le courant passe d'autant plus
facilement que des conducteurs en parallèle sont nombreux.

2. Dans une habitation alimentée par une ligne industrielle qui fournit 220 V, les appareils
électriques sont tous branchés en parallèle. S'ils étaient branchés en série, ils seraient tous
parcourus par le même courant ; pour éteindre une ampoule on devrait les éteindre toutes !
Bien remarquer aussi que, les appareils étant en parallèle, plus on en allume plus la résistance
équivalente de l'habitation baisse et plus le courant consommé est important.

Dans une habitation, tous les appareils électriques sont branchés en parallèle. Ils
sont soumis à la même tension, 220 V, et le courant total consommé est la somme
des courants consommés par chacun des appareils.

3.4 Résistance d'un conducteur filiforme


longueur La résistance électrique d'un fil conducteur, réalisé dans
section une substance homogène, est proportionnelle à sa
longueur puisque des résistances en série s'ajoutent.
Par contre la résistance électrique est inversement proportionnelle à la section puisque des
résistances identiques en parallèle ont une résistance équivalente d'autant moindre qu'elles
sont nombreuses. Ainsi doubler la section revient à placer côte à côte et en parallèle deux
conducteurs de même section égale à celle que l'on double, de ce fait la résistance est réduite
de moitié.

La résistance électrique R d'un fil conducteur est proportionnelle à sa longueur L


et inversement proportionnelle à sa section s. Le coefficient de proportionnalité ρ
dépend de la substance constituant le fil.

L
R=ρ s

Unités SI : R en Ω, L en m, s en m2, ρ en Ω · m.

Substance Résistivité ρ Qualité


Le coefficient de proportionnalité ρ Argent 1,59 · 10–8 Ω·m bon conducteur
ne dépend que de la substance avec
Cuivre 1,68 · 10–8 Ω·m bon conducteur
laquelle est fait le fil et s'appelle la
résistivité de la substance. Plus la Or 2,2 · 10–8 Ω·m bon conducteur
résistivité est faible, meilleur Aluminium 2,7 · 10–8 Ω·m bon conducteur
conducteur est le matériau. Le
tableau ci-contre donne la résistivité Germanium 46 · 10–2 Ω·m semi-conducteur
de quelques substances à 20˚C. Eau pure 2 · 105 Ω·m mauvais conducteur
Paraffine 6 · 1016 Ω·m isolant

Electricité DF 25 Alain Plantefol


Pour réaliser les fils de connexion des appareils électriques, on a tout intérêt que ceux-ci
conduisent bien le courant. On utilise le plus souvent des fils en cuivre (l'argent est un peu
cher), isolés par une gaine de matière plastique.

La résistivité dépend encore de la température du matériau. Pour les métaux elle augmente
quand on les chauffe ; par exemple la résistivité du filament en tungstène d'une ampoule est
grosso modo multipliée par dix entre 20˚C et 2600˚C qui est à peu près sa température de
fonctionnement. Par contre la résistivité des isolants diminue avec la température ; par
exemple le verre une fois fondu devient conducteur. En cas d'incendie il faut couper le
courant car, entre autres raisons, les isolants deviennent conducteurs.

Signalons encore le phénomène de la supraconductivité qui consiste en l'annulation totale de


la résistivité de certains métaux en dessous d'une température très basse : 7,3 K pour le
plomb, 4,2 K pour le magnésium, 1,1 K pour l'aluminium, etc. Evidemment ces températures
difficiles à obtenir sont coûteuses et limitent l'usage industriel de la supraconductivité.

4. Transformations d'én e rgi e dans un circuit él ectriqu e

4.1 Transformations d'énergie dans un circuit électrique

L'effet calorifique d'un courant, qui sera étudié un peu plus en détail au § 5, consiste en la
transformation d'énergie électrique en chaleur ou énergie thermique.

Lors d'une électrolyse, par exemple celle de l'eau, H2O, les réactions aux électrodes ont pour
produits un dégagement de gaz hydrogène H2 à la cathode et d'oxygène O2 à l'anode. Une
telle décomposition exige que de l'énergie électrique ait été transformée en énergie chimique.

Dans un moteur électrique il y a production d'énergie mécanique à partir d'énergie électrique.

Inversement, dans une pile ou une dynamo, de l'énergie respectivement chimique et


mécanique est transformée en énergie électrique.

Schématiquement le courant électrique est une sorte de "courroie de transmission" de l'énergie


depuis un générateur, pile ou dynamo, vers des récepteurs, résistance chauffante ou moteur ou
électrolyseur.

Energie Energie
Chaleur mécanique chimique

I
+
Energie
mécanique Générateur U Résistance Moteur Electrolyse
ou chimique

Electricité DF 26 Alain Plantefol


4.2 Expression de l'énergie électrique transformée

Soit un appareil alimenté par un courant I sous une tension U, pendant le temps ∆t une charge
Q = I ∆t traverse cet appareil. Le travail des forces électriques qui agissent sur cette charge
vaut W = Q U = I ∆t · U.
Dans une portion de circuit, l'énergie électrique transformée en énergie
thermique, mécanique ou chimique, a pour expression :
Eél = U I ∆t

La puissance électrique transformée dans une portion de circuit vaut :


P=UI
Unités SI : Eél en J, U en V, I en A, t en s, P en W (watt).

Cette égalité, P = U I, est fondamentale dans le domaine de l'électrocinétique. C'est à partir


d'elle que l'unité volt est définie dans le système d'unités SI.

Le volt est la différence de potentiel électrique qui existe entre deux points d'un fil
conducteur parcouru par un courant constant d'un ampère lorsque la puissance
dissipée entre ces deux points est égale à un watt.

5. Loi de Joule

5.1 Effet calorifique des courants de conduction

Un conducteur s'échauffe toujours quand il est parcouru par un courant électrique (exception
faite du cas de supraconductivité). Durant leur déplacement à l'intérieur d'un métal, les
électrons libres heurtent les ions métalliques et ainsi en augmentent l'agitation thermique.
Dans un électrolyte ce sont les ions mobiles qui heurtent les molécules et provoquent
l'échauffement.

Si la portion de circuit où circule le courant n'est que résistive, l'énergie électrique


consommée est alors exclusivement transformée en énergie thermique. On peut donc poser :

Eél = U I ∆t = Eth
et en tenant compte de la loi d'Ohm U = R I on a encore les égalités

U2
Eth = R I2 ∆t = R ∆t

L'égalité Eth = R I2 ∆t a été étudiée expérimentalement par le physicien anglais Joule5 et


constitue une loi qui porte son nom.

5 James Prescott Joule (1818-1889), physicien et industriel anglais.

Electricité DF 27 Alain Plantefol


Loi de Joule : la quantité de chaleur dégagée par le passage
d'un courant électrique dans un conducteur est proportionnelle
à la durée de passage du courant et au carré de son intensité.
Le coefficient de proportionnalité est la résistance électrique du
conducteur.
Eth = R I2 ∆t
Unités SI : Eth en J, R en Ω, I en A, t en s

5.2 Principe d'une étude expérimentale de la loi de Joule


I thermomètre
L'appareillage comprend un calorimètre qui
A permet la mesure de l'énergie thermique, un
Générateur ampèremètre pour la mesure de l'intensité du
courant, et enfin un chronomètre pour la
mesure du temps.

R Si C est la capacité calorifique totale du


calorimètre et θ sa température, l'énergie
chronomètre
thermique dégagée vaut
calorimètre
Eth = C ∆θ = R I2 ∆t
5.3 Applications usuelles de l'effet Joule

Chauffage électrique
Les cuisinières, radiateurs, fers à repasser, … , ont pour élément chauffant une résistance,
souvent en nichrome. Bien que la tension industrielle de 220 V soit alternative, les formules

P = U I = R I2 = U2/ R

sont encore valables. D'après P = U2/ R on peut remarquer qu'assez paradoxalement, à tension
constante, la puissance calorifique croît quand la résistance diminue. C'est la raison du danger
des courts-circuits qui peuvent provoquer l'inflammation des gaines isolantes des fils
électriques.

Eclairage par incandescence


On doit la lumineuse invention de l'ampoule électrique à l’américain Edison.
Les ampoules électriques contiennent un filament de tungstène, long de 40 à 100
cm et de diamètre 20 à 30 microns, qui est porté par effet Joule aux environs de
2600˚C. L'ampoule est remplie d'une atmosphère inerte chimiquement d'azote et
d'argon afin d'éviter une trop rapide sublimation du filament.

Fusibles
Ce sont des fils ou des rubans en alliage plomb étain qui fondent quand l'intensité du courant
qui les traverse dépasse une certaine valeur. Les fusibles sont placés en série avec les installa-
tions électriques pour éviter la détérioration des appareils et les risques d'incendie. Ils peuvent
être remplacés par des disjoncteurs magnétiques plus pratiques d'usage.

Electricité DF 28 Alain Plantefol


6. Gén é rat eurs él ect riques

6.1 Rôle d'un générateur (électromoteur) dans un circuit

électrons I (conventionnel) La circulation de courants électriques dans un circuit


+ conducteur impose la présence d'un appareil, appelé
générateur ou électromoteur qui est capable de
maintenir une tension constante entre deux bornes (ou
Générateur U pôles) tout en débitant un courant. On peut comparer le
rôle d'un générateur à celui d'une pompe dans un circuit
– hydraulique. En effet, comme une pompe qui aspire un
fluide à basse pression et puis le réinjecte à une pression
plus élevée, un générateur attire les électrons libres à sa
+ – + G – borne positive et les réinjecte à sa borne négative.

pile dynamo Les générateurs de courant continu les plus communs


sont les piles (ou accumulateurs) et les dynamos. Dans
les schémas des circuits on les représente par les
symboles ci-contre.

6.2 Transformation d'énergie dans un générateur


I
Un générateur qui débite sous une
+
tension U un courant I produit une
Energie puissance électrique P = U I , qui
mécanique Générateur U provient de la transformation d'énergie
ou chimique chimique dans le cas des piles ou
– d'énergie mécanique dans le cas des
dynamos. La manière dont s'effectue
cette transformation ne sera pas abordée
ici.

Evidemment un générateur est aussi un conducteur puisque le courant le traverse, et il doit


donc s'échauffer par effet Joule. On appelle résistance interne du générateur la valeur de la
résistance correspondant à cet effet Joule. Un générateur idéal est un générateur dont la
résistance interne est nulle et qui transforme la totalité de l'énergie chimique ou de l'énergie
mécanique en énergie électrique. Un générateur quelconque est alors assimilable à un
générateur idéal en série avec une résistance égale à sa résistance interne. Dans les schémas
de circuits un générateur est représenté ainsi :

+ – r

Electricité DF 29 Alain Plantefol


7. Amp è remèt re et voltmèt re

7.1 L'ampèremètre

C'est un appareil qui permet la mesure d'intensités s'échelonnant du milliampère à quelques


dizaines d'ampères. Dans les circuits il est schématisé par A .

ampoule I Il est toujours branché en série car il doit être traversé par le
A courant dont on mesure l'intensité. Par exemple l'ampèremètre
du circuit ci-contre mesure le courant consommé par l'ampoule.
Bien entendu il est tout à fait égal que l'ampèremètre soit placé
+ – avant ou après l'ampoule. Il faut toutefois faire attention que le
courant débité par la pile est un peu plus faible que si l'ampoule
était seule, en effet un ampèremètre a sa propre résistance.

7.2 Le voltmètre

C'est également un appareil qui permet la mesure de tensions électriques. Dans les circuits il
est schématisé par V .

V Il est toujours branché en parallèle avec la portion de circuit aux


U bornes de laquelle on veut mesurer la tension. Par exemple le
voltmètre du circuit ci-contre mesure la tension aux bornes de
l'ampoule. Ici le courant débité par la pile est un peu plus fort
que si l'ampoule est seule, car un voltmètre consomme un peu
de courant.
+ –

7.3 Le multimètre

C'est un appareil de poche ou de table qui permet la mesure


de tensions électriques, d'intensités de courant et de
résistances électriques. Très pratique d'emploi, on peut
l'acheter dans un rayon "bricolage".

Electricité DF 30 Alain Plantefol


Ex ercic es : El ectrocin étique

1. Combien d'électrons passent en une seconde à travers une section d'un fil parcouru par
un courant de 1 A ?

2. Combien de temps faut-il pour que 36 000 C traversent un électrolyte si le courant


correspondant vaut 5 A ?

3. Que vaut le courant qui alimente un grille-pain dont la résistance chauffante a une
résistance de 80 Ω et qui est branché à une source de tension de 220 V ?

4. Une ampoule est parcourue par un courant de 0,5 A quand elle est branchée à une
source de tension de 110 V. Quelle est la résistance électrique du filament ?

5. Que vaut la tension électrique aux bornes d'une résistance de 10 Ω sachant que 720 C la
traverse par minute ?

6. Calculer la résistance d'un fil de 500 m de long, de 0,3 mm2 de section et constitué d'un
métal de résistivité 33 · 10–7 Ωm.

7. Que vaut la résistance équivalente de deux résistances de 4 Ω et 8 Ω qui sont montées


en série ? En parallèle ?

8. Quelle résistance faut-il placer en parallèle avec une résistance de 20 Ω pour obtenir une
résistance finale de 15 Ω ?

9. Un courant principal de 20 A alimente trois résistances de 8 Ω, 12 Ω et 24 Ω disposées


en parallèle. Déterminer la tension aux bornes du groupement et le courant traversant
chacune des résistances ?

10. Déterminer l'intensité du courant et la tension aux bornes de deux résistances de 50 Ω et


100 Ω alors qu'elles sont alimentées par une source de tension de 120 V. Envisager
successivement les cas où elles sont branchées en série et en parallèle.
50 Ω

50 Ω 100 Ω 100 Ω

120 V 120 V

11. Une décharge électrique de 10 millions de volts dégage une énergie de 1,25 · 105 J.
Déterminer la quantité d'électricité qui s'est déplacée pendant le phénomène.

12. Un grille-pain de puissance 2 kW consomme un courant de 10 A. Que vaut sa résistance


électrique ?

Electricité DF 31 Alain Plantefol


13. Que vaut en kWh la consommation d'un réchaud de résistance 46 Ω branché sous 230 V
durant une heure ?

14. Calculer la résistance de l'élément de chauffage électrique capable d'amener à 100°C, en


2 minutes, 500 g d'eau initialement à 28°C. La tension d'alimentation vaut 110 V et
25 % de la chaleur produite par l'élément est perdue.

15. La vitre arrière d'un taxi mesure 1.1 m sur 0,5 m. Elle est recouverte d'une couche de
glace à – 10 ºC et de 0,25 mm d'épaisseur. Un chauffage électrique est branché pour
faire fondre cette glace. Sa puissance totale est de 180 W et on suppose que toute
l'énergie qu'il dissipe est absorbée par la glace. Il est constitué de 14 fils chauffant
branchés en parallèle à la batterie de 12 V.

15.1 Calculer la masse de la glace.

15.2 Calculer la chaleur totale minimale qu'il faut fournir à cette glace pour qu'elle
fonde.

15.3 Combien de temps de chauffage va-t-il mettre pour fondre cette glace ?

15.4 Calculer l'intensité du courant traversant chaque fil.

16. On étudie une ligne de transport d'énergie électrique sur deux fils en cuivre. La
résistance de chaque fil est de 43 Ω.

Elle relie une centrale électrique de puissance P1 à un consommateur de puissance P2.

Le courant dans la ligne est de I = 10 A. On mesure une tension U2 = 23 000 V aux


bornes du consommateur.

Centrale U1 U2 Consommateur

16.1 Quelle est la chute de tension ∆U mesurée entre la centrale et le consommateur


aux bornes de chaque fil de résistance R = 43 Ω ?

16.2 Quelle est la puissance P perdue dans chaque fil de résistance R = 43 Ω ?

16.3 Quelle est la puissance P2 disponible pour le consommateur ?

16.4 Vérifier que la puissance P1 de la centrale est bien 238,6 kW et en déduire la


tension U1 aux bornes de la centrale.

16.5 Calculer le rendement de la ligne électrique entre la centrale et le consommateur.

Electricité DF 32 Alain Plantefol


17. On installe un lave-linge dans une habitation alimentée par une tension continue.
Ce lave-linge est relié au circuit d'eau froide : un corps de chauffe de résistance R
réchauffe l'eau jusqu'à la température demandée pour la lessive et un moteur de 200 W
fait tourner le tambour .
lave-linge

r
R
moteur M corps de
r 200 W chauffe
tension 200 V
courant 8 A

lignes de transport
alimentation en cuivre
tension U0 longueur 300 m chacune
section 2,5 mm2

17.1 Pourquoi le corps de chauffe et le moteur sont-ils branchés en parallèle ?

Un courant de 8 A traverse le corps de chauffe sous une tension de 200 V.

17.2 Calculer la résistance R du corps de chauffe.

L'habitation (donc le lave-linge) est reliée à une alimentation électrique par une ligne de
300 mètres de longueur comprenant deux fils de cuivre de 2,5 mm2 de section.

17.3 Calculer la résistance r de chacun de ces fils.

17.4 Calculer la puissance perdue par effet Joule dans chacun des fils d'alimentation.

17.5 Calculer la tension U0 délivrée par l'alimentation.

Réponses

1. 6,24 · 1018 2. 2h 3. 2,75 A

4. 220 Ω 5. 120 6. 5,5 kΩ

7. 12 Ω ; 2,67 Ω 8. 60 Ω 9. 80 V ; 10 A ; 6,7 A ; 3,3 A

10. 0,8 A ; 40 V ; 80 V ; 2,4 A ; 1,2 A ; 120 V 11. 12,5 mC

12. 20 Ω 13. 1,15 kWh 14. 7,22 Ω

15. ≈ 0,126 kg ; ≈ 44,2 kJ ; ≈ 246 s ; ≈ 1,07 A

16. 430 V ; 4,3 kW ; 230 kV ; 238,6 kW , 23,86 kV ; ≈ 96,4 %

17. Pour fonctionner indépendamment ; 25 Ω ; ≈ 2,02 Ω ; 164 W ; ≈ 236 V

Electricité DF 33 Alain Plantefol


Document : L' él ectrocution

L'électrocution désigne les effets pathogènes, voire mortels,


consécutifs au passage de courant électrique dans un
organisme.

Le corps humain est-il isolant ou conducteur ?

Un corps humain est en quelque sorte un aquarium-bipède6


rempli de beaucoup d'eau salée, et dont les parois sont
constituées d'une enveloppe isolant de l'extérieur, la peau. En
effet, les cellules baignent dans différents liquides (lymphe,
plasma…) riches en ions dissous (sodium, potassium…), et
tout cela crée une solution, médiocrement conductrice de
l'électricité, assimilable à de l'eau de mer. L'enveloppe de "l'aquarium", la peau, conduit très
mal le courant quand elle est sèche, et le conduit un peu mieux quand elle est mouillée.

Dangers du courant

L'étude des effets physiologiques des courants montre qu'il est difficile de préciser les limites
des tensions dangereuses. Celles-ci dépendent de la durée du contact, de l'intensité du
courant qui traverse le corps et du type de courant, continu ou alternatif.

Alors que le courant continu accessible au grand public est sans danger (pile, accumulateur,
trans-formateur basse tension pour ampoule halogène), le courant alternatif est très
dangereux. Les effets du courant alternatif dans le corps sont de deux sortes :

• contractions intenses des muscles, provoquant l'arrêt cardiaque et le blocage des muscles
respiratoires.

• des brûlures électriques par effet Joule (Eth = R I2 t).

Dans le cas d'un courant alternatif de fréquence 50 Hz (cas le plus souvent rencontré dans la
pratique), on estime à 0,025 ampère l'intensité à partir de laquelle les effets sont dangereux
(ce courant est 100 fois plus faible que celui qui alimente une ampoule de 100 W ! ). Ce
courant dépend de la différence de potentiel appliquée entre deux points du corps (110 volts,
220 volts, etc.), et aussi de la résistance électrique du corps entre ces deux points, selon la loi
d'Ohm U = R I.

Plus cette résistance est faible, plus le courant est important. La résistance électrique entre des
mains calleuses et sèches peut être de 100 000 ohms, mais, entre des mains mouillées elle ne
dépasse pas quelques centaines d'ohms, et pour un corps dans une baignoire, elle est

6 La Terre s'est formée il y a 4,5 Ga. Les premiers fossiles de bactéries datent de 3,5 Ga. Ces bactéries primitives
sont apparues dans les mers et océans. Puis, il y a 600 Ma seulement, les premiers organismes animaux
apparaissent. Parmi ceux-ci, certains sortent de la mer pour vivre sur la terre, mais ils transportent en eux leur
milieu originel, l'eau de mer, celle-ci baignant (sous forme de lymphe, plasma,…) les cellules dont ils sont
constitués. Ces nouveaux organismes terrestres sont en quelque sorte des aquariums remplis de cellules. Et pour
finir cette brève chronologie, il y a 230 Ma apparaissent les fameux dinosaures, et enfin, il y a moins de 1 Ma,
l'homme … !

Electricité DF 34 Alain Plantefol


inférieure à 100 ohms. De ce fait, même une très basse tension peut être dangereuse dans ce
cas et le seuil de danger est situé entre 12 volts et 25 volts.

On peut craindre plusieurs cas de figure : une personne peut être électrocutée si elle touche les
deux fils dénudés ou les deux bornes d’un appareil. Son corps devient alors un élément du
circuit électrique et est traversé par le courant. Mais, l’électrocution guette également la
personne qui touche le seul fil de phase (voir le document suivant) et qui est en contact avec
la terre. Enfin une dernière possibilité d’électrocution guette celui qui touchera la carrosserie
métallique d’un appareil présentant un défaut d’isolation de son circuit électrique et n’ayant
pas été relié à la terre (voir aussi le document suivant).

L'électrocution

Suivant l'intensité du courant qui traverse le corps, on distingue la tétanisation des muscles de
7 à 9 mA ; la crispation de la main, telle qu'il n'est plus possible de lâcher prise ( ou au
contraire la victime rejette brusquement le conducteur et s'expose à des accidents secondaires,
chute par exemple), et l'asphyxie au bout de quelques minutes si les muscles respiratoires sont
sur le trajet de courants de 10 à 15 mA. Au-delà de 25 mA apparaît la paralysie du cœur et des
centres respiratoires. Parallèlement intervient la fibrillation du cœur, contraction anarchique
des fibres du muscle cardiaque, qui provoque l'arrêt de la circulation du sang. Toutefois, si la
coupure du courant intervient très rapidement, avant qu'il n'atteigne 30 mA, le danger
d'électrocution est peu probable.

Les brûlures électriques s'étendent en profondeur sur tout le trajet du courant qui accompagne
le plus souvent les axes de moindre résistance (vaisseaux sanguins et nerfs). En pratique, plus
la tension est élevée, plus le risque de brûlure est grand. Le trajet suivi par le courant à
l'intérieur du corps est essentiel car la gravité de l'atteinte dépend des organes traversés par
l'électricité.

Pour les hautes tensions, et pour des temps d'application très courts (quelques millièmes de
seconde), on note des brûlures, des pertes de connaissance et des paralysies des membres. Au-
delà de 30000 volts, les effets sont généralement mortels. La foudre entre dans cette dernière
catégorie.

Les premiers secours

Lorsqu'on se trouve en présence d'un électrocuté, le premier geste doit être de couper le
courant. Si c'est impossible, il faut dégager l'accidenté, mais en prenant toutes les précautions
pour s'isoler soi-même !

S'il s'agit d'un accident domestique, il faut supprimer tout contact avec le circuit électrique en
utilisant un bâton sec et s'isoler du sol avec un objet sec, par exemple un tapis de caoutchouc,
un linoléum, une planche, du linge, un paquet de journaux. Il ne faut jamais se servir d'objets
métalliques à manches nus pour sectionner les fils électriques. S'il s'agit de haute tension, le
sauveteur risque la mort. Il ne peut que prévenir les services de secours et doit s'abstenir de
toute manœuvre. Si l'accidenté a perdu connaissance et ne respire plus, la réanimation
(respiration artificielle par la méthode du bouche-à-bouche, complétée, en cas d'arrêt du cœur,
par un massage cardiaque externe) doit être entreprise dès la coupure du courant ; ensuite, le
malade doit être transporté dans un centre hospitalier. Si le cœur est en fibrillation, seule une
deuxième secousse électrique - à l'aide d'un appareil médical adapté : un défibrillateur -
pourra rétablir une activité cardiaque normale.

Electricité DF 35 Alain Plantefol


Comment se protéger

Des précautions simples à respecter (ou à faire respecter) doivent permettre d’éviter tout
risque d’électrocution :

• ne jamais utiliser un appareil électrique lorsqu’une partie est ou peut être en contact avec de
l’eau (proscrire l’utilisation du sèche-cheveux, du rasoir électrique ou du téléphone dans la
baignoire !),

• ne jamais tenter de réparer un appareil électrique sans l’avoir débranché ou couper le


courant au préalable,

• s’assurer du bon état des cordons d’alimentation des appareils et éviter de les débrancher en
tirant sur le fil,

• installer des prises de sécurité ou des cache-prises pour protéger les jeunes enfants,

• respecter les consignes d’installation, mettre à la terre des châssis métalliques des gros
appareils ménagers, avoir un disjoncteur différentiel en tête de l’installation, des interrupteurs
différentiels dans les salles de bain.

Electricité DF 36 Alain Plantefol


El e c tro m agn é tism e

De même qu'une baguette frottée et électrisée est capable d'attirer à elle de menus objets qui
s'électrisent par influence dans son champ électrique, un aimant attire à lui des objets en fer
comme des clous, épingles, etc. Ce nouveau type de force à distance qui s'exerce entre un
aimant et un morceau de fer est appelée force magnétique.

Comme on peut en faire facilement l'expérience, il ne se manifeste aucune force entre une
baguette électrisée et un aimant. Cela signifierait donc qu'il n'y aurait aucun rapport entre les
forces électriques et les forces magnétiques. En fait, depuis le XIXe siècle (cf. ci-dessous), on
s'est aperçu qu'un courant électrique pouvait faire dévier l'aiguille d'une boussole. Plus
généralement, les charges électriques présentent des effets magnétiques que si elles sont en
mouvement, comme c'est le cas des charges électriques qui constituent un courant.

Des forces magnétiques ne peuvent apparaître en plus des forces électriques


que si les charges électriques sont en mouvement.

Ce principe explique pourquoi un courant agit sur un aimant et non pas une baguette
électrisée fixe. Il explique aussi que l'on puisse pour une première étude séparer les
phénomènes électriques des phénomènes magnétiques. Toutefois ces phénomènes sont liés,
on les qualifie d'électromagnétiques.

1. Objets poss édant des prop ri ét és magnétiqu es

De même que tout espace où une charge électrique est soumise à une force électrique est
appelé champ électrique, tout espace où un objet est soumis à des forces magnétiques est
appelé champ magnétique.

1.1 Les aimants naturels

Connues depuis l'Antiquité, certaines roches minérales contenant


de l'oxyde magnétique de fer, la magnétite de formule Fe3O4,
avaient la propriété d'attirer à faible distance de menus fragments
de ces mêmes roches. Etymologiquement magnétisme vient du
grec "magnes", mot qui a sans doute son origine dans le nom
d'une ancienne province d'Asie Mineure, appelée Magnésie, où
l'on extrayait il y a environ 2500 ans la magnétite. Sur la photo ci-
contre un morceau de magnétite attire un trombone en fil de fer.

1.2 Les aimants permanents

De facture moderne, ils sont constitués de poudres métalliques agglomérées, Fe, Al, Ni, Co,...
ou encore d'acier (Fe plus quelques % de C).

Electricité DF 37 Alain Plantefol


1.3 Les bobinages électriques

C'est 1820 que Christian Œrsted, professeur


de physique à Copenhague, mit en évidence
l'action magnétique d'un courant. Lors d'un
cours, au moment où il faisait passer un
courant dans un circuit, Œrsted constate que
l'aiguille d'une boussole, qui était là par
hasard, tourne et se place
perpendiculairement au courant. Très
rapidement cette découverte parvint à Paris
et Ampère en fit l'étude expérimentale.
Pour créer électriquement un fort champ magnétique, on utilise des bobines plates ou longues
de fil conducteur (les bobines longues étant appelées solénoïdes). Quand le courant passe, la
bobine se comporte comme un aimant, l'aimantation étant d'autant plus intense que l'intensité
est forte. Pour faire cesser l'aimantation, il suffit de couper le courant. Souvent les bobines
possèdent un noyau en fer doux qui multiplie grandement l'aimantation.
N spires
Le noyau en fer multiplie
I par un facteur d'environ
I 1000 le champ magnétique
+ solénoïde – + électroaimant –

1.4 Aimantation induite

La plupart des substances placées dans un champ magnétique s'aimantent très faiblement. On
parle alors d'aimantation induite. Toutefois le fer, le cobalt et le nickel font exception en
s'aimantant fortement, ces substances sont appelés ferromagnétiques. Un morceau de fer
placé dans le champ magnétique d'un aimant devient lui-même un aimant. Toutefois ce
morceau de fer ne garde pas son aimantation quand on l'éloigne de l'aimant. Au contraire
l'acier dur garde cette aimantation induite beaucoup plus longtemps.

2. Propri ét és magnétiqu es

2.1 Attraction de la limaille de fer


Un aimant attire la limaille de fer en deux zones (parfois plus) dites pôles magnétiques et qui
sont situées aux extrémités du barreau aimanté ou du solénoïde.
+ –
pôle
électroaimant
attirant une
pôle
pièce de fer
limaille de fer

Bien remarquer que les pôles d'un aimant ne sont pas ponctuels, ce sont des zones.

Electricité DF 38 Alain Plantefol


2.2 Orientation dans le champ magnétique terrestre

aiguille aimantée Quand ils sont libres de s'orienter les objets magnétiques
S N subissent un couple de forces qui aligne les pôles
surchage magnétiques avec une direction approximativement Sud-
Nord (et vers le bas dans l'hémisphère Nord). Une
pivot boussole est simplement constituée d'une aiguille
aimantée sur un pivot.

Le pôle qui indique le Nord est appelé pôle nord de l'aimant et l'autre le pôle sud.

2.3 Interaction entre pôles magnétiques

Quand deux aimants sont en présence,


→ on constate que leurs pôles de même
F S N
S N nom se repoussent, tandis que leurs
pôles de noms contraires s'attirent.

Cela explique le mécanisme de l'attraction de morceaux de fer par un aimant : d'abord le


morceau de fer s'aimante par aimantation induite, puis les pôles contraires s'attirent.

2.4 Expérience de l'aimant brisé

N S Si on tente d'isoler un pôle en brisant un aimant,


l'expérience montre que chacun des morceaux
N S N S possède deux pôles, les morceaux tendant à
reconstituer l'aimant en s'attirant.

On ne peut pas isoler un pôle magnétique.

Le monopôle magnétique n'existe pas, les atomes sont eux-mêmes bipolaires et les électrons
aussi.

3. Champs magn étiques

3.1 Vecteur champ magnétique


La direction du champ magnétique, noté par un
S N → →
B vecteur B , est donnée par la ligne des pôles dune
aiguille de boussole à l'équilibre. Par convention le
→ →
sens de B est du pôle sud vers le pôle nord. La norme du vecteur B est proportionnelle aux
forces magnétiques qui orientent l'aiguille de la boussole. Pour ce qui suit, il suffit de savoir
que l'unité SI de champ magnétique est le tesla, symbole T. Voici quelques exemples de
valeurs de champs magnétiques.

Source T Source T
Espace interstellaire 10–10 Surface de la Terre 5 · 10–5
IRM ≈6 Petit aimant ≈ 0,01

Electricité DF 39 Alain Plantefol


3.2 Spectre magnétique

Pour mieux visualiser l'aspect d'un champ magnétique, on représente un ensemble de lignes
de champ appelé spectre magnétique.

→ Il existe un procédé très simple pour réaliser le spectre


B
d'un aimant : il suffit de saupoudrer de limaille de fer
un carton posé sur l'aimant ; chaque grain de limaille,
devenant par aimantation induite une petite boussole,
NS N →
N S s'oriente alors suivant B , et les grains en se collant les
S
N uns aux autres constituent des chaînettes ayant la forme
S des lignes de champ. Le schéma ci-contre montre
quelques grains de limaille alignés selon une ligne de
champ.

Sur la photographie, on peut voir la disposition des grains de limaille due au champ
magnétique d'un aimant droit. Sur le schéma de droite, on a dessiné le spectre magnétique
correspondant. On peut remarquer que les lignes de champ sont plus proches les unes des
autres près des pôles, là où le champ magnétique est plus intense. Par ailleurs les lignes de
champ sortent de l'aimant par son pôle nord et y entrent par le pôle sud.
A la différence des lignes de champ électrique qui ont pour origines des charges positives, et
pour fins des charges négatives, les lignes de champ magnétique n'ont ni début ni fin car il
n'existe pas de monopôle magnétique. Ce sont des courbes qui se referment sur elles-mêmes.

3.3 Champ magnétique terrestre


S Les pôles magnétiques et géographiques ne coïncident
pas puisque l'emplacement des pôles magnétiques varie
Nord géographique
lentement avec le temps, de même pour l'intensité du
d champ magnétique terrestre. Actuellement, en Suisse,
i sa composante horizontale vaut environ 2 · 10–5 T.
N Nous avons des preuves que le champ magnétique
Nord magnétique
terrestre s'est complètement inversé 300 fois au cours
des dernières170 millions d'années, la dernière fois il y
→ a 30 000 ans.
B

Electricité DF 40 Alain Plantefol


S

Tout se passe un peu comme si la Terre contenait une tige aimantée, inclinée de 11,5º par
rapport à son axe de rotation. Les lignes de champ s'étendent sur des milliers de km dans
l'espace. Attention au fait que le pôle sud magnétique est proche du Nord géographique et
vice versa.

3.4 Champ magnétique autour d'un courant rectiligne

Comme on peut le constater sur la


photographie, la limaille de fer se dispose en
cercle autour du courant rectiligne. Les lignes
de champ sont donc des cercles centrés sur le
fil et orientés suivant la règle du tire-
bouchon : si on fait tourner un tire-bouchon
dans le sens des lignes de champ, il progresse
dans le sens du courant. On peut encore
utiliser la règle de la main droite comme
l'illustre le schéma ci-contre.

L'intensité de B décroît avec la distance r au fil


selon la formule :

I I
B = 2 · 10 – 7 r = µ 0 2π r

où µ0 est la constante d'induction du vide qui vaut 4π 10 – 7 V·s·A– 1·m – 1.

Electricité DF 41 Alain Plantefol


3.5 Champ magnétique d'une bobine

A titre indicatif, les photographies suivantes illustre le champ magnétique au voisinage d'un
courant circulaire (spire) et d'une bobine.

4. Action d'un champ magnétiqu e s ur un courant

Nous avons vu que des pôles magnétiques de même nom se repoussaient tandis que des pôles
de noms contraires s'attiraient. Peu importe que ces pôles magnétiques soient ceux d'un
aimant ou d'une bobine. Donc une bobine parcourue par un courant subit des forces
magnétiques quand elle est située dans un champ magnétique. Plus généralement, tout courant
situé dans un champ magnétique subit une force magnétique.

4.1 Force de Laplace

Le schéma ci-dessus montre un fil conducteur parcouru par un courant qui est placé dans le
champ magnétique d'un aimant en U Expérimentalement on constate qu'une force
magnétique, dite force de Laplace, perpendiculaire au courant et au champ apparaît. Si on
change le sens du courant, cette force change de sens. Si on dispose trois doigts
perpendiculairement entre eux, le sens de cette force est illustré ci-dessous.
I I

→ →
B F
→ →
F B
Main gauche Main droite

Electricité DF 42 Alain Plantefol


Afin de faciliter la représentation plane de trois vecteurs perpendiculaires deux à deux entre
eux, on utilise la convention suivante :

→ →
Pour cette personne le vecteur V est Pour cette personne le vecteur V est
fuyant et il le représente ainsi sur sa pointant et il le représente ainsi sur
feuille : → sa feuille : →
V V

→ →
B I F
Selon ces conventions, les schémas des I
mains gauche et droite de la page précédente
deviennent : → →
F B

L'intensité de la force de Laplace est proportionnelle au courant, au champ magnétique et à la


longueur du fil immergé dans le champs. Finalement la direction, le sens et l'intensité des
forces de Laplace sont donnés par la loi qui suit.

Un courant rectiligne placé dans un champ magnétique


uniforme est soumis à une force magnétique, appelée
force de Laplace7. donnée par la formule

→ → →
F = IL × B ⇒ F = IL B sin α

→ →
où α est l'angle non orienté de IL avec B


Dans cette formule le vecteur IL est appelé un "élément
de courant", il a pour direction et sens ceux de I et pour
norme IL.

Unités SI : F en N , I en A , L en m et B en T.

7 Pierre-Simon de Laplace (1749-1827), célèbre mathématicien et astronome français, fait comte par
Napoléon et marquis par Louis XVIII. A 20 ans il enseigne les mathématiques à l'École royale militaire; en 1784
il prend part à l'organisation de l'École polytechnique et de l'École normale. Un moment ministre de l'Intérieur
après le 18 Brumaire, il fut sénateur sous l'Empire et pair de France sous la Restauration. La valeur littéraire de
ses écrits le fit recevoir à l'Académie française.

Electricité DF 43 Alain Plantefol


4.2 Moteur électrique à courant continu

Tous les moteurs électriques utilisent


comme forces motrices les forces
électromagnétiques de Laplace. Pour
obtenir une rotation continue du rotor N
on est obligé d'avoir recours à des
astuces techniques pour inverser soit
→ I
– F
le sens du champ magnétique, soit le →
sens de courant continu. C'est ce B
dernier cas qui est illustré ci-contre.
+
Une bobine, rotor, s'oriente dans le
– I

champ magnétique d'un aimant → F
permanent ou d'un électroaimant, B
stator, mais l'alimentation en courant
est inversée quand la bobine atteint sa
position d'équilibre au moyen de
contacts frottant sur deux demi-
bagues, de ce fait le rotor refait un
S
demi-tour, et ainsi de suite …

4.3 L'ampèremètre

Comme application pratique des forces de Laplace


S citons encore l'ampèremètre. Une bobine alimentée
N par le courant I à mesurer s'oriente dans le champ
magnétique radial d'un aimant, et de ce fait tord un
ressort spiral (ou un fil de torsion) tout en
entraînant une aiguille placée devant un cadran
gradué. L'angle de torsion est proportionnel à I
puisque le couple de forces de Laplace qui agit l'est
aussi.

Electricité DF 44 Alain Plantefol


Ex ercic es : Fo rc es magn étiques

1. Deux fils conducteurs parallèles sont parcourus par des courants I1 et I2 de sens
contraires.
I1 I2

1.1 Dessiner et flécher quelques lignes des champs magnétiques qui entourent ces
courants.

1.2 Dessiner les vecteurs champ magnétique qui agissent précisément sur ces
courants.

1.3 Dessiner les forces de Laplace qui agissent sur ces courants. S'agit-il d'une
attraction ou d'une répulsion ?

1.4 Ces forces sont-elles opposées ? Le sont-elles toujours ? Justifier.

2. Soit le dispositif figuré ci-dessous. Deux rails conducteurs horizontaux alimentent en


courant une tige cylindrique, celle-ci étant placée dans le champ magnétique d'un aimant
en U.

S

+

2.1 En ce qui concerne la tige, dessiner et flécher le courant, le champ magnétique et


la force de Laplace. Peut-on considérer ce dispositif comme un moteur électrique
rudimentaire ?

2.2 Que faut-il faire pour inverser le sens de la force de Laplace ?

3. Un fil vertical est parcouru par un courant électrique conventionnellement orienté de


haut vers le bas. Sous l'action de la composante horizontale du champ magnétique
terrestre, ce fil subit une force magnétique dirigée vers l'est, l'ouest, le nord, le sud ?

Electricité DF 45 Alain Plantefol

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