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Introduction
Il est assez bien admis aujourd'hui chez les historiens des sciences et
les épistémologues, que la physique tout comme les autres sciences, n'est
pas étrangère de la philosophie. La physique tout en étant autonome par
rapport à la philosophie, y touche cependant de près. Ses élaborations
conceptuelles et théoriques posent le problème du fonctionnement de la
pensée et de la signification de ses objets de la pensée, mais le problème
fondamental est celui du rapport entre ces représentations symboliques
abstraites et le monde matériel des phénomènes physiques2. Malgré leur
relative indépendance, la physique et la philosophie ont à voir l'une avec
l'autre, par la rationalité de leur approche et de leur objet. La physique se
1
Michel Paty, La physique et la philosophie, le discours philosophique, volume 4 de
l'encyclopédie philosophique universelle, Paris, 1998. p 2.
2
Ibid., p, 5.
3
préoccupe de décrire et d'expliquer le monde, la philosophie se préoccupe
d'exprimer des significations, leurs propos ne peuvent être indifférents
l'un de l'autre3.
4
quantique, à la fonction d'onde, aux probabilités, aux relations
d’indéterminations. Certainement, ils y auraient des répercussions sur un
ensemble de concepts philosophiques très anciens comme : réalité,
matière, temps, espace, causalité, objectivité, et logique. La physique
moderne a soulevé un problème philosophique très ancien, c'est le
problème de la réalité, et sur ce point majeur que se manifeste la grande
différence, car ce problème ne se pose pratiquement pas en physique
newtonienne, puisque les objets que celle-ci manipule sont supposés réels
masses, ressort, pendule, planètes, satellite, etc 5.
5
Mustapha Oldache, Tayeb Belarbi, et Chams Eddine Khiari, Le concept de réalité en
physique une étude épistémologique, revu algérienne de physique, volume 2, numéro 1. Publié
en ligne le 12 février 2015. p, 1.
6
Ibid.
5
il n’aura désormais aucun sens, surtout après l'avènement de la
mécanique quantique au début du siècle précédent, et l’apparition du
concept de «fonction d'onde» et le principe d'indétermination. En
physique quantique les particules n'existent pas en tant que corps
matériels, mais ils existeraient d'après une onde de matière. par
conséquent la physique moderne a soulevé une question philosophique
angoissante : Qu'est-ce qui existe réellement ? 7
7
Ibid.
6
Étant donné que ce mémoire serait consacré de mettre en évidence
les répercussions philosophiques de la physique moderne, nous devons
d'abord préciser la problématique de la manière suivante : Comment la
physique moderne, a changé le parcours philosophique du XX siècle ?
7
La deuxième étendu c’est l’étendu scientifique. La physique
moderne a créé une nouvelle perspective concernant la structure de la
matière, elle avait dévoilé ses parties les plus sombres, surtout, après la
naissance de la physique nucléaire. À quoi consiste donc, la nouvelle
structure de la matière ? Comment la nouvelle structure aurait permis de
changer l'ancienne thèse philosophique, selon laquelle l'atome est l'ultime
particule élémentaire ? Quels sont les nouveaux engins techniques ? La
naissance de la physique nucléaire réussi-t-elle de résoudre les
complexités dela structure de la matière ?
8
moderne ? Est-ce-que l'homme moderne conservera-t-il sa confiance
envers la Religion ?
9
Premier étendu
Je pense qu’il vaut mieux dire toute suite que personne ne comprend la
mécanique quantique, si vous le pouvez, évitez de vous dire : « Mais
comment peut-il en être ainsi ? » sinon vous serez submergé, noyé, entrainé
vers un gouffre dont personne encore n’a réussi à échapper. Personne ne
sait comment il peut en être ainsi.
Richard Feynman
10
Chapitre I :
8
Heisenberg W, Physique et philosophie, éditions Albin Michel, la collection «sciences
d'aujourd'hui», est dirigé par André George, Traduit de l'anglais par Jacqueline Hadamard,
France, 1971, p, 35.
11
l'astronome peut prévoir les propriétés successives du système, comme
par exemple le moment exact d'une éclipse lunaire.9
9
Ibid., p, 36.
10
Ibid., p, 36
11 Ibid., p, 37.
12
En mécanique quantique notre connaissance sera profondément
perturbée, car le résultat de toute mesure n'est prédictible qu'avec une
probabilité donnée, c'est-à-dire d'une façon non certaine, cela signifie,
que notre connaissance à l'égard de l'électron et du mécanisme atomique
est certainement floue.12 Alors qu’en physique classique, la connaissance
ne tenait pas aux relations d'incertitude, Par conséquent, la théorie
quantique a radicalement bouleversé cette confiance épistémique.
12
Françoise Balibar, Michel Crozon, Emmanuel Farge, Physique moderne,édition Messidor/La
Farandole, Collection « la science & les hommes », est dirigé par Paul Brouzeng, Paris, 1991, p,
49.
13
Physique et philosophie, op.cit., p, 38.
13
physiciens ayant utilisé le terme onde-particule, afin de décrire l'électron
à l'aide des notions qui nous sont familières.14
14
Physique moderne, op-cit, p, 45.
15
Physique et philosophie, p, 40.
14
stade excité. Heisenberg constate qu'il n'existe aucun moyen de déceler
l'orbite de l'électron autour du noyau, le dispositif de mesure a dû
arracher l'électron de l'atome et l'on pourra jamais l'observer, c'est tout
simplement, parce qu'il n’y avait pas d'orbite :
16
p 41.
17
p, 44.
15
Le terme «ce qui se passe» (Was ist passieren) explique une
situation non-objective, parce que « ce qui se passe », dépend de notre
manière de l'observer. Or la physique classique nous permet de déduire
des lois idéales de l'objet observé d'une manière que lois pourront être
objectives, car l'observation n'altère pas le sujet observé. Donc, établir
une connaissance universelle et générale n'est plus envisageable dans la
théorie quantique.
16
décrivait pas l'électron objectivement, vu les relations d'incertitude ; si
nous connaissons la vitesse, nous n’avons aucune idée sur sa position, et
vice-versa. Selon Heisenberg, l'expérience est gérée par la fonction de
probabilité dans la théorie quantique. Cette probabilité représente une
sorte de tendance :
19
p, 48.
20
p, 49.
17
également subit un changement discontinu, et nous parlons de «saut
quantique», quand on utilise le vieil adage «la Nature ne fait pas des
sauts », comme point de départ pour critiquer la théorie quantique, nous
pouvons répliquer que notre connaissance peut certes changer de façon
soudaine».21
21 p, 50.
22
Mélanie Frappier, Langage, physique et philosophie : un regard sur la pensée de Werner
Heisenberg, Mémoire présenté à la faculté des études supérieur de l'Université Laval pour
l'obtention du grade de maître arts, Août 1999.p,34.
23
Heisenberg W, La nature dans la physique contemporaine, traduction de Ugné Karvelis,
Paris, Gallimard, 1962,p,14.
18
Ces remarques faites à propos la possibilité de la physique de
décrire les phénomènes naturels. Néanmoins, il est évident que la
physique quantique a changé le point d’appuie épistémologique selon
lequel, la plupart des physiciens et les épistémologues, croyaient que
cette science pouvait effectivement décrire ou expliquer la nature. Après
l'élaboration de la nouvelle mécanique, la majorité des physiciens refusent
désormais cette idée, selon laquelle la physique peut nous offrir une
véritable explication des phénomènes naturels. Cette conviction
aujourd'hui est largement répandue, elle se reflète même dans le
langage :
20
phénomènes extérieurs. Les lois physiques de l'électron, ont contredit
cette thèse philosophique.
21
Chapitre II :
27
Physique et philosophie, p, 84.
22
investigations portantes sur le monde matériel.28 Par contre, depuis la
renaissance en Italie la situation n'est plus la même. Pendant cette
période, les hommes commencent à se délivrer de l’influence d’Aristote et
de l’Eglise, et montrent à nouveau de l’intérêt pour la nature. A la fin du
XV siècle la nature fut étudiée, et des expériences furent entreprises pour
vérifier les notions d’origine spéculative et l’intérêt pour les
29
mathématiques se fut grandissait. Le premier philosophe de cette
nouvelle période, était René Descartes, son système philosophique fut le
plus important qui a hautement servi à l'évolution de la pensée
scientifique. Dans son « Discours de la méthode », il tenta de découvrir
une base complètement nouvelle pour le raisonnement philosophique
ancien. Il avait pris le doute comme la pierre angulaire à sa méthode, il
jeta le doute sur ce que nos sens nous dictent à propos des résultats de
notre raisonnement, et il arriva finalement à sa célèbre phrase, "cogito,
ergo sum" « je pense donc je suis ».30
28
Capra Fritjof, Le Tao de la physique, Edition Sand 1985, p 21-22.
29
Ibid.
30
Physique et Philosophie, p 85.
23
L'invention de la mécanique classique a poussé l'évolution de la
connaissance humaine, les sciences sont devenues beaucoup plus
expérimentales, et d'après les lois de la mécanique classique, l'homme
pouvait parfaitement décrire le monde sans mentionner Dieu ou nous
même. Autrement dit, les lois newtoniennes pouvaient exhaustivement,
nous informer sur le monde extérieur, sans avoir recours à une cause
transcendantale. Ainsi l'image de Dieu commence à se dégrader dans le
discours scientifique, et de perdre son influence sur la connaissance
humaine.31
31
Ibid., pp, 86-88.
32
Ibid., p, 91.
24
« Cela est probablement une forte motivation derrière les
applications de la science, le scientifique est besoin d'une confirmation
venant d'un jugement empirique ».33
33
Heisenberg W, Tradition dans la science, traduction des textes allemands de Peter Heath,
New York, SeaburyPress, 1983, p,7.
34
Physique et philosophie, p, 92.
35
Schilpp Paule, Albert Einstein philosophe et scientifique, p 45.
25
C’est pour cette raison que les partisans de cette tendance du
réalisme, croyaient à la simplicité de la nature, et qu'ils n'existaient pas
des lois qui ne peuvent être rendues universelles et objectives, étant
donné que le grand architecte Dieu avait imprégné le déterminisme dans
sa création. Descartes fut lui-même influencé par ce genre de réalisme,
lorsqu'il disait « Dieu ne peut nous avoir trompés ». Donc, les adeptes de
ce réalisme, confirment que la connaissance humaine et les bases des
sciences expérimentales doivent être érigées sur le réalisme
dogmatique.36
36
Physique et philosophie, p, 92.
37 Ibid., pp, 95-96
26
« Nous avons compris un groupe de phénomènes, quand nous avons
trouvé les bons concepts pour décrire un phénomène ».38
38
Heisenberg W, Le concept "Comprendre" dans la physique théorique, in Gesammelt
Werke, p, 337.
39Heisenberg W, Traversé la frontière, traduction de Peter Heath, 1990, p, 71.
27
position, nous ne pouvons pas déterminer la vitesse, et vice-versa, elles ne
sont plus définies dans le cadre de la théorie quantique.40
29
Avant d’exposer les implications de la physique moderne sur le
système des concepts a priori formé par Kant, Heisenberg a analysé la
méthode kantienne qui se repose sur subdivision de la connaissance
humaine. Cette analyse est très importante afin de déceler les
répercussions épistémologiques.
30
* L'espace n'est pas un concept empirique abstrait, car l'espace est
présupposé (Vor-aussetzen) quand on réfère des sensations à quelques
choses externes.
* L'espace est une représentation a priori (Vor standlisch) nécessaire à
toutes les perceptions externes, car nous ne saurions imaginer qu'il n'y à
pas d'espace bien que nous puissions imaginer qu'il n'y ait rien dans
l'espace.
*L'espace n'est pas un concept discursif ou global des relations des choses
en général, car il n'existe qu'un seul espace.
* L'espace est présenté comme grandeur infinie donnée qui embrasse en
elle toutes les parties de l'espace, par conséquent l'espace n'est pas un
concept mais une forme d'intuition (Anschaulich).
45 p, 99-100.
31
l'analyse aux implications de la théorie quantique sur les concepts a priori.
Afin de mettre en évidence ces implications, Heisenberg a comparé la
doctrine de Kant avec la physique quantique. En théorie quantique et la
physique des particules, la loi de causalité a été totalement annihilée, ainsi
la loi de conservation de la matière.46 Dans « La nature de physique
contemporaine », Heisenberg aurait donné une approche révolutionnaire
concernant la loi de causalité, le mot « Cause » (Die Ursache) est presque
absent dans son vocabulaire. Il constate que ce mot, n'a plus en physique
moderne un sens général de celui donnaient par les penseurs de
l'Antiquité et du Moyen-âge :
46
p, 100.
47 Heisenberg W, La nature dans la physique contemporaine, p 40.
48 Physique et philosophie, p 101.
32
La loi de causalité stipule que chaque phénomène observé, nous
supposons qu'il existe un phénomène précédent dont le premier doit
s'ensuivre d'après une règle, cette règle est l’édifice épistémologique et
scientifique de tous savoirs. Or Heisenberg a remis cet édifice en doute en
posant la question suivante : Est-ce vrai en physique atomique ?
49 p, 101-102.
33
impossible, et par conséquent, les arguments de Kant pour le caractère a
priori de la loi de causalité ne s'appliquent plus ».50
50
p, 102.
34
façon aléatoire, sans que le bactériologue identifie la cause de cette
multiplication51.
51
Saint Sernin Bertrand, Andler Daniel, Fagot-Largeault Anne, Philosophie des sciences Tome I,
Gallimard, France, 2002, Collection Folio essais, p, 457
52
L’étude des comportements des animaux.
53
Physique et philosophie, p, 105.
35
« Nous savons souvent qu'on peut les appliquer à une large variété
d'expériences intérieurs ou extérieurs, mais nous ne connaissons
pratiquement jamais avec précision les limites de leur domaine
d'application. Cela est vrai même pour les concepts les plus simples et les
plus généraux comme « existence » et « espace-temps ». Par conséquent,
on ne pourra jamais parvenir par la raison pure à une vérité absolue ».54
54
p, 106.
36
Chapitre III :
56
Physique et philosophie, pp, 136-137.
57
p, 137.
38
l'interférence de deux faisceaux lumineux se déplaçant parallèlement et
perpendiculairement au mouvement de la terre. Ce changement au cours
de l'expérience n'est pas manifesté.58
58
p, 138.
59
Heisenberg W, Langage et réalité, in Gesammelt Werk, Band II. p, 174.
39
mouvement de translation uniforme les uns par rapport aux autres sont
équivalents pour décrire ce qui se passe dans la nature. Le postulat selon
lequel il existait une substance éther, immobile par rapport à un seul de
ces systèmes, n'avait pas de sens, et il était beaucoup plus simple de dire
que les ondes lumineuses se propagent dans le vide». 60
40
laquelle se trouve un second observateur. Exactement au moment où il
passe à la hauteur de la personne sur le quai de la gare, le passager du
train allume l'ampoule provoquant ainsi l'ouverture des deux portes de
son wagon. Selon les lois classiques de la physique, quelle que soit la
vitesse à laquelle arrive le train les deux observateurs affirmeront la
même chose : les deux portes s’ouvrent simultanément. La relativité
restreinte prévoit le même résultat, mais la différence se manifeste
lorsque nous approchons à la vitesse de la lumière. Si nous faisons
l'expérience une deuxième fois avec un train qui cour à la vitesse de la
lumière, lorsque le passager allume l'ampoule exactement au moment où
il passe à la hauteur de l'observateur qui est sur le quai, le passager dans
le train affirmera de nouveau que les deux portes se sont ouvertes au
même moment. Par contre, l'observateur sur le quai de la gare affirmera
que la porte arrière de wagon s'est ouverte avant la porte de devant. Pour
l'observateur sur le quai, les deux événements ne sont pas en
simultanéités. 62
41
totalement dépourvu d'ambiguïté. Imaginons maintenant trois points
dans l'espace en ligne droite, de sorte que le point du milieu est à égale
distance des deux points extrêmes. Si deux événements se passent aux
deux points extrêmes à des instants tels que les signaux lumineux partant
des événements coïncident quand ils atteignent le point du milieu, nous
pouvons définir ces deux événements comme simultanés, cette définition
est plus étroite que la première. Une de ses conséquences les plus
importantes est que, quand deux événements sont simultanés pour un
observateur, ils peuvent ne pas l'être pour un autre si celui-ci se déplace
par rapport au premier».63
42
« En théorie de la relativité, les physiciens ont essayé de changer la
signification des mots de la physique classique et de rendre ces mots plus
précis, de manière qu'ils s'adaptent avec la nouvelle situation ».64
64 p, 145.
65 p, 151-152.
66
p, 149.
43
relativité restreinte avec le formalisme mathématique de la géométrie de
Reimann. En revanche, on ne doit pas considérer la géométrie d'Euclide
comme erronée, parce qu’elle nous donne des mesures et des résultats
corrects sur un espace plat (Der Ebenraum) mais pas dans un espace
courbe (Der Beugenraum) 67.
67 p, 152-153.
44
aussi la théologie. Evidemment, elle a soulevé des questions
philosophiques et théologiques très anciennes, à savoir la finitude ou
l'infinitude de l'espace ? Le temps est t-il éternel ou créé ? Qu'existait-t-il
avant le début des temps ? Qu'arrivera t-il à la fin des temps 68 ?
68
p, 155.
45
en un espace bien plus petit que maintenant et depuis l'univers était en
expansion.69
69
p, 156-159.
46
Chapitre IV : Nouvelle réalité et langage bouleversé
70
Physique et philosophie, pp, 109-110.
47
Le concept central de cette interprétation est le concept de probabilité, en
liaison étroite avec le concept « entropie ».71
Le troisième système fermé qui sera discuté plus tard, a pris forme
définitive au cours de la première décennie du XX siècle grâce aux travaux
de Lorenz, Einstein, Minkowski. Ce système comprend la relativité,
l'optique, et le magnétisme.72
74
p, 115.
49
La théorie quantique a impliqué une nouvelle situation selon
laquelle, aucun système fermé qui inclut un ensemble d'axiomes et de
définitions, ne pourrait être idéalisé, étant donné que les progrès
scientifiques dans toutes les spécialités ne peuvent être satisfaits par
l'utilisation des lois connues pour expliquer de nouveaux phénomènes.
Donc, il fallait abandonner cette confiance démesurée qui s’achever
souvent par un déterminisme scientifique, celle qui a accompagné les
travaux et les recherches scientifiques depuis Newton75 :
75
Ibid.
76
p, 130.
50
Cette nouvelle réalité philosophique nécessite un nouveau langage
plus développé et qui n’a rien en commun avec le langage ordinaire, et en
même temps, elle devrait réussir où l’ancien langage a échoué.
51
sont pratiquement très limités, c’est pourquoi ils ne peuvent être des
concepts abstraits ou idéals. A cet égard, il fallait se focaliser un peu plus
sur les implications de la théorie quantique sur le langage. Il en est vrai
que nous avons mentionné certaines implications, mais dans ce contexte
de notre analyse, les implications seront plus flagrantes, car le vacillement
du langage à cause des nouveaux exploits, va entrainer des implications
plus profondes et plus choquantes sur notre logique quotidienne.
78 p, 223.
52
mots à partir des définitions fournies par un dictionnaire, mais lorsqu’ils
observent l'adulte faire usage de la langue et essayer de l'imiter. L'enfant
auquel on donne un jouet en prononçant le mot « Balle », utilisera peut
être initialement ce mot pour désigner toutes les choses qu'il désire
obtenir. Or Heisenberg a remarqué que les réactions négatives ou
positives de l'entourage restreindre peu à peu l'usage de ce mot à un
certains objets, pour former un concept de ce qu'est une balle.79 Même si
le langage ordinaire avait une simplicité très nette, il se peut qu’il se
trouve de tant de difficultés dont l’établissement de la référence entre le
concept et l'objet qu'il désigne. Dans « Philosophie, le manuscrit de 1942 »
Heisenberg expliqua cette imprécision :
79
Langage, physique et philosophie, op-cit, p, 73.
80
Philosophie, le manuscrit de 1942, p, 256.
53
« Naturellement, chacun sait que les mots ne sont pas aussi
clairement définis qu'ils paraissent l'être au premier abord et que le
domine où ils s'appliquent est borné : par exemple, nous pouvons parler
d'un morceau de fer ou d'un morceau de bois, mais pas d'un morceau
d'eau, le mot «morceau» s'applique pas aux liquides». 81
81
Physique et philosophie, p223.
82 Langage et réalité, op-cit, p, 275.
83 Physique et philosophie, pp, 224-225.
54
Cela signifie, que le langage ordinaire demeure illimité à l'égard de
quelques phénomènes naturels, ainsi il reste vague sur certains point, et il
nous empêche de développer la science exacte :
84 p, 227.
85 Langage et réalité, p, 278.
55
assez forte et certaine entre les noms et les concepts, chaque nom doit se
référer à son propre concept. Ceci ne peut être réalisable sans l'aide des
mathématiques :
56
En effet, depuis l'avènement de la physique moderne, la relativité
a bouleversé les concepts «temps» «espace » et «simultanéité» du
langage ordinaire, et la théorie quantique a secoué le concept du
« déterminisme ». Cette révolution dans la physique, exige la formation
d’un autre langage plus précis et plus clair dû aux phénomènes quantique,
puisque ils ne pourraient être décrits en aucun cas avec les termes
classiques. Heisenberg a remarqué cette nécessité, non dans Physique et
philosophie seulement, mais aussi dans « Langage et réalité »:
59
saisir les phénomènes de la théorie quantique. Donc, il fallait utiliser un
nouveau langage qui puisse s'adapter avec la nouvelle situation. Ce
nouveau langage nécessite le développement d'une logique qui n'aura
aucun rapport avec la logique classique. C’est ce qui a été réalisé au cours
des années trente, cette logique nommée la logique quantique, étudiée
par Birkhoff et Von Neumann. Heisenberg constate que la logique
quantique est très bizarre parce qu’elle compromet sérieusement la
logique classique, en inversant de fond en comble notre mode de pensée,
et jusqu'à aujourd'hui les physiciens trouvent des difficultés à l'utiliser.93
93 p, 241.
94 Ibid.
60
existe donc en mécanique quantique des situations que l'on pourrait
qualifier « d'intermédiaire »95, Heisenberg explique cette étrange réalité :
Nous remarquons ici jusqu’à quel degré la logique moderne est très
difficile à contourner par l'esprit humain, car nos modes de pensées ne
peuvent s'adapter avec ce principe, puisque nous pensions d'une manière
classique. Ces conséquences linguistiques ont obligé les physiciens
d'utiliser un langage vague et imprécis, plutôt que précis, puisque dans le
domaine quantique les physiciens ne traitent pas des objets réels, mais
uniquement des objets qui forment un monde de potentialité et de
probabilité.
61
Deuxième étendu
Niles Bohr
62
Chapitre V :
L'invention de la physique nucléaire
98
Physique et philosophie, p, 79.
63
L'avènement de la physique moderne à l'aube du XX siècle, a
esquissé un modèle tout à fait inattendu concernant la structure de la
matière. Depuis la Grèce antique, le concept matière a pris bien des
aspects, et les divers systèmes philosophiques ont lui attribué des
interprétations variées. Dans le système philosophique aristotélicien, la
matière a été envisagée comme une sorte "potentia". Elle n'existe qu'à
l'aide de la forme, elle n'est pas précise, comme l'eau ou l'air, et elle n'est
pas le vide, mais une sorte de substance non définie.99 Dans le système
philosophique cartésien, la matière a été envisagée comme étant le
contraire de l'esprit, il y avait deux aspects complémentaires de l'univers
«matière» et «esprit». Ce qui est nouveau dans la philosophie de
Descartes, s'est que la matière a perdu son lien végétatif de la philosophie
aristotélicienne. Cependant, la méthode scientifique a subi des variations
radicales après Descartes, les sciences sont devenues beaucoup plus
proche à l’expérience, et au fur et à mesure notre conception ancienne de
la matière va subir aussi des transformations. Dans « Physique et
philosophie » Heisenberg a remarqué cette évolution majeure :
99
Physique et philosophe, p, 192.
100
Ibid., p, 193.
64
expérimentales avait émancipé la matière de sa nature substantive
métaphysique, désormais elle est un simple sujet d'étude. Les physiciens
peuvent faire des tests sur sa composition et sa structure. La physique
moderne représente l’apogée de cette révolution scientifique, surtout
avec la fusion entre la physique et la chimie. Les physiciens et les chimistes
se partageaient désormais les résultats de leurs recherches. Selon
Heisenberg la révolution scientifique, ne consiste pas dans l'emploie de la
méthode expérimentale, mais dans la qualité de l'expérience :
101
Ibid., p, 194.
65
« Aux tout premiers jours des sciences expérimentales modernes,
66
Becquerel, comme une preuve probante sur la richesse et la complexité de
cette structure :
104
Ibid., p, 197.
105
Ibid.
67
laquelle l'atome est l'ultime particule élémentaire se fut discréditée.
L'atome n'est plus l'objet le plus minuscule dans la nature, le noyau est
plus minuscule, et il dissimule la totalité des secrets de l'atome. La
découverte de Rutherford a ouvert le chemin vers une nouvelle
perspective sur la structure de la matière :
chimiques ».107
106
Ibid.
107
Ibid., p, 198.
68
Une possibilité d’un changement quelconque des propriétés
chimiques, n'était pas envisageable dans le passé, or nous allons assister
dans les lignes qui suivent, que les techniques et les engins hautement
développés par la physique moderne, ayant rendu cette possibilité
envisageable. Il en est clair que la nouvelle structure de la matière
contredit fortement les lois classiques de la physique. Comme nous l'avons
indiqué dans le quatrième chapitre, les physiciens ce furent obligés
d'abandonner les concepts et les mots du langage ordinaire, afin de
résoudre les énigmes du mécanisme atomique. Il paraît que le
développement du langage est insuffisant, car il faut aussi que les moyens
scientifiques se développent. Ce qui a été réalisé quand les physiciens ont
rendu compte que la matière inclut une diversité d’éléments et des
propriétés chimiques. Selon Heisenberg l’intervention de la chimie fut une
initiative très intéressante vers une clarification de la structure de la
matière, en suivant deux voies :
108
Ibid., p, 199.
69
attirés par le noyau, et les électrons les plus éloignés du noyau avaient
une tendance de passer d'un atome à un autre lorsque ces deux atomes
sont proches, cet échange créé une liaison, c’est ainsi que nous assistons à
la naissance de la molécule. En fait, Un grand nombre d'atomes pouvaient
s'amalgamer plus ou moins étroitement par un échange perpétuel
d’électron lointain.109 En réalité, cette interaction et répulsion, seraient
indescriptibles d'après les lois newtoniennes, donc il fallait employer les
lois de la mécanique quantique. Il y avait deux types de liaison entre
atome, la première c'est la liaison ionique :
109
Charles-Noël Martin, L’heur H à t-elle- sonné dans le monde ? Bernard Grasset, Paris, 1955, p, 36.
110
Physique et philosophie, p, 200.
111
Ibid.
70
seulement le noyau, mais de mettre en évidence les particules
élémentaires, ce sont des minuscules atomes plus petits que le noyau.
112Heinz Pagels, L’univers quantique des quarks aux étoiles, Nouveau horizons, l'édition
originale a été publié aux États Unis sous le titre «The Cosmic Code», traduit de l'Americain par
Jacques Corday, Paris, 1985 Inter Editions p, 196
71
Heisenberg, l'invention de cette nouvelle branche, guidera les physiciens
vers une compréhension qualitative de la structure du noyau.113
113
Physique et philosophie, p, 204
L'univers quantique, p, 197.
72
Chapitre VI : Une nouvelle perspective sur la structure
de la matière
En effet, la physique nucléaire avait mis les physiciens sur une voie
menant vers la structure et la forme réelle du noyau atomique, ce qui était
impossible avant la naissance de la théorie quantique. En fait, l’atome est
composé par trois briques fondamentaux, proton, neutron, et électron.
Dans « Physique et philosophie » Heisenberg s'interrogea sur la nature de
ces trois briques, est ce qu'elles sont vraiment des unités indestructibles
substantifiés de la matière ? Sont-elles des atomes au sens de Démocrite?
115
114
Physique et philosophie, p, 205.
115
Ibid., p, 206.
73
"Cyclotron" construit par Lawrence en Californie vers 1930. Le cyclotron
permit les physiciens d'explorer d’autres côtés de la matière, le monde
microscopique subatomique. L'engin a poussé la découverte de la
structure atomique au-delà du noyau. Entre autres, l'essor inouï de la
physique nucléaire dès la fin de la deuxième guerre mondiale, permettra
la construction d’un accélérateur plus puissant. Ce qui était fait avec la
construction de la nouvelle génération d'accélérateur, le "Cosmotron",
apparu dès 1952 à New York. Le résultat fournit par ce nouvel
accélérateur dépasse largement les espérances des physiciens. Grâce à
des faisceaux de protons de très haute énergie, les physiciens venaient de
découvrir des formes de matière inconnues, et le monde subatomique fut
un vaste océan insondable. Cette nouvelle forme de la matière a été
nommée les «Hadrons». Ces Hadrons ont montré la fausseté de axiome
qui stipule que l'atome est indestructible (Unzertörtbar). En même temps,
ces Hardons ont dévoilé la multiplicité des particules, qu’ils ne pouvaient
être unitaires,116 Heisenberg a mis l’accent sur cette nouvelle réalité :
74
extrêmement instables. À cet égard, Heisenberg remarqua que ces
expériences dévoilent la mutabilité de la matière (Veränderlichkeit).118 A
cet égard, Nous pouvons donc confirmer, que les répercussions
scientifiques, ayant une influence directe sur l'épistémologie, car la thèse
philosophique ancienne ; l'atome est l'ultime particule élémentaire ou elle
est un élément indestructible, n'est plus admissible :
118
Ibid., p, 210.
119
Ibid., p, 148.
75
l’obligation de décrire les formes nouvelles de la matière à l'aide des
symboles et des équations mathématiques.120
76
Troisième étendu
77
Chapitre VII : Le bouleversement du système éthique
78
toujours plus précis de la nature, ces progrès et, pour finir la formulation
mathématique des lois de la nature ont ouvert la voie à de nouvelle
applications techniques, par exemple : l'invention du télescope a permis
aux astronomes de mesurer avec plus de précision le mouvement des
étoiles, permettant ainsi un progrès considérable de l'astronomie et de la
mécanique ».121
121
Physique et philosophie, p, 251.
122
Ibid., p, 252.
79
cachée. L’invention des armes atomiques a bien bouleversé de fond en
comble le système éthique. Il fallait donc se mettre en garde, car nous
sommes devant une étape charnière, c’est un risque qui pourrait
déclencher une transmutation radicale des conditions naturelles de la
vie. Heisenberg constate, que nous ne pourrons pas contourner les
changements éthiques si nous ne prêtons pas attentions aux changements
politiques à l’échelle internationale, les deux sont en fait liés :
123
Ibid., p, 254.
80
première approximation, agir comme un stimulant à la guerre à petite
échelle ».124
La situation a entrainé un déséquilibre de force entre deux camps,
le premier avait des armes classiques, le deuxième avait des armes
nucléaires. Peut-être que cette équation éloigne la possibilité d'une guerre
à grande échelle, en revanche, cette scène entraine un effondrement
éthique aigue :
124
Ibid.
125
Ibid., p, 255.
81
armes nucléaires est permise sous prétexte d’un pseudo légitime de
défense. Chaque nation cherche d’être une puissance nucléaire pour se
défendre. Heisenberg affirme que cette situation est dramatisante à
l'échelle morale et historique, parce que l’humanité sera toujours menacé
par cet équilibre macabre, la guerre pourrait d’être déclenchée à
n’importe quel moment, à condition que les politiciens et les gouvernants
seraient prêt à renoncer à une partie de leurs droits :
127
Ibid., p, 256.
128
Ibid., p, 257.
83
Cependant, il y avait une deuxième solution, elle sera plus
plausible et fructueuse que la première, elle consiste dans le travail en
équipe (GemeinSchafftAbeit). Il est hautement nécessaire, pour les
gouvernements de créer les conditions adéquates, afin de favoriser la
coopération internationale dans le domaine nucléaire :
129
Ibid.
84
« Mais il n'est guère douteux que l'échange d'idées entre jeunes
scientifiques de différents pays et entre différents générations de chaque
pays aidera à prendre pied sans trop de tensions dans le nouvel état de
choses où se créera l'équilibre entre les vieilles forces traditionnelles».130
130
Ibid. p, 258.
85
Chapitre VIII: Les bouleversements théologiques
Bien que la chute éthique soit évitable, il parait qu'elle est quasi-
impossible concernant les bouleversements qui ont touché le système
théologique depuis le XIX siècle. Dans « Physique et philosophie »,
Heisenberg expose le conflit sans merci entre l'église et la science depuis
le Moyen-âge, l’église a exercé violemment la censure contre les
scientifiques, et elle les avait condamnés à chaque fois qu’ils bâtissent leur
discours sur la raison et les preuves scientifiques :
131
Ibid., p, 260.
86
impose son hégémonie, il existe deux sources de révélation, la Bible et la
nature. La monté de l'esprit expérimental, a rendu la révélation divine
moins fiable :
134
Ibid.
88
causalité. Le concept darwinien d'évolution fournissait d'amples preuves
étayant cette interprétation ».135 En un mot, Heisenberg atteste que la
science a vaincu la religion :
« Il est vrai que nous nous rendrons également compte que ces
concepts ne sont pas bien définis au sens scientifique et que leur
application peut conduire à divers contradiction».137
135
Ibid., p, 264.
136
Ibid., p, 265.
137
Ibid., p, 269.
89
« La physique moderne a beaucoup renforcé ce scepticisme ;
mais en même temps, elle a appliqué ce scepticisme à la surestimation des
concepts scientifiques précis, à une vue trop optimiste du progrès en
général».138
138
Ibid., p, 271.
139
Ibid.
90
Conclusion :
91
L'avènement de la physique moderne a dévoilé les limites de la
connaissance humaine. La connaissance ne pourrait plus être idéalisée ou
universalisée, de plus, elle reste incomplète, loin de nous informer de la
moindre parcelle de nature. La physique moderne n'avait pas l’attention
de dire qu’est-ce-que la nature, ou de définir les lois qui gouvernent
l'univers, mais uniquement d'exprimer ce qui est possible d'être exprimé,
en tenant compte des limites épistémologiques. Ce que le physicien
danois Niels Bohr atteste :
140
Adrian Lemeni, Le principe d’indétermination dans la physique quantique et ses implications
épistémologiques, article sur internet, pp, 2-5.
92
la réalité. La théorie dit beaucoup de choses, mais elle ne nous dévoile en
rien le secret de Vieillard ».141
141
L’univers quantique, op-cit, p, 82.
142
Langage, physique et philosophie, op-cit, pp, 25-26.
93
« EPR ». Durant époque Einstein aurait entré en conflit non seulement
avec Heisenberg, mais aussi avec Niels Bohr, dans le but de défendre la
tradition. Einstein a tenté de démontrer l'invalidité de la théorie
quantique, jusqu'à la fin de ses jours. Cela montre l’ampleur des
répercussions épistémologiques et linguistiques.143
143
Le principe d’indétermination dans la physique quantique et ses implications
épistémologiques, op-cit, p, 5.
94
Table des matières
Introduction .................................................................................... 2
Premier étendu .............................................................................. 10
La physique moderne et ses répercussions épistémologiques .... 10
Chapitre I : ................................................................................ 11
La déstabilisation du déterminisme scientifique et la
clarification logique du langage classique au cours du
congrès de Copenhague ....................................................... 11
Chapitre II : ............................................................................... 22
Le bouleversement des concepts a priori et la philosophie
idéaliste ..................................................................................... 22
Chapitre III : .............................................................................. 37
L'invention de la relativité et la dislocation du langage de
la mécanique classique .......................................................... 37
Chapitre IV : Nouvelle réalité et langage bouleversé ....... 47
Deuxième étendu .......................................................................... 62
La physique moderne et ses répercussions scientifiques ............. 62
Chapitre V : .............................................................................. 63
L'invention de la physique nucléaire .................................... 63
Chapitre VI : Une nouvelle perspective sur la structure de
la matière .................................................................................. 73
Troisième étendu .......................................................................... 77
La physique moderne et ses répercussions Éthiques et
Théologiques ................................................................................ 77
Chapitre VII : Le bouleversement du système éthique .... 78
Chapitre VIII: Les bouleversements théologiques............. 86
Conclusion : .................................................................................. 91
Bibliographie ................................................................................ 97
95
96
Bibliographie
97
Autres œuvres consultées
98
Article consultés
99
M. Mahdi Zrig écrivain et épistémologue tunisien.
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