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Le problème de la mesure en mécanique quantique

Article · January 2010

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Mustapha Oldache
École Normale Supérieure de Kouba
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Le problème de la mesure en mécanique quantique
M.Oldache1 et C.E.Khiari2
1 oldachemustapha@hotmail.com 2 chamsydine@yahoo.fr

ENS-Kouba, Département de Physique, Laboratoire de Didactique des Sciences


Tel : 021 28 79 81 Fax : 021 28 20 67

‫لخص‬
‫فضم يفا‬ ‫بّ نهفٓى‬ٚ‫ق‬ ‫ى‬  ‫ذ‬ٔ 2391 ُ Von Neumann ٍ‫ٕي‬َٛ ٌ‫ا‬ ٗ‫ٔن‬ ‫ة‬ ً‫ِ نه‬‫ذ َظ‬ ٙ‫َت‬ٕ‫نك‬ َٛ‫كا‬ًٛ‫ن‬ ٙ ‫ا‬ٛ‫نق‬ ‫إٌ يشكم‬

‫ذ‬ ‫ نح‬‫نتج‬ ٍ‫تًك‬ ‫ نى‬‫ رن‬‫ ٔي‬،ّ‫ت‬‫ يفا‬Schrödinger ‫ُج‬ٚ‫ٔد‬ ‫نًشكم يُز أٌ صاغ‬ ‫ نٓز‬ٕ‫ه‬ ‫ذة‬ ‫ت‬ ."‫ُج‬ٚ‫ٔد‬ ‫ط‬"
‫ أ٘ نًار‬،ٙ‫َت‬ٕ‫نك‬ َٛ‫كا‬ًٛ‫ن‬ ٙ ‫ا‬ٛ‫ا‬‫ يشكل أ‬‫ا‬ٛ‫نق‬ ‫ يشكم‬‫عتب‬ٚ ‫ٍ نًار‬ٛ‫ُا ُْا ْٕ أٌ َب‬‫ ْذ‬.‫نًقت‬ ٕ‫نحه‬ ٖ‫ذ‬‫ إ‬ٛ ٍ‫ٌ ي‬ٜ
.ٚ‫نُظ‬ ِ‫ ْز‬ٛ‫فس‬ ‫خ‬ٚ ‫ًا‬ٛ ‫ا‬ ‫نحج‬ ‫شكم‬ٚ

.‫نًادة‬ ٛٔ‫د‬ ،َٙٔ‫نكت‬ ‫م‬‫نتذ‬ ،ٍٛٛ‫نتع‬ ‫ذو‬ ‫ يبذأ‬،‫ا‬ٛ‫نق‬ ‫ يشكم‬،ٙ‫َت‬ٕ‫نك‬ َٛ‫كا‬ًٛ‫ن‬ : ‫مفتاحية‬ ‫ ك لمات‬

Summary
The problem of measurement in quantum mechanics was formalized for the first time by John Von Neumann in 1932 and
was largely popularized by the paradox called “Schrödinger’s cat”. Even though a multitude of solutions was suggested,
since the formulation of this paradox by Schrödinger in order to figure it out, experiments have not yet succeeded in choosing
a particular solution among the different ones that were proposed. Our purpose here is to explain why the problem of
measurement is a fundamental one in quantum mechanics and constitutes, as one might say, the cornerstone of the
interpretation of this theory.

Key words: quantum mechanics, problem of measure, principle of indeterminacy, interferences of


electrons, duality of matter.

Résumé
Le problème de la mesure en mécanique quantique a été formalisé pour la première fois par John Von Neumann en 1932 et a
été largement popularisé grâce au paradoxe du « chat de Schrödinger ». Une multitude de solutions ont été proposées, depuis
la formulation de ce paradoxe par Schrödinger, pour résoudre le problème en question. L’expérience n’arrive toujours pas à
trancher entre les différentes idées avancées. Notre but ici est d’expliquer pourquoi le problème de la mesure est un problème
de fond en mécanique quantique et constitue, pour ainsi dire, la pierre angulaire de l’interprétation de cette théorie.

Mots-clés : mécanique quantique, problème de la mesure, principe d’indétermination, interférences


électroniques, dualité de la matière.

1
1- Introduction -Le postulat 2 définit l’observable :

D’un point de vue didactique, l’initiation au A toute variable dynamique du système quantique

problème de la mesure en Mécanique Quantique est associé un opérateur linéaire hermitien, appelé

peut se faire à travers l’expérience de la polarisation observable, agissant sur les vecteurs de l’espace E.

de la lumière. L’avantage de cette approche est que -Le postulat 3 spécifie les résultats possibles d’une

tous les ingrédients du processus de la mesure sont mesure :

présents : notions d’état quantique, de valeur Une mesure effectuée sur une observable A ne peut

propre, de réduction de l’état, de probabilité donner qu’une des valeurs propres de cette

quantique, etc. observable.

Une autre expérience, celle des interférences des -Le postulat 4 permet l’estimation des probabilités

électrons, permet d’introduire la notion de d’occurrence des différents résultats de la mesure. Il

superposition des états quantiques ainsi que le est basé sur le principe de la décomposition

principe de complémentarité de Bohr. La notion de spectrale.

superposition des états quantiques constitue, selon -Le postulat 5 est celui de la réduction (ou

Paul Dirac, la clé de voûte de la mécanique collapsing) de la fonction d’onde :

quantique. L’aspect ondulatoire de la matière Si le système se trouvait juste avant la mesure dans

repose entièrement sur cette notion. Quant au un état quelconque et si le résultat de la mesure est

principe de complémentarité, bien qu’il semble être an, alors l’état du système juste après la mesure

remis en question par l’expérience de Shahriar appartient au sous-espace des kets propres associés

Afshar1, il représente un ingrédient essentiel dans à la valeur propre an.

l’interprétation de Copenhague. Quoiqu’il en soit, -Le postulat 6 définit spécifie l’évolution dans le

l’expérience des interférences électroniques a été temps de l’état quantique :

interprétée comme mettant en évidence la dualité de Tant qu’on n’effectue pas de mesure sur le système,

la matière. Celle-ci ne peut plus être regardée son état évolue suivant l’équation de Schrödinger :

comme étant simplement un assemblage de



H  t   i  t 
particules. L’aspect ondulatoire est tout aussi
(1)
essentiel que l’aspect corpusculaire pour interpréter t
les phénomènes physiques, chimiques et même
biologiques se déroulant à l’échelle microscopique.
3-Des interprétations divergentes
3.1- L’Ecole de Copenhague
2- Formalisme de la mécanique Basée essentiellement sur le principe de
quantique complémentarité de Bohr et le principe
Le formalisme de la mécanique quantique, élaboré d’indétermination de Heisenberg, cette Ecole a pour
2
par John Von Neumann , peut être résumé en six principaux représentants N.Bohr, W. Heisenberg,
postulats : M. Born et P.Dirac. Selon elle, la fonction d’onde
-Le postulat 1 définit l’état quantique : n’est pas une entité physique mais représente
L’état quantique d’un système est complètement seulement une amplitude de probabilité. Born3 a
décrit par un vecteur généralisé (appelé ket), interprété le carré de l’amplitude de la fonction
appartenant à l’espace des états E. Cet espace a la d’onde comme étant une densité de probabilité du
structure d’un espace de Hilbert. comportement d’un ensemble d’évènements

2
similaires. Heisenberg4, lui, a interprété la fonction -Problème 4 : Qu’est-ce qui provoque le collapsing
d’onde comme étant une entité mathématique du vecteur d’état : l’instrument de mesure, la
porteuse de la connaissance sur le système. Selon conscience de l’observateur ou le milieu ?
lui, il est inutile de discuter sur le « sens » ou la
« réalité » mais il faut se concentrer uniquement sur Les tentatives de réponse à ces questions (autrement
les « observables ». dit, les interprétations de la Mécanique Quantique)
Cette interprétation de la mécanique quantique n’a sont très diverses et il serait fastidieux de les
pas été acceptée par les physiciens dits « réalistes » énumérer toutes. Nous nous contentons d’énumérer
tels que Schrödinger et Einstein, par exemple. Ce ici quelques unes de ces réponses, qui sont, à notre
dernier a imaginé plusieurs gedanken experimenten avis, assez représentatives. Signalons tout d’abord
(expériences de pensée) dans le but de trouver des que les représentants de l’Ecole de Copenhague,
lacunes dans la théorie. Quant au premier, il a bien qu’étant d’accord sur les grandes lignes de son
formulé le paradoxe du chat dans le même but. interprétations, avaient des attitudes différentes
Mais, en dépit de ces critiques, l’Ecole de quant au problème de collapsing de la fonction
Copenhague, qui s’est imposée dès le cinquième d’onde5,6,7 (problème 4). Pour Dirac, la réduction de
Congrès de Solvay (1927), est restée le courant de la fonction d’onde est « un choix de la nature ».
pensée dominant pendant longtemps. Cela n’a pas Selon Heisenberg, la réduction est provoquée soit
empêché l’éclosion de nombreux courants de par l’observateur, soit par l’acte d’observation. Pour
pensée concurrents. En effet, plusieurs auteurs, Bohr, enfin, la réduction est purement physique et
emboitant le pas à Einstein et Schrödinger, ont n’a rien à voir avec l’observateur. Une tentative de
critiqué l’interprétation de Copenhague. Les résolution du problème de la mesure (avancée par
principaux problèmes soulevés, suscitant une l’Ecole de Copenhague) consiste à inclure
reformulation de la théorie ou du moins une l’instrument de mesure dans le système. Supposons,
nouvelle interprétation, sont les suivants : pour fixer les idées, que le système physique soit
-Problème 1 : Comment se fait-il que le résultat de décrit par une combinaison de deux états :
la mesure est foncièrement indéterministe (postulats
4 et 5) alors que l’évolution du vecteur d’état est   C0 0  C1 1 (2)
parfaitement causale (postulat 6) ?
-Problème 2 : Selon le postulat 6, l’évolution du
Si l’instrument de mesure se trouve à l’instant
vecteur d’état est linéaire et unitaire (conservation
de la norme). Comment se fait-il alors que, initial dans l’état  i , alors le grand système
lorsqu’on effectue une mesure, la superposition des formé par le système physique et l’instrument de
états disparaît (postulat 5) ? mesure sera décrit au même instant par le produit
-Problème 3 : Comment peut-on savoir quand il tensoriel des états précédents, soit :
faut utiliser le postulat 5 plutôt que le postulat 6 ou
inversement, autrement dit, sur quels critères on  '  (C0 0  C1 1 ) i (3)
peut juger que tel phénomène quantique est une
mesure ?
Mais l’évolution dans le temps de ce dernier état
mène à un état entremêlé qui ne manifeste aucun
saut acausal. On aboutit d’ailleurs à la même

3
conclusion si on inclut aussi l’observateur, formant fonction d’onde satisfaisant l’équation de
ainsi un « très grand système ». Ainsi, le fait Schrödinger :
d’inclure l’appareil de mesure et l’observateur dans
le système ne permet pas d’expliquer la réduction N 2
  t 
du vecteur d’état.
 i   t   V   t   i (5)
i 1 2mi t

3.2- L’interprétation de Bohm Dans des développements plus récents, D.Bohm 10,11
Cette interprétation, basée sur le réalisme de la postula l’existence d’une fonction d’onde
fonction d’onde, consiste à reformuler universelle qui expliquerait la non-localité (mise en
complètement la Mécanique Quantique. Elle a pour évidence par l’expérience d’Aspect) et entrainerait
point de départ le concept d’onde-pilote, introduit la non-séparabilité de l’univers. Celui-ci serait une
8
par Louis de Broglie , et a été développée par sorte d’hologramme dont chaque partie contient le
9
David Bohm à partir de 1952. Selon cette tout.
approche, la fonction d’onde est une véritable onde
physique, accompagnant et guidant la particule dans
3.3-La théorie des multi-univers
son mouvement. Dans une version plus élaborée,
Cette théorie a été développée par Hugh Everett 12,
dite la « double-solution », il existe deux ondes,
David Deutsch, John Wheeler, de Witt et Graham13.
l’une étant une onde physique en phase avec la
Elle consiste à évacuer le postulat 5 (i.e. il ne se
particule et l’autre représentant une amplitude de
produit pas de réduction de la fonction d’onde) et
probabilité. Selon cette approche, l’indéterminisme
résout ainsi les problèmes ci-dessus en supposant
de la Mécanique Quantique n’est qu’apparent car il
qu’à chaque mesure, tous les résultats possibles se
existerait des variables cachées qui, si on les
réalisent mais chacun dans une branche de
connaissait, restaureraient le déterminisme. Ainsi,
l’univers.
la théorie quantique de Bohm est une théorie
Soit à mesurer une variable dynamique A dont
réaliste dans laquelle les particules ont des
l’équation aux valeurs propres s’écrit :
trajectoires bien définies. Soit un système de N
particules dont on décrit le mouvement à l’aide des
coordonnées généralisées qi et soit Qi la position de A  n i  n  n i , i 1, 2, ..., g n (6)

la ième particule. La loi du mouvement s’écrit pour


celle-ci : où g n est l’ordre de dégénérescence de la valeur
propre n .
dQi  *  t  i  *i  t 
 

 Im  i * Q  t    (4) Si le système se trouve, avant la mesure, dans l’état
 i t  i t 
*
dt mi  

 , il sera, juste après la mesure, dans l’état :

Où Q  t    Q1  t  , Q2  t  ,..., QN  t   est une


configuration aléatoire avec la distribution  '   Pn  n  (7)


n 1

  t  à chaque instant t et   t  est une


2

4
où Pn ,  n sont respectivement le projecteur Où C1 et C 2 sont deux coefficients complexes.
La matrice densité du système dans la base des états
sur le sous-espace propre de la valeur propre n et

l’état de la conscience correspondant à celle-ci :


  , i 1, 2 s’écrit à l’instant initial :
i

gn
 C1 2 C1C2* 
Pn    n i  n i   0    (9)
i 1  C *C C2 
2
 1 2

Cela signifie qu’à chaque mesure, l’observateur et


Du fait des interactions du système avec le milieu,
l’univers se scindent en autant d’états qu’il existe
l’état de ce dernier évolue et la matrice densité
de résultats de mesure. Mais les différentes
devient :
branches de l’univers ne peuvent communiquer
entre eux, si bien que l’observateur n’a conscience
 C1 2 C1C2*e  t 
que d’un seul résultat de mesure.   0    (10)
 C *C e  t C2
2

 1 2 
3.4-La décohérence
La décohérence est un phénomène qui prétend Lorsque t augmente, la matrice densité évolue

expliquer pourquoi les lois de la Mécanique rapidement vers la forme asymptotique :

Quantique ne s’appliquent pas à l’échelle


macroscopique et, plus précisément, pourquoi les  C1 2 0 
   (11)
objets quantiques admettent des états superposés  0 C 2 
2

tandis que les objets classiques se trouvent toujours
dans un état unique14. Ce phénomène, vérifié par
Ainsi, l’état obtenu par le processus de la
plusieurs expériences, apporte une réponse claire au
décohérence n’est pas unique mais un ensemble
chat de Schrödinger. Selon les théories basées sur la
d’états sans corrélation. Autrement dit, la
décohérence, la réduction de la fonction d’onde se
décohérence n’explique pas pourquoi on obtient un
produit suite aux interactions du système avec le
seul état après la mesure.
milieu. Le collapsing se traduit mathématiquement
par le fait que la matrice densité du système devient
très rapidement diagonale. 3.5-Les histoires consistantes
Soit un système pouvant se trouver dans les deux Dans cette interprétation, introduite par Robert
états possibles (supposés orthogonaux) B.Griffith15 et développée par Roland Omnès16 et

1 et  2 . Murray Gell-Mann17, l’évolution d’un système


quantique est jalonnée par des évènements se
L’état quantique du système s’écrit à l’instant
initial:
produisant à des instants t1 , t 2 , t 3 ,...t n . On associe
à chacun de ces instants t i une observable Oi dont
  C1 1  C 2  2 (8) la décomposition spectrale s’écrit :

5
Oi    n i  n i n   Pn n (12) mesure et la conscience de l’observateur n’est pas
n, i n essentielle. Selon Bauer et London, par contre, le
processus de mesure n’est complet que lorsque la
conscience de l’observateur intervient. Wigner a
où les  n i sont les kets propres correspondant à
formulé le paradoxe connu sous le nom « l’ami de
la valeur propre n et où Pn est le projecteur sur le Wigner » pour appuyer cette thèse. Selon Penrose 20,
sous-espace propre formé par ces états. la réduction de la fonction d’onde intervient dans

A chaque instant t i , l’observable Oi subdivise les micro tubules du cytosquelette des neurones.

l’histoire en un nombre n de ramifications et le


système quantique aura le choix de suivre une 3.7- Théorie objective de la réduction de
« trajectoire » parmi toutes celles possibles. Mais la fonction d’onde
parmi toutes ces trajectoires (ou « histoires »), Cette approche, due à Ghirardi, Rimini et Weber 12,
certaines sont dites « consistantes » et ce sont celles consiste à attribuer l’incompatibilité des postulats 5
correspondants à des états ne présentant pas et 6 à des phénomènes physiques qui font que
d’interférences quantiques. Les « histoires l’équation de Schrödinger est perturbée
consistantes » sont les seules qu’on prend en périodiquement de manière aléatoire (la période des
compte dans les calculs. perturbations étant supposée très longue). Il faudra
L’approche des histoires consistantes est en accord alors, selon cette théorie, ajouter à l’équation des
avec la règle de calcul des probabilités d’occurrence termes non linéaires pour tenir compte des
des résultats de mesure donnée dans le postulat 4. perturbations. Ainsi, la réduction de la fonction
Elle a aussi l’avantage de résoudre le problème 2. d’onde ne serait pas due à la conscience mais à des
phénomènes physiques de nature inconnue (selon

3.6- Théorie basée sur la conscience de Penrose22, ils seraient de nature gravitationnelle)
qui auraient pour effet de multiplier la fonction
l’observateur
d’onde par une gaussienne. Ces modifications sont
Des auteurs, parmi lesquels John von Neumann,
telles que la réduction de la fonction d’onde est
Eugene Wigner18, Fritz London et Edmond Bauer 19,
significative uniquement dans le cas des grands
ont tenté de résoudre le problème de collapsing de
systèmes.
la fonction d’onde en attribuant un rôle particulier
Considérons un système de N particules dont la
et décisif à la conscience de l’observateur. Selon
cette approche, la fonction d’onde est une vraie fonction d’onde   r1 , r2 ,..., rn , t  évolue

entité physique et sa réduction est provoquée par la conformément à une équation de Schrödinger
conscience de l’observateur suite à des phénomènes modifiée. Cette fonction d’onde subit une réduction
se déroulant dans certaines parties du cerveau. La d’étalement, par rapport à la coordonnée ri de
question qui se pose est : à quel moment se produit
chaque particule, jusqu’à une valeur de l’ordre de
la réduction de la fonction d’onde ? Est-ce qu’elle
se produit lorsque l’évènement est détecté par
 (nouvelle constante universelle valant 107 m ).
Le taux de réduction de la fonction d’onde est
l’instrument de mesure ou lorsque l’observateur
choisi dépendant du nombre de particules :
prend connaissance du résultat de la mesure ? Selon
N
Von Neumann, la distinction entre l’instrument de 

6
Où  est un temps caractéristique dont la valeur est stationnaire résultant de l’interférence d’une onde

1016 s . retardée et d’une onde avancée. Selon J. Cramer,


cette interprétation évite d’attribuer à la conscience
Les valeurs de  et  ont été fixées de telle
de l’observateur le pouvoir de réduire la fonction
manière que les objets formés d’un grand nombre
d’onde et permet de résoudre plusieurs paradoxes.
de particules soient localisés à 107 m près au bout
Il utilisa pour cela la version relativiste de
4
d’un temps de 10 s . l’équation de Schrödinger (i.e. l’équation dite de
Suite au processus de réduction affectant la Klein-Gordon) car la version non relativiste
particule n, la fonction d’onde initiale se transforme n’admet pas de solution avancée :
en une nouvelle fonction d’onde s’écrivant :

m0 c 2
 r ,t    r ,t   0 (16)
f ( x  rn )  r1 , r2 ,..., rn , t  2
 '  x , r2 ,..., rn , t  
Rn  x 

(13) Où est le d’Alembertien.


Dans le cas d’une particule de masse nulle (on
où f  x  est une gaussienne :
suppose que c’est le cas pour le photon), cette
 x  2
équation devient :
f  x   K exp   2  (14)
 2 
1   r ,t 
2
et Rn  x  est une fonction de normalisation telle   r , t   0 (17)
c2 t 2
que :

f  x  rn 
2

Rn  x    d r1...d rn
2 3 3 On réalise l’expérience des trous d’Young avec un
(15)
  r1 ,..., rn 
2
source lumineuse en ajoutant deux détecteurs pour
savoir par quel trou est passé le photon. La source
émet une « onde de reconnaissance » qui se dirige
Le centre x (autour duquel sont distribuées les
vers l’un des détecteurs :
valeurs de la position rn ) varie aléatoirement

Rn  x  .  
2
suivant la probabilité 1  t   exp i k .r  t (18)
Selon cette approche, la réduction de la fonction
d’onde n’est pas provoquée par la conscience de
Le détecteur répond alors par une « onde de
l’observateur mais par un processus physique
confirmation » qui retourne à la source en
objectif. De plus, cette réduction n’intervient pas
remontant le temps :
seulement lors du processus de mesure mais elle est
permanente.

 2  t   exp i k .r  t  (19)

3.8-L’Interprétation Transactionnelle de
la Mécanique Quantique (ITMQ) Les deux ondes interfèrent positivement dans
l’intervalle situé entre l’instant de l’émission et
Cette interprétation, due à John Cramer 23, décrit les
l’instant de détection et interfèrent négativement
interactions quantiques à l’aide d’une onde

7
(donnant une amplitude nulle) partout ailleurs. La donnent des descriptions différentes d’une même
probabilité que la particule atteindra un détecteur séquence d’évènements quantiques, alors la
plutôt que l’autre dépend de l’interférence entre les description du système physique n’est pas absolue
deux ondes. Selon John Cramer, l’ITQM explique mais est relative à un observateur donné. La
l’expérience de Marlan Scully24, contrairement à description quantique de l’état d’un système
l’interprétation de Copenhague. physique S, selon Rovelli, n’existe que si un
observateur O décrit le système ou, plus
précisément, il interagit avec lui. Précisons que,
3.9- La Mécanique Quantique
pour cet auteur, le mot « observateur » ne signifie
Relationnelle
pas forcément « être humain » mais désigne
Selon cette interprétation, due à Carlo Rovelli 25, la
simplement un système parmi d’autres.
manière dont les systèmes physiques influent les
uns sur les autres quand ils interagissent représente
toute l’information qu’on peut tirer du monde 4-Conclusion
physique. Celui-ci est donc vu comme un ensemble Bien que le problème de l’interprétation de la

de systèmes en interaction. Cela n’a aucun sens de mécanique reste ouvert, il ne se pose pas

parler d’un « système isolé ». Tout système est exactement dans les mêmes termes qu’auparavant.

décrit dans cette théorie par le réseau de connexions La question centrale est le problème de la mesure et

qu’il entretient avec son environnement (i.e. les celui de la nature de la fonction d’onde. En

systèmes les plus proches). En conséquence, la l’absence d’expériences capables de départager les

description du monde par un observateur donné est diverses interprétations, toutes sont en principes

toujours incomplète puisque, selon Zurek 26 : recevables et ce, en dépit du fait qu’elles heurtent

« Parler de propriétés d’un système quantique n’a le sens commun. Les expériences menées jusqu’ici

pas un sens absolu. Ces propriétés doivent plutôt semblent confirmer des notions quantiques telles

être caractérisées par rapport aux autres systèmes que : la non-séparabilité, la rétroaction, la

physiques ». Mais cela n’exclut pas l’existence coexistence des aspects corpusculaire et

d’une relation entre les points de vue des différents ondulatoire, la contra factualité… Il faut souligner

observateurs puisque, selon Rivoli : « Il est possible que la recherche dans ce domaine n’obéit pas

de comparer des points de vue différents mais le uniquement à une quête épistémologique puisque

processus de comparaison est toujours une des perspectives technologiques commencent à se

interaction physique (de nature quantique) ». dessiner dans des thèmes tels que la cryptographie

Rovelli est parti d’une analogie avec la relativité. quantique, la téléportation, l’information quantique,

Tout comme cette théorie a rejeté les concepts les signaux supra lumineux… Notre avis est que la

d’espace et de temps indépendant de l’observateur, Mécanique Quantique n’est ni une théorie complète

Rovelli rejette les concepts d’état et de grandeur ni une théorie ultime. Le mérite des interprétations

physique indépendants de l’observateur. Il utilisa, alternatives à l’Ecole de Copenhague est qu’elles

pour développer sa théorie, le concept avancent des idées nouvelles qui méritent

d’information au sens de Shannon et considéra que amplement d’être explorées.

l’information est une mesure du nombre d’états


dans lesquels un système physique peut se trouver.
Il postula aussi que si des observateurs différents

8
REFERENCES [19] F. London and E. Bauer, Quantum theory and
measurement, Princeton University Press (1983).
[20] R. Penrose, The Emperor’s New Mind. Oxford
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University Press (1989).
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[15] C. Rovelli, International of Theoretical Physics
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[9] M. Bohm, « A suggested unterpretation of the .
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