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Introduction générale
La physique élaborée jusqu’au dix-neuvième siècle est nommée physique classique.
Elle se basait sur deux disciplines fondamentales : la mécanique newtonienne débutée par
Galilée et mise au point par Newton et la théorie électromagnétique mise au point par
Maxwell. La mécanique newtonienne élargie par la mécanique statistique et la
thermodynamique (mise au point par Boltzmann) permet avec la théorie de Maxwell de
résoudre les phénomènes mécaniques, électriques, de rayonnement, d’optique, ...
Jusqu'à la fin du dix-neuvième siècle, les prédictions des théories de la physique ont
toujours été en accord avec les résultats expérimentaux. Grossièrement, ces théories
traduisaient par des modèles ce que l’homme observait directement. Les phénomènes
observés étaient du domaine macroscopique et il est donc normal que la physique de cette
époque et macroscopique aillent du pair. Certains scientifiques avaient l’impression que la
physique constituait un édifice achevée et inébranlable. Au début du vingtième siècle, les
techniques expérimentales ont permis d’atteindre l’aspect microscopique de la matière. On
savait aussi qu’il reste quelques points obscurs qu’on espérait résoudre rapidement. Parmi ces
problèmes, on note l’émission du corps noir, l’effet photoélectrique, l’instabilité de l’atome,...
Ces défis n’auraient jamais pu être relevés à l’aide de la physique classique, mais à l’époque,
l’espoir était encore permis.
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
A la fin du siècle dernier, des résultats expérimentaux ont posé de sérieux problèmes
aux physiciens car les théories existantes étaient incapables de donner une interprétation
satisfaisante. Les chercheurs ont été amenés à émettre des hypothèses révolutionnaires. Nous
allons donner quelques exemples d’échecs de la physique classique, puis des solutions
historiquement proposées.
I. Corpuscules lumineux
1. Rayonnement du corps noir
a. Définition
Un corps noir est un système qui absorbe intégralement tout rayonnement qui frappe sa
surface (système idéal). Une réalisation satisfaisante consiste à aménager un trou dans une
enceinte imperméable aux rayons lumineux (donc il y fait très noir) porté à une température
élevée. On sait qu’un corps porté à haut température émet un rayonnement lumineux
(transforme de l’énergie calorifique en énergie lumineuse). Le revêtement intérieur absorbe et
diffuse la lumière qu’il reçoit : un rayon lumineux atteignant la surface, pénètre dans
l’enceinte et y subit une suite de réflexions plus ou moins diffusantes telles qu’une très faible
fraction de l’énergie lumineuse incidente puisse ressortir vers l’extérieur, le corps noir se
comporte donc comme un absorbant parfait (Figure 1).
Chauffé à haute température, le corps noir émet des radiations lumineuses à toutes les
longueurs d’onde. A l’aide de dispositifs appropriés, on peut mesurer la densité d’énergie
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
Figure 2 : Densité d’énergie rayonnée par le corps noir pour différentes températures en fonction de la longueur d’onde.
On obtient une courbe régulière tendant vers zéro pour les grandes et pour les faibles
longueurs d’onde. En plus, pour chaque valeur de T, passe par un maximum pour une
longueur d’onde et décroît rapidement vers les courtes longueurs d’onde. Les résultats
obtenus se traduisant par les lois empiriques suivantes :
Cette loi est connue sous le nom de « loi de Stefan » (1879) et a est la constante de Stefan.
Ces lois ne peuvent pas être expliquées par la théorie classique car cette dernière conduit,
pour la densité d’énergie U, à la loi de Rayleigh-Jeans :
avec k la constant de Boltzmann. On voit donc que cette loi n’est en accord satisfaisant avec
l’expérience que pour des grandes longueurs d’onde (infrarouge et visible) alors que pour les
ondes courtes, elle présente un accroissement monotone et de plus très rapide en contradiction
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
flagrante avec les courbes et les lois empiriques précédentes. Cette échec de la théorie
classique fut appelé par Ehrenfest «catastrophe ultraviolette ». Il est important de savoir que la
loi de Rayleigh-Jeans est basée sur l’hypothèse classique d’un échange énergétique continu
entre l’énergie calorifique et l’énergie lumineuse.
Figure 3 : Confrontation des théories classique et quantique du rayonnement du corps noir avec l’expérience.
c. Loi de Planck
Pour tenter d’expliquer ce problème, Planck fut amené à proposer le 14 Décembre 1900,
l’hypothèse suivante : L’échange d’énergie (calorifique lumineuse) entre la matière et le
rayonnement se fait de façon discontinue, autrement dit, l’énergie lumineuse est émise par
paquet ou quanta. Un quantum possédant l’énergie ( ) où h est une nouvelle
constante universelle ayant les dimensions d’une action et appelé constante de Planck.
( )
( )
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
J.s
On voit que quand tend vers zéro, tend aussi vers zéro, ce qui lève la
« catastrophe ultraviolet ». On peut aussi remarquer que pour très grande on retrouve (par
développement limité de la fonction exponentielle) la loi Rayleigh-Jeans. D’une manière
générale, les lois classiques peuvent être considérées comme limites, dans des conditions
données, de lois quantiques.
2. Effet photoélectrique
a. Faits expérimentaux
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
Figure 5 : A gauche: Courant d’électrons arrachés en fonction de la tension. A droite : contre-tension en fonction de la
pulsation
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
mais la théorie ondulatoire (théorie classique) impose dès lors que l’énergie des électrons est
proportionnelle à la densité d’énergie électromagnétique c'est-à-dire au flux lumineux. On
devrait donc obtenir un seuil en flux et non un seuil en fréquence, ce qui est en contradiction
avec les résultats précédents.
b. Interprétation quantique
C’est Einstein en 1905 qui, reprenant l’hypothèse des quanta de Planck, donna une
interprétation satisfaisante à l’effet photoélectrique. Il postule que la loi de Planck pouvait être
comprise et précisée en considérant que le champ électromagnétique consiste en de véritables
corpuscules d’énergie lumineuse (les quanta de lumière ou photons) où est la constante
de Planck et la fréquence de la radiation excitatrice. Quand un quantum « tombe » sur la
cathode, il disparaît et son énergie peut être partagée en deux quantités : une quantité, , est
utilisé pour extraire l’électron du métal (appelée travail d’extraction) et l’autre quantité est
communiquée à l’électron sous forme d’énergie cinétique. La conservation de l’énergie s’écrit
donc :
(relation d’Einstein)
soit
soit
Le courant ne s’observe donc que pour des fréquences supérieures à la fréquence seuil
. Il existe donc bien un seuil en fréquence.
On remarque aussi que l’énergie cinétique des électrons varie linéairement avec la
fréquence et est indépendante de l’intensité de la lumière, ce qui est conforme à l’expérience.
Cette loi rend donc directement compte des aspects “non classiques” de l’effet
photoélectrique. Notons de passage que l’effet photoélectrique est l’une des méthodes
utilisées pour la mesure de la constante de Planck.
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
3. Photon
Nous avons montré que les résultats des deux expériences précédentes ne peuvent pas
être expliqués par la théorie qui attribue à la lumière la notion d’onde (théorie ondulatoire de
la lumière). Ces résultats ne peuvent être correctement interprétés qu’en supposant l’existence
d’une particule associée à la lumière que l’on appelle le photon. Le photon est une particule
d’énergie de masse nulle se déplaçant à la vitesse de la lumière c et de quantité de
mouvement .
avec J.s
En 1924 (peu de temps avant la thèse de Louis De Broglie), Thomson a observé lors de
la traversée d’une feuille métallique (NaCl) par des électrons, une figure de diffraction
analogue à celle que l’on observe avec les rayons X. Ce phénomène ne peut pas s’expliquer
par la théorie classique qui exclut tout comportement ondulatoire d’un corpuscule.
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
Non seulement la lumière, mais aussi la matière possède le double aspect ondulatoire-
corpusculaire. A toute particule de matière de quantité de mouvement est associée
une onde de longueur d’onde donnée par :
avec est la constante de Planck et est appelée longueur d’onde de Louis De Broglie.
Pour des objets macroscopiques la longueur d’onde associée est toujours infime. Une
particule de masse 10-5 g se déplaçant à la vitesse cm/s aura une longueur d’onde de
Louis De Broglie de l’ordre de cm ce qui est une valeur ridiculement petite, de
telle sorte que l’aspect ondulatoire de son mouvement est indécelable. C’est pourquoi les
ondes de matière ne sont pas évidentes en physique macroscopique. Ainsi la physique non
quantique (physique classique ou relativiste) reste une excellente approximation pour l’étude
des mouvements à notre échelle.
2. Interprétation probabiliste
Si l’on désigne par l’amplitude de l’onde, son intensité est donnée par , soit
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
Et, on dit que est une densité de probabilité de présence de la particule. On voit donc que
seule (et non ) a une réalité physique.
Il apparaît que de nombreux faits expérimentaux, tels que ceux décrits dans les
paragraphes précédents ne peuvent être décrits dans le cadre de la physique classique et
nécessitent pour leur interprétation un nouveau formalisme introduisant des concepts de
discontinuité. La physique quantique s’est développée à partir de ces bases historiques et un
nouveau formalisme intitulé “mécanique quantique” a été développé.
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
Il faut cependant signaler que la physique classique n’est pas remise en question dans
tous les domaines d’investigation. Elle continue à expliquer un grand nombre de phénomènes
dans le monde macroscopique, mais sa validité s’avère limitée en ce qui concerne une
description détaillée du mouvement des objets microscopiques et de l’interaction entre la
matière et le rayonnement. Il est donc nécessaire de connaître la limite de validité de la
physique quantique en cherchant un critère pour son application.
On sait que la mécanique classique, telle que l’on peut la tirer de la loi fondamentale de
la dynamique cesse d’être applicable quand les vitesses relatives des particules deviennent
comparables à la vitesse c ( ). Un tel critère est donc basé sur l’existence de la
constante c (constante fondamental de la mécanique relativiste). Par analogie, on peut
formuler un critère pour décider quand on doit appliquer la mécanique quantique ou quand la
théorie classique convient. En effet, la constante h de Planck va servir à définir la frontière
entre les domaines de validité des théories classique et quantique.
Cette constante a donc les dimensions d’un moment cinétique ou “action”, on l’appelle
“quantum d’action” et on la note .
En pratique, on utilise le plus souvent la constante : qui se lit “h barre” et qui a, les
J.s
On considérera désormais comme la “vraie” constante de la physique quantique et le
critère d’utilisation du formalisme quantique est le suivant :
Si dans un système physique une quelconque variable dynamique naturelle ayant les
dimensions d’une action prend une valeur numérique de l’ordre de la constante de Planck ,
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Chapitre I : Introduction à la mécanique quantique.
le comportement du système doit être décrit dans le cadre de la mécanique quantique. Si, au
contraire toutes les variables ayant les dimensions d’une action sont très grandes par rapport à
, les lois de la physique classique sont valides”. soit :
mécanique classique
mécanique quantique
IV. Conclusion
Dans la mécanique newtonienne, l’état d’une particule ponctuelle est défini à un instant
t par des données cinétiques, une position r(t) et une impulsion p(t), ce qui détermine
l’évolution ultérieure, i.e. la trajectoire. En revanche, la notion de trajectoire disparaît dans le
cadre quantique et les notions de position et d’impulsion, qui ne peuvent plus être déterminées
simultanément, prennent un statut assez différent comme nous le verrons.
L’état d’une particule est décrit par une fonction d’onde , qui contient toutes les
informations qu’il est possible d’obtenir sur la particule. Cette fonction d’onde représente une
amplitude de densité de probabilité. mesure la probabilité de trouver la particule
à l’instant t dans le volume entourant le point r. Cette physique n’est donc pas
déterministe mais, contrairement à la physique classique, elle est probabiliste. Le caractère
probabiliste de cette théorie impose la condition de normalisation ou plus généralement la
convergence de l’intégrale I :
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