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INTRODUCTION ET RAPPELS HISTORIQUES

Le mot électromagnétisme est la combinaison de deux mots qui représentent deux


branches de la physique qui ont été pendant longtemps considérées comme séparées : électricité
et magnétisme. En 1820, un physicien Danois, Hans Christian Œrsted observa la déviation d’une
aiguille aimantée placée au voisinage d’un fil conducteur parcouru par un courant électrique.
Cette expérience, en même temps qu’elle révélait pour la première fois l’existence d’effets
magnétiques de l’électricité, posa ainsi le premier jalon d’une nouvelle théorie qui sera appelée
plus tard l’électromagnétisme.

En effet, en 1831, l’effet inverse, c’est à dire l’induction par un aimant d’un courant
électrique dans un fil conducteur, fut démontré par le physicien et chimiste anglais Michael
Faraday. Il découvrit que ce phénomène ne pouvait se produire que lorsque que l’aimant était
animé d’un mouvement par rapport au fil conducteur ou lorsque le champ magnétique
environnant variait au cours du temps. Ce phénomène, appelé induction électromagnétique, lui
permit à la fois de réaliser le premier générateur, c’est-à-dire la première source de courant ne
fonctionnant pas à partir d’une réaction chimique mais provenant d’un mouvement mécanique, et
de concevoir le premier transformateur, capable d’accroître ou de diminuer une tension
électrique.

Ces deux expériences ont mis en évidence deux choses : le magnétisme d’origine
électrique et l’électricité d’origine magnétique.

En 1861, l’Écossais James-Clerck Maxwell, unifia en une seule et même théorie, ces deux
phénomènes que sont l’électrostatique et le magnétisme, la théorie de l’électromagnétisme. En
1864, il formalisa cette théorie en se basant sur le formalisme mathématique permettant de
décrire la propagation d’effets de proche en proche; formalisme basé sur des équations aux
dérivées partielles. Il trouva ainsi les fameuses quatre équations permettant de décrire le champ
électromagnétique, composé du champ électrique et du champ magnétique. Ce champ est dû à
l’influence dans l’espace environnant de l’existence de charges fixes ou en mouvement et de
courants électriques. Cette influence se manifestant par des forces d’attraction, de répulsion, et
par des couples d’orientation.
Maxwell déduisit ainsi de ses équations, la vitesse de propagation des phénomènes
électriques et magnétiques, vitesse qu’il identifia à celle de la propagation de la lumière. Mais il
n’eut pas pour autant l’idée d’assimiler la lumière à une onde électromagnétique. C’est en 1887,
que le physicien allemand Heinrich Hertz, mesura la vitesse de propagation d’ondes
électromagnétiques très courtes qu’il avait produites expérimentalement et vérifia qu’elle
s’identifiait à celle de la lumière. Après avoir démontré que ces ondes possédaient, tout comme la
lumière, les propriétés de réflexion et de réfraction, il en déduisit la nature électromagnétique de
la lumière.

D’autres physiciens et savants comme, Lorentz, Gauss, Laplace, Arago, Ampère,


contribuèrent aussi au développement de l’électromagnétisme.

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L’électromagnétisme connaît des applications diverses, dont une très importante : les
télécommunications hertziennes. Les progrès technologiques du début du XXe siècle, permirent
de transporter le son et l’image. La possibilité qu’ont les ondes hertziennes de se réfléchir
lorsqu’elles rencontrent un obstacle fut à l’origine de l’invention du radar.
En réalité, toute la vie moderne est basée sur les applications de la théorie
électromagnétique; on peut citer par exemple, l’électronique, l’informatique, la radio, la
télévision, la téléphonie fixe et mobile, les micro-ondes, etc.….

Cependant, la théorie de Maxwell de l’électromagnétisme connut des limites quant à


l’interprétation de quelques faits expérimentaux. Elle fut incapable d’expliquer, le rayonnement
du corps noir, l’effet photoélectrique, la structure des spectres d’émission des éléments
chimiques, la stabilité des atomes, le résultat de l’expérience de Michelson et Morley qui
montrait que la vitesse de la lumière était une constante indépendante du référentiel galiléen où
elle était mesurée. Ce résultat de Michelson et Morley était contraire à la théorie de la mécanique
de Newton qui voudrait que la vitesse dépende du référentiel dans lequel on la mesure.
L’interprétation de ces différents faits expérimentaux put se faire quelques années plus tard, avec
l’avènement de la théorie de la relativité restreinte d’Einstein qui permit d’abandonner la notion
d’espace et de temps absolu, de la mécanique quantique qui contredit l’hypothèse du
rayonnement continu du champ électromagnétique et prédit un rayonnement quantifié.

L’étude quantique de l’interaction entre particules chargées et champ électromagnétique,


fut élaborée par l’Allemand Werner Heisenberg et le Suisse Wolfgang Pauli, sur la base de la
formulation établie par le physicien anglais Paul Dirac. Cette étude à la fois quantique et
relativiste, permettant une description plus complète de l’interaction électromagnétique fut
achevée vers les années 1949 par Richard Feymann, Julian Schinger et Sin-Itiro Tomonaga, et fut
appelée électrodynamique quantique ou QED.

L’électrodynamique quantique ou QED constitue à l’heure actuelle, la forme la plus


achevée de la théorie expliquant l'électromagnétisme. Vérifiée avec une extraordinaire précision,
elle nous dit que l'interaction électromagnétique résulte de l'échange de photons virtuels,
impossibles à détecter en tant que tels. Toutes les particules chargées (électron, proton...) ou
pourvues, comme le neutron, d'un moment magnétique (comme un petit aimant) subissent sa loi.

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CHAPITRE I

RAPPELS D’ ELECTROSTATIQUE ET DE
MAGNETOSTATIQUE

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RAPPELS D’ELECTROSTATIQUE

I-1- Phénomènes d’Electrisation

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle, le terme d’électricité fut réservé aux phénomènes
d’attraction ou de répulsion entre corps préalablement frottés. Ce domaine est aujourd'hui connu
sous le nom d'électrostatique. L’électrostatique est la partie de l’électricité qui s’intéresse à
l’étude des interactions entre des systèmes de charges à l'équilibre. Le phénomène d’électrisation
est apparu depuis 600 ans avant J.C. C’est le scientifique et philosophe Thalès de Milet qui
montra que l’ambre (sorte de résine fossile de conifère, nommé en grec « êlectron » ou
« elecktron ») frotté sur de la fourrure acquiert la propriété d’attirer des corps légers comme la
sciure de bois ou des petits morceaux de papier. D’ailleurs, le mot électricité provient de mot grec
« elecktron » qui signifie ambre. Longtemps après cette première expérience, d’autres
expériences d’électrisation montrèrent que d’autres corps possèdent cette propriété d’électrisation
par frottement : par exemple, le verre, le soufre, le caoutchouc, etc. Cette propriété acquise par
ces corps après frottement est de l’électricité statique. On parle d'électricité statique par
opposition au courant électrique constitué de déplacement de charges électriques

Au XVIIIe siècle, d’autres effets furent mis en évidence ; l’Anglais Stephen Gray
découvre l’électrisation par influence, c’est-à-dire la possibilité d’électriser un corps à distance,
sans contact direct, ainsi que la distinction entre corps conducteurs et corps isolants. Une autre
découverte importante est le fait du savant français Charles Du Fay : en 1733, il découvrit qu’il
existait deux sortes d’" électricités " l’une obtenue en frottant du verre, qu’il appela électricité
vitreuse, l’autre obtenue en frottant des corps résineux, qu’il appela électricité résineuse. Deux
corps porteurs d’" électricités " de même nature se repoussent, et deux corps porteurs
d’" électricités " différentes s’attirent. Pour cette raison, Benjamin Franklin les rebaptisa quelques
années après électricités positive et négative. Il fut le premier à fournir l’explication du
phénomène d’électrisation en s’appuyant à la fois sur l’existence des deux types de charges
électriques : l’électrisation résultait de la séparation des charges positives et négatives contenues
dans un corps globalement neutre. C’est ainsi qu’en 1752, que Benjamin Franklin démontra, en
fait que les éclairs représentaient des décharges électriques entre des objets de charge opposée.
La foudre est alors un phénomène de nature électrique, une sorte d’étincelle géante, et non un
phénomène surnaturel !

I-1-1 Les différentes sortes d’électrisation

Dans la vie courante, on peut observer des phénomènes électrostatiques autour de soi : le
crépitement du pull-over qu’on enlève, la foudre, le petit choc électrique que l’on ressent parfois
en touchant la poignée métallique d’une porte, etc.. Tous ces phénomènes ont un point commun,
ils sont provoqués par l’interaction entre deux corps de charge opposée (le pull-over et le sous-
pull, le nuage et le sol, le corps humain et la poignée). Une expérience simple permettant

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d'apercevoir ce phénomène ; c'est de frotter une règle en plastique avec un chiffon et de
l'approcher de petits bouts de papier, on s'aperçoit tout de suite que les papiers se collent à la
règle.
On peut se demander à la suite de ces différentes observations, comment ces corps se
sont-ils chargés? Normalement le nombre d'électrons d'un atome est égal au nombre de ses
protons, l'atome a donc une charge neutre. Pour que la charge de celui-ci soit positive ou
négative, Il suffit qu'un électron soit ajouté à cet atome ou qu’il lui soit enlevé. C'est ce qui se
passe dans le phénomène d'électrisation des corps. En frottant un corps isolant par un autre, des
électrons sont arrachés aux atomes superficiels, le corps qui a arraché les électrons se trouve alors
chargé négativement, tandis que le corps frotté se charge positivement. Par exemple, c’est ce qui
arrive lorsque vous frictionnez un morceau de verre avec un morceau de laine. Le morceau de
laine arrache des électrons au morceau de verre, celui-ci devient alors chargé positivement et la
laine négativement. Vous avez produit de l’électricité statique par l'électrisation par frottement.
En touchant un corps conducteur isolé non chargé électriquement avec un autre corps chargé, une
partie des charges se déplace du corps chargé vers le corps neutre ; c'est l'électrisation par
contact. Une fois chargé, un corps devient capable de faire apparaître une charge à distance en
attirant ou en repoussant les charges contenues dans un autre corps : électrisation par influence
(fig.I.1).

fig.I.1

I-2- Notion de force électrostatique

Les matériaux ainsi électrisés acquièrent une nouvelle propriété qui se traduit par une
interaction bien plus forte que l’interaction gravitationnelle ; la force électrostatique. C'est grâce à
elle que nous existons, puisque les interactions entre les particules qui nous composent sont
essentiellement électriques. C’est elle qui explique l'existence et la cohésion des atomes, ainsi
que la formation des molécules. Pour caractériser la force électrostatique, une analogie avec la
force gravitationnelle est opérée. La force gravitationnelle est caractérisée par la masse
gravitationnelle associée à tout objet. En effet, le poids d'un objet, c'est à dire la force avec
laquelle il est attiré par la terre, est proportionnel à sa masse. Plus la masse est grande, plus il est
sensible à la force gravitationnelle. De la même manière, on associe à tout corps électrisé, une
« masse électrique » appelée charge électrique. La charge électrique va jouer le même rôle pour
la force électrostatique que la masse pour le poids. Plus une particule a une charge élevée, plus

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elle est sensible à la force électrostatique. Contrairement à la masse, la charge électrique peut
prendre deux formes, que l'expérience amène à considérer comme « opposées ». On les qualifie
arbitrairement de positive et négative. Ce qui fait que deux objets chargés peuvent s'attirer ou se
repousser selon le signe de leur charge. La grande différence entre ces deux forces est donc que la
force électrostatique peut faire se repousser deux particules, alors que la force gravitationnelle
fait toujours s'attirer les objets.

Les effets d’électricité statique observés sont alors expliqués par l’existence au sein de la
matière de particules portant une charge électrique, notée conventionnellement q. C’est Charles
Millikan qui a montré en 1909, que cette charge n’existait que sous la forme de multiples entiers
d’une charge élémentaire appelée électron et notée e, égale en valeur absolue à 1,6.10 - 19C . Dans
le Système International, l’unité de la charge électrique est le Coulomb, qui se définit comme la
charge transportée en une seconde par un courant de un ampère. L’apparition de ces effets
électrostatiques, a permis de distinguer deux catégories de corps, ceux où l'état d'électrisation se
conserve localement sont dits isolants et ceux où cet état se répartit sur la surface du conducteur
sont dits conducteurs.

I-2-1 Propriétés de la force électrostatique

Après avoir effectué un certain nombre de mesures, Charles Auguste de Coulomb (1736-
1806) a déterminé avec une certaine précision, les propriétés de la force électrostatique exercée
par une charge ponctuelle donnée sur une autre :

1) C’est une force radiale, dirigée selon la droite joignant les deux charges
2) Elle est inversement proportionnelle à la distance séparant les deux charges
3) Elle est attractive si les deux charges sont de signes contraires et répulsive dans le
cas contraire.
Ces observations ont abouti à l’énoncé de la loi de Coulomb qui constitue la loi fondamentale de
l’électrostatique.

I-2-2 La loi de Coulomb


Considérons dans le vide deux charges électriques ponctuelles qA et qB, au repos par
rapport à un référentiel R, placées respectivement en des points A et B distants de r. Pour un
observateur lié à R, l'interaction électrostatique entre ces deux charges se manifeste par une force
F BA appliquée à qA et dirigée selon le vecteur BA et une force F AB appliquée à qB et dirigée
selon le vecteur AB . Ces forces s’écrivent:

q AqB BA r
F BA = u BA avec u BA = =
4πε o r 2 BA r
(I-1)
q AqB AB r
F AB = u AB avec u AB = =
4πε o r 2 AB r

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Les vecteurs unitaires u AB et u BA sont dirigés de qA vers qB pour la force F AB et de qB vers qA
pour la force F BA . On note donc que le vecteur r est dirigé vers le point où se trouve la charge
soumise à la force considérée. Les forces F AB et F BA sont égales en modules et de sens
opposés. La constante ε0 est un coefficient caractéristique du vide, appelé permittivité du vide.
1
Sa valeur dans le système M.K.S.A. est donnée par la relation: = 9.10 9 Nm2/C2, soit
4πε o
1
εo = = 8.8510 −12 C2/Nm2 ou F/m. Dans ce cas la force est exprimée en Newtons ( N ), la
36π 10 9

distance en m et les charges en Coulomb ( C ).

La loi de Coulomb obéit ainsi au principe d'égalité de l'action et de la réaction. Elle ne


s'applique rigoureusement que pour des charges considérées comme ponctuelles placées dans le
vide, c’est à dire pour des charges dont les dimensions sont considérées comme petites devant la
distance qui les sépare. De plus, les charges ponctuelles doivent être au repos ou en mouvement
relatif lent. Sinon, il faut tenir compte de l'apparition des forces électromagnétiques et des
phénomènes de propagation.

Ordre de grandeur

Le rapport entre la force d’attraction gravitationnelle et la répulsion coulombienne


entre deux électrons donne l’ordre de grandeur de :

Fe e2 1
= ≈ 4.10 42
Fg 4πε o Gme

La force d’attraction gravitationnelle apparaît donc négligeable devant la force électrostatique.

I-3 Conservation de la charge

Dans toutes les expériences, l’apparition ou la disparition d’une charge positive


s’accompagne toujours de la disparition ou de l’apparition d’une charge négative, de telle sorte
que la charge totale d’un système isolé, c’est à dire n'échangeant pas de matière ni d'énergie avec
le reste de l'univers, reste constante. En effet, si l’on effectue un bilan des charges présentes dans
un système isolé entre les instants t et t + dt, l’expérience montre que la charge totale du système,
même lorsque ce système est le siège d’interactions, est conservée.
Ceci est traduit par un principe, celui de la conservation de la charge : la charge totale
d’un système isolé se conserve.
Remarque :
Il faut noter que cette conservation est relative à la charge totale et non pas à un type
donné de charge. Ainsi, s’expliquent les processus au cours desquels apparaissent ou
disparaissent simultanément et en un même point deux charges élémentaires opposées.

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I-4 Distribution de charges

I-4-1 Distribution discrète

On dit qu'une charge est ponctuelle si elle est perçue comme un point par un observateur.
Dans ce cas, l'observateur se trouve à une distance très supérieure à la dimension des charges.
Ainsi, des charges peuvent être considérées comme ponctuelles lorsque leurs dimensions sont
considérées comme petites devant la distance qui les sépare. Lorsqu’on on a un ensemble
dénombrable de charges discernables par l'observateur, on parle de distribution discrète.

I-4-2 Distribution continue


Souvent les charges ne sont pas discernables par l'observateur. Elles peuvent être
réparties en volume, en surface ou linéairement. A l’échelle, dite microscopique, où les
distances considérées sont de l’ordre des distances inter-atomiques, la structure de la matière
apparaît donc discontinue: la distribution de charges est dite "continue". On distingue trois
cas :

1. La taille de l'objet chargé est importante dans une seule des dimensions et reste faible
dans les deux autres dimensions. Les charges sont distribuées suivant une ligne. La
distribution est dite linéique.

2. L'objet est étendu suivant deux directions. Les charges sont distribuées sur une
surface. La distribution est dite surfacique.

3. L'objet est étendu dans les trois directions. Les charges sont continûment réparties en
volume. La distribution est dite volumique.

I-5 Le champ électrostatique

I-5-1 Cas d’une charge ponctuelle

La présence d’une charge q modifie les propriétés de l'espace situé autour. Cette
modification se traduit par l’existence d'un champ électrostatique. En effet, une autre charge
q’ placée dans ce champ subira une force (d'attraction ou de répulsion) proportionnelle à
l'intensité du champ électrostatique et à la valeur q’ de cette charge. Le champ électrostatique
noté E est liée à la force F subie par la charge q’ de la part de q, par la relation suivante :

q
F = q' E avec E= u (I-2)
4πε o r 2

r
Où u = est le vecteur unitaire ayant pour origine "la source" du champ (fig. I.2)
r

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L'intensité d'un champ électrostatique se mesure en N/C ou en Volt/mètre en unités SI.
Ainsi par définition :

• Le champ produit en un point M de l’espace par une charge ponctuelle q située en


O est proportionnel à cette charge et inversement proportionnel au carré de la
distance qui sépare le point de la charge.

fig. I.2

• Le champ est une grandeur vectorielle, par conséquent il doit être défini en un
point par sa grandeur, sa direction et son sens. Contrairement à la force
électrostatique dont le point d'application est la position de la charge q, le champ
peut être défini en tout point M quelconque de l'espace ; sauf sur la charge.

• Il a le même sens que la force électrostatique appliquée à une charge positive, et le


sens opposé à une force électrostatique appliquée à une charge négative. Par
conséquent E s'éloigne des charges q positives et est dirigé vers les sources q
négatives.

fig.I. 3 : http://www.uel-csm.education.fr/consultation/reference/physique/elecstat/index.htm

I-5-2 Champ dû à une distribution de charges

I-5-2-a Champ dû à une distribution de charges ponctuelles

Considérons une distribution discrète de charges ponctuelles qi, positionnées aux points
Mi de l'espace. D'après le théorème de superposition, qui dit que la force exercée sur une
charge q par une distribution de charges est la somme des forces qu’exercerait chacune des
charges sur q en l’absence des autres. Par conséquent, le champ électrique total E (P) créé en
P par la distribution de charges est égal à :

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E ( P) = ∑ Ei ( P) (I-3)
i

où E i (P) est le champ électrique créé en P par la charge qi, soit:

qi MiP
E i ( P) = u ri avec r i = M i P et u ri =
4πε o ri
2
MiP

• Le champ crée par plusieurs charges ponctuelles s’additionnent vectoriellement.

Toutefois, cette expression du champ découlant du principe de superposition est


rarement utilisable du fait que l’on est confronté la plupart du temps à des objets contenant un
nombre gigantesque de particules. Ainsi en considérant que les distances inter-particulaires sont
négligeables devant les échelles spatiales, il devient alors impossible de distinguer une particule
d’une autre. La distribution se ramène alors à une distribution continue de charges.

I-5-2-b Champ dû à une distribution continue de charges :

• Considérons le cas d’une distribution superficielle uniforme de charges. Soit un


élément de surface dS de centre P contenu dans une surface S uniformément
chargée (fig I.4). Si on désigne par σ, la densité superficielle de charges (charge
portée par unité de surface), l’élément dS va porter la charge élémentaire dq =
σdS. En un point M de l’espace, cet élément dS va créer un champ électrostatique
noté dE et égal à:

σdS
dE = u (I-4)
4πε o r 2

fig.I.4

Le champ résultant en M est obtenu par intégration sur toute la surface des champs
élémentaires crées par tous les éléments dS. Ainsi le champ total est :

σdS
E = ∫∫ dE = ∫∫ u (I-5)
S S 4πε r 2
o

• Pour une distribution volumique de charges, le champ total produit par des
volumes élémentaires dV portant la charge dq = ρdV (ρ est la densité
volumique de charge) est donné par l’expression suivante :

10
ρdV
E = ∫∫∫ u (I-6)
V 4πε o r 2

• Dans le cas d’une distribution linéique de charges, le champ total produit par
les éléments de longueur dL portant la charge dq = λdL (λ est la densité
linéique de charges), est donné par l’expression suivante :

λdL
E=∫ u (I-7)
L 4πε r 2
o

I-5-2-c Méthodologie de calcul du champ

Le champ E est défini par ses 3 composantes qu'il faut calculer séparément.

o Il faut tout d’abord décomposer la distribution en éléments de distribution


"ponctuels".
o Ensuite calculer le champ élémentaire dE
o Faire la somme ou l’intégration des champs élémentaires

Remarque importante : Il est parfois plus rapide de rechercher le support de E puis de


calculer simplement son module sachant que le champ E "a la symétrie" de la distribution.

En effet, d’après le Principe de Curie « Lorsque certaines causes produisent certains


effets, les éléments de symétrie des causes doivent se retrouver dans les effets produits. ».
Connaissant donc les propriétés de symétrie d’une distribution de charges, on peut connaître
celles du champ électrostatique.

I-6 Lignes de champ et tubes de champ

• Les lignes de champ : Une ligne de champ est une courbe telle qu'en chacun de ses
points, le champ électrostatique E soit porté par la tangente à la courbe. Les lignes
de champ sont orientées dans le sens de E . Dans l'espace il existe une infinité de
lignes de champ et il passe une seule ligne de champ par chaque point de l'espace.
Les lignes de champ s'éloignent des sources chargées positivement et se dirigent
vers les sources chargées négativement.
• Les tubes de champ : Un tube de champ est formé par l'ensemble des lignes de
champ qui s'appuient sur une courbe fermée

I-7 Théorème de Gauss

Le théorème de Gauss est une méthode simple et rapide pour déterminer le champ E en
tout point M lorsque les charges sources possèdent des symétries élevées. Pour cela, on
procède ainsi :
a) Trouver le sens du champ E en considérant la symétrie du problème.
b) Choisir une "surface de Gauss" Sg (qui est une surface imaginaire) telle qu’elle
• Passe par le point M où on veut déterminer le champ

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• possède les propriétés de symétrie de la source
• ne coïncide pas avec une surface matérielle chargée
c) Déterminer la charge Qi intérieure au volume délimité par Sg
d) Exprimer le flux du champ E à travers la surface fermée Sg

I-7-1 Enoncé du théorème :

Le flux du champ électrique envoyé à travers une surface fermée Sg quelconque est égal à
la charge algébrique totale, contenue dans le volume délimité par cette surface divisée par
εo .

Qint
φ = ∫∫ E.dS = (I-8)
Sg εo

I-7-1-a Définition du flux

Soient le vecteur champ E ( P ) au point P et dS l'élément de surface entourant ce point


avec dS le vecteur surface correspondant. Par définition, le flux élémentaire dφ du
champ E ( P ) à travers l'élément de surface considéré dS est égal au produit scalaire
dφ = E.dS = E cos αdS .

fig.I.5

On considère tous les éléments de surface composant la surface (S). On calcule pour chacun
d'eux le flux élémentaire dφ . Le flux total φ du champ électrique à travers la surface (S) est
obtenu en faisant la somme des flux élémentaires. Pour faire ce calcul, les vecteurs dS
associés aux éléments de surface sont tous orientés du même côté de la surface (S).
Le signe du flux dépend du sens du vecteur dS dont l’origine est un point P de l'élément, la
direction est normale à la surface et dont le module est égal à l'aire dS. Son sens est choisi
arbitrairement (par exemple vers l'extérieur pour les surfaces fermées). Pour orienter dS , on
peut aussi utiliser la règle du "tire-bouchon" . Pour cela on choisit un contour C délimitant la
surface avec un sens arbitraire de parcours dit positif. Le vecteur dS est alors orienté suivant
la progression d'un tire-bouchon tournant dans ce sens positif.

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I-7-2 Flux du champ électrostatique d’une charge ponctuelle

Considérons une charge q placée en O (fig.I.6). Le champ électrostatique créé en P entouré


q
par l’élément de surface dS cette charge est : E ( P) = u où u est le vecteur unitaire
4πε o r 2
dirige du point O (source) vers le point P.

Le flux élémentaire du champ à travers la surface élémentaire dS est :


q q u.ndS
dφ = E.ndS = u.ndS =
4πε o r 2
4πε o r 2
u.ndS
La quantité dΩ = est appelée angle solide élémentaire : c’est l’angle d’ouverture
r2
d’où l’on voit la surface orientée ndS à partir de la source.

fig.I.6

I-7-2-a Flux du champ électrostatique d’une charge ponctuelle à travers une surface fermée

• Si la charge est extérieure

fig.I.7

La surface S fermée et orientée est vue d’un angle dΩ dans la direction du vecteur
unitaire u . L’angle dΩ découpe sur S deux surfaces élémentaires dS et dS’. Les flux à
travers dS et dS’ sont égaux et opposés. En effet le flux est entrant au point P de dS et
sortant au point P’ de dS’. On remarque donc que si on découpe S la surface en paire de
points, le flux total à travers est nul.

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• Si la charge est intérieure

Dans ce cas, les flux traversant les surfaces s’annulent deux à deux sauf pour la dernière
surface. Sur la figure 8, les surfaces dS 2 , dS 3 et dS1 sont découpées par le même angle
solide mais avec des signes contraires. Seul subsiste le flux à
q
travers dS1 : dφ = dΩ
4πε o
q
Le flux total à travers la surface fermée S est égale à : φ = Ω avec Ω l’angle
4πε o
solide sous lequel la surface est vue d’un point intérieur et qui vaut Ω = 4π . Le flux total
vaut alors :
q
φ=
εo

fig.I.8

I-8 Travail des forces électrostatiques

Soit une charge cible q placée dans un électrostatique E créé par une charge source.
Elle subit une force électrostatique F = q E . Le travail effectué par la force électrostatique
F = q E lorsque son point d'application se déplace d’un point A à un point B dans le
champ E est:

B
W AB = ∫ q E.dl (I-9)
A

E est le champ au point M dont le déplacement infinitésimal sur le contour AB est dl .Cet
élément de déplacement infinitésimal dl sera exprimé en coordonnées cartésiennes,
polaires, cylindriques ou sphériques selon la symétrie du problème. Le travail par unité de
charge est appelé la circulation du vecteur champ E du point A au point B.

Remarque : le travail de la force électrostatique ne dépend pas du chemin suivi, il n'est


fonction que des coordonnées du point de départ et d'arrivée indépendamment du chemin

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suivi. Ceci est une conséquence du principe de conservation de l’énergie. En effet la
variation d’énergie sous forme de travail pour une trajectoire fermée est nulle.

I-9 Le potentiel électrostatique

On a définit le travail effectué par la force électrostatique pour déplacer une charge q du
point A au point B dans un champ E créé par une source ponctuelle Q par :

B B qQ 1 B qQ qQ
W = ∫ F .dl = q ∫ E.dl = ∫ dr = −
A A 4πε o Ar 2
4πε o rA 4πε o rB

Le travail W ne dépendant pas du trajet suivi, on peut l’écrire sous la forme d’une
différence :
qQ qQ
W = − = q (V A − VB ) = −qΔV
4πε o rA 4πε o rB

On définit ainsi la "différence de potentiel" entre deux points A et B ou simplement le


"potentiel" par :

B
− ΔV = (V A − VB ) = ∫ E.dl (I-10)
A

Son unité est le "Volt" noté V.

Le potentiel V est un champ scalaire défini donc par les relations suivantes :

B
(V A − VB ) = ∫ E.dl → dV = − E.dl → E = − gradV (I-11)
A

Remarques :

o V croît des charges - aux charges + (sens de croissance de V opposé à E )


o Notons que seule la notion de différence de potentiel a un sens. On ne peut
définir un potentiel absolu VM en un point M que s'il est possible de définir un
point de référence où le potentiel est nul. Ainsi le potentiel absolu en M, à la
distance r d'une charge source est égal à l'énergie à fournir pour amener une
charge unité de l'infini à la distance r de la source :

M
VM = − ∫ E.dl

- lorsque la source est de dimension finie, on pose V∞ = 0 puisqu'à l'infini l'influence de


la charge source devient négligeable.
- lorsque la source est de dimension infinie (fil infini, plan infini, etc...), on ne peut pas
choisir V∞ = 0 . Dans ce cas, on ne peut définir que la différence de potentiel entre deux
points.

15
- Les surfaces de potentiel constant sont appelées équipotentielles. Ainsi, la variation de
potentiel est nulle pour une particule test chargée se déplaçant sur une équipotentielle,
B
soit : ΔV = − ∫ E.dl = 0 . Alors, pour que le produit scalaire E.dl = 0 soit nul partout
A
le long du parcours, le champ électrique doit traverser l'équipotentielle
perpendiculairement. Ainsi, les lignes de champ électrique et les équipotentielles sont
partout perpendiculaires entre elles.
A
- Le long d’un contour fermé quelconque, ∫ E.dl = (V A − V A ) = 0 , on dit alors que le
A

champ E est conservatif.


- Une conséquence mathématique de l’équation E = − gradV est que le champ E est
irrotationnel, c’est à dire rot E = 0

I-9-1 Potentiel dû à une charge ponctuelle

Une charge Q située a une distance r d’un point M, crée le potentiel électrostatique
donné par:

M M Q Q
VM = − ∫ E.dr = ∫ u.dr = (I-12)
∞ ∞ 4πε o r 2
4πε o r

I-9-2 Potentiel dû à une distribution discrète de charges ponctuelles

D’après le théorème de superposition, le champ E créé en M par cette distribution est


la somme vectorielle de tous les champs créés en M par chacune des charges qi. Ainsi, le
potentiel créé en M cette distribution discrète est donné par :

Qi Qi
∑ 4πε u ri .dri = ∑
ri
VM = − ∫ (I-13)

r
o i
2
i 4πε o ri

I-9-3 Potentiel dû à une distribution continue de charges

En appliquant le principe de superposition, si la distribution de charges électriques est


continue, on remplace la sommation par une intégrale étendue à l'ensemble des charges
élémentaires dQ. Les expressions des potentiels et des champs électriques au point M sont
dQ
alors données par : VM = ∫ dVM = ∫
4πε o r

ƒ Soit pour une distribution linéique de charges répartie sur le parcours L :

λdM
VM = ∫ +C (I-14)
L 4πε o r

où dM est l'élément de longueur entourant le point M de L, λ la densité linéique de charges et


C une constante.

ƒ Soit pour une distribution surfacique de charges répartie sur la surface S :

16
σdS
VM = ∫∫ +C (I-15)
S 4πε r
o

où dS est l'élément de surface entourant le point M de S, σ la densité surfacique de charges


sur S et C une constante.

ƒ Soit pour une distribution volumique de charges répartie dans le volume V :

ρdV
VM = ∫∫∫ +C (I-16)
V 4πε o r

où dV est l'élément de volume entourant le point M de V, ρ la densité volumique de charges


à l'intérieur de V et C une constante.

Dans les trois cas la constante C est égale à zéro si le potentiel est nul à l'infini.

I.10 Le dipôle électrique

On appelle dipôle électrique l’ensemble de deux charges " voisines " – q et + q


placées en A et B. Le moment dipolaire est défini par le vecteur p = q AB .

I.10.1 Potentiel et champ électriques créés par le dipôle

fig.I.9

Le potentiel V créé au point M situé à grande distance est :

q qQ
VM = −
4πε o r1 4πε o r2
Avec OM = r u r ; BM = r1 ; AM =r2

Dans l’approximation dipolaire, c'est-à-dire en supposant que r〉〉 AB , on peut faire les
développements suivants :

17
1
1 − 1 a
= (r 2 + a 2 − 2ar cos θ ) 2 ≈ (1 + cos θ )
r1 r r
1
1 − 1 a
= (r 2 + a 2 + 2ar cos θ ) 2 ≈ (1 − cos θ )
r2 r r
Ce qui donne finalement:

2aq cos θ p.u r


VM = = (I-17)
4πε o r 2
4πε o r 2

et

2aq 1 3( p.u r )u r − p
E = − gradV = (2 cos θ u r + sin θ u θ ) = (I-18)
4πε o r 3
4πε o r3

I.11 Energie potentielle électrostatique

I.11.1 Définition:

L'énergie potentielle électrostatique d’une particule chargée placée dans un champ


électrostatique est égale au travail qu’il faut fournir pour amener de façon quasi statique cette
particule de l’infini à une position donnée.

Ainsi pour déplacer une particule q placée dans un champ E de l’infini vers un point M , il
faut appliquer une force extérieure qui s‘oppose à la force de Coulomb : F ext = − q E . Le
travail qu’il faut fournir est donc :

M M
W = ∫ F ext .dl = − q ∫ E.dl = q (VM − V∞ )
∞ ∞

En prenant le potentiel nul à l’infini, on a l’énergie potentielle électrostatique d’une charge


ponctuelle située en M donnée par l’expression :

W = qVM (I-19)

I.11.2 Energie potentielle électrostatique d’une distribution de charges ponctuelles

Soit une charge q1 placée en M1 .Si on amène une charge q2 de l’infini jusqu’en M2, on
fournit le travail W2 = q 2V1 M 2 . En supposant que c’est q2 qui est située en M2 et qu’il faille
amener q1 de l’infini jusqu’en M1 en présence de q2, le travail à fournir est W1 = q1V2 M1 . Le
système constitué des deux charges possède une énergie électrostatique :

q1 q 2 1
We = = W1 = W2 = (W1 + W2 )
4πε o r12 2

18
Où r12 = M 1 M 2

Ainsi pour un système de N charges on a:

1 N qi q j 1 N
We =
4πε o
∑∑
i =1 j 〉 i rij
= ∑ qiViM i
2 i =1
(I-20)

1 qj
Avec ViM i =
4πε o
∑r
j ≠i
le potentiel créé en Mi par toutes les autres charges.
ij

Pour une distribution continue de charges, on peut généraliser le résultat ci-dessus et écrire :

We = ∫ dqV
distribution
M (I-21)

Où dq est la charge élémentaire située autour du point M de la distribution et VM le potentiel


crée par toute la distribution.

- Pour une distribution linéique de charges répartie sur un parcours L et caractérisée par
la densité linéique λ(M) :

We = ∫ λdLV M (I-22)
L

où dM est l'élément de longueur entourant le point M de L.

- pour une distribution surfacique de charges répartie sur une surface S et caractérisée
par la densité surfacique σ :

We = ∫∫ σdSVM (I-23)
S

où dS est l'élément de surface entourant le point M de S.

- pour une distribution volumique de charges répartie dans un volume V et caractérisée


par la densité volumique ρ:

We = ∫∫∫ ρdVVM (I-24)


V

où dV est l'élément de volume entourant le point M de V.

I.12 Electrostatique des conducteurs

Dans un volume de matière on peut séparer les porteurs de charges en deux catégories:
les charges fixes, animées d'un mouvement de vibration autour d'une position moyenne
déterminée, et les charges de conduction, encore appelées charges libres, qui peuvent se
déplacer dans tout le volume de matière. Ces derniers sont les électrons de conduction ou

19
électrons libres. Dans un conducteur les charges sont mobiles et susceptibles de se déplacer
lorsqu'elles sont soumises à un champ électrostatique. On distingue alors les isolants, dans
lesquels toutes les charges sont localisées, des conducteurs qui contiennent un grand nombre
de charges de conduction, susceptibles de se mettre en mouvement sous l'action d'un champ
électrique.

L'état d'équilibre électrostatique du conducteur est défini par l'état stationnaire de


charge et de champ électrostatique qui existe après que les charges se soient distribuées sur le
conducteur puis immobilisées. Autrement dit, le conducteur est en équilibre électrostatique
lorsque la vitesse moyenne des charges, et en particulier des charges libres, est nulle.

Remarque : notons qu’à l’échelle microscopique, les charges sont en mouvement à


cause d’un champ local qui peut être très intense pendant des instants très brefs. Le champ nul
est donc un champ moyen pendant un temps à notre échelle.

Conséquences importantes :

- Le champ E est nul en tout point intérieur d'un conducteur homogène en équilibre
électrostatique.
- Le potentiel à l'intérieur d'un conducteur en équilibre électrostatique est constant. En
particulier la surface du conducteur est une surface équipotentielle et les lignes de
champ quittent le conducteur en lui étant perpendiculaires.
- La quantité d'électricité dans tout volume intérieur au conducteur est nulle. Les
charges portées par un conducteur ne peuvent être réparties que sur sa surface.

I.12.1 Théorème de Coulomb

Le théorème de Coulomb donne le champ E aux points très voisins de la surface d'un
conducteur. En un point M infiniment voisin de la surface S d’un conducteur, le champ
électrostatique est normal à S. Soit un tube de champ partant de la surface du conducteur
étudié. Il est perpendiculaire à la surface de ce conducteur et il délimite sur celui-ci une aire
Sext très petite. Constituons une surface fermée Σ en limitant ce tube par une section droite SM
très voisine du conducteur et passant par le point M où l'on se propose de calculer le
champ E . Le tube de champ est limité à l’intérieur du conducteur par une surface quelconque
Sint tracée dans le conducteur (fig. 6). Appliquons le théorème de Gauss à cette surface
fermée.

fig.9

20
D'après le théorème de Gauss, le flux du champ électrostatique à travers la surface fermée Σ
est :

Qint
φ Σ = ∫∫ E.dS = ∫∫ E.dS + ∫∫ E .dS + ∫∫ E.dS = ∫∫ E.dS = ES ext =
Σ S ext S int t SL S ext εo

σS M
Donc φ Σ = ∫∫ σdS = = ES ext
SM εo

La surface SM limitant le tube passant par la surface Sext, on SM = Sext. Le théorème de


Coulomb dit donc que le champ électrostatique au voisinage immédiat d’un conducteur est :

σ
E= n (I-25)
εo

Avec ϭ la densité superficielle de charge du conducteur et n le vecteur unitaire normal à la


surface et dirigé vers l’extérieur.

I.12.2 La pression électrostatique

Les charges disposées sur un conducteur chargé se repartissent à la surface. Ces


charges étant de même signe, elles vont se repousser mutuellement et vont être soumises à
une force qui aura tendance à les disperser. Cette force donne lieu donc à une certaine
pression sur le conducteur qui est la pression électrostatique.
Considérons une surface élémentaire dS découpée à la surface d’un conducteur et
séparant deux points M et M’ très proches situés respectivement à l’extérieur et à l’intérieur
du conducteur. Le champ électrostatique au point M est la somme du champ E1 créé par les
charges situées sur dS et du champ E 2 dû à toutes les autres charges de la surface du
conducteur. On note pour le point M’ ces champs respectivement E1 ' et E 2 ' .

• Les points M et M’ étant très proches, on peut considérer que E 2 = E 2 '

• A l’intérieur du conducteur, on a E1 '+E 2 ' = 0 → E1 ' = − E 2 ' .


• Les points M et M’ étant très proches, dS peut être considérée comme un plan
et donc le champ E1 ' sera le symétrique du champ E1 , on aura alors E1 = − E1 '

On en déduit alors que E1 = E 2 , comme le champ total au voisinage immédiat du


σ σ
conducteur est E = n , on a E = E 1 + E 2 = n , ce qui veut dire que le champ créé par
εo εo
toutes les autres charges au point M est ;

σ
E2 = n (I-26)
2ε o

21
Ainsi, la charge dq située sur dS subie une force électrostatique de la part des autres
σ σ2
charges du conducteur égale à : dF = dq E 2 = σdS n= ndS . La pression
2ε o 2ε o
électrostatique subie en tout point d’un conducteur vaut alors :

σ2
P= (I-27)
2ε o

I.12.3 La capacité d’un conducteur

Considérons un conducteur chargé, limité par la surface S, à l'équilibre électrostatique


et isolé dans l'espace. Sa charge totale Q est répartie sur sa surface et le potentiel V est le
même en tout point M du conducteur. Si on note ϭ la densité de charges au point P de la
surface S et que le potentiel est supposé nul à l'infini, en tout point M du conducteur on a les
σdS
relations: V = ∫∫ et Q = ∫∫ σdS .
S 4πε r S
o

Le principe de superposition permet de dire que si le potentiel est multiplié par un facteur
constant x et devient V’= xV, la charge est alors Q’= xQ. Le rapport charge/potentiel est alors
constant. On définit ainsi la capacité d’un conducteur à l’équilibre par :

Q
C= (I-28)
V

On unité est le Farad (F)

I.12.4 Le pouvoir des pointes

Soit un conducteur sphérique de rayon R1 chargé d'une charge Q1 relié à un second


conducteur sphérique de rayon R2 < R1 initialement neutre par un fil conducteur supposé très
long. On suppose négligeable le phénomène d’influence.Les deux sphères se trouvent alors
au même potentiel puisqu'elles forment un conducteur d'un seul tenant. La charge Q se
repartit en Q1 et Q2 de façon à ce que :

Q1 Q2 Q1 Q2
V = = ⇒ =
4πε o R1 4πε o R2 R1 R2

Si σ1 et σ2 sont les densités superficielles de charge sur les sphères, on a :

Q1 = 4πε o R1σ 1 et Q2 = 4πε o R1σ 2

R1
Soit σ 2 = σ1
R2

22
R1
D’après le théorème de Coulomb, on obtient : E 2 = E1
R2

Puisque R1 / R2 > 1, le champ au voisinage du second conducteur est plus intense que le
champ au voisinage du premier conducteur. C'est ce qu'on appelle le pouvoir des pointes : le
champ est plus important dans les régions du conducteur de plus forte courbure.

I.12.4 Equilibre électrostatique d'un système de conducteurs

Soit un système de n conducteurs C1, C2, ..., Cn à l'équilibre électrostatique, répartis


dans l'espace et portant respectivement les charges électriques Q1, Q2, ..., Qn. Appelons Sj la
surface limitant le conducteur Cj, Vj son potentiel et σj la densité surfacique de charges en un
point Mj de Sj. On suppose que le potentiel est nul à l'infini et que la partie de l'espace non
occupée par les conducteurs ne contient aucune charge.

A l'équilibre électrostatique, le potentiel Vi du conducteur Ci peut s'écrire:

n σ j dS j
V = ∑ ∫∫ (I-29)
j =1
Sj 4πε o M j Pi

Avec Pi un point du conducteur Ci, et dSj l'élément de surface entourant le point Mj de Sj. La
charge Qj, sur la surface du conducteur Cj, est donc :

Q j = ∫∫ σ j dS (I-30)
Sj j

On peut écrire la charge Qj du conducteur Cj sous la forme :

n
Q j = ∑ C jiVi (I-31)
i =1

où Cji est le coefficient d'influence du conducteur Ci sur le conducteur Cj en présence des


autres conducteurs. Il mesure la charge du conducteur Cj lorsque le conducteur Ci est porté à
un potentiel unité et que tous les autres sont à un potentiel nul. Si on éloigne le conducteur Cj
des autres, les coefficients Cji tendent tous vers zéro sauf Cjj qui tend vers la capacité propre
du conducteur Cj.

Cjj est la capacité du conducteur Cj en présence des autres conducteurs. Ce coefficient


représente la charge du conducteur Cj porté à un potentiel unité alors que tous les autres sont à
un potentiel nul.

Les coefficients Cji ne dépendent que de la forme et de la position des conducteurs.

Remarque: La relation précédente et donc l'équilibre électrostatique des n conducteurs, peut


aussi se décrire par la relation matricielle :

23
⎛ Q1 ⎞ ⎛⎜ C11 C12 C1n ⎞⎛V ⎞
⎟ 1
⎜ ⎟ C 2 n ⎟⎜V ⎟
⎜ Q2 ⎟ ⎜ 21
C C 22
⎜ ⎟
⎜ ⎟= ⎜ ⎟⎜ 2 ⎟
⎟⎜ ⎟ (I-32)
⎜ ⎟ ⎜
⎜ ⎟ ⎜ ⎟⎜ ⎟
⎜ ⎟ ⎜ ⎟⎜ ⎟
⎝ Qn ⎠ ⎜⎝ C n1 Cn2 C nn ⎟⎠⎝Vn ⎠

Les termes diagonaux sont les capacités et les termes non diagonaux les coefficients
d'influence en présence des autres conducteurs.

I.12.4.1 Théorème des éléments correspondants

Soit un conducteur C1 chargé. Approchons un conducteur C2 primitivement neutre ; on


constate qu'une partie des lignes de champ issues de C1 se "referment" sur C2.Un tube de
champ se terminant sur les deux conducteurs délimite sur ceux-ci deux surfaces qui sont
appelées des éléments correspondants.

Remarque : les charges électriques portées par les éléments correspondants ont des valeurs
opposées. dq1 = - dq2

En effet, si on considère la surface fermée constituée par le tube de champ fermé à ses deux
extrémités par des surfaces quelconques S1 et S2 tracées dans les conducteurs. Le flux sortant
de cette surface fermée est nul. D’après le théorème de Gauss, la quantité d'électricité se
trouvant à l'intérieur de la surface considérée est donc nulle.

Sites à voir

http://www.sciences.univ-
nantes.fr/physique/perso/blanquet/synophys/24macma/24macma.htm

http://www.sciences.univ-
nantes.fr/physique/perso/blanquet/synophys/23macel/23macel.htm#12

http://www.chez.com/lalevitationmagnetique/

http://pagesperso.laposte.net/rvweb/tpe/

http://www.phys.ens.fr/cours/notes-de-cours/jmr/relativite.pdf

http://users.skynet.be/bioelectric/page3.html#1

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Lecture
La foudre

Les petits cristaux de glace situés dans la partie supérieure des nuages orageux
(cumulo-nimbus) sont porteurs d'une charge électrique positive alors que les gouttelettes
d'eau, dans la partie inférieure, sont chargées négativement. Les mécanismes responsables de
la séparation des charges au sein du nuage ne sont pas encore parfaitement compris. Quoi qu'il
en soit, le passage de la base du nuage, chargée négativement, au-dessus du sol attire des
charges positives à la surface de la terre et une différence de potentiel de l'ordre de cent
millions de volts s'établit entre la terre et le nuage. La décharge électrique se produit en deux
temps : un précurseur, peu lumineux, du nuage vers la terre, ionise l'air à son passage ; le
canal conducteur ainsi créé est emprunté par la décharge principale, le coup de foudre, de la
terre vers le nuage, dont l'intensité peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d'ampères avec
une puissance de plusieurs millions de mégawatts. L'arc électrique produit par la décharge
chauffe le canal jusqu'à des températures de plusieurs milliers de degrés, produisant un
plasma lumineux, l'éclair, accompagné d'une forte élévation de pression, qui fait en quelque
sorte exploser le canal avec formation d'une onde de choc (comme le bang des avions
supersoniques). Le bruit du coup de tonnerre, claquement sec ou roulement sourd, dépend de
la distance de l'éclair et de son orientation par rapport à l'observateur.
Les effets de la foudre sont parfois étonnants et l’on cite de nombreux exemples de personnes
déshabillées et indemnes, alors que des objets métalliques leur sont arrachés des mains ou
fondent dans leurs poches ! La plus espiègle est la foudre en boule, dont certains ont même
longtemps pensé qu'elle était le fruit d'une imagination trop vive. En fait, des témoignages
irrécusables permettent de ne pas douter de son existence, mais aucune explication
scientifique satisfaisante n'a encore été trouvée et la foudre en boule reste une énigme.

La cage de Faraday

Si un corps C est placé à l'intérieur d'une enceinte E, C ne sera pas soumis à


l'influence d'une source d'électricité G placée à l'extérieur de l'enceinte E. L'enceinte E joue le
rôle d'un écran, d'un "blindage". En radio on utilise ce genre d'écran pour séparer deux étages
pour que le rayonnement de l'un n'atteigne pas l'autre. Pour protéger un bâtiment il suffit
d'enfermer celui-ci dans une sorte de cage constituée de conducteurs reliés à la Terre et
munies de pointes pour capter les charges électriques de l'atmosphère et les diriger vers la
Terre..

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