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SUPPORT DE COURS DE TELECOM III

PARTIE I : TRANSMISSIONS PAR


FIBRE OPTIQUE
Docteur Karim Fethallah

SUPPORTS DE TRANSMISSION :
FIBRE OPTIQUE

Rappel de cours et exercices corrigés

Editions Al-Djazair
Docteur Karim Fethallah

SUPPORTS DE TRANSMISSION :
FIBRE OPTIQUE

Rappel de cours et exercices


corrigés

Editions Al-Djazair
Sommaire

1- Introduction……………………………………………………………………………………………………….. 2
2- Principe de propagation de la lumière dans une fibre optique……………………………. 2
2.1- lois de Snell-Descartes……………………………………………………………………………….. 3
2.2- Conséquences des lois de Snell-Descartes…………………………………………………. 4
2.2.1- Angle limite, Réflexion totale………………………………………………………. 4
2.2.2- Cas particulier de la fibre optique……………………………………………….. 4
3- Fibres à saut d’indice………………………………………………………………………………………….. 5
4- Fibres à gradient d’indice……………………………………………………………………………………. 7
5- Fibres monomodes et fibres multimodes…………………………………………………………… 11
5.1- Notion de mode de propagation………………………………………………………………. 11
5.2- Fibres multimodes……………………………………………………………………………………. 13
5.3- Fibres monomodes.………………………………………………………………………………….. 14
6- Performances des fibres optiques……………………………………………………………………… 14
6.1- Atténuation optique…………………………………………………………………………………. 14
6.1.1- Définitions…………………………………………………………………………………... 14
6.1.2- Calcul de l’atténuation linéique………………………………………………….. 14
6.1.3- Causes de l’atténuation………………………………………………………………. 15
6.1.3.1- Pertes dues aux raccordements…………………………………… 15
6.1.3.2- Pertes dues à la jonction verre-air-verre……………………… 16
6.2- Dispersion…………………………………………………………………………………………………. 17
6.2.1- Dispersion modale……………………………………………………………………….. 17
6.2.2- Dispersion chromatique………………………………………………………………. 17
Exercices D’application…………………………………………………………………………………………… 21
Solutions des exercices………………………………………………………………………………………….. 23

1
1- Introduction
Les réseaux de télécommunications actuels nécessitent des débits de plus en plus
importants, et d’un autre coté, les entreprises industrielles exigent aux chercheurs
scientifiques et aux ingénieurs d’application de concevoir et optimiser des liaisons haut débit
flexibles et adaptées à leur besoin pour des moyennes et longues durées.
La technologie optique, et malgré le cout très élevé de sa connectique (sources laser
et photo-détecteurs), reste la solution immédiate pour la plupart des industriels
économiques grâce à ses nombreux avantages : largeurs de bande et longueurs d’onde
centrales accordables, minimum d’atténuation optique pour des longues distances de
transmission, très grandes bandes passantes et minimum de dispersion pour des fenêtres
optiques spécifiques. Cependant, l’amélioration de la qualité de transmission d’une liaison
optique passe certainement par une étude très détaillée des différents composants optiques
constituants cette liaison.
L’objet de ce support de cours est de présenter la fibre optique en général, en
expliquant le principe de propagation de la lumière à travers ce support de transmission. On
choisira bien sur les fibres optiques monomodes qui sont largement utilisées dans les
liaisons de télécommunications. Les performances des fibres optiques, notamment
l’atténuation et la dispersion, seront après présentées. A la fin de ce cours, une série
d’exercices est donnée avec leurs solutions correspondantes.

2- Principe de propagation de la lumière dans une fibre optique

Fig(1)- Phénomène d’incidence, de réflexion et de réfraction d’un faisceau lumineux dans


deux milieux d’indices n1 et n2
2
La propagation de la lumière à travers une fibre optique est basée sur le principe de
réflexions successives du faisceau lumineux.
Il est alors nécessaire de reprendre quelques notions fondamentales sur le
déplacement de la lumière au niveau d’une surface appelée « dioptre » séparant deux
milieux isotropes d’indice n1 et n2.
Soit un rayon lumineux monochromatique se propageant dans un milieu d’indice n1.
A l’arrivée sur un dioptre séparant le milieu incident du milieu d’indice n2, une partie de son
énergie traverse le dioptre alors qu’un autre se réfléchit. On définit ainsi en I, les rayons
incidents, réfléchis et réfractés. Les angles correspondants sont mesurés par rapport à la
normale au dioptre.

2.1- lois de Snell-Descartes


Cette lois donne les relations entre les différents angles :
- Pour la réflexion : l’angle d’incidence « i1 » est égal à l’angle de réflexion « r » :
i1=r (1)
i1 : angle d’incidence du milieu n1
r : angle de réflexion du milieu n1
- Pour la réfraction (ou transmission), la relation entre les angles est la suivante :
n1*sin (i1) =n2*sin (i2) (2)
i2: angle de réfraction dans le milieu d’indice n2.
Remarques
- Si n2>n1 : on dit que le milieu d’indice n1 (incidence) est moins réfringent que le
milieu d’indice n2 (réfraction) (voir fig (2)), alors i1>i2 ------> sin (i1)>sin (i2).
- Si n1>n2 : dans ce cas, l’angle d’incidence i1 est plus petit que l’angle de réfraction i2
(voir fig (3)), alors : i2>i1 ------> sin (i2)>sin (i1).

Fig(2)- Le faisceau réfracté se rapproche de la normale Fig(3)- Le faisceau réfracté s’éloigne


de la normale

3
2.2- Conséquences des lois de Snell-Descartes
2.2.1- Angle limite, Réflexion totale

Fig(4)- Le faisceau réfracté n’existe plus Fig(5)- Le faisceau incident est entièrement
réfléchi

On remarque que pour n1>n2, le rayon réfracté s’écarte de la normale (voir fig (3)).
Quant l’angle de réfraction arrive à 90°, l’angle d’incidence atteint une limite (voir fig (4)).
Au-delà de cet angle limite, noté l, le faisceau réfracté disparait, car le faisceau incident est
alors entièrement réfléchi (voir fig (5)). On parle de réflexion totale.
Pour i1=l, la relation de Snell-Descartes s’écrit : n1*sin(l)=n2*sin(90°), ce qui entraine :

n2
sin(l ) = (3)
n1
Exemple
La lumière passe d’un verre quelconque d’indice n1=1.5 dans l’air d’indice n2=1. L’angle
1
limite est tel que : sin(l ) = . Il est proche de 42°.
1.5
- Si l’angle d’incidence est inférieur à 42° (i1<42), le faisceau est transmis dans l’air.
- Si l’angle d’incidence vaut 42° (i1=42), il est alors rasant (confondu avec le dioptre).
- S’il est plus grand que 42°, il est entièrement réfléchi et reste dans le verre.
2.2.2- Cas particulier de la fibre optique
Une fibre optique est formée principalement d’un cœur de verre d’indice n1 entouré
d’une gaine de verre d’indice n2 légèrement inférieur à n1 (n1>n2).

4
(a) Coupe longitudinale (b) Coupe transversale

Fig(6)- Schéma synoptique d’une fibre optique

On se sert du phénomène de réflexion totale pour guider le rayon lumineux dans le


cœur de la fibre (voir fig (6)).

3- Fibres à saut d’indice


Dans une fibre à saut d’indice, les indices du cœur n1 et de la gaine n2 sont constants.
La fibre est caractérisée par son profil d’indice. Il s’agit de la représentation de l’indice de la
fibre en fonction de la distance r à l’axe central de la fibre : n(r) (voir fig (7)).

Fig(7)- Profil d’indice d’une fibre à saut d’indice

Fig(8)- Illustration des angles : d’acceptance, de réfraction (critique) et de réflexion totale

5
L’angle d’acceptance de la fibre est l’angle d’incidence maximum (θmax) qui permet à
la lumière une propagation par réflexions successives dans la fibre.

Pour un angle d’incidence supérieur à l’angle d’acceptance, la lumière est transmise


du cœur dans la gaine. L’information alors transportée par la lumière est perdue car non
propagée jusqu’à la sortie de la fibre.

L’angle de réfraction (θr), ou angle critique est relié à l’angle limite ( l ) par la relation :
θr+l=90° (4)

La deuxième lois de Snell-Descartes sur le dioptre d’entrée de la fibre s’écrit :


n0*sin(θmax)=n1* sin(θr)=n1*sin(90°-l)=n1*cos(l) (5)

Sachant que sin2(l)+cos2(l)=1, l’équation (5) devient :

sin2(θmax)= n12*cos2(l)

sin2(θmax)= n12*(1- sin2(l))

sin(θmax)=n1 1− sin 2 (l )

sin (l ) =
n2
Puisque « l » représente l’angle limite, on a :
n1
2
n 
Alors : sin (θ max ) = n1 1 −  2 
 n1 
2 
2
n
sin 2 (θ max ) = n1 1 − 2 2 

 n1 
sin 2 (θ max ) = n1 − n2
2 2

sin (θ max ) = n1 − n2 (6)


2 2

Pour se propager le long de la fibre, le faisceau incident doit appartenir au cône


d’acceptance d’angle θmax. L’ouverture numérique ON (Numerical aperture (NA), en anglais)
de la fibre est définie par la relation : ON=sin θmax= n1 − n2
2 2
(7)

Exemple
Prenons une fibre à saut d’indice, dont les indices sont 1.48 pour le cœur et 1.46 pour
la gaine. Le diamètre du cœur de cette fibre est de 100 μm, celui de la gaine est 140 μm.
Calculer l’angle limite, l’angle critique, l’angle d’acceptance et l’ouverture numérique.
Solution
Angle d’acceptance : sin (θ max ) = nc − n g = 1.48 2 − 1.46 2
2 2

6
(
θ max = arcsin 1.48 2 − 1.46 2 = 14° )
ng
Angle limite : sin (l ) =
1.46
=
nc 1.48
 1.46 
l = arcsin  = 80.6°
 1.48 

sin (θ max ) 1.48 2 − 1.46 2


Angle critique : sin (θ r ) = =
nc 1.48
 1.48 2 − 1.46 2 
θ r = arcsin  = 9.4°
 1.48 
 

Ouverture Numérique : ON = 1.48 2 − 1.46 2 = 0.242

La fréquence normalisée permet de prédire le nombre de modes (chemins possibles)


qui conduiront la lumière dans la fibre. La fréquence normalisée est définie par :

2π × a × ON
V = (8)
λ0

avec a : rayon du cœur de la fibre

ON : ouverture numérique de la fibre

λ0 : longueur d’onde (dans le vide) de l’onde se propageant dans la fibre.


Supposons que k 0 = : vecteur d’onde dans le vide. L’équation (8) devient :
λ0

V = k 0 × a × ON (9)

Si la valeur de V est inférieure à 2.40, alors un seul mode circule, il s’agit du mode
fondamental. La fibre est monomode.

Exemple
Calculer la fréquence normalisée pour une fibre qui a un diamètre du cœur d1=10
μm, d2=4 μm, avec l’ouverture numérique ON=0.242. La longueur d’onde dans le vide
λ0=1.55 μm.

4- Fibres à gradient d’indice


Ces fibres ont un indice de cœur qui diminue progressivement entre n1 (au centre de
la fibre) et n2 (indice de la gaine).

7
a- Profil d’indice

Fig(9)- Exemples de profils d’indice d’une fibre à gradient d’indice

Fig(10)- Schéma synoptique d’une fibre à gradient d’indice

On remarque d’après la fig (10) que le cœur est formé d’un grand nombre de couches
très minces. L’indice n1 est décroissant du centre du cœur jusqu’à ce qu’il atteint d’indice n2
de la gaine.

Le profil d’indice est représenté mathématiquement par (voir fig (9)) :


1
α
  r  2
n(r ) = n1 1 − 2∆   pour 0<r<a et –a<r<0 (dans le cœur)
  a  

n(r ) = n2 pour r ≥ a et r ≤ -a (dans la gaine) (10)

avec α : exposant du profil d’indice

a : rayon du cœur

Δ : différence relative d’indice tel que :


n1 − n2
2 2

∆= 2
(11)
2n1

8
Exemple
Pour α=2, le profil est parabolique

Pour α=1, le profil est triangulaire

Pour α→ ∞ , on est ramené au cas d’une fibre à saut d’indice

Exercice
Représenter avec Matlab, le profil d’indice n(r) suivant les équations (10), pour des
valeurs de α variant de 1, 2, 10, 50 et 120. Donner la nature de chaque profil d’indice
obtenu. On prend le diamètre du cœur dc=50 μm et le diamètre de la gaine dg=125 μm.

Solution
%%%Programme MATLAB qui trace le profil d'indice en fonction du diamètre de
%%%la gaine%%%%
close all
clear all
clc
n1=1.48; %%% Indice du coeur
n2=1.46; %%% Indice de la gaine
a=25e-6; %%%% Rayon du coeur (en micromètre)
delta=((n1^2)-(n2^2))/(2*(n1^2)); %%% Différence relative d'indice
alpha=1; %%% Paramètre alpha=1,2, 10, 50, 120
r=-25e-6:0.1e-6:25e-6; %%% Intervalle entre -25 micro et 25 micro
r1=-62.5e-6:0.1e-6:-25e-6; %%% Intervalle entre -62.5 micro et -25 micro
r2=25e-6:0.1e-6:62.5e-6; %%% Intervalle entre 25 micro et 62.5 micro
for i=1:length(r)
x(i)=n1*(1-(2*delta*((abs(r(i))/a)^alpha)))^(1/2); %%%profil d'indice
end
for i=1:length(r1)
x1(i)=n2; %%% profil d'indice
end
for i=1:length(r2)
x2(i)=n2; %% profil d'indice
end
plot(r*1e6,x) %% tracer le graphe
title('Représentation du profil d''indice en fonction du diamètre de la
gaine')
Xlabel('Diamètre de la gaine') %%% Donner un titre à l'axe X
Ylabel('Indice') %%% Donner un titre à l'axe Y
axis([-62.5 62.5 1.46 1.48])
hold on %%%tracer dans la meme figure
plot(r1*1e6,x1)
hold on
plot(r2*1e6,x2)

9
Représentation du profil d'indice en fonction du diamètre de la gaine
1.48

1.478 alpha=1
Profil triangulaire
1.476

1.474

1.472
Indice
1.47

1.468

1.466

1.464

1.462

1.46
-60 -40 -20 0 20 40 60
Diamètre de la gaine

Représentation du profil d'indice en fonction du diamètre de la gaine


1.48

1.478 alpha=2
Profil parabolique
1.476

1.474

1.472
Indice

1.47

1.468

1.466

1.464

1.462

1.46
-60 -40 -20 0 20 40 60
Diamètre de la gaine

Représentation du profil d'indice en fonction du diamètre de la gaine


1.48

alpha=120
1.478
Profil rectangulaire
1.476

1.474

1.472
Indice

1.47

1.468

1.466

1.464

1.462

1.46
-60 -40 -20 0 20 40 60
Diamètre de la gaine

Fig(11)- Résultats graphiques de simulation du programme Matlab

10
b- Ouverture numérique

(a) Fibre à gradient d’indice (b) Fibre à saut d’indice

Fig(12)- Comparaison entre une fibre à saut d’indice et une fibre à gradient d’indice

En raison de la variation de l’indice du cœur, on définit alors une ouverture


numérique locale comme suit :

ON locale = n(r ) − n2 (12)


2 2

ON est maximale pour n(r)=n1, on a alors r=0.


ON est minimale pour n(r)=n2, on a r=a.
Plus l’ouverture numérique est importante, plus l’angle d’acceptance est grand, et
plus la puissance véhiculée est importante. Ainsi, une fibre à saut d’indice transporte plus de
puissance lumineuse qu’une fibre à gradient d’indice (voir fig(12)).
5- Fibres monomodes et fibres multimodes
5.1- Notion de mode de propagation

Fig(13)- Calcul de la variation de phase optique en utilisant les chemins géométriques

11
La nature ondulatoire de la lumière, associée aux très petites dimensions des fibres
optiques, ne va pas permettre aux rayons lumineux de se propager n’importe comment à
l’intérieur de la fibre. Même à l’intérieur du cône d’acceptance, seuls certains angles
particuliers seront admis. La superposition des ondes progressives doit interférer de façon
constructive, pour que la lumière sorte de la fibre. Les seules directions « permises »
constituent les modes de propagation. Chaque direction du rayon incident qui satisfait les
conditions de propagation est associée à un mode.
Nous allons maintenant calculer le déphasage entre le point B (situé au dioptre
d’entrée air-coeur) et le point C (situé au dioptre cœur-gaine)(voir fig (13)). L’onde
lumineuse se propage alors sur une distance géométrique Δl tel que :
Δl=BA+AC=2docs(l) (13)
avec d : diamètre du cœur
l : angle limite (angle de réflexion totale à l’intérieur du cœur)
Cette distance correspond au déphasage du à un aller-retour à l’intérieur du cœur, il s’écrit
comme suit :

∆φ = n1 2d cos(l ) (14)
λ0
De plus, l’onde étant réfléchie en A et en C, le déphasage s’écrit alors comme suit :
∆φ ' = 2ϕ (15)

On aura donc des interférences constructives si :


∆ϕ1 = ∆φ + ∆φ ' = 2m' π (m’ entier) (16)


Alors : n1 d cos(l ) + ϕ = m' π (17)
λ0
Chacune des valeurs de l’angle (l) correspond à un mode de propagation. La valeur de
k nous indique l’ordre du mode. Si la valeur de l’angle limite (l) est petite, la valeur de k
devient grande (ordre de mode supérieur), et l’onde se propage dans une direction plus
proche de la normale.
Les valeurs de l’angle limite (l) peuvent être obtenues graphiquement à partir de
l’équation (17). Cette équation devient alors :

n1 d cos(l ) + ϕ + mπ = 0 (m = -m’ entier) (18)
λ0


On fait donc l’intersection graphique entre les deux fonctions : y1 = n1 d cos(l ) et
λ0
y 2 = ϕ + mπ pour plusieurs valeurs de m.
12
Fig(14)- Solution graphique de l’équation (18) dans le cas d=λ0 ; et d= λ0/2, avec n1=1.5 et
n2=1.3.
1
 n 
2
2
n2  1  sin 2 (l ) − 1
 n2  
avec ϕ = 2 arctan (19)
n1 cos(l )

En fonction des valeurs de d/λ0 et des indices de réfraction, on voit qu’une ou


plusieurs valeurs de l’angle (l) sont possibles. La figure (14) montre que les modes d’ordre
supérieur (m) correspondent à des valeurs plus petites de l’angle limite (l). Lorsque y1 < π,
une seule solution existe, correspond à m=0. Dans ce cas, le guide optique est appelé guide
monomode.
2
n 
Comme cos(l ) = 1 − sin (l ) = 1 −  2
2
 (20)
 n1 

2πd
La condition du guide monomode s’écrit n1 − n2 < π (21)
2 2

λ0
5.2- Fibres multimodes
La lumière est transportée par plusieurs modes dans les fibres multimodes. Ces fibres
sont généralement à gradient d’indice. Le diamètre du cœur est en général compris entre 50
μm et 90 μm pour un diamètre extérieur de la gaine de 125 μm.
• La fibre 50/125 ---> Télécoms pour des distances moyennes
• La fibre 62.5/125 ---> Informatique
• La fibre 85/125 ---> Vidéo communications
13
5.3- Fibres monomodes
Pour ne transporter qu’un seul mode, les cœurs des fibres monomodes sont
beaucoup plus étroits. Le diamètre n’est que de 4 μm à 10 μm, alors que le diamètre de la
gaine reste 125 μm. Elles sont utilisées pour les transmissions à très longues distances en
raison de leur faible atténuation et dispersion.
6- Performances des fibres optiques
6.1- Atténuation optique
6.1.1- Définitions
L’atténuation optique est la perte de puissance que subit la lumière au cours de sa
propagation dans la fibre optique. Cette perte est soit locale ( due à un défaut ou à un
connecteur), soit régulièrement répartie sur toute la longueur de la fibre. Dans le premier
cas, l’atténuation s’exprime en décibels (dB), alors que dans le deuxième cas, la perte se
mesure en dB/km pour une longueur de fibre traversée.
6.1.2- Calcul de l’atténuation linéique
Pour calculer l’atténuation linéique on choisit deux sections droites (perpendiculaires
à la direction de propagation) distantes d’une petite distance dL appelée distance
élémentaire (voir fig (15)).
Soit P1 la puissance lumineuse traversant la section S1, et P2 la puissance lumineuse
traversant la section S2. La variation élémentaire de puissance dP=P2-P1 est négative.
L’atténuation linéique « α » de la fibre s’exprime en dB/m ou en dB/km. En utilisant
le logarithme décimal, l’atténuation s’écrit comme suit :
P1
10 log10
P2
α= (22)
L2 − L1

Fig(15)- Calcul de l’atténuation linéique

14
L L
P2  2 1

avec  10 10 (Si L2-L1 est exprimée en km, l’unité de α sera le dB/km).


P1
Exemple

A l’entrée d’une fibre, on injecte une puissance P 1=10-6 W. Au bout d’un km, on
récupère une puissance P2=10-7 W. Calculer le coefficient d’atténuation de la fibre, puis la
puissance P’2 à la sortie de la fibre de longueur totale de 2.5 km (en W et en dBm).

Solution

10 log 10
P1 10 6
10 log 10

P2
 10 7  10dB / km .
L2  L1 1

L2  L1 2.5
P' 2  10
 10 10
 10 10
 10 2.5
P1

P'2  10 2.5 10 6  10 8.5 W  3.16 10 9 W


P' 2 dBm   10 log10 P' 2 mW   10 log10 3.16  10 6  55dBm 
6.1.3- Causes de l’atténuation
6.1.3.1- Pertes dues aux raccordements
a- Pertes dues aux dimensions différentes de la fibre
A partir de la fig (16), cherchons les pertes dues au raccordement de deux fibres de
dimensions voisines, de même diamètre de cœur (2a= 50 μm).

Fig(16)- Pertes dues aux dimensions de la fibre

15
Sachant qu’il existe une tolérance sur la dimension du cœur d’environ 2 μm, on
suppose donc que :
• Le diamètre 2a1 de la première fibre vaut 52 μm
• Le diamètre 2a2 de la deuxième fibre vaut 48 μm
S1 est la surface de la section transverse du cœur de la 1ère fibre
S2 est la surface de la section transverse du cœur de la 2ème fibre
La perte locale vaut alors (en dB) :
2
a 
2
P S  48 
A = 10 log10 2 = 10 log10 2 = 10 log10  2  = 10 log10   = −0.7 dB (23)
P1 S1  a1   52 
On rappelle que la surface d’une section circulaire est de a2*π (a rayon du cercle).
6.1.3.2- Pertes dues à la jonction verre-air-verre
Soient deux fibres de même dimensions de cœur jointes par un connecteur supposé
parfait (voir fig (17)). Une mince épaisseur d’air les sépare. Au niveau de chaque dioptre
séparant l’air de la fibre, la lumière subit une réflexion de Fresnel.
A l’interface air-verre, le facteur de réflexion en intensité s’exprime comme suit :
2
 n −1
R =  c  (24)
 nc + 1 

Pour un indice du cœur (nc=1.5), R=4% à chaque dioptre. Le coefficient de transmission en


intensité T vaut 1-R=96%.

Soient P1 la puissance lumineuse sortante de la 1ère fibre et P2 la puissance entrante dans la 2


ème
fibre. En négligeant l’épaisseur de la couche air, l’atténuation locale A (ou bien la perte)
en dB due à la réflexion vaut :

P2
A = 10 log10 = 10 log10 T = 10 log10 (1 − R ) = −0.18dB (25)
P1

Fig(17)- Utilisation d’un connecteur pour joindre deux fibres

16
En supposant que la seule cause d’atténuation est due aux réflexions de Fresnel, la
perte totale lors du raccordement de deux fibres (deux dioptres à traverser) est deux fois
plus importante. La perte avoisine -0.36 dB. En raison des différents facteurs de pertes, on
tolère un affaiblissement de l’ordre de 0.6 dB par connecteur.

Pour atténuer les pertes de Fresnel par réduction du coefficient de réflexion R, on introduit
« un liquide adaptateur d’indice » entre les deux fibres à raccorder.

6.2- Dispersion
6.2.1- Dispersion modale
La dispersion modale vient du fait que les différents modes d’une fibre ont leurs
vitesses propres, et donc au bout d’un certain temps de propagation les différents modes
seront décalés les uns par rapport aux autres, ce qui a pour effet d’élargir l’impulsion à la
sortie de la fibre optique. On note que ce type de dispersion se produit seulement dans les
fibres multimodes.
La dispersion modale pour une fibre à saut d’indice s’écrit comme suit :
nc
dm = × ∆ (s/km) (26)
c
Avec nc : indice de réfraction du cœur, ng : indice de réfraction de la gaine, c : vitesse de la
lumière 3*105 km/s.

Le paramètre du guidage est défini par :


nc − n g
∆= (27)
ng
Le taux d’élargissement d’une impulsion dispersée est égal à :
δ t = d m × ∆L (ns) (28)

6.2.2- Dispersion chromatique


La dispersion chromatique vient du fait que l’indice de réfraction d’un milieu dépend
de la longueur d’onde et que les sources utilisées pour transmettre le signal ne sont pas
monochromatiques. Ce type de dispersion est appelée aussi dispersion matérielle.
En traçant l’indice de réfraction de la silice (SiO2) ou bien dioxyde de Silicium en fonction de
la longueur d’onde en utilisant la relation de Sellmeier qui s’écrit comme suit :
3
Ai λ2
n(λ ) = 1 + ∑ (29)
2

i =1 λ 2 − λi 2

La figure (18) montre le tracé de l’indice de réfraction en fonction de la longueur d’onde.


D’après cette figure, nous remarquons que la valeur de l’indice de réfraction décroit en
allant vers les grandes longueurs d’onde.

17
Fig(18)- Variation de l’indice de réfraction en fonction de la longueur d’onde

Réellement une source laser n’est pas monochromatique, ça veut dire quant on
envoie un signal lumineux centré sur une longueur d’onde λ0, réellement ce signal contient
d’autres longueurs d’onde supplémentaires. Supposons qu’on a une source laser centrée sur
λ0=1550 nm et prenons par exemple deux longueurs d’onde λ01=1549.8 nm et λ02=1550.8
nm qui sont réparties à gauche et à droite de la longueur d’onde centrale, respectivement
(voir fig (19)).
L’objectif du calcul mathématique suivant est de déterminer le retard temporel Δt entre
l’impulsion 1 et l’impulsion 2 (voir fig(19)).

Fig(19)- calcul du retard temporel entre deux impulsions situées aux extrémités de la largeur
spectrale d’une source laser

18
Sachant que t1 est le temps de parcours de l’impulsion 1 sur une distance L et t2 est le
temps de parcours de l’impulsion 2 sur une distance L. Le retard temporel s’écrit comme
suit :

∆t = t 2 − t1 (30)

Supposons que Δλ est l’espacement en longueur d’onde entre les deux impulsions,
l’expression de Δt devient :

 ∆λ   ∆λ 
∆t = t  λ0 +  − t  λ0 −  (31)
 2   2 

D’autre part, le temps de parcours « t » s’exprime en fonction de la vitesse de groupe


(vitesse de transmission des impulsions) « Vg » et la distance « L » comme suit :
L
t= (32)
Vg

La vitesse de groupe Vg s’écrit comme suit :


c
Vg = (33)
Ng

avec « c » la vitesse de la lumière dans le vide et « Ng » l’indice de groupe. Cet indice


s’exprime comme suit :

dn
Ng = n − λ (34)

En remplaçant les équations (32), (33), (34) dans l’équation (31), le retard temporel devient :

L  ∆λ   ∆λ 
∆t = N g  λ0 +  − N g  λ0 −  (35)
c  2   2 

En présence de deux longueurs d’onde différentes, l’indice de réfraction « n » et par


conséquent l’indice de groupe « Ng » subissent un changement, ce qui entraine une variation
de la vitesse de transmission de chacune des impulsions lumineuses. Le temps de parcours
« t » varie donc pour chaque impulsion, ce qui diminue le retard temporel entre elles. En
raison de cette diminution, les deux impulsions peuvent se chevaucher entre elles, ce qui
explique le phénomène de dispersion matérielle (voir fig (20)).

19
Fig(20)- illustration de deux impulsions dispersées

On définit le coefficient de dispersion chromatique du matériau comme suit :

 2 d 2n 
γ m =  λ 
2 
(36)
 dλ  λ = λ 0

Le taux d’élargissement d’une impulsion lumineuse est égal à

∆t = γ m × ∆λ × L (37)

avec γ m dispersion (ps/nm/km), ∆λ largeur spectrale de la source (nm), L distance de


transmission (km).

20
Exercices d’application

Exercice 1

On veut fabriquer une fibre en Silice avec un indice de cœur n1=1.458 et une ouverture
numérique (ON) de 0.27. La longueur d’onde utilisée sera de 0.85 μm et la fréquence
normalisée V=100.

- Quelles doivent être le rayon du cœur et l’indice de la gaine ?

Exercice 2

A l’entrée d’une liaison à fibre, on injecte une puissance moyenne Pentrée=2.2 mW.

1)- La liaison est constituée de 5 fibres de 2.8 km de longueur mises bout à bout (voir figure
(1)), ayant chacune une atténuation linéique de A=2.3 dB/km. Chaque connecteur produit
une perte de 0.3 dB. Calculer l’atténuation totale Atotale de la liaison.

2)- Quelle puissance moyenne Psortie récupère-t-on à la sortie ?

Fig(1)- Liaison de cinq fibres optiques reliées entre elles par quatre connecteurs

Exercice 3

On considère une liaison sur fibre optique à saut d’indice avec deux fenêtres possibles de
transmission aux longueurs d’onde λa=640 nm, rouge, et λb=550 nm, vert. La fibre optique
présente deux affaiblissements dans le rouge et dans le vert Aa=130 dB/km et Ab=50 dB/km.
L’indice de cœur est n1=1.49 et l’indice de la gaine n2=1.4, le diamètre de cœur est 2a=1 mm.
Une diode électroluminescente (DEL), pour le rouge, injecte une puissance dans la fibre Pea=-
20 dBm et une autre pour le vert Peb=-30 dBm.

1)- En bout de fibre on place un récepteur. Le cahier de charges impose une puissance de
seuil du récepteur de Pr= -40 dBm. Exprimer et calculer les distances maximales de fibre La et
Lb pour les deux fenêtres de transmission dans ces conditions de détection.

2)- Exprimer et calculer la dispersion intermodale dim dans ce type de fibre.

3)- Calculer les retards δta et δtb correspondant aux longueurs La et Lb.

21
4)- Le cahier des charges de transmission impose une bande passante minimale Bmin=7 MHz,
on utilisera B(MHz)=350/δt (ns). Les longueurs trouvées satisfont-elles le cahier des
charges ? Dans le cas contraire trouver la nouvelle longueur.

Exercice 4

Soit une liaison sur fibre optique monomode. Une diode laser (DL) monomode émet une
puissance dans la fibre Pe=1 mW à λ=1550 nm avec une largeur spectrale Δν= 2.48 GHz. La
fibre optique présente un affaiblissement global A=0.2 dB/km et une dispersion D=18
ps/nm/km à cette longueur d’onde.

1)- On souhaite transmettre sur une distance de L0=100 km. Calculer la puissance, en Watts
et en dBm, en bout de fibre.

2)- On place en bout de fibre un récepteur photodiode. On exige une puissance minimale sur
la photodiode de Pmin= - 30 dBm. Quelle est la longueur maximale de la liaison permise sous
ces conditions ?

3)- Calculer le taux d’élargissement des impulsions lumineuses si on exige une puissance
minimale sur la photodiode de Pmin=-30 dBm. La longueur d’onde centrale de transmission
est prise à 1550 nm.

4)- Proposer une solution pour minimiser la dispersion chromatique de la liaison.

22
PARTIE II : MODULATIONS
NUMERIQUES A PORTEUSE UNIQUE,
MULTIPLE ET CDMA
Chapitre 1 : Codage bande de base
2.1 Introduction

La transmission numérique peut se faire soit en bande base soit en bande modulée.
Avant de transmettre en bande de base, le codage des informations est nécessaire. On parle de
codage de ligne.

Figure 1 -Système généralisé de la Télécommunication

2.2 Codage de ligne


Avant d'injecter les informations dans la ligne, un codage est nécessaire. Ce codage
permet la synchronisation entre les éléments intervenants (émetteur, récepteur), il permet
aussi l'adaptation du signal sur la ligne. Le choix d'un code est fonction de son spectre, de la
bande passante disponible, du support de transmission, du bruit et interférence, du control de
performance, de la faciliter d'exécuter ou de réalisation et de surtout de la teneur en
informations d'horloge.

a) Code unipolaire non-retour à zéro

La forme la plus simple des codages de ligne consiste à utiliser deux niveaux de
signal pour coder le "1" logique et le "0" ; "1" logique va être codé "+3v" et "0" logique avec
"0V"
Exemple : Soit la séquence 1 0 1 1 0 0 1 0 0 1

Figure2 -Exemple 1

Ces codes admettent une composante continue dont la moyenne est :

La puissance nécessaire dissipée dans une résistance R = 1Ω est :

La part qui revient à la composante continue est :

On s'aperçoit donc que la composante continue utilise la moitié de la puissance


nécessaire c'est donc un inconvénient, on s'aperçoit également que le signal est très peu riche
en information d'horloge lorsqu'il y a une longue suite de "1" ou de "0" logique à transmettre.

b) Code bipolaire non-retour à zéro

Ici le "1" logique est codée en +1.5V et le "0" logique en (-1.5V) Considérons la
même séquence ; on a :
Figure 3 - Code Bipolaire NRZ

La puissance nécessaire dissipée dans une résistance R = 1Ω est :

Il y a amélioration car la puissance est plus faible. L'inconvénient demeure sur la


teneur en information d'horloge. Lorsqu'on transmet une longue suite de "1" ou de "0".

c) Code AMI (Alternating Mark Inversion)

Dans ce code, le "0" est toujours codé "0V ", tandis que le "1" est alternativement
codé "+1V " et "-1V ". C'est donc un code à mémoire. De plus, on n’utilise que la moitié
d'intervalle de temps (retour à zéro).

Figure 4 - Code AMI (avec violation de la règle d’alternance au 5e bit 1)

On peut aussi remarquer que des signaux de même polarité se succèdent (violation de la règle
d'alternance bipolaire), c'est qu'il y 'a erreur. On utilise ces propriétés dans le terminal pour le
contrôle des erreurs. Un autre inconvénient est à relever s'il y a une longue suite de zéros.
Alors, le signal devient très peu riche en informations d'horloge.
d) Code BNZS (Binary N Zero Substitution)
La principale imitation du code AMI est la dépendance minimale de "0". Des améliorations
sont faites par adoption d'un code BNZS. Chaque fois qu'une suite de n zéros intervient, on la
remplace par une autre suite de n caractères contenant une ou plusieurs violations bipolaires.
Dans cette catégorie, on peut citer : le code B3ZS et le code B6ZS

 Le code B3ZS

Dans ce code, chaque séquence de 3 zéros est remplacée par 00V ou B0V (V pour
Violation et B pour Bipolaire) c'est-à-dire, avec 00V, il y a violation de la règle bipolaire et
avec B0V, il n'y a pas violation. Le choix entre 00V et B0V est fait de telle sorte que le
nombre de B entre 2V soit impair. Ainsi, si le nombre de B depuis la dernière substitution est
impair, on utilise 00V et dans le cas contraire, on utilise B0V

Polarité de l’impulsion qui Nombre d’impulsion depuis la dernière


précède la substitution substitution

Impaire (00V) Paire (BOV)

-(-1V) 00- +0+

+ (+1) 00+ -0 -

Table 1 - Code B3ZS

Déterminer le code B3ZS de : 1 0 1 0 0 0 0 0 0 0 0 1 0 0 0 1

 Code B6ZS

Ici, on remplace la séquence de six zéros par 0VB 0VB. En d'autres termes, on
produit une violation bipolaire en seconde et en 5emeposition.
Table 2- Code B6ZS

Exemple: Déterminer le code B6ZS de : 1 000 000 101 1000 000 000

e) Code PST (Pair Selected Ternary)

Table 3-Code PST

Exemple : 01 00 11 10 10 11 00

Cas 1 : mode + : 0+ -+ +- +0 +0 +- -+

Cas 2 : mode - : 0- -+ +- -0 -0 +- -+

f) Code 4B3T (Four Bit into Three Ternary Digit)

0
0 00 00 00 01 01 01 01 10 10 10 10 11 11 111 111
0 01 10 11 00 01 10 11 00 01 10 11 00 01 0 1
0

Mode -- -- 0+ 0-
-0- 0-- --+ -+- +-- -00 0-0 00-
négatif - 0 - +
- 00 0+ +0
+ 0+ + 0 0
Mode + +0 0+ ++ +- - +0 0+ 00 0- 0+
+
positif +0 + + - + ++ 0 0 + + -
+

Table 4-Code 4B3T


Remarque : de 0000 à 1001, deux codes sont possibles et à partir de 10 (converti en
binaire), il n'y a qu'une seule possibilité de codage.

g) Code biphasé ou code MANCHESTER

Figure 5-Code biphasé ou code MANCHESTER

Le plus grand avantage de ce code, est sa richesse en transition (information


d'horloge), son inconvénient est son spectre qui est trop large par rapport à celui des autres.
TRANSMISSIONS NUMÉRIQUES SUR FRÉQUENCE(S) PORTEUSE(S)
MODULATIONS NUMÉRIQUES

Rappel sur les modulations analogiques.

Une porteuse "haute fréquence" sinusoïdale e0(t) = Ê.cos(2πF0t) peut voir son amplitude, sa fréquence ou encore sa
phase modulées par une information "basse fréquence" s(t).

Il en résulte ainsi des signaux tels que représentés ci-dessous:

Porteuse HF sinusoïdale,
amplitude 1V, fréquence
160 kHz

Information BF modulante
sinusoïdale, fréquence
1600 Hz

Porteuse modulée
en amplitude par
l'information BF

Porteuse modulée
en fréquence par
l'information BF

Porteuse modulée
en phase par
l'information BF

Modulations numériques fondamentales.

On retrouve les mêmes procédés de modulation d'une porteuse sinusoïdale HF, par une information numérique
cette fois.
L'information modulante est constituée d'un signal binaire (par exemple), de débit D (bit/s). La valeur de D reste
très inférieure à la valeur de la fréquence porteuse F0.

Les modulations les plus fréquentes sont ainsi:

- Modulation par déplacement d'amplitude ou ASK (amplitude shift keying)


- Modulation par déplacement de fréquence ou FSK (frequency shift keying)
- Modulation par déplacement de phase ou PSK (phase shift keying)

TS2 SN Modulations Numériques page 1 Claude Lahache


Les problèmes à résoudre.

→ L'espace des fréquences est limité et il nous faut transmettre de plus en plus d'informations.

→ Nous utilisons de plus en plus de dispositifs mobiles (smartphones et autres tablettes), pour lesquels l'autonomie
est un facteur important.

Les systèmes de télécommunications numériques devront concilier ces exigences et assurer la transmission la plus
fidèle possible des informations.

Une caractéristique essentielle d'une technique de modulation numérique est son efficacité spectrale η :
Pour un débit binaire D (en bits/s) et un encombrement spectral BW du signal modulé, on définit l'efficacité
D
spectrale d'une modulation par : η = (en bit/s.Hz
BW

Une bonne efficacité en bande passante entraîne inévitablement une certaine complexité des systèmes de
communication ! On progresse ainsi des modulations fondamentales (ASK, FSK et PSK) à l'efficacité spectrale
modeste (≤ 1) à des modulations mixtes phase - amplitude telles que les modulations QAM, puis à des techniques
multiporteuses telles que COFDM.

A un niveau plus élevé, on peut envisager des techniques de partage du support de transmission (multiplexage)
notamment TDMA et CDMA.

Le milieu de propagation est source de perturbations (atténuations, parasites, dispersions, échos… ). Ceci va se
traduire par une dégradation de la porteuse modulée, et par conséquence de l'apparition d'un certain taux d'erreurs
binaires. Le taux d'erreur binaire est défini de la façon suivante :

Nombre de bits erronés


BER (bit error rate) =
Nombre de bits transmis

(Pour la TV numérique, on exige BER < 10-6 alors qu'on se satisfera d'un taux d'erreurs de l'ordre de 10-3 à 10-4 en
téléphonie GSM)

Densité spectrale de puissance d'une information numérique.

L'information modulante est un signal numérique aléatoire de débit binaire D; ce type d'information est caractérisé
par un spectre de lobes, d'encombrement spectral quasiment infini.
Avant modulation de la porteuse, cette information subit un filtrage passe bas adapté, de telle sorte que
l'encombrement spectral du signal numérique filtré se limite à son premier lobe.

Les filtres les plus courants sont de type "gaussien" ou bien en "cosinus surélevé"
6.0V
Chronogrammes d'un flux binaire
encodé NRZ, de débit binaire D
4.0V

Flux binaire brut


SEL>>
0V
V(NRZbrut)
6.0V

4.0V

Flux binaire filtré

0V
400us 500us 600us 700us 800us
V(Filtrage_Gauss)
Time

TS2 SN Modulations Numériques page 2 Claude Lahache


Spectres correspondants 4.0

2.0
DSP du flux brut:
Encombrement spectral >> D

0
V(NRZbrut)* V(NRZbrut)
4.0

2.0
DSP du flux filtré:
Encombrement spectral ≈ D
SEL>>
0
0Hz
0 D 100KHz 2D
V(Filtrage_Gauss)* V(Filtrage_Gauss)
200KHz
3D 300KHz
4D 397KHz
5D (Hz)
Frequency

Modulation d'amplitude (ASK: Amplitude Shift Keying)

La technique est des plus simples : La porteuse est juste multipliée par le signal numérique de débit binaire D.

Porteuse Multiplieur Signal ASK


Êcosω 0t

Conversion:
+V pour "1"
0V pour "0"

1010001011..

En général, l'indice de modulation m est de 100%; on parle alors de modulation en tout ou rien ou OOK (on off
keying).
0 1 1 0 1 0 1 1 1

1.0V

Aspect temporel d'un


signal modulé ASK 0V

-1.0V

Spectre d'un signal modulé ASK


porteuse
C'est un spectre de modulation d'amplitude
classique : La porteuse est entourée de 2 bandes
latérales qui correspondent au spectre des
données.
Le lobe central est ainsi de largeur 2D, alors
que les lobes secondaires sont de largeur moitié.
Avec des données brutes (non filtrées),
l'encombrement spectral est en théorie infini,
ce qui est inacceptable
F0-3D F0-2D F0-D F0 F0+D F0+2D F0+3D…

TS2 SN Modulations Numériques page 3 Claude Lahache


150mV

Avec un filtrage optimal des données :


Le spectre des données se limite à son 1er porteuse
lobe : l'encombrement spectral du signal
modulé ASK est de l'ordre de 2 fois le débit
binaire.

L'efficacité spectrale de la modulation ASK


n'atteint ainsi que ½, !
0V

F0-D F0 F0+D

Diagramme polaire de la modulation ASK

Il est commode de représenter l'état de la porteuse sous forme polaire


dans le plan : Sur la figure de droite, le point matérialise une porteuse
d'amplitude Ê (distance à l'origine) et de phase à l'origine nulle.

0 Référence
des phases

Représentation polaire d'une porteuse


Sur le diagramme suivant on a représenté une porteuse à 2 états
d'amplitude, Ê et Ê/2, correspondant au chronogramme ci dessous :

0 1 1 0 1 0 1 1 1

2.0V

1.0V

0V
0 Référence
des phases
-1.0V

-2.0V
Porteuse à 2 états
2.24ms 2.32ms 2.37ms
V(mod)
Time

TS2 SN Modulations Numériques page 4 Claude Lahache


Modulation de fréquence (FSK : Frequency Shift Keying)

La porteuse Êcos(2πF0t) est maintenant modulée en fréquence par le signal numérique : Sa fréquence "saute" d'une
valeur FA (pour un"0") à une valeur FB (pour un "1"). Les 2 valeurs FA et FB sont symétriques par rapport à F0.
0 1 0 1 1

1.0V

0V

-1.0V

11us 30us 60us


F A
V(fsk1) FB FA FB FB
Time

(Remarque : Sur le chronogramme ci-dessus, on peut remarquer un saut de phase de la porteuse lors de chaque
changement de fréquence; ceci est du à un choix non optimal des 2 fréquences FA et FB)

Le spectre d'un signal FSK est très complexe : Autour des 2 fréquences FA et FB, on retrouve une évolution en
sin x
, dessinant des lobes. Tout se passe comme si on avait l'addition de 2 spectres OOK, l'un de porteuse FA et
x
l'autre de porteuse FB.

porteuse FA porteuse FB

FA-2D
0.601MHz 0.700MHz FA0.800MHz
-D FA 0.900MHz
FA+D…1.000MHz F1.100MHz
B-D FB1.200MHz
FB+D 1.300MHz
FB+2D…
V(fsk1)
Frequency
Comme en analogique, il est possible de définir un indice de modulation m : La porteuse subit une excursion de
fréquence ∆F, telle que FA = F0 - ∆F et FB = F0 + ∆F
FA − FB 2ΔF
Si D est le débit binaire d'informations, on définit m par : m = =
D D
Même avec un filtrage adapté des données, l'encombrement spectral s'étend de FA - D à FB +D,
soit BW = 2∆F + 2D.
L'efficacité spectrale est ainsi inférieure à ½ !!

Pour l'anecdote historique, les (grands) parents des étudiants actuels ont connu le Minitel, ancêtre français de
l'Internet. Ce système utilisait une modulation FSK dite V23 caractérisée par :
Canal descendant: Débit D = 1200 bit/s, FA = 1300 Hz, FB = 2100 Hz
Canal montant : Débit D = 75 bit/s, FA = 390 Hz, FB = 450 Hz
Cette technique correspondait à un encombrement spectral de moins de 3000Hz, bien adapté à la ligne téléphonique
du réseau RTC.

TS2 SN Modulations Numériques page 5 Claude Lahache


Il est possible de faire un peu mieux avec de la modulation FSK à phase continue.

Dans ce procédé, les 2 fréquences de Données


codage ainsi que le débit binaire D
Sont liés de telle sorte que la phase
de la porteuse évolue sans discontinuité
au cours du temps Porteuse
(Cf. chronogrammes ci-contre)

Dans le spectre du signal modulé, les raies


aux fréquences FA et FB disparaissent.
Phase

Un cas intéressant correspond à un indice de modulation de 0.5 : Il s'agit de la modulation MSK (Minimum Shift
Keying).
L'excursion en fréquence est ∆F = 0.25×D, et les fréquences FA et FB sont données par :
FA = F0 - D/4 et FB = F0 + D/4
Une propriété importante est que la phase évolue sur ± π/2 pendant un temps bit.

Le spectre de la modulation MSK


Spectre de la modulation MSK; D ≈ 271kbit/s
ne présente plus de raie pour les fréquences
FA et FB ; le lobe central est réduit à une
largeur de 1,75×D, et les 2 premiers lobes
secondaires sont à plus de 20dB en dessous
du lobe central.

1,75×D

F0
Lorsque les données sont traitées par un filtre
passe bas de type gaussien, la modulation
MSK prend le nom de GMSK, Gaussian Spectre de la modulation GMSK; D ≈ 271kbit/s
Minimum Shift Keying.

Le spectre de la modulation GMSK est


dessiné à droite.
Si le lobe central est conservé, les lobes
latéraux ont pratiquement disparu.

Ce type de modulation de fréquence


fonctionne dans la téléphonie GSM ≈ 250 kHz
(ou 2G) avec D ≈ 271kbit/s;
99% de la puissance est concentrée dans
une bande de 250kHz
L'efficacité spectrale est voisine de
1,3bit/s.Hz
F0
La modulation GMSK est aussi utilisée en téléphonie DECT (Digital European Cordless Telephone), avec un débit
de 1,15Mbit/s et une largeur de canal de 1,728MHz. (efficacité de l'ordre de 0,66 bit/s.Hz)

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Modulation de phase BPSK (Binary Phase Shift Keying).

Dans ce procédé, c'est la phase ϕ de la porteuse qui est modulée par les données binaires :
Si à "0" on associe Êcos(2πF0t) alors à "1" on associe Êcos(2πF0t +π)

Exemple de chronogramme:
1 0 1 0
2.0V

0V

-2.0V

3us 15us 30us 45us 50us


V(bpsk)
Time

La porteuse ayant une amplitude constante et une phase à l'origine qui


peut prendre les 2 valeurs 0 et π, on peut représenter un diagramme
polaire de ce type de modulation:
0 Référence
des phases

Porteuse à 2 états de phase

Le spectre est classique :


1 lobe central de largeur double du débit D, entouré
de lobes secondaires de largeur moitié.

(Cf. exemple à droite, pour un débit de 1Mbit/s)

D D D 2×D D D D

Avec un filtrage des données convenable, il est


possible de ne conserver que le lobe central.
L'efficacité spectrale de ce type de modulation
reste faible (≈ 0.5)

2×D

F0
TS2 SN Modulations Numériques page 7 Claude Lahache
Modulations M-aires.

Les modulations numériques binaires vues plus haut sont caractérisées par une efficacité spectrale dépassant
rarement l'unité, ce qui devient insuffisant à l'heure actuelle, au vu des débits à assurer dans un canal donné.

On a ainsi mis au point des modulations à M états (M = 4, 8, 16… ) : Ce sont des modulations de phase (M-PSK)
ou des modulations mixtes phase - amplitude telles les modulations M - QAM.

Ces modulations reposent sur 2 principes simples :

• On regroupe le flux de données binaires de débit D en symboles de n bits : Chaque symbole a une durée
TS = n×TB et au débit binaire se substitue le débit symbolique R = D / n (en bauds)

Exemple avec n = 2
TB
flux binaire 0 01 1 0 1 1 1 0 0 0 0 0 1 1 0

flux symbolique 01 10 11 10 00 00 11

TS = 2TB
Avec 2 bits par symbole, l'alphabet symbolique comprend 4 mots, 00, 01, 10 et 11 ; il faudra donc prévoir
4 états de la porteuse modulée pour représenter cet alphabet.
n
Généralisation : Si on définit des symboles de n bits, l'alphabet symbolique va comporter M = 2 "mots"
et la porteuse devra avoir M états différents pour représenter la totalité de l'alphabet.

• On module 2 porteuses en quadrature :


Un signal sinusoïdal v = Ê.cos(Ω0t + ϕ) peut également s'écrire
v = Ê.cosϕ.cosΩ0t - Ê.sinϕ.sin(Ω0t)
Autrement dit, une porteuse de pulsation Ω0 et d'amplitude Ê peut être vue comme combinaison de 2
porteuses en quadrature cosΩ0t et sinΩ0t, d'amplitudes respectives Êcosϕ et Êsinϕ.

On convient d'écrire v = I×cosΩ0t + Q×sinΩ0t


Les termes I et Q, nommés composantes en phase et en quadrature modulent les 2 porteuses.
En choisissant judicieusement I et Q, il est possible de réaliser un modulateur de phase ou d'amplitude et
de phase à M états.

Le modulateur qui réalise ces opérations est nommé modulateur IQ. Son schéma général est le suivant:

Voie I Mélangeur
Filtrage

cosΩ0t
Flux binaire
initial (D bit/s) Codeur de Oscillateur local
Sortie modulée
symboles (porteuse I)

Déphaseur
π/2

sinΩ0t

Filtrage

Voie Q Mélangeur
Le séparateur "aiguille" les données pour élaborer les signaux I et Q.

TS2 SN Modulations Numériques page 8 Claude Lahache


Exemple 1 : La modulation QPSK.

Il s'agit d'une modulation de phase à 4 états.


Chaque symbole (00, 10, 01 et 11) correspond à un état de phase de la porteuse modulée.
Avec v = Ê.cos(Ω0t + ϕ) = I×cosΩ0t - Q×sinΩ0t, on obtient le tableau suivant :

Symbole I Q ϕ
11 0.707Ê -0.707Ê π/4

10 -0.707Ê -0.707Ê 3π/4

00 -0.707Ê 0.707Ê 5π/4

01 0.707Ê 0.707Ê 7π/4

En conséquence, la représentation polaire de la porteuse modulée


va comporter 4 points, correspondant à chacun de ces 4 états.
L'amplitude de la porteuse restant la même, ces 4 points vont 10 11
se situer sur un cercle de rayon Ê.

On parle de diagramme de constellation pour la représentation


polaire des états de la porteuse modulée.
0 Référence
des phases

00 01
Constellation pour la modulation QPSK

Aspect spectral.

Le spectre d'une modulation QPSK est analogue Modulation BPSK avec D = 1Mbit/s
à celui d'une modulation BPSK, à ceci près que
la largeur du lobe central est moitié moindre.
Voir ci-contre le spectre d'une modulation
BPSK avec un débit binaire de 1Mbit/s et le
spectre de la modulation QPSK correspondante.
(R = D/2 = 500 kbit/s)

À débit binaire identique, l'efficacité spectrale


de la modulation QPSK est double de celle de la 2D
modulation BPSK.

Modulation QPSK avec R = 500 kbauds, soit D = 1Mbit/s

2R = D

TS2 SN Modulations Numériques page 9 Claude Lahache


Démodulateur QPSK.
Il fonctionne de façon symétrique par rapport au modulateur I Q présenté plus haut.
Le principe s'apparente à celui d'une démodulation cohérente : Le signal modulé est d'abord multiplié par 2
porteuses locales en quadrature. Les produits sont ensuite filtrés et envoyés sur des circuits à seuil, afin de
régénérer les flux I et Q.

Circuit à
seuil
Filtrage
Flux I

cosΩ0t

Oscillateur local
Entrée signal (porteuse I)
modulé

Déphaseur
π/2

sinΩ0t
Circuit à Flux Q
Filtrage seuil

Ce démodulateur est généralisable aux différentes modulations M-PSK; la grosse difficulté réside dans la
réalisation d'une porteuse locale, parfaitement synchrone de la porteuse modulée entrante.

Exemple 2 : Autres modulations M-PSK.

On peut augmenter le nombre d'états d'une porteuse modulée en phase numériquement : De 4 pour la QPSK, on
réalise des modulations à 8, 16 et 32 états : La norme DVB-S2 de TV par satellite prévoit ainsi la possibilité de
transmissions en 32PSK pour des applications HD ainsi que des transmissions "grand public" en 8PSK ou 4PSK,
selon les conditions de propagation.

Exemples de constellations M-PSK:


(Q)
(Q)
011 0110
0111 0010
010 001 0101 0011

0100 0001

110 000 1100 0000

0 Référence 0 Référence
des phases (I) 1101 des phases(I)
1000

111 100 1111 1001


1110 1011
101 1010

Constellation pour la modulation 8PSK Constellation pour la modulation 16PSK


(3 bits par symbole) (4 bits par symbole)

L'augmentation du nombre d'états permet, à débit constant, d'occuper une bande BW de plus en plus faible, ce qui
permet d'augmenter de pair l'efficacité spectrale .
Inversement, la robustesse de ces modulations diminue avec le nombre d'états, surtout en présence de bruit. (voir
page suivante)

TS2 SN Modulations Numériques page 10 Claude Lahache


Influence du bruit sur les constellations.

La porteuse modulée voit son amplitude fluctuer, de même que sa phase. Il en résulte que les constellations réelles
sont en fait formées de nuages de points.
Exemples avec une modulation 8PSK bruitée :
(Q) (Q)

(I) (I)

Constellation 8PSK avec rapport signal bruit de 25dB Constellation 8PSK avec rapport signal bruit de 15dB
les différents états sont bien séparés la différenciation des états est difficile

Influence du bruit sur le taux d'erreur binaire

On donne ci-contre un exemple de courbes


représentant le taux d'erreur binaire (Bit Error Rate)
en fonction du rapport signal bruit (par bit)

Pour un même type de modulation PSK, le BER est


d'autant plus faible que le rapport signal bruit est bon.

Par contre, pour un même rapport signal bruit, le BER


augmente fortement avec le nombre d'états !!

Une transmission de qualité est plus délicate avec une


modulation à grand nombre d'états.

TS2 SN Modulations Numériques page 11 Claude Lahache


Exemple 3 . Modulations amplitude - phase à M états : Modulations M - QAM.

Les modulations QAM (Quadrature - Amplitude - Modulation) sont une extension des modulations MPSK : La
porteuse voit son amplitude et (ou) sa phase "sauter" à chaque changement de symbole.
Ce type de modulation est utilisé dans la norme DVB-T de TV numérique (TNT) : 64 QAM pour la TNT en France
et 16 QAM pour la TNT allemande.
Voir ci-dessous une illustration de chronogramme de la porteuse pour une modulation 16QAM : Chaque symbole
(4 bits) a une durée TS; on peut observer des sauts de phase et d'amplitude entre 2 symboles successifs.
TS TS TS

Les constellations en M-QAM ont l'allure suivante :


Q
Q

I I

Constellation 16 QAM Constellation 64 QAM


3 niveaux d'amplitude 9 niveaux d'amplitude
12 valeurs de phase 52 valeurs de phase

La modulation et la démodulation M-QAM reposent sur les mêmes principes que la modulation - démodulation
M-PSK : Modulation de 2 porteuses en quadrature au sein d'un modulateur IQ, et démodulation cohérente.
(Les schémas donnés en pages précédentes peuvent être translatés aux modulations M-QAM)

Les remarques quant au dilemme robustesse - efficacité spectrale sont identiques : L'efficacité spectrale augmente
avec le nombre d'états (on atteint 8 bit/s.Hz pour la 64 QAM), mais la robustesse au bruit diminue dans les mêmes
proportions.

TS2 SN Modulations Numériques page 12 Claude Lahache


Constellations QAM en présence de bruit : Relevés effectués à l'aide d'un mesureur de champ (Promax HD ranger)
sur la même descente d'antenne 75Ω.

Canal 33 (570 MHz) TNT allemande Canal 22 (482 MHz) TNT française
16 QAM rapport C/N ≈ 30 dB 64 QAM rapport C/N ≈ 25 dB

Influence du bruit sur le taux d'erreur binaire.

Même dilemme qu'en M-PSK :

Un BER identique nécessite un rapport


signal bruit plus important quand le nombre
d'états augmente.

A rapport signal bruit donné, le BER croit


fortement avec le nombre d'états.

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Modulations à porteuses multiples : Codage COFDM.

Un problème important en transmission est celui du multi trajets :

Entre l'émetteur et le récepteur, le signal peut se


propager selon plusieurs trajets, correspondants à
des différences δt de temps de propagation.
Il en résulte une dégradation du signal reçu, lorsque
ces δt sont comparables ou supérieurs aux durées
symboliques.

On remplace alors un signal initial, modulant une Mérouane Debbah


porteuse unique avec un débit symbolique R1 = 1/TS1, (Supélec)
par N signaux "parallèles", modulant N porteuses
adjacentes chacune avec des débits symboliques RN = R/N.

Il en résulte que la durée apparente d'un symbole devient TS2 =N×TS1; cette augmentation de la durée symbolique
minimise l'effet des décalages temporels δt dus au multi trajets.

Afin d'optimiser l'efficacité spectrale, ces N porteuses


sont disposées "orthogonalement" :
La densité spectrale de puissance de l'une est nulle
quand celle de la suivante est maximale.

a : Spectre d'une porteuse modulée au rythme RN


2RN

∆f=RN

b : Spectre de porteuses adjacentes modulées au rythme


RN. L'orthogonalité impose que le décalage en
fréquence entre 2 porteuses contiguës soit ∆f = RN.

c : Spectre résultant : Sa largeur est N×RN


Sa forme s'approche d'un rectangle quand N est
grand, optimisant ainsi l'occupation du canal alloué.

Cette technique est nommée COFDM (Coded Orthogonal Frequency Division Multiplexing)
Elle est notamment utilisée pour la diffusion de la TNT et de la 4G et le sera pour la diffusion de la future (?) radio
numérique terrestre sur la bande III (VHF) .

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Quelques caractéristiques des émissions en TV numérique terrestre en France.

Actuellement et jusqu'au 5 avril 2016, la bande UHF est divisée en 40 canaux de largeur 8 MHz, entre 470 MHz et
790 MHz.
Chaque canal peut diffuser simultanément un multiplex de 6 chaînes en SD (720 × 576 pixels ≈ 414720 pixels par
image) ou 3 chaînes en HD (1920 × 1080 pixels ≈ 2073600 pixels par image). Il faut actuellement 8 multiplex en
France pour diffuser l'ensemble des chaînes de la TNT.

À compter du 5 avril 2016, la redistribution des fréquences n'attribuera plus que 28 canaux de largeur 8MHz, entre
470 MHz et 694 MHz à la TNT; toutes les chaînes étant diffusées en HD avec la norme de compression MPEG4.
(En attendant le regroupement de toutes les chaînes au sein de 6 multiplex au lieu de 8 grâce à la nouvelle norme de
compression HEVC (2019- 2022 ??))

Chaque canal est occupé par 6817 porteuses orthogonales, espacées de 1116 Hz chacune. (6817×1116 ≈ 7,6 MHz)
Chaque porteuse est modulée en 64 QAM par des symboles de 6 bits, avec un débit de 1116 bauds.
Chaque symbole a ainsi une durée de 896 µs, réduisant fortement les effets du multi trajets sur la qualité de
réception.
Le débit binaire correspondant est ainsi de 6 × 1116 × 6817 ≈ 45 Mbit/s.

Remplissage d'un canal TNT par


un grand nombre de porteuses
orthogonales

(Christian Weiss Bordeaux)


Durée symbolique

Réception du canal 33 de la TNT à


Strasbourg ; remarquer la forme
quasi rectangulaire du spectre qui
optimise l'occupation du canal

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Modulation par étalement de spectre (spread spectrum modulation).

L'objectif est de rendre une communication numérique insensible aux perturbations externes, ou bien de la
dissimuler.
Cette technique est utilisée notamment pour les communications 3G, WIFI, Bluetooth, ainsi que dans le GPS.
Elle utilise un multiplexage par code (CDMA : Code Division Multiple Access) ; le CDMA permet à plusieurs
utilisateurs de communiquer simultanément sur la même fréquence.

dBm
Le principe consiste à répartir la DSP de l'émission Émission classique
(bande étroite)
sur une plage de fréquence beaucoup plus large,
abaissant par là même le niveau moyen. Émission avec
étalement de spectre

Hz
Il existe 2 techniques :

• Codage par saut de fréquence : FHSS (Frequency Hope Spread Spectrum)


Station 1
La bande de communication est découpée Station 2
en N canaux. (slots de fréquences) Station 3

Chaque station émet en sautant entre canaux


à un rythme et selon un code donnés.
(Le récepteur doit bien sur connaître ces codes)

Les sauts se produisent à un certain rythme, selon


une séquence prédéfinie. Celle-ci est optimisée,
pour minimiser les probabilités de "collision"
entre plusieurs transmissions simultanées.

Cette méthode est utilisée par Bluetooth: La bande ISM (2400 à 2483,5 MHz) est découpée en 79 canaux de 1MHz.
Les sauts en fréquence (1/625µs = 1600 sauts par seconde) ont une amplitude de 6 MHz au minimum et sont
déterminés par calcul.
Les signaux perturbateurs occupant une bande spectrale limitée ne perturberont donc la liaison que de temps en
temps et pour une durée limitée à un time-slot soit 625 µs.
Selon la norme Bluetooth, la modulation est de type GMSK, avec une excursion de fréquence de 150 kHz.

• Codage par séquence directe : DSSS (Direct Sequence Spread Spectrum).

Le signal utile à transmettre, de débit 1/TS est "mélangé" à un code binaire pseudo-aléatoire, de débit 1/TC, NC fois
plus rapide. Le mélange est réalisé par un OU exclusif.

signal utile
1
t
signal encodé
TS TS
0
TC =1
.
1 t

t
0

NCTC code binaire

TS2 SN Modulations Numériques page 16 Claude Lahache


Le signal ainsi encodé présente un débit apparent NC fois plus grand que le signal initial.
Le spectre correspondant est étalé dans un rapport NC ; le facteur d'étalement est SF = NC (SF spread factor)

Hz
1/TS 1/TS
1/TC 1/TC

Plusieurs émetteurs peuvent alors coexister sur la même bande de fréquence : Il suffit que chacun d'eux travaille
avec son code propre.

Le Wifi et le GPS utilisent cette technique.


Pour le GPS par exemple, le signal qui donne la position du satellite a un débit de 50bit/s.
Il est mélangé à un code aléatoire de débit 1,023 Mbit/s.
Le facteur d'étalement est SF ≈ 20400 , ce qui va entraîner un abaissement de la DSP correspondante de 43dB.
Il en résulte que le signal GPS est noyé dans le bruit de fond et donc inobservable directement !!

Pour une transmission Wifi le signal est mélangé à une séquence pseudo aléatoire de débit 11 Mbits/s, ce qui donne
un spectre de largeur BW=22 MHz.
Selon le débit du signal initial (non étalé) et la norme Wifi (b, g, n ou ac), le signal étalé module alors une porteuse
en BPSK ou QPSK ou plusieurs porteuses avec un codage COFDM.

TS2 SN Modulations Numériques page 17 Claude Lahache

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