Vous êtes sur la page 1sur 19

CHAPITRE II LES FIBRES OPTIQUES

II-1. PROPAGATION DANS LES FIBRES OPTIQUES


II-1-1. La lumière et ses caractéristiques
La lumière est une onde électromagnétique dont la longueur d’onde dans le vide
est comprise entre 30 nm et 3 mm. La figure ci-dessous présente le spectre de la
lumière avec les différentes « fenêtres optiques » utilisées pour la transmission sur
fibres optiques.

VISIBLE

ORANGE
INFRA ROUGE
VIOLET

ROUGE
ULTRAVIOLET JAUNE
BLEU
VERT

(UV) (IR )

30 390 455 492 577 597 622 770 310


6
(nm)
850 1300 1550
 = Longueur d’onde dans le vide
Les 3 « fenêtres optiques »
Figure II-1 : Le spectre de la lumière

Par ailleurs, la vitesse de propagation de la lumière dans un milieu d’indice n est :


C
V= (1)
n
C est la célérité de la lumière dans le vide.
La longueur d’onde est :
V
= (2)
f
V = vitesse de la lumière dans le milieu et f la fréquence de la radiation

II-1-2. Quelques rappels sur les lois de propagation de la lumière


a) Propagation dans les milieux transparents
La lumière se propage dans les milieux transparents en lignes droites et à une
vitesse V telle que V = C/n où C est la vitesse de la lumière dans le vide, et n l’indice de
réfraction du milieu.

b) Lois de la réfraction
Elles s’appliquent sur des rayons lumineux qui se propagent d’un milieu d’indice
n1 vers un autre d’indice différent n2.

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 12 -


Lois de SNELL-DESCARTES

i = i’ (3)
n1Sin i = n2Sin r (4)
où i = angle d’incidence
i’ = angle de rélexion
r = angle de réfraction

1er cas : n1 < n2

Figure II-2 : Phénomène de réfraction de la lumière : traversée d’un milieu d’indice plus grand

n 1 Sin i
(4)  Sin r =
n2
n
Or, n1 < n2  1 < 1  Sin r < Sin i
n2

 r < i (5)
Conséquence :
Lorsque la lumière passe d’un milieu d’indice n1 vers un milieu d’indice n2 plus grand,
le rayon réfracté se rapproche de la normale (l’angle de réfraction est inférieur à
l’angle d’incidence)

2ème cas : n1 > n2

Figure II-3 : Phénomène de réfraction de la lumière : traversée d’un milieu d’indice plus petit

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 13 -


n 1 Sin i
De même, (4)  Sin r =
n2
n1
Or, n1 > n2  > 1  Sin r > Sin i
n2
r > i (6)

L’angle de réfraction est plus grand que l’angle d’incidence : le rayon lumineux
s’écarte de la normale.

Phénomène de réflexion totale


Au fur et à mesure que i augmente, r augmente.
Or, 0 < i < 90°, et 0 < r < 90°.
Mais, comme r > i, r sera le premier à atteindre 90° et à ce moment, i prend une valeur
particulière i0 appelée angle de réfraction limite. En effet, tout rayon ayant un angle
d’incidence inferieur à i0 est réfracté. Par contre, tout rayon ayant un angle d’incidence
supérieur à i0 subit plutôt une réflexion totale.

Figure II-4 : Phénomène de réfraction de la lumière : étude du rayon limite

A la limite de la réfraction, n1Sin i0 = n2 Sin 90°  Sin i0 = n2/n1


Sin i0 = n2/n1 (7)

C’est ce phénomène de réflexion totale qui est à la base de la propagation de la


lumière dans les fibres optiques

II-1-3. Constitution d’une fibre optique


La fibre optique est un fil cylindrique en verre ou en matériau plastique
permettant de guider les ondes optiques. Elle est constituée de trois éléments : le cœur,
la gaine et l’enveloppe protectrice.
 Le cœur est la partie centrale de la fibre dans laquelle se propage la lumière ;
 La gaine entoure le cœur et possède un indice de réfraction inférieur à celui du
cœur, afin de confiner les ondes optiques dans le cœur ;

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 14 -


 L’enveloppe protectrice est constituée de couches concentriques de matériaux
plastiques et protège mécaniquement l’ensemble cœur-gaine.

Dans une fibre optique, la lumière est guidée grâce au phénomène de réflexion
totale sur l’interface cœur-gaine.

Enveloppe protectrice

Gaine (n)
n
n1
Cœur (n)
Gaine (n)

Enveloppe protectrice

Rayons lumineux

Coupe transversale Coupe longitudinale


Figure II-5 : Schéma d’une fibre optique

b) Ouverture numérique et cône d’acceptance


Elle est définie comme étant le sinus de l’angle du cône de lumière injectée à une
extrémité de la fibre et qui est effectivement guidée (confinée) dans le cœur de la fibre.

rayon
Enveloppe protectrice
limite
Gaine (n2)

Air (n0  1) 0
20
0 ’

S Cœur (n)
rayon
propagé Gaine (n2)
rayon
limite Enveloppe protectrice

rayon perdu

Figure II-6 : Phénomène de réflexion totale dans une fibre optique


Etude du rayon limite
Interface air-cœur : n0 Sin o = n1 Sin 0’ (8)

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 15 -


Interface cœur-gaine : n1 Sin 0 = n2 Sin(/2) (9)
où 0 est l’angle limite de réfraction à l’interface cœur-gaine

or 0 + 0’ = /2 (10)


(10)  0’= (/2) - 0
Or, n0  1

d’où Sin o = n1 Sin(/2-0) Sin o = n1cos0


n1 Sin 0 = n2  Sin 0 = n2/n1

 Sin² o = n²1Cos²0  Sin² o = n²1(1- Sin² 0)


Sin² 0 = (n2/n1)² Sin² 0 = (n2/n1)²

 Sin² o = n1² [(1- (n2/n1)²] = n²1 – n²2  Sin² o = n²1 – n2²

NA = Sin o = n 12  n 22 (11)
NA est appelé ouverture numérique

Un rayon lumineux ne peut se propager dans la fibre que lorsque son angle
d’incidence est inférieur à o. L’ensemble des rayons susceptibles de se propager dans
la fibre définit un cône de sommet S et d’angle 2o : c’est le cône d’acceptance.

II-2. CARACTERISTIQUES DE TRANSMISSION


Le signal optique subit principalement deux phénomènes pendant sa propagation
dans la fibre optique :
- les atténuations ;
- les dispersions.

II-2-1. Les atténuations


Elles sont de plusieurs types :
a) Les atténuations intrinsèques
Les pertes intrinsèques sont de plusieurs types :
 Pertes d’absorption
Elles résultent de l’absorption et de la diffusion de la lumière dans la fibre. En
effet, la propagation de la lumière dans le cœur de la fibre s’accompagne d’une
absorption d’énergie par la matière (dégagement de chaleur dû aux chocs entre les
photons et les électrons). De même, les réflexions successives de la lumière sur
l’interface cœur-gaine s’accompagnent des pertes d’énergie aux points de réflexion. Les
pertes qui découlent de tous ces phénomènes sont appelées pertes d’absorption.

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 16 -


 Pertes de diffusion
Lorsqu’un rayon lumineux rencontre pendant la propagation une inhomogénéité
(impureté) dont la taille est proche de la longueur d’onde du rayonnement, il y a
diffusion, c’est-à-dire une dispersion dans tous les sens. Une partie de l’énergie lumière
se trouve en dehors des modes guidés, une partie guidée se propage en sens contraire
(rétrodiffusion). L’énergie lumineuse non guidée et rétrodiffusée occasionne des pertes
appelées pertes de diffusion.

Les atténuations intrinsèques d’une fibre dépendent généralement de la nature du


matériau, des micro-courbures, des impuretés qui s’y trouvent et de la longueur d’onde.
Un milieu peut être transparent à une longueur d’onde et opaque à une autre.
Les pertes intrinsèques s’expriment en dB par unité de longueur de fibre
(dB/km).
Les lois de diffusion de RAYLEIGH donnent les atténuations dans les fibres en
fonction de la longueur d’onde (atténuations spectrales). Il en découle que 3 longueurs
d’ondes subissent des atténuations minimales ; ce sont : 850 nm, 1300 nm et 1550 nm.
Ces 3 longueurs d’ondes sont donc utilisées pour la transmission sur fibres optiques.
Elles sont appelées « fenêtres optiques » car en fait, ce sont des plages de longueurs
d’ondes très réduites. Voir figure II-7

Figure II-7 : Atténuations dans les fibres optiques en fonction de la longueur d’onde

a) Les atténuations dues aux courbures


Les courbures occasionnées sur les fibres optiques pont pour effet de faire passer
certains modes guidés aux modes non guidés. En effet, aux point de courbure, des
angles d’incidence peuvent varier et occasionner non plus une réflexion totale, mais une
réfraction dans la gaine, ce qui créé des pertes.
Lors de la pose des fibres optiques, il faut éviter de trop courber la fibre pour
ainsi minimiser les pertes de courbures.
Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 17 -
b) Les atténuations dues aux connexions
Toute connexion (émetteur-fibre, fibre-récepteur, …) réalisée sur une liaison
optique induit des pertes. Il convient de noter que les connexions sont plus délicates, et
donc créent plus de pertes sur les fibres monomodes que sur les multimodes.
c) Les atténuations dues aux épissures (soudures) des fibres
Des épissures réalisées sur des fibres optiques s’accompagnent inévitablement
des pertes. Tout comme avec les connecteurs, les pertes dues aux épissures sont plus
importantes dans les cas des fibres monomodes.
Les figures ci-dessous illustrent les causes des pertes d’épissures.
Gaine
Gaine Gaine Gaine
Gaine Gaine Cœur
Cœur Cœur Cœur
Cœur Cœur

Gaine
Gaine Gaine Gaine
Gaine Gaine
e
Mauvais alignement Ecart transversal
Mauvais alignement angulaire ( surfaces non polies )
axial

Figure II-8 : Schéma présentant les défauts de soudure des fibres

Rappels sur les unités de transmissions


a) Gain d’un système de transmission (amplificateur/atténuateur)
Soit un système de transmission ayant un gain G. Pe et Pr désignent
respectivement les puissances d’entrée et de sortie du système.

Pe Pr
G

Figure II-9 : Un système de transmission

Le gain est donné par la relation :


P
G= r gain en linéaire (12)
Pe
Le gain logarithmique en termes de puissance est :
P
G (dB) = 10 log ( r ) (13)
Pe
Pr
Dans le cas d’un amplificateur : Pr > Pe  >1
Pe
Donc G (dB) > 0
Pr
Dans le cas d’un atténuateur : Pr < Pe  <1
Pe
Donc G (dB) < 0
Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 18 -
Un amplificateur peut donc être considéré comme un module de gain
positif, alors qu’un atténuateur a un gain négatif.

b) Puissance en dBm
Soit une puissance Pe exprimée en mW. La conversion en dBm de cette puissance
est :
 P (mW) 
P (dBm) = 10 log   (14)
 1mW 
c) Intérêt des unités logarithmiques de transmission
Soit la chaine de transmission suivante. Pe et Pr désignent respectivement les
puissances d’entrée et de sortie de la chaine.
Pe P1 P2 P3 Pr
G1 G2 G3 G4

Figure II-10 : Une chaine de transmission

Comment s’exprime la puissance de sortie en fonction de la puissance d’entrée ?


On peut écrire :
Pr Pr P3 P2 P1
= = G4 G3 G2 G1 d’après (12)
Pe P3 P2 P1 Pe
 Pr = Pe G4 G3 G2 G1 en linéaire (15)

 P (mW) 
Or, Pr (dBm) = 10 log  r  d’après (13)
 1 mW 
 P (mW) 
Pr (dBm) = 10 log (Pe G4 G3 G2 G1) = 10 log  e  +10 log (G4) 10 log (G3)+ 10
 1mW 
log (G2)+ 10 log (G1) = Pe (dBm) + G1 (dB) + G2 (dB) + G3 (dB) + G4 (dB)
 Pr (dBm) = Pe (dBm) + G1 (dB) + G2 (dB) + G3 (dB) + G4 (dB) (16)
Dans cette formule, les gains des amplificateurs sont considérés positivement, et
ceux des atténuateurs négativement.
Pour déterminer les niveaux de puissances en différents points de la chaine de
transmission, il est plus aisé de manipuler les sommes que de manipuler des produits,
c’est la raison pour laquelle on choisit d’utiliser les unités logarithmique de
transmission, au lieu des unités ordinaires (en linéaire).

d) Opérations sur les unités de transmissions


On démontre que :
dBm – dB = dBm
dBm – dBm = dB
dBm + dB = dBm
Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 19 -
dB + dB = dB
dBm + dBm = ???? (n’a aucune signification physique)

Exemple de calcul d’atténuations pr


pe
Pe
EMETTEUR
FIBRE RECEPTEUR Pertes
Pe Pr
Pe Pr

 
Figure II-11 : Un schéma de calcul d’atténuations

Soit la liaison ci-dessus pour laquelle l’émetteur développe une puissance de +5


dBm. La fibre optique de longueur de 100 Km possède un affaiblissement linéique de
0,2 dB/Km à une longueur d’onde de 1550 nm. Les pertes dues aux connexions se
chiffrent à 1 dB au total.
1- Quelle est la puissance reçue Pr ?
2- Quelle serait la nouvelle puissance reçue si l’on insérait sur la liaison un ampli de
gain 5 dB ?
1- Pr = Pe - i - c - e où i = affaiblissement linéique ou intrinsèque ;
c = affaiblissement de connexions ;
e = affaiblissement d’épissures.

or i = 0,2 dB/Km X L = 0,2 L où L= longueur de la fibre


e = 0 car il n’y a pas d’épissures

Pr = Pe –0,2 L -c
A.N. : Pr = +5 –0,2 x 100 – 1 = 5 – 20 –1 = -16 dBm

Pr = -16 dBm

2- Si ampli de gain 5dB :


Pr’ = Pe - i - c - e + G = -16 + 5 = -11 dBm

Pr’ = -11 dBm

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 20 -


II-2-2. Les dispersions
Elles se manifestent par l’étalement des impulsions dû à la différence des temps
de propagation entre les signaux optiques. Elles limitent à cet effet la bande passante de
la fibre. On distingue :
- la dispersion modale ;
- la dispersion chromatique.
a) La dispersion modale
Elle résulte de la différence de temps de propagation entre les différents modes
guidés : différence de trajet entre le rayon le plus incliné et celui qui se propage selon
l’axe.
L’énergie de l’impulsion S à transmettre est répartie sur les
rayons 1, 2, 3.

S Impulsion
S étalée
3
t t
1 1 1
1
t 2 2 t
2 2

t 3 t
3 3

T0 t T0’ t
T0’ > T0  étalement de l’impulsion

Figure II-12 : Schéma illustratif de la dispersion modale

L’énergie de l’impulsion S à transmettre est repartie sur trois parcours. Soient E1,
E2 et E3 les énergies qui suivent respectivement le premier, deuxième et troisième trajet.
Ces énergies se propageant à la même vitesse sur des trajets de longueur différentes
vont arriver à l’autre bout de la fibre à des instants différents. E1 arrivent par exemple la
première, E2 quelques instants après et E3 un peu plus tard. E3 met un peu plus de temps
dans la fibre que les autres. La combinaison des énergies de E1, E2 et E3 à l’autre bout
de la fibre pour reconstituer l’impulsion de départ S donne une impulsion S’ d’une
durée T’ plus grande que celle de l’impulsion de départ S. Voir figure II-12.
b) La dispersion chromatique
L’indice de réfraction d’un milieu dépend de la longueur d’onde. Selon la
C
relation v = , dans un même milieu, des radiations à des longueurs d’ondes
n ( )
différentes se déplacent à des vitesses différentes : elles vont donc atteindre l’autre bout
de la fibre à des instants différents, quoi qu’ayant été émises au même moment. Il y a
donc étalement des impulsions : c’est la dispersion chromatique.

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 21 -


S est une radiation composée de 3 longueurs
d’onde 1 , 2 et 3
Impulsion
S () étalée
()
S’
t
S1 (1) S1’ (1)

(2) S
(2) t
S2 S S2’

S3 (3) S3’ (3) t


T0 T0’ > T0  étalement de l’impulsion T0’ t
Etalement de l’impulsion = t = T0’ - T0

Figure II-13 : Schéma illustratif de la dispersion chromatique

L’impulsion S à transmettre est composée de 3 radiations S1, S2 et S3 de longueurs


d’ondes respectives 1, 2, et 3. La vitesse de propagation des radiations dépendant de
leur longueur d’onde, les radiations n’arrivent pas au bout de la fibre au même
moment : S1 arrive par exemple la première, S2 quelques instants après et S3 un peu
plus tard. La combinaison de S1, S2 et S3 donne une impulsion S d’une durée plus
grande qu’avant la transmission comme l’indique la figure ci-dessus. Si deux
impulsions non monochromatiques S et S’ avaient été émises successivement, les
étalements subis en réception par S et S’ conduiraient même à un chevauchement des
deux impulsions : c’est l’interférence inter-symbole, d’où une limitation de la bande
passante.
L’étalement dû à la dispersion à la dispersion chromatique est donnée par la
relation :
tc = λ.D().L (15)
tc = dispersion chromatique en seconde (s)
λ = largeur spectrale à mi-hauteur de la source optique en nm
D() = Coefficient de dispersion chromatique en ps/(km.nm)
(caractéristiques intrinsèque de la fibre)
L = longueur de la fibre en km
La bande passante de la fibre imposée par la dispersion chromatique est :
1
Bc  (16)
4 t
c

Bc = bande passante en Hz donnée par la formule ci-dessus


tc = dispersion chromatique en seconde (s)

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 22 -


Figure II-14 : Spectre d’une impulsion lumineuse indiquant la largeur spectrale à mi-hauteur

L’étalement dû à la dispersion modale dépend de la nature de la fibre optique.

II-3. LES TYPES DE FIBRES OPTIQUES


Il existe deux grands types de fibres : les fibres multimodes et les fibres
monomodes.

II-3-1. Les fibres multimodes


Ce sont des fibres dans lesquelles sont propagés plusieurs modes (rayons
lumineux). Le diamètre du cœur est d’environ 50 m. Elles sont généralement utilisées
pour des distances relativement courtes (1 Km) et possèdent des performances
relativement réduites (1 Gbit/s pour une distance de 1 Km).
Parmi les fibres multimodes, on distingue les fibres à saut d’indice et les fibres à
gradient d’indice.
a) Les fibres multimodes à saut d’indice
L’indice du cœur est constant. Conséquence, la lumière se propage en segments
de droites (zigzags) dans le cœur de la fibre.

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 23 -


n(r)
n1
n2 n2

Gaine (n)

Cœur (n1)

Gaine (n) Cœur (n)


50 m
125 m
b) Propagation des rayons lumineux
a) Coupe transversale
Figure II-15 : Schéma d’une fibre multimode à saut d’indice

Une telle fibre présente un inconvénient majeur, la dispersion. En effet, plusieurs


rayons lumineux se propageant à la même vitesse parcourent des distances différentes.
Les durées de parcours sont donc différentes : certains rayons arrivent à l’autre bout de
la fibre avant d’autres, ce qui produit l’étalement : c’est la dispersion modale. Ce
phénomène limite la bande passante de la fibre.
L’étalement du à la dispersion modale dans une fibre multimode à saut d’indice
est donnée par la relation :
L n 1 n 1  n 2 
tm = (15)
C n2
tm = Dispersion modale en seconde (s)
L = longueur de la fibre en m
C = vitesse de la lumière dans le vide en m/s
n1 = indice de réfraction du cœur
n2 = indice de réfraction de la gaine
La bande passante de la fibre imposée par la dispersion modale est :
1
Bm  (16)
4t m

Bm = bande passante en Hz donnée par la formule ci-dessus


tm = dispersion chromatique en seconde (s)

La création des fibres multimodes à gradient d’indice a pour but de réduire les
phénomènes de dispersion créés par les fibres à saut d’indice.

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 24 -


b) Les fibres multimodes à gradient d’indice
L’indice du cœur n’est pas constant et diminue du centre vers l’extérieur. Dans ce
type, les rayons lumineux se propagent suivant des courbures semblables à des
« sinusoïdes », à cause de la variation de l’indice de réfraction du cœur. Les rayons se
propagent d’autant plus vite qu’ils s’éloignent de l’axe longitudinal de la fibre. Par
conséquent, il y a compensation des délais de propagation : les rayons parcourant de
grandes distances à une plus grande vitesse mettent approximativement le même temps
que les rayons quasi-axiaux qui parcourent de plus petites distances à une plus faible
vitesse : la dispersion modale est donc considérablement réduite.
n(r)

n1(r)
n2 n2

Gaine (n)

Cœur (n1)

Gaine (n) Cœur (n)


50 m
125 m

b) Propagation des rayons lumineux


a) Coupe transversale

Figure II-16 : Schéma d’une fibre multimode à gradient d’indice

Pour une fibre multimode à gradient d’indice à profil d’indice parabolique,


l’étalement dû à la dispersion modale est donnée par la relation :
L n 1  n 2 
2

tm = (15)
C 2n 2

tm = Dispersion modale en seconde (s)


L = longueur de la fibre en m
C = vitesse de la lumière dans le vide en m/s
n1 = indice de réfraction au centre du cœur
n2 = indice de réfraction de la gaine

Cet étalement est inférieur à celui imposé par la fibre à saut d’indice (à démonter en
exercice)

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 25 -


La bande passante de la fibre imposée par la dispersion modale est :
1
Bm  (16)
4 t m

Bm = bande passante en Hz donnée par la formule ci-dessus


tm = dispersion chromatique en seconde (s)
Cette bande passante est supérieure à celle imposée par la fibre à saut d’indice.
Pour une fibre qui subit en même temps une dispersion modale et une dispersion
chromatique (cas des fibres multimodes), la bande passante totale est donnée par
l’expression :
 
1
2 2  2
BT  Bc  Bm (16)
BT = bande passante totale en Hz
Bc = bande passante chromatique en Hz
Bm = bande passante modale en Hz
Les dispersions modales sont totalement annulées en créant des fibres monomodes.

II-3-2. Les fibres monomodes


Afin de s’affranchir totalement de la dispersion modale, les fibres monomodes
ont été créées. Dans de telles fibres, le diamètre du cœur est réduit à quelques microns
(10 m environ) et n’autorise le guidage que d’un seul mode (rayon lumineux). La
lumière se propage sans réflexions à l’intérieur du cœur. La dispersion modale est donc
quasiment nulle.

n(r)
n1
n2 n2

Gaine (n)

Cœur (n1)

Gaine (n)
Cœur (n)

10 m

125 m un seul mode de propagation

a) Coupe transversale b) Propagation des rayons lumineux

Figure II-17 : Schéma d’une fibre monomode

Dans les fibres monomodes, seules sont présentes les dispersions chromatiques.

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 26 -


a) Notion de fibre à dispersion nulle

Figure II-18 : Dispersion chromatique en Figure II-19 : Profils d’indices des fibres
monomodes – sans décalage d’indices et
fonction de la longueur d’onde
profils segmentés

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 27 -


Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 28 -
II-3-4. Comparaison des fibres optiques

Paramètres Multimodes à saut Multimodes à gradient Monomodes


d’indice d’indice
Diamètre cœur 50 à 62.5 m 50 à 62.5 m 4 à 10 m
Diamètre gaine 125 m 125 m 125 m
Bande passante Réduite moyenne élevée (jusqu’à 10
(1 Gbit/s) (2 Git/s) G bit/s)
Atténuations élevées moyennes faible
(1 dB/Km) (0,5 dB/Km) (0,2 dB/Km)
Dispersions modales élevées moyennes nulles
Dispersions élevées moyennes faibles
chromatiques
Couplage et plus aisées plus aisés difficiles
connexions
Coûts faibles moyens élevés

VIII-2-5. Les câbles à fibres optiques


Un câble à fibres optiques peut comporter une ou plusieurs fibres. On retrouve
très souvent des marquages sur le corps du câble : l’année de fabrication, le nombre de
fibres, le type de fibres (Mono, Multi), ou le sigle du fabricant.
Un câble à deux fibres a une forme bifilaire semblable à celle d’une paire
symétrique ordinaire.
Fibres optiques

Enveloppes protectrices

Figure II-20 : Schéma d’un câble à deux fibres

Un câble à plusieurs paires de fibres a généralement une forme cylindrique.


La figure II-21 présente un exemple de câble à 30 fibres en coupe transversale
avec leur code de repérage. Ce câble est constitué de 6 tubes assemblés autour d’un
renfort central. Chaque tube comporte cinq (05) fibres.
Le repérage est obtenu par coloration des six tubes. La couleur des deux premiers
tubes (tube 1 : rouge, tube 2 : bleu) donne le sens de rotation, les autres tubes étant de
couleurs indifférentes.
Dans chaque tube, les fibres ont une coloration individuelle :
Fibre 1 2 3 4 5
Couleur incolore rouge bleu vert jaune

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 29 -


Figure II-21 : Schéma d’un câble à 30 fibres optiques

Cours de Systèmes de communications optiques par DANDA Samuel, DTR/ENSPT-mars 2016 - 30 -

Vous aimerez peut-être aussi