Vous êtes sur la page 1sur 4

En Chine, sous la dynastie Tang (618-907), on découvre la discordance entre pôle nord magnétique et

pôle nord géographique. Dans un ouvrage chinois, la première référence à une boussole magnétique
pour la navigation maritime date de 1117. La boussole arrive en Occident au XIIe siècle et lance
l'étude de la science des aimants, le magnétisme. Le savant Pierre de Maricourt est connu pour avoir
rédigé le premier traité sur les propriétés des aimants en 1269. La première référence arabe à une
boussole, sous la forme d'une aiguille magnétisée dans un bol d'eau, vient de l'astronome yéménite
Al Ashraf en 1282. L'effet des éclairs pendant les orages sur le comportement de l'aiguille du compas
(boussole de navigation), est consigné par les navigateurs médiévaux.

Compas de Pierre de Maricourt, dans "Epistola de magnete", 1269 (l'est à gauche, le sud en haut, le
nord en bas, l'ouest à droite). Bodleian Library, Université d'Oxford, Royaume Uni. © Wikimedia
Commons, domaine public.

Compas de Pierre de Maricourt, dans "Epistola de magnete", 1269 (l'est à gauche, le sud en haut, le
nord en bas, l'ouest à droite). Bodleian Library, Université d'Oxford, Royaume Uni. © Wikimedia
Commons, domaine public.

La naissance de la théorie moderne sur l’électricité aux XVIIe et XVIIIe siècles

En 1600, le savant anglais William Gilbert compare la Terre à un gros aimant, en indiquant l'existence
des pôles nord et sud. Au cours de son étude des boussoles, il associe les attractions de l'aimant et de
l'ambre : pour l'effet attractif de l'aimant, il choisit le terme « magnétique » et pour l'ambre, le mot «
électrique ». Après 1650, dans l'Angleterre d'Isaac Newton, l'« électricité » apparaît dans la trilogie «
gravité, magnétisme, électricité ». En 1660, le scientifique allemand Otto Von Guericke expérimente
la production d'électricité avec une boule de soufre frottée par rotation : il constate des étincelles
qu'il compare aux éclairs d'orage.

Gravure : Otto Von Guericke et son expérience du globe de soufre, dans "Experimenta nova" de
Janssonius, en 1672. © Wikimedia Commons, domaine public.

Gravure : Otto Von Guericke et son expérience du globe de soufre, dans "Experimenta nova" de
Janssonius, en 1672. © Wikimedia Commons, domaine public.

En 1729, le britannique Stephen Gray pratique des expériences d'électrostatique et conclut que la
nature d'un matériau détermine s'il y a ou non « communication électrique ». Il affirme qu'il existe
deux catégories de corps, les conducteurs et les isolants ; l'électricité concerne désormais tous les
corps et la conduction remplace l'attraction comme propriété fondamentale. En 1733, le chimiste
français Charles François Du Fay observe l'attraction et la répulsion de corps électrisés par frottement
et distingue l'électricité positive de l'électricité négative. En 1752, le savant américain Benjamin
Franklin émet la théorie que la foudre est un phénomène dû à l'électricité et invente le
paratonnerre : il est conçu afin « d'écouler à la terre le fluide électrique contenu dans le nuage
orageux et ainsi empêcher la foudre de tomber ». Sa première application en France, est due au
naturaliste Buffon qui fixe un paratonnerre sur la tour de l'ancien château des ducs de Bourgogne, à
Montbard.

Portrait de Benjamin Franklin par Joseph Duplessis, vers 1778. National Portrait Gallery, Washington,
USA. © Wikimedia Commons, domaine public.

Portrait de Benjamin Franklin par Joseph Duplessis, vers 1778. National Portrait Gallery, Washington,
USA. © Wikimedia Commons, domaine public.

Vers 1770, le médecin et physicien italien Luigi Galvani met en évidence un nouveau phénomène : la
contraction des muscles d'un animal (cuisses de grenouilles en contact avec différents métaux). Pour
lui, « l'électricité animale est une électricité d'une nature différente de celle de l'électricité de la
foudre » ; elle n'est pas en mouvement et se situe dans le corps. En 1799, le physicien Alessandro
Volta, en opposition avec les travaux de Galvani (sur l'électricité d'origine animale) met au point le
premier objet qui fournisse de l'électricité : la « pile voltaïque », ancêtre de la pile électrique. Pour ce
faire, il empile alternativement des disques de cuivre et de zinc séparés par des disques de feutre
imbibés d'une solution salée (chlorure de sodium), substance conductrice appelée électrolyte.
L'appareil de Volta peut se recharger instantanément et permet de produire un courant électrique
stable et de forte intensité ; l'électricité jusque-là statique, devient dynamique.

Pile à colonne de Volta, 1800. Musée des arts et métiers, Paris. © Musée des arts et métiers, Cnam /
Photo Pascal Faligot.

Pile à colonne de Volta, 1800. Musée des arts et métiers, Paris. © Musée des arts et métiers, Cnam /
Photo Pascal Faligot.

L’électricité statique fascine

Les premières recherches concernant l'électricité avant l'avènement de l'électromagnétisme, se


concentrent sur la charge électrique portée par des objets ; ce sont les phénomènes électrostatiques.
Avec la production d'une charge d'électricité grâce à des « machines à frottement », commencent les
premières expérimentations concrètes. Des spectacles popularisent « l'électrique », on crée la «
physique amusante » : des présentateurs se chargent en électricité capable par décharge, de
produire des étincelles pouvant allumer de la poudre, enflammer de l'alcool ou fournir une secousse
aux spectateurs.

Expérience d'électricité statique dans "Leçons de physique expérimentale" de Jean-Antoine Nollet,


en 1764 ; bibliothèque universitaire de Poitiers, fonds ancien. © BiblioDeL.

Expérience d'électricité statique dans "Leçons de physique expérimentale" de Jean-Antoine Nollet,


en 1764 ; bibliothèque universitaire de Poitiers, fonds ancien. © BiblioDeL.
On introduit l'utilisation « médicale » de l'électricité : en 1748, le physicien genevois Jean Jallabert
emploie une machine électrostatique pour une personne paralysée ; il obtient une amélioration
notable en dirigeant la décharge électrique sur les muscles du bras de son patient. L'utilisation «
thérapeutique » de l'électricité se répand en Angleterre, elle est documentée dès 1767 à Londres,
avant les démonstrations de Luigi Galvani. Jean-Paul Marat (assassiné par Charlotte Corday en juillet
1793) se voit décerner le prix de l'Académie de Rouen pour son mémoire sur l'électricité médicale
(ou électrothérapie) en août 1783.

En 1785, le physicien français Charles Coulomb expose devant l'Académie des Sciences, la loi selon
laquelle les corps chargés électriquement interagissent avec la quantité d'électricité et la distance
géométrique. Il développe sa « balance de Coulomb », instrument qui permet de mesurer avec
précision les forces exercées par les charges électriques et magnétiques ; il formule ainsi la loi
d'attraction et de répulsion des charges électriques.

Portrait de Charles Coulomb par Louis Hierle, en 1894. Château de Versailles. © Wikimedia
Commons, domaine public.

Portrait de Charles Coulomb par Louis Hierle, en 1894. Château de Versailles. © Wikimedia
Commons, domaine public.

Le XIXe siècle est celui des grandes inventions

En 1820, le physicien français André-Marie Ampère découvre le lien entre électricité et magnétisme :
il va démontrer que deux fils conducteurs en spirales s'attirent ou se repoussent lorsqu'ils sont
parcourus par un courant électrique. C'est le principe de l'électroaimant utilisé aujourd'hui dans les
moteurs et générateurs ; Ampère jette les bases d'une nouvelle branche de l'électricité,
l'électrodynamique. Entre 1831 et 1839, les travaux du britannique Michael Faraday vont donner une
nouvelle dimension au processus de l'électrolyse, conversion de l'énergie électrique en énergie
chimique. Faraday multiplie des découvertes fondatrices de l'électricité moderne, notamment
l'induction électromagnétique dont les applications servent de base à toute l'industrie électrique.

Photo de Michael Faraday par John Watkins, en 1867. © Wikimedia Commons, domaine public.

Photo de Michael Faraday par John Watkins, en 1867. © Wikimedia Commons, domaine public.

En 1859, Gaston Planté préparateur au Conservatoire des arts et métiers, crée une nouvelle source
d'énergie qu'il nomme « pile secondaire » : il vient d'inventer la première batterie de l'Histoire ! La
fabrication des accumulateurs au plomb actuels (batteries de voitures) se base encore sur le modèle
de Planté. En 1871, l'inventeur belge Zénobe Gramme crée le premier générateur de courant
pouvant être utilisé à grande échelle : entraîné par une machine à vapeur, il produit un courant
continu ; alimenté en courant électrique, il produit de l'énergie mécanique. La dynamo est née : elle
va concurrencer la pile et l'accumulateur comme source d'électricité. L'utilisation de moteurs
électriques fiables va entraîner une véritable mutation industrielle.
Dynamo de Zénobe Gramme, exemplaire de 1881, exposé au musée des arts et métiers, Paris. ©
Musée des arts et métiers, Cnam / Photo Studio Cnam.

Dynamo de Zénobe Gramme, exemplaire de 1881, exposé au musée des arts et métiers, Paris. ©
Musée des arts et métiers, Cnam / Photo Studio Cnam.

Dès 1813, le britannique Humphrey Davy invente la lampe à arc électrique puis le principe est
perfectionné jusqu'à celui de l’incandescence, mis au point par Thomas Edison en 1879. On lui doit
cette ampoule composée d'un filament de carbone qui brûle au sein d'une bulle de verre dans
laquelle on a fait le vide. En 1881, la France organise l'Exposition internationale d'électricité qui
consacre la naissance de l'électrotechnique. Le développement de l'éclairage électrique domestique
commence à Paris dans les années 1890, avec l'implantation de centrales hydroélectriques
alimentant des réseaux de distribution. La « fée électricité » est née !

Ampoule à incandescence de Thomas Edison, photographiée par Nicéphore Niepce, 1879. Histoire du
design par BTS CPI. © BTS CPI.

Vous aimerez peut-être aussi